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FrancoisCarmignola - Page 15

  • La Justice

    Il est temps de passer à la justice et à une comparaison qui me tient à coeur, celle du hack judiciaire, de la programmation par les règles et du si tu me fais ça, je te ferais ça. 

    Hume

    D'abord David Hume est la notion de justice comme conventionnelle et/mais seule capable de réguler la passion de l'appropriation.

    La question de la distinction nature/artifice est évidemment central en ces matières, et sera bien sur l'objet de la réflexion. 

    Hume décrit ainsi la justice comme à la fois strictement conventionnelle ET générique: elle n'est pas utilitariste au sens strict en ce que ses principes, élaborés de par l'expérience de la construction sociale restent des conventions dont l'objet est d'abord la protection et l'expression d'un principe, le droit de propriété. 

    On a ici un anti utilitarisme raisonnable, par essence libéral comme Mieses le dit: "Les phénomènes sociaux sont les résultats inattendus des actions volontaires des individus. »

    La règle est le droit de propriété, et la convention a pour objet de le protéger sans visée utilitariste en dehors de celle ci. De ce point de vue Hume n'est pas contractualiste et fait les justiciables coopératifs, les concepts mêmes de propriété et de justice étant issus ensemble et progressivement des interactions bien comprises entre individus.

    Il ne s'agit pas d'un calcul dans l'absolu, notons le bien: cette confusion souvent faite, est celle entre le programme et le programmeur quand l'informatique n'existe pas. Je m'explique: même si une somme d'interactions que l'on peut assimiler à un calcul conduit à une émergence stable, elle n'est pas un calcul quand il n'y a ni espace de conventions, ni programmeur pour ce calcul. Bentham a tenté de confisquer Hume, mais cela n'est pas légitime: Hume n'est pas utilitariste. 

    Hayek

    Pour enfoncer le clou au sujet de Hume, que Hayek crédite de l'alliance conventionnelle/générique, il a dit: "peu de croyances ont autant sapé le respect envers les règles de droit et de morale, que l’idée qu’une règle n’est impérative que si l’effet bienfaisant de son application dans la situation spécifique concernée peut être constaté. […] [Or] un objectif spécifique, un résultat concret à obtenir, ne peuvent constituer une loi "

    L'importance décisive de cette conception méconnue est surprenante: la société moderne qui transforme la politique en lois et ne fait que "décider" par des lois utilitaristes, fait le contraire en permanence, pour notre honte et notre ruine... 

    Les juges

    Il faut dire que confiée à des hommes, les principes du droit se traduisent ici et là en des décisions concrètes absurdes. La friction due à la séparation des pouvoirs conduit à de telles évidentes abominations que progressivement une sorte de dégout s'empare de la société soumise à ces mécaniques. Progressivement, le rejet de la justice, ou du moins de la manière dont elle est fondée, s'installe dans nos mondes décadents. C'est de cela dont je voudrais parler et le thème de la justice utilitaire qui se détruit elle même est à l'ordre du jour, c'est un mécanisme fondamental de la ruine en cours de nos sociétés. 

    Les juges sont-ils fondés à agir comme ils le font? Dans une première approche, oui: fonctionnaires du droit et aveugles soldats d'un pouvoir en tant que tel, on ne peut les rendre responsables des lois qu'ils appliquent et la folie de leurs décisions ne doit être que celle du programme législatif qu'ils appliquent: aveuglément? Tels les machines de turing scotchées sur le ruban qui défile, le juge ne serait qu'une tête de lecture avec deux petits bras...

    Tu parles! Evidemment humain et doté de liberté que cela lui donne, le juge doit fonder ses décisions sur des principes supérieurs et exercer son pouvoir: on devrait, mais cela n'est qu'une proposition, l'écouter et considérer son discours de décision comme important et le considérer.

    Alors qu'inaudible, on ne retient que ses décisions, et surtout que n'est diffusé que le commentaire de ces décisions toujours consacré au dénigrement suicidaire: la justice est injuste, c'est ce que tout le monde dit tout le temps, sous plusieurs variantes: l'affirmation menaçante d'une révolte à venir contre l'intrinsèquement diabolique (le racisme d'Etat, la soumission au capitalisme), mais aussi la promesse d'une loi à venir spéciale, qui résoudra précisément de problème là. 

    La variante de la remise en cause de certains principes, comme l'imprescriptibilité est aussi dans l'air: déjà en vigueur avec les crimes "contre l'humanité", elle devra s'étendre à une foultitude d'autres cas, dont bien sur le crime "contre la féminité", le féminicide étant un génocide. 

    Il y a aussi évidemment le mémoriel, le crime jugeable s'étendant à l'intention de nuire à la mémoire, la récente volonté de punir la propagation de fausses nouvelles en étant une variante, le dire se devant d'être jugé autant que le faire, il y a des blessures symboliques. 

    Il y a l'absurde effectif: des criminels manifestes, honorés d'une libération ou d'un respect moral en vertu de l'application de principes dont on aurait pu penser qu'ils ne soient pas aussi fragiles, ou bien des innocents irresponsables manifestes punis au nom de l'égalité des derniers outrages du soupçon légal. Il y a bien sur l'inaction manifeste avec des récidivistes à qui la notion de sursis ne s'applique pas, des voies de fait barbares suivies de libération immédiate, et des permis de conduire non présentés qui remplissent des prisons.

    Sans parler des candidats à une élection soumis à la lenteur de la justice exclusivement quand cela ne profite pas à son concurrent direct, témoin des incroyables mensonges d'un ministre du budget, et organisateur pour cela de la juridiction spéciale en charge de l'éviction de son adversaire. 

    Il y a mieux! Il y a même des cours de justices internationalement en charge des droits de l'homme qui prononcent l'indemnisation de migrants illégaux injustement mal nourris. Les juges là sont azerbajianais et turcs, mais inflexibles. Ah qu'il me plairait que des barbares à cornes leur tirent la barbe et les fracassent à coup de pieds au premier murmure: on en est là, et le métier de juge devient de plus en plus difficile. 

    Les blessures symboliques

    Car il y a des blessures symboliques, cela est sur: et elles concernent ce qui fonde l'acceptation de ces systèmes. Rien moins que naturels et cela est la question, les tenants de ces décisions et de ces pratiques là pourraient être mis en cause et la manière dont ils fonctionnent réformée. Cela nous pend au nez et se trouve à la mesure de certaines pratiques qui pourraient être délétères, dissolvantes d'un monde en fait conventionnel. Ces pratiques sont celles dont je parle plus haut. Il y a plus qu'un consentement à l'impôt, il y a un  consentement à la justice, et ce pouvoir là mérite une révolution, c'est ce que je veux dire. 

    L'essence du point de vue "conservateur" se trouve là exprimé: prenez soin de vos principes, ils doivent fonctionner de manière à être non pas utiles, mais acceptables. Au delà de certaines pratiques, ils pourraient encourir le courroux des justiciables et par essence non réglés par ces conventions là, les courroux de ces remises en cause là pourraient être à la marge destructeurs et cela aveuglément on vous aura prévenu. 

    Car on voit que le refus de ces justices est universel et vient de partout: comme si la plainte humaine, animée de la volonté de justice, précisément, n'était pas écoutée: la volonté d'évidence vient de tous les azimuts on veut que son bon sens à soi soit reconnu à l'exclusion des autres. Mieux: on voudrait que certaines plaintes soient condamnées ! 

    Et bien il n'y a pas de fuite en avant qui compte: c'est bien le phénomène de la "prise en compte" qui est en cause et qui se trouve la racine du problème. 

    La justice comme application de règles ne peut pas et surtout NE DOIT PAS prendre en compte le cas particulier issu de la situation individuelle qui se trouve du fait d'un affaissement décadent à décrire, valorisée excessivement. Tous les cas cités plus haut se règlent à l'évidence par l'affirmation publique de la part d'un juge de la prudence nécessaire à l'exercice de la loi, contrainte par ce qui me semblerait des principes hiérarchiques à respecter dans leur ordre d'importance. 

    De fait, il ne peut y avoir des inversions de cet ordre: la plainte du migrant mal nourri me semble inférieure en importance à sa présence illégale sur notre sol qui doit DABORD être traitée par son renvoi, ce qui annule avec bonheur l'inférieure revendication seconde que le gredin prétendait mettre en avant, précisément pour rester... 

    La demande d'imprescriptibilité du crime de viol me semble être subordonnée à la remise en cause nécessaire des remises de peine de la totalité des crimes: décidée en cour par des juges assermentées, un nombre d'années de prison décidé n'a aucune espèce de raison d'être réduit pour quelque raisons que ce soit: bien au contraire, tout manquement à la discipline, tout "fils de pute" hasardeux dit trop fort devrait en entrainer l'augmentation automatique.

    Pour l'imprescriptibilité, on repassera: vouloir rendre la vengeance de la justice éternelle, c'est instaurer le mémoriel éternel, qui se propagerait heureusement sur les enfants, et qui aurait deux avantages: réinstaurer la vendetta, pour le bénéfice des vengeances corses et albanaises, chic, et aussi bien sur fonder en droit la tentative de Christiane Taubira, ex garde des sceaux, de punir pour l'éternité la mélano déficience en plus d'imposer la drépanocytose.  

    Sans parler des allusions à des relations sexuelles non voulues envers une mystérieuse "ta mère",  faite par habitude aux policiers chargés de respecter des droits. Ceux ci devraient à l'instant être suspendus, le nécessaire resserrement des liens étant de l'ordre du règlement de police ordinaire et l'individu meurtri jusqu'à ses excuses.  

    Pris sur le fait d'avoir paniqué en tirant au hasard sur un cambrioleur en fuite, le patron de bistrot cambriolé dix fois n'a pas à subir une seule minute de garde à vue, ni même à être sermonné aux assises. C'est plutôt le juge en charge apparemment de la protection de l'immigration criminelle qui devrait être puni !

    Car l'erreur judiciaire, insupportable et affreuse, n'est pas punie. Outreau fut à ce titre un chemin de croix insupportable et les auditions de la commission parlementaire un abominable crève coeur. Le juge criminel (ce que j'en dis, moi, bien que non pris en compte, peut être dit) qui instruisit cette horreur continue sa carrière, il ne se suicidera que plus tard, sans doute... Rien n'est, n'a été et ne sera fait pour prendre en compte cela, du moins jusqu'à une réforme méritée que même le pire que tout, les jugements produits pendant la seconde guerre mondiale, ne rendit pas possible. 

    L'hermine mérite d'être rebootée: je ne plaisante pas, le sujet est déjà là et devra être mis à l'ordre du jour. 

     

  • La chute de Rome

    Bon, Rome pillée en 410 a vu son trésor caché à Rennes le Château et tout part de là. 

    Sans rire, on a une histoire de barbares mal reconnus, les Wisigoths, disons les Thervingues, qui commence en traversant le Danube en 376 et finit par une défaite devant Tariq le borgne en 711, celui qui donna son nom à Gibraltar. Il faut aussi parler de leur défaite à Vouillé en 507, devant Clovis. 

    Les Thervingues furent arianisés par l'immonde Wulfila vers 340 (pas longtemps avant, donc).

    Valens laissa Fritigern passer au sud du Danube, soit disant pour mieux se protéger des huns. Une suite de mic macs conduisit à l'ignominieuse mort de Valens à Andrinople en 378. 

    A partir de là, c'est l'histoire d'Alaric... 

    Théodose 1er, mort en 395,  partage son empire. Espagnol, fils d'un grand général, nommé après la mort de Valens par Gratien en 379, ce fut lui qui imposa le christianisme nicéen avec l'Edit de Thessalonique en 380, et interdisit pour toujours les jeux olympiques. Il réunifia pour la dernière fois l'empire romain. 

    Hélas, il installa les wisigoths, contraint et forcé sans doute, au delà du danube. 

    Il charge le Vandale Stilicon de veiller sur deux enfants nommés en occident (Honorius) et en orient (Arcadius).

    Stilicon est semi barbare, mais valeureux et citoyen romain, il est à la fois barbare détesté par les vrais romains et dernier défenseur de l'empire.

    Allié des Wisigoths d'Alaric, il vainc avec Théodose le franc Arbogast et l'usurpateur Eugène à la bataille de Frigidus en 394. Mais les wisigoths se sont fait à l'occasion beaucoup tuer et en conçoivent du ressentiment...

    Après la mort de Théodose, Stilicon n'arrive pas à régner en Orient. Il est pourtant régent en 395 et fait même d'Honorius son gendre. 

    En 402 il bat Alaric à Pollentia et récupère du butin pris à Andrinople ! Il bat encore Alaric en 403, qui se retire d'Italie. Il défile à Rome dans le même char qu'Honorius et en 405, il est Consul; en 406 il écrase l'Ostrogoth Radagaise entré en Italie. Sauveur de Rome, on lui fait un arc de triomphe, et une statue en or. 

    Mais la contrainte barbare s'accentue: le 31 Décembre 406 une horde traverse le Rhin gelé et déferle sur la gaule, et puis un usurpateur, Constantin, depuis Trèves, prend la possession des gaules. Et puis Stilicon est victime d'intrigues: Olympus, un proche d'Honorius, parvient à le faire condamner. Il meurt dignement en Aout 408.

    Les réactions anti barbares sont ainsi  très fortes dans toute l'Italie, ceux ci s'enfuient et partent rejoindre Alaric. 

    Ainsi, le mal est fait: parvenu au sommet de l'administration et de l'armée, les non-romains ont fait venir les étrangers. Ceux ci leurs sont fidèles (les Francs par exemple, à peine romanisés, se battent admirablement contre les agresseurs Alains et Vandales) mais passent de l'autre coté quand confrontés au racisme décadent de la dernière heure, le chef semi-barbare est renvoyé. Stilicon était Vandale, mais Romain. Le dernier. 

    Dans un premier temps, le parti anti barbare est victorieux partout, en occident et aussi en orient.

    Mais dés la fin 408, Alaric entre en Italie, et Honorius et Olympus privé des hommes de Stilicon ne peuvent l'arrêter. Après force lamentables négociations, Alaric remet le siège devant Rome et la pille le 24 Aout 410. La dernière fois, c'était Brennus en -390... 

    Les vrais Vandales, les conquérants étaient alors déjà en Espagne. Ils s'installent en Afrique du nord en 430, et Saint Augustin meurt pendant le siège d'Hippone en 431.  

  • La Grâce

    Il y a dans cette histoire de grâce des siècles de débats, et des oppositions frontales entre des adversaires inexpiables, et il faut en parler. 

    Pélage et sa moitié

    On commencera par le semi-pélagianisme dont Benoit XVI accusa Vatican 2, et cette question du rôle du libre arbitre est fondamentale. Jean Jacques Rousseau lui même fut condamné pour pélagianisme.

    Pélage vivait à l'époque de la prise de Rome en 410... Augustin ne s'interessa à lui qu'après... 

    Successeurs de Pélage, et voulant arranger le coup d'une hérésie condamnée (celle de Pélage) qui niait péché originel et grâce, les moines de l'Erins avec Jean Cassien et d'autres, dont Vincent de l'Erins, rédacteur du Commonitorium sous le nom de Pérégrinus et condamné à Orange en 529. 

    Jean Cassien fut un moine célébré par l'orthodoxie et par la doctrine de la théosis, voie typiquement pélaginisante d'accéder à Dieu par ses propres efforts... Il fonda l'abbaye de Saint Victor à Marseille.

    Au passages, en 732, 500 moines furent massacrés dans l'île Saint Honorat, avec Saint Porcaire. On se demande par qui.

    En gros, la foi viendrait du libre arbitre, et ce serait la grâce qui la ferait se développer, la libre persévérance étant néanmoins nécessaire. On a ainsi liberté de l'"Initium fidei" et rôle divin dans l'"Augmentum fidei". La distinction est cruciale.

    Cette attitude, for stoïcienne, est celle des âmes d'élite, des aristocrates du spirituel, et des aristocrates tout court. 

    Augustin

    La doctrine de la grâce est complexe et infiniment astucieuse: elle consiste à concilier conceptuellement la puissance divine et la liberté humaine en résolvant le problème fondamental du religieux dans n'importe quel monde civilisé doté de réflexion: l'existence du mal, le rôle de la responsabilité humaine, la responsabilité de Dieu... 

    Augustin était au départ manichéen au sens strict: disciple de Mani, celui qui donne au mal un statut ontologique irréductible. Alors qu'on pourrait se croire enrôlé dans le camp du bien et donc conduit à se faire à 7 pour mieux combattre, la doctrine est en fait déresponsabilisante (ce n'est pas moi qui ait fait le mal). Augustin le converti théorise alors le mal autrement, comme défaillance, dans son cas, celle de la volonté, ce qui est platonicien, dans le cas de Plotin c'était l'ignorance. 

    Le péché originel, littéralement inventé par Augustin fait que l'homme auteur d'un acte libre, se trouve privé de la "justice originelle". Ici "justice" signifie "rectitude", c'est la question des théories de la "justification" que d'en parler. Pour en rajouter une couche, le terme "justice donnée par Dieu" dans Paul (Romain 1.17) s'associe à la foi, et à la grâce, en fait. ("justicia" est reçue comme "gratia").

    Alors vient la grâce, donc non pas du bien, mais de la possibilité de le faire. Dieu ne crée pas le mal, n'est pas concurrencé par le mal, mais donne le moyen de s'y soustraire: la grâce.

    La grâce de Dieu donne la foi, originellement, et donc la liberté complète de la poursuivre. Cela est le contraire du semi pélagisme, ce me semble. 

    Il faut noter que c'est la "théorie de la justification" qui sépare catholiques et protestants. Tout cela serait oublié, maintenant (2), mais bon. Disons que l'originalité chrétienne est d'attribuer la faute à un acte libre, commis dans un état de bonté naturelle, l'état initial. Dieu était rousseauiste en fait: l'homme original était parfaitement bon, et même après la chute, il lui reste un bon fond, qui le rend capable de redevenir égal aux dieux. Simplement, pour cela, il lui faut la grâce et c'est ça l'idée. 

    Saint Thomas introduisit la notion de "status" (état de la nature humaine), état historique qui a deux états, précisément: avant et après la chute... 

    Il faut voir que cette histoire de péché "originel" transmissible héréditairement est tout de même particulière, et largement discréditée. Peu pratiquée par les théoriciens juifs, elle n'est pas présente chez les pères avant Augustin, qui ne font tout simplement pas vraiment la liaison entre la faute d'Adam et la déchéance humaine, plutôt liée à la condition mortelle imparfaite... Pour Augustin donc et il innove, le péché se propage par la génération et DONC par le sexe (assez logique en fait...). 

    Dans la polémique avec les pélagiens, Augustin affirme donc que le statut de l'homme n'est pas imitation du péché d'Adam, mais celui de l'héritier d'une faute qui mérite condamnation, et qui nécessite d'être "sauvé". 

    De plus la grâce du baptême,  nécessaire donc, aux petits enfants forcément coupables (le thème fit l'objet d'une discussion explicite),  ne supprime pas la concupiscence (très sexuelle chez le bandard augustin), en fait les 3 libido (amandi, dominandi, sciendi) humaines.

    Un point intéressant au sujet des cités (de Dieu, des hommes): ce n'est qu'à l'eschaton que la fusion se fera, et donc, que malgré tous les ascétismes, le péché demeurera. L'argument vaut donc contre les pélagiens... 

     Molina

    On considéra que Luis de Molina suivait cette hérésie là (le semi pélagianisme): il était dénoncé par les jansénistes et il est cité abondamment dans les longues discussions des provinciales de Pascal. C'est la fameuse discussion sur le droit de tuer pour défendre son bien ou son honneur, même si l'adversaire est désarmé. Molina est accusé de justifier de tuer si c'est pour défendre sa vie, même si c'est pour un écu. 

    En fait Molina le jésuite, comme Escobar, Sanchez, Martinez, Lopez et tous les rigolos espingouins dénoncés avec verve par Pascal, était engagé dans la lutte trentenaire (tridentine) contre la prédestination protestante. Toute les doctrines jésuites visaient donc à concilier liberté et omniscience divine. Des trésors de philosophie furent dépensés à l'occasion et l'illustre Suarez alla jusqu'à avancer la simultanéité parfaite des décisions humaines et divines, gage de la liberté ! 

    Molina considérait que Dieu fixait les conditions et l'homme était libre de son salut, même si Dieu savait la décision à l'avance. Il élabora ainsi la "science moyenne"  celle des futurs conditionnels maitrisés par Dieu. 

    A l'aube de la modernité ces élaborations introduisent l'occident sur les voies de la liberté et de la science abstraite et cela pour des raisons bien prosaïques, vive la théologie ! 

    L'histoire du Jansénisme peut alors être rappelée, l'instrumentalisation étant reine en ces matières, et cela ne prouve rien, ni dans un sens ni dans l'autre... Disons aussi que Mazarin voulut se venger de quelque chose et que l'histoire dura longtemps, à moins qu'il n'y ait eu dans le mysticisme des tenants de l'absolu de bien belles conceptions, funestes mais bien intéressantes. 

    Jansenius

    Contemporain et concurrent de Molina, Jansenius, auteur de l'Augustinus, se réfère à Augustin. Issu de Louvain, là où on combattit Luther, il en rapproche son catholicisme. Hérétique, c'est ce qu'on a dit...

    D'abord il y a deux amours (héhé) celui de Dieu (de l'infini) et celui du monde (du fini), amours incompatibles, typique de l'état de chute, de nature déchue. Plongé dans la concupiscence, l'homme ne PEUTPAS vouloir le bien. Un point intéressant est que cette chute fut voulue librement dans le cadre de la liberté originelle. On en revient donc à un point intéressant: l'homme ne fut pas crée imparfait. 

    Les protestants

    Bien sur Luther et Calvin furent augustiniens en diable, surtout Calvin, la prédestination étant le fond de l'affaire et le sentiment pieux totalement expurgé de la considération des oeuvres. Sola Gratia.

    Le Donatisme

    Nous voilà alors dans un débat qui traverse les siècles, celui du mélange entre réel et idéel, entre pêcheurs et sauvés, et il nous faut parler du donatisme. 

    L'evêque Donat refusait le sacerdoce et l'autorité religieuse à ceux qui avaient abjuré leur foi lors de la persécution de Dioclétien au début du IVème siècle. L'hérésie, condamnée par Augustin dura longtemps puis fut balayée par l'histoire vandale. Elle est un puritanisme, une inflexibilité, un soutien aux martyrs. Religieusement, elle aurait voué une attention particulière à l'esprit saint. 

    La prédestination

    Qu'on le veuille ou non, il y a bien chez Augustin cette histoire de prédestination, avec une grâce accordée à certains et pas à tous, c'est ce qui caractérise la doctrine. On peut bien sur durcir ou adoucir la chose et c'est tout l'objet des controverses des siècles qui suivirent, mais le mal était fait... 

    Scot

    Duns Scot a bien sur un avis sur la question de la grâce, qui pour lui est nécessaire même sans le péché. Typique du prodigieux génie du franciscain, l'idée fait que la grâce est d'abord ce qui est nécessaire au dessin de Dieu. Car évidemment, celui ci ne peut vouloir créer des pêcheurs pour mieux les sauver ensuite ! La grâce est donc ce qui est utile à sa volonté, qui est de se faire aimer par des êtres libres... 

    Hayek

    Ce débat est repris sous une forme différente, mais peut être pas tant que ça, dans la reprise de la distinction entre naturel et artificiel faite par Friedrich Von Hayek(1) pour qualifier l'ignoble constructivisme. Les institutions humaines sont issues de la nature, comme résultat de l'interaction sans dessin supérieur entre les hommes, et pourtant entièrement artificielles car conventionnelles. La critique d'Hayek est ainsi que les règles de la société ne doivent ni ne peuvent être conçues (dans les deux sens actif et passif) comme finalisées, ou orientées en vue d'une fin. 

    Cette critique, proprement épistémologique, va jusqu'à dévaloriser les notions quantitatives de relations entre des agrégats mesurables et donc condamne dans son ensemble la macro économie, disons plutôt Keynes.

    Quel rapport me direz vous? Et bien il s'agit de la liberté essentielle, qu'il s'agit de concevoir hors des prévisions divines sur la prédestination de tout. Car la fameuse grâce, même si elle permet de ne pas être la cause directe de l'action humaine, peut être refusée à certains, ce qui conditionne le mal qui est fait. Adam avait il était prévu?

    Seule une conception absolutiste de la liberté, à la Scot, permet de se sortir de l'ornière, l'astuce de l'équivalence des êtres humains et divins permettant de rendre égales, et donc absolues, les deux libertés. De fait, c'est bien Scot qu'on rend responsable de l'idée funeste du protestantisme, celle qui justement utilise l'idée de la prédestination pour justifier sa prise de liberté face à l'absolutisme catholique qu'on jugeait en plus ollé ollé. 

    Sans rire: Hayek c'est l'ordre spontané, qui lui aussi résoud le dilemne et le paradoxe de liberté: non pas mécanisme par exemple sur le modèle de la fameuse "main invisible" dénoncée à juste titre comme instrument de l'oppression, mais exploration libre des possibles (le fameux essais erreurs), guidée par les signaux non coordonnés de l'environnement. Car l'information reçue n'est pas elle même voulue ou planifiée, elle n'a pas de buts. L'intuition moyen âgeuse est là: Dieu n'aime que les êtres libres et donc a fait le monde comme cela...  L'arbitraire divin, image de l'élection non fondée et non justifiée est donc aussi l'image paradoxale de cette liberté là.  

     

    (1) https://www.nonfiction.fr/article-2253-hayek-itineraire-dun-intellectuel-gate.htm

    (2) http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/documents/rc_pc_chrstuni_doc_31101999_cath-luth-joint-declaration_fr.html#_ftnref10

     

  • La Grande Théorie

    Ainsi donc certains se plaignent des présupposés sociologiques. Discipline universitaire, traversée par les doctrines, la science du social ne serait elle qu'un discours politisé motivé par une révélation d'un autre siècle et dont le contenu exact, à cheval entre philosophie et psychologie littéraire serait strictement nul ? 

    J'avoue caresser l'idée et vouloir refonder tout cela en un fantasme amateur de réduction absolue de tout ce fatras à un ensemble de points de vue individuels à collecter et à classer, la valeur explicative de tout cela ne se devant de buter que devant l'absolu individuel perçu par le même (l'individu). Le religieux redeviendrait l'explication du social, et le divin comme motivation, comme indéfinie variation des sentiments personnels des différentes sortes d'humain, l'horizon indépassable de toute motivation. 

    La théorie serait donc une analyse du langage face au divin, comme justification et "raison" du maintien du social, et cela dans tous les cas du social, à travers tous les peuples et toutes les histoires. Car le "social" est lui un concept bien établi: les organisations collectives existent bel et bien et se maintiennent pour des raisons qu'on a le droit d'interroger, mais dont on a pas le droit d'attribuer à des entités dormitives par définition agrégations de rien. 

    Le social est maintenu par l'adhésion rendue collective des individus à une relation personnelle complexe avec un extérieur variable à plusieurs dimensions. Le collectif n'existe pas comme chose extérieure dotée de propriétés et se trouve simplement agrégation pure, par imitation, des comportements individuels. Possiblement émergeant, bien sur, mais purement fictif, et en tout cas pas issu d'une volonté, d'un plan ou d'une rationalité autre que celle des phénomènes collectifs ramenés à des principes évidents d'utilité en contexte. 

    "utilité en contexte": pardon pour l'expression empoulée. La raison d'un phénomène ne peut se ramener à l'utilité pure du fait de sa contextualisation absolument nécessaire. Les mondes symboliques contraignent ce qui est utile et le prestige vaut la survie dans plein de cas. Ce qui fait émerger est le pratique acceptable, et cela se partage.  

    Cette divinisation est exclusive: seul peut être appelé "dieu" ce qu'en disent les gens, ce qui produit un seul être (fictif), celui qui manifestement influe: l'entité derrière le phénomène religieux, forcément existante, comme force sociale, et d'ailleurs la seule acceptable. Voilà la théorie: en gros deux principes fondamentaux: l'individuation de la raison ultime et la collectivisation des raisons par interaction. 

    L'origine physique et historique de l'individuation humaine face ou grâce au religieux est bien sur mystérieuse et se trouve le point "noir" de toute la construction. Notons que la question, scandaleusement sous traitée par toute l'histoire de la réflexion sociétale moderne, reste entière. Je pense que le phénomène religieux au sens large est partie prenante de l'hominisation, ce qui justifie mon approche: l'essentiel c'est l'originel, et le premier discours est celui là. 

    On pourrait parler des chasseurs cueilleurs originels, sans sacrifices et sans dieux, contre exemples systématiques de toute théorie du religieux essentiel. Allant jusqu'à la relativisation des attitudes mentales face à la nature, cela invalide-t-il toute construction individualiste ? Le débat est en cours bien sur, mais je dirais que non: il n'y a pas d'absolues visions du monde, mais des constructions globales en compétition et les humains ne sont pas distincts biologiquement. Voilà pour toi Descola, car on ne me fera pas croire que les animistes n'ont pas une certaine idée de la fiction que constitue cette histoire de plante qui pense...

    Pour être un peu humble, je me réfèrerai aux 3 théologies envisagées par Tilich:  zéro dieu, rien que dieu, et la relation sur base de péché... Zéro dieu, c'est le refus de mettre le religieux à la racine du social, un athéisme mal placé; rien que dieu c'est le déisme typique, trop content de mettre le grand tout au centre; la relation ou aliénation est une interaction avec son origine (on a été crée, bien sur). Pour tout dire, il me semble suivre Tilich: lui aussi pense que le religieux est constitutif de l'humain et de sa culture. Et pourquoi, pas? Il serait alors un sociologue génial en plus qu'un théologien génial. En tout cas, c'est bien à partir de lui que je me fais mes petites idées. Un théologien protestant multiculturaliste, génie fondateur de la nouvelle science du social ? Ah le beau rêve. 

    Tillich sera donc l'inspirateur et il faudra continuer de le lire. En parlant des 3 théologies, on en fera la base des 3 sociologies équivalentes, la vraie étant le seul type de représentation acceptable qui tienne et qui ce qui se passe dans la volition partagée des individus: une interaction avec l'invisible qui nous fait humains et depuis longtemps, et aussi le refus que j'assume de toute espèce de chose conceptuelle qui nous pousserait dans le dos, ou qui serait le nom arbitraire que l'on donne à ce qui nous est commun. Seul "dieu" par définition a droit à ce titre, et il est de l'autre coté de la barrière. 

    Non pas que je sois tombé mystique, mais tant qu'à faire, autant donner une définition "active": la chose est CEQUI agit comme tel dans les psychées humaines, il n'y a qu'à demander. Non pas une chose qui serait plongée dans un science, un concept quelconque, mais une chose "existante" et c'est la seule qui existe comme cela. Inutile d'en théoriser la scientificité ou la matérialité: elle se trouve indépendante, régulièrement décrite comme non matérielle et donc en quelque sorte objective. Plutôt que de prêter à je ne sais quel opium la vertu explicative, ce qui n'est jamais qu'une mythologie de plus, osons le dire: c'est bien au nom du dieu des communistes qu'on part pour le goulag et la raison profonde qui oriente les idéaux est bien l'ailleurs de l'homme, la chose qui fait de lui celui qui peut justifier l'invisible. 

    Notons que cette volonté de rattacher la "sociologie" à quelque chose d'autre que l'insupportable et incompréhensible pseudo science prétentieuse que l'on connait, ne date pas d'hier. Activité infondée, sinon sur les prétentions d'écrivains français talentueux spectateurs de l'avènement de l'immonde bourgeoisie, pourtant souhaitée ardemment un siècle entier par leur parents. Balzac se voyait en "docteur en sciences sociales", Flaubert autant et Zola pratiquait, en plus de la photo et de la bigamie, la "vraie science". Auguste Compte la prétention injustifiée faite homme inventa la mot et on se retrouva donc, c'est la thèse de Wolf Lepenies (1) (après Snow 1959, qui dénonçait la culture littéraire dévoyée dans le nazisme par ignorance des sciences), dans le mixe de deux cultures: on mixa socio (du latin) et logie (du grec) dans un mot insoutenable qui ne désigne rien...

    Et bien, moi, je remplace la littérature par la théologie: car ce n'est que fadaise que la littérature, crée par Molière pour mieux moquer les bourgeois qui voulaient se faire gentilhommes, et cela du point de la royauté (c'est à dire au delà de l'aristocratie) et dévoyée par les contempteurs de la bourgeoise, finalement surtout révoltés par les cocufiages dont ils sont victimes en permanence... La seule exception, Proust,  s'explique autrement, on en reparlera. 

    On peut parler de Bourdieu, brièvement: tout pour le plouc palois, crétin des pyrénées à accent, est à mettre dans la légitimation. Comme si on se préoccupait de la légitimité de Dieu...  

    On en rajoutera avec le célèbre "Les Héritiers" (Bourdieu,Passeron) fondateur de la génération de salopards qui ont détruit l'enseignement scolaire et universitaire en France: obsédé de bourgeoisies et d'inégalités mal placées, les pédagogistes formés aux meilleures sciences ont baissé le niveau jusqu'à mettre les petits africains non francophones à égalité du peuple d'un pays moderne, progressivement sous développé donc et ce n'est pas fini.

    Est il encore temps de foutre en l'air cette science là? Sans doute pas: le renouveau ne viendra qu'après la catastrophe. 

    La méditation sur la nature de la chose est de toutes façons à faire, et il faut attendre le grand âge des criminels pour qu'ils songent avec amertume à leurs crimes (2). Quoique: l'homme se finit avec Marx... Au passage les évocations bienvenues de Certeau (le peuple qui, comme moi, braconne et glane les scories informationnelles que les vrais intellos laissent trainer) , et même de Bourdieu, qui éperdu de sa politique de gauche ne peut que répondre au "que faire" qu'une sans doute future incubée: le clinamen... 

    Quand aux souvenirs des bigots de la bourdieuserie, (3), ils font pitié et ne peuvent être que source de railleries et de détestation. En gros, on consacre ici le mépris pour la philosophie, victime de déclassement face à l'alliance de la psychologie et de la sociologie "vers 1900", et aussi la sainte alliance de la triple vocation pour la "science" sociale, la théorie générale de tout et le nouvel humanisme, incroyable prétention absurde des posts communistes délirants qui croient dominer le monde. Foutre en l'air tout ça? Pas sans les battre de verges d'abord. 

    (1) https://www.exergue.com/h/2017-06/tt/lepenies-trois-cultures.html 

    (2) Passeron se confie: http://journals.openedition.org/traces/3983

    (3) http://zilsel.hypotheses.org/2954#comment-11561

  • Les Catégories, la théorie.

    Il est sans doute encore trop tôt pour aborder cette cote raide, mais après tout, on peut se mettre à comprendre à tout moment... Et puis je l'avais fait déjà un peu en (1)

    Ici on s'est tapé (rapidement) le très addictif cours de Bartosz Milewski (2), avec du texte en (3) et bien sur la référence absolue (4).

    Il est en Mathématique, et ailleurs d'ailleurs, un principe qui consiste à réexprimer un problème avec d'autres mots, en espérant que celui ci devienne plus simple. La résolution de conjectures serait ainsi une science du choix de la meilleure transformation, le voyage devenant l'essentiel, l'arrivée résolvant tout toute seule. Une citation de Poincaré: les maths c'est donner le même nom à des choses différentes... 

    Cette science des correspondances, de la structure de ces correspondances, est la théorie de catégories, science des sciences des sciences. On avait abordé la chose, et on y reviendra, la chose étant vaste. 

    Une autre manière de présenter la chose est que les catégories sont les structures, et qu'il n'y a guère que les structures qui caractérisent les choses qu'on veut comparer ou égaler. De part et d'autre, on projette sur la structure et on associe les structures enfin comparables... Bref, ces squelettes sont fait de multiples relations et il n'y a que les relations qui comptent. 

    Tout cela fut inventé par un certain Saunders Mac Lane, un américain. 

    Disons aujourd'hui pour commencer aussi que Curry et Howard n'étaient pas seuls, il y avait Lambek, qui ajouta à la correspondance entre propositions et types, celle, mutuelle, avec les catégories cartésiennes fermées.

    Cette identification des trois seules choses qui vaillent au monde s'appelle la "trinité computationnelle". Elle signifie que toute notion manifeste dans l'une des vues l'est aussi, sous forme transformée, dans les deux autres (5). Rien que ça. Wagnérien, c'est le moins qu'on puisse dire... Le mot catégorie est lourd de sens.

    Joachim Lambek introduisit aussi les grammaires catégoriques pour le langage naturel.

    Reste à s'enfoncer dans les catégories, donc.

    Les catégories

    En trois mots, on a dans une catégorie des objets ET des morphismes, les foncteurs relient les catégories, et les tranformations naturelles les foncteurs. Une 2 catégorie a en plus des morphismes sur les morphismes et ad infinitum. Après... On distingue les petites catégories (à zéro ou UN objet) et les grandes, les autres.

    Definition

    On commencera par définir ce qu'on appelle "catégorie", "tas" d'objets (il n'est évidemment pas question d'ensembles pour définir ce type de multiplicité), et de "flèches", avec quelques contraintes: tout objet a une flèche vers lui même; toute paire d'objets a zéro, une ou plusieurs flèches orientées; entre trois objets les flèches composent; et entre quatre objets, la composition est associative. 

