Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

FrancoisCarmignola - Page 12

  • Les rasoirs

     

    rasoir.jpg

    Lire la suite

  • Les confréries

    On veut dire les confréries Soufis bien sur. Ce sont des merveilleux papillons à épingler. Il y en a au moins 40... 

     

    Soufi: les gens du "banc". Les adeptes du "dhikr", de l'évocation rythmée. Il y a aussi l'histoire du manteau de laine...

    Le soufisme c'est 20% de l'islam sunnite. 

    D'abord, tout cela vient d'Ali. Non pas que cela soit chiite, bien sur, mais tout de même, il y a le tropisme "parentée", comme si cela était important. Sans rire, Ali, le gendre, est le premier des "saints", détenteur de vérités profondes.

    "je suis la cité de la science et Ali en est la porte" (Muhammad).

     Et puis, il y a Rabi’a al-Adawiya, la sainte esclave affranchie qui voulait contempler la face de Dieu. 

    Et puis, il y a al-Hallaj (+922), "je suis la vérité". Crucifié à Bagdad.

    Et puis il y a Junayd (+911), "Ne suis-je point votre seigneur?".

    Al Gazhali (+1111) le grand initiateur mystique de l'islam obscur, l'homme du Tahafut, l'anti philosophe. 

    Et Ibn Arabi (+1260) né en Andalousie. Il ne fonda aucune voie... L'un des plus connus, pourtant voir par exemple (1). Dieu est amour et n'aime que lui même, la clé de la chose sans doute. 

     

    On parle de "Tariqa" ou "voie", chaque voie ayant son "saint" fondateur, ou premier de cordée, le "cheikh" (prononcer "cher"). Là encore, on est un peu limite, on substitue un saint au gendre lui même, mais c'est le même esprit: une sorte de prophète, de guide est devant. Ce guide se rattache à la tradition prophétique par une chaine d'enseignements successifs, un peu comme le principe de validité des lois musulmanes. Ces chaines remontent presque toujours à Ali.

    Il faut bien distinguer les saints soufis fondateurs et les confréries, organisations qui jouent le rôle d'ordres religieux en islam et dont les influences séculaires perdurent aujourd'hui. Elles furent en particulier très  importantes dans l'empire Ottoman. Ataturk les interdisit toutes.

    Un point important est que beaucoup des confréries datent du XVIIIème siècle, le siècle d'Abd el Wahhab, celui d'un renouveau tout azimuths de l'islam. L'opposition entre l'islam des saints et celui de la loi centralisée est essentielle, constitutive d'une opposition séculaire avec le sunnisme strict. On  pourrait dire que le soufisme est le 3ème islam.

     

     Adham-iyya: la toute première, fondée en 777 par Ibn Adham.

     

    Qalandar-iyya les hippies nus et débauchés, en tout cas ultra pauvres. Les meilleurs.

     

    Tijan-iyya en Afrique noire, en fait au Sénégal. Fondée en 1782 en Algérie.

    Mouroud-iyya en Afrique Noire, fondée par Amadou Bamba

     

    Quadir-iyya  Al Qadir Al Jilani (+1166)  Bagdad mais surtout la confrérie de l'émir Abdelkader.

    Sanouss-iyya: fondée au XIXème siècle, l'ordre wahhabiste du roi Idris renversé par Kadhafi... 

    Khalwat-iyya : fondée à Hérat en Afghanistan. La khalwa c'est la "retraite". Religion de Bajazet 2, le fils du conquérant d'Istambul, elle fut pratiquée dans tout l'empire Ottoman et refondée par Yayha Chirvani. Encore active en Albanie, par exemple.

    Chadhil-iyya fondée au maghreb au XIVème siècle. Opposés au Wahhabisme (bien sur), ils sont des mystiques. En débat avec Ibn Taymiyya...

    René Guénon en fut adepte.  

    l'Imam Chadhil aurait inventé le café. Ca ne s'invente pas.

    Elle est origine de nombreuses ramifications dont la Darkaw-iyya et l'Alaw-iyya, elle même très influente actuellement.

     

    Naqshband-iyya  en Asie centrale et dans le continent Indien: les soufis silencieux et la voie du coeur. La chaine iniatique remonte à Abu Bakr (Al Siddiq, le véridique). Mort en 1388, Naqshband, tadjik, a son mausolé à Boukhara. 

     

    Rifa-iyya en Irak, l'ordre Qadiri: au XIXème siècle en Irak.

     

    Chisht-iyya en Inde. S'occupe des pauvres, visitée par tous, y compris les hindous.
     
    Rahman-iyya fondée aux XVIIIème siècle en Algérie. 

    Suhraward-iyya : le héros d'Henri Corbin, Suhrawardi. Persan au delà du possible.

     

    Rumi : les derviche tourneurs Mevlevi et la grande oeuvre le Masnavi: une volumineuse poésie traduite en Français aux XXème siècle par Eva de Vitray-Meyerovitch, une grande dame de l'islam européen.

    Nematollahi: un ordre iranien, depuis la révolution dans le monde entier.

     

    Le Bektachisme, fondé par le fondateur des Alévis. La  religion des janissaires. Le tombeau de Gül Baba est à Budapest.

     

    (1) http://www.ibnarabisociety.org/articles/ddelamour.html

    (2) http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Soufisme/fr-fr/

  • Les grades

    Les grades c'est pas si simple. 

     

    D'abord il y a les 3 armes et la marine c'est pas pareil que le reste. 

     

                                             Les officiers généraux.

    Un Amiral c'est un Général d'Armée, le plus haut grade qui soit (5 étoiles)

        Une armée, c'est 100 K hommes, le nombre de soldats allemands de la 6ème armée en captivité à la fin de la bataille de Stalingrad.

     

    Un Vice Amiral d'Escadre, c'est un Général de Corps d'Armée. (4 étoiles) 

       Un corps d'Armée, 50K hommes c'est au moins 2 divisions.

     

    Un Vice Amiral , c'est une Général de Division (3 étoiles) 

       Une division c'est 20 K hommes

     

    Un Contre Amiral, c'est un général de Brigade (2 étoiles)

       Une brigade c'est 10 K hommes 

     

                                                        Les officiers supérieurs

    Un Capitaine de Vaisseau c'est un Colonel  (5 gallons) 

    Un régiment c'est 5K hommes, soit 2 bataillons. 

    La demi brigade, unité de la révolution (pour éviter la dénomination trop royaliste de "régiment") était formée de 3 bataillons.

     

    Un Capitaine de Frégate, c'est un Lieutenant Colonel (5 gallons, 2 blancs)

    Un bataillon c'est 1000 hommes

     

    Un Capitaine de Corvette, c'est un Commandant (4 gallons) 

    Un Commandant, c'est un chef d'escadron ou de bataillon. 

     

                                                          Les officiers subalternes

    Un Lieutenant de Vaisseau, c'est un Capitaine (3 gallons) 

    Une compagnie c'est 200 hommes.

     

    Un Enseigne de Vaisseau de 1ère classe, c'est un Lieutenant (2 gallons)

    Un Enseigne de Vaisseau de 2ème classe, c'est un Sous-Lieutenant (1 gallon)

    Un Aspirant a un gallon haché. 

    Un peloton c'est 50 hommes

     

                                                           Les sous officiers

    Un Major c'est un super sous officier supérieur, dans toutes les armes.

     

    Un Maitre Principal, c'est un Adjudant Chef (1 gallon 2 fils, un gallon doré)

    Un Premier Maitre c'est un Adjudant (1 gallon 1 fil, un gallon blanc)

    Un Maitre c'est un Sergent Chef (3 chevrons) 

    Un Second Maitre c'est un Sergent (2 chevrons) 

     

    Un Quartier Maitre de Première classe, c'est un Caporal Chef (3 chevrons rouges)

    Un Quartier Maitre de Seconde classe ou "crabe", c'est un Caporal (2 chevrons rouges)

    Un Matelot c'est un soldat de 1ère classe (1 chevron rouge)

     

    Dans les armes montées, le Sergent est un Maréchal des Logis et un Caporal est un Brigadier.

     

     

  • Les atterrés (à la mer ! )

    Tout comme il faut rejeter les migrants à la mer, il faut rejeter aussi les atterrés.

    Prenons leur manifeste (1) 

    Introduction) Les US et la Chine sont donc d'enviables économies (communistes) acharnées à la redistribution à tous selon leurs besoins. L'Europe, elle s'enferre dans un égoïste libéralisme à tout crin et veut, quelle honte, réduire les déficits publics, gages chacun le sait, de bonne gestion et nous sommes atterrés.

    Ca commence bien. Le décor est planté. Le contraire exact du réel est prononcé, affirmé sur le ton de l'évidence. Alors qu'épuisée par une redistribution insensée, source de toutes les corruptions, de toutes les inactions et d'une tiersmondisation générale, du moins au sud de l'Europe, et par une vérole sans cesse renaissante au nord, l'Europe tente au moins dans certains jugements, de vouloir se voir réformer les boulets qu'elle doit assumer, US et Chine se livrent à la plus sanglante, la plus monstrueuse exploitation sociale qui soit. Assis l'un et l'autre sur des masses de population d'un tiers monde qu'ils encouragent et font travailler jusqu'à la folie (aux US dans la restauration et l'agriculture uniquement, le reste étant abandonné au futur, en Chine partout ailleurs).