    Juste un point au sujet de la composition: il s'agit d'un "il existe", la flèche qui compose (a-f->b-g->c implique il existe une flèche nommée gof telle que a-gof->c) étant l'une des flèches pré existantes entre a et c... Ce type de remarques n'a pas grand intérêt, mais illustre que ces propriétés sont statiques et non pas génératives: gof existe, un point c'est tout... 

    Un autre point concerne le fait que les morphismes entre deux objets d'une catégorie, le "hom-set" EST un ensemble... Et oui, les objets ne forment pas des ensembles, mais leurs morphismes entre deux d'entre eux, si. C'est comme ça. Ces morphismes sont des "hom" homomorphismes car internes à la catégorie. 

    De plus, et ça n'a rien à voir, la catégorie des ensembles, "Set" est une catégorie: voilà qui est inclusif. 

    Les ensembles et les fonctions

    Les "flèches" sont souvent nommées "morphismes". J'ai toujours été choqué par cette "over" interprétation de l'objet défini par deux points ordonnés: elle suppose que les objets sont des ensembles et les flèches des fonctions entre ces ensembles. Bien sur c'est l'interprétation lambda, la primaire la bébête: la catégorie "Set", celle des ensembles et des fonctions, précisément...  Cette interprétation a évidemment pour mérite qu'on s'intéresse à la chose, elle est celle qui rend les catégories signifiantes dans le monde enchanté de la programmation, du moins la programmation fonctionnelle. Il faut noter toutefois que l'interprétation catégorielle de la programmation c'est de l'après coup, et du récent.

    En fait, il s'agit pour comprendre quelque chose, de tenter donc de développer une sorte d'intuition de ces choses. Cela est possible, car précisément ces concepts là sont intuitifs et ne furent développés QUE pour des raisons intuitives. Au fait Alexandre Grothendick fut bien sur en pointe sur ce coup là, car il avait lui une intuition ça comme... 

    Les morphismes

    On commencera par là, car c'est un "haha". On m'avait expliqué en sixième les subtilités de l'injection et de la surjection entre ensembles, à partir de la notion d'application, dont l'ensemble de départ (on m'expliqua plus tard que c'était le "domaine") est peuplé d'origines exclusivement solitaires pour les flèches qui en partent.

    On a donc la surjection et l'injection et leur contraires. Et bien, l'intuition avec les flèches, ou avec les petits ronds, est inutile, on peut exprimer le concept de manière encore plus abstraite, en contraignant les compositions dans une notion purement catégorique. 

    D'abord la non-surjection: c'est quand l'ensemble de départ se projette dans un sous ensemble strict de l'ensemble d'arrivée. La destination n'est pas couverte, il y a des éléments à l'arrivée qu'on adresse pas, l'ensemble de départ est "trop petit". 

    Ensuite la non-injection: c'est quand il y a deux éléments de départ qui ont la même destination. L'ensemble de départ est "trop grand"...

    Qu'on me comprenne bien, ici les ensembles "de départ" et "d'arrivée" sont des objets DANS une catégorie: on a bien l'interprétation du morphisme comme UNE flèche dans cette catégorie entre ces deux objets là, mais signifiant (au moins "in abstracto") une fonction entre ces objets, un morphisme entre eux donc, à condition que chaque objet soit en fait lui-même un ensemble, c'est à dire composite, permettant de produire la définition faite ici, basée sur une structure imaginaire attribuée aux objets de la catégorie... 

    De fait, cette explication négative des concepts de surjection et d'injection est bien claire: elle repose hélas sur une vision du monde partielle, la notion est bien plus générale et peut, c'est ça le haha, se décrire avec une vision des ensembles comme des objets ponctuels sans structure interne, simplement reliés par des flèches composables... La catégorie est bien plus (grande, générale, expressive) que l'ensemble. Au lieu d'avoir des ensembles comme des tas de points, on a des catégories comme des tas de points, mais au niveau du dessus: les points sont les ensembles, et au lieu d'imaginer l'intérieur des ensembles, et d'en déduire quelque chose (berk), on se contentera de contraindre les flèches qui en sont issus en produisant un autre type de définition. 

    Etre une non-surjection pour un morphisme, c'est donc quand il existe un objet de la catégorie et deux flèches différentes de l'ensemble d'arrivée vers cet objet, telles que les deux compositions avec l'application soient égales.

    Intuitivement, si on se ramène (comme vous y tenez) à l'"image" des ensembles et de leurs éléments, ici abstraits en des points dans une catégorie, les deux flèches sont égales sur le domaine de l'application et doivent donc, pour pouvoir être différentes, pouvoir partir d'éléments de l'ensemble d'arrivée non adressés: le codomaine est un sous ensemble strict de l'ensemble d'arrivée, ce qu'on se disait plus haut...

    L'intuition ensembliste est dégénérée, et on a grâce aux catégories, une intuition de plus haut niveau, qui couvre les objets infinis de tout l'univers: une intuition de l'inimaginable, donc.

    Une non-injection est du même type: c'est quand il existe un objet et deux flèches différentes issues de lui vers l'ensemble de départ, telles les compositions avec l'application soient égales. Si les flèches sont différentes, elles diffèrent sur au moins un point, en fait deux points, qui se trouvent donc avoir la même destination. Contre exemple, bingo. Ce qu'on disait s'applique: point besoin des petits points, sinon pour appréhender avec ses pieds. La définition, abstraite, structurelle, prévaut et c'est ça l'idée. 

    Pour finir, on ajoutera que les catégoriciens sont hellénistes et parlent de monomorphisme (injection) et d'épimorphisme (surjection). On ajoutera également que l'épimorphisme (surjection) permet surtout de simplifier à droite la malheureuse surjection: g1 o f = g2 o f  donc, g1=g2, tout comme d'ailleurs le monomorphisme (injection) qui lui est simplifiable à gauche. 

    Pour finir, on ajoutera aussi que ce n'est que dans la catégorie Set que la conjonction des deux fait d'un morphisme un isomorphisme. Dans la catégorie des Ring, ce n'est pas le cas, et Q et Z ne SONT PAS isomorphes... Alors là, mon prof de maths de 6ème est à la retraite. 

    Mais pour vraiment finir, on dira qu'épi et mono morphismes s'échangent si on inverse le sens des flèches, c'est à dire si on passe d'une catégorie à sa duale... 

    Trucs cartésiens

    Point besoin de beaucoup de laïus ici, et on devrait apprendre ça en 6ème: le produit c'est le produit cartésien et le coproduit l'union bien sur. Notons l'absence de l'intersection et le fait que l'union est représentée en notant bien pour chaque élément de l'union le nom de son ensemble de départ... Le produit, lui utilise la droite et la gauche du tuple pour noter la chose. Le grand truc de la notion, c'est qu'on la définit bien sur de manière structurale, la chose étant définie non pas par des accouplements impurs, des petits tuples extraits des catégories multipliées (berk), mais par de belles définitions de morphismes qui commutent, le retour aux catégories d'origine se faisant via des fonctions "first" et "second".  

    Au passage, et pour compléter encore le programme de 6ème, on ajoutera qu'un poset est "un ensemble partiellement ordonné" (un epo). 

    Un objet initial est tel qu'il a une flèche vers tous les objets de la catégorie. Son dual est le terminal, bien sur. 

    Une catégorie cartésienne fermée s'identifie à la structure qui SIMULTANEMENT a un produit et une exponentielle. La notion, spécialement complexe est sans doute ce qui est à l'origine de la complexité et de la puissance de la structure structurelle de la belle théorie. On y trouve par exemple, comme corolaire évident, la notion de foncteur adjoint. Par contre, on s'y retrouve assez bien, les ensembles avec leurs morphismes forment une catégorie cartésienne fermée, ouf... Un chapitre entier mérite cette chose, en tout cas.  

    Les  Foncteurs

    Les foncteurs sont des opérations de mise en correspondances de catégories, on dit endofoncteur quand les catégories sont les mêmes. Naturellement la "structure" est préservée, et c'est tout l'intérêt de la notion, centrale dans ce domaine des maths, on veut identifier partiellement des objets différents.

    Car le Foncteur projette les points mais aussi les blocs de flèches, les "hom-sets". Ce sont des ensembles, et le foncteur est donc défini aussi par les fonctions de projection de tous les hom-sets.  

    Naturellement, les notions d'injection, de surjection sont préservées mais peuvent s'appliquer à des projections de natures différentes et là on voit qu'on en a plein.

    Dans l'interprétation standard des catégories en programmation (on considère la catégorie des types comme points et des fonctions d'un type vers un autre comme les flèches), des Foncteurs apparaissent comme les "constructeurs de type", c'est à dire des endofoncteurs dans la catégorie. Là encore, un simple haha peut se manifester: la notion de "liste", "List", est un foncteur, qui transforme un type quelconque en un  type "liste" associé. On a bien la notation fonctionnelle (List[Int] en Scala). L'application fonctionnelle paramétrisée de niveau supérieur...  Le type "paramétrisé" n'est que le résultat de l'appel d'une sorte de "fonction", le foncteur. 

    Au passage on évoquera le terme "lift" (soulever) qui désigne l'opération de passage d'un type à son transformé, nécessairement "vers le haut" pour suivre la notation arbitraire:

    M a - fmap f -> M b

    ^                      ^

    |   F                   | F

    a    -  f    - >      b

    Ici, "fmap" (en fait la très classique opération "map") est une transformation de fonction, qui exprime la manière dont le foncteur, ici un endofoncteur, transforme les morphismes. "fmap" caractérise le foncteur, et il y en un par foncteur. Par exemple, le map de "List" est évidemment différent du map de "Option".

    Cet aspect "double" du foncteur (il transforme les objets ET les flèches) mérite d'être souligné. 

    Pour finir, la notion de Foncteur comme "container" d'un type, abondamment utilisée en Haskell ou Scala, s'applique assez bien.  

    Les transformations naturelles

    Une transformation entre deux foncteurs est dite "naturelle" intrinsèquement: c'est un morphisme entre foncteurs qui préserve la structure de la transformation. On a là un truc bien abstrait, les deux foncteurs préservant déjà une structure, mais avec une structuration qui leur était propre... Notons que la transformation transforme non seulement le mapping des points, mais aussi le mapping des morphismes. 

    On a donc un splendide diagramme, qui doit "commuter", pour préserver les structures: n étant un opérateur de transformation naturelle. 

    On voit que F transforme a et b, et aussi f (un foncteur transforme tout ce qui constitue une catégorie). G aussi , bien sur, et n transforme F en G. Bien sur ça commute, la transformation naturelle d'une functorisation étant égale à la functorisation d'une transformation naturelle... En fait cette "commutatibilité" est le sens même de la "naturalité": si c'est naturel, c'est que ça commute. 

     

        ---------------> Ga

                     -na>

    a  --> Fa               |Gf

              |                 |

    |f        |Ff              v

    v         |                Gb

               v       -nb>

    b -->  Fb      

     

    Quitte à généraliser un peu (mais ici, le terme "over" n'a pas lieu d'être), disons que si une 2-catégorie a aussi des morphismes sur les morphismes, et bien "Cat" (avec les objets formant un ensemble) sera la catégorie des catégories avec comme morphismes les foncteurs et comme 2-morphismes les transformations naturelles. Of course. De plus c'est une catégorie cartésienne fermée: boucle bouclée...

     

    Adjonction 

    L'adjonction est considérée comme un concept premier de la théorie des catégories. Il s'agit d'une forme d'égalité, et la notion d'égalité, ou de mise en correspondance étant ici première, on en a là une sorte de généralisation. 

    En gros, on considèrera deux catégories "équivalentes" si il y a deux foncteurs entre elles, dans chaque direction (les droite et gauche) dont les compositions (dans les deux sens)  sont isomorphiques aux identités respectives de chacune des deux catégories. 

    On considèrera les deux catégories comme "adjointes" si il n'y a que deux transformations naturelles unidirectionnelles entre identité et composition d'une part et entre composition duale et identité d'autre part... 

    L'adjonction est donc une forme affaiblie de d'équivalence, avec un symétrie inversée de la correspondance particulièrement tordue.

    En gros, on a les catégories A et B et deux foncteurs AB et BA adjoints, c'est à dire tels que il y ait deux transformations naturelles:  

    eta: IA -> BA o AB

    epsilon: AB o BA -> IB 

     

    Monoïdes

    Le mot est DABORD utilisé pour désigner des ensembles particuliers (parmi les structures algébriques), dotés de la structure d'associativité et d'élément neutre, l'ancêtre du monoïde étant le semi-groupe à qui il ajoute l'élément neutre. Le semi groupe est le fils du magma, à qui il ajoute l'associativité. Un groupe est un monoïde dont tout élément a un symétrique. Un groupe n'est pas forcément commutatif... 

    Les monoïdes algébriques peuvent être identifiés à la catégorie à un élément, à part que l'ensemble algébrique est identifié au hom-set de l'unique élément de la catégorie. C'est un ensemble... Les deux notions sont strictement équivalentes donc, mais visibles sous un autre angle, et encore... 

    En fait, la chose n'est pas exactement celle là et Bartosz rate complètement son coup. On a en fait d'abord les catégories dites "monoïdales", catégories pourvues ENPLUS d'un produit tensoriel et d'une élément neutre suivant la sémantique algébrique traditionnelle. Ce produit tensoriel est un "bifoncteur".

    L'associativité est demandée, mais sous la forme d'un isomorphisme (qui est donc une transformation "naturelle", car liant des foncteurs) entre formes duales des foncteurs associés. 

    La catégorie des ensembles avec le produit cartésien est ainsi une catégorie monoïdale. 

    On appelle "monoïde" sur une telle catégorie un objet de la catégorie monoïdale que l'on munit LUITOUTSEUL d'une multiplication définie avec le produit tensoriel de la catégorie englobante: MxM->M. Bien sur, on exige un élément neutre et les associativités qui s'imposent. 

    Il y a en plus une catégorie des monoïdes sur une catégorie monoïdale donnée, formée DES monoïdes avec comme flèches les morphismes qui (utilisant le MEME produit tensoriel global) préservent la structure monoïdale. 

    Les Monades

    Le parangon de la prétention fonctionnelle pour un programmeur et d'identifier sans sourciller les monades aux monoïdes sur la catégorie des endofoncteurs. Cela est donc maintenant à ma portée, même si il y a encore des petites choses qui m'échappent. 

    Catégorie monoïdale par excellence, la catégorie des endofoncteurs avec pour produit tensoriel la composition se trouve avoir pour monoïdes des entités nommées monades, il suffit de le savoir... 

    Notez les 3 catégories différentes, parfaitement comparables, mais qui n'ont rien à voir entre elles et qui me permette de faire le malin en les citant hors de propos: la catégorie des ensembles/morphismes (l'interprétation programmatique traditionnelle), la catégorie des endofoncteurs (des morphismes de la catégorie des ensembles citée avant vers eux mêmes)/composition, et la catégorie des monoïdes/morphismes ! Tout ça partage une structure, on s'y perd ou on s'y retrouve... 

    D'autant plus que les monades sont directement liées à l'adjonction, et que l'on ne peut pas sortir de la cage sans avoir réalisé certaines choses au sujet des relations entre la currification et les listes, et entre l'option et le pointage...  

    Yoneda

    On se permettra finalement, pour déconner, d'évoquer le très abstrait lemme de Yoneda. Car les foncteurs entre deux catégories forment une catégorie dont les flèches sont les transformations naturelles. On note C^D la catégorie des foncteurs de D vers C (en descendant, c'est l'exponentiation).

    A partir de là, Yoneda s'est déchainé... Qui l'aime le suive.

     

    (1) http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2015/09/30/les-categories-5692791.html

    (2) Les vidéos de Bartoscz: https://www.youtube.com/watch?v=I8LbkfSSR58&index=1&list=PLbgaMIhjbmEnaH_LTkxLI7FMa2HsnawM_

    (3) Le texte de Bartoscz: https://bartoszmilewski.com/2014/10/28/category-theory-for-programmers-the-preface/

    (4) La référence en maths: https://ncatlab.org/nlab/show/category+theory

    (5) La sainte trinité: https://existentialtype.wordpress.com/2011/03/27/the-holy-trinity/

    (6) Gérard Huet: https://pages.lip6.fr/Pierre-Evariste.Dagand/stuffs/notes/cats.pdf

  • Les racismes

    Il y a dans les significations multiples données au mot "racisme" bien des variations, bien des nuances et bien des méconceptions.

    Tout d'abord, il faut parler de l'odeur. Comme soutient de ce reproche fait à Chirac (le voisin black avec le bruit, l'odeur et les allocs), un discours démago qui le suivit tout le reste de sa vie, et qui reste un marqueur de la dénonciation du racisme ordinaire, et aussi comme réaffirmation, ici, de l'évidence de l'odeur caractéristique de la peau des humains qualifiés de "noirs", comme odeur différente de celle d'autres humains et spécifique (soit disant) de l'homme (ou de la femme) noir(e).

    Marqueur car évoqué avec offuscation par l'antiraciste débile, le connard abject et inculte, illogique et stupide, porteur de la bien pensence méprisable, celle dont on ne peut que se moquer, et que je méprise et conchie ici avec dégout.  Pauvre Chirac! Son exemple est débile (qui a un voisin de palier noir qui fait la bamboula avec l'argent des allocs?), mais donc justement, comment refuser d'admettre ce qu'on sait vrai: que la cohabitation entre peuples est difficile et c'est d'ailleurs POURCELA que le voisin black n'existe pas, on a DEJA déménagé.  

    Le "marqueur", l'odeur est différente, mais en fait il y en a plusieurs... Bien sur. L'une d'entre elles, une odeur spéciale, qui pour moi s'apparente à celle des crayons (et oui, le crayon à papier a une odeur que l'on sent dans le métro), et qui m'a toujours été (j'ai vécu enfant en Afrique), agréable. Comme quoi, ce n'est pas cela qui repousse, mais l'ensemble des autres: celles des autres peaux, des cuisines, de la viande grillée spécialement, du gras du riz, à la fois réjouissante, mais trop marquée, ou bien ... Bref, les odeurs d'un peuple proche, qu'on sait ne pas être soi, et dont on ne veut PAS qu'elle soit celle de toujours, celle d'une normalité qu'on refuse. Normalité qui a son cadre au demeurant. Qui s'est gavé de tiep boudienne dans une ambiance africaine rigolarde avec plaisir ne peut pas le regretter, tout en flippant sa race de devoir le faire tous les jours et c'est là le problème: on aime bien l'agréable de l'autre, on ne veut pas DEVENIR l'autre. Ce sentiment peut il être appelé "racisme" ?

    On pourrait dire oui pour deux raisons. La première pour bien montrer que tout refus de cet autre, ici le noir, ne peut être que la honte de devenir l'ex esclave, celui qu'on méprise et dont on sent bien qu'il est inférieur en fait. Nier et refuser ce sentiment honteux EST le racisme et doit être condamné et combattu. Par son extrême contraire, ou bien, bref, c'est le sujet.

    On pourrait gloser sur l'inconséquence totale de ce sentiment. Segmentés sur un continent entier, des ethnies proches, de même religion, ou voisines, se sont fait 2000 des guerres inexpiables. Il y a 80 ans, on procéda à l'extermination du peuple du fils de son Dieu, installé depuis toujours. Et on ne devrait pas voir de différences avec des peuples arrivés d'Afrique depuis quelques dizaines d'années sans qualification ou haute culture, vivant partout où ils s'installent comme ils le font dans le tiers monde qu'ils transportent ? Et cela au nom d'un antiracisme enfin maitrisé et généralisé? L'affreuse absurdité de cette opinion n'a rien de plus dangereux et stupide que ce qui est en train d'arriver: la structuration du sentiment politique autour de cette question et la préparation de drames historiques qui referont ce qu'on a fait, en pire. Ne pas au moins concevoir cela comme possible est navrant. 

    La deuxième pour bien montrer que la notion de racisme n'existe pas, et qu'on a le droit de détester les autres peuples pour leur différence, le mot "racisme" n'existant que pour dénoncer ce droit innocent à l'intégrité de son identité propre. En qualifiant par ce qu'on refuse une pratique innocente, on discrédite le mot et donc on justifie toutes les pratiques qu'il dénonce. 

    Ce sentiment est encore relativement rare au demeurant, en tout cas dans la sphère publique, mais il pourrait se développer. Il est ouvertement présent dans le discours politique d'un nouveau parti politique, installé en Allemagne depuis peu. Il est manifeste chez certains pays de l'Est, aujourd'hui dans l'union européenne, et qui pèsent de plus en plus lourd.

    Et pourtant il y a bien un racisme, mais il n'est ni l'un ni l'autre.

    Tout d'abord, on pourrait accuser directement ceux qui utilisent le mot pour qualifier cela, précisément: l'accusation inappropriée périt d'elle même: accepter, voire préférer ce qui n'est pas nous, signifie devoir s'intégrer avec l'étranger, et cela de manière inconditionnelle, sans même considérer que ce serait plutôt à l'étranger, du fait que lui a voyagé, de s'intégrer, et cela sans conditions, en tout cas, beaucoup moins. Une telle préférence signifie l'affirmation d'une supériorité, qui ne peut être que raciale: le noir vaut mieux que le blanc, sans discussions, et par principe. Ca tombe bien, j'ai la bonne couleur de peau... 

    C'est bien le caractère de la dénonciation sans nuance de la responsabilité blanche que d'être raciste au sens le plus strict: l'autre est porteur de par son sang de sa responsabilité d'esclavagiste. Christiane Taubira, ministre de la justice (comment a-t-on pu supporter cela si longtemps?) est ainsi par essence porteuse de cette infamie raciste mémorielle fumante de l'atroce puanteur de ce qui retombe sur la tête des lignées qu'elle fantasme. L'horreur de la barbarie cette atroce connerie périra-t-elle avec la grosse guyanaise chtarbée qui nous a pourri la télé si longtemps? Faudrait il exiger l'extinction de toute sa parenté pour en finir avec ça? Selon elle  non et oui, respectivement. 

    Ensuite, on pourrait qualifier de la sorte ceux qui mentent, et donc acceptent et font accepter ce qu'il méprisent. On pense au kwassa kwassa de Macron, plaisantant avec morgue les migrations infâmes qu'il tolère par faiblesse tout en les déconsidérant. L'attitude de la tolérance méprisante, voilà un autre vrai racisme: déconsidérer un peuple pour ses pratiques tout en acceptant qu'il vous pollue avec, sans avoir le courage de le respecter assez pour le mettre en face de ses torts avec un véritable courage. 

    On aurait pu croire que la dénonciation de la natalité des noirs, les plaisanteries avec le chef d'Etat voltaïque, l'explication avec la marocaine voulant des papiers sont une marque de courage. Cela ne l'est pas, car les politiques ne sont pas en rapport, et on n'a là que des révérences communicationnelles envers un électorat qu'on veut séduire. Nulle politique véritable pour forcer au planning familial et au retour des migrations africaines en y conditionnant l'aide au développement: cela signifierait violer officiellement le dogme libéral sociétal de son soutien électoral officiel et appliquer ce qu'on appelle le conservatisme en ces matières.

    Statistiques ethniques, quotas d'installation décidés arbitrairement au nom de l'intérêt de la nation, politiques étrangères reconnaissant enfin le caractère ethnique des sociétés africaines: tout cela fut refusé explicitement par l'élection de 2017 et ne sera pas considéré. Par racisme: on préfère discriminer en silence, hypocritement, de peur d'affirmer la dignité de l'autre à être différent, et à se manifester en désaccord avec lui pour mieux le respecter.

    Les sociétés africaines, même si elles sont diverses et formées de juxtapositions de peuples n'ont pas, ou peu de caractère national historiquement installé. Sans volonté de modifier les frontières coloniales, précisément pour éviter les réorganisations ethniques dont ils sentent bien le danger, les états africains vivent dans le déni de leur plainte mendiante. Leurs chefs vivent des prébendes de ce qu'il sécurisent à la place du blanc: une paix civile et encore. Car celle ci aura bientôt complètement disparue: en guerre partout, l'Afrique post coloniale redevient petit à petit ce qu'elle était avant la colonisation. Des territoires ruraux soumis aux prédations esclavagistes des peuples nomades, toutes ces populations rangées en ethnies en guerre perpétuelles. Quelques souverains dominateurs plus cruels que d'autres s'installent, mais sont incapables de fonder de vraies dynasties.

    Et puis on les oblige à installer des pseudo démocraties, qui n'imposent que le pouvoir des ethnies les plus nombreuses. Et dans chaque ethnie, le loyalisme barbare raciste le plus strict prévaut, toutes les rancoeurs mémorielles (le mémoriel géo-racial est prépondérant dans ces cultures) s'expriment en permanence. Ridicule mon affirmation ? Le Mali, le Rwanda sont déchirés depuis toujours par cela, sinon par quoi?  

    Paradoxal que de voir que c'est là qu'on trouve la source même de l'esclavagisme, comme instrumentalisation de l'homme qui n'est pas de chez nous, le crime suprême (d'après certain) contre l'humanité. L'homme noir victime de l'homme noir, du fait de sa noirceur: triste non? Ou raciste ? 

    Et bien non ! L'homme noir a eu une histoire, et d'ailleurs il n'est pas noir (même pas: tous les sombres de peau sont présents) il est l'humanité d'un continent aux climats globalement pénibles mais il doit se débrouiller seul ! A lui de trouver dans SON humanité de quoi vivre bien et il le peut, par définition. S'il ne le fait pas, et bien ce n'est pas définitif: il le fera un jour. Ce n'est que racisme que d'identifier sa condition malheureuse actuelle avec une nécessité. 

    Passons au deuxième peuple qui s'installe, toujours en provenance d'Afrique, mais essentiellement berbère. Berbère? On le sait, mais il se veut "arabe". Il ne l'est pas. Colonisé avec fureur, il se veut l'égal d'isolats racistes qui le méprisent, qui lui imposent langue, religion et identité. Il faut être un plouc kabyle inculte ou né en bas de la montagne du même nom pour prétendre le contraire... Il est un monstrueux déni d'identité. Et on le qualifie d'"arabe" ou de "musulman" alors qu'il n'est ni l'un ni l'autre, juste une un infirme de l'histoire, qui continue son malheur millénaire et explose sous nos yeux, littéralement, premier peuple de l'histoire à revenir sur une transition démographique amorcée, puis abandonnée. 

    Nous avons donc bien là les trois vrais racismes: l'affirmation de la supériorité malheureuse du discriminé, le mépris pour ceux qu'on supporte avec hypocrisie, l'accablement pour l'éternelle infériorité. Les trois attitudes ne sont que la même en fait et consacrent la permanence du malheur de la situation inférieure globale qu'on attribue à une essence éternelle, la fameuse race, qui biologique, sociale ou mémorielle n'est qu'une rationalisation imbécile qui n'explique que le présent... 

    On notera que les 3 conceptions se décrivent vis à vis des noirs, premières victimes de l'universel mépris pour la race inférieure. Car l'arabe ou l'américain, deux autres ethnies conspuées partagent ce racisme là. C'est d'ailleurs pour cela qu'on les juge inférieurs, mais d'une autre manière: ils seraient porteur d'un mal suprême, le mépris de l'autre. Au passage, on détestera le racisme juif, injuste envers l'Arabe... Ces détestations superposées sont plaisantes, vous ne trouvez pas? Partout le racisme effectif de type 3, imparable et éternel, et qui se drape dans une forme du type 1 appliquée à soi même, le juif, l'américain et l'arabe étant coupables pour toujours de leurs méfaits... Le racisme libéral, le type 2 est la surface des choses, l'hypocrisie qui fait vivre le monde réel, le monde mondialisé. 

    Pourtant, et on n'a pas parlé des chinetoques, le sentiment d'être soi et de ne pas être l'autre, pour les raisons bestiales de la chaleur de ce dont on a l'habitude, et la volonté de maintenir un groupe de taille suffisante qui le rend manifeste et suffisamment confortable, tout cela est légitime et respectable. Il se doit d'être affirmé et respecté chez les autres, sans que cela empêche les échanges harmonieux et bien compris, voire les échanges de femmes à l'occasion. Dénoncer ou ridiculiser ce simple bon sens est absurde et méprisable, et on a vu que c'est cela LE racisme. 

    Et il y a la question de la nouvelle société peuplée récemment par une immigration acceptée trop légèrement, ce qui pourrait être bien une erreur historique majeure. Une nouvelle province s'est installée, et elle a tous les moeurs d'un autre continent. On nous demande de l'accepter telle quelle, voire de la révérer et même de s'enrichir de cette différence en la considérant essentielle, leur tiers monde jouant le rôle du réservoir populaire bébête à bas salaire qui nous manque tant depuis l'instauration des 35 heures...  

    Bien sur, tout cela se déguise et s'habille du mépris ou du refus de ce qui est trop manifestement inférieur ou malsain chez l'autre identifié et parait donc une condamnation haineuse injuste. Mais là n'est pas l'essentiel: personne n'est obligé d'épouser les travers de son voisin par politesse; le fond de l'affaire est qu'elle n'est que la justification vicieuse officielle des 3 formes publiques d'un racisme bien pire: celui que le médiatique moderne est obligé d'accepter. 

    Raison de plus donc pour insulter ces attitudes intellectuellement méprisables: on a le droit de ne pas vouloir chez soi ce qu'on déteste chez les autres, et mieux, c'est cela qui seul peut porter le mieux, plus tard, dans tous les sens possibles. Car le futur ouvert sera toujours la réponse imparable au sentiment fataliste imbécile, propre aux races inférieures (je me lâche, oups ça déborde).  Pour l'instant, mon optimisme reste prospectif: cela ne sera mieux qu'après la catastrophe. 

     

  • Les controverses

    Les controverses, cela s'apprend, et à l'école des mines de Pa, et le prof s'appelle Bruno Latour (1). Y a TP, résumé, enquête et note. 

    A l'occasion d'un papier bien fait (2) (voir aussi (6)), qui fait le tour du sujet comme j'aurais rêvé de le faire, je vais me souhaiter pour 2018 mieux que la pire année de loose que fut 2017. On a eu le chemin des dames, la révolution d'octobre et Caporetto. On aura encore pire et la victoire n'arrivera pas en Novembre prochain. 

    Le vocabulaire doit être considéré et on va s'y promener. Au passage la passionnante lecture des souvenirs d'une époque y est aussi pour beaucoup (5).

    La sociologie des sciences

    On se doit de parler de Merton, Robert King , le père du prix Nobel d'économie Robert C. qui fut co-inventeur de la valorisation des options avec Black et Scholes et donc aussi de la crise de 2008. King inventa plein de choses, à un point qu'il est une référence de la modernité absolument incontournable: serendipité (en sociologie), prophétie auto réalisatrice, et bien sur fonctionnalisme, il est le théoricien des deux fonctions: la fonction manifeste voulue, et la fonction latente invisible, mais effective.  Mais il est bien sur le fondateur de la sociologie de la science, point d'entrée du post modernisme caricaturé ici avec haine et mépris du fait de ses conséquences. 

    Merton était cependant un modéré: il ne relativisait que le conditions d'exercice de la science, et pas ses résultats. C'est l'objet du "programme fort" (David Bloor) (9) de l'école d'Edimbourg en 1980 que de s'y attaquer et de faire véritablement, les STS (Science and Technology Studies) ultra modernes que l'on dénonce ici. Bruno Latour en est bien évidemment le héros français. 

    Le point essentiel, assez logique au demeurant, mais montrant le niveau: on explique l'avènement des théories scientifiques vraies avec les mêmes raisons que les théories fausses: par la cuisse. Mieux, science et religion sont équivalentes, tout simplement.  

    L'anti utilitarisme

    Alain Caillé, fondateur du MAUSS (Mouvement Anti utilitariste en science sociales), doit être cité: il défendit en 1989, le droit à l'excision, son interdiction étant ethnocentrique. Signataire du manifeste convivialiste en 2013, il est orienté politiquement, et c'est bien l'utilitarisme qu'il conspue et même la totalité d'icelui. 

    C'est d'ailleurs pour cela que l'excision est acceptée: marque d'une pratique qui identifie dignité de soi et reconnaissance sociale, cela par delà l'utilité, elle est compréhensible et donc (là je me permet de citer Manuel Valls, premier ministre) acceptable...   

    Le pragmatisme

    Et puis, il y a le pragmatisme, Pierce et Willam James, mort en 1910. Puis Dewey. En gros, il n'y a pas de "vérité" ou de "bien" mais des caractéristiques profitables et ou utiles pour les actions à mener. Le fameux pragmatisme américain. Un fonctionnalisme des idées. 

    CS Pierce: "Considérer quels sont les effets pratiques que nous pensons pouvoir être produits par l’objet de notre conception. La conception de tous ces effets est la conception complète de l’objet."

    Il faut toutefois savoir que Pierce lui même était un réaliste scientifique, attaché à l'indépendance d'un réel extérieur, mais pragmatique de sa classification. 

    Une telle attitude a des conséquences morales, en éducation, en politique; considérée en Europe comme une philosophie de commerçants ploucs, elle débouche sur la philosophie dite analytique, radicalement distincte de celle, dit continentale qui agite les européens et surtout la France, nouveau pays philosophique, quoique toute entier dévoué envers le nazi Heidegger, deutsche qualität oblige. Par ailleurs, elle ressemble furieusement à un relativisme, et la post modernité ne pouvait que s'en servir. 

    La sociologie pragmatique

    C'est donc le nom de l'école de sociologie actuelle (apparue en 1981) où sont TOUS les coucous. 

    Un mot au sujet du passage d'un mot entre domaines, ici entre philosophie et sociologie: bien sur il y a modification substantielle et on doit se méfier des assimilations, dénoncées par les uns et les autres d'ailleurs.  

    Ecole de scientologie pourrait on dire, tant ils dépassent les bornes.  Quand je dis "dépasser les bornes", c'est un euphémisme. On est là en fait dans le religieux pur, le surplombant à dix mille mètres: Heidegger lui même n'est qu'un petit rationateur formé par le grand discours légitimateur viking, c'est dire. Tout est dit là en fait,  la vérole gauchiste a trouvé bien mieux que le marxisme, bien mieux que la psychanalyse, bien mieux que tout ce qu'on peut imaginer: l'explication génésique de la totalité, le clouage de bec total, absolu, définitif et irréductible: le constructivisme relativiste postmoderne, aboutissement de toute parole, de toute théorie et en fait de tout, absolument tout. 

    On pourrait croire que le résultat connu de l'addition de deux et deux, en laquelle croyait Don Giovanni, et que 1984 avait, pour le malheur du communisme, mis en exergue habilement, allait nous faire résister encore une fois. Désolé: élaboré dans un laboratoire sous écoute, avec toutes les bandes dans l'ordi du monsieur, l'aspect construit de l'opération est patent et prouvé, et le résultat, issu d'un compromis pénible dans lequel le capitalisme libéral s'est une nouvelle fois signalé pour son fascisme, terminé. 

    Tout le dispositif technique occidental est en main: la techno science est sous contrôle, cernée par des comités "démocratiques" (les experts cléricaux sociologues seuls habilités à interpréter la parole du peuple, parole ici nommée "controverse") qui en décide les résultats, l'intérêt, et l'utilisation. 

    On aurait pu croire, après la "rumeur d'Orléans" d'Edgard Morin, que l'enquête sociologique avait pour rôle de débusquer les préjugés et signifier à la foule que ses fantasmes délirants n'avait pas d'objet et étaient construits par les mystérieux entrelas de la bêtise collective bien connue. Et bien c'est l'inverse maintenant: elle a pour objet au contraire de diriger la société, celle ci devant être soumise à la volonté absurde et erratique des fantasmes "populaires" gauchistes rassemblés en foule. Pourvu que des femmes blanches ne se mettent pas à disparaitre dans des boucheries hallal, il nous faudrait exterminer tous nos maghrébins. 

    Les Noms

    Il faut faire une liste noire et tracer des croix à la craie sur les portes, on ne sait jamais, le jour du sursaut, le travail des bourreaux en serait facilité: Boltansky, Lahire, Latour, Callon, Thévenot. 

    Il y a aussi Maffesoli (le nom parait incroyable, une vraie purge pour lui). Le chef d'une secte universellement décriée pour son obscurantisme, et sa promotion du n'importe quoi, depuis les astrologues jusqu'aux canulards post modernes les plus ridicules. 

    Les théories

    On passera sur l'habitus de Bourdieu, décrit par un commentaire en (4). Ca c'était avant, l'horreur absolue, en fait faiblarde, car trop classique. Il y a bien mieux. Tout revient cependant comme toujours à placer la description des actions dans un cocon, un écrin explicatif abdiquant liberté ou contingence d'une manière ou d'une autre. Car la sociologie est une science, et une science sans objet ou sans causes n'en aurait pas non plus, ce qui serait dommage pour ces messieurs dames. 

    D'abord le domaine global, les STS (Science and Technology Studies), branche dévouée aux sciences des Gender Studies. C'est là que ça se passe. 