    Un point au sujet de nos économistes. Aveuglés par les études qu'ils ont terminé au début des années 2000, ils croient toujours que la France et l'Italie font partie de l'Europe. Ce n'est plus le cas: il y a rupture et divergence et les faux fuyants et la suffisance de Moscovici n'y font rien. Parler par exemple de baisse de revenus des fonctionnaires comme marque de l'austérité française, à l'unisson donc du reste de l'Europe est tout simplement insensé, voire stupide, voire criminel ! La France a deux fois plus de fonctionnaires que l'Allemagne, et cette fonction publique hypertrophiée est la marque de l'échec français: son peuple a renoncé au développement et protège ses familles par la course éperdue au seul emploi sur qui vaille.

    Tout le reste est à l'avenant. Les chiffres "moyennés" fourni par l'Europe n'ont tout simplement aucun sens. On a une Europe du nord rigoureuse, aux ratios acceptables, avec ses problèmes certes, mais qui sont ceux du jour et puis le monde du déclin inéluctable, aux ratios inacceptables, et qui ne méritent pas d'être cités tant on en a honte. La France est la nationalité des atterrés. C'est moi qui suis atterré. 

    Les fameux atterrés sont donc des ignorants, qui ont oublié ce que moyenne veut dire: formés de prétentieux universitaires formés en Afrique qui viennent nous parler rigueur avec des larmes dans la voix depuis un pays qui a DEJA abandonné tout espèce de référence, y compris intellectuelle à ce mot, synonyme de bonne gestion et d'évidente recherche de prospérité. Il fut partie de la langue de bois mitterandienne lors de la quasi faillite de 1982, et a donc mauvaise presse, voilà le problème... 

    1) Fausses évidences 1, 2, 3:  l'efficience des marchés. 

    La chose devrait être dans leur corde. La discussion est passionnante, et on voudrait parler théorie. 

    Mais la question n'est pas là: l'histoire montre que l'efficience n'est pas le bien, et la rupture des bulles financières n'a jamais été la preuve, ni d'ailleurs la contre preuve de cette efficience. Le mal au cul de certains atterrés prouverait il que la main invisible qu'ils n'ont pas dans le slip n'existe pas?

    2) F.E. no 4,5,6,7: les dettes publiques sont dues à un excès de dépense. 

    Et oui. Qu'elles soient sociales, ce qui a généré les assurances naturelles contre l'absurde responsables de la grande fuite spéculative, ou de sauvegarde des banques à genoux, ce dont nous pouvons être fier, cela a évité la catastrophe, ces dépenses énormes ont EFFECTIVEMENT contribuées aux dettes publiques. 

    La France paye ses fonctionnaires en empruntant. Vous le saviez ? 

    Ne pas réduire ses dépenses publiques contribue à la dette, et vice versa. Je ne suis pas économiste de profession, mais suis sur que ce n'est pas moi qui énonce une monstrueuse connerie sur le ton du paradoxe intellectuel. 

    Le pire est en 6: nos enfants ne rembourseront pas la dette. Ben si, le capital... Qui n'est pas nul. Ah oui, bien sur vu le montant exorbitant des intérêts versés, ce sont en fait les riches qui profient, ceux qui ont accepté, en utilisant le mécanisme des taux d'intérêts sur un marché de vente et d'achat de titres (notion apparemment inconnue du crétin qui argumente) de prêter de l'argent aux fonctionnaires trop nombreux qu'on veut ici innocenter... 

    Solution pour la dette: augmenter les impôts. Je me disais aussi. 

    Au fait, il ne faut pas rassurer les marchés financiers pour gérer la dette. Il faut bien sur les menacer et les inquiéter, des fois que ce ne soit pas suffisant pour provoquer notre chute... L'atterré est vraiment con. 

    3) 8,9,10 L'Europe ne nous protège pas, la preuve la Grèce. 

    Là on est dans le sublime: aux crochets de l'Europe pour sa ruine et son gaspillage, l'atterré mord la main qui le nourrit et cite en exemple l'immense succès grec. A se chier dessus. 

    Bon en conclusion, un monument de stupidité inconséquente, de mensonges éhontés, de contre vérités évidentes et de cynisme pur. Il n'y a pas de mots pour exprimer le mépris que suscite ce monceau de merde. La fracture sociale est devenue intellectuelle, honte à vous misérables abrutis, la civilisation et la vérité conchie votre nullité !

     

     

    (1) http://www.atterres.org/page/manifeste-d%C3%A9conomistes-atterr%C3%A9s

  • Les barbares

    Teodorico_re_dei_Goti_(493-526).png

    Lire la suite

  • Les grâces

    Michel_De_Bay.jpg

    Lire la suite

  • Emily

    EmilyNoether.jpg

    Lire la suite

  • Todd est à la retraite

    On a vu Todt à la télé (1)(3). Il n'arrête pas de se plaindre qu'il est à la retraite, un peu sentencieux et se perdant parfois dans ses disgressions, il vieillit un peu. Il est pourtant un authentique "génie" et homme de savoir avec en plus une sagesse parfaitement respectable. Il est néanmoins un peu faux cul et sa volonté de rester membre de l'establishment qui l'a si bien servi et depuis si longtemps est tout de même patente. Bien sur il se dit "à la retraite", pour tout dire vieux, mais veut rester séduisant...

    Car ses points de vues sont originaux en ce qu'il se veut d'abord une sorte de scientifique, contemplant une nature qu'il mesure, surpris. Malgré toutes ses obsessions et tropismes variés (qui ne font que son charme), il reste face à un monde qu'il ne connait pas à priori et qu'il essaye de décrire honnêtement, quelque chose d'extérieur, une sorte de réel donc, et cela est infiniment précieux. Il n'exprime pas une vision ou des opinions, mais des réactions par rapport à quelque chose qui existe hors de lui: il est homme de connaissance, au vrai sens du terme. Il compare des modèles possible d'explication et finit par l'avouer: il ne sait pas. C'est rare... 

    On connait ses dérapages, toutefois, au milieu de ses éclairs de génie. Il sous estime tout à fait l'immigration, quoiqu'il semble reconnaitre dans cette vidéo récente, au sujet de l'Allemagne, qu'il puisse y avoir des problèmes d'assimiliation quand des masses de populations s'installent trop brutalement... Qu'est ce qu'on rigole. Et puis il faut le dire, alors qu'il a rendu populaire la notion de "transition démographique", il n'a toujours pas vraiment théorisé que celle du maghreb qu'il avait décrit avec gourmandise, s'est inversée. Que dit-il là dessus ? 

    On se réjouira toujours, par contre, de son assimilation de l'islam à la pratique du mariage entre cousins, le nom du mouvement, les "frères" le montrant assez. Enjeu essentiel de la rivalité enfantine entre proches gamins obsédés de justice, la femme se doit d'être soustraite aux jeux dangereux des "compagnons", d'où son déguisement qu'on peut juger nécessaire. J'adore cette théorisation des choses, objectivité du réel humain, exposant la nécessité de la nature, dans sa cruauté et sa normalité. 

    Pour ce qui concerne la démocratie et l'Europe, Todd est toujours aussi croquant: de même qu'il y eut des élections au Danemark en 1943, il y eut une élection en France en 2017. Pas mal: les grandes gueules m'ont toujours été sympathiques, et celle là affirme de plus que si la démocratie c'est un dirigeant qui fait ce que veulent les gens, ALORS la Russie est plus démocratique de la France.

    On doit aborder la question de l'inégalité. Tout à ses considérations démographico anthropologiques, Todd semble évoquer le fait que l'acceptation de la différence inégalitaire n'est QUE culturelle. Peut être est ce un mauvais procès, et sans doute ne suis qu'un stupide étudiant, qui réifie des propriétés conceptuelles. C'est pourtant la clé de l'interprétation du macronisme du maitre: l'acceptation des inégalités intellectuelles sanctifiées par le diplôme et l'abandon de la simulation généralisée du gauchisme dans les classes moyennes supérieures: un coming out anticipé par un jeune aventurier qui a vu ce que personne n'avait vu, tout en ayant profité d'un accident, et d'une illusion (celle qu'il pouvait remplacer Fillon). Il est par ailleurs qualifié d'imbécile: tout cela, c'est pour ne rien faire.

    Sauf bien sur suivre une tendance préoccupante à l'autoritarisme, par ailleurs en ligne avec les valeurs centrales d'une Europe dirigée par la culture autoritariste par excellence, l'Allemande. A ce propos la germanophobie scientifique de Todd, ses saillies sur une Ukraine démembrée pour peupler l'Allemagne et sur une Europe, vu ses différences de niveaux de vie, bien plus inégalitaire que les US sont évidemment toddalement splendides. 

    De fait, c'est plutôt Todd qui fait son coming out: sa contemplation des invariants géographiques (la fameuse "mémoire des lieux" lui fait reconnaitre que non seulement les nations sont xénophobes, mais qu'il faut comprendre qu'elles le soient. Bien sur que les migrants ont droit de voyager (ma famille elle même, mon fils est devenu britannique...), mais il faut faire une "transaction" avec les natifs. Cette naïveté un peu gênée de l'exposition montre bien le lieu d'où l'on vient et l'ampleur du déni global dans les fameuses élites qu'on conspue: extrême...  

    Puisqu'on parle des femmes, Todd s'intéresse maintenant au futur matriarcat, rendu inévitable par le dépassement des hommes par les femmes dans l'éducation. Suivant le plafonnement à 30% de l'éducation supérieure dans la population et donc le nécessaire fractionnement de la population, cette progressive domination féminine doit avoir des effets. Il s'agit de l'arrivée inéluctable de ce qu'on appelle le matriarcat, régime anthropologique où les femmes dominent, les hommes étant réduits à des rôles d'exécution sans prestige, comme par exemple la guerre ou le labourage. 

    A la question naïvement et complètement féministe chtarbée d'une matrone de l'assistance, Todd planta un dar anthropologue magnifique: masculinisme et féminisme sont des rôles assumés indépendamment des gonades, et les choses peuvent changer, sans qu'un bien ou qu'une essence immanente soit à l'oeuvre. De quoi ruiner et humilier bien des théories, mais toutes ne le savent pas. Il n'y a pas que les cons, il y a les connes aussi. 

    Il ne précise pas toutefois la conjonction malheureuse entre éducation féminisée et éducation plafonnée. Comme si le peuple et le peuple masculin se détournaient spontanément d'une haute culture jugée bien trop "féminisée" au sens péjoratif du terme. Un certain fractionnement donc. 

    Et puis les immigrés parlons en d'un point de vue anthropologique: ces femmes voilées ne seraient elles pas la juste réaction à cette libertairianisation féministoidale ? A nous les djihadistes, allions nous contre les chtarbées, on en profitera pour les exciser, elles vont enfin nous foutre la paix... La fin du règne des amazones s'annonce, du moins pas avant les milles ans d'oppression qui se profilent, comme il se doit. 

    A moins que.

    Bien sur les seuls signes d'espoir, et Todd a l'air finalement bien catastrophé par ce qu'il découvre, se trouvent dans les populismes et la nécessaire prise en compte du peuple. Les anglos saxons, Trump et Brexit à l'appui semblent avoir compris, et négocieraient entre élite et peuple, voire se préparerait à un futur qu'ils auraient compris. Cette négociation en cours dans le monde anglo saxon n'existe pas chez les latins, éperdus à rattraper leur retard libéral et féministe qu'ils pousseront, comme toujours au maximum possible: jusqu'à l'effondrement. 

    Todd aussi a compris: il y a corrélation entre hausse des suicides et régions US concernées par la concurrence chinoise, et cela Trump le prend en compte. On sait que l'entrée de la Chine dans l'OMC, malgré toutes les garanties de l'administration Clinton, fut parfaitement non contrôlée et exploitée malhonnêtement par la Chine. Là encore Trump a raison, non pas de succomber au protectionnisme (Todd s'arrête là), mais de se battre, voilà mon avis et les raisons sont là. 

    La France et l'Europe non de Visegrad semblent hésiter, voir se perdre dans des délires absurdes, voire ridicules: leur populismes sont là pourtant et attendent impatiemment les prochaines élections. Qui peut croire, qui peut encore espérer que Macron puisse réussir ? 

    Revenons au matriarcat: il s'identifie aux hautes classes, donc. Todd a sur ces sujets la théorie de la "décadence par le haut": c'est en devenant sédentaire que l'homme inventa les régressions (communautarisme, sacrifice) qui firent son malheur, on en avait déjà parlé (2). Il l'applique au libéralisme moderne bien sur, et la force d'innovation reviendrait donc aux pauvres, ce qui flatte le tropisme prolétarianisant du monsieur...

    Par contre, il l'évoque, le statut des femmes n'a rien à avoir avec les salaires diminués des congés de maternité, et l'innovation qui consiste à pénaliser aussi les maris pour rétablir l'égalité n'est pas encore en place. Faudra-t-il une dictature pour l'instaurer ou pour l'empêcher ? Bref, la question de la démocratie se pose et Todd la considère: c'est un régime d'abord basé sur un consensus anthropologique et la xénophobie, tout comme le droit de vote réservé au groupe dominant en sont des conditions essentielles. C'est d'ailleurs à ce propos qu'il parle de fragmentation: à l'issue de la grande alphabétisation de la fin du XIXème siècle, il y eut l'égalité et donc les points de vue égaux qui conduisirent à la république. Avec l'isolation et le repliement sur soi des classes éduquées, en circuit fermé dans leur cultures absconses, la question se repose à nouveau. Todd parle en rigolant d'Avignon, temple de l'entresoi culturel assumé, inaccessible et inaccédé... 

    Todd devrait se féliciter du foot, seule occasion, c'est bien pour cela que je la méprise d'ailleurs, d'unifier tous les enthousiasmes... Quoique: n'est il pas un prétexte, un outil de communication qui plus est au service de la grande corruption internationale ? 

    Et puis il y a les vieux, Todd en est, et rigole de ne pas avoir eu dans sa jeunesse à se poser la question de l'augmentation de la CSG pour ce qui le concerne. Un démographe ennemi de Todd eut parait il le génie de comparer l'arrivée du baby boom à la retraite comme la migration soudaine d'un peuple de vieux, avec tous les effets culturels qui y sont attachés...  L'idée est bonne, et condamne certainement toute possibilité de révolution violente dans l'immédiat... Bref, l'inertie a augmenté et les prévisions faites seront sans doute peu anti auto réalisatrices... 

    Nous y voilà donc dans le déluge qu'un vieillard ironique (à qui je m'identifie) prédit pour après lui, donc en s'en foutant complètement. Est il vraiment temps de dire "Gute Nacht" ?  

     P.S.  Cette question de l'inégalité me taraude. On est au coeur de la pensée sociologique, celle définie par Weber comme l'étude de l'acceptation de la "domination". Systèmes de valeurs, systèmes familiaux ou économiques, nous avons là la préoccupation des grands penseurs qui cherchent la clé du monde. L'inégalité est pourtant, hors tout système de valeurs accepté d'avance, une réalité que j'ai humainement observé partout: son explication est relative, certes, mais c'est cette explication qui l'est, pas la chose. A partir de là, si l'éducation supérieure, qui produit traditionnellement l'inverse de ce que dit Todd (la volonté de détruire les privilèges absurdes, brutalement décrits scientifiquement comme illégitimes) se retrouve brutalement l'instrument qui au contraire les légitime, on a là un saut périlleux de retraité qui ressemble à la retraite de Russie... 

    Comme si le coming out dont on parlait était en fait plus large qu'on pourrait le penser: il s'étend au concept même de la gauche et le "je suis de gauche, la question de l'égalité etc" est bien en cause. C'est l'ensemble des opinions dites de gauche qui ont basculé soudainement et c'est bien ce camp là, celui qui, au pouvoir actuellement, bénéficie de la dernière apparence de légitimité culturelle sous les regards navrés et ... silencieux (pas mal celle là, non?) des derniers marxistes. Dont, manifestement Todd, désormais à la retraite. Il était communiste en 68.

     

     

     

    (1) https://www.youtube.com/watch?v=Z10gaVcaDuY

    (2) http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2018/02/09/la-fin-de-la-prehistoire-6025072.html

    (3) https://www.youtube.com/watch?v=wXd1cEhSogc

  • Les démocraties

    churchill.jpg

    Lire la suite

  • La fraternité

     

    herrou.jpg

    Lire la suite

  • Olivia

    grothendieck.jpg

    Lire la suite

  • Les natures

    didascalicon.png

    Hugues de Saint Victor 

    Lire la suite

  • Moisi l'Aveugle Sureau le sourd

    https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0301782940043-la-faille-qui-separe-lamerique-de-ses-allies-2182693.php

    https://www.lesechos.fr/28/04/2015/lesechos.fr/02136173497_le-drame-des-migrants-et-l-egoisme-de-l-europe.htm

    L'homme est un "géo politicien". Chroniqueur à tout, du moins la partie orientée de ses tropismes, tous dirigés vers l'absence, forcément stipendiée (comment expliquer l'absurde? Par la bêtise ou par la corruption?), de toute espèce de bon sens. 

    L'homme conjugue, et c'est lui qui le dit, les identités: juive, française, européenne. Le beau mélange, qui préside à sa corruption totale justifierait donc ses points de vue. Une larve, un lémure, un authentique con, bien sur totalement incapable de conceptualiser le mépris qu'il soulève, qu'il suscite, qu'il inspire. Un gibier. Nous sommes dans les années 30 et un bourgeois juif sentencieux hors sol fait la leçon aux peuples qu'il méprise. Sans nuances, sans empathie, juste l'arrogance assurée de celui qui ne mérite que les coups de bâtons réservés aux valets impolis.

    Car son impolitesse est à la hauteur de sa forfanterie: le Trump qu'il méprise pour avoir trompé ses prédictions assurées (ah le plaisir du résultat commenté par le berné stupide après des mois de vomitoire politiquement correct), il le juge comme méprisant son allié (l'Europe) face à son ennemi (la Chine). L'inverse lui serait il venu à l'idée ? Que non: le barde tordu tellement infatué de son postérieur de vieux taré ne peut l'imaginer. Un con, vendu à Macron, tel est son rôle, sa fonction, son être.

    Envahie et détruite par le libre échange chinois que les plus enragés des fédéralistes dénoncent maintenant à haute voix, c'est dire, l'Europe de Moisi ne peut même pas considérer qu'après avoir joué à fond l'avantage avec des rétrocessions conséquentes, l'Amérique est allée trop loin et qu'elle a décidé, oui  décidé, de faire autrement ? 

    Entre de telles mains, de tels économistes, nous, et quand je dis "nous", je ne compte pas les allemands, ils ne sont pas fédéralistes, les européens misérables soumis à leur démagogie, vont encore faire semblant de croire restaurer leur puissance. Ils ne sont que des territoires à envahir, et on va voir leur troupes, bientôt. 