    L'acteur réseau

    Dite aussi ANT (Actor Network Theory), la théorie dont le célèbre spéculateur John Law est un contributeur majeur avec Callon/Latour,  étudie ce qui se passe dans les laboratoires, et bien loin de le réduire aux jeux de pouvoir, le (ce qui s'y passe) y est réduit aux interactions entre des instances de l'abstraction qu'est l'"acteur réseau", entité formée d'un réseau et d'un acteur, évidemment complexe et que seul Latour et ses disciples sous contrôle, architecturés en acteur-réseau, peut décrire en détail demandez leur. De plus, ce qui ne gâche rien, à la fois microscopique et macroscopique, l'acteur réseau est typique de la sociologie vraiment moderne: un n'importe quoi incompréhensible et dénué de signification, et qui explique tout. 

    C'est le fameux CSI (Centre de Sociologie de l'Innovation) qui porte la croix en question.

    Le modèle des cités

    Issu des travaux de Boltanski et Thevenot (1991), on est dans la théorie de la justification des énoncés des acteurs, c'est à dire dans l'étude de leurs arguments au sujet de tout et n'importe quoi du social. On classifie alors les "grammaires de signification" ou cités et on en trouve six, les six cités justes, pôles des justifications des discours et qui sont les "mondes" de la famille, de l'industrie, du commerce, de l'inspiration, du civisme et de l'opinion, respectivement dirigés par le père, l'expert, l'homme d'affaire, l'inventeur, l'élu et la vedette.

    Le "nouvel esprit du capitalisme" de Boltanski en rajoute en décrivant la récupération que fait le capitalisme de mai 68 en ajoutant la cité "des projets" à la liste, qui vise à l'abolition du salariat à terme. Il faudra en reparler, mais en tout cas, pour ces messieurs et c'est bien ce que la fameuse polémique récente (4) nous dit, le capitalisme c'est l'ennemi, comme toujours, et for ever. 

    Les Economies de la grandeur 

    C'est le courant sociologique, modèle général, en quelque sorte, qui englobe le modèle des cités décrit avant. Organisé par les mêmes, bien sur. Il s'agit de considérer les conventions comme grands principes déterminants. 

    L'action située

    Terme introduit par Lucy Suchman en 1987, la théoricienne des interactions homme-machine euh humain-machine.

    Elle parle aussi de cognition située, la chose (la cognition, l'action) ne pouvant exister que dans un environnement et donc s'y identifie... Après (ça y fait penser) l'interactionnisme fanatique de Goffman, on a donc association et (implicitement) réduction, de la relation à la présence de l'environnement dont l'individu n'est qu'un fantôme, un spectre vous dis je. Un véritable concept migrant, en quelque sorte. 

    Le mode 2

    Caractérisation de la production du savoir scientifique post (...) mode 1 (académie, discipline), où la "production de connaissance" s'insère dans le social. On y trouve la "co-évolution" entre science et société et la fameuse "co-construction" parangon de la démagogie politique moderne, Macron est mode 2, donc. On y trouve ainsi "un processus de contextualisation de la connaissance".  On a prise en compte de la "communauté des vivants", humains ou non humains (tiens, tiens). 

    Mieux le choix des concepts n'est plus rapporté aux normes disciplinaires ! La multidisciplinarité est de règle et le biologiste peut se faire sociologue et ,bien entendu, réciproquement.  

    Les forums hybrides

     C'est la théorisation par Michel Callon (du CSI) des espaces de discussion mettant en jeu les sciences et techniques, avec des participants de toutes origines, y compris les associations et les chercheurs et qui remettent en cause la démocratie "délégative". On y expérimente donc la démocratie "dialogique" (7). 

    Les rescapés

    Y aurait il des rescapés de cette manie, qui tout en se révélant "pragmatique", échapperaient au pouvoir sectaire des théoriciens holistes de la métaphysique réaliste du concept explicatif original fondateur d'école et de prébende ? 

    C'est que suis sous l'influence de Chateaureynaud l'auteur des "sombres précurseurs" (lanceurs d'alerte), qui décrit très bien le terrible sort de Bourdieu vers 1990, encore en lutte contre Boudon et Croziet, et aveugle à la montée en puissance  de concurrents bien plus vicieux que lui.

    Le vieux s'engagea dans la lutte armée et périt un couteau entres les dents . Il fut l'auteur, lui le crétin des pyrénées lycéen à Pau, d'une "théorie de la pratique", ça ne s'invente pas. 

    Je mentionnerais aussi Nathalie Heinich, qualifiée pourtant de pragmatiste, mais manifestement en conflit ouvert avec les coucous et engagée dans la polémique Bronner Géhin de novembre 2017 contre la sociologie "critique" (4).

    Chateau. raconte que c'est lui qui en faisant son logiciel "prospero" de classification en langage naturel de corpus de textes, s'est mis à lire "théorie de l'enquête" de Dewey, fait du VRAI pragmatisme à l'écart des catégories pré établies qu'il conspue. Il fonde, au demeurant, l'école du "pragmatisme grammatical"... 

    Il est cité (et cite, d'ailleurs) aussi par Marcel Kuntz dans (6)

    Ma théorie à moi

    M'étant permis d'évoquer Macron, ce panorama de la sociologie, bien sur totalement caché aux lecteurs du point, illustre parfaitement les sous terrains gramsciens des prises de pouvoir politique récentes. 

    En gros, les modernes, comme les communistes, ont exagéré: engagés dans la lutte pro soviétique puis dans une haine du capitalisme qui a fini par porter atteinte à la rentabilité tout court, une refondation tente confusément de se faire de la part de leurs disciples intellectuels encore plus vérolés et encore plus corrompus, et qui veulent profiter de l'évolution de la mode pour balayer les vieux cons et se faire eux aussi leur beurre. Un changement de génération.

    Camouflé par leur modernisme afin de réduire au silence les vieux cons de l'autre bord, ils se lancent dans une prise de pouvoir totale, avec capture de tout, c'est à dire en incluant, comme à la grande époque, le langage et la science. On va en avoir pour pas mal de temps avant de s'en débarrasser. 

    En tout cas, cela illustre que comme partout, il n'y a pas de prise de parole publique qui ne soit assise sur des concepts déployés et étudiés au préalable, et partagés dans des communautés. On avait pas vu venir Macron, et pourtant c'est bien NKM qui a introduit le principe de précaution dans la constitution... 

    Car il y a plus: ce type de théories et de point de vues est, comme tout ce qu'apporte la gauche avec sa corruption morale et intellectuelle, fondamentalement destructeur. De l'attitude globale de la société vis à vis de la science et de la raison et plus généralement du lien social lui même. Au nom d'une révolution toujours revendiquée spectralement par l'immaturité intérieure de jeunes cons brillants, on alimente un déclin et une ruine qui se voit de plus en plus et cela est navrant au delà du possible. 

    La décision à venir sur Notre Dame des Landes illustrera bien mon propos.  

    (1) étudiez Latour : http://www.bruno-latour.fr/node/362

    (2) l'article qui dénonce: https://www.contrepoints.org/2015/08/29/219668-lideologie-postmoderne-contre-la-science

    (3) l'histoire du glyphosate : http://www.forumphyto.fr/2017/11/06/le-thriller-glyphosate-pour-les-nuls/

    (4) la polémique de 2017 sur la sociologie  : https://www.nonfiction.fr/article-9145-haro-sur-la-sociologie-critique.htm

    (5) les mémoire de Chateaureynauld: 

    https://zilsel.hypotheses.org/379, https://zilsel.hypotheses.org/418, http://zilsel.hypotheses.org/458.

    (6) Kuntz encore: http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2124

    (7) https://www.cairn.info/revue-mouvements-2002-3-page-191.htm

     (8) Un article de Sokal sur le post modernisme... http://www.physics.nyu.edu/faculty/sokal/afterword_v1a/afterword_v1a_singlefile.html

     (9) Bloor et le programme fort http://www.persee.fr/doc/rfsoc_0035-2969_1985_num_26_3_3968

  • Bach et Vivaldi et Reich

    Bach a beaucoup pompé, ce sont ses femmes qui ont tout fait, parait il, mais aussi sur Vivaldi. 

    BWV1065=RV580 et 4 clavecins remplacèrent 4 violons. 

    On connait les 4 pianos avec Argericht:


     

    La frénésie du largo, qui arrive tout doucement après une introduction grandiloquante, et qui EST du Steve Reich, est absolument pharamineuse. Le 3ème mouvement en fait, ne lui cède en rien ou à peine.

    En fait c'est du Vivaldi, voilà l'original: 


    Le larghetto au moins aussi dément au violon, est en 4:30

    Il y a aussi un Bach très bien joué (ah le son...) :


     

    RV580 fait partie de l'Opus 3 (l'Estro Armonico). Il date de 1711. 

    En 1730 Bach doit alimenter la musique de Leipzig, très au delà de ses petites cantates, et il recycle, mais génialement, des transcriptions de quand il était jeune. On imagine les Bach (ses fils devaient être de la partie) en train de s'agiter sur leurs instruments... 

    L'ensemble est à travers le temps, l'espace et la musique la consécration d'un même plaisir, une seule chose en fait, mais qui ne se laisse pas aisément définir...

     

    On avait parlé de Steve Reich ? 


     

  • Les individus

    Alors que la question de l'individuation avait été tranchée, du moins pour les happy few, par l'haccéité de Duns Scot, la question est rebelotée au XXème siècle par le grand penseur de la technique, Gilbert Simondon. Par la même occasion, on dit que "Simondon est le philosophe de l'individu".

    Il est aussi, il faut le rappeler un penseur "positif" de la technique et explicitement, se déclare opposé à toute opposition entre technique et culture. Au siècle du techno pessimisme heidegerro ellulien et après une élection présidentielle marqué par un candidat qui voulait taxer les robots, un grand courant d'air frais. 

    Le thème, exceptionnellement riche, couvre l'individu, mais bien sur l'objet technique et aussi la nature de la vie. 

    On commencera par rappeler que la technique suprême, en l'occurrence l'informatique, qui s'évertue telle la fofolle à vouloir simuler l'intelligence, a grand tort: elle devrait commencer par la vie, et je ne parle pas des automates cellulaires à quoi ces fainéants de programmeurs se sont arrêtés: la vie avec sa transmission etc mériterait d'être plus que tripatouillée par les trafiquants de bébés. On en reparlera, mais le modèle de la machine parfaite n'est pas le cerveau, ça c'est l'ancien monde, mais bien l'animal et pour commencer la chtite fourmi, voire l'abeille. Heureusement, à l'écart du buzz, des gens travaillent, du moins il faut l'espérer. 

    L'influence des lectures de Bernard Stiegler est évidemment revendiquée, mais rien n'empêche d'aller à la source, tout en louant le sémillant repris de justice pour ses stimulantes vidéos et oui, malgré tout, pour son approche positive de la technique, qu'il en soit remercié et félicité.

    Schrodinger

    Tout d'abord, il faut parler des origines de ce type de considérations, le "What is life" de Schrödinger, précurseur par intelligence du rôle de l'ADN, qui décrit la vie comme rupture par rapport à l'entropie destructrice, comme bouffeuse de négentropie, et aussi basée sur un cristal forcément stable qui en assure la reproduction. En 1944, du génie pur.

    Au passage, S. décrit la conscience individuelle comme partie d'un grand tout spirituel, sort de ce corps maudit Averroës, tu ne crois pas à l'individu. Il faut savoir que la question est toujours d'importance: qu'est ce que le fameux "commun" dont se gargarisent les islamo-gauchistes, sinon la perspective d'un grand tout dans lequel nous pourrions jouir tous, enfin mélangés ? 

    Il faut évidemment évoquer cette histoire de néguentropie, qui a fait couler beaucoup d'encre. Il faut voir qu'identifiée à l'information elle fit fantasmer. Popper en personne s'éleva contre Brillouin et les conceptions coupables qui sembler vouloir subjectiver la néguentropie, avec Dieu pas loin. Car il faut comprendre que la connerie relativiste et idéaliste a en fait beaucoup sévi au XXème siècle, les trous de l'interprétation de la mécanique quantique et de la thermodynamique ayant été exploités pour y glisser des créatures vues comme indispensables à la marche du monde.

    L'affaire se finira bien, et on a aujourd'hui une conception de l'information comme partie intégrante de la physique, sans aucun sujet nécessaire (ouf), le démon de maxwell compensant l'entropie qu'il détruit par ouverture de la trappe à particule qui va dans le bon sens en faisant tourner un programme qui doit effacer ses registres et DONC créer de l'entropie. Landauer et Bennet vont même jusqu'à réduire (au sens de réductionnisme) le "software", qui n'existerait pas ("l'information c'est la physique"). La cybernétique c'est donc la science de la réduction localisée et temporaire de l'entropie, on en vient donc à ce qui fut dit plus haut. 

    Scot et Simondon 

    Faisons tout de suite justice de la pensée de l'individu, Simondon pompe Scot (2), la nature commune qui avec l'haccéité fait l'individu étant devenue la "pré-individualité". 

    Et puis il y a l'hacceité de Scot, l'écceité de Simondon et l'héceité de Deleuze... Serait ce le "dasein" de H. ? (Etre là). Au fait pour Simondon, "ecce" c'est "voici", alors que pour Scot c'est "haec" "cette chose".

    Il faut réaliser que nous sommes là au coeur de la solution scottiste au problème des universaux: réalisme du commun et nominalisme de l'universel. La nature commune est le réel, moins que l'unité, c'est la nature humaine, ou l'"intellect général" (le célèbre concept marxiste de savoir commun exploitable) , individuable mais non prédicable; le concept, l'universel est prédicable, mais non individuable. Les notions d'identité et d'unité ne s'appliquent qu'à l'individu, pas à la nature commune ! Et puis, bien sur, l'individu garde le pré-individuel à disposition et donc le commun qui permet la trans-individualité: le collectif se trouve alors rendre possible une forme supplémentaire d'individuation, et ça c'est Simondon qui le dit. 

    Simondon critique les deux classiques types d'individuation: par l'hylémorphisme et par la substance. Il reprend en gros la critique de Scot, quoi, en se faisant Spinoza au passage. Simplement il critique explicitement l'antériorité de l'individualité dans ces systèmes et veut l'individuation, le processus d'accès à l'individu comme premier, c'est la "transduction", concept de l'opération d'individuation. (le mot est bien sur choisi pour qu'il ne soit ni "induction", ni "déduction"). Le terme serait repris des pédagogues des années trente, l'évolution de l'enfant se faisant bien sur de manière "spéciale". 

    L'image de la formation d'un cristal est utilisée: un milieu amorphe méta stable, une impureté et la croissance, la transduction du cristal qui devient ce qu'il est... Et c'est parti pour considérer l'apparition de la vie, on vous l'avait dit. On se retrouve donc dans le domaine de l'élimination du concept de création du monde et même de celui du rapport cause effet: l'être est fondamentalement métastable et l'effet, l'individu en est une rupture d'équilibre.

    La nature ainsi n'est pas ce qui existe, mais le principe de l'existence, le "transcendantal" (parfaite application de la signification du mot) de tout individu. Ca c'est de la philo. 

    En parlant de philo, le pré-individuel se rattache à l'apeiron d'Anaximandre, le philosophe ionien, successeur de Thales à Millet (extrême ouest de la Turquie, en face de l'île de Chios, en pointe de l'actualité). Il fut lui même suivi par Anaximène, partisan de l'air comme substance première.

    Le technique

    Une extraordinaire image de S. utilisant le statoreactor de Leduc: l'individu technique peut n'exister que comme antéléchie (chose qui ne tient sa perfection que d'être en acte): le statoreactor a besoin de vitesse pour fonctionner. 

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    On a ainsi une magnifique définition de l'industrie: quand énergie et information ne passent plus par le même canal et se séparent: le souffle du verrier est artisanal. Et puis malgré tout, l'électronique et les télécommunications modernes (c'est S. qui le dit, il est mort en 1989) se font dans une sorte d'atelier laboratoire; et bien cela est strictement vrai. 

    Mais il y a mieux ! S. se flatte de critiquer l'objet technique en le situant en rapport avec la mentalité technique. Le paquebot de croisière lourd et disgracieux n'est pas un "navire". 

    Deleuze

    Il faut savoir que Deleuze, venu après Simondon, a une conception de la singularité différente, mais aussi similaire dans le sens de "pompée sur". Par contre, désolé, Deleuze m'est totalement impénétrable. Il y a bien cette histoire de "rizhome"(4), et les multiples citations que des gens pénétrés (de part en part) en font, mais cela ne change rien à l'affaire: Deleuze ne me dit rien, absolument rien, du moins pour l'instant. Par exemple, l'"intensité involutive"  comme "concept antiextensionnel du multiple", sensée exprimer la "différence", est pour moi un charabia absolu dénué de signification, sinon l'entrelas tordu de pensées vagues qu'un vieux salopard agite afin de me dominer. C'est pas ça, tas pas compris etc. En plus pour des raisons obscures, il considère que la transduction ne peut s'appliquer qu'à la vie, d'où son concept d'"intensité"... N'importe quoi.

    Car il est possible (mais pas certain, je suspends mon jugement) que Deleuze ne soit rien, sinon un gros baba infatué, supra intelligent, capable de driver une salle de bistrot entière pendant des heures dans l'opacité des fumées variées de son époque, mais rien de plus: ce n'était que du baratin ambigu et contradictoire abscon.

    Simondon, longtemps exclusivement connu à travers les citations que Deleuze pouvait en faire, est maintenant abordé en direct. Allons y.

    Revenons au cristal: et la vie alors ? Et bien se pose la question de la relation entre le gène et l'organisme et du processus de construction de l'organisme, pas entièrement contenu dans le gène, bien sur. La vie suppose alors une transduction allagmatique (qu'est ce qu'on se marre) c'est à dire avec des trucs en plus, penserait-on là l'épigénétique?  La chose décrit aussi l'apparition par émergence de la vision binoculaire; en tout cas l'individu de par la transduction est fait de tout son passé aussi et aussi de son histoire et de tout ce qu'il n'est pas. La nature saute: Natura fecit saltus. Simondon pense donc l'histoire de toute la vie, de l'individu qui n'est jamais mort etc, bref l'évidence (en tout cas pour certains) de l'ancrage du vivant et de ses inventions successives dans tout le vivant. 

    Au fait, le coup de la vision binoculaire introduit le concept de "disparation", différence entre ce que voient les deux rétines et qui fait émerger une belle image en relief issue de la tension entre deux.

    Une pensée holiste qui doit séduire les bobos ou bien un anti scientisme fanatique ? La preuve scientifique de l'existence de l'habitus ou la justification des théorie racistes ? Chacun peut bien manger ce qu'il trouve sur la carcasse, moi j'y voit un intelligible convaincant. 

    En tout cas les processus d'individuation de Simondon s'applique à des objets variés, pas seulement la vie, mais aussi les normes et les objets physiques et techniques.  

    Cyborg

    On ne peut pas ne pas évoquer un élément fondamental de l'individuation, en l'occurrence le cyborg, introduit par Donna Haraway dans sa géniale métaphore de l'indistinction des sexes et donc de l'égalité des humains, avec la machine comme médiateur: c'est bien ce que décrit Simondon avec sa transindividualité technique. Il y a fusion des séparés c'est ça l'idée... 

    On en vient alors à la nature des relations entre individus, communications entre les pré-individuels, et donc principes d'exposition à ce qui peut continuer à s'individuer (vaste programme). Par contre, Simondon ne théorise pas le collectif comme individu. Pour lui, ce sont les régimes d'individuation eux mêmes, permanents et étendus à tout qui sont premiers: ouf. 

    Au passage, on glosera sur le fait que le "singulier", marque indice déclancheur dans le pré individuel (un caillou qui glisse) se distingue de l'individuel, constitué et autonome. Par contre, chaque individu est singulier, bien sur... 

    Il y a aussi la relation avec l'objet technique lui même, qu'il soit qu'abstrait (des règles, des programmes) ou concret (des machines) peut accéder au rang d'individu, et alors devenir l'allié de l'humain. Cette cohabitation entre individus humains et machines les uns issus des autres, hors des fantasmes de la robotisation de l'humain, et aussi de l'humanisation des robots, et bien c'est pensable, la preuve. 

    Serait ce pour cela que Simondon est aussi un penseur de la "différence" ? Ainsi, à rebours de la position "holiste" pensant l'individu comme un tout inséparable, la pensée technique conçoit la machine comme "maintenable": on peut lui changer son bloc moteur... A l'époque de l'obsolescence programmée, qu'on veut interdire, la chose est savoureuse.

    Politique

    Il y a bien des interprétations politiques de tout ça, et on comprendra bien la chappe de plomb scellée de la main gauche qui recouvre Gilbert. Serait il le penseur de l'horrible libéral ? 

    D'abord, l'individu émergeant et tout s'auto organise jusqu'aux relations. Même si l'individu roi et le contrat léonin sont soumis aux processus, ceux ci restent autonomes. Et puis les contrats sont basés sur l'"accord". Quelle plus belle définition du sentiment moral de confiance qui bien sur préside à tout contrat ? 

    D'autre part le collectif est formé d'individus qui ne sont pas les membres spécialisés d'un corps mais des êtres homogènes en interaction permanente. Naturellement c'est l'information échangée qui constitue les liens de ces relations. Et l'internet alors, il faut le "réguler"? La disparation est nécessaire au collectif, bien plus que le consensus: S. est favorable à la tension, bien plus créative. Non au centrisme ! 

    Au passage, une très belle distinction entre autonomie et indépendance: l'autonomie est antérieure, et capable, par filtrage de l'information de conduire à l'indépendance. On ne saurait mieux dire... 

    Au sujet du travail, et bien on le remplace par l'"activité", dirigé par l'individu à l'écart de l'aliénation, du bricolage de loisir et bien sur de l'oeuvre de l'artiste ou de l'intellectuel: le hacker, programmeur solitaire a donc son statut. Mieux ! Les travailleurs cognitifs pourrait être comparé aux anges de Scot: individualisés mais sans action directe, sans corps, ils participent d'un concert collectif ! 

    Reprenons l'intellect général de Marx: il est présenté dans un texte périphérique (les Grundrisse) comme ce qui rend caduque la valeur travail et la valeur d'échange, en contradiction d'ailleurs avec le reste du marxisme, et dont la généralisation provoquera l'avènement du ... communisme !!!! On avait donc raison de s'en prendre à Richard Stallman ! 

    Il y a aussi l'émotion, qui permet à l'affect d'individualiser le collectif. La passion est donc active ici et non pas comme dans la tradition passive, et c'est là que S. conçoit le spirituel: là où apparait une réalité soustraite à l'intentionnalité. C'est là qu'il attire d'ailleurs une certaine hostilité: cela prouve-t-il Dieu? Non en fait, par contre, cette histoire d'intentionnalité semble plutôt montrer un gout pour l'individualisme explicatif...

    Au fait, rappelons ce qu'est le spirituel pour Foucault: une pratique qui suppose que le sujet n'a pas la vérité, mais peut être sauvé quand même. Il faut bien un extérieur mais ici, pas de collectif... 

    Mieux, Simondon explique l'évolution de la pensée, à l'écart de la philosophie, qui au moment des grecs, H. nous l'a assez dit, n'était pas technique: le magique se serait dédoublé, en religion et en technique, d'où la suite. On a donc ici la fusion entre les deux thèmes de S., ce héros: l'individu et la technique, et par dessus tout, l'humain.  

    _______________

    (1) Un numéro consacré à Simondon http://journals.openedition.org/appareil/1738

    (2) Scot et Simondon les anges et les travailleurs cognitifs https://www.cairn.info/revue-multitudes-2004-4-page-33.htm

    (3) https://www.academia.edu/31894400/Differences_in_Becoming._Gilbert_Simondon_and_Gilles_Deleuze_on_Individuation

    (4) La pensée relationnelle : https://www.cairn.info/revue-multitudes-2004-4-page-15.htm

    (5) Simondon et Star Wars http://revel.unice.fr/alliage/?id=3487

    (6) S. lui même https://www.cairn.info/revue-philosophique-2006-3-page-343.htm

    (7) Multitudes https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=MULT_007_0103

    (8) L'intellect général http://www.alterinfo.net/LE-MARX-DU-GENERAL-INTELLECT_a50908.html

    (9) le rhizome, c'est pas le réseau, dont les branches sont issues de noeuds. Les branches en partent de n'importe où. La différence, importante est une compréhension profonde: Deleuze est géniaaaaal! 

  • Les populismes

    Débat féroce à gauche, réflexions partout, le mot est super mode et ressemble au poisson pas frais que les gaulois du village d'Astérix se balancent à la figure. 

    Au fait, la récente exposition Goscinny au musée du judaïsme fait penser que l'irrédentisme d'Astérix c'est aussi celui des juifs, leurs rois sont sur Notre Dame, et l'auteur du petit gaulois est un malicieux cosmopolite juif, héros d'une expression publique à destination du peuple... Pas mal la parenthèse, hein?

    Revenons aux théories sur le populisme. Il y a plein d'auteurs. Comme tous les intellos (presque) sont de gauche, la question est à gauche et taraude le senestre mais, et c'est ça qui est marrant, dans tous les sens.  

    Populisme de gauche

    D'abord Jacques Rancière, avec le "Haine de la démocratie". Cette haine est bien sur celle des élites qui ne veulent pas voir le peuple voter contre leur cher référendum de 2005. Parangon du souverainisme de droite la haine du traité de Lisbonne fut bien initiée à gauche, Laurent Fabius, le très bourgeois écologiste du conseil constitutionnel en fut bien le traitre, par haine de Hollande, il se réconcilièrent plus tard... Les bourgeois libéraux détestent donc la démocratie, la vraie, celle du peuple, d'ailleurs le mot est une insulte lancée par l'aristocratie grecque.

    Les bourgeois de gauche responsables de la très sincère (tu parles) expression populaire n'ont rien à voir avec tout cela, le peuple avait parlé. Déchiré en deux le principal parti d'opposition et donc la gauche de gouvernement ne fut en rien responsable du fameux vote. Quand à la haine de la démocratie, tu parles, les congrès du PS l'ont manifesté depuis longtemps. Au fait, on bourra les urnes lors de l'élection de Martine Aubry...  

    Rancière est avec Etienne Balibar un ex althussérien. On ne dira jamais assez comme le pauvre fou assassin de sa femme me fait pitié, mais cette pitié s'étend aux deux penseurs, debout sur les tables contre El Khomeri l'année dernière, et dessous depuis avec leur auditeurs. On imagine qu'ils désapprouvent celui pour qui ils ont voté contre Le Pen... La notion de populisme est particulièrement éclairée par ces deux attitudes. Les peuples sont superficiels.

    Nuit debout fut l'occasion d'un populisme néo-toutou dirigé par le spinoziste Lordon, qui expliqua à Macron le concept de "passion triste" que depuis il ressort à tout bout de champ... Les mouches ne s'enculent pas avec du vinaigre. 

    On a donc la re-théorisation d'un populisme de gauche. Ses héros en sont bien sur Chantal Mouffe et son mari, Ernesto Laclau, les théoriciens de méluche(1). Adeptes d'un combat entre adversaires, (et pas entre ennemis) mais théoriciens du combat, auquel s'identifie, selon Schmitt le politique, ils veulent radicaliser la social démocratie.

    Ils sont tous des "post marxistes". En gros des représentants d'une tentative de grand remplacement du concept de lutte des classes...  

    Une grande constance malgré tout: la perception que les expériences sud américaines sont marquantes pour l'histoire de ces beaux concepts: qui peut en vouloir aux "peuples" argentin, boliviens, cubains, vénézuéliens, nicaraguéiens, ramassis d'indiens abrutis de drogues et de tatouages sur leurs faces aplaties, conglomérats informes de crétins congénitaux donc, de vouloir l'égalité absolue dans la misère totale que leur concocte leur dictateurs d'opérette acharnés à imiter pour toujours la vision qu'en avait tintin? Populiste moi? Est ce cela un "peuple" ?

    On parlait de Mélanchon, hurlant sa rage de devoir expliquer par un complot d'Obama les pénuries de papier hygiéniques et aussi d'essence qui affligent un pays pétrolier de la zone bolivarienne à laquelle il postule. Et bien il représente une élite française pour qui les demeurés semi esclaves de ces zones barbares marquées par la violence et la passivité les plus extrêmes constituent ce qu'on appelle un peuple. Ah les maracas et la rumba ! Sans parler des putes, à un euro la pipe, merci l'absence d'exploitation de l'homme par l'homme pour tes tarifs sympas. Plus l'effroyable connerie socialo communiste, ah que ça me fait marrer tous ces intellos qui allaient offrir leur femme à Castro en cadeau rituel. Même mitterand: mémère en était dingue du vieux salopard moustachu. Capable de discoursd de 8 heures, le gros vicelard devait assurer sur tous les plans. 

    Populisme de droite

    Trump, l'abominable Trump serait bien sur un populiste. Quoique: en butte à un congrès hostile, il fait face à une opinion partagée, plein d'ennuis du à une justice qui n'est pas aux ordres et à une société civile qui n'est pas du tout d'un seul bloc. En fait, malgré ses discours électoraux, il a surtout gagné par surprise, l'indifférence ou la haine pour son adversaire, la hideuse harpie politiquement correcte, ayant essentiellement fait la différence. Trump est élu par les abstentionnistes noirs et autres, qui n'ont rien compris à Obama et surtout qui ne pouvait pas adhérer à une forme de populisme libéral moderniste qui commence à sortir par les yeux de tout le monde aux US. Malgré les sondages, tout sauf clinconne... 

    On doit parler du Front national. Ecroulé par sa stratégie anti europe dont le populisme fut éreinté en public lors d'un débat où la très médiocre grosse blonde, qui sous le doux nom de "marine" a fasciné une génération entière de crétins qui espéraient, a joué son rôle de faire valoir, son score ignoré par la propagande n'ayant eu aucune importance. Ah si! Elle battit de 1,2 point le candidat de la droite au premier tour: ça c'est très fort, les 2,5 % d'un obscur gaulliste à vieilles dames ayant séduit ce qui reste de moralisme dans la partie la plus débile et la plus inconséquente de l'opinion anti européenne. 

    Une remarque indispensable: le macronistapsisme est un populisme au sens strict: le leader charismatique, les fascinés qui célèbrent un culte à la grand mère et au chien, les hurlements du chef, sa surhumanité (il ne dort pas), et aussi le garde chiourme à la condamnation infamante prescrite et au double langage permanent. La totale. Au pouvoir en plus: on se croirait chez Peron, avec une évita ridée, voire plus haut. 

    La thèse semble plaisante, mais elle est à la fois intéressante et largement fausse: historiquement Macron est une sorte de Rienzi: il récupère le socialisme mort (comme on dit un "poisson" mort) pour une période de quelques années. Il utilise pour happer rapidement les mouches enculées un coup de langue populiste, mais ne l'est pas vraiment: le cadavre sur lequel il prospère n'a pas encore commencé à puer: car il avait récupéré à cause d'une vilaine affaire les volontés et les votes résignés de ce qui aurait pu être la dernière tentative d'échapper à l'inéluctable. Le déclin était entamé, maintenant c'est la pourriture qui s'installe... A la prochaine fois ! 

    Il y a aussi Christophe Guilluy et son "insécurité culturelle" (voir Fassin plus bas, en 5). Les élites ont complètement abandonné le peuple blanc dont elles sont issues, les assimilant à des retraités ou à des racistes, le caractère populaire et folklorique étant exclusivement géré par les africains, c'est vrai c'est eux qui nous ont civilisé il y a un million d'années, il ne font que revenir chercher les fruits de leur patience et les compensations de nos méfaits. Tout ça en musique, la leur est vachement bien d'ailleurs. Les pauvres blancs qui restent, non content de se faire insulter par Obama flippent leur race; on s'en fout, ils sont minoritaires et surtout abstentionnistes. 

    Ce peuple (soit disant à droite) que défendent les souverainistes et autres anti libéraux de droite est plus un substrat négatif et inerte qu'autre chose. Abstentionniste on l'a dit, il faut savoir qu'il fut longtemps à gauche et qu'il paye au moins partiellement par sa condition l'effroyable connerie et inconséquence de ses idéaux passés: c'est bien en son nom qu'on a verrouillé la société et suscité le chômage dont il souffre, et l'immigration qu'il refuse d'assumer. Pour ceux qui visionnaires, s'étaient engagé avec Le Pen au début, triple bravo: ils ont aidé leur ennemi avec une efficacité redoutable (voir plus haut). Ce peuple là est malheureux et il est français. Mais ce n'est pas de sa clairvoyance qu'on tirera grand chose... La pourriture s'installe, s'enracine, s'enkyste. 

    Anti populisme de gauche 

    Sandra Laugier et les Wittgensteiniens (2): d'abord il y a la question de la signification politique des écrits de Wittgenstein, liés à la notion de l'accord nécessaire à la possibilité du langage, au coeur des considérations philosophique de W. Celui ci continue à susciter des interprétations variées, fondamentales et à évoquer. L'ampleur des problèmes fait qu'il faudra s'y remettre séparément. 

    On a donc la critique du concept en (3): le mot (populisme) n'est pas réutilisable "positivement". Bien au contraire, il ne faut pas l'appliquer inopportunément, les "mouvement" étant en fait ce qui manque à la démocratie pour bien fonctionner... On est donc là, un petit peu, dans le populisme, mais non revendiqué, son caractère négatif étant nié.

    Car le populisme, et là on devient très fort, est en fait une négation de l'intelligence du peuple car le populiste, parlant au-nom-du peuple lui enlève la capacité de parler lui même... En bref, l'éloge de l'énergie obscure du fameux substrat est en fait un mépris. 

    Les intellos refusent ainsi le concept. Tout comme Eric Fassin (4, 5), d'ailleurs. Le très subversif dégenré alternatif de la convergence de toutes les luttes veut un foutoir total, mais qui ne sera pas populiste, car celui ci n'est pas l'ennemi principal, non, mais le faux nez du "capitalisme libéral" . Ainsi, il connait ses ennemis et ne peut évidemment croire ni que le peuple déteste les assistés , ni qu'il est en "insécurité culturelle" vis à vis de l'immigration. Scientifique et rationnel en diable, comme toujours. De fait, en refusant le "populisme", on promeut son contraire, les initiatives des "mouvements" intelligents, élitistes et spontanés... Pas mal la figure de style, non ? Le gauchisme trouvera toujours quelqu'un à sa droite... 

    Les voilà donc les élites dont le populisme de droite se plaint: les "mouvements". Ils infectent les médias et la communication officielle. Formé à la communication, ils ne font que ça: justifier leur subventions en les revendiquant au nom de futilités variés depuis la célébration de l'esclavage d'il y a deux siècles, jusqu'au changement de sexe en passant par l'autoinjection d'embryons de culture. Détruisant tout sentiment d'appartenance basé sur l'habitude, le bon sens, l'habitude justifiée ou tout simplement l'esthétique, ils ostracisent et jettent à la rue tout ceux qui ne se prosternent pas devant eux. On est très loin des technocrates néo libéraux. Ont ils fait alliance ? 

    Et bien c'est la question. Elle traverse la gauche. En gros, qu'est ce qui soutient -objectivement- les fameux traders de tout qui rongent la planète ? Les masses fascistes xénophobes qui ronchonnent dans leurs campagnes abandonnées (les victimes du populisme de droite) ou les ultra libéraux du cul amoureux des migrants, métissés du bulbe, promoteurs de la tolérance à tout (les victimes du populisme de gauche) ? 

    On distinguera dans la deuxième catégorie les auto sexués partagés entre gauchistes extrêmes, forcément séduits par le confort macroniste qui consiste à être subventionné pour protester, bref les ultra libéraux qui se foutent de tout pourvu qu'on aie la tune et la dope; ET le populo déclassé drogué à l'assistance sociale qui passe sa vie chez le médecin hospitalier, dernier temple de la consommation à pas cher pourvu qu'on soit marxiste. Ici, le vin rouge se fait concurrencer progressivement par le cannabis. 

    J'oubliais le dernier peuple,  le peuple africain, formé de l'ensemble de toutes les ethnies non européennes que l'on a pris l'habitude de qualifier de l'expression "classes populaires". Le populisme ne s'adresse pas à lui directement mais indirectement, de manière positive (il est l'un des supports du gauchisme revendicateur à flatter), ou bien sur négative (l'horizon du grand remplacement menaçant, carburant de l'extrême droite). Ce peuple là, le peuple négatif, n'a absolument aucun avis intéressant. Hors de la "démocratie", il n'est que référence, trou à subventions certes, mais d'une ampleur encore faible. Il est purement fictif, simplement menaçant, et exclusivement présent sous forme de revendication débiles comme le droit à la mosquée pour tous à nos frais, ou pire, le droit de vendre son cannabis frelaté au nom de la mort du petit adama dont on célèbre l'anniversaire de délinquant athlétique (3 fuites éperdues successives avant de mourir d'asphyxie) en protestant contre l'acharnement policier (le reste de la fratrie est au gnouf pour trafic de drogue ou rébellion). Ce peuple là, on va le voir de plus en plus, de plus en plus de visionnaires vont évoquer la nécessité de son départ semi forcé... Il ne s'agira donc plus de changer le peuple, mais de le ramener chez lui.

     Popolisme ? 

    Reprenons car on s'y perd. On peut en dénoncer deux celui de droite et celui de gauche, ou bien les deux en même temps, en les identifiant ou non. On peut excuser l'un et condamner l'autre, on peut critiquer le concept lui même pour mieux excuser ou non l'un ou l'autre ou les deux. On peut revendiquer l'un ou l'autre, mais une chose semble structurellement impossible: revendiquer les deux en même temps. Quoique. 