    Moisi collectionne les perles et les éditoriaux chiassieux qu'il ne cesse d'aligner, à rebours de toutes les intelligences, de toutes les prudences et de toutes les lucidités avaient fini par m'en dégouter absolument. Par exemple, sur l'Iran, allié qui plus est de son ennemi la Russie: 

    "Peut on s'appuyer sur Rohani ? Ben oui, de tous les mollahs, il est le plus modéré... L'europe a tellement besoin de s'ouvrir à l'Iran, qu'il ne se formalisera pas trop sur la démocratie..." Quelle habileté, quelle modération...  

    Non pas qu'il ne soit d'un lobby judéo complotiste de quelque nature que ce soit... Il n'est que con, un libéral européen hors sol, porteur d'un idéal vérolé par le mondanisme sans volonté et le conventionnalisme bourgeois le plus dégénéré. Tout cela va se fracasser contre la violence des vraies volontés, les volontés de puissance qu'il dénonce chez lui et ses amis américains qui ne sont pas noirs et soutiens des frères musulmans. Ah oui, la volonté de puissance nationale israélienne, aussi, celle là on ne la critique pas...  Par contre, la Russie, (mais pas l'Iran) alors là... Bref: tout ce que je dis est vrai: il porte une conception "européenne" du monde: celle du bon sentiment, et de l'absence d'intelligence, de lucidité et de logique, celle des futures victimes. 

    Que ce passe-t-il et qu'il ne voit pas? D'abord que son projet débile d'union mondialisée pacifiste reste une vieille lune absurde. L'Occident n'a pas réussi à civiliser le monde, et à part le Japon, et Singapour, et peut être le souvenir du knout dans la partie de l'Amérique du Sud qui n'a pas définitivement plongé dans le tiers monde, on ne trouve partout qu'un enrichissement provisoire et barbare qui ne se traduit par rien, sinon une monstrueuse croissance démographique sans buts. Bien au contraire, c'est l'Europe, voire les US, qui se bougnoulise, sauf la Chine, bien sur.

    La Chine et le reste du tiers monde enflé de la bêtise humanitariste qui l'a nourri à toutes forces (depuis les petits chinois des années 30 jusqu'aux petits blacks aux ventres gonflés des années 80) on court vers une explosion abominable de ses inutiles populations avec un risque maximal avant 2050 de conflagration, juste avant l'inéluctable disparition de cette bulle humaine, inutile et dispendieuse. Fasse qu'elle meure de vieillesse, sans objet et encore une fois sans objectifs véritables. On ne parle pas de l'Inde, l'équivalent de l'Afrique, embourbée dans cette folie et au combien, ils ont l'air gentils, mais ils ne le sont pas plus que les autres.

    Il faut bien comprendre la nature des "modernisations" célébrées de ces océans humains: une partie faible de la population accède aux standards occidentaux, avec des domestiques. Discriminés et sans avenir, le "peuple" qui est sorti pour son malheur de la famine se contente de se multiplier misérablement. On ne voit pas ce qui lui assure un avenir crédible ou intéressant et tout ce qu'on peut imaginer c'est une rigidification de ses structures sociales, avec la nécessaire stérilisation intellectuelle qui s'y associe et qui n'aura vocation qu'a protéger sa partie modernisée. L'autoritarisme asiatique est effrayant et sans recours: un tiers de la planète sombre dans une dictature technique sans merci et qui va s'accentuer, on le voit déjà. 

    Face à cela, les Moisi prônent le libre échange mondial et l'accueil des réfugiés.

    Et bien c'est le contraire qu'il faut faire maintenant. D'abord, il faut bloquer la Chine: engagée, et avec un empereur en poste, dans une course aux armements et aux routes commerciales terrestres et maritimes, elle EST menaçante et on doit lui faire savoir que cela se voit. Il faut tout simplement fermer nos frontières envers son expansion, jusqu'à ce qu'elle ouvre vraiment les siennes. Pour cela il faut de la volonté, et rompre avec des habitudes mortifères. L'enrichissement Allemand n'est pas un complot mais c'est bien la Chine qui lui achète. C'est le point aveugle de l'Europe et ce que défend avec les Raffarins et tous les autres adeptes de la grande civilisation confucéenne, les tenants du libéralisme fédéraliste: le commerce illimité avec une puissance qu'on a déjà renoncé à maitriser. 

    Le cri du coeur de Moisi est pathétique! Comment? Notre allié dans le respect passif de l'inéluctable domination chinoise nous force à nous précipiter encore davantage dans la gueule du dragon ? Il l'aura voulu. Il faut bien sur calmer Trump et comprendre qu'il n'est qu'en avance par rapport à nous. Car se lève en occident un refus de l'alignement des blancs pauvres sur le standard mondial. Qu'importe si un milliard de surnuméraires mangent à leur faim en continuant de se multiplier comme des lapins! On ne veut pas vivre comme eux, c'est tout. Et bien le libre échange cruel sans calcul des nations qui sont pourtant responsables de son application intelligente est rejeté massivement. Aux US, et ça vient en Europe, il le faut. 

    Cela s'accompagne d'un rejet épidermique des hommes efféminés et précieux dont la délicatesse cynique de corrompus gluants se voit comme le nez au milieu de la figure, sans parler des tigresses tarées qui les dominent et dont ils font la promotion. Une génération médiatique va y passer et l'acharnement contre les hommes blancs de 50 ans en cours est un élément décisif d'un populisme qui avance: tout cela sera balayé par un proto fascisme que les Moisi et consorts sont en train de susciter littéralement. Remarquons qu'on s'achemine, suivant en cela leur souhaits, vers un alignement avec le tiers monde. Qu'est que le populisme asiate sinon celui là ? Un fascisme technicisé rendu nécessaire par la haine incommensurable envers les revendications débiles et aussi  leur maitrise autoritaire source de révoltes irrationnelles. Le contraire de ce que tous les siècles troublés de l'histoire des précurseurs européens n'arrivent toujours pas à maitriser.

    Fils de déporté, le moisi nous fait revivre l'hypocrisie et la faiblesse qui a conduit aux malheurs de son père. Car la mémoire historique, la vraie, ce n'est pas celle des citoyens trop lâches pour s'opposer aux dictatures, c'est ceux trop tarés, trop faibles et trop inconséquents pour la préparer directement en la justifiant. Le malheur des années 40 fut d'abord causé par les faiblesses, le pacifisme et l'inconséquence des années 30. 

    L'autre abandon c'est l'Afrique: incapable d'y régner, et d'y imposer la réduction des naissances que cette partie de l'humanité n'a même pas commencé à imaginer, nous nous préparons à les accueillir (du moins c'est ce que Moisi fait encore semblant de nous dire, le cuistre). Une période trouble s'annonce, le temps que l'on se décide, mais il sera peut être déjà tard, à bloquer cette souterraine fusion des deux continents qui voudrait s'annoncer. 

    Car l'Afrique ce n'est pas que le tiers monde. C'est aussi sa culture et sa grande religion. Tiens tiens, un fascisme de plus, et celui là vraiment totalitaire: même en se suicidant on est en enfer. Bienvenue à la grande religion de paix, faut il la laisser libre de s'installer chez nous? 

    L'échec absolu du maghreb à se développer normalement, l'échec absolu du reste de l'Afrique à déjà vivre en paix fait de l'Afrique un réservoir à réfugiés infini et un foutoir chaotique pour encore un siècle au moins. Et bien il faut acter cet échec et rompre les ponts, puis construire un mur. Prendre pied sur les cotes comme à la grande époque et y redéposer les surnuméraires issus des ghettos qui se gonflent. En attendant, rompre les ponts serait déjà un progrès. Faut il attendre l'explosion effective de l'Algérie pour y procéder dans l'urgence ? Merci à Moisi d'anticiper tout cela et de vivre sa vision angélique débile et inconséquente. Merci à lui d'unir l'Occident dans ses craintes et ses envies. Contre lui, d'abord, et cela ne nous fera pas gagner du temps. 

    Continuons à parler des craintes, et écoutons François Sureau, même génération, même soucis de vieillards tarés: 

    https://www.youtube.com/watch?v=SeDvJQjI-hw

    Un indigné qui défendit Fillon, en fait la justice contre lui, il défendait en fait un migrant, c'était la même motivation: l'excessive sévérité de la justice qui voudrait, livrée au ministère de l'intérieur, supprimer le droit d'asile, quelle horreur. Aveugle et imbécile, le juriste formé à l'ENA qui voit révolté les assassins pédophiles ne pas être libérés séance tenante, des criminels sans papiers relâchés dans la nature la veille de meurtres abominables pour lesquels ils sont condamnés à mort (euh, abattus comme des chiens par la police). Bref, le juriste vérolé par excellence qui se plaint non du dévoiement et de la faiblesse d'une justice formaliste absurde aux ordres d'un pouvoir corrompu, mais de... quoi exactement ? Du contraire de la réalité: une immigration sans contrôle ni limites s'installe sans être renvoyée après refus légal d'une demande mendiante injustifiée (faudrait lui enfoncer les chiffres dans le cul?) et le monsieur se plaint du fascisme. Il lui en faut un, et lui faut en être la victime, on ne le regrettera pas, il en est. 

    Car c'est cela le fascisme: l'horrible envie qui nous prend de punir l'imbécile qui fait semblant de croire qu'il est déjà arrivé... Le cri au loup qui prépare sa venue. J'aime bien cette forme de phrase, elle semble obliger à la précision, alors que tout est dit. Car ce n'est pas la venue du cri qui est préparée, mais bien celle du loup, bien sur, faut il le préciser? Et bien non, car il faut que la faiblesse et l'abrutissement moderne se cache quelque part, précisément dans l'ambiguité du langage, là où on ne peut que les insulter pour les en faire sortir... Sale con ! Tss Tss !  

     P.S. En parlant de sale con, Moisi le 18 Juin: "Pour révoltant qu'il soit, le drame de l'Aquarius ne saurait être comparé à celui de l'Exodus". Légèrement ébranlé, le gluant reste droit dans ses bottes entre les "deux" camps: ceux qui "respectent les droits humains" et ceux qui "flattent les bas instincts". Mes bas instincts sont flattés et tu es mon ennemi méprisé. 

    Un point au sujet de la "judéité" de Moisi, qu'il revendique d'ailleurs. Elle se caractérise par un cynisme faux cul explicite: il excuse les tirs de l'armée israélienne contre les foules devant le grillage à Gaza, et condamne ceux qui veulent fermer les frontières de l'Europe "au risque de perdre leur âme". Il refuse bien sur la comparaison Exodus Aquarius, mais pourtant l'émotion internationale contre les mauvais traitements faits à des civils n'a-t-elle pas favorisé la création de l'état d'Israël? Bref, un égoïsme géopolitique incohérent et il faut le dire dégoutant.

    Et bien je serais ici un sioniste lucide et cohérent: les nations ont le droit de refuser d'être envahies, Israël se défend et l'Europe doit se défendre. L'Etat d'Israël est légitime et depuis le début. L'Exodus avait vocation à amener un peuple vers sa terre, l'Aquarius est un radeau d'esclaves vendus pour envahir et polluer. Moïsi est un hors sol méprisable et je le conchie. 

    Il faut bien voir que ce clivage, qui peut cette semaine faire sauter Merkel, est maintenant essentiel. L'humanitarisme béat des lâches doit céder ou bien l'Europe explosera. La haine est là, je le sens, je la ressent. Est-il trop tard? Peut être pas, mais un mal considérable a été fait. 

    Il suffisait pourtant d'être lucide et de dire le fait. Que des humanitaires manipulateurs des opinions et partiellement corrompus ne pouvaient se substituer aux états, que l'immigration économique n'est pas un droit, que les peuples d'Afrique doivent comprendre qu'ils ne peuvent migrer que dans leur zone géographique. Le bon sens, la sagesse, le réalisme. 

    On a préféré comme Moisi, faire honte à l'ennemi qu'on méprise au nom de la cuculetterie humaniste. Je te ferais rentrer mes bas instincts dans ta gorge de pourri, sale abruti. 

    P.S. J'adore les phrases "soit disant" ambigues: "Brigitte Macron se rend au festival qui fête ses vingt ans". 

    P.S. J'avais décrit ici même l'épouvantable connerie de Bernard Henri Levy et de ses pensées profondes, y compris sur la judéité, que le connard absolu n'était même pas capable de penser, même en lisant. Il nous explique que le bateau fantôme de migrants fantasmé par des fascistes montrait l'abaissement spirituel, "similaire aux années trente" que vivait l'Europe. Les 2 millions de faméliques envahisseurs du tiers monde qui viennent de prendre d'assaut l'europe sous ses yeux alors qu'il ne s'est pas révolté contre l'abandon par ses amis de la Libye qu'ils avaient libéré ne lui servent de rien. Comment arielle peut elle coucher avec une merde pareille ? Ca me sidère.

     

    P.S. Nous sommes début Septembre 2018. Le moisi de sa race se répand encore dans les échos. Il faut être lucide et reconnaitre que les problèmes sont économiques. Ca commence bien. Comment expliquer qu'un fondateur de l'Union, l'Italie en vienne là! La fot aux zinégalités donc. Après 2 colonnes d'atermoiements, on se livre: le mot juif a été prononcé en Suède. Et là: pas de demi mesures, pas d'alliance, le courage et Macron a raison, sauf sur les migrants: il faut maintenant choisir son camp. Quand on vous disait ce qu'il en était vraiment...  

  • Les guerres de cent ans

    francacheval.jpg

    Un Franc, "à cheval".

    Lire la suite

  • Les consciences

    chauvesouris.jpeg

    Lire la suite

  • Les addictions

    Que voilà un commentaire anti migrants que je trouve particulièrement brillant, jugez vous mêmes: (1).

    Il fut hélas détruit deux fois: en gros, j'y faisait remarquer que le spécialiste des addictions semblait accros aux migrants. J'y évoquais la double addiction: celle des africains goinfré du porno diffusé sur l'internet qui voulaient à toutes forces rejoindre au prix de mille périls un paradis qui les hait et qui les discrimine avant de penser les exterminer tant ils sont innoportuns dans les régions qu'ils polluent, et AUSSI celle des humanitaires goinfrés de bien-pensance qui jouissent de sauver ceux qui fascinés par tant de mansuétude sont prêt à tous pour nourrir des passeurs au final très généreux... Bref de quoi révolter une sensibilité à fleur de peau. Je l'emmerde et le conchie au passage. Viva Italia et on foutra en prison TOUS ces passeurs là. 

    Le monsieur est en effet un sociologue particulièrement brillant, lui aussi (...) spécialiste et au combien de l'addiction, il n'a parlé que de ça au point d'en faire un motif d'explication sociologique: (2)

    Il faudrait revenir sur ces considérations, particulièrement subtiles et brillantes, mais au fait c'est quoi l'addiction ? 

    J'avoue apprécier tout particulièrement la notion d'équilibre homéostasique du corps en général, le "symptôme" étant d'abord une réaction du corps et donc bien plus qu'une manifestation secondaire du mal comme cause: une réaction naturelle de la victime. Ces considérations sur la médecine sont une partie importante de la connaissance du monde.

    Et bien, on ne vous dira pas (en fait, si on le dit) qu'il existe un pendant à la dopamine (qui dit qu'elle est contente) mais qu'il est inconnu. Ce sont les deux voies de la satisfaction et de la dissatisfaction qui remontent (il le faut bien) vers le cortex en charge de l'action "volontaire". 

    Disons que par des mécanismes à trouver, mais de natures différentes, les substances étrangères ou les actions menées génèrent du contentement qui se traduisent surtout par la présence de la fameuse dopamine, qui rend euphorique. C'est ça la récompense.

    En fait endorphine et dopamines sont des neurotransmetteurs, des substances échangées entre neurones pour qu'ils communiquent. Les neuro transmetteurs sont réceptionnés par des sites d'accueil qui peuvent accueillir "autre chose"... Par exemple les récepteurs à endorphine acceptent aussi la morphine, et les récepteurs cannabinoïdes la THC de la beuh. Les récepteurs à acétylcholine, la nicotine. La substance ingérée, reconnue par les récepteurs se trouve bien un toxique qui entre dans le système neuronal et qui le vérole. Le cannabis, par exemple, est particulièrement actif dans tous les domaines qui concernent les adolescents, ce qui les abrutit particulièrement. 

    Mais au final, c'est la dopamine qui se trouve générée en excès au final, et cela dans TOUTES les addictions... Ainsi, la présence directe d'une "drogue" (équivalent de ce qui est sécrété "naturellement", par exemple lors d'une activité sexuelle, ou d'une ingestion de nourriture), permet de stimuler DIRECTEMENT le circuit de récompense avec la production excessive de dopamine.

    C'est alors que l'organisme, en charge de l'équilibre tente de la capturer, car il y en a trop. Et c'est cet assèchement de la demande de récompense qui génère l'envie, et le besoin, de la compenser, artificiellement, encore plus.

    La dopamine est reçue par les neurones dopaminergiques, qui s'activent (qui se préparent à recevoir la récompense) à la moindre allusion, qu'elle soit originaire de n'importe quelle drogue par ailleurs... 

    Le piège est donc en place: un "liking" initial introduit un déséquilibre dans la production du signal de demande, qui se trouve compensé avec un excès de recapture en regard, ce qui génère la souffrance que l'on ne peut que vouloir réduire. 

    Il n'y a plus alors que le "wanting", et plus que la volonté, le besoin impérieux de compenser le mal. Voilà l'autre équilibre, entièrement causé par le corps lui même. 

    Nul médicament disponible pour cet excès, précisément, de médicament: une seule solution: l'arrêt brutal et définitif de la source du déséquilibre, ce qui ne pourra pas manquer, au bout d'un certain temps, de produire un rééquilibrage à un autre niveau.  Combien de temps? Ca dépend. Faut il rembourser les patchs anti tabac ? NON !!!

    Subsiste le mystère, en fait controversé car on ne sait jamais si il est métaphorique ou réel, d'une modification effective de la chimie du cerveau durant l'addiction: est elle définitive et physique ou bien réversible lors du retour à l'équilibre ? En gros, le manque est il réel ou simplement provisoire ? 

    Y aurait il différentes drogues, celles sans "brain disease" et celles avec ? Peut on toujours simplement s'arrêter? 

    De fait, et l'histoire des endorphines est en fait secondaire, il semblerait (à moins qu'on ne prouve le contraire) que oui: l'addiction est juste un problème de communication avec soi même, et la criminalité de l'héroïnomane tout à fait punissable, comme toutes les hystéries non psychotiques. 

    En fait aussi bien sur, tout dépend des récepteurs de neurotransmetteurs stimulés par l'action primaire de la substance ingérée. Il y a bien DES drogues et des mécanismes de stimulation différents et donc des dépendances différentes dont les effets secondaires sont différents. Le principe unique de la sur stimulation dopaminergique reste par contre central.  