    Pour la définition, on pourra se référer aux écrits cités, mais aussi tenter de parler du mystérieux pouvoir qu'aurait implicitement une masse de crétins analphabètes exclusivement consacrés à leur survie et à leur pulsions. Capables des pires atrocités pourvu qu'on les stimule, ils se mangeront entre eux dés qu'ils le pourront. Rien ne peut en sortir de lui même et qualifier avec des larmes dans la voix de "peuple" cet ensemble n'a tout simplement pas de sens hors d'une préférence qui ne peut être que familiale. L'assumer hors du choix national et encore m'a toujours paru suspect.

    La référence à ce peuple comme détenant une "vérité" intrinsèque est donc ainsi selon moi absurde, et n'a pour but que d'alimenter le pattern "populo", et donc de graisser le fameux grigri qu'on brandit dés qu'on peut. Le grigri n'a de pouvoir magique qu'à condition d'y croire, ou d'avoir la cynique ambition d'y faire croire, quoiqu'on veuille faire avec. Le célébrer où qu'on soit dans sa chaine alimentaire est profondément dégradant et honteux. 

    Car il n'y a de politique non seulement que de conflits, mais de volontés. Et celle ci n'est pas celle d'un peuple, le peuple, ensemble des membres de la nation n'a pas de volontés, mais les pulsions de la foule. Il peut par contre se diriger et exprimer ses souhaits dans des procédures organisées, le droit symbolique à cela étant la seule chose qu'on puisse décemment lui accorder, et d'ailleurs sans exclusive car on ne peut trier dans la médiocrité. La volonté générale est un mythe, et la fameuse bonté originelle n'est que la négation de son contraire, il n'y a pas, je vous le rappelle, de péché originel dans le monde politique qui n'a d'ailleurs pas de notion de l'individu. 

    Un petit "a parte" là dessus: les références bibliques et plus généralement les symboliques religieuses ne mentionnent (presque) jamais de responsabilité "collective". On a toujours un seul héros ou personne sensée "représenter" tout un chacun. On pourrait penser que c'est l'"intelligence" de la parole mythique qui fait office d'opérateur et qu'on peut projeter cela sur du collectif: en réalité quand le mythe veut représenter le peuple il le fait, et donc Adam, ou Hercule sont bien des individus. La réflexion sur les individus concerne les individus et un individu, quand il peut être héroïque, n'est absolument pas un peuple. Les symboliques qui lui correspondent (péché originel, héroïsme, droit d'alerte) ne sont qu'individuelles et n'ont rien à voir avec les droits attribués collectivement. Il est dangereux et faux de faire la confusion. 

    Le paradoxe démocratique

    Il y a aussi dans le peuple sujet de la démocratie des tendances liées à son obscurité de foule. Tendances à l'autodestruction, pulsion de mort collective indéterminée, irrationalisme fondamental.

    Car le support du marché doit absolument être idiot, erratique et crétin. Ce n'est que dans des conditions structurelles bien calculées que sa bêtise foncière peut s'écouler et générer de l'optimum par hasard... Cette nécessité est bien sur combattue par tous les tenants de l'organisation centralisée, ceux qui voudrait doter le foutoir ivre de la foule d'une rationalité immanente dont la connaissance des mécanismes permettrait de sélectionner le dictateur, ou l'animateur, c'est selon. 

    Nous avons ainsi, à la source du choix "démocratique" une force obscure irrationnelle, un inconscient doté de fantasmes avec des pulsions symboliques variées mélangeant absurde, cruauté et bestiale sentimentalité. Tout le freudisme peut être injecté dans ce trou à rats fondamentalement désordonné. C'est pourtant là que l'on va décider en faisant voter le machin. Il faut bien comprendre, et je l'affirme, qu'il n'y a pas de garantie quand à l'optimalité du choix. Pire, il peut être déraisonnablement mauvais et mieux (ou pire), marquer, suivant les peuples, des tendances coupables à la médiocrité officielle et à l'abaissement symbolique honteux. Il y a des grands peuples, et il y en a qui ne le sont pas toujours, voire jamais.  

    L'électorat qui s'est déshonoré à élire un Hollande, sous le prétexte de se débarrasser d'un Sarkozy, ne mérite aucune estime particulière, par exemple. Une génération de cons à sacrifier. Le choix suivant fait il y a peu fait craindre le pire, je le crains.

    Les sondages

    On en vient aux sondages, et au rôle trouble joué par les très scientifiques sondeurs de l'erratisme collectif, persuadés et presque toujours à juste titre, de faire de bonnes prédictions. Se substituent ils à la volonté populaire, ou l'expriment-ils ? D'abord les questions posées ne sont intéressantes qu'en référence à une action effective, qui ne peut être que le vote, le sondage étant calibré pour être bon sur ce sujet, les constantes de l'irrationalité des choix ne changeant que lentement, et encore... La précision du sondage s'étend à la période qui précède le vote de peu, et encore, il faut un battage médiatique suffisant pour faire réfléchir ceux qui ne vont pas s'abstenir (30 à 40% de l'électorat, tout de même). 

    Le reste est évidemment improuvé, improuvable hors de savantes statistiques faites par les commanditaires des sondages portant sur les consommations de produits, et qui ont surtout pour objet de sélectionner parmi tous ceux qui convoitent le poste de directeur du marketing. Ce n'est bien sur pas à coup de sondages qu'on dirige les entreprises industrielles, et accéder au rang de super cadre à la fortune infinie n'est pas donné à tout le monde. 

    Il y a aussi les sondages "généraux" sensés classifier les composantes du peuple en type sociaux et consommatoires. Sont ils autre chose qu'un calibrage préalable des sondages commerciaux, business essentiel des instituts en question ? 

    On a pu croire que l'activité sur les réseaux dits sociaux mesurée par des sondeurs un peu pirates pouvait se substituer aux "vrais" sondages. L'actualité prouva que non... Les mesures "sociales" ne sont pas orientées hélas, et l'intensité de la pratique d'une activité d'abord addictive ne peut rien prouver de général,  à part les épidémies de grippe, et encore.  

    La navigation dans les détroits

    Les conceptions du collectif qui fait l'objet de ceci font penser aux attitudes possibles de l'individu membre de la foule. A la fois membre et juge de la fourmilière qui l'entoure, il ne peut avoir que peu d'options.

    Se laisser ballotter par les sondages, et en lisant régulièrement les journaux. La bourse des opinions est ouverte, et il faudrait suivre le vent. Acheter et vendre sur le marché, en gérant ses intérêts. C'est bien sur l'attitude sinon majoritaire, du moins axiale et même si on peut s'en écarter, cela ne serait que folie que de ne pas construire sur le principe. 

    On peut aussi délirer dans ses fantasmes d'un avenir meilleur et intriguer pour un camp en influençant autant que possible la marche des choix, quitte à tenter d'influer sur les sondages. Sincérité oblige, et prise de parti dans le sens d'une volonté éclairée par la possibilité de choix politiques orientés vers un possible calculé. En citoyen, quoi. Simplement, ce type d'attitude est difficile à distinguer de la folie pure et simple d'un manipulé par des populismes... 

    Car la prise de parti suppose l'accord et donc la soumission à ce fameux parti et à sa ligne, elle même inspirée par des intérêts particuliers pas toujours apparents. Le choix calculé en faveur de l'un d'entre eux est toujours risqué... 

    Le mélange des deux attitudes est lui aussi possible: n'en penser pas moins, mais toujours insulter les perdants de toute consultation, nécessairement mauvais et indignes de toute confiance. Le citoyen désespéré qui n'est pas de ce monde peut même vivre heureux, persuadé de la toute (im)puissance de son pessimisme, et toujours se réjouir du pire, en permanence forme apparente de la vie...  

    On peut aussi, c'est une autre forme du mélange, n'en penser pas moins mais rester courtois, et toujours garder confiance en le peuple, quitte à ne jamais oublier sa faiblesse constitutive et de toujours la conspuer. La courtoisie de l'Egyptien civilisé, malheureusement (ah que l'expression "malheureusement" sent son tiers monde désespéré) issu du pire des peuples d'abrutis que la terre ait porté mais gardant lui, seul au milieu des barbares, l'espoir d'un monde débarrassé de la connerie. Je vais m'acheter un tarbouche.

     

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    (1) http://www.slate.fr/story/138602/chantal-mouffe

    (2) Laugier https://www.cairn.info/revue-cites-2009-2-page-109.htm#re2no2

    (3) https://www.nonfiction.fr/articlecomment-9152-le-populisme-est-il-antidemocratique.htm#newcomment

    (4) http://www.laviedesidees.fr/Populaire-ou-populiste.html

    (5) https://chronik.fr/eric-fassin-gauche-doit-sadresser-priorite-aux-abstentionnistes.html

  • Les mensonges

    On nous ment. Le mensonge public caractérise l'expression publique. Qui ça on? 

    Le pouvoir en place, les médias, la société. Tout ce monde là se paye de mots et dit publiquement, délibérément, le contraire de l'évidence et du fait objectif. Il le fait avec aplomb, avec assurance et sans vergogne aucune. Récepteurs des messages en question, les gens, soumis à leur vie, à leur socialisation, jouent le jeu. Certains ronchonnent, mais ce sont des opinions personnelles. Qui ne peuvent influer sur la "vraie" vie. 

    L'intérieur ne s'exprime pas à l'extérieur: dénigrer Macron c'est se déguiser en communiste ou bien être demi fou (Mélanchon qualifia Le Pen de "demi folle"). Le réel est ce qu'on vous en dit. Rien d'autre.

    J'ai déjà ici évoqué le désaccord fondamental entre le lucide (moi en l'occurrence) et le médiatique, je dois en rajouter pour me faire comprendre. 

    Aujourd'hui, on parlera des migrants. 120 000 demandes d'asiles en 2016, comme en 2017, à 10 % prés (ça augmente). C'est le total de l'hébergement d'urgence, totalement saturé. Le droit s'applique et Pierre Henry, directeur de "France Terre d'Asile", y va de sa complainte (de sa plainte sur le manque de "mauyens"). 

    Henry nie l'inefficacité apparente du renvoi (un quart des illégaux renvoyés, tu parles, on parle en fait de 2%): ce sont les lois qui ont joué. On a alors le dilemne: les lois sont elles appliquées ou non? OUI dit il. C'est l'objet de la polémique: des lois trop sévères font de nous les coupables d'un quasi génocide. 

    Elles ne le sont pas: partout des clandestins en transit (dix ans en moyenne sans papiers entre deux régularisations). Le principe s'applique maintenant AUSSI aux soudanais et erythréens, évidemment gardés et "dissous" dans la masse française, accueillis avec enthousiasme par le bon peuple. On vous ment: les lois, celles là ne SONT PAS appliquées et on laisse se constituer un hinterland illégal migratoire dont le volume grossit inexorablement. 

    Les maires des grandes villes se plaignent: leurs mauyens sont saturés: que faire ? A Marseille par exemple, on a reçu cet été un migrant illégal, tunisien qui plus est (pays francophone avec forte immigration, celle qui vote en France pour les islamistes de leur pays), mais assassin ignoble de deux jeunes filles: un commissariat Lyonnais, trop occupé, l'avait relaché "dans la nature". De quelle nature parle-t-on ? Dans ces grandes villes on peut vivre sans papiers, dans l'univers urbain des décombres sans contrôles autres que ceux des ghettos devenus indépendants. Des populations entières vivent de trafics illégaux menés par des illégaux, alors le contrôle de l'immigration...

    Il faut comprendre que dans le monde médiatique pollué dans lequel nous vivons, cet argument du "hors contrôle" se trouve exploité: le bon Henry l'emploie lui même et veut nous faire peur pour nous forcer à nous soumettre, sachant que bien sur transformer l'Europe en forteresse est impossible... Ce débat là est bien sur avalé et recyclé: il faut réaliser l'urgence pour mieux donner les mauyens: Macron a-t-il compris qu'on avait là un moyen d'augmenter les impôts?  En bon gestionnaire, il lui faut gérer les choses et cela est la structure même du mensonge. Partagés, les tenants du Macronisme favorables aux enrichissements mutuels savourent en tremblant les délices du "en même temps" et espèrent de tout leur coeur que leur chef est un cynique...

    Mensonge triple: on fait semblant de lourder pour mieux empêcher les protestations contre un laxisme contesté par les protestations mensongères contre une sévérité excessive. Des menteurs aux ordres jouissent du mensonge. Ce rata communicationnel est infect: y a de la colle dans les petits pois. 

    Le cofondateur du parti du président qui a enrichi sa maîtresse en pillant la mutuelle ("mutuelle": il fallait le faire) qu'il dirigeait et qui s'estime innocenté par la prescription qu'on a obligé un juge à mettre en avant, nous dit qu'on a "décidé" pour Notre Dame des Landes (reporté à après Noël, avec un rapport de circonstances qui ouvre la voie à l'abandon) et qu'on va "coconstruire" la loi sur l'immigration. La franchise, l'honnêteté, la simplicité dégouline en puant. Tout est normal, c'est la démocratie, il fallait éviter Le Pen qui menaçait, honte à vous (si vous saviez comme j'ai pas honte) si vous avez voté pour elle au funeste second tour qui entérine la volonté expresse de dire le contraire de la vérité, toujours. L'innocence de l'éminente autorité parlementaire est un mensonge éhonté et inadmissible. 

    On passera sur Bayrou qui veut faire maison commune: il a menti dix ans à tout le monde en se faisant payer ses domestiques par l'Europe, on comprends mieux le pourquoi de son fédéralisme. Il a bien sur, en s'indignant sur Fillon dégueulé sa bonne conscience en trahissant, comme toujours, son camp. L'indigne, le lâche, le pourri, le traitre et la larve: tricard de chez tricard, il s'est fait sodomiser en plus et on ne peut que lui chier dessus, c'est tout ce qu'il mérite. Sa contribution à l'élection fut sans doute importante, on ne peut que le remercier encore. En tout cas, sa loi sur la moralisation, cynique abjection destinée à cacher ses turpitudes n'a qu'une sincérité: celle de la manipulation mensongère. 

    L'envoi de compte rendu d'enquêtes judiciaires à un homme politique en pleine campagne électorale signe le mensonge multiple et ramène bien sur à l'alimentation de la presse au sujet de Fillon pendant la même période: indépendance de la justice, rigueur des juges, respect des loi, absence de complot et d'officines spécialisées, tout cela mis en cause? Mais ce ne sont que des mensonges !  La belle défense: une enquête qui durera vingt ans vient de démarrer, soyez sur, on ne vous ment pas, on saura la vérité. Ministre de la justice en exercice, le successeur de Taubira, la grosse black hargneuse qui brandissait des comptes rendus d'écoutes pour mieux affirmer qu'elle ne les avait pas, donc fait de même, pour mieux faire pression sur un traitre à séduire. Qui cela peut il bien intéresser? Le mensonge de l'affirmation qu'une enquête est en cours, avec froncement de sourcils (le président fut autrefois dans le conseil des ministres de l'indélicat) est proféré sans rire. 

    Les impôts sont gérés de prés: les promesses électorales portaient sur leur réductions (taxes d'habitation, fortune, taxeqs plates et autres). 4.5 Miyards en plus seront prélevés sur les ménages dans le pays européen le plus endetté en train de se "transformer". Là on n'est plus tout à fait dans le mensonge, on est dans le dur: de plus en plus populaires, les bénéficiaires de cette tromperie semblent aussi content que ceux qui les baisent. Le gouvernement engage alors une lutte médiatique avec l'Insee dans l'indifférence générale. Le mensonge de la baisse des impôts est un peu mis à mal, mais à peine, on a demandé à l'Insee de n'en parler qu'à la veille de Noël. 

    La collection de papillons vérolés que nous envoient les journaux ne s'arrête pas là, je me réserve le droit d'ajouter des paragraphes.

    Le glyphosate n'est PAS cancerigène. Tous les rapports l'ont certifiés et c'est sur la base du lobbying nécologiste que l'Europe, puis Macron-Hulot ont, sublime décision débile qui montre l'étendue du désastre cervical en cours, ont repoussé de 5 ans et 3 ans l'arrêt du glyphosate, sous les horions des enfoirés, trop contents en fait de leur coup. 

    Un point général est que l'affirmation du contraire de la vérité de la part d'un pouvoir caractérise un exercice particulier de ce pouvoir qui s'appelle le fascisme. L'autorité fasciste s'exerce en faisant baisser les yeux, y compris devant l'évidence. C'est un caïdat au sens strict qui s'exerce. Pour notre ruine et notre déclin. 

     

  • Les Dieux du nord

    Connus pour leur participation éminente aux opéras de Wagner, les dieux scandinaves sont notables. 

    Ils sont connus par les sagas mises par écrit dans l'"Edda en prose" par Snorri Sturluson, mort en 1241. C'est un islandais, et toutes ces histoires viennent d'Islande.

    Sturluson vécut dans l'état libre d'Islande, rattaché à la Norvège en 1261. Le parlement libre islandais, l'Althing ne fut restauré qu'en 1834, et l'Islande ne redevint autonome du Danemark qu'en 1874!

    Il faut parler aussi de l'Edda dite poétique, compilation de textes indépendants découverts au XVIIème siècle. Les deux manuscrits en norroi sont conservés (précieusement, tu parles) à Reikjavik.

    On distinguera les vieux dieux (les Vanes, Vanir) des jeunes (les Ases). Ils furent en guerre, et les vieux battus sont ceux des paysans, les aristocrates étant les vainqueurs... Les vanes donnèrent Freya en otage aux ases. 

    Notons que les Ases ne sont pas tout à fait des Dieux. Ils seraient des hommes pris pour des Dieux (d'après Sturluson)...  En tout cas, ils sont mortels. Odin serait venu d'Asie (le mot Ase est en rapport), en fait de Troie. C'est de cette origine mythique indo-européenne qu'on tire la liaison avec les aryens. Tout ceci résonna fort avec la découverte de Troie après 1870. Les ases viennent d'inde.

    Freya est la grande Vane, son père est Njörd, le proto dieu de la pêche. 

    Les Ases vivent à Asgard et les Vanes à Vanaheim.

    Odin

    Odin, premier des ases est le fils de Bur, lui même fils de Buri, fils de la vache Audhumia, aux 4 pis. 

    Odin tua le géant Ymir nourri par le lait de son (celle d'Odin) arrière grand mère et créa la Terre par la même occasion. Buri fut formé par Audhumia qui lécha trois jours le sel des glaces.

     

    Odin a un cheval à 8 pattes (les paires de pattes sont représentées liées), Sleipnir. Marié à Frigg, dont le nom donnera Friday et Freitag, Odin meurt lors du Ragnarök, dévoré par le loup Fenrir, fils de Loki et frère de Hel. 

    Odin c'est aussi Woden et Wotan... Il est aussi le voyageur, der Wanderer, le vagabond muni d'un bâton, en fait la lance, Gungnir. Il est vieux, borgne, inspirateur de la sagesse et de la stratégie. 

    Il a aussi l'anneau (un bracelet en fait) Draupnir, qui se multiplie (9 fois en 9 jours).

    Baldr, fils d'Odin et de Frigg, est le dieu de la jeunesse, marié à Nanna. Il survivra au ragnarök.

     

    Thor

    Odin eut Thor avec Jörd (la gaïa nordique). Thor a bien sur son marteau, Mjöllnir. Tout comme la lance d'Odin, il revient dans la main de son lanceur. Thor circule dans un char tiré par deux boucs. C'est bien sur le dieu du Tonnerre.

     

    Loki  

    Bien que fils de Géant, et pas à proprement parler un ase, Loki leur est associé, appelé pour résoudre en rusé qu'il est les problèmes qu'il cause lui même. 

    Il est LE dieu complexe mystérieux aux multiples sens qui anime les imaginaires religieux du nord. Les histoires abracadabrantes qui concernent Loki sont innombrables. Par exemple, Loki, déguisé en jument, séduit l'étalon Svadilfari pour engendrer  Sleipnir, le cheval d'Odin ! Et il y en a plein d'autres. 

    Heimdall, gardin du pont arc en ciel, le bifröst, tuera Loki et sera tué par lui lors du ragnarök.  

    Surt

    Bien que très peu connu, voire pas du tout, il est celui qui met le feu à l'univers lors du ragnorök... Il tue Freyr ! 

    Il fait s'écrouer Bifröst, le pont arc en ciel. Il a une épée ardente aveuglante. Vulcain nordique, il donne son nom à une île surgie des flots en 1963 au sud de l'Islande: Surtsey.

    Comme toujours, ce n'est pas un dieu, mais un géant. Son nom (svartr) signifie le noir: il garde muspelheim, le monde du feu, pendant du nebelheim ou niflheim monde du brouillard et du froid. Les deux mondes sont séparés par le ginnungagap, le gouffre béant d'ou vient le premier vivant Ymir, et où il est précipité plus tard par Odin.

    Il est donc le seul vrai grand dieu nordique, l'origine et la fin de tout.

     

     

  • Les extrêmes

    Qu'est ce que extrémisme? Et bien j'en ai une définition, et qui l'identifie à la nécessité de ce qu'on déplore. L'(anti)racisme militant ne peut survivre à la disparition de son objet: il doit donc susciter et maintenir vivant ce qu'il veut combattre afin de pouvoir continuer à en vivre. La modération consiste à lutter en se félicitant de la disparition à venir de son ennemi. Le modéré souhaite rentrer chez lui à la fin, l'extrémiste se veut toujours en guerre perpétuelle. 

    La définition me parait tellement juste et tellement éclairante qu'elle doit sans doute ranger comme extrémistes les opinions auxquelles on croit vraiment, celles dont les disparitions sont inconcevables et donc celles que l'on ne déplore pas: il ne peut y avoir de vraie conviction que positive, et se plaindre du mal n'est qu'une manière de la souhaiter si on n'y prend pas garde. Principe utile à la conduite des âmes, cette définition va donc s'appliquer à la Liberté dont une méditation extrémiste me laisse entrevoir qu'on peut tout lui ramener. 

    D'abord on ne peut lui opposer que l'esclavage et que donc elle est souhaitable en premier. Ensuite que si on veut lui opposer la solidarité, c'est à dire l'obligation de donner, on ne peut le faire qu'au prix de l'esclavage donc, ce qui détruit le socialisme comme valeur et force à définir que rendre la charité obligatoire c'est rendre solidaire et donc attaché. La chose perd son sens à être obligée.

    Obligé ? Esclave de l'Etat le commissionnaire tout comme l'assisté ne peut donner sens à sa vie que comme esclave, à l'un et l'autre bout de la chaîne.

    Et puis la charité, est elle don de la soupe ? Non ! Conceptualisation religieuse elle vise à distribuer LE bien et non pas ses pluriels matériels romains ou pas. Elle est "amour" au sens de l'amour de soi et donc respect de la liberté d'autrui, soin jaloux de ne pas opprimer ni forcer et donc de ne pas mortifier le bien le plus précieux de celui qu'on prétend aimer: sa liberté. Qui peut être esclave de soi même?

    Parlons de l'égalité: elle consacre donc cette idée d'amour de soi même égal à celui qu'on voue aux autres. Une forme de mise au point: elle consacre non pas l'égalité des conditions, je dirais bien sur, mais celle du droit à la même liberté, seule condition pour obtenir ce qu'on désire. Car il n'y a pas d'inégalité véritable: les différences entre les états individuels sont soit le fait d'une privation de liberté, justement, qu'elle soit maladie ou oppression politique, ou bien défaut d'information. Car parce qu'on en a le droit, l'égalité étant symbolique et absolue, ce n'est que le manque de savoir qui explique qu'on ne fasse pas ce qui est possible et nécessaire à l'amélioration de son état. L'impossible n'est qu'oppression ou handicap. 

    Quel meilleur moyen d'obtenir et de distribuer savoir et vérité que d'en avoir toujours la liberté ? Provisoire et liée aux circonstance, correctible et jamais définitive l'inégalité des conditions doit toujours le céder à l'égalité fondamentale des droits, qui tous se ramènent à l'égalité des libertés.

    Parlons de la fraternité: elle est l'aspect national des vertus des citoyens: bien loin de s'étendre au monde, elle est localisée dans la famille, comme son nom l'indique. Elle est la recommandation de défendre et de rassembler d'abord ceux qui, et c'est d'ailleurs son sens historique, veulent défendre la liberté. La collectivité qu'elle désigne a donc les mêmes frontières que les droits que l'on s'attribue et donc celles de la nation. Car c'est dans la nation qui n'opprime pas qu'on peut vivre la liberté. Elle localise ainsi l'égalité. 

    Cette conception là de la liberté et de ce qui l'accompagne est bien sur en rapport avec l'extrême de la dénonciation des dominations, injustices et autres méchancetés conçues comme facteurs explicatifs du monde ou de nos conditions. La liberté étant absolue, symbolique et consubstantielle à nos êtres, elle ne peut jamais être abolie ni en droit ni en possible. Si un état du monde sombre dans l'oppression, on peut et doit le dénoncer mais jamais le révérer: les causes de cette oppression ne peuvent pas fondamentales ! Elles ne sont d'abord que celle de notre tolérance à l'ignoble et à notre rejet des guerres nécessaires à la destruction d'un mal qui ne peut être que personnel, et jamais essentiel, là est la proclamation. C'est d'ailleurs pour justifier en silence la non intervention qu'on théorise l'inévitable. L'irakien a de toute éternité pratiqué la découpe d'oreilles et attaquer Saddam Hussein est une haine injustifiée du folklore des inventeurs de l'écriture. 

    La liberté est ainsi positivement absolue, 

    Le monde ne peut s'y opposer que provisoirement dans des structures qui ne peuvent être qu'intentionnelles. La preuve historique en fut donnée au siècle dernier par les ignobles et criminels théoriciens de l'esclavage scientiste essentialiste attribué aux mondes racistes ou communistes: il ne traduisirent que les fantasmes de l'organisation de l'oppression mécaniste absolue.

    La liberté est là, elle nous est attribuée malgré nous, et rien ne peut nous l'enlever, il n'y a donc rien à déplorer et la célébration positive de sa puissance, n'ayant aucun inconvénient, peut donc être extrême. 

  • Les causes premières

    Aristote est un gredin, on le sait. Sa "métaphysique" fut collectée après sa mort, par sa femme, euh par Andronicos de Rhodes (au 1er siècle avant JC), un bibliothécaire. Le titre "Meta ta phusika", absolument pas utilisé par Aristote, fut introduit par Nicolas de Damas, contemporain d'Herode 1er, dans une paraphrase.

    "Elle" est formée de 14 livres: A, alpha, B, Gamma, Delta, E, Z, E, Teta, Iota, Kappa, Lambda, Mu, Nu.

    La nature de cette réflexion là est particulière, et il faut se mettre dans un état mental particulier pour la percevoir: il s'agit de classifier et de donner sens non pas à ce qu'on dit, mais aux mots et principes qui conduisent à ce qu'on dit. C'est le niveau "meta", d'où le titre. En fait, c'est ma compréhension, ce fameux niveau est "ontologique", en ce qu'il décrit ce qui "peut" (et donc doit) être de nos attitudes face aux choses et donc de la nature des entités qui qualifient ces choses. Il s'agit de la description raisonnée, de la connaissance, des choses et de ce qui les qualifient. La question est donc celle de l'organisation du savoir. 

    Comme d'habitude, on classifie "naturellement": les choses en question (les qualificateurs) sont "évidemment" ceux là, et Aristote figerait ainsi pour toujours l'attitude humaine. En fait, il fige l'occident avec des bavures évidentes, et le commentaire voire l'examen irrévérencieux devient alors gage de toutes les réflexions ultérieures, le domaine de la philosophie se trouve ainsi crée comme une seconde nature, au delà de la physique, d'où le titre.

    Nature que l'on peut voir et donc décrire de diverses manières. Pouvoir façonner non pas la réalité, mais les concepts utilisés pour la décrire a quelque chose de fascinant, et cette fascination là, assez ancienne, ne cesse pas d'être distrayante; bien que vélléitaire et un peu con, je ne suis après tout qu'un humain comme les autres. 

    Bien sur, il y a l'enjeu des désaccords avec les pré socratiques, qu'Aristote éreinte tout ce qu'il peut, et aussi bien sur avec Platon, on en a déjà parlé un peu.

    On veut en fait s'interroger sur la nature de l'anti aristotélisme revendicateur des différentes époques. Un aspect important est évidemment la guerre avec les platoniciens mais aussi avec tous ceux qui à l'époque moderne ont voulu faire du neuf avec ce vieux bouc là. 

    Le thème de la pensée de la différence de degré entre entités est particulièrement intéressant et se trouve être un noeud des différences entre les évidences supportées. Les choses sont elles vraiment distinctes ou non ? 

    On commencera par l'âme et le corps, rien que cela, en considérant bien sur l'importance de la polémique sur la réalité des intelligibles. 

    Les 4 causes

    On évoquera brièvement la tripartition en essence, existence et vérité soit entre l'être, le devenir et la connaissance. Il y a aussi une tétrapolarité (selon Aristote) entre quatre causes : matérielle, formelle, motrice et finale.

    Pourquoi diable 4 ? Et bien parce que. La sophia qu'on aime a pour objet l'étude des causes premières. C'est d'ailleurs l'objet du livre A. On notera deux couples (matière et forme d'un coté, mouvement et fin de l'autre).

    Ces deux ordres de la cause, comme origine et explication furent critiqués dans l'histoire. Pour Spinoza et Descartes, cause formelle et matérielle s'identifient et s'annulent, et la cause finale est oubliée. Seule la cause motrice, identifiée à la cause "efficiente"se trouve avoir droit de cité. Puis on s'avance jusqu'à la cause moderne, qui met en relation des systèmes organisés suivant des lois. En fait cette histoire de cause motrice va plus loin: de doctes experts s'accordent pour dire que c'est bien la conception même de la cause qui était différente chez les "anciens". Pour eux, la cause résidait dans l'objet, comme attribut de l'objet. C'est ce qui aurait empêché le développement d'une vraie science, toute entière faite de la réflexion sur la cause extérieure, typiquement la cause "créatrice", typique du moyen âge qui critiquait Aristote tout en le révérant. 

    On en vient alors à un autre noeud du problème, la cause efficiente de la passion du Christ. Les juifs ? La question est posée. Saint Thomas développa toute une doctrine sur la question et qui n'est point antisémite, loin de là, ou à peine: les juifs sont coupables, bien que leur culpabilité soit diminuée par leur degré d'ignorance de la gravité de ce qu'ils faisaient. Cette question de l'ignorance est le "mystère d'Israël". Ajoutons aussi que dans la doctrine, il y a bien accord entre le père et le fils pour vouloir le sacrifice, ce qui est aussi une cause, et une autre cause du mystère.

    Plotin

    Mais on doit parler de Plotin, le maitre du libanais Porphyre de Tyr, le fameux auteur du programme de philo du moyen âge, l'Isagoge, et qui au passage édita les Ennéades mais aussi écrivit un "contre les Chrétiens" qui condamnait le christianisme aussi bien pour sa religion que pour sa philosophie... Porphyre pense en effet que les religions ne sont que des cultes aux démons et que le philosophe est le seul vrai prêtre.

    Plotin qui se présente lui même comme un simple commentateur de Platon est une sorte de maillon avec les "philosophies" orientales de la non réalité du monde: en gros, ce n'est pas l'âme qui est dans le corps, mais l'inverse, et aussi qu'il y a des degrés dans le réel, celui ci s'identifiant bien sur dans l'intelligible et non pas dans le sensible, dernier niveau de la hiérarchie des choses, à oublier bien sur. 

    Cette pensée du "continu" est ontologiquement démontrée non aristotélicienne par Plotin lui même, car ce n'est que par la hiérarchie des attributs entre eux qu'Aristote nuance. En parlant d'ontologie, il faut bien comprendre que la critique aristotélicienne contre les intelligibles "réels" les identifient avec du sensible chosifié, classifié par lui même, ce qui en démontrerait l'absurdité, bien sur absurde: Plotin expose à son tour ses objets à lui, classifiés précisément par ce qu'il ne sont pas, sensibles... Il va même plus loin encore, le sensible n'étant pas, selon lui, susceptible de connaissance. 

    L'argument vaut le détour: l'intelligible se distingue du sensible du fait que sa substance s'identifie avec sa cause première, essentielle. La connaissance n'étant que savoir sur les causes, l'objet physique, définitivement dual ne peut être atteint, seul l'idée le peut. CQFD. Seule la sensation, distincte des corps, caractérise leur existence. 

    Le premier moteur

    De même que la "métaphysique" est en fait appellée par Aristote la "science première" (évidemment), et donc connaissance des choses "première", le premier principe ou cause suprême, l'"arkhé" ("principe") s'identifie ainsi à Dieu, seule chose qui puisse justifier qu'on connaisse quoique ce soit... C'est d'ailleurs la preuve reprise par Aquin lui même.

    Aristote introduit cette idée du "premier moteur", immobile bien sur, et qui fait tout marcher.  Il est éternel bien sur aussi, mais et c'est là le truc rigolo, il se doit d'être "acte pur" et donc être dépourvu de toute puissance, c'est à dire de toute potentialité. Zéro cheval vapeur...  En fait l'argument est que ce qui est en puissance suppose un acte pour devenir quelque chose et il faut rompre le cycle infernal. La pureté exclusive suppose donc l'impuissance de Dieu, qu'est ce qu'on se marre. 

    Plotin encore

    Pourquoi Plotin ? Parce qu'il n'est pas d'accord avec Aristote au sujet du moteur. D'abord le moteur n'est pas premier. En effet, il est pensant et donc duel: il pense et meut et donc n'est pas simple et donc pas premier. 

    C'est cette disjonction entre pensant et mouvant qui se trouve inacceptable pour Plotin et secondaire pour Aristote.

    La Matière

    On avait abordé la question de la khora, la matière pré-existante que le démiurge façonne. 

    C'est bien cela le matérialisme: la croyance en une chose qui pré existe, par opposition à la création ex nihilo, défendue par exemple par Tertullien contre Hermogène. Pourtant, la chose est discutée: la khora serait aussi un espace vide et donc non matériel. Et puis aussi, cette substance support inodore qui doit recevoir les parfums... 

    On avait parlé des degrés de réalité; comparons un bloc d'argile et le vase qui en est issu: sont ils différents ? Si non, on est tout de même un peu insatisfait, et casser le vase lui fait tout de même quelque chose... Si oui, on a bien une infinité d'objets intermédiaires à peine différents et on pourrait douter. Ah quelle est belle cette expérience de pensée... Platon donne évidemment à la structure, au tout, des  propriétés particulières et les décrit avec la métaphore de la syllabe, un tout composite. 

    Les 3 théories

    Il y a 3 théories: le platonisme, l'aristotélisme et le nominalisme. L'aristotélisme est un compromis, le nominalisme refusant toute réalité aux idées abstraites, alors que, philosophie par excellence des mathématiques,  cette réalité n'est pas mise en doute par les matheux. On attache le beau nom de Gödel au platonisme mathématique, celui ci donnant la même réalité aux objets mathématiques et physiques, et une sensibilité à la perception mathématique. 

    Pour finir, une belle comparaison fait par F. Nef, qui rend équivalent la composition des objets concrets en objets abstraits éternels avec la présence du temps dans l'éternité. 

     

    (1) https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00547892/document   Olive: Retour sur l'efficience des causes

    (2) https://philosophique.revues.org/280 Mattei: Les deux souches de la métaphysique

    (3) http://etudesplatoniciennes.revues.org/263 Nef: Platon et la métaphysique actuelle

  • Les refondations tordues

    Plongée dans la nuit de sa traversée du désert, ("je met une rose sur le siège avant, et je rentre à Dinan"), ce qu'on appelle la droite pleure à la fois le communisme repoussoir perdu et l'inacceptable défaite électorale que je n'arrive toujours pas à relativiser.  

    Il y a encore d'innombrables scories fumantes sur la terre noircie par l'explosion, elles continuent de rouler sans raisons, la terre doit trembler encore un peu. 

    D'abord la confusion entre le personnel et l'idéologique, entre le kakaaukuku et l'idée platonicienne: Sarkozy fut le premier à vouloir faire vaincre libéralisme et conservatisme, et les français n'en voulant pas, ils firent venir Hollande, donc. Tu parles: le sang mélé déconnant héritier de tout ce qu'on déteste et méprise, pieds écartés en claudiquant et paume gauche vers le ciel, image physiquement détestable du contraire exact de De Gaulle corruption comprise, fut rejeté en sa détestable petite personne.

    Que cela arrive aussi à son successeur ne fut que justice: quand on choisit pour ces raisons là on n'a que ce qu'on mérite. Le président "normal" fut à la hauteur du "battant": alors qu'on ne devrait ne rien avoir à foutre de la douceur des couilles du monarque, le droit de vote accordé à tort à qui je pense a fait les décisions. Les connes et les génisses qui influent trop grandement sur le choix des dirigeants sont à l'oeuvre, elles le sont toujours et cela produira les mêmes résultats. 

    L'ampleur de l'injustice laisse encore baba: initiateur de l'abandon de Fillon, Bayrou l'immoral détourneur de l'argent de l'Europe nous déféqua une loi honteuse avant de disparaitre à jamais, laissant le co fondateur d'En Marche se déclarer innocent. Partout on innocente avec le sourire bien pire que cette ignoble et prématurée mise en examen qui ne choqua que ce que j'abomine: la fauculterie hypocrite et lâche et l'immonde collusion nationale pour le maintien des RTT, bien pire qu'un complot.   