    Ce mécanisme, ici décrit avec des substances dont on a vu récemment (les années 90) augmenter le taux chez des rats rendu cocaïnomanes avec l'argent de la recherche est en fait parfaitement général, et totalement abstrait, voire structurel dans les systèmes complexes sujets à rétroaction. On peut dire que l'addictivité s'applique à bien autre chose que les drogués ou les rats: aux pays, aux cultures et à tout en fait.

    Par exemple, la dépendance à la dépense publique, où au remboursement de l'homéopathie: une seule solution, et on ne le dira jamais assez: l'arrêt brutal. 

    Le concept de capitalisme addictif, utilisé aussi par Bernard Stiegler, évoque l'utilisation directe du complexe de sur stimulation de la récompense par le marketing de certains produits (de tous ceux dont on veut pousser la consommation hors limites, sans parler des autres, mettez vous à la place de mon boulanger). Quand on pense que les débuts de Mai 68, il y a 50 ans, c'était beaucoup de critiques de la consommation... De manière évidente, on veut rendre "accro" à son produit et ce n'est que de la bonne promo que d'encourager cela. Le créateur de coca cola viendrait il d'un voyage dans le temps ? Bref, les plus grandes fortunes vont à ceux qui découvrent le mécanisme fondamental avant les autres... Saleté de capitalisme... 

    De fait l'addiction est ainsi un mécanisme "naturel" qui génère des équilibres dont certains sont pathologiques. Voilà le travail, tout n'est qu'une question de dose. C'est comme les migrations et le fascisme qui va le compenser: une pathologie horrible qui va nous engloutir, ou ce qui subsiste d'intelligence dans cet océan de bêtise intellectuelle va-t-il réagir et arrêter, brutalement, de déconner à pleins tubes ? 

    (1) https://www.nonfiction.fr/articlecomment-9408-entretien-avec-patrick-pharo-a-propos-du-capitalisme-addictif.htm 

    (2) https://www.cairn.info/revue-l-annee-sociologique-2007-1-page-103.htm#re27no27

     

     

     

  • Il se fait appeler Arthur

    Arthur Shopenhauer est un personnage fascinant, "vaniteux jusqu'à la folie" d'après Rosset. Il fait de la musique l'art suprême et il a raison, il est tout avant tout le monde, hippie indhouiste grande gueule qui insulte à qui mieux mieux tout ce qui dépasse. Mais il se trouve d'abord l'anti Kant par excellence et cela sur la question la plus importante, celle de la liberté. 

    Le Rosset

    On commencera par lire le S. de Rosset, qui en fait un philosophe de l'absurde, mais surtout comme le précurseur inconscient de la philosophie de la "généalogie", principale marque de Nietzsche et de tous ceux qui l'accompagnèrent dans sa pholie, en gros tout le XXème siècle qui suivit Marx, Freud etc.

    Arthur commence par nier la causalité en général, puis introduit la volonté comme seul concept indépendant de tout phénomène. Volonté comme vouloir (Wille), inconscient, instinctif, inconnaissable: la "chose en soi" elle même et tout est là. On a de plus la soumission de l'intellect à cette volonté, ce qui est la vraie signification du généalogisme futur, que par ailleurs Arthur ne formalise pas. Rosset l'explique par la volonté d'Arthur de faire du monde un absurde global en en décrivant l'essence: l'absurde vouloir. 

    La critique de Kant

    La volonté d'Arthur est une chose en soi, et à ce titre renverse Kant: étant l'opposée de la liberté cela ruine directement l'autonomie non intelligible et inconnaissable de la liberté de Kant (1).

     

    Et pourtant 

    Arthur est pourtant un admirateur caractérisé du Königsbergeois: il lui reconnait ainsi à raison "l'immortel mérite d'avoir donné le coup de grâce au théisme philosophique", mieux, il compare sa lecture à une opération de la cataracte qui nécessite les lunettes d'Arthur non mettables sans ! En cela et bien il a totalement raison.

    Le Droit

    Un point de clivage monumental est aussi le droit. "Pour moi, le concept de droit relève de la morale" dit Arthur.  Alors que Kant entend séparer radicalement le droit de l'éthique.  

     

    Le reste

    Arthur reste un lascar de première. Sa forfanterie, réjouissante et hardie lui fait théoriser la pédérastie, encouragée par la volonté de l'espèce pour éviter de faire les enfants faiblards qu'engendrent les jeunes et les vieux... Il en plaisante, même, de sa théorie foireuse !

     

    La musique

    Mais bien, sur la spécialité d'Arthur, c'est la musique. La chose qui continuerait d'exister si l'univers n'existait pas... 

    La théorie est en fait assez complexe (MVR 52). En gros, l'art ordinaire imite les idées, alors que la musique imite la volonté, comme les idées elle même. On en revient en fait à ce qu'Arthur pense des idées: elles sont l'objectivation de la volonté, et ainsi une forme de représentation de celle ci, mais AVANT la multiplication des individus. 

    C'est pour cela que l'art est dans l'unique: il est recherche de l'idée. Au passage le caractère non multiple de l'idée vaut même si il n'y a qu'un seul objet qui lui correspond... 

     

    La Morale       

    On parlera ici de la morale Kantienne...

    C'est l'intention: n'est moral que ce qui veut l'être avec l'intention de respecter une loi. Il y a ainsi doublement: on a l'intention et aussi l'intention de respecter une injonction particulière à faire ... le bien.

    La chose se transforme en "impératif catégorique": le bien se définit comme le respect d'une maxime qui a vocation à avoir une portée universelle.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    (1) https://philitt.fr/2012/10/28/schopenhauer-critique-de-la-morale-kantienne/

  • Les critiques

    Kritik der reinen Vernunft s'est attiré de nombreuses critiques. Un certain nombre d'entre elles sont débiles, comme par exemple sur la page noire de Kant (on va parler de la gestapo d'Onfray) l'affligeant (1): 

     "J'ai donc dû supprimer le savoir pour lui substituer la croyance." Slogan typique du complot kantien contre la raison? Ou bien expulsion définitive de la preuve ontologique de la philosophie ? Comment savoir ? Qui sait ? Qu'est ce que la vérité ? 

    La connerie des critiques ne peut donc qu'éberluer, alors, éberluons nous ! 

     

    Le noumène

    Le noumène serait contradictoire. Schopenhauer le dit et il y a plusieurs variantes de l'argument, dont l'un affirmé par Luc Ferry lui même ! 

    En gros, la réalité du noumène ne pouvant être pensée que, et c'est Kant qui le dit, par l'entendement subjectif, elle est contradictoire. 

    A plusieurs reprises, Kant affirme la différence entre connaitre et penser, la chose portant précisément sur l'appréhension de la chose en soi, pensable mais pas connaissable. Toute la critique expose la barrière infranchissable entre les deux mondes, qui permet précisément de lever la contradiction fondamentale de la métaphysique, et qui est de penser pouvoir raisonner par une opération intérieure à l'esprit sur la réalité d'un objet extérieur à l'esprit. L'essence même de la critique porte sur cette question. La transformer (qui plus est victorieusement) en contradiction fondamentale est la marque de la plus parfaite incompréhension ou de la plus parfaite connerie. Dans le cas de Luc Ferry, la deuxième hypothèse me parait à favoriser. 

    La porte de derrière

    Nietzsche qualifiait ainsi la philosophie de Kant (il voulait dire sans doute "enculé"). La mise de la croyance dans la pensée et aussi l'expulsion des petites simagrées divino exotiques du raisonnable avait mis colère le futur fou. On le comprend.

    Le yaourt renversé

    La critique dit de ce nom là (c'est ma tradition à moi) consiste à moquer le vieux boche qui se ventait d'avoir fait une révolution copernicienne. L'image du retournement de situation ne pourrait s'appliquer ici, car c'est l'homme qui se retrouve avec Kant au centre... Qu'importe la figure, du moment que le yaourt est par terre. Les adeptes de Freud, Marx et ... de Copernic sont ainsi tourneboulés. Que l'intelligence humaine puisse se dévoyer au point de publier de telles bavasseries ivrognes est fascinant. Merci à toi, manu d'être venu nous visiter: nous en avions besoin.

    C'est la critique de Russel: une "contre révolution ptolémaïque". 

    Le temps

    Il est plaisant de voir tous ces gens vouloir réfléchir avec profondeur sur le fameux concept, en ignorant que la chose, parfaitement conventionnelle n'existe pas... Parfaitement modélisable sans cette fonction là, le monde n'en a cure, et la chose étant évidemment connectable et déduite du changement de valeur des attributs des parties du monde, celui réduit à de l'espace noué décidant de l'immobilité ou non. Ce n'est pas moi qui parle, c'est Einstein, et pour l'instant on ne l'a pas contredit. A partir de là, il m'est parfaitement loisible de caractériser mon intuition, en moi, et sans aucun rapport avec le réel tel qu'il se modélise, d'ailleurs avec mon entendement même, et qui inclut le temps comme catégorie fondamentale, responsable entre autre de mes connaissances sur la succession des nombres entiers. Intuition à priori, parfaitement décrite par le vieux branleur boche qui vous encule tous (je m'égare mais me comprend). 

    En gros, il semblerait bien que vouloir remettre en cause la structure de la raison pure telle que décrite par Kant, au nom de la révolution scientifique du XXème siècle, soit un hors sujet complet. La relativité du temps tel que modélisée par les théories d'Einstein n'a strictement aucune conséquence sur la notion de temps décrite et utilisée par Kant, et qui fait évidemment partie de ce qui est nécessaire pour comprendre, voire imaginer les productions d'Einstein. Quand est il du temps de Rovelli, qui n'existe pas ? Ou de celui de Leo Ferré ? Ils rendent Kant caduque ? 