    Car tous ces anathèmes moraux ont bien un pendant, et qui explique tout: des politiques à mener jugées impossibles et surtout inutiles. La France n'est pas en déclin, son industrie, ses services publics, et son imposition qui ont complètement divergé d'avec ses voisins de mêmes tailles n'ont besoin de rien. Immense et puissant le déni est complet: il nous faut ne rien faire, c'est décidé, et en plus il a de gros sourcils. Qu'y a t-il de plus à dire ? 

    Ensuite, la vilainie du présent: on est toujours sur le coup d'après, et une réflexion sur le passé n'a d'abord pour objet que de faire gagner le futur immédiat. Ignorer ou faire semblant de croire au désintéressement des acteurs est bien sur non seulement absurde, mais ignoble: un pouvoir s'exerce et tous les journalistes y mangent: l'odeur est forte et ce n'est pas se boucher le nez qu'il faut, mais péter! Corrompu jusqu'à la moelle le journalisme français s'inquiète de sens commun, célèbre la double personnalité de Fillon et pousse Laurent Vauquiez au FN. Sans y toucher: il n'y a pas eu de complot et tout est resté normal: le conseiller du président de 2012 est toujours à l'Elysée, et pour faire la même chose. 

    Combien de temps les ruines pestilentielles de la gauche pourrie vont elle cacher le deuxième "ni droite ni gauche, ni droite"? Macron serait de droite, et ultra libéral. Le rêve de 1983 serait accompli: l'ultime rêve final de la célèbre idée libérale qu'est la gauche (à moins que ce ne soit l'inverse, le libéralisme serait de gauche en fait) a donc vaincu. Ce noeud sépare "la gauche" des gauchistes réactionnaires et aussi des réactionnaires tout court. Deux dénonciations des politiques mitterandienne sous forme de flèches de directions opposées mais de même intention. Nous n'aurions pas, hélas, rompu avec le capitalisme cette année là.

    Socle du réalisme de la gauche abusée par cinquante ans de communisme (et quatre ans de révolution nationale) mais enfin raisonnable, ce monstrueux courage fait encore pleurer d'admiration les disciples de celui dont le successeur à l'époque trotskiste militant, instaura les 35 heures pour résoudre le chômage...Le libéralisme est de gauche, tout le montre. 

    La prétention, aujourd'hui universelle et pilier de la communication gouvernementale est bien totalement fausse, insensée et donc absolument ignoble. D'abord les faits: aucune réforme dans ce sens, et cela au contraire. Une étatisation forcenée, un autoritarisme forcené, et la poursuite de l'endettement mortifère sans aucune politique explicite de réduction des dépenses publiques. L'explosion du système des retraites nié et truqué comme à l'ancienne, les régimes d'emplois aidés et francs maintenus, les impositions absurdes maintenues et augmentées. A part de ridicules simagrées à coup d'ordonnances inutiles (c'est tout juste si les syndicats n'ont pas manifesté pour) qui pérennisent le pouvoir des branches et donc de la grande corruption syndicale plus bien sur l'éclatante instauration de la majorité sexuelle à 15 ans, rien de libéral, ou bien je me trompe... C'est l'état de grâce de monaco.

    Notez cependant que ce que je nie avec force est toutefois affirmé avec force par tout un dispositif dont l'audience reste supérieure à celle des ces écrits. Certains murmurent au sein du parti que vient de rejoindre Darmanin au bout de six mois (dans le genre "je m'assure que j'ai vraiment bien fait de trahir", on ne peut faire mieux) qu'il y aurait un culte de la personnalité qui doit AUSSI révérer brigitte. Comment savoir si cela n'est que propagande nazie ?

    En parlant de propagande nazie, le questeur de l'assemblée se juge heureux après et avant son changement de parti: ses électeurs, fans de sa carrière, avaient tout prévu.

    Ce dispositif est en place, les salaires versés, le soin à diriger et punir les prébendés extrême. Un barbu inconnu passa tout l'interview de Stéfanini à lui faire dire que la droite centriste était en fait séduite par Macron depuis le début. L'évidence des convictions issues des "analyses" journalistiques est visible. A moins que je ne me trompe.

    Qu'est elle, cette "droite", dont le plus illustre représentant, Alain Juppé le grand, le meilleur a fait rêver la France deux ans avant de se faire niquer sa sale gueule de prétentieux par son propre peuple? D'abord, il s'agit d'une génération entière, la mienne, qui fut écrasée par la gauche pendant cinquante ans. Séduite sociétalement par les deux libéralismes, mais bien plus par le premier, elle voulut construire une bien pensance "moderne". Elle abandonna pour cela sa religion, son nationalisme et son industrie. Voilà le drame.

    Appeler avec des larmes dans la voix du nom de "droite" le fatras de conneries ridicules issues de la première grande escroquerie, celle du collabo qui ré appliqua, mais dans l'autre sens et sans le dire, le "ni droite ni gauche" précédent qu'on nous ressort aujourd'hui, est hors de propos. "Refonder" "ça" ?  Vous voulez rire...

    Bien sur il y eut De Gaulle, qui refusa d'identifier la France à la droite ou la gauche: cela voulait il dire qu'il niait la différence ? Pas du tout, il parla des deux camps qui se font toujours face, et de la mère de famille préoccupée du sort de son foyer; il voulait bien sur condamner que ceux qui ne voulaient que l'un des camps. Quoi de plus haïssable que le franc maçon dévoyé dans son athéisme de gauche qui vomit les trop rares libéraux français?  

    On reprend: après la révolution, saisi par l'ampleur du crime qui avait pris un peu tout le monde de court, il faut le dire, le peuple de cons et de veaux, encore à moitié fertile, se jeta dans le royalisme révolutionnaire en se donnant à un corse génial. La suite ne fut que de successives et toutes ratées, de tentative d'accommodements dans la dualité. Chaque fois, on chercha à faire évoluer la droite en revenant à la royauté nécessaire à la conduite de la nation mais en donnant  des gages à la modernité. Ce schéma est la base de la politique française.   

    Car il y a la "question sociale", nom ampoulé que l'on donne au fait remarquable, remarqué depuis le néolithique, qu'il existe des riches et des pauvres. Cette "frage" là, (qui parle encore de la "judenfrage"?) hante encore les consciences cent ans exactement après l'extermination de la classe bourgeoise. Le sang des suppliciés, la boue des camps et la souffrance des torturés, cela plait aux dieux de la nouvelle religion: c'était à cause des pauvres. Néanmoins, le pouvoir de conviction de cette niaiserie est resté intact à travers les siècles: les duchesses ont expliqué par cela leur quelques jours effrayés au commissariat et en sont devenues centristes.  

    La vieille religion nous avait déjà beaucoup gavé avec ses pauvres, il faut le dire: elle le faisait avec insistance, mais avec paternalisme et sans grande efficacité: c'était avant la grande industrie, du moins avant le plan marshall. Même s'il y eut la doctrine "sociale" de l'Eglise, ce n'est que la forme nouvelle du gnan gnan qui finit par saisir la société dans son ensemble avec l'instauration des doctrines sociales du gaspillage total et de l'endettement absolu sans limites, élargi d'ailleurs récemment à la planète entière par le pape actuel: il est maintenant le seul vrai grand révolutionnaire. Nos racines chrétiennes ont donc poussé jusqu'au ciel, maintenant atteint: les deux milliards d'Africains arrivent, il nous faut donc leur faire leur lit dans le nôtre. Au passage, on admirera l'ampleur de la violation du principe laïque de non intervention: le pape maintenant ordonne ! Il est vrai qu'il est argentin: il n'y a que la torture des religieuses qui peut le faire taire. 

    Que voilà donc la belle transition avec nos racines chrétiennes à cultiver: crèches (à garder), mosquées (à fermer ou à ouvrir suivant les rues), migrants (à inviter), voilà donc posée la question de la gestion de ces choses difficiles, le bon sens n'ayant rien à voir avec tout cela, la seule pensée juridique assortie de la recherche permanente du buzz désespérant devant tout enduire. Ah oui j'oubliais ! C'est à partir des positions prises sur ces sujets là qu'on refonde et qu'on interroge: les camps se trouvent remplis selon. 

    Car la droite sacrificielle c'est bien celle qui refuse qu'on refuse qu'on accepte des pauvres, à moins que ce ne soit celle qui par christianisme puritain mal placé, se consacre au travail rentable, seule moyen (hélas, trois fois hélas) de faire que les pauvres ne le soient plus, cette transformation, ignoble et impensable, ne faisant qu'accroitre le nombre des damnés. Seul le diable pouvait avoir ce projet là et le capitalisme est maudit, donc. 

    Voyez bien les deux thèmes entrelacés: est il moral d'investir pour le profit construit sur le travail exploiteur ou bien de vouloir le décider à la place d'un état corrompu qui nourrit des fonctionnaires inutiles ? Vouloir la richesse, accepter qu'il y ait des pauvres, cela fait deux monstres, que l'on voudrait décrire par le désir personnel de se valoriser soi, et aussi par le refus personnel de nourrir l'inutile. Garder cela possible et en justifier l'institution possible, cela s'appelle la liberté, à refuser donc. Nous y voilà: comment ne pas comprendre que cela est bien peu libéral ? 

    Notons l'exemple du "profiteur": cité par Macron avec ses allusions fines (le premier de cordée, le jeune futur milliardaire etc) toutes destinées à ne choquer qu'avec légèreté le chauvinisme familial des mères de familles qui se masturbent devant le mozart de la politique, le thème donc, ne s'accompagne absolument pas de l'acceptation du pauvre, qui lui doit mourir sous les flots de subventions chaque sujet ayant son miyar propre. Macron n'est donc pas libéral, CQFD et l'argument me semble puissant: un démagogue ne peut avoir de constances ni de résultats, et d'ailleurs tout cela n'a pas vocation à en avoir. 

    Il est donc absolument faux et insupportable de considérer le libéralisme économique, principe inspirateur de politiques de gestion raisonnables de la natio,  comme "capté" par le pouvoir macronien. C'est bien le contraire qui est vrai et une opposition politique véritable doit se consacrer à hurler l'incroyable dangerosité  de cette auto satisfaction inefficace, mortifère pour ce qui reste de la gauche et de l'extrême droite, alliées "idéogiquement" contre ce qui les protège du réel. 

    Comment une telle absurdité irréelle a-t-il été rendue possible ? On a parlé d'habileté, mais est elle autre chose que de la collecte d'ordures, les deux immeubles dévastés de la rue de Solférino et de la rue de la Boetie les ayant vomi partout ? Sarkozy, puis Hollande ont d'abord tout détruit, Macron tel le gamin dans une décharge, n'agite que des rats morts. Un glaneur. 

    L'identité heureuse défendue par le fournisseur des emplois aidés de la ville de Paris, hélas pour lui dix fois inférieurs à ceux de ses successeurs, eux bien mieux et plus justifiés et surtout imposés, est ainsi ni plus ni moins qu'un socialisme. Son inventeur ne gémit que de n'être qu'un vieux macron et la droite centriste que nous avons eu tout de même la satisfaction de piétiner il y a un an, que voulait elle vraiment, sinon ce qu'elle a enfin maintenant ? 

    Il est donc hallucinant qu'elle se plaigne encore de Fillon ou même de ceux qui n'appelèrent pas à voter Macron tout de suite (ce que Fillon fit)... Après avoir, avec la vergogne du pervers, agité son score au deuxième tour, il apparait pourtant bien que Macron fut très mal élu: il fallait bien sur voter Le Pen ou au moins s'abstenir pour que l'on réalise l'ampleur du "coup" et se vanter de l'avoir supporté montre bien qu'on est d'abord de ses amis. 

    Refaisons un tour. Dégoutée par sa propre hypocrisie, la gauche a donc décidé de changer de cheval et d'en rabattre un peu sur le social pourvu que l'essentiel soit préservé: elle s'est donc choisi un dauphin, d'ailleurs déjà en place. Le prix à payer est bien la disparition de tous les symboles, mais qu'importe, les chiottes de Solférino étaient bouchées et les drapeaux rouges tachés. Du moment que le délicieux abandon de tout continue et au combien, la fuite vers l'Europe comme idéologie de rupture fera office de komintern. Il faut absolument que tout le nationalisme, la cause et la raison de toutes les guerres, disparaisse à jamais. Assimilé à la famille que l'on hait, la nation est ce que la bourgeoisie bohème déteste le plus.

    De quoi muscler une opposition qui se doit de penser le contraire, de le théoriser et d'en faire bien plus que le fameux repoussoir à qui on va jouer pendant cinq ans à nous assimiler... 

    On passera bien sur sur le caractère "nationaliste" de ce qui d'abord soutint la collaboration avec l'Allemagne nazie au nom de la paix, puis qui prôna l'union avec les algériens musulmans misérables. On passera par l'effective subvention de l'état socialiste à son vieux comparse poujadiste de la 4ème république pour mieux détruire ses véritables adversaires, ce qui réussit au delà de tout: le parti communiste fut remplacé à l'avantage de la gauche victorieuse et l'ignoble tromperie motiva et décérébra une génération. J'y inclus les adversaires centristes de sens commun et les "gaullistes" soutiens de dupond, sans parler non plus de philipopo, et des blondes jeunes ou vieilles, toutes et tous acharnés à une chose, l'élection de Macron, il les remercie encore. 

    La Nation c'est autre chose. C'est d'abord ce qui justifie et rend possible le capitalisme nécessaire et lui interdit de se mondialiser bêtement. Ignorer la nécessaire alliance entre nation et liberté, garante de la puissance et des intérêts de nos nationaux est la plus profonde erreur de notre temps. Cette ignorance peut encore nous tuer. Tout est là.

    Les valeurs chrétiennes ? Elles sont celles du désordre spirituel et temporel imposé à l'individu laissé seul devant des mystères insolubles. Plus que jamais le dernier état historique avant l'amour absolu ou mille ans encore de moyen âge.

    Alors que va-t-il rester? Portelli n'a pas encore perdu et son énergie à se battre envers et contre tout mérite toute l'admiration possible. Que lui faudrait il pour qu'elle émerge et ridiculise l'inverse miroir de Juppé, un autre surdiplômé sans convictions qui ne cherche lui aussi que la figuration ?  Ah que j'aimerais que la petite blonde délurée puisse redonner un peu de fraicheur à tout cela ! 

     

  • Les natures et les idées

    Ayant mis un pied dans l'ontologie, il convient de regarder ce qui sépare les deux origines de notre cher occident, en l'occurrence Platon et Aristote, rien que ça. 

    On connait d'Aristote sa métaphysique, presque toute entière consacrée à flinguer le vieux Platon. 

    Nature et Art

    Un point particulièrement intéressant concerne le statut des idées vis à vis des objets artificiels, et donc de la différence entre physis (la nature) et tekhne (l'art). Et bien pour Platon, il n'y en a pas, dieu ou l'homme fabriquent les choses, cela revient au même, tandis que pour Aristote, il n'y a que le glaireux (l'organique) qui soit naturel et que donc, Platon ne peut pas, décemment, attribuer de "nature" aux objets artificiels. 

    Cette critique Aristotélicienne de la théorie des Idées de Platon (il assimile "idée" et "nature", par un jeu de mot plaisant) est un enchantement, et une marque de mauvaise foi dialectique absolument splendide. 

     Les dialectiques

    Au fait, il y a aussi deux dialectiques, celle de Platon, qui est une méthode toute Poppérienne de s'élever à l'idée en rejetant progressivement les illusions, et celle d'Aristote, faite de syllogismes à partir des opinions admises. On portera au crédit d'Aristote qu'il considère aussi la dialectique comme une méthode d'"examen" des principes, et donc comme quelque chose en rapport avec la recherche de la vérité. Notons toutefois, et c'est l'essentiel qu'elle ne détermine pas les principes, mais les justifie. 

    Le 3ème homme

    On en vient alors à ce parangon de la sophistique qui est ce qu'on appelait à l'époque "le 3ème homme" tant il était archi classique et connu. Comme le prédicat "homme" s'applique aussi bien à l'idée de l'homme qu'à n'importe quel homme, il y a donc une troisième idée, différente, de la notion d'homme qui s'applique cette fois à l'idée de l'idée de l'homme. Cette troisième chose, bien que féminine et à la fois absurde et aussi LE troisième homme. Une sorte de régression féministe à l'infini... 

    Bien sur Platon connaissait l'objection et la balayait en expliquant que l'idée n'étant pas une chose ne faisait pas nombre avec celles-ci. Cela faisait d'ailleurs justice d'une autre critique d'Aristote, pour une fois bien incapable d'abstraction mais qui n'avait pas pu résister à faire la célèbre vanne:  "Pour mieux compter les choses, les idées les multiplient".  

    L'argument pourtant a d'autres acceptions. Dire de l'"homme" qu'il "marche"ne peut s'appliquer ni à l'idée, qui est immobile, ni à un homme particulier, qui peut être assis. On doit donc introduire le fameux troisième etc. Néanmoins, l'argument a sa faiblesse et qui est que le fait que l'homme particulier NE PUISSE PAS être pris comme sujet invalide DONC le choix d'un troisième... Bref, choucroute. 

    (Ne croyez pas que j'invente ces critiques: elles sont en fait archi connues et utilisée par bien cultivé que moi...)

    Les dieux sont dans la cuisine

    Aristote rapporte plaisamment, pour illustrer sa science, qu'Héraclite lui même faisait visiter ses fourneaux en disant que les dieux étaient aussi dans la cuisine. Une autre acception de la signification profonde de la chose est aussi qu'il ne s'agisssait pas de fourneaux mais de latrines et là on rigole franchement... 

     http://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0001_1965_num_1_1_4897

    La cause motrice

    Mais une grande critique d'Aristote est bien sur le caractère immobile de  l'idée, cette cause là n'étant pas du tout motrice. J'ai toujours détestée cette idée de la motricité principielle, mon athéisme concevant le religieux comme ce qui pense être utile à Dieu en l'aidant à faire se lever le soleil. Cette idée fondamentale, assez logique, mais complètement idiote a de multiples avatars dont celui là. C'est ici Aristote qui mange (tient, prend ça), et aussi Averroes... Je déteste l'intellect agent, et voue ma vie à sa perte. 

    Platon distingue pourtant kinesis et genesis, et tout en détestant le devenir sordide, ce qui se mange et qui se défèque, il conçoit clairement la vitesse absolue et tous les mouvements de l'âme, je dirais bien sur. Au passage, il interdit certaines musiques et il a raison: tous les rythmes ne se valent pas, et il y en a de sublimes. 

    La tripartition

    L'inégalitaire Platon voit TROIS états (c'est cela le signe de l'incomparable), le savoir, le courage, la survie. Aristote lui ne voit que riches et pauvres et attribue la rationalité même aux barbares. Il pense donc l'égalité... 

    Cette histoire du courage comme vertu à part entière, celle des guerriers a un coté fondamental, l'oublier c'est se priver d'une part importante de l'occident, précisément. 

    Faut il rappeler aussi ce cocher en charge de maitriser deux chevaux, l'un généreux, l'autre rétif: la métaphore de l'âme.

    eidos et idea 

    Les deux termes (ne) sont (pas) synonymes: quel délice ! 

    Disons que eidos c'est le caractère générique de la nature, tandis que l'idea est la chose unique commune aux choses. Platon, le vieux salopard, emploie l'un et l'autre des termes, à sa convenance.

    Et pourquoi donc n'utilise-t-il jamais eidos pour parler du Bien ? On ne trouve jamais que "idea ton agaton"... 

    Et puis il y a "ousia", l'essence, encore autre chose. Il faut mentionner que l'âme n'est ni une essence ni une forme, avec forme=eidos. Héhé... 

    Pour en revenir au Bien, on a quelque chose dont la transcendance est particulière. Cela est bien sur à creuser. On notera le clivage entre le démiurge et le Bien, origine de bien des spéculations... 

     La khora

    La chora est la la friche, le lieu imparfait et informe que le démiurge du Timée manipule pour faire les choses en appliquant sa techne aux formes. Le lieu qui n'a pas de forme, par conséquent, et aussi l'ancêtre de la substance aristotélicienne. 

    Derrida a beaucoup manipulé ce concept là aussi: c'est celui d'espace pré existant, qui comme concept, (ah ce Derrida), joue pour le philosophe le "même" rôle, on commence comme ça mais est aussi une sorte de tamis, un procédé de sélection: paradoxal, pour une chose amorphe... Bref, du difficile à penser et que Derrida ramène quelque part à la notion de genre, de race, de nation... 

     Vrai Beau Bien 

    Le Beau c'est le Banquet, le Bien c'est la République et le démiurge c'est le Timée.

    Le Bien est supérieur à tout: il est aux formes ce que le démiurge est aux choses... Le Beau, c'est la représentation, forcément dégradée, du Bien. Platon est impayable, très au dessus de ce qu'on en dit. 

    La séparation 

    L'ousia serait dans un topos au delà du ciel... Les idées sont séparées. Ca c'est Platon. La question de ce lieu demeure discutée cependant.

    On doit parler aussi de l'essentiel de Platon: la distinction, séparation, entre sensible et intelligible, tout est là. C'est la différence entre ses deux ousia. Simplement, elle ne peut être totale sans absurdité, ce qui relative la critique aristotélicienne et c'est l'enjeu du débat. Le démiurge est bien un pont entre les deux mondes, et la séparation n'est pas totale, il y a imitation par "metesis", et non pas par mimesis. Participation et non imitation.

    La substance pour Aristote

    Les idées sont elles des choses ? Non ! C'est cela la grande critique d'Aristote, pour qui l'universel ne peut être une substance, mais seulement une qualité. 

    Car une substance ne peut avoir de contraire, ou d'amplitude. Alors qu'est ce que la substance ? 

    Au coeur de ce qu'on appelle l'aristotélisme, donc, la substance. Il y en a DEUX, la seconde qui est la quiddité, l'essence à proprement parler et la première, qui est la vraie, la composition de matière et de forme, l'individu, la chose. 

    La deutera ousia est espèce et genre de la prote ousia: on en est là à ce qui faut appeler la bizarrerie d'Aristote: à rebours de toute ses critiques, notre grand philosophe considère donc la substance, sous sa forme seconde, comme universelle !  

    Et là le paradoxe, que dis je le choc: pour être séparé des choses, l'universel se doit d'en être une ce qui est absurde par définition. Ce jeu là est d'une parfaite mauvaise foi, donc: la critique se trouve donc paralogisée, et les ontologies se mélangent et s'opposent, mais au détriment du stagirite. 

    Bien sur, Aristote veut sans doute nier que ce soit la substance première qui soit universelle... Cela clarifie-t-il les choses ? 

    L'idée de la non existence

    Aristote et ses amis refusent aussi cette histoire d'idées multiples d'un même être, en refusant l'idée de la négation, qui serait absurde.

    Platon avait pourtant prévu le coup est assume l'existence d'une forme pour le non être ! Par contre, il refuse le non-beau, le non-être-beau. Car le non être c'est le différent et le beau n'a pas de contraire: on aurait alors véritablement la négation absurde, le véritable non être. 

    Aristote escroc ! 

    Après tous ces siècles, on doit donc en convenir, et la mauvaise foi (doublée de forfanterie, je vous l'accorde) n'est pas en cause (...): Aristote a injustement dénigré son maitre. Vive Platon ! 

  • Les universaux

    Il est temps de se lancer dans la vraie métaphysique, la seule, la vraie: l'ontologie ou classification du monde. 

    "Qui sommes nous pour décider de la nature des choses ? " 

    David Armstrong

    A propos de David Armstrong, auteur de la présente, et aussi à propos des universaux et de ce qu'il en dit (Armstrong).

    Bon il y a deux options: réalisme et nominalisme et leurs variantes respectives. 

    La question est celle de la classification, et de son origine et de la réalité des classes elle mêmes.

    Les réalismes sont ceux des attributs ou des tropes. Les nominalismes sont ceux des classes naturelles ou bien des ressemblances.  

    Le nominalisme a un problème: la réalité de ce que font les choses serait elle due à la classification nominaliste elle même ou bien à des caractéristiques intrinsèques à l'origine de la classification? 

    Ainsi de manière générale, le nominalisme n'admet pas les propriétés, choses partagées entre les objets et ne conçoit les choses que comme des particuliers sans forme. Cela est bien sur inacceptable... Pour Armstrong, les particuliers ont une structure. 

    On en vient alors aux solutions, elle même multiples. 

    2 théories donc, distinguées selon que la propriété est seconde ou première. Seconde pour décorer les substances, ou bien première, multiple et en faisceaux, en tropes ou non. 

    Armstrong est un réaliste, adepte des "états des choses" et des "particuliers structurés", les formes universelles étant non pas transcendantes (Armstrong n'est pas platonicien), mais incluses dans les choses, immanentes, sous la forme de "manières d'être". 

    Le problème par contre, ici, est toujours le même: comment diable se produit l'instanciation ? 

     Les réalismes

    Il faut cependant revenir aux fondamentaux du langage et distinguer les réalismes car on s'y perd. 

    Les réalismes sont trois: 

    - métaphysique: il existe un monde indépendant des représentations

    - scientifique: les représentations scientifiques sont "vraies". 

    - des universaux: les entités représentatives classifiantes sont réelles 

     Les trois systèmes se recouvrent, se contaminent et se mélangent. En particulier les réalismes scientifiques et universalistes sont couplés. Forcément. 

    Il faut tout de suite parler de Popper et de son réalisme "critique", caractérisant le réalisme comme métaphysique, et donc non scientifique, mais permettant la réfutation, et donc la science, qui attribue des vérités aux représentations. Popper est donc bien un réaliste scientifique, mais d'un genre spécial, son réalisme de la vérité étant provisoire et auto défini. 

    Le réalisme scientifique a pour adversaire l'instrumentalisme, selon lequel la théorie n'est qu'un instrument: selon Berkeley, la force de gravitation Newtonienne n'a pas de réalité, elle est une fiction commode pour prédire. De fait, on a une belle fiction non véritable, du genre de celle qui permet de considérer que Copernic ne contredit pas le dogme catholique et qui constitue donc aussi l'instrumentalisme "réthorique". C'est aussi la doctrine de Mach: la théorie est ce qui permet d'économiser une expérience.

    Et puis, il y a Hume. Pour lui, il n'y a que des régularités, d'apparition ou d'évènements. La loi déduite inductivement n'a aucune réalité. C'est parce qu'on prédit avec que c'est une loi et non pas l'inverse. 

    Popper détruit le principe de l'induction et fonde le "rationalisme critique", approche dynamique de la connaissance, qui renonce à la vérité pour faire de la connaissance quelque chose d'absolument vrai, rationnellement, et en même temps révisable. J'ai toujours été surpris de voir que Popper est régulièrement critiqué, mais on dirait qu'il est mal compris, comme si il y avait des échappatoires à ses conceptions. Souvent, on le critique pour n'être pas assez Popperien. 

    Citons Van Fraassen (l'"empiriste constructif") qui souhaite accepter le réel scientifique, non comme vérité, mais comme adéquation, comme vérité non absolue, mais observable, "empiriquement adéquate", et cela sans sembler considérer le caractère provisoire des théories. En fait, il critique les contenus des théories, qui font semblant (à condition d'être falsifiables) de donner une réalité au monde alors que celui-ci en quasi totalité non observable. Frassen refuse le réalisme métaphysique des représentations utilisées. Ainsi, l'énergie n'a pas besoin d'exister vraiment pour être mesurable, en tout cas n'a pas "besoin" de s'identifier -en réalité- à la mesure qu'on en fait. Un point important: Frassen ne nie pas toutefois cette réalité: le monde est bien pour lui indépendant.

    Van Fraassen cite une métaphore, que je qualifierai de "Poperrienne": la recherche des explications conduit à de nouvelles théories comme la recherche de l'orgasme conduit à la reproduction de l'espèce: non strictement nécessaire, l'orgasme reste toutefois un facteur incitatif essentiel (misère du réalisme...).

    De fait l'empirisme constructif est assez métaphysique: il dénie le caractère "vrai" des théories, même avec un statut provisoire et ne considère le succès de la théorisation que comme une adéquation des théories aux données (ce qui est un critère de vérité, d'ailleurs...). L'exemple parfait est bien sur la "sous détermination" de la théorie quantique, qui s'offre, bien que scientifique, à plusieurs "interprétations" ontologiques radicalement différentes. 

    La querelle des universaux. 

    Cette histoire de la réalité des représentations mérite toutefois d'être brièvement résumée.

    D'abord il y a l'"Isagoge" (l'"introduction") de Porphyre de Tyr (270) qui expliquant les "catégories" d'Aristote, introduit le problème. On rappellera que les catégories ("chefs d'accusations de l'être", ) sont dix: la substance (ou essence), la quantité, la qualité, la relation, le lieu, le temps, la position, la possession, l'action, la passion. Elles sont les "genres" de l'être. 

    Genre, espèce, différence, propre, accident sont ce qui qualifient les prédicats. 

    Les universaux sont les genres et les espèces. 

    Ensuite il y a Boece et sa classification, sorte de programme de Hilbert de la philosophie, qui introduit 8 siècles de discussions. Il élabore en prison avant sa mise à mort par Théodoric l'Arien en 524, la "consolation de la philosophie". Il invente aussi le "quadrivium", les 4 matières (arithmétique,géométrie,musique,astronomie) et lutte contre Eutyches et Nestor. Au fait, dans la classification Deway, la section 200 c'est "religion, philosophie,psychologie". 

    Son commentaire de Porphyre est la classification des natures possibles des universaux.  Existence propre ou dans la pensée uniquement ? Corporels ou non? Comme sons ou comme significations ? 

    Bref, les concepts sont-ils:  ante rem, post rem, in re ? 

    On commence par Roscelin de Compiègne pour qui ils ne sont que des sons (flatus vocis). Le slogan est "genus est nomen". On distinguera par snobisme les "parvipontanus" (près du petit pont) et les mélidunenses (de Melun) auteurs de l'Ars Meliduna. 

    Nominalisme, donc, avec comme grave inconvénient et c'est en partie le fond de l'affaire (de la querelle), de porter atteinte à la trinité: les trois personnes ne peuvent plus avoir rien en commun et donc, ça ne va pas. 

    Abélard met le concept dans les choses et ce n'est que par abstraction qu'il en est extrait. In re. Cela permet de garder l'essence divine (mais pas le reste hélas, pardon il fallait la faire celle là).

    Duns Scot est particulièrement retord et génial. D'une certaine manière, son principe d'individuation universel est d'une extraordinaire subtilité (d'où son surnom). Mais Scot est toujours en dehors de tout... 

    Guillaume d'Ockam dénonce lui l'universalisme par la cinglante dénonciation d'un universel existant qui serait un individu, ce qui est absurde... Il ajoute son rasoir, qui élimine l'inopportun universel, double inutile du singulier. Il admet par contre l'universalité des significations (pas bête).

     

    L'existence des choses 

    La question de l'existence des choses et de ce qu'on en dit reste une interrogation valide bien que l'on en soit réduit à trouver et à préférer et aussi à choisir. Ce principe d'essais et d'erreurs peut répondre à la question d'Einstein, qui s'interrogeait sur le fait que "le plus incompréhensible est que le monde soit compréhensible". Pour Van Frassen, parce qu'issues de la sélection naturelle, il est assez naturel que les théories qui survivent mettent à jour des régularités dans la nature. C'est l'idée de la sélection des idées, les "memes", vous savez ces trucs qui existent... 

     

  • Le mou du symbolique

    Même si on (ne) sait (pas) déjà comment cela devrait se finir, un statu quo vaseux qui suivra le retour à la loi en Catalogne, la situation, ce qui y a mené et la manière dont le non drame s'est dénoué, ne lasse pas de surprendre, comme si une nouvelle pratique se généralisait dans le monde. 

    Non pas le ni ni, mais le oui oui, l'ultime état de rebellion molle contre le symbolique autoritaire, qui n'en peut mais, passe quand même sans violence mais sans adhésion non plus. Le symbolique est devenu mou, et cela arrange tout le monde. 

    Les autres exemples sont bien sur les luttes contre les harcèlements sexuels menés hors de la loi mais avec efficacité, le maintien sur le territoire de migrants illégaux inexpulsables, le retour du djihad d'assassins et de leur famille polygames sans rupture d'allocations, la retaxation immédiate d'entreprises taxées inconstitutionnellement (la précédente procédure dura cinq ans), la révolte permanente contre des élections présidentielles US et Venezuelienne jugées illégitimes. N'oublions pas ces professeurs qui refusent subitement d'enseigner la prédominance du masculin. 

    Les exemples correspondant méritent d'être collectionnés: un même schéma est à l'oeuvre, en ligne avec la façon dont les jugements collectifs de l'ère moderne se forment, à rebours des traditions, et navrant les réflexes des vieux cons qui se prennent ainsi un coup de vieux supplémentaire. 

    Mention spéciale aux plaidoiries pour l'acquittement du frère d'un ennemi de la France, par ailleurs assassin abominable et fils d'une mère (celle de l'assassin, seule à pouvoir s'exprimer) dont on respecte la douleur, elle traite de sale juif un père de victime. Tout cela est français (pas de souche mais chut) et donc judiciarisé, la présence de militaires dans les rues ne signifiant pas que nous sommes en guerre et qu'il faut donc absolument, la civilisation en dépend, être "juste" avec ses ennemis. Un avocat de renom se lance ainsi dans la morale judiciaire appliquée au cas d'ennemis déclarés du pays, organisateurs et inspirateurs idéologiques de crimes de guerre abominables. A aucun moment n'est abordé le caractère sectaire et global de la présence d'une telle idéologie sur notre territoire, ni sur la nécessité de s'y opposer: mieux, on propose d'acquitter un de ses responsables direct pour mieux s'opposer à ses projets... 

    Ajoutons y bien sur l'incroyable déchéance de Hollande l'année dernière, et toutes les autres, tout aussi inouïes, qui furent celles de ses ministres pendant la période. Les noms de fonction ridicules ("redressement productif" fut un ponpon à révérer) humiliés par le déni et la vengeance froide: on vendit dès son éviction ce qu'on voulait vendre, et on revendit le reste dès qu'on put. Les monstrueuses corruptions séculaires d'un expert de la finance et des cheveux, orchestrateur de la pire mesure fiscale de l'histoire: 10 Milliards retoqués, réglés en cinq minutes la semaine dernière par une autre taxe. Budgets insincères, mensonges et corruptions municipales, le camarade de régiment de celui que conseillait étroitement l'actuel président s'est illustré tout autant. Le commissaire en charge de l'indulgence sur les 3% rassure: il était co-décisionnaire. Auriez vous un sac en papier s'il vous plait?

    Mentionnons le rôle direct du président actuel dans la conduite de la politique économique de la France pendant la même (période). Tout cela ne compte pas, n'a pas d'importance, le symbolique est mou, vous dis-je et je m'offusque pour rien. Mes vomissures furieuses, ma haine affreuse, mes délires mortifères et violents n'ont pas d'objet. Passez muscade.

    Bien sur, de tels abominations eurent lieu dans le passé et Charles VII eut bien besoin de Jeanne d'Arc, et Louis XVI fut bien ridicule lui même, et d'ailleurs la chose est une forme générale, une attitude des foules, et on devrait bien connaitre cela pour le reconnaitre, et donc le mépriser davantage. Mais non.

    Ceci est une théorie du complot collectif non organisé, issu des tendances naturelles des collectivités à la chienlit méprisable, unique responsable de toutes les misères, dégueulasse laisser aller des vieux corps. Car le collectif est sujet à des tropismes dont le principal est celui du soutien à la politique du pire acceptée par tous, notamment de ses dirigeants défenseurs et organisateurs des politiques sub-optimales conçues spécialement pour accentuer le phénomène. Un cercle non pas infernal mais décidé par tous, le diable étant bien sur innocent de tout cela, sa non existence et son incompétence étant évidente: il y a bien pire et nous faisons tous ensemble bien mieux. 

    Cette nuit du bon sens et de l'évidence est hyper stable est pourrait caractériser le grand système libéralo mondialisé qui préside à notre époque: un grand blob ridé adapté à sa visquosité et à sa laideur, et  qui se déplace lentement vers un futur dont ses poils n'ont pas à connaitre quoi que ce soit...  

    Cette horrible vision confirmée tous les jours par toutes les nouvelles, tous les reportages, et tous les journalistes est tellement repoussante qu'elle est passée en arrière plan et se trouve devenue familière. La critiquer c'est critiquer le paysage. Or le paysage, on ne peut que le photographier. Devenue célébration de l'injuste et de l'absurde, le monde se construit une spiritualité autour de cette horreur et se trouve petit à petit en train de lui vouer un culte qui est en train de s'organiser: des prêtres étudient, des déguisements rituels se conçoivent, des cartons d'invitations sont envoyés aux bébés. Cela sera-t-il assumé par un pouvoir ? Et bien je ne le crois pas et l'originalité de la brutalité à venir sera molle, elle aussi: décentralisée et infligée par quelque chose contre quoi on ne peut rien, ce qui est précisément le rôle du sacrifice traditionnel...

    Me voilà donc en plein Girard: le monde veut revenir à l'avant du christianisme et bien loin de se consumer dans une guerre qui le détruirait, il veut se stabiliser en célébrant en permanence l'absurde de son existence, et cela sera son adaptation suprême à sa nécessaire existence. Par l'établissement d'une organisation spirituelle basée sur la violence à la fois rejetée et encouragée. Encouragée car les politiques du pire dont on parle sont tellement révoltantes et absurdes qu'elles ne peuvent générer -localement- que des rejets exaspérés, et aussi rejetée car on ne veut jamais assumer officiellement la responsabilité d'une violence symbolique dont le monopole est universellement rejeté car causé par quelque chose dont on serait responsable.

    La grande parade des horreurs d'Halloween (hier soir) après le massacre de Manhattan est un autre exemple de la chose: après ou avant les meurtres collectifs quelle importance: nous sommes "plus" fort et la célébration de la mort, de l'horreur et du sanglant doit primer. Et puis, la plupart des morts ne sont pas américains: quelles belles morts ! De quoi les fêter. Les hurlements de douleurs réels qui précédèrent les morts absurdes et infâmes de l'après midi valent bien ceux des festivaliers costumés en squelette. On sent qu'il va falloir envoyer des caravelles pour civiliser à nouveau ces néos aztèques. Ca tombe bien, il y a une poussée de sève en Espagne... 

    Bon, je crois que la messe est dite, l'Occident a changé, et regretter des déviations passagères n'a plus de sens, il faut s'adapter et considérer quelque chose d'autre.

    Tout d'abord, on peut tout de même imaginer que les vieux fondamentaux, les nations, les esprits inspirés par l'intelligence et le progrès soient toujours là, dissimulés derrière les tee shirts et des casquettes. Dégoutés tout comme moi, ils prennent leur parti en silence et souffrent comme tous les peuples malheureux écrasés par les dictatures, et celle là en est une. Il faut bien vivre, et quand les périodes de jeunesse et de fertilité ont le malheur de tomber dans les trous de l'histoire, et bien tant pis... 

    Dans ce cas, il faut tenir, comme ces vieux philosophes romains obligés de se courber devant les barbares chrétiens qui ruinent leur civilisation. Je rigole, comme ces vieux théologiens chrétiens qui doivent saluer les barbares chrétiens d'une autre obédience qui ruinent leur civilisation... Tenir tu parles ! 

    On avait parlé ici de l'effet "millénium", de la fameuse prédiction millénariste, qui prédit, non pas la fin du monde, mais les mille ans de sa préparation violente, l'apocalypse, bien pire, ne tenant lieu que d'horizon. Dans ce cas, on a une adaptation du type "spore", la vérité se devant d'être conservée dans des micro films cachés dans le sgègue qu'on se transmet de père en fils. Et puis mille ans, c'est vite passé. 

    Une variante de l'effet en question est l'active participation aux myriades de complots possibles contre le réel, ce qui revient à se joindre aux hordes d'assassins en charge de perpétrer les sacrifices non voulus nécessaires au fonctionnement du système. Défoulatoires et provoqués, mais non organisés, ces meurtres d'innocents sont nécessaires et on ne pourra qu'être remercié d'être un ennemi de cette sorte. C'est le rôle des adolescents tueurs d'étudiants des US et aussi des terroristes urbains islamistes de notre actualité récente. Macron ne veut que s'y adapter, et on l'avait remarqué, cela ne provoque de toutes façons dans la foule peu rancunière qu'une baisse du racisme anti musulman.   

    Vous me permettrez donc de répugner à me plonger les mains dans le sang humain de cette façon là. 

    On pourrait alors imaginer le similaire et pour rompre avec les sempiternelles analyses de la modernité du XVIIème siècle qui consacrent encore et toujours l'émerveillement devant le miracle qui a finalement conduit aux abominations présentes, on pourrait projeter dans un avenir indéterminé une renaissance suivie d'un âge baroque qui consacrerait enfin un progrès de la civilisation...  Un peu analogique comme mode de projection dans l'avenir, cette manière de voir a l'avantage de ne pas succomber aux vertiges de l'immédiat, et  à consacrer l'impossibilité absolue d'une solution prochaine à nos maux, tout en gardant l'espoir. Un temps propice à écouter de la musique. 

     

    P.S. Abdelkader Merah est acquitté. Pas de preuve directe de l'implication d'Hitler dans les crimes nazis... Le symbolisme n'est pas mou, il est vomitoire. 

  • Les libertés

    A l'occasion d'une tentative en cours de changer les idées ordinaires sur le monde, il convient de se relier aux théories exprimées, elle permettent de faire justice de certains avis ou tendances, toujours pilotés de l'extérieur par des corpus réfléchis dont il suffit d'avoir le texte pour en prendre la mesure. 

    http://www.laviedesidees.fr/Une-theorie-liberale-de-la-religion.html

    https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance/lideal-republicain-44-la-laicite

    Cecile Laborde parle au nom des néo républicains qui à la suite de Philip Pettit promeuvent la "non domination". Il s'agit d'une conception de la liberté qui se veut alternative à la fameuse dichotomie de Isaiah Berlin entre liberté positive et liberté négative. Il faut tout de suite préciser que Berlin fait le choix de la liberté négative, dite "des modernes", se définissant comme négation de la contrainte, par opposition à la liberté positive, dite "des anciens", toute emplie de la notion de maitrise totale de soi et des autres, ce qui a bien des inconvénients. 

    Tout cela vient des conceptions de Benjamin Constant, auteur de la distinction, et contempteur de Rousseau, qui voulut rendre illimitée la liberté du peuple, alors que selon Constant, l'Etat ne doit que faire respecter le droit naturel.

    Dans le cadre de la discussion sur les libertés en général, il faut mentionner le très intéressant essai sur Bentham,  https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01017737/document, et aussi https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2011-3-page-125.htm. Sans oublier http://blog.turgot.org/index.php?post/Thellier-Libert%C3%A9-Responsabilit%C3%A9. 

    En gros les choses restent relativement complexes, les libertés négatives pouvant s'exprimer avec Hobbes comme renonciation aux libertés source d'anarchie, le Léviathan donnant la sécurité et donc la liberté à son détriment même, ou bien pour Bentham, il n'y a de liberté que générale, le souverain ayant seul la possibilité de faire le droit en instaurant ce qui la rend vraiment possible. Dans les deux cas, il y a la funeste domination, ennemie du genre humain moderne et qu'il convient de supprimer à tout prix. 

    Car le "moderne", le vrai, est confronté à la pensée nécessaire de l'autre, l'extra marin (que dis je l'hyper marin), qui présent sans qu'on puisse s'y opposer bien sur, réclame des droits compatibles avec sa religion et surtout avec son identité culturelle indémodable. Bien que sa défaite totale séculaire face précisément aux théoriciens de la liberté soit absolue, il se rend incontournable car on ne souhaite préserver à toute force que ce qui est promis au néant. 

    Il convient donc de faire disparaitre du concept de liberté tout ce qu'elle a de négative bien sur, la chose reposant sur la nécessité du souverain, objectivement la cible du délitement volontaire en cours. 

    Car la liberté positive, comme concept ancien,  reste de nécessité comme celle collective de l'imposition du bien, c'est la thèse de Berlin et ce que veulent laisser nos modernes aux vieilles cultures identitaires, qu'on ne peut réduire. Il faut donc totalement cesser de les vouloir dominer, on ne doit pas vexer ce qu'on ne peut vaincre. 

    Cette ré-instauration du positif, à son détriment, est typique d'une tentative de prise de contrôle du monde qui vise précisément à faire disparaitre la liberté: il ne faut pas que ses volontés puissent s'opposer à un libre choix institué, et donc il faut réprimer la désapprobation des modes de vies et systèmes de valeurs concurrents, pourvu qu'ils ne remettent pas en cause la répression en question. 

    Circularité de l'oppression et auto fondation de la souveraineté absolue: le principe impérial dans toute sa splendeur, qui n'a d'avantageux que l'objectif pacifiste global. Tous les complots pourront s'y dérouler, le terrain, le terrain est là pour les abriter, ils s'annuleront les uns les autres, c'est comme cela que les empires dominent, ils en ont seuls le droit. Prenez les empires coloniaux, bâtis sur les confrontations entre nations qu'ils étaient les seuls à pouvoir interdire, instaurant pendant leur règne des paix remarquées. 

    Car il faut bien comprendre que les ensembles "nationaux" à l'intérieur de l'Empire, sont porteurs des formes de liberté positives traditionnelles, qui si elles se retournent effectivement vite en fanatisme, ont le mérite de pouvoir réaliser les différents égos. Pourvu que la haute classe, cynique et approvisionnée, y trouve son compte et nous y voilà. Cujus prolo, cujus religio.

    Et bien cela ne tient pas, et n'a pas tenu malgré plusieurs tentatives. Qu'on ne parle pas de la Chine, qui a instauré forte de l'expérience mongole, un racialisation démente de son bassin géographique et qui se trouve être en fait la plus grande nation ethnique au sens strict du monde. Il n'y a jamais eu d'empire là dedans, le mot est tout simplement impropre, à part bien sur les ouigours et les tibétains, tout simplement écrasés et doucement exterminés. 

    Marqué par la terrible confusion post nationaliste qui préside à l'effondrement et à la transmutation du socialisme, la connerie moderne s'enferre dans un fédéralisme européen ou canadien qui veut faire la part belle à ce que l'on continue de croire à tort capable de payer nos retraites. D'où l'abandon de la nation, seule capable de maintenir les libertés dans un ensemble homogène librement et historiquement choisi, tirant de ce principe unique la motivation et la fierté de soi nécessaire aux grandes choses.  

    Qu'on ne s'y trompe pas: la liberté "négative" comme absence de contraintes suppose encore un souverain en charge de faire respecter le contrat: il ne doit pas se masquer derrière une nécessité historique ou psychologique et il faut discuter de ses droits et de sa légitimité. Seul le choix libre symbolisé d'un maitre individuel peut constituer cette légitimité. Au besoin, la fonder dans le temps au grès des solidarités familiales, mais sans jamais remettre en cause le possible déni, du refus ou de l'expatriation, pour cette raison même d'ailleurs. 

    Mon propos a donc bien pour objet de remettre en cause la distinction de Berlin, qui a pour faiblesse d'attaquer Rousseau, qui se trouve, on l'a pourtant déjà dit ici, pourtant la seule solution au problème de la justification du souverain. Ni nécessaire au maintien de la paix, ni conventionnel c'est à dire insulaire, ni même impérial et les USA sont ils un empire, le national strict est une entourloupe symbolique certes, mais fondatrice, et qui vaut bien la trinité. Voir avant. 

     

  • Faggot veux dire Basson

    Vivaldi est connu aussi pour ses concertos pour basson.

    Cela pour célébrer une magnifique "perle" de Youtube: 


    Il me faut signaler cette étrange partie de l'art de Vivaldi, qui avec le basson donne dans le difficile et pourtant dans le plus héroïquement sublime. L'introduction orchestrale du 484 est absolument incroyable et tout le reste du concerto à l'avenant, le son étrange du basson qui arrive en avive l'incroyable et baroque, totalement baroque, on ne peut en dire plus, échange entre l'individu et la société qui s'en suit. 

    Comment percevait on le son à l'époque? Comme maintenant, le basson dit "baroque" ayant bien sur le son chaud. Mais comment peut jeter à la figure des gens cette introduction flamboyante interrompue après dix secondes, qui semble dégénérer avec cet aboiement rauque et sombre ? Et bien Vivaldi est capable de ça, et le prouve. 

    Bon la perle en question est tout à fait remarquable: présentation, prise de son et jeunesse des musiciens, tout est parfait.  La puissance et le mystère de la chose sont là. Les gros plans sur un basson en activité sont splendides. 

    On finit par comprendre: le retour répété de la solitude du pouet pouet grave, et l'émotion qui peut en jaillir avec bien sur la bande de fou fous derrière avec leurs violoncelles qui varient et accompagnent dans la fabuleuse gratuité mélodique géniale que nous offre Vivaldi: de la pure générosité, c'est le moins qu'on puisse dire. 

     

    Voilà, c'est très bien le basson. Et Vivaldi a 39 concertos de ce type. 

    Bravo la fagottista ! 

    Au fait on n'explique ces 39 concertos que par la présence à la Piéta d'une fagottista séduisante... 

    Il y a des versions du concerto mieux jouées, avec un basson mieux maitrisé, et des sonorités plus douces et plus variées. Qu'importe ! 

  • Richter et la marche funèbre

    La sonate no 12 de Beethoven, opus 26, dite de la "marche funèbre" est jouée par Sviatoslav Richter sur YouTube dans une de ces inimitables clips des années 70 russes, la grande époque. 

    https://www.youtube.com/watch?v=1JM1dw6BfPs

    Richter, toujours raide et timide, apparait, se courbe brièvement, massacre le piano, se lève et repart sans un mot. 

    L'incroyable puissance du bucheron est toujours aussi surprenante: sa netteté et sa force en fait le plus grand pianiste du monde, j'adore ça. Cela tient il au physique? Il ressemble physiquement à Bach, ou à Beethoven, à cinquante ans et se trouve être, c'est l'objet de ma rêverie, l'image même du mâle blanc chauve cinquantenaire et bedonnant, objet de toutes les détestations et de tous les ressentiments. Et bien il est aussi un homosexuel de la russie communiste des années soixante, un hypersensible et hyperprofond génie de la musique, mort massacré par une injuste maladie dont, maigre et larmoyant il nous parla à la fin, tout maigre, lui la tempête... 

    La marche funèbre, pour Beethoven, c'est toujours celle pour un héros inconnu et indéterminé, celui dont la mort est présente au début du XIXème siècle. 

    En parlant de la marche funêbre, il faut savoir que Richter refusa de jouer celle de Chopin, il ne supporta pas qu'on la joue pour la mort de Staline. Celle ci n'a que plus grand écho. Richter est lui un de ces héros. 

    Juste après, un mouvement rapide primesautier, étrange, tout comme cette ode à l'énergie du trentenaire qui sait déjà ce qui va lui arriver et qui lui est déjà arrivé en fait (la surdité). On y trouve toute l'énergie du monde, et la lumière aussi, c'est éclatant. Les dernières

    Richter est le Chuck Berry Russe de la musique classique, mais pur interprète, il ne vécut que par la musique soit disant du passé, celle qui reste la musique, tout simplement, la chose...  

  • La Trinité

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    Il faut tenter de comprendre ce qu'est la Trinité, qui reste l'invention géniale qui façonna l'Occident. Occident avec un grand O, l'ensemble culturel géographique né des prédications chrétiennes sur les ruines, qu'il provoqua d'ailleurs, de l'empire Romain. 

    Il ne s'agit pas bien sur de prêcher une signification profonde quelconque qui serait issue de quelque chose qui est intrinsèquement et structurellement contradictoire et largement absurde, voire totalement incompréhensible, voire impensable. Pourtant ça l'est, car ce le fut, et il faut bien en rendre compte, au moins par un  petit esprit comme le mien. 

    Le dogme en question est bien sur primordial, il tente (et y réussit au moins pendant une période de temps assez longue) de définir et Dieu et la religion dite chrétienne, car construite sur un personnage historique divinisé de manière extraordinairement particulière, c'est l'enjeu du truc que de le décrire en détails. 

    La première chose à dire toutefois est que la description en question ne peut être faite qu'après coup, sur la base de l'une de celles disponibles au préalable et il y en a, c'est bien le problème, plusieurs. 

    Plusieurs avant, et après l'élaboration du dogme unitaire, d'ailleurs partagé par les protestants... Car bien sur il y a LES fois, celles dont le théologien pourrait ou devrait rendre compte, à moins qu'il ne s'adapte à d'autres plus anciennes qu'il souhaiterait remettre en vigueur, ou à de nouvelles qu'il voudrait imposer pour faire avancer le schmilblick. Car il faut bien le dire, la façade est complexe et les guides qui la font visiter improvisent un peu devant des touristes qui ne jouissent en fait que du simple bonheur d'être là: ce qui la fait tenir n'est pas apparent, c'est le moins qu'on puisse dire.

    Naturellement, la notion de "mystère" est la clé du dogme, qui se contente de verrouiller avec un ramassis de conceptions subtiles issu de toutes les synthèses possible de centaines d'années de controverses. Toutes les issues ont été identifiées, les pièges et les voies dangereuses explorées, les solutions trop faciles écartées etc. 

    Le résultat est bien sur, aujourd'hui comme hier, le "hier" datant du siècle d'avant le précédent, un grand contentement de soi de la part de l'apôtre qui vous rit au nez: comment? Ce beau mystère ne vous convient pas ? C'est pourtant simple : 1 = 3. Capito ? 

     Il faut bien comprendre que cette manière de voir là a été pensée en tant que telle: la trinité comme incohérence logique a pour vocation a être une non-pensée explicite pour la foi chrétienne. C'est comme ça que s'en sortent les horribles faux culs ultimes que l'on essaye de coincer. Ils n'en continuent pas moins à philosopher la chose et à la polir dans toute sa complexité "signifiante", la foi étant entretenue dans ce qu'elle est, antérieure à la parole, mais pensée et vécue dans la parole et donc porteuse intérieurement et extérieurement de paroles diverses. 

    C'est cet équilibre là qui fait vivre la trinité, mais il faut aussi comprendre qu'il est sous contraintes, la description de celles ci étant bien passionnante. 

    Pour en terminer, il faut savoir que le mystère n'est pas "biblique" mais construit par l'église et se trouve, bien subtilement considéré comme "expression" plutôt que comme "objet" de la foi, du moins pour les protestants. Tout ça pour dire qu'il y a bien cet aspect là de la chose, les églises et la logique étant en quelque sorte "dépassées" par ces formulations: comme si le peuple dans ses croyances bizarres s'imposait aux églises, à elle de trouver une formulation pour les bizarreries de ce qui "monte". 

    Bien sur le concept s'est construit dans le temps. Ainsi, on doit bien distinguer 3 périodes: les premiers temps, dont l'élaboration paulinienne, les grandes réflexions du deuxième et troisième siècle, et la stabilisation finale, encore en vigueur. 

    Les débuts

    Au début, il n'y a de traces que d'après les premiers écrits, évangiles dit "synoptiques" (les 3 premiers) le quatrième (Jean) étant assez différent. 

    On ne trouve pas trace du concept en tant que tel, mais bien sur tout tourne déjà autour, on a tout le monde, "mon père", le fils "de l'homme", et le paraclet qui va prendre le relais après le départ. C'est sur cette base de concept toujours présent, toujours répété mais jamais explicité que va croitre cette foi non exprimée en un Dieu multiple qui néanmoins reste un. Cela jusqu'à la formalisation, la mise au clair si on peut dire. 

    En tout cas, dés l'origine, la question est posée: comment expliquer, concevoir, accepter, annoncer la relation qu'entretient l'homme Jésus dont on se réclame et la divinité ? Comment y clarifier la notion de "saint esprit", entité juive bien connue issue de Dieu. Bref, que l'on élabore là dessus est essentiel: comment parler de cette foi, tout à fait intense par ailleurs à l'époque, sinon?

    Un aspect important, au sujet de l''Esprit Saint'. D'abord c'est un concept juif, la chose (...) agissant au nom de Dieu est la "rouah", le vent divin, ce qui souffle, qui inspire, qui fait bouger. 

    C'est le fameux Paraclet dont Jésus parle comme devant le remplacer après son départ. De fait, à cause de sa prétention à la divinité, il est AUSSI l'esprit du fils, l'esprit de Jésus lui même, donc. 

    L'élaboration

    Au deuxième siècle tout explose: non seulement il y a les gnostiques et leurs élaborations plutôt olé olé, mais aussi des explorations de toutes les possibilités de combinaison entre les termes existants de la trinité, suivant les ontologies réalistes ou non des théoriciens variés. On finit par lancer le mot: "trinitas": c'est Tertullien mort en 220 qui s'y colle. 

    Car avant de parler de trinité, il faut bien parler de la nature de Jésus, humain sans nul doute mais aussi bien près de Dieu.  Comment ? 

    L'adoptianisme

    La première théorie est celle logique de l'adoption: un homme particulier, Jésus, est adopté par Dieu comme véhicule de la divinité suite à son supplice. L'adoptianisme nie la divinité particulière de Jésus, Dieu restant unique,non trine et libre de se manifester à travers un homme particulier. Issu des doctrines de Paul de Samosate (260), d'Antioche, cette idée fait des ravages. 

    Elle engendre l'Arianisme, d'Arius, encore un berbère, qui traverse la grande persécution de Dioclétien en 311. Il meurt de colique en 336, après le concile de Nicée qui le condamne. C'est le concile de Constantinople de 381 qui termine vraiment l'aventure. La foi officielle est le symbole de "Nicée Constantinople", c'est l'édit de Thessalonique de 380, signé Théodose. 

    Au passage le fameux "iota" dont il ne faut pas bouger c'est celui que rajoutent à tort les semi ariens en parlant de la substance du fils "semblable" (homo-i-ousios) à celle du père au lieu de l'identité des substances ("homo-ousios") imposée par les Nicéens. 

    On parle aussi de "subordinationisme", car le fils est inférieur en tout au père. 

    L'"unitarisme" en est l'appellation la plus générale, sachant que des unitariens sont apparus en Pologne et Lituanie au XVIème siècle, on doit mentionner Jean Sigismond de Transylvanie. 

    Le Modalisme

    La seconde est celle du modalisme. Trinitaire cette doctrine ne conçoit les personnes que comme des masques, successifs d'une personne divine conçue comme strictement unitaire, en fait... Praxéas, Noët, Sabellius en sont.

    C'est Sabellius qui modalise dans le temps avec une succession des rôles tenus par Dieu. Cette idée baroque et théatrale, toute entière conçue pour préserver l'unité divine fut condamnée, et sa condamnation (Rome 261) utilisée plus tard par les arianistes pour renforcer leur propres positions. Sabellius vécut à l'époque d'Héliogabale,  en 218.

    Praxéas fut l'ennemi de Tertullien (auteur de la célèbre phrase: "il (Praxéas) avait rendu un double service au diable en chassant le paraclet et crucifié le père".), et dénoncé pour son patripassianisme: Jésus ne pouvant être différent de Dieu, c'est donc Dieu lui même qui souffre sur la croix, c'est la passion du père... 

    Noët fut un ennemi d'Hyppolite de Rome qui le dénonça dans "contre Noetus".  Pour lui, le père était le fils et réciproquement, le père était son propre fils, littéralement. 

    Voir http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2017/08/10/la-nature-du-christ-5970231.html.

    Le Dogme 

     Le dogme courant est bien celui d'une substance divine unique partagée par les 3 personnes distinctes. Il affirme aussi, et soutient que la doctrine, même si elle n'était pas formalisée à l'origine est bien celle de la foi dite "des apôtres", celle des tous premiers chrétiens d'avant l'Eglise. 

    Il identifie aussi la trinité à l'Eglise elle même, l'organisation humaine nantie du pouvoir sacré de perpétuer l'action de l'Esprit Saint, force invisible qui continue l'oeuvre... 

    Puis après...

    Bien sur, la suite, c'est à dire les différentes philosophies élaborées au cours de la suite de l'histoire, quand elles approchent les conceptions de Dieu et de son cher fils, ne sont que broderies autour des thèmes explorés à l'époque. Le modalisme est évidemment une piste de choix, voire, une autoroute...

    Par exemple, Schleiermacher, Swedenborg et Hegel sont clairement modalistes, Hegel attribuant les modalités suivant les fonctions, l'esprit étant l'Eglise, Sch... parlant des trois aspects de Dieu. (à développer). 

     La nécessité de la trinité

    Mais il n'y a pas que cela: l'aspect trinitaire du divin chrétien pourrait avoir une nécessité conceptuelle structurelle. Bien en phase avec notre époque, Charles Norman Bartlett (avec aussi William Shedd et John B. Champion ) en défend l'idée, de fait assez logique, la simple présence de Jésus au voisinage de la divinité impliquant forcément quelque chose de similaire à une collectivisation du concept divin. Mieux, cette collectivisation est indispensable à la personne conceptualisée de Dieu. Un argument, précisément, est que le Divin est nécessairement personnel (ne serait ce que pour rendre la prière possible), et que donc cette personne est forcément structurée comme en relation avec d'autres personnes à l'intérieur de son unité. 

    On a donc ici une description radicalement opposée à celle de l'unité solitaire d'un Dieu radicalement unique, et bien sur de tout modalisme, l'ontologie est bien "trine" et tente de la penser. 

    Est on là dans ce qu'on appellerait une théorie "analytique" de la religion?  

  • Le théorème de Pythagore

    Au fait comment on le démontre ?

     

    La démonstration d'Euclide est tout de même contournée:

    pytha_euclide.png

    Elle est entièrement basée sur un lemme: deux triangles inscrits dans un rectangle avec un coté commun ont même surface, égale à la moitié de celle du rectangle.

     

    Le carré de gauche a pour surface a carré, celui de droite b carré et celui du bas c carré.

    Le triangle BFA est le triangle BOG tourné de 90 degré vers la gauche.

    Sa surface est la moitié de celle du carré de gauche.

    De la même manière le triangle BOG a pour surface la moitié du rectangle BJKG qui a donc pour surface a au carré.

    Un raisonnement similaire nous donne b au carré pour le rectangle JAEK.

    et donc, c carré égale a carré plus b carré.

     

     

    La démonstration de Léonard de Vinci est bien plus belle:

    vinci.pythagore.png

     

    On déplace juste les structures...

     On fera un déplacement de O sur F et de B sur E...

    Il devient alors évident que les deux hexagones du haut et du bas sont égaux et en retirant les deux triangles d'origine, on a égalité entre le carré du bas et les deux carrés de droite et de gauche.

    Les deux hexagones sont bien sur FEGDAB et OAHIGB

     

     

     

     

     

     

     

    Y a celle de Bonaparte, qui tourne à l'évidence brute:

    pytha_garfield.gif

     

    On duplique le rectangle à problème.

     La surface du trapèze c'est bien sur  la moitié de (a+b) au carré.

    Donc le triangle du milieu a pour surface celle du trapèze moins deux fois la surface du triangle rectangle:

    (a+b) carré - 2 (a*b)  = c carré = a carré + b carré

  • Le coran de Rachid Benzine

    Rachid Benzine dont j'avais lu il y a bien longtemps les "nouveaux penseurs de l'islam" décrivant les frasques de Abdu et El Afghani, fondateurs éclairés à la fin du XIX ème siècle du salafisme moderne (et oui), commet une explication du coran destinés aux nuls en forme de dialogue.

    http://en.calameo.com/read/005202692621f4f02670c?bkcode=005202692621f4f02670c&view=scroll

    Réjouissant mais porteur d'une thèse qu'il convient d'expliciter...

    Le Coran est le produit d'un lieu, d'une époque et d'hommes. Voilà la clé, d'après lui. Mais il va plus loin, il (le Coran) respecte les moeurs de la société arabe du 7ème siècle: il ne pouvait changer le mode de vie de l'époque, bien sur.

    Cette affirmation en forme à la fois d'évidence et de dépit caractérise le constat. Mieux, Benzine rajoute: le coran "ne fait pas d'anachronisme" au nom d'une règle divine extérieure. Ainsi donc, Dieu se serait "adapté".

    Il ajoute: "ce qui n'enlève rien à sa richesse et à son intérêt pour nous".

    Et c'est alors le grand commentaire de la sourate 4 (Les femmes), celle qui contient le célébre "frappez les" (qu'on peut traduire aussi par "corrigez les") avec aussi l'autorisation de la polygamie dans la limite de 4.

    L'explication, lumineuse et éclairante, et surtout hautement convaincante, est que 1)  la polygamie est justifiée dans le texte du Coran par la nécessaire protection des orphelins et 2)  "corriger"  les femmes (les battre) s'explique par la nécessaire résolution des conflits entre clans, la recherche de la conciliation étant à ce prix.

    Voilà donc ce que produit l'islam des lumières expliqué par la figure de proue de l'islam libéral. On y ajoute pas que le coran est parole divine (ou le contraire)

    J'avais eu l'occasion à plusieurs reprises de protester contre ses citations du coran, toujours tronquées et à contre sens de l'immédiate interprétation, généralement à la hauteur de ce qui apparait comme un prodigieux et cynique foutage de gueule autoritaire. D'un verset à l'autre, on passe de "nulle contrainte en religion" au mécréants qui resteront dans le feu éternellement. Jamais le sens pacifiste (évoqué devant des mécréants) n'est nuancé ou expliqué en rapport avec les malédictions épouvantables qui suivent immédiatement parfois dans le même verset. Une effroyable langue de bois terrorisante, digne des pires menaces des pires tyrannies est en permanence à l'oeuvre. Dans ce discours là.

    Pour illustrer l'effrayant cynisme du passé et du présent, voir:

    https://oumma.com/point-de-contrainte-en-religion-partie-1-abrogationnisme-abrogationnistes/

    dont la conclusion: "on ne doit rien abroger" est un régal d'hypocrisie religieuse après un texte entier consacré à l'histoire de l'interprétation réaliste, complètement réaliste, (on se demande bien ou est l'herméneutique là dedans) de l'expression littérale de la nécessiter de tuer ou d'obliger à faire "quelquechose".

    Comment un intellectuel présent sur la scène publique française, de nos jours, peut il se livrer à pareils discours ? Jamais la moindre nuance, la moindre allusion à ces doutes, à la perception au combien évidente que tout cela est exclusivement consacré à imposer obéissance et soumission à des principes rituels et moraux.

    Tout est dans le "exclusivement" sans doute... Y a t il échappée vers "autre chose" ? Oui, nous dit on: une volonté de "justice". Le terme est souvent mentionné et son usage systématique caractérise les revendications et autres proclamations relative à l'islam en général, faites par ceux qui s'en proclament soutiens à un titre ou à un autre.

    Qu'est ce que la justice et qu'est ce que son exigence? Une grande partie du mystère est là. On pourrait gloser sur la paradoxale souffrance d'un islam comme contenu implicite d'une protestation envers l'histoire tourmentée des destructions mongoles ou turques de l'identité arabe, mais aussi de la protestation chiite contre les malheurs de la transmission, et plus généralement comme un regret permanent des origines, seule source de justice et qu'on identifie à la seule constitution humaine possible celle dirigée par un envoyé de Dieu lui même et qu'on sait bien sur impossible. Le terme "malheureusement" si souvent employé dans les réflexions musulmanes désabusées est souvent bien plus présent que le "inch allah" de la tradition orientaliste.

    Le thème de la "justice" est donc celui du perpétuel malheur des peuples opprimés pour toujours, que la religiosité se complait à cultiver et qui sied admirablement à l'héritage troublé des peuples du tiers monde migrants triplement malheureux: de leur pauvreté originelle, de l'oppression coloniale qu'ils subirent, des discriminations qu'il subissent hors de chez eux. L'image mythique et d'ailleurs religieuse du prolétaire éternel est bien présente en occident et nourrit l'idiotie utile des post communistes nostalgiques de la tyrannie du bien.

    Et puis la justice c'est bien sur l'opposition entre ce pilier (LA justice) des sociétés démocratiques, écrit, formalisé, discuté et aussi indépendant, administré par le seul vraiment capable d'injustice, le très humain juge, et bien sur d'autre part, le sentiment immédiat de révolte contre l'injuste partage à son détriment, ressenti dés les plus jeunes âges de la vie et exploité par toutes les démagogies.

    Je ne voit hélas dans la justice de Benzine que sa forme basique dont tout prétend qu'elle n'est possible que par la présence permanente d'une autorité absolue et inflexible. Quoi d'autre ? C'est de cela dont on voudrait parler: de ce qui pourrait corriger la désastreuse impression donnée par ce tissu de malédictions délirantes. Mais hélas, on ne trouve que ce qui renforce le cynisme perçu, marque du religieux établi en position de pouvoir, exclusivement porté à dominer sans partage. Une idéologie totalitaire de l'antiquité tardive.

    A partir de là, sachant, et Benzine le sait mieux que d'autres, qu'un projet est toujours en cours pour exploiter ces discours afin de réveiller et stimuler la conscience triste de peuples du tiers monde toujours accablés par leur déclassement historique définitif, on ne peut qu'être saisi d'inquiétude. Car l'"islamisme" est là, comme idéologie politique construite sur un islam utilisé comme réaction contre un occident considéré comme une menace par l'identité arabo musulmane et la culture Islamique (avec un grand I). Cette revendication sous sa forme extrême est portée actuellement par un état autoproclamé qui se dit "islamique" et qui nous a tué et blessé récemment 300 de nos compatriotes.

    On se prend à vouloir le menacer et lui expliquer à lui le tolérant intellectuel (sa ceinture verte de kickboxing me dissuadant de le faire en face) qu'on ne le croit pas et qu'il n'est qu'un fripon menteur. Quand aux imams fanatiques et antisémites qui eux ne prennent pas de gants, on ne voudrait leur administrer que des coups de bâton, bien sur.

    Cette dénonciation de l'hypocrisie religieuse fondamentale dont je me fais l'écho et le moteur même de la passion violente religieuse à l'origine de l'explication du mystère de ces "religions de paix" qui se consument dans les plus effroyables violences. Qu'elles se consument, mais sans violence si possible: une appréciation juste de la non sincérité devrait conduire les âmes inquiètes hors de cet infernal labyrinthe: si Dieu existe qu'il détourne les hommes des affreuses interprétations de sa soi disant parole, sources des plus terribles fureurs pour et contre elles, pourvu que leurs règnes n'arrivent pas.

     

     

  • Les types

    La notion de type est bien connue des informaticiens, enfin de ceux qui ne se complaisent pas dans les hacks foireux à base de javascript ou de LISP, bref, de toutes les hideuses manières d'encoder n'importe quoi dans n'importe quoi en suppliant dieu que ça marche. Saint Jacques, patron des informaticiens priez pour nous.

    Le "type" est au contraire un concept puissant, au coeur des spéculations encore irrésolues des plus hautes mathématiques contemporaines.

    https://www.ias.edu/ideas/2013/homotopy-type-theory

    C'est Grothendick lui même, juste avant son départ vers l'absolu qui signala la chose: de nouveaux fondements des mathématiques sont en cours de creusement:

    https://www.ias.edu/ideas/2014/voevodsky-origins

    L'incroyable complexité de ces considérations m'est évidemment hors d'atteinte, mais je remarquerai d'une part que je ne suis pas le seul, et d'autre part que les confessions de Voevodsky me vont droit au coeur: ses démonstrations buggées à mort que seuls de rares vérificateurs peuvent corriger, et que donc, seul des "assistants de preuve" peuvent vérifier font partie d'un monde qui s'avance à grands pas, et qui est celui de l'information pure, devenue vivante dans les ordinateurs receptacles actifs de la vérité et donc du réel (hmmh).

    Néanmoins, il convient de réaliser que cette idée de type fait apparaitre d'autres idées parfaitement fascinantes, et dont la beauté extérieure vaut le détour.

    D'abord que la structure d'existence des objets les fait surgir du néant et que la manière dont sont définis les types par exemple vaut absolument d'être considéré. Bien au delà des ensembles qu'on me força à apprendre en sixième, ce qui ruina (en fait non, je ne crois pas) mes capacités ultérieures, les types tout commes les catégories, et maintenant les groupoïdes, sont des objets vivants, animaux d'un bestiaire qui fait tenir les conceptions modernes de l'intelligible. Même si Voevodsky dit que personne ne peut comprendre ce qu'on en fait (ou presque) je reste persuadé qu'on peut les approcher d'une manière ou d'une autre, de façon à se rincer l'oeil, c'est la seule chose qui importe.

    Les "types" (tels que décrit par Martin-Löf, qui est une seule personne malgré l'aspect composite son nom, son prénom est Per, mais il est vrai qu'il a beaucoup travaillé avec son frère Anders) permettent de fonder les mathématiques, soit, mais surtout forment la texture théorique des languages de programmation modernes, Idris, le successeur autoproclamé de Haskell, étant connu pour implementer les types dépendants, invention de Per et augmentant énormément l'expressivité des "vrais" languages, les langages de programmation...

    Il faut mentionner que le language fonctionnel Haskell (du prénom de Curry) est (plus ou moins)  l'héritier main stream du système F de Girard, tentative des années 70 pour faire un lambda calcul "typé", le compilateur d'un vrai language étant d'abord le calculateur du type des expressions tapées, tâche fondamentale et amicale qui en fait le meilleur ami de l'homme. Je ne plaisante pas: qui ne sait pas ce qu'il doit au merveilleux robot capable de deviner pareille chose de façon exacte n'est qu'un disciple de saint Jacques, un malheureux.

    Bien sur il faut mentionner les langages de la lignée de ML, qui firent les assistants de preuve LCF, HOL, Isabelle et aussi Coq. Au fait, les théorèmes ne sont bien sur pas démontrés dans le langage de programmation, bien sur: c'est le modèle de preuve qui est programmé (hacké avec fureur et immense difficulté) dans le langage en question, à qui on demande simplement d'être le plus agréable possible à manipuler, et donc d'avoir un système de types le plus puissant possible, la circularité qui découle de tout ça étant réjouissante.

    En parlant de la guerre des Maths, il faut aussi mentionner que Martin-Löf, en voulant généraliser le système F, se fit recadrer par Girard qui démontra son inconsistance. Il se rattrapa par la suite, au demeurant, sa théorie des types a plusieurs versions toutes mieux débuggées que les autres.