    Qui regarde sa montre bizarrement après avoir lu de la relativité? Kador ?  Bref, l'éberluement stupide et moutonnier des crétins qui continuent par ailleurs de penser qu'il y a quelque chose dans la clairière de Heil de guerre me font profondément chier. 

    Plus sérieusement: le paradoxe évoqué par Etienne Klein par exemple, et qui est que le temps ne peut être à la fois un objet d'étude et une condition de l'intuition est une naïveté. La conception kantienne du temps est en effet une condition de l'exercice de TOUT raisonnement par rapport à TOUTE réalité extérieure, y compris donc une matérialisation du temps dans un cadre de la théorie physique. Cette tentative de tourner Kant dans l'essence même de la profondeur de sa position est ainsi naïve, et ressort de ce que je disais: l'incompréhension complète de ce qu'il veut dire.

    Il faut bien voir aussi que cette question du temps est considérée comme fondamentale: on parle de la "subjectivation" du temps par Kant. L'ambiguité mentionnée par Klein est au coeur de l'incompréhension: il y a le temps de Kant et le temps "réel" qui sont confondus dans l'esprit des critiques. Comment ne peuvent ils pas être distinct pour le vieux boche, tout de même pas complètement crétin ? Celui ci se tue pourtant à distinguer le temps "phénoménal" (il nie l'existence réelle (comme chose en soi) et aussi l'existence phénoménale, du temps). Cette confusion a d'ailleurs une autre forme, encore plus stupide: comment le temps existait il avant que l'homme n'apparaisse sur terre? Encore une fois, le temps est, -pour nous- condition de perception. Avant nous, et avant toute perception, il n'y a que des phénomènes inscriptibles comme ils le souhaitent sur le sable des plages désertes, et des choses en soi, de toutes façons, inconnaissables. 

    Bref, Etienne Klein, qui n'a manifestement pas plagié Kant, a manifestement plagié le plat d'huitres qu'il s'est tapé avec l'argent qu'il a escroqué. 

    "Le temps NESTPAS un concept empirique qui vient d'une expérience quelconque". Capito pepito?

     

    McTaggart

    Il prouve lui que le temps n'existe pas en utilisant une preuve métaphysique particulièrement tordue. En gros, on ne peut considérer le temps qu'à condition de le voir comme la juxtaposition du passé, du présent et du futur (la fameuse série "A"). L'alternative "mathématique" qui serait de le voir que comme une notion relative d'antériorité, de simultanéité, et de postérorité (et oui le futur est derrière nous) n'étant pas tenable car n'incluant pas la notion de changement. A partir de là, on a une régression à l'infini, car sinon on ne peut expliquer comment un évènement n'est pas ALAFOIS présent, passé et à venir sans utiliser une notion du temps... Donc le temps n'existe pas.  

     Coluche

    "C’est des mecs qui disent des trucs qu’on comprend pas a propos de trucs qu’ils ne comprennent pas pour nous faire croire qu’ils les comprennent ....vous comprenez ?"

    Cette magnifique définition de la métaphysique donne raison à Kant sur toute la ligne. Capito? 

     

    Hegel

    On a lu (3).

    Hegel est un ennemi "absolu" de Kant. D'abord il nie le "concept" de chose en soi (qui n'en est pas un d'ailleurs, on le comprends...), car les pensées sur les choses sont l'"en soi" des choses, ça tombe bien: les qualités sont dans l'objet. On ne saurait être moins kantien. 

    Mieux: la chose en soi illustre le refus de Kant de connaitre la vérité qu'il craint, et il n'est qu'un idéaliste timide et subjectif. 

    Bien sur on revient sur le refus de la preuve ontologique, et on va même jusqu'à identifier foi (la science immédiate) et indivisibilité entre l'être de Dieu et sa pensée... 

    On avait donc bien compris l'importance de la démarcation, et son aspect insupportable pour tout ce qui compte dans les milieux fidéistes et spirituels... 

    Néanmoins, la caractérisation de la position de Hegel comme affirmant les besoins de l'Esprit de s'affranchir de toute limites est sans doute le fond de son "envie".  

    Lebrun 

    Un lecteur de Kant contemporain qui étudia Kant ET Hegel nous la fait subtil et c'est sans doute la critique des critiques la plus "chrétienne": Kant se bat contre Hume et donc lui cède sur tout sauf. C'est là le point: Kant veut en fait rendre possible la métaphysique et déterminer ce qui reste accessible après nettoyage, et donc rendre le supra sensible pensable, malgré tout. Mieux, la rationalité du monde, c'est à dire l'adhésion de la nature aux formes à priori doit être garantie par quelque chose, n'est ce pas?  Et on retrouve alors la théologie, ce qu'il aurait voulu démontrer. 

    Lebrun va jusqu'à faire dire (après l'avoir lu) à Hegel que celui ci est reconnaissant à Kant de cette démarche, et va jusqu'à ne lui reprocher en fait que de ne pas avoir localisé la limite dans les concepts même... 

    Lénine

    Il aurait dit: "On dit que la raison a ses limites. Dans cette affirmation réside l’inconscience de ce que, par cela même qu’on détermine quelque chose comme borne, on opère déjà son dépassement.  "

    Bien vu, mais pas kantien pour autant... 

    Hermann Cohen et les Néo kantiens

    Noumènes et chose en soi. Le noumène est pensé est donc interne à la critique, alors que la chose en soi est véritablement extérieure. Disons qu'en gros, l'apriori de la connaissance donne à l'objet de l'expérience une réalité objective... 

    Cohen fonde l'école de Marbourg, ennemie radicale de la phénoménologie, d'après H. qui y fut, c'est un comble, professeur. Il y coucha même avec Arendt ! 

    Et puis il y a la fameuse controverse de Davos avec Cassirer en 1929. Il y fut discuté "Kant et le problème de la métaphysique"... L'interprétation de Kant faite par H. revient en gros à dire de Kant, que dans la dialectique dentale, met en lumière que du fait de la vacuité du discours, on ne peut comprendre vraiment l'être et que donc tatata. Kant annonciateur du berger, voila le "premier" Heidegger ! Bien sur il y eut un deuxième H. celui là féroce: Kant n'est qu'un métaphysicien de l'oubli de l'être etc etc... 

    Au sujet de Davos, Cassirer se fit balayer par les jeunots (4). "Heidegger veut il renoncer  à l'objectivité ?". Rosenzweig, malade, il mourut cette année là, prit parti pour H. en lisant les journaux: l'objet G était du coté du nazi, et donc... Cassirer était juif, se fait menacer par H., et meurt en avril 45 aux US. Il avait quitté l'Allemagne en 33. 

    Au coeur de la polémique proprement philolosophique, la question du shématisme. 

     

    Au passage, Hermann Cohen, antisioniste, et mort en 1918, voyait le judaïsme comme religion universelle, apte à préparer le messianisme. On a là l'antinationalisme qui fut considéré comme si menaçant par les intellos allemands d'avant la grande catastrophe. 

    Cohen en fit une "interprétation" de Kant, en fait dans la "théorie Kantienne de l'expérience", il veut rompre avec tout psychologisme et affirmer le caractère métaphysique des apriori de la raison pure. 

    Et puis il y a cette question des deux sources de la connaissance l'entendement ET la sensibilité dont l'origine commune resterait selon Kant inconnue. 

     

    La lecture Fichtéenne de Kant

    On a là l'"idéalisme subjectif", ce qui est autre chose. En gros, Fichte se fiche de nous et conçoit et pense l'action de l'"Absolu", la chose en soi dont il ne peut se passer, tout en bien sur se réclamant le plus fidèle des fidèles de Kant. Un lascar, fondateur de l'idéalisme Allemand, le vrai, le gras. Qu'on puisse associer à Kant ces lamentables décadences m'a toujours fait hurler. 

     Et puis, Schopenhauer. 

    C'est bien sur Arthur qui défonce Königsberg avec le plus d'énergie. Précisément sur la question de la liberté, et on se trouve plongé dans le drame du XIXème siècle, qui nous donnera d'après Rosset, la généalogie et puis l'absurde, mais c'est une autre histoire. 

    Le positivisme

    Il y a bien sur la grande découverte que  Compte pompa Kant (ça sonne) et que le positivisme adepte de la distinction phénomène noumène est issu du criticisme. Pas tout à fait cependant, car le positivisme croit pouvoir tout de même décrire la réalité même (et non pas l'expliquer), et considère les lois comme des régularités pas comme les descriptions de causes.

    Mieux, Durkheim qui voulait arbitrer entre les deux grandes traditions, restées séparées, répondit à sa manière à l'aporie de la correspondance entre raison et monde sensible. Et bien c'est grâce à la société! Issue de la nature, elle commande et fait naitre la raison partagée entre représentations individuelles et sociétales. Cette intuition explique bien des théories en France... 

    A l'origine

    Mais il y a Hume lui même. Celui qui tira Kant de son "sommeil dogmatique". 

    En niant à raison que la notion de cause soit déductible de l'expérience, il pousse à la considérer comme à priori et synthétique, comme exemple même de ce qu'il nie, et que Kant justifie. 

     

    (1) http://www.willeime.com/noire-kant.htm un rationaliste éberluant

    (2) http://www.philopsis.fr/IMG/pdf/temps-kant-node-langlois.pdf

    (3) http://digression.forum-actif.net/t303-hegel-critique-de-kant

    (4) https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1969_num_67_96_5514

  • LA critique

    L'édition de Kador... 