    En parlant de Curry, il faut mentionner, cela le fut déjà ici le fameux isomorphisme de Curry Howard, parangon de la vraie rencontre entre les maths et l'informatique, mais quel est il exactement ?

    La correspondance fonction programme.

    Tout d'abord, on commence doucement, il faut réaliser que la notion de fonction est d'abord logique et ensembliste. L'associer à un programme qui calcule à partir d'une entrée x la "valeur" de f(x) demande un effort. Un petit. Mais ce n'est pas cela dont il s'agit...

    Ensuite, on passe à plus dur: la mise en correspondance d'une proposition (une sorte de fonction de ses variables libres, mais calculable dans un langage primitif de connecteurs logiques qui n'ont rien à voir) avec l'ensemble de toutes ses preuves... Caractériser une chose par un ensemble indéfini est typique d'une approche particulière de la vie, surtout quand cet ensemble contient des choses aussi "spéciales" que des preuves, voire est défini, précisément, par le fait que ses éléments sont des "preuves".

    Surtout que la caractérisation se complète: une implication entre propositions se trouve associée à l'en semble des fonctions entre les deux ensembles de preuves. Nous y sommes. La correspondance des quantificateurs vaut aussi le coup d'oeil, ExAB étant l'exhibition d'un élément a de A et de l'ensemble des preuves de B ayant lié a; AxAB étant le produit de toutes les preuves de B liées à chaque élément de A.

    Cette "interprétation", typiquement intuitionniste, est dite celle de BHK (Brouwer, Heyting et aussi Kolmogorov). Elle revient à identifier vérité et preuve et à ne considérer valide que ce qui est prouvable et aussi à identifier calcul sur des ensembles de preuves et calculs de validité de propositions.

     Les fondamentaux

    On reprend tout depuis zéro, les mots ont un sens.

    Un terme est un objet, peut être composite mais objectif, par exemple x+1. Dans un terme, on trouve des constantes, des variables et des fonctions qui définissent des termes en fonction d'autres termes.

    Un prédicat est une relation, ou l'affirmation d'une relation entre termes, par exemple x<y

    Une formule ou proposition est un assemblage de prédicats portant sur des termes. Les ou et/ou et permettent d'assembler des formules entre elles. Les formules quantifiées sont des sortes de prédicats sur les formules. Ainsi donc, une proposition est une "affirmation".

    A partir de là tout explose, car on a l'affirmation de "vérité" en logique classique et l'affirmation "a une preuve" en logique intuitionniste. C'est toute la différence, la notion de "vérité" étant for discutée, on n'a pas fini de voir comment. Tout d'abord l'identification faite plus haut est rejetée par Per: il y a une distinction fondamentale entre le texte de la proposition et l'assertion qu'elle "implique", le jugement à son sujet.

    On trouve partout des articles de Per au sujet des DEUX niveaux de la logique, répétant qu'il y a bien deux domaines de discours, identifiés par  le "|-" des "propositions" et la grande barre horizontale des "assertions" qui les sépare. Le "raisonnement" (on en a parlé précédemment) est bien le calcul des assertions...

    http://docenti.lett.unisi.it/files/4/1/1/6/martinlof4.pdf

    Per considère que son travail philosophique consiste à clarifier ces deux notions, c'est dire que j'avais bien compris qu'il y avait bien un truc là.

    Le lambda calcul

    Il faut mentionner cette formalisation du calcul, inventée par Alonzo Church: l'idée est d'abstraire les opérations sur des objets par la notion de fonction, capacité d'application à un argument d'une procédure operatoire. xF, avec F contenant des réferences à x (on note lambda ""). L'application de xF à une valeur a, notée F[x/a] est le calcul élementaire, dit "béta reduction".

    Pour faire vite, on démontre que le lambda calcul (l'ensemble des "lambda termes" et de leur combinaisons et application) est confluent (de la garonne), c'est à dire que les bétas se réduisent finalement en une forme dite "normale" unique. C'est le théorème de Church Rosser, qui s'applique à ce système là de réécriture. 

    C'est pour cela qu'on peut "raisonner" sur des programmes écrits avec des lambdas: on applique et on réduit "à la main" (ou à l'oeil), et on est sur que l'ordi fera pareil. 

    Au passage, alpha désigne l'équivalence entre deux termes qui ne diffèrent que par le nom de leur variables liées:

    x.x est alpha équivalent à y.y  

    Au passage, le caractère lambda ressemble à une flèche dirigée vers la droite, vous ne trouvez pas? 

    Les points fixes

    On ne peut pas ne pas pouvoir (ad infinitum) citer la notion de "point fixe", l'opérateur "fix" qui s'applique aux fonctions leur calculant leur point fixe (ou du moins l'un d'entre eux), soit la valeur qu'elle ne transforme pas.  

    Une implémentation de "fix" est le célèbre combinateur Y (la société de venture capital "Y combinator" a choisi ce nom pour cela). Un combinateur est une expression sans variable libres et on a : 

    Y = f. <corps d'une lambda sur la fonction f >

        x.f(x x)   $   x.f(x x ) 

    Pour lire ça, on notera que "x x " désigne l'application de la fonction x sur x, et que "$" met entre parenthèses ce qui suit.

    Si on réduit béta-ément Y f, on trouve:

    Y f =  x.f(x x)   $   x.f(x x )  = f(x x)  [x = x.f(x x ) ] = f ( Y f) 

    Ce qui prouve ce qu'on veut, c'est à dire que Y f est bien un point fixe de f, mais ne le donne pas pour autant...

    Par contre, Y est super utile.

    Parcequ'il permet de béta réduire une définition de fonction récursive, interdite par le lambda calcul:

    "f=x.x==0?1:f(x-1)" (= "f=<B(f)>") est interdit: f comme variable libre, ne peut référer la fonction courante... 

    Soit F = f.<B(f)>

    F est une expression valide, et pour calculer une valeur de notre fonction qu'on voudrait récursive au point p=2,  on va réduire (Y F) 2: 

    (Y F) 2 = (F ( Y F)) 2 =( <B(f)> [f=YF]  ) 2  = x==0?1:( F Y) (x-1) [ x = 2 ]  =  (F Y) (1)  

    On a donc l'opérateur de point fixe, pure magie, qui rend récursif ce qui ne peut pas l'être... 

    Les types

    C'est le moment de passer aux types. Le lambda calcul est en effet typé et il s'agit de définir une notion de typage pour ce calcul là qui permette et c'est là l'immense apport de Per, de servir de fondements à la totalité des mathématiques, rien que ça. Les types deviennent l'équivalent des ensembles pour tout, absolument tout, formaliser.

    Cette mise en concurrences des ensembles et des types pour les fondements est tout sauf évidente, et repose sur toute une série de conventions dérivées de la considération du fameux isomorphisme. Il faut donc préciser que les formules des démonstrations mathématiques sont représentés par les spécifications de certains types spéciaux, les types "propositionnels", les lambdas termes typés par eux étant les programmes à écrire pour prouver les formules.

    Le calcul des types résultants de ces programmes EST le système de preuve, décidable, je dirais bien sur, tout est fait pour cela.

    La spécfication et la programmation

     Mais le programmeur que je suis ne peut que se réjouir de voir des langages spécialement définis pour pouvoir exprimer simultanément dans le même formalisme spécification et programme, l'objectif (un object académique au plein sens du mot) étant bien sur de dériver le programme de sa spec, afin, bien sur, de se faciliter la vie.

    Car la correspondance est un exemple du célèbre pattern de la projection avantageuse depuis un monde hostile vers un monde où tout est facile. Le meilleur ami de l'homme, le calculateur des types super facile à faire (du moins pour certains) se trouve l'image de l'horreur infaisable qui consiste à démontrer des théorèmes. C'est précisément cette facilité algorithmique qui rendit brutalement envisageable de prouver des théorèmes, et donc de programmer des assistants de preuve. Merci Curry, merci Howard, merci Per.

    Par contre, pour représenter toutes les maths (les assistants de preuve, on l'a vu, ont vocation à TOUT décrire et tout prouver, notamment l'absolument imb(f)aisable), il faut un typage "assez" (au sens de suffisamment) élaboré. Les types (dépendants) de Marin Löf (A theory of types, 1971 étant le fameux texte que Girard déclara incohérent) le permettent et forment donc la base de toute l'avancée scientifique (absolument gigantesque) en question.

    Le fantasme suprême

    Il s'agit bien donc d'exprimer le fantasme du "calculus ratiocinator" (Leibniz, 1666), le langage total qui permettrait de tout exprimer, et donc de tout décider... Ce langage est programmatique, bien sur et il a des effets de bords !!!

  • La Complétude

    Bon, tout se mélange. Aussi il nous faut parler de la complétude, aussi affirmée par Gödel. Le brigand semble se contredire, mais il ne parlait pas de la même chose. 

    D'abord c'est la THESE de Gödel de 1929(il commençait bien).  

    Mais d'abord, on définit la "cohérence" comme la "consistance" (ce sont une et une seule chose) comme la capacité d'un système de ne pas produire de contradictions. Encore faut il être capable de produire quelque chose, c'est à dire être un système... On dit aussi qu'il est "non contradictoire", ce qui est logique finalement.

    Un point intéressant: une théorie est cohérente si elle a des énoncés non démontrables... Par exemple, la contradiction, doit pouvoir être exprimée dans la théorie, mais il vaut mieux qu'elle ne soit pas démontrable. Il doit y avoir du faux dans une théorie, sinon elle est "triviale" et donc n'a aucun intérêt. 

    On en vient alors à la différence syntaxe/sémantique c'est à dire à la notion de "modèle". Un modèle est une structure descriptible -par ailleurs- qui vérifie les axiomes de la théorie. Une interprétation, quoi. Le mot "sémantique", sensé donner du sens, caractérise ainsi ce qui est "commun" à des objets différents et qui va au delà du simple respect potentiel de certaines règles: en plus c'est possible, car CA existe... Du moins dans une acception "réaliste" du mot "sens".

    On dit qu'il y a cohérence "au sens sémantique" si il y a un modèle pour la théorie. 

    La "logique du premier ordre", décrite par Frege, est le "calcul des prédicats" avec les quantificateurs. Elle permet de décrire l'arithmétique, par exemple. Elle inclut la logique des propositions, bien plus simple.

    Le théorème de complétude, le truc de Gödel, dit que SI un théorème est vrai dans TOUS les modèles, alors, on peut le démontrer en appliquant les règles du système. Vrai implique démontrable. Il le prouve pour la logique du premier ordre. Au passage, la réciproque, qui caractérise ce qu'on appelle la "correction" est vraie aussi.

    Arithmétiques

    A ce stade, on doit réaliser ce qu'est la logique du premier ordre. On a du ou, du et, du non, A, E (les quantificateurs) et des variables en nombre indéfini.

    On y peut définir l'arithmétique en choisissant des symboles primitifs et des règles de succession. L'arithmétique, c'est celle de Peano, définit l'addition mais aussi la multiplication. Elle est du "premier" ordre, car elle exclut les quantifications sur les ENSEMBLES de nombres.

    Il y a aussi l'arithmétique de Robinson (Raphael, pas Julie), moins puissante que Peano, car "finiment" axiomatisable, mais suffisamment pour être incomplète gödéliennement. Elle a la multiplication, définie pourtant en fonction de l'addition, de manière évidente, quoique récursivement:  x*0 = 0 et  x * s(y) = x*y + y.

    Ainsi donc, c'est ce schéma récursif là, (celui de la multiplication) qui "porte" la capacité à faire le monstre (le monstre de Gödel). Et rien d'autre. 

    Au passage, l'arithmétique sans multiplication, celle de Presburger (quel nom, il a pour prénom Mojżesz ) est super simple, "complète" et "décidable". Il faudrait en reparler. 

    Pour en revenir à Péano, il a -en plus- une infinité d'axiomes qui sont toutes les formes possibles du raisonnement par récurrence, énumérées bestialement car il est impossible (si on veut rester au premier ordre) d'abstraire sur toutes les formules... Péano est ainsi "infiniment" axiomatisé. 

    Par contre, toutes ces arithmétiques sont compatibles avec la complétude Gödelienne: il y a bien une démonstration pour tout énoncé vrai dans tous les modèles, PARCEQUE elles sont du premier ordre.

    La complétude est donc celle du système de déduction appliqué au système, ou plus exactement celle du système axiomatisé à qui l'on applique la déduction "naturelle", c'est à dire LE raisonnement tout court. Il faut bien comprendre ce qu'est ce fameux "raisonnement": il n'a pas lui, d'"axiomes" à proprement parler, sinon la seule déduction possible à partir de rien, que l'on appelle "axiome", d'ailleurs (héhé).

    __________ ax

        X,A |- A

    Les autres règles, reformulations du raisonnement dit "axiomatique", ne sont que des ré-expressions commodes de ce qu'on appelle la déduction dite "naturelle". Tout ça fut réglé par GG (Gentzen), voir mon exposé sur Girard 

    http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2015/09/12/girard-jean-yves-5684115.html

     Cette histoire DU "raisonnement" est ce qui obsède Girard... Il faut bien voir que cette idée de la formalisation de ce qui est l'apanage du mathématicien ne va pas de soi. Comment? On voudrait uberiser la forfanterie absconse du "le lecteur démontrera le reste à titre d'exercice", du "tout le reste est évident", "je vous laisse démontrer le reste, c'est du niveau CM2" ? C'est Hilbert qui lança la mode, et les "principia mathematica" qui fournirent la première version d'une notation "complète" formalisée de tous les raisonnements possibles.

    Une "logique" (il y en a plusieurs) est ainsi une forme de ce fameux raisonnement. Allez on crache le morceau, chacune de ces logiques est donnée par des conventions (les symboles variés) et surtout des règles de raisonnement (exprimables avec des séquents et la fichue barre horizontale). On a L K (la logique klassike), L J (la logique intuitionniste) et L L (la logique linéaire). 

    C'est Kant, qui en 1787, affirma à propos de la logique d'Aristote que selon tout apparence, elle était close et achevée. De fait c'est bien sa formalisation qui ouvrit la voie à sa digitalisation et à son encodage...

    Toutes ces logiques, d'ailleurs en gros équivalentes, se définissent avec leurs règles spécifiques, exprimées par des déductions (la fameuse barre horizontale) reliant des séquents d'entrée à des séquents de sorties. Une démonstration dans la logique en question est une suite d'application de ces règles, de fait un arbre dont la racine, loin en bas est ce qu'on est arrivé à démontrer... 

    Les séquents

    Un point au sujet des séquents, qui restent LA manière d'exprimer des raisonnements généraux, bien que les graphes de Girard (il faudra en reparler) seraient (paraît-il) bien tentants.

    Ils ont eux mêmes une partie droite et une partie gauche, séparées par "|-" le "donc" du raisonnement élémentaire, en fait la classique implication, qui se contente de séparer une suite de "et" et une suite de "ou". 

    De fait l'assertion élémentaire, le séquent est capable d'exprimer n'importe quoi... Depuis le faux : ( A |- ), et le vrai: (|- A) en passant par tout le reste.

    Les séquents sont utilisés pour exprimer une règle particulière, la règle de coupure (cut). Gentzer a démontré lui même, ce fut sa "hauptsatz" qu'elle est redondante, et qu'on peut exprimer tout raisonnement sans elle. Les coupures peuvent toujours être éliminées. Voyons voir le séquent des coupures: 

    X |- A, Y       X,A |- Z

    __________________ cut

             X |- Z 

    A est "coupé" (éliminé). La seule règle qui élimine une hypothèse, c'est celle là. Elle est donc, en principe, une menace: si on arrive à prouver le séquent vide |-, on serait foutu. Or, il se trouve que la contradiction mène au séquent vide. En effet: 

    La règle de négation (à droite) bien connue, donne: 

    |-  nA

    _______

    nnA |-

    Et on combinant, avec la règle de coupure, on a donc au total:

    |- nnA         |- nA

                   ________

                     nnA|- 

    _______________

           |-

    C'est à dire, précisément que (nnA et nA), expression de toutes les contradictions, mène au séquent vide.  Par contraposée, s'il n'y a pas de séquent vide, il n'y aura pas de contradiction. COMME il n'est pas possible de générer de séquent vide, la logique n'est pas contradictoire.

    Rassurant,non ? Et bien il a fallut un nazi pour nous le prouver. 

     

    Les différents systèmes 

    Pour clarifier tout ça, il nous faut préciser que la "déduction" (la grande barre horizontale) a eu plusieurs acceptions: 

    1) La déduction (ou système) Hilbertien avec une seule règle, le modus ponens

    2) la déduction "naturelle" qui introduit les connecteurs un à un.

    3) le calcul des séquents, décrit plus haut.

     Voir (2) et aussi (3). 

    Les modèles

    Naturellement, l'expression "vraie dans TOUS les modèles" a un caractère intriguant: qu'est ce que cette vérité là? De fait, il s'agit de la vérité "combinatoire", celle qui, pour le calcul des propositions, s'exprime avec les tables de vérité. On a donc les distinctions entre toujours faux, parfois faux, (et donc parfois vrai), et toujours vrai (valide).

    Au passage, c'est semble-t-il Wittgenstein lui même qui inventa les fameuses tables... 

    Le mot valide est un peu faible, le "toujours vrai" ou "absolument vrai" est qualifié de "universellement valide". Alors que l'invalide lui est plus simplement "absolument faux".

    En gros une proposition porte sur des variables, et un modèle, forcément dénombrable, est une liste de variables, la validité d'une proposition étant vérifiée par la constatation qu'elle est déclarée vraie dans TOUS les modèles... Pour qu'une telle absurdité soit possible, il faut donc que la proposition soit non atomique ou bien un "axiome", évidemment démontrable. P(x) vrai toujours, avec P un symbole, par exemple. 

    Une proposition "validable" est donc composite, et utilise les structures du premier ordre pour se formuler.

    La "conséquence logique", au sens des modèles, notée "|=", est donc une relation entre deux assertions de validité, qui se "calcule" de manière basique. 

    C'est Paul Bernays, qui démontra en 1926 que pour les propositions, la démontrabilité découle de la validité.  

     Notons que, on aurait pu commencer par là, que la réciproque est vraie: une démonstration (au sens de Gentzen), (notée "|- ") implique que tout modèle de l'hypothèse est aussi modèle de la conclusion. La chose parait assez naturelle, la déduction dit "naturelle" étant bien compatible avec l'attribution de la vérité dans les opérateurs logiques élémentaires.  C'est le théorème de "correction", de "korrektheit", de "soundness", qui s'applique à une logique, ou à un "système logique". Par exemple, la logique intuitionniste est "correcte".

    Incomplétudes

    Il faut maintenant évoquer LES théorèmes d'incomplétude... Car en plus, il y en a DEUX...Le truc est multiple. 

    Mais surtout le sens (du mot "complet") est DIFFERENT, on va y revenir.

    D'abord, le premier d'entre eux, qui est le plus fameux, dit que toute théorie consistante incluant l'arithmétique, cela inclut le calcul des prédicats, est "incomplète": il y existe des énoncés indécidables. Non pas faux, ça on le savait (voir plus haut), mais non susceptibles d'être démontré avec les axiomes de la théorie, c'est à dire qu'il n'en existe pas de démonstration avec cette théorie là. 

    Notons que le théorème de complétude s'applique et n'a en fait rien à voir avec cette choucroute, le mot est juste traitre. Ainsi l'énoncé "indécidable" dont on parle (non démontrable, donc) est faux dans un modèle particulier (suivant la contraposée de la complétude gödélienne: si non démontrable alors pas vrai dans tous les modèles donc faux dans au moins un). Par contre, ce modèle violateur, qui donc existe forcément, est "non standard" car le code de Gödel (attention, on s'accroche aux branches) de l'assertion "la théorie n'est pas consistante" n'est pas représentable par un simple entier, du moins dans ce modèle là. Les modèles non-standards de l'arithmétique sont ainsi en fait inévitables... 

    L'incomplétude gödélienne est donc distincte de la complétude du même (auteur), en ce qu'elle ne s'applique pas à la même notion à compléter.

    C'était ce que je voulais dire.

    Allons directement au "monstre" de Gödel, qui utilise l'expressivité de l'arithmétique pour encoder l'assertion qu'il n'est pas prouvable. Cette assertion ne trouve indécidable par définition: si elle est prouvable, c'est qu'elle est vraie et donc elle se contredit; elle est donc non prouvable et se trouve réfutée, c'est à dire par définition prouvée, compte tenu de ce qu'elle affirme. Le monstre est donc bien indécidable et Gödel a raison de dire ce qu'il dit.

    Le deuxième théorème de Gödel se déduit (presque) immédiatement du premier: les théories plus puissantes ou égales que l'arithmétique sont trop expressives: elle ne peuvent prouver leur propre cohérence car l'expression de leur cohérence s'y trouve indémontrable. En effet, la démonstration du premier théorème d'incomplétude est elle même encodable dans la théorie sous la forme de l'implication "si une théorie est cohérente alors le monstre n'est pas démontrable". Comme le monstre dit précisément "le monstre n'est pas démontrable", et bien il est donc (dans la théorie, c'est ça qui compte) vrai, et donc il est démontré... 

    Donc on a démontré par une double mise en abîme (on a le droit de l'écrire comme ça) que si on peut exprimer, dans la théorie, que la théorie est cohérente alors le monstre est démontré. Comme la conclusion est fausse, la théorie ne peut exprimer sa propre cohérence. CQFD. Il faut bien voir l'aspect extrêmement vicieux de la chose: SI on accepte de dire, dans le cadre d'une théorie, qu'elle est cohérente, ALORS, on démontre le monstre. Donc, on ne peut même pas "dire" une chose pareille et donc à fortiori, on ne peut pas la démontrer. 

    A l'issue de l'exposé en public du premier théorème, Von Neumann, dans l'assistance, en déduisit immédiatement le deuxième théorème et le fit remarquer. Il était super fort, Von Neumann...

    Diophante et l'ordinateur

    En parlant de complétude, l'équivalence faite par Matiassevitch entre les équations diophantiennes (sur les polynômes à coefficients entiers) et les ensembles récursivement énumérables montre que ces équations là ne peuvent être décidées solvables en général, et donc que le dixième problème de Hilbert est résolu, négativement. 

    On fera remarquer que Matiassevitch, né en 1947 comme Girard, trouva cela en 1970, et que c'est à Paris que Hilbert (David) formula son programme. Que toute l'informatique, c'est à dire le calcul chosifié qui occupe tellement les esprits soit équivalent aux équations diophantiennes restera toujours fascinant (au moins pour moi).

    On en vient donc à ce qui est "récursivement énumérable", en gros ce qui calculable par une machine de Turing qui s'arrête à la fin, même si ça prend un temps infini.

    Le terme "récursif" s'applique aux ensembles des programmes qui s'arrêtent effectivement après un nombre fini d'étapes: et il n'y a pas de programme qui puisse le décider en temps fini, c'est l'indécidabilité du problème de l'arrêt. En gros, on ne peut pas décider de l'appartenance à un ensemble récursif, et ce qui est marrant c'est que "recursif" et "décidable" sont synonymes. "récursif" est donc bien plus limitant que "semi décidable" (récursivement énumérable).

    En 1936, Turing, pour prouver que halt(prog(x)) n'existe pas, en fait ne peut pas terminer en temps fini en répondant oui, définit le programme fonctionnel vicieux suivant:

    vice(x)= if (halt(x,x) loopforever else ok

    Prenons vice(vice). Si ça termine, halt le sait, retourne "true" et vice(vice) ne termine pas. Donc ça ne termine pas, et donc halt (vice) repond nok et donc vice(vice) retourne ok,c'est à dire termine. Dans tous les cas, contradiction. Héhé: Turing est super fort aussi. Un hacker de première.

    Les conditions de l'incomplétude

    Cette petite disgression, pour bien préciser les conditions des théorèmes d'incomplétude. Gödel a besoin d'exprimer des énoncés méta mathématiques pour encoder le monstre. Pour cela, il faut Péano bien sur, mais pas seulement. Il faut que l'ensemble des axiomes de la théorie qui inclut l'arithmétique soit récursif. En effet, c'est LA condition sine qua non pour que Gödel puisse utiliser la théorie afin d'encoder le monstre. Peano pur, par exemple a bien des axiomes (en nombre infini) dont l'ensemble est récursif. Robinson, bien sur aussi (ses axiomes sont en nombre fini). Par contre, ce sont bien les théorèmes qui eux  ne sont que récursivement énumérables...

    Pour finir, quelques remarques générales de plus. D'abord que l'encodage de Gödel est parfaitement du premier ordre et il est tout à fait faux d'imaginer que la complétude c'est du premier ordre et l'incomplétude, du second. Pire! Ce que démontre Gödel c'est que le fameux "méta langage " est en fait DEJA présent dans l'arithmétique, celui ci n'existe donc pas, et Girard a raison de le dénoncer.

    Ensuite que la notion de "vrai" n'a de sens que relativement à un modèle. Par exemple, les théorèmes de Gödel ne disent pas du tout qu'il existe une vérité -absolue- non démontrable mais qu'il existe des indécidables et donc des énoncés vrais dans certains modèles et faux dans d'autres. Stricto sensu, c'est donc le contraire qui est dit, et du fait de la complétude !

    Le XXème siècle fut un siècle complet (elle est bien bonne celle là).

     

    P.S. J'ai passé beaucoup de temps à bien séparer les deux sens du mot "complétude". Ce n'est que dans la version anglaise de l'article wikipedia qu'on parle d'appliquer le théorème de complétude à l'assertion indécidable issue du deuxième théorème d'incomplétude... De plus, la "omega" inconsistence dont Rosser peut se passer pour démontrer le théorème d'incomplétude d'une autre manière n'a rien à voir avec la choucroute, contrairement à ce que semble laisser sous entendre Girard... Il y a donc toujours un doute, mon sentiment est mitigé, incomplet en quelque sorte...

    La discussion en  https://sciencetonnante.wordpress.com/2013/01/14/le-theoreme-de-godel/ est particulièrement éclairante sur tout ça.

    La syntaxe et la sémantique

    Object des fantasmes de Girard, l'abolition de la distinction sémantique/syntaxe est bien mystérieuse et constitue un horizon sur lequel je me fracasse. 

    Disons que c'est le coeur du propos de ce papier: le modèle est la sémantique, et le raisonnement la syntaxe (à moins que ce ne soit l'inverse). L'un est le réel de l'autre et c'est ce que veut dire Girard, qui veut abolir le réel, c'est à dire l'essence des choses. 

    Dans sa fabuleuse "nécrologie" Nécrologie http://iml.univ-mrs.fr/~girard/titres.pdf il met en avant la chose, et prétend l'avoir résolue (ou pas).

    Philosophie des mathématiques

    Plus que jamais, la question de la nature du monde est posée et il semble bien que ces apories du raisonnement lui même en question agissent en faveur de deux points de vues à opposés, mais adversaires simultanés des relativistes et autres conventionnalistes  scientistes (et oui) qui veulent "écraser" la notation et faire du monde une simple mécanique.

    Ces deux points de vue sont  le platonisme mathématique, et oui, c'était ce que pensait Gödel lui même, et ce que pensent les mathématiciens en général: un monde de réalité abstraite contraint la raison et se trouve à explorer, le faillibilisme, contrairement à ce que pense Girard, en étant le critère d'exploration. Le monde mathématique EST naturel, et se trouve peuplé de monstres à découvrir. C'était ce que pensait Bach pour la musique, du moins j'en suis sur. 

    L'autre point de vue est similaire, mais aussi radicalement opposé: un intuitionnisme forcené, qui ramène tout à la seule chose qui compte, l'ensemble des entiers naturels, seule chose crée par Dieu, totalement donné, totalement naturel (comme son nom l'indique) et qui contiendrait tout... 

    P.S.

    (4) confirme tout à fait ma révolte sur l'application et la question de la complétude: Gödel est bien une source de création/conception de modèles "non standards".

    (1) Toutes les démonstrations: http://perso.ens-lyon.fr/natacha.portier/enseign/logique/GoedelParAlex.pdf

    (2) https://www.normalesup.org/~bagnol/notes/sequents.pdf

    (3) https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00382528/document 

    (4) http://www.madore.org/~david/weblog/d.2012-12-15.2093.verite-en-mathematiques.html#d.2012-12-15.2093.modeles-et-completude

  • Qu'est ce que la droite ?

    En ces temps de refondation, la question mérite d'être posée. Le thème est riche et commencera avec le "front des hommes quelconques" de Guglielmo Giannini, fondateur du "qualqunisme". On est là dans le foutoir des mouvements politiques italiens de la fin des années quarante  à cheval entre la droite et le populisme, les cinq étoiles actuels en étant un exemple. Le poujadisme en fut un et le font national, son successeur aussi. Expression d'une révolte populaire de droite, lit, cause et conséquence de tout fascisme, issu de la décomposition politique tout simplement, l'attitude en est une, et se trouve une structure des psychés collectives, un mécanisme. 

    Le thème est dénoncé par Jean Yves Girard lui même: "le fantôme de la transparence"  utilise le mot pour désigner le "populisme intellectuel" qui entend tout ramener à l'"analytique", celui ci se trouvant par là même défini. Et nous y sommes: un infini de spéculations. 

    Un interview radiophonique, hors du temps: https://www.youtube.com/watch?v=D-hxSy7BFBk

    et puis aussi : https://www.youtube.com/watch?v=1m8duxXeubg

    "Qu'est ce qu'une réponse ?" Demande Girard. Dur à répondre. C'est ce que produit l'ordinateur: des réponses.

    Rappelons que Girard est le dernier logicien historique: la logique linéaire complète Aristote et Brouwer, rien de moins. 

    La différence entre l'usine et l'usage, entrevue par Herbrand, mort à 23 ans. La différence entre existence et essence, entre parfait et imparfait.  Bref, la dualité fondamentale du monde, et ce que je veux dire: point d'essence centrale, mais opposition constitutive, l'interaction, catégorie essentielle du monde...

    Quel rapport avec la droite et la gauche ? Et bien le fait qu'il y a dualité, et que le sens n'est jamais complètement capté par une formalisation. Cela signifie-t-il qu'il faut fuir vers la religion et chercher dans un grand existant en dehors ce qui fait marcher le monde ? Et bien non: il y a bien une critique rationnelle du formalisme et du scientisme et le miracle du XXème siècle est de l'avoir prouvé, c'est le (vrai) sens du théorème de Gödel.

    Porteur et vulgarisateur quasiment poète de la dénonciation du scientisme, Girard ressemble bien à ces papis ronchons opposés à l'homéopathie: au nom du bon sens il moque et méprise ce que de grands esprits reconnus considèrent valides et en cela il est, et oui, de droite. 

    C'est la première acception du mot et la première réponse à la question: le bon sens révolté contre l'acceptation officielle et l'omniprésence d'une règle, d'une poncif structurellement et manifestement faux. Ce rapport là à la vérité est le fondement de l'opposition duale de type politique: le refus d'un être extérieur, suffisamment gros (je veux dire quantitativement gros) pour être toujours visible et oppressant et surtout non valide, faux, affirmant l'irréalité... 

    Je ne vais pas lister (voir ce que je pense de Macron et de sa clique) tous les points sur lesquels la conscience "de droite" se sépare radicalement de la société car ils sont trop nombreux. On a mentionné l'homéopathie, c'est déjà ça, ne parlons pas de son remboursement par la sécurité sociale.

    Asymétrie

    Passons tout de suite sur l'asymétrie de ce sentiment, l'énergie de la dénonciation tenant beaucoup à la position minoritaire du révolté: aujourd'hui la gauche est majoritaire, et au combien. C'est donc la droite qui porte la "liberté", et l'appartenance au plus petit des camps est un choix existentiel, ou non. 

    L'échange symétrique de la droite et de la gauche eut lieu plusieurs fois dans l'histoire, au grès des majorités, mais la structuration historique du camp du bien eut lieu contre la droite scientiste, "bourgeoise" du XIX ème siècle. C'est la grande thèse de Philippe Murray et on peut (ne pas) y revenir. Le romantisme voulut construire une nouvelle religion et sombra avec la gauche et une idée dévoyée du bien dans l'horrible scientiste communiste qui n'en finit pas de produire ses ravages. C'est là ou nous en sommes: le "progrès" est toujours porté par une idéologie folle qui pense un "bon sens" particulier, celui de l'adéquation de l'action bonne à la bonne situation. 

    C'est là que se situe le débat politique. Il faut noter que celui ci est d'abord hanté par la condition même de son existence, qui est le concept de "démocratie", les multiples révérences soigneuses à l'idole étant naturelles, voire indispensables, si l'on veut accéder soi même au pouvoir un jour sans avoir à exercer la violence dont on rêve la nuit... Cela étant posé, il faut bien comprendre que cette notion du coup d'état impossible reste un repoussoir explicite et que l'accusation de le fomenter est un argument symétrique, je veux dire employé par tout le monde. 

    On en vient donc à l'expression de la symétrie et au concept de l'abolition de la différence droite gauche, aujourd'hui à la mode et qui veut vendre aux jeunes cons un nouveau qui fit les délices de la période d'abaissement française qu'on appela "à l'époque" la IVème république: écartés les extrêmes communistes et gaullistes, le centre, partiellement chrétien en plus, gouverna. On fusilla les communistes, on fit la paix et "modernisa".

    Les larmes dans la voix, une génération entière célébra la modernité d'un homme politique de seconde zone qui se consacra à l'abandon de l'empire et aux bouilleurs de cru. Ecrasé et méprisé, incapable de s'imposer, Mendes fut abattu et trahi et finit en déchet, sodomisé par bien plus vicieux et incapable que lui. Que le champion final de la troisième voie soit celui qui finalement mit les communistes au gouvernement pour mieux les exterminer illustre finalement ce que je veux dire: le politique est rapport de force, et la vérité des concepts n'est que celle de la guerre entre DEUX camps, droite et gauche, majoritaire et minoritaire et qui s'opposeront toujours. 

    Il n'y a de conception politique globale et acceptable que celle qui impose des choses à faire. Tout ce qui n'est pas cela, toute toge, tout drapé, toute idée globale nouvelle ou non n'est que rhétorique, attrape couillons et surtout mensonge éhonté, dont le cynisme est la marque de la corruption. La négation du conflit et la volonté "diplomatique" de passer outre ces différences, quand elle va au delà du nécessaire apaisement entre les propriétaires fonciers d'une petite commune est non seulement le signe de la corruption, mais sa marque et son essence. Elle doit être rejetée, combattue, moquée et méprisée. 

    La droite est l'un des deux camps. Ce sera la première réponse mais on est dans la symétrie. Finissons avec elle: comme l'avait fait remarquer Fillon pendant la campagne, la volonté réformatrice de 1981 fut réelle et effective: on instaura diverses mesures, comme par exemple les nationalisations, avec comme objectif de changer un équilibre social et économique. On voulut socialiser, on le fit et cela eut des effets. La "gauche" voulait et on a vu. Là où la symétrie fut brisée c'est qu'au bout de deux ans, l'ensemble du système de décision français cessa de jouer. On garda les principes, les idées, et les prétentions, mais on réalisa qu'il fallait tenir compte du reste du monde. A défaut de conquérir le monde, la gauche française allait alors essayer de le baiser. 

    La thèse et le grand récit de la "trahison" de 1983 mérite en effet qu'on s'y attarde. Il ne s'agit pas d'une conversion au libéralisme, bien sur, la fable, reprise à droite d'ailleurs (c'est bien sur la théorie de popolniette, qui reprend au passage la terrible thèse du désormais gâteux Todd) faisant fi de l'état actuel de la France trente ans après, plus communiste que la Chine, et désormais chainon manquant avec la Corée du nord, juste après la Grèce.

    Non, Mitterand, totalement ignorant de toute question économique, décida bien sur en fonction du rapport de force, et refusa le FMI dont on lui présenta les inconvénients. Il fit donc semblant, la réforme simulée valant emprunt accordé, le mécanisme est toujours là, et il nous fait vivre.

    Prédateur et affirmé le concept séduisit pour toutes les raisons qui avaient fait la grandeur française, impérialisme compris: on a fait de l'Est du continent un hinterland dévoué à nos plaisirs, et que l'on protégeait avec nos armées. Il capta tous les intérêts, et la reconnaissance de la "grandeur" du collabo est maintenant universelle.

    Repris par le successeur, qui avait renoncé à toute réforme, peuple rebelle oblige, le principe demeure, il va bientôt avoir quarante ans. 

    Retour en Arrière

    Mais il nous faut revenir un peu en arrière. Les années 30, années de jeunesse de Palpatine, furent l'occasion d'une petite confrontation droite gauche qui sédimenta pour longtemps la sémantique du clivage. 

    Deux aspects, à l'origine de l'équivalence symétrique qu'on lui associe (au clivage): la tyrannie et le scientisme. L'un découlant de l'autre, les deux aspects ont marqué l'histoire. Interféconds et similaires, ils se sont appareillés à merveille jusqu'à la brisure de symétrie due à la guerre contre un monde soit disant enjuivé: la science juive était la science tout court et il fallut la défaite nazie. Après tout, Hitler avait attaqué, mais pas Staline. Et puis, il s'était bien battu, Staline avait été utile. A la fois effectif et nié par l'histoire, le clivage ravagea l'après guerre du monde occidental, qui tout en se tenant globalement bien, coca cola oblige, continua de remâcher ses obsessions. Au point que des communistes furent ministres en 81, la honte totale... 

    Car les funestes haines du siècle dernier étaient toujours là, et furent en fait ravivées par les terribles crimes, tous niés, tous célébrés. Il fallut attendre 92 pour que disparaisse ce qui restait d'un Empire qui fut bien plus puissant et étendu que celui de Napoléon. Il vérola le monde entier de sa propagande, l'inamovible mot "socialisme", le plus ignoble vocable de toute les langues, restant là pour en témoigner. Les dommages furent irréparables et 3 générations d'abrutis en sortirent crétinisés. 

    La crétinisation se traduisit essentiellement par une disjonction entre les mots et leur sens, le principal rôle de toute propagande étant de manipuler le langage pour instaurer sa suprématie. En pleine prospérité, l'occident vécut dans une démocratie dont des partis avec pignon sur rue, heureusement minoritaires, affirmaient avec hauteur et constance le contraire de la vérité quand aux épouvantables tyrannies qui régnaient, au nom d'idéaux partagés, dans la moitié du monde.  Pour affirmer cette vérité là, on tenta de détruire l'essence même du vrai, on alla jusqu'à la promotion de tous les relativismes, jusqu'à la négation du principe de contradiction lui même.

    Car le scientisme c'est aussi cela: on prouva la supériorité des races, celle de la science inspirée (Lyssenko), celle des hommes nouveaux. Partout le mot "socialisme" fut l'emblème du projet. On alla, une fois perçue l'importance du théorème de Gödel, prétendre qu'il s'agissait de la preuve de la défaite de la raison ! 

    Heidegger, théoricien nazi, dont l'être, entièrement consacré à la plongée barbare dans le refus du principe de contradiction au nom de la "pensée", fut l'inspirateur de toute la philosophie française des années soixante, célébrée dans le monde entier pour sa créativité. Ils étaient tous de gauche (en doutez vous?).

    Minoritaires, mais carburant de tout ce qui arrivait en masse dans des universités (trop) généreusement ouvertes, ces belles idéologies infusèrent. Vingt cinq ans après l'abandon par Mitterand de sa foi en la révolution nationale (la révélation eut lieu en 1943), un pseudo révolution mettait le gaullisme à bas. Ils étaient tous de gauche. 

    L'infusion continua encore une dizaine d'années, avec des doses croissantes. Persuadé de l'efficience de l'Etat en matière de conduite des grands groupes industriels, on nationalisa à tour de bras, sans oublier de mettre la retraite à 60 ans, nos enfants paieront. Persuadé de l'efficience technocratique du trotskisme chez qui il milita en secret jusqu'en 93, un Jospin fut premier ministre et instaura pour résoudre le chômage, les 35 heures.

    Partout derrière tout ça, une conception radicalement scientiste de l'organisation du monde et de la société, un dévoiement complet des principes de conduite des organisation humaines, des illusions absurdes sur la rationalité du monde et des hommes. Un horrible manque de culture lié à la fréquentation exclusive des pires livres des pires salopards fascistes ou communistes et surtout, une conception de la morale exclusivement consacrée à la satisfaction sans limites et sans justification des besoins primaires de tous, conception nommée, je vous le donne en mille, "justice sociale".

    Quelle rapport avec la "symétrie" ? Et bien qu'il est erroné de croire qu'il y a une "alternance" et que des forces quasiment identiques avec des bonnets colorés du même coton se succèdent pour rassurer notre idée de la "démocratie". De grandes forces, incommensurables en moyens et visions s'opposent radicalement, et triomphent sur de grandes périodes. Nous sommes dans le cycle de la "gauche", instauré politiquement en 1981, et celui ci domine absolument en permanence depuis. Ce qu'on appelle "la droite" est la misérable horde dépenaillée de perdants lamentables qui se sentent mal à l'aise dans cette ambiance et qui se grattent avec inconséquence qui l'entre jambes, qui la tête, mais sans résultats tangibles, la preuve, j'en suis.

    Foin de symétrie, il n'y a que des polarités et celle qui ne supporte pas l'état de fait n'est que potentielle: rien n'existe sans sa négation, c'est la logique qui le dit. La droite se trouve donc définie en creux... On pourrait parler des droites d'ailleurs. Chaque manie funeste, conséquence seconde des pratiques impériales a son club de contempteurs dextrogyre, depuis l'ultra laïcité jusqu'à l'avortement: cela fait il la droite ?  Evidemment non. Même le libéralisme, classé à droite par les communistes au moyen âge, est ouvertement revendiqué par des énarques adeptes des 35 heures, c'est dire.

    Car il n'y a derrière tout cela que l'affirmation de la tradition nécessaire: l'argument de la morale qui aurait besoin de Dieu, tout comme la création et la règle du tiers exclu. Son coté paradoxal à part son coté vieux jeu, est qu'il est aussi celui du réactionnaire musulman lambda: il dénote en fait un intellectualisme daté et un raisonnement du tiers monde. C'est son utilisation déraisonnable qui justifia les grandes dissidences juvéniles de fait justifiées. Il est un argument "scientiste" du premier degré.

    Mais il pose aussi la vraie question, la dignité humaine se devant de trouver une motivation véritable et acceptable à ses choix nécessaires, à moins de sombrer dans l'hypocrisie du relativisme, marque des solutions gauches, précisément. S'il y a un débat éternel, il est non pas dans l'opposition entre des principes, mais dans l'élaboration interactive de solutions aux problèmes humains. Voilà ce que je crois profondément.  

    Il nous faut revenir donc aux grands choix. D'abord, ils ne sont pas issus d'un complot, l'entité qui y présida est composite, de motivations et de circonstances. Car c'est la conjonction de forces disparates indépendantes, réunies par les hasards de l'histoire et de la géographie qui toujours, fait le réel. Les mêmes choses naissent et disparaissent par des convergences qui s'accordent pour des raisons différentes. Pas de bête immonde, ou de sens de l'histoire: des agrégations, des évènements qui s'accumulent. 

    Je suis très attaché à ce refus du scientisme et du réalisme de la grande force. Scientisme inventé par les marxistes, et parangon du sentiment progressiste qui fonde la gauche, il fut construit pour détruire le stable religieux, lui même construit sur un grand autre dont la civilisation occidentale avait réussi en fait à se débarrasser dès le moyen âge. Ce dieu non interventionniste était trop subtil, trop civilisé pour les barbares babyloniens qui détruisirent l'ordre ancien. C'est pour cela que le sentiment "catholique" est "de droite": il utilise le signifiant "Dieu" pour nier l'ordre rationnel scientiste qui fonde le progrès. Et encore pas n'importe quel Dieu: le chrétien, avec son pape et ses baroques, celui de la trinité, la fabuleuse ontologie irrationnelle mais signifiante de son propre mystère.  

    On expliquera ici le tropisme antisémite: l'idéologie racine du judaïsme a bien un Dieu interventionniste, qui fit la gloire de ses rois. Reprise dans le monde entier, l'idée, déclinée donc par toutes les nations, doit assumer sa non-universalité au sens global: à moins de vouloir faire un empire mondial on ne peut intervenir que chez soi. Le Dieu juif reste juif, et le Dieu chrétien non: son universalité est d'ailleurs un problème, et c'est bien la preuve de son existence (de l'universalité), on en reparlera.

    Par contre l'aporie de l'empire mondial est bien centrale ici: la droite est nationaliste, et l'empire est forcément tenu par l'ethnie qui tient la capitale. C'est pour ça que l'Autriche-Hongrie ne pouvait durer... Bref, les empires ne peuvent rester. Le soviétique s'effondra différemment du nazi, mais pour les mêmes raisons. 

    Le national "de droite" est donc centré sur ce qui le fait exister, son histoire et sa géographie de Nation. Il se maintient et ne croit qu'avec précautions. C'est la volonté impériale qui donne des titres étrangers aux barons d'Empire. Il fallait un solide humour pour faire roi de Naples une personnalité aussi excentrique qu'un Murat! Un grand respect de la rigueur pour faire prince de Neuchatel le très cérébral Berthier. Ce sentiment là accorda le titre de "français" à d'anciens esclaves libérés il y a des siècles et vivant au bout du monde. Le fera-t-il à des populations déshéritées par toutes les histoires, qui subitement viennent ici nous détester, attirées par le confort de nos maternités ? 

    La question de l'Empire, à la fois cynique et libéral est donc centrale, et on doit parler de l'Europe, à la fois conçue comme son modèle géographique, je dirais habituel. Tout ce que décrit la guerre des étoiles s'est donc produit une seconde fois après deux mille ans, et en Europe, bien sur.

    La dictature nouvelle, poussée par des sentiments nationaux dévoyés à qui on donne à manger des alliances militaires franco-allemande, budgets oblige, devient de plus en plus visible: elle lutte contre le terrorisme... Quand à la plèbe, elle ne grogne que pour le principe: on lui a déjà tant donné !  

    Ma théorie est donc bien plus puissante et effective que celle de Zemmour (je veux être un Zemmour de droite): De Gaulle était Péricles et les ingénieurs des années 60 des soldats laboureurs. Leurs descendants corrompus vont au cirque voir Hannouna torturer des homosexuels, et Caligula Macron épouse son cheval, euh sa grand mère, et il faut en plus l'en féliciter, comme à l'époque. Voilà l'héritage de Palpatine-Mitterand, il règne toujours, les forces de l'Esprit le maintiennent dans l'air.

    On vient d'évoquer les problèmes budgétaires. Ils sont réels, et à la base de l'Empire. Déchirée par le clivage droite gauche, on y revient, la nation a du donner au point d'être en déficit, d'où la structure impériale, conçue pour emprunter à l'infini. La rigueur financière est "de droite": elle consiste à mesurer ses dons et à gérer l'acceptation digne de la misère inévitable, quitte à être un peu paternaliste en mettant en avant la prospérité globale que cela génère. Hélas, cette emprise là est instable, et sujette aux révoltes suscitées par les passages des générations. Elle n'est effective que de temps à autres et pas partout. 

    Le miracle allemand d'après la réunification, qui a remis en selle la grasse germanie social démocrate fut un épisode de ce type, qui d'ailleurs se poursuit. Nous, nous n'avons eu que le bref moment de la fin des années cinquante, et peut être le (petit) sursaut de l'année 78. On peut parler de l'année 38, mais pas de l'année 98, l'année de la cagnotte et de la réduction du temps de travail. 2018 va être grandiose...

    Venons en au "libéralisme": sociétal et économique on l'a dit, ce qui le clive plutôt, il a aussi deux dimensions duales, liées à ce qui est le fond commun de l'idée générale de liberté.

    Point de censure, même si c'est contre le salafisme, et point d'intervention de l'Etat, même si c'est contre un achat des chinois: voilà la première dimension, que traite l'idée de Nation, l'Etat censeur et interventionniste se devant de restreindre les libertés quand il le faut. Sur ces questions, il est trop facile d'être d'accord, et c'est ce qui maintient au moins en principe la France dans le camp occidental. Notons tout de même que le libéralisme européen est ennemi de mon principe limitant: les nations c'est la guerre et Macron est fédéraliste. Hypocrite aussi. 

    Mais il y a aussi les grands principes, les vrais et ceux là ne sont pas assumés par tout le monde. D'abord la liberté sociétale est celle du respect des choix personnels: la filiation, le familial, le personnel. Au nom d'une libéralisation de la possibilité d'être marginal, on censure la liberté de maintenir des positions majoritaires au nom du plus large partage des sentiments, une des sources du sentiment national. Mieux, on entreprend une ruine explicite systématique de ce sentiment, qualifié de "fauteur de guerre" et de "cul serré".

    De la même manière, au nom d'ailleurs d'une "liberté de vivre" des plus faibles de la société, on réglemente à l'excès les activités économiques des acteurs sociaux, sans parler des taxes. Cela au détriment de la prospérité, maintenant compromise en France. A l'écart du monde (35h, retraites, impôts), un pays d'Europe occidentale s'enfonce dans le tiers monde par refus de se réformer. Au delà des théories économiques marxistes, on se contente de relativiser toutes les autres, en mesurant le multiplicateur de billets keynesien, qui justifie la dette hors contrôle, dont la maitrise passe bien sur par davantage d'investissements, il faut profiter des taux bas. 

    La deuxième dimension du libéralisme, que l'on peut qualifier de "conservatrice" est évidemment ce que j'appellerai "la droite" au point que le mot (le mot "droite") n'a plus beaucoup de sens en lui même, comme signifiant "dual" dans une symétrie qui n'a plus lieu d'être et qui ressort d'une vision du monde "monique". L'être "de droite" est disqualifié moralement, et surtout politiquement: sa défaite est consommée. 

    Le débat est maintenant interrompu: ce qu'on appelle aujourd'hui "la gauche" doit sortir pour toujours de l'histoire. C'est cela la vraie dualité: le combat contre un adversaire qui doit disparaitre, et non pas le débat avec un partenaire qui nous fait progresser. Cet adversaire a un nom, une réalité: l'argent qui corrompt tout, qui achète tout... Je rigole, là je fais mon Hollande. Non, cet adversaire s'appelle l'"Empire" (voilà que je fais mon Soral, maintenant) et qui est d'ailleurs en train de gagner. Un autoritarisme mou basé sur la corruption du peuple, et qui décline inexorablement. 

    Y a t-il un espoir d'interrompre ce funeste destin ? A moins que l'aboutissement du destin soit justement ce que l'on souhaite, l'horreur étant, c'est d'ailleurs ce qu'on lui reproche à tort, déclinante ? 

    Il nous faut savoir d'abord que nous avons progressé depuis le premier siècle de l'ère commune. Intellectuellement, les idéologies scientistes de droite et de gauche qui ont présidé à la montée de l'Empire ont été démontrées fausses. Je ferais donc ici Jean Yves Girard un prophète, et c'est pour cela que je le citais (en l'annexant sans vergogne). 

    Les progrès de l'information ont donc, sauf si l'abêtissement, (d'ailleurs projet de l'Empire) se généralise, vocation à répandre un genre de "bonne nouvelle" qui pourrait convaincre le peuple de se livrer à la raison. Une raison libérée des fausses conceptions temporaires qui ont terni sa puissance. C'est le seul espoir qui nous reste. 

     

    P.S. Le mot "socialisme" vit peut être ses derniers mois. Bien que brièvement encarté à la bête, Macron pourrait bien avoir provoqué ce qui fera la disparition symbolique de l'association criminelle la plus meurtrière de l'histoire, inventée en France. Bien sur, la perte n'est pas irréparable, et les métastases c'est pas pour les chiens, mais bon, l'histoire passe, du moins celle là.  

    P.S. Comment se manifestera la dualité dans un monde débarrassé de la connerie ? Au risque de me cantonner dans l'impossibilité de la chose, je dirais que la connerie étant appelée à demeurer éternellement, elle pourrait au moins être minoritaire, ce qui est un objectif en soi, qui plus est souhaitable et aujourd'hui au combien nécessaire. 

  • Le flauto de RV 441

    On ne se lassera pas de révérer Antonio Vivaldi, le "bach italien" (pardon, je rigole), un extraordinaire compositeur d'une profondeur inqualifiable. 

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    Un concerto pour flute, en fait pour flauto (la flute à bec, le recorder) parmi toute une série, il suffit de fouiller, on se croit dans une bibliothèque oubliée, à farfouiller dans les déchets d'un cimetière recouvert de gravats, déménagé depuis longtemps. Et puis émerge le pur vivant, le pur magique tellement présent, tellement vivace qu'il acquiert une force incroyable. 

     

     

     


    Voilà un truc analytique, qui a le mérite de "tout" avoir, la flute à bec et le clavecin étant bien sur inappropriés. De "tout" avoir ? Et non. Et c'est là toute la magie du bazar, celui de Vivaldi j'entends.

    Il s'agit d'un concerto, et donc d'une relation complexe entre un orchestre et un instrument solo. Complexe est le mot: la vivacité de la chose, l'incroyable multiplicité de tout ce qui est dit en même temps est absolument inépuisable. On peut le réécouter: insondable... L'orchestre a en permanence des occasions magnifiques d'intervenir par en dessous, en glissant des allusions, des phrases, des sons variés, il suffit de les faire entendre. 

    Et puis il y a la personnalité de la flute. Chaque instrument a son âme, son animalité je dirais, ce qui rend son instrumentiste caractériel, définitivement cabochard et étranger au reste de l'humanité: il porte une vérité qu'il ne peut qu'exprimer, pas transmettre, et a pris son parti de son étrangeté. La flute a le son de la magie surnaturelle et peut faire surgir des choses très lointaines, c'est fugitif, et cela est très puissant quand ça se manifeste... Un écho des plus anciennes mélopées, des plus antiques fascinations, des plus anciennes magies, là, comme à l'origine.

    Vivaldi est un violoniste et préside à son armée de fanatiques à cordes avec tous les aigus et tous les graves, il met en valeur le soliste en le laissant "percer" avec grâce, puis reprend la main et ferme le couvercle. Nous sommes au XVIIIème siècle et l'individu doit faire la révérence devant la hiérarchie du monde. Seule la petite impertinence est  possible: il suffit qu'elle soit assez brillante et surtout assez inhabituelle pour passer inaperçue en tant que telle. La perle baroque dans toute sa splendeur cachée. 

    Il y a une perle de ce type dans RV 441. 

    Un introduction avec orchestre et une flute noyée dans l'ensemble, obéissante. Un brin de majesté et un thème.

    Le thème est même abordé et cité nettement à l'unisson par la flute. 

    Puis la flute est laissée seule, et toute timide se met à parler, c'est sa présentation à elle. Elle devient sentimentale, et aborde un sujet quasi dissonant, presque larmoyant, 4 petites phrases enchaînées deux à deux puis elle s'arrête, l'instant est passé. Le thème est repris à l'unisson. La flute reprend, mais semble nier ce qu'elle a dit, avec virtuosité d'ailleurs: un long staccato de flute, et puis on revient au thème. Retour à la déclaration de la flute, qui reprend la chanson du thème avec tristesse trois fois, puis le contre chant et un retour au perles de la flute, hors du temps. Le thème global reprend. Ca balance un peu est c'est fini. 

    Le fameux instant est vraiment très subtil et il est gommé par la plupart des instrumentistes, le tort du flutiste étant d'aller trop vite (c'est ça "jouer", mâcher les difficultés en passant en vitesse). Il est pourtant réel (ou bien c'est moi), et totalement bizarre. Il se produit lors d'une répétition, la deuxième, forcée, qui semble venir d'ailleurs et produit l'effet magique de la flute: un seul son mais un deuxième objet, représenté, mais étranger, complètement étranger.

    Mais d'abord il faut la fameuse armée vivaldienne, le Copley

    http://www.qobuz.com/fr-fr/album/vivaldi-concertos-for-recorder-rv-441-445-michael-copley-camerata-bern-thomas-furi/0002894152752

    la fait merveilleusement entendre: tout le monde a voix au chapitre, et la flute est splendidement assistée. 

     

    On listera ce qu'on a trouvé: ici,  une prise de son qui suggère le fabuleux mélange des genres de l'orchestre vivaldesque, et une tentative respectueuse de la flute.  


     

     

    On se doit de citer le Gazelloni, qui m'avait fait entendre la perle: 


    Comment peut on être fasciné par de pareilles choses ? Tout n'est peut être qu'un rêve... Le reste est bien sur enchanteur aussi, mais ne semble qu'organisé autour du point central. Nul ne peut nier qu'en musique, c'est souvent cela... Et puis il y a l'harmonie globale du concerto, incroyablement homogène, un tas de chapeaux en papier découpés précisément qui s'envolent les uns après les autres, et qui reviennent l'air de rien. 

     


    Ici, une maitrisée et virtuose manière de voir, le flutiste est pas si mal, bon, mais pas si parfait, humain quoi.

     

    Mais il y a aussi la suite du concerto. Le larghetto est déchirant: l'insondable tristesse italienne, détachée et qui se trouve mélodieuse en plus, la troisième reprise de la flute, unique aussi, est quasiment une perle également. L'orchestre termine gravement. 

    On passe alors à la chambre d'échos, occasion pour l'orchestre de se déchainer pour faire la leçon et assister le stacatto flutiste. Le thème symétrique du premier mouvement (du moins à mon oreille d'amateur) entoure la flute qui danse toute sa petite liberté. La gravité de l'orchestre est indulgente pour la petite joie... La fin du concerto, épuisante pour le flutiste doit être terrible. Et voilà. Il y en a plein des concertos de Vivaldi. 

     

    Pour finir, l'énergie et l'autorité, tout en puissance:


  • La logique linéaire

    Tant qu'on y est, je veux dire sur Girard (J.Y.) autant y passer. 

    Qu'est ce que LL (la logique linéaire)? 

    D'abord, c'est l'une des 3. Il n'y en a pas cinquante, en fait, et le mot "logique" désigne la méthode de raisonnement que tout un chacun applique quand il raisonne. Foin des "systèmes formels" et autre arithmétiques, en nombre indéfini, tous instances d'axiomatiques variées, créateurs de mondes dotés de significations variées ou pas. 

    Là on est dans le dur, dans l'universel, quasiment dans le langage: qu'est ce donc qu'on dit quand on déduit? 

    On a abordé dans divers articles précédents, les séquents, Gentzen, son nazisme etc. Il nous faut passer à Girard, et à ses inventions. 

    On se réfère à http://baptiste.meles.free.fr/site/B.Meles-Logique_lineaire.pdf

    D'abord le language qui raisonne et qui se fixe une rigueur, des règles, la question étant le choix de celles ci, sachant qu'on a de l'esthétique là dedans: il faut, et oui, de la symétrie dans les principes. 

    Bon au départ, il y a deux logiques. D'abord celle d'Aristote, de Hilbert, la logique classique. Ca fait deux mille ans que ca dure (plus en fait) et on a fondé une civilisation là dessus, dite occidentale vue sa position mais tout est relatif. On a d'abord "et, ou, non" avec une belle symétrie, celle de Morgan: non (a et b) == (non a) ou (non b).

    On a aussi le "donc":  ((non a) ou b) matérialise l'implication et toutes les conséquences qui s'en suivent (...) dont le fait, bien rappelé par Duns Scot, que du faux on peut déduire n'importe quoi... 

    Car la logique a un coté utilitaire: non seulement on exprime  des propositions (avec les connecteurs en question) mais on les relie entre elles. Il se trouve en effet, et c'est cela le raisonnement, que de la considération comme vraie d'une proposition, il est possible d'en déduire, sur la base de considérations sur la structure composite de cette proposition, une autre proposition. Ces considérations sont basées sur le bon sens acceptable de celui qui invente la logique, l'acceptation par la société de ce bon sens là étant motivé par l'évidence, il y a des choses qu'on ne peut pas refuser. 

    Une "logique" ou "la" logique se définit ainsi une formalisation du raisonnement. Un raisonnement est le passage d'une proposition à une autre. La formalisation est la liste de toutes les sortes de raisonnement possibles, basées chacune sur des formes de proposition exprimées comme des "séquents". 

    Qu'est ce que ces "propositions" ? Il faut bien comprendre qu'elle ne sont pas qu'atomiques et que le fait, asserté faux ou vrai ne prête pas à discussion. Ce qui choque, fâche et irrite ce sont les conclusions qu'on en tire, connectées à d'autres propositions simultanées ou non. Conclusions qui font le langage, et dont on doit décider si elles sont fausses ou non, correctes "logiquement" ou non. C'est cela le raisonnement: raisonner sur des raisonnement. Cette activité dédoublée est souvent mal vue, elle est l'essentiel de la chose: le "bien raisonner" c'est d'abord l'application d'un nombre très réduit de principes, indépendants des vérités factuelles, et c'est le fantasme philosophique par excellence vrai par dessus tout, vrai absolument...   

    La formalisation de ce raisonnement c'est la technique de démonstration, fait à la fin du XIXème siècle et proclamée comme un programme en 1900 par David Hilbert à Paris: les questions furent posées, c'est sur.

    Sur le tard on introduisit une logique dit "intuitionniste", basée sur l'idée du refus de la règle du "tiers exclus". L'idée était de refuser de construire des objets magiquement par simple négation de leur non existence: il fallait que l'objet déduit soit construit explicitement pour accéder à l'être. Au passage, on rendait la logique capable d'exprimer un calcul véritable, on la rendait opérationnelle.

    Hélas, au passage, on rendait le raisonnement asymétrique. Débarrassé des multiples conséquents (un séquent intuitionniste n'a qu'un seul énoncé en partie droite), des règles de négation, le système de Brouwer est très laid.

    Cette histoire d'une seule formule en partie droite rend impossible le tiers exclu. En effet, si on ne peut pas avoir un "ou" en partie droite, on ne peut pas faire   |- A v non A , c'est à dire précisément le tiers exclu... 

    Cette asymétrie et cette laideur avait pourtant été combattue avec succès par un immense génie, nazi au demeurant, le fameux Gerhard Gentzen (GG). Le calcul des séquents a transformé la "logique" en un splendide alignement minimal, initialement appelé "déduction naturelle", incontournable description absolument claire de la pensée en marche.

    Mieux, cet exposé de la marche du raisonnement le rend propre à la mécanisation. L'âge de l'informatique peut commencer. 

    Mais revenons au tiers exclu et à la négation. Exprimée par Gentzen en logique classique, la négation bien loin d'être diabolique ou expression du non vrai, le vrai restant à définir, elle est essentiellement (...) géométrique et traduit en fait  le passage (de part et d'autre du "|-") du "ou" au "et" et du "E "au "A"  (retournez moi ces lettres) et réciproquement.  Là je fais mon Girard anti réaliste...

    En gros, Gentzen rend symétrique et splendide la logique classique LK, alors que LJ la logique intuitionnisme constructiviste permet justement l'informatique, bloquée par les états permanents et les créations monstrueuses d'entités incontrôlées par le tiers exclu, autorisé par LK et interdit par LJ. 

    Confronté au débat insoluble entre un beauté inopérante et une laideur utile, Girard (J.Y.) se trouva alors investi (par lui même) du soin de construire la logique des logiques, celle qui fusionne élégance et utilité, responsable du vrai passage en douceur et en beauté à l'âge de l'informatique, l'âge de l'action, qui succède à l'âge de l'état (je me lâche). 

    Pour cela, il faut de nouveaux opérateurs et un système plus riche, mais plus puissant, avec des interprétations un peu alambiquées, mais qui ont le mérite d'être pensées, cohérentes et qui fonctionnent. Et puis, tout se ramène aux systèmes bien connus modulo des conventions. On ne fait donc qu'y gagner en pouvoir d'expression, le bain englobant étant un peu baroque, mais enrichissant et assez rigolo à interpréter.

    L'idée de base est d'abord qu'on a des objets qui se transforment et des disjonctions qui sont exclusives. On matérialise des objets en transformation, des objets vivants. Cela concerne l'interprétation des nouveaux symboles introduits par LL (il y en a plein) mais aussi l'interprétation du "|-"  de chaque séquent. 

    La vérité

    Il faut cependant dire la vérité: les trucs bizarres de la logique linéaire viennent d'une procédure: on fait tourner l'isomorphisme de Curry Howard à l'envers en partant de l'informatique: toutes ses bizarreries viennent de là, elle est une interprétation du calcul fonctionnel, voilà le fond de l'affaire. Pardon de rajouter ce paragraphe après coup, mais cela est trop important. 

    Implication

    A --o B   signifie que A est "consommé" pour produire B. A est une "ressource" et ne peut servir qu'une fois. Le symbole "--o" est ainsi l'expression d'une causalité. 

    Pour pallier le caractère évanescent de l'hypothèse en LL, on définit un opérateur "exponentiel" qui caractérise la ressource qui se renouvelle: "!A" ne se consomme pas. On peut alors exprimer l'implication traditionnelle comme: 

    !A --o B   <=>  A =>B

    "!" c'est l'infini, ce qui ne s'use pas quand on s'en sert... 

    Il a son pendant "?" qui est un infini aussi mais dans le sens des lectures (en partie droite, donc).

     

    Tenseur

    L'opérateur "tenseur" "X" est une sorte de "^", mais non involutive: alors que A^A  se réduit en A, ce n'est pas le cas pour X: "AXA" est une juxtaposition. Quand on a une pièce de 1 euro ET une pièce de un euro, ça fait DEUX euros... 

    Un truc marrant: AXA --o A  . Il y a bien un A qui disparait, on ne sait pas lequel. 

    Choix

    L'opérateur "avec" "&" est lui aussi une conjonction, mais là il y a le choix. 

    Plus et PAR

    + et "par" (noté comme un "&" à l'envers) sont les duaux de "X" et "&".

    "+" est une disjonction additive 

    "par" est spécialement abscon et désigne un échange intriqué entre deux réservoirs en communication...

    2 conjonctions et 2 disjonctions 

    On a donc le titre... De fait chaque onction a une version additive et une version multiplicative.

    Pour illustrer l'humour ravageur du soixantehuitard Girard, comment modélise-t-on l'achat d'un paquet de Camels ET d'un paquet de Malboros en logique classique ? 

    A|-C     A|-M 

    ____________

         A |- C,M 

    La ruine de l'économie libérale: on peut acheter les deux ! Alors que le gauchiste, plus inventif impose : 

      A|-C       A|-M 

    ______________

        A,A |- C X M

    Là on DEUX A nécessaires pour obtenir une ressource composite incluant les DEUX paquets de clopes.

     La négation

    On en vient alors à la négation. 

    D'abord elle noté "A  nil" avec "nil" noté "_|_" ... 

    Bien sur elle exprime l'implication linéaire: 

    "A nil par B"    est    "A --o B "

    Mais aussi qu'elle est détruite ponctuellement, et non pas (comme en classique) perpétuellement niée. 

    Pour exprimer que j'ai bien destruction d'un A "compensé" par la création d'un B, c'est l'interprétation de --o.

    Le  tiers exclu

     Et là on résoud l'antinomie classique/intuitionniste

    "A nil nil --o A" se déduit très bien, exactement comme en classique, par contre

    A + A nil  n'est pas possible, on refuse le tiers exclu dans ce cas, il faut choisir, c'était ce que voulaient dire les intuitionnistes. 

    On a donc le beurre et l'argent du beurre, le bon sens constructiviste avec toute les symétries possibles. Une merveille. 

    Les délires

    Bien sur le politiquement correct est donné en plus,

    A nil nil = A exprime que ce que je donne est reçu

    Les séquents suivant sont équivalents et expriment que A est donné puis reçu

    A |- A     

    |- Anil, A  

    |- A --o A 

     

    On a ainsi, en permanence, une logique de l'action et de la transmission... 

     

    Les programmes

    Au sens de Curry Howard, la logique linéaire s'identifie à la programmation, une proposition étant un type et l'implication un type de fonction de A vers B, avec consommation de l'argument A en entrée. 

    Par contre, l'interprétation est facile et sans convolution ou autre tortillis cervical: c'est fait "pour"...

    Par exemple, et c'est un chef d'oeuvre,  (A nil) est le type d'une fonction qui prend un A en entrée !!! 

    La négation est donc interprétée comme un "input", la double négation comme le retour à l'output, ce qui exprime parfaitement l'involutivité de la chose, seule réalité qui compte... 

  • La nature du christ

    La question est d'importance, elle fonde les ontologies politiques de l'occident dit chrétien et se trouve formée de l'ensemble des réponses à la question mystérieuse de ce qu'est le christ, fils de Dieu à la fois Dieu et homme. 

    Les réponses sont multiples, on sédimenté partout au moyen orient et sont responsables partiellement de l'épouvantable désordre qui a ravagé le monde ex romain, mais c'est une autre histoire... 

    D'abord, la notion de "père" mentionnée apparemment par l'homme jésus lors des entretiens rapportés directement ou non par ses compagnons. 

    Puis ça part en live. Qu'est-il ? Quelle est sa "nature" ? 

    1) Divine purement

    Le Docétisme. (dokein, paraître)

    Le christ est peut être chair, mais ne cesse jamais d'être Dieu. ("le verbe s'est fait "chair" (et non pas "homme")).

    Une hérésie extrême.

    2) Humaine purement

    L'adoptatianisme . Un homme devient fils de Dieu après son baptème.

    On peut classer là aussi les doctrines ébionites (les nazoréens qui auraient été à l'origine de l'islam). 

    3) Arianisme

    Le christ est humain, avec un part de divinité: l'Arianisme. 

    On a là une version un peu plus "acceptable" du précédent... Ce fut la grande hérésie des premiers siècles, suivie par les vandales et des wisigoths, celle qui fut condamnée à Nicée et qui suscita l'élaboration du dogme trinitaire dans tous ses détails après des efforts démesurés politiques et religieux. Les barbares qui détruisirent l'occident étaient tous ariens, sauf les vikings.

    Un aspect important de l'Arianisme est l'aspect temporel: le fils est venu APRES, et n'existait pas à l'origine: "il y eut un temps où il n'était pas".

    4) La grande rupture

    Le christ est "en même temps" homme et dieu. Comment ? 

    A) Les deux natures sont séparées. 

    La controverse entre Nestorius et Cyrille. Nestor est condamné à Ephèse en 431. 

    Pour lui, les deux natures sont distinctes et coexistent dans la personne de Jésus. 

    En tout cas, il faut noter que tout ça fut théorisé par le moine Babai le grand, l'école de Nisibe et Barsauma...

    Ils refusaient deux choses essentielles: que Marie soit théotokos (mère de Dieu) et que Dieu ait "souffert". C'est le refus de "la communication des idiomes" et donc du théopaschisme. Les protestants, qui parlent de la mère "de Jésus" furent considérés nestoriens... 

    L'Eglise de Perse garda la formule nestorienne et s'en alla convertir les mongols. Elle est aujourd'hui l'église chaldéenne ou assyrienne, celle des chrétiens d'Irak. Elle a néanmoins fait la paix avec le pape catholique en 94, chacun gardant ses rites... 

    B) Les deux natures ne sont pas séparées. Oui, mais sont-elles distinctes ? 

    On arrive alors au monophysisme d'Eutyches. La nature divine a "absorbé" la nature humaine et il n'y a qu'une seule nature, la divine. 

    Les églises dites "des 3 conciles" (Nicée, Constantinople, Ephèse) et qui sont les églises copte, jacobite, éthiopienne, apostolique arménienne, plus d'autres, en sont toujours là. 

    Le mot "jacobite" vient du nom d'un évêque, Jacques Baradée. On parle aussi de miaphysisme, "une est la nature", ou de "monophysisme", tout simplement.

    Le patriarche d'Alexandrie, Dioschore, qui soutenait Eutyches, tenta d'imposer le monophysisme à Ephèse (449) lors d'un concile truqué qui fut qualifié par le pape Léon de "brigandage d'Ephèse" et annulé. 

     C) on arrive à la conclusion de Chalcédoine (451) qui est le dyophysisme: 2 natures en une seule personne. 

    Eutyches est bien sûr condamné. 

     D) À partir de Chalcédoine, il ne faut pas oublier un compromis intermédiaire, le monothélisme, qui tout en affirmant les deux natures, introduisit la nécessité d'une seule volonté ou énergie. Cette formule fut introduite par l'empereur Héraclius, puis condamnée. 

    C'est la position de l'église Maronite, qui, du fait de la conquête arabe, ne fut pas informée de la condamnation, mais se rattacha toujours à Rome. 

    Les Melkites ("hommes du roi") furent des chalcedoniens purs et durs, mais arabes, car coupés du monde grec... 

    E) Il ne faut pas oublier l'orthodoxie, séparée du catholicisme en 1054 lors du grand Schisme d'Orient. 

    La question était celle du "filioque", bien sûr, et portait sur la "procession" de l'Esprit, que l'orthodoxie refuse d'attribuer AUSSI au fils, favorisant ainsi indument le père. Il faut noter que le filioque, rajouté par Charlemagne pour des raisons partiellement politiques justifie le qualificatif d'"orthodoxe" à l'église d'Orient, qui maintient donc les dogmes originaux. 

     

    5) Le mystère

    Le mystère reste entier toutefois. On a 3 concepts: nature, hypostase et personne. Une personne , deux natures et une (ou deux) hypostases. Est-on vraiment monothéiste ? Les musulmans disent que non, mais ils ont tort: les 3 dieux s'entendent trop bien pour que l'accusation tienne, et puis la substance unique...

    Le principal inventeur de la triple chose est le théologien Tertullien, l'inventeur de l'histoire des personnes séparées, cathaginois berbère mort en 220. Auteur du célèbre "on ne nait pas chrétien, on le devient", il fut l'adversaire de l'antisémite Marcion et surtout de Praxéas adversaire de la trinité, dont il dit avec un humour surprenant qu'il avait rendu un double service au diable en chassant le paraclet et crucifié le père.

    Tertullien fut un montaniste, défenseur fanatique du paraclet et donc de l'hérésie phrygienne, néanmoins, et bien qu'il décrive une trinité ou il y a encore une subordination de l'esprit et du fils envers le père, il en est bien le fondateur conceptuel, l'histoire de la substance partagée et des personnes différentes en faisant déjà partie.

    Tertullien est sans doute (là j'exagère) un des fondateurs du christianisme, avec Paul. Il introduisit le "traducianisme", qui fait que l'on touche après la naissance une âme déjà toute corrompue par Adam, bien que la liberté permette de le compenser, ce qui n'est pas tout à fait le cas de toutes les théologies ultérieures, par exemple celles de l'autre berbère, Augustin, bien plus sévère.