     

    Lire la suite

  • Les chrétiens

    Il fallait que je la fasse, celle là, mais le jeu de mot est ancien. 

    Que reste-t-il de la grande religion qui révolta Luther? Une marseillaise jouée sur les grande orgues, à Notre Dame un jour d'attentat ?

    On avait parlé de la ruine et la disparition de tout sentiment esthétique lié au symbolique en général. Il est bien entendu tout à fait certain que le religieux occidental a totalement rompu et depuis longtemps avec toute prétention sur ces sujets. Messes sentencieuses efféminées en langue vernaculaire, chants d'inspirations locales à l'imitation des touchantes chorégraphies africaines, invention de nouveaux rites à base de bougies, partout l'effrayant vide laissé la disparition soudaine (en un siècle) de deux mille ans de liturgies, fait horreur. 

    Le catholique, mais aussi le protestant, il ne faut pas se leurrer, le problème n'était pas là (en fait), disparait et a en fait déjà disparu. Pour confirmer mon racisme je dirais que le symptôme le plus éclatant en est la présence de prêtres africains à la manoeuvre dans les paroisses parisiennes. La crise des vocations dans le peuple chrétien, logiquement en charge d'engendrer au moins un curé de temps en temps, est tel qu'on n'en trouve même plus pour officier sous les voutes gothiques ou baroques des plus belles églises de France. Le culte, devenu impossible, nécessite une immigration de peuplement, heureusement stérile, je rigole.  

    Cette disparition visible et effective de toute pratique régulière, de tout véritable attachement populaire s'accompagne naturellement de scories variées et les enquêtes d'opinion (1) matérialisent la chose, mais cela ne change rien à l'affaire. 25 % des français seraient "engagés" (ce sont "les" catholiques) et 7 % d'entre eux pratiquent cela fait 1,8 % de la population. 

    Un gros clivage chez les catholiques: les migrants. A peu près à la moitié, on veut les accueillir tous, ce n'est pas mal. Sinon, on a quand même la moitié des cathos, à droite et au centre, réduits au mariage/baptême. 

    Au delà des différentes conceptions locales de son christianisme, il faut comprendre la nature de cette religion là, ce dont elle est porteuse, et ce qu'elle pourrait devenir. 

    D'abord, il faut comprendre et on sautera directement sur le train, que ce n'est pas à proprement parler une religion. Apparue relativement tardivement, l'Eglise n'est PAS celle du Christ historique, personnage mal connu dont les successeurs immédiats ont élaboré pendant un à deux siècles des pensées et conceptions variées totalement révolutionnaires pour leur époque et promises à un avenir considérable, mais sans fonder ni religion ni église. 

    On pourrait y inclure la gnose, mais le dieu inconnu gnostique, même porteur par son originalité du renouveau chrétien quand à la conception du divin, reste trop solitaire, trop je m'en foutiste pour correspondre à ce qu'est le dieu chrétien, porteur de toute éternité de son fils, c'est à dire d'une communication effective avec l'humanité. Car c'est là son originalité profonde, parfaitement paradoxale: le divin chrétien est humain et sur terre, à rebours complet des sécularisations sacrificielles. Jamais en fait, sauf chez les chamans les plus furieux, la présence divine n'a été aussi effective: incarnée et même, c'est un comble, mise à mort. Telle qu'il sort de la période gnostique, le très élaboré échafaudage chrétien, se dote finalement d'une théorie géniale incompréhensible, la trinité, mais aussi d'un clergé emperruqué à l'hébraïque, c'est à dire à l'égyptienne tradi, voir le chapeau des évêques, et pour finir prend l'empire. "Catholicos" veut dire "universel".

    Il est évidemment déjà trop tard, et la dissolution d'un ensemble qui s'écroule sous le poids des barbares à l'ouest semble sonner la fin de tout, en fait la création d'un monde de nations qui se déchirent 1500 ans. Bien sur il y eut Byzance, mais tout de même sur les mille ans de rab, quatr cents furent de la pure fiction, cadeau des mongols...  

    Car l'esprit des ethnies qui déferlent n'est pas impérial, en tout cas pas assez pour nous éviter la France, l'Angleterre et l'Espagne, sans parler à l'Est la Russie. Le Germanique empire, un temps géré par la trop molle Autriche, nous a finalement pété à la gueule récemment (1914-1945), et ce n'est pas peu de dire que la reconstitution carolingienne de la très fascinante Rome nous a couté très cher. Catholicos ? Oui mais pas en Europe.

    Inutile de gloser sur la tentative actuelle, qui faute de logique a déjà commencé à se ridiculiser, et pincez moi je rêve, a surtout profité à la partie germanique, on se demande pourquoi. La main broyée par Macron, la chancelière se soumet entièrement à lui, je rigole.

    La situation actuelle est donc une nouvelle fois à l'ère moderne, mais dans une configuration particulière, à une dissolution des nations fauteuses de guerre. Qu'en disent les chrétiens ? Ils s'en réjouissent. 

    Il y eut pourtant un certain temps identification du religieux au patriotique. Le moyen âge gallican (assez tôt en fait) fit de la foi un vecteur nationaliste, cela faisait combattre mieux. Malgré cela, le féodalisme barbare respectueux des coutumes, mais oublieux violent des principes fut à la fois très chrétien mais peu catholique à moins que ce ne soit l'inverse. Il ne se racheta pas avec l'échec des croisades qui consacra les rivalités entre puissances et l'échec absolu du projet politique chrétien de fraternité universelle, hélas. La construction des états européens à la fin du moyen âge acheva ce qui est l'histoire vraie du monde. 

    Il est ainsi paradoxal de voir que la conception d'humanité fraternelle, rangée sous les mêmes lois divines incarnées idéales, conçues sous l'empire à son apogée à l'époque où l'on croyait pouvoir tout dissoudre, aboutit dans un premier temps à la fragilisation universaliste d'un ensemble pluri-ethnique qui se lézardait, puis fut un instrument de récupération nationaliste du pouvoir de Dieu sur des ensembles de peuples soumis. Un échec, un échec absolu.

    Tout ça pour dire que l'apport proprement chrétien sur cette question doit être considéré historiquement comme nul, voire nuisible. On ne peut que se réjouir en fait de la relégation d'un religieux (qui par ailleurs se différenciait de ce point de vue du message originel, en fait d'une autre nature) à l'extérieur du vrai pouvoir par la sagesse barbare. Ecco avait souligné la capacité du moyen âge à séparer radicalement idéal chrétien et réalité violente de l'époque et à en tirer, et oui, une conception de la liberté particulière, source des évolutions ultérieures. 

    Il nous faut donc renoncer à attribuer au christianisme et à ses concepts une quelconque valeur politique, sociale ou humanitaire et c'est là où je veux en venir. L'être chrétien s'il était là, serait responsable ou contemporain de tant de malheurs inouïs que sa mauvaise presse devrait être infinie. Visionnaires furent les tortionnaires des martyres ! Quel malheur pour l'humanité qu'ils n'aient pas réussi à décourager cette infâme lèpre! Vite des lions et des taureaux, nous avons les blandines ! 

    Renoncer définitivement, car en fait le christianisme, et ses succès, et sa valeur ne sont pas là. Tout simplement. Ignorée par la tradition qui se sentait coupable et se contentait hypocritement et en silence de perpétuer les dominations traditionnelles en hochant la tête, et bien sur ignoré par les petites tentatives récentes de restaurer des évangélismes authentiques en remplaçant l'obligation de la messe par celui de l'accueil des migrants, le fait chrétien reste donc ce que nous en laisse le passé, un mystère, mais pas que. 

    Car il y a des pistes. De mon (humble) point de vue, je dirais qu'il se manifeste essentiellement par un sentiment de détachement absolu à l'égard de tout ce que les hommes considèrent important et qui ne l'est pas en réalité. Rites, vanités, vies, morts, il n'y a rien qui ne s'arrête à un quelconque sacré, à un quelconque respect, sachant que l'irrémédiable profanation a été accomplie, et une fois pour toutes. L'essentiel est la liberté absolue donnée aux hommes, ce qu'on appelle le "salut", de faire ce qu'il veulent en se respectant (on parle métaphoriquement d'"amour") mutuellement. Là est la libération totale, qui inclut, pour une raison métaphorique mystérieuse, la mort elle même, celle ci, comme obsession et unique image du futur étant défaite elle aussi et c'est Dieu lui même qui le prouve.  

    Et ce n'est pas le libérateur sauveur des hommes qui va leur dire ou leur faire dire ce qu'ils doivent penser ou dire: démerdez vous mais vous êtes tous pareils, voilà le message ! 

    A partir de là, on peut imaginer, voire concevoir, l'impensable: la libération de l'objet G lui même et de toutes les nécessités qu'on voudrait lui voir associer. Dieu est mort, merci petit Jésus! 

    On pourrait alors rebondir sur les nations, identifiées aux "ethnos", "goyim", "gentils" et autre terme méprisant pour désigner au pluriel les autres, et bien pourrions nous y trouver un sens universel, précisément ? Libéré pour toujours du fallacieux prétexte de faire un royaume, ce dont se foutait complètement le christianisme originel, persuadé d'une parousie immédiate, on pourrait alors tous autant que nous sommes nous organiser ensemble, non pas "tous", mais tous regroupés suivant nos gouts, sachant que l'universel ne peut être que parousique et sera le point final auquel aboutiront les nations enfin toutes chrétiennes, précisément. 

    Surtout que l'on prêcha aux "nations" et que Paul fut leur apôtre: la chrétienté organisa donc la défaite de l'Empire au nom des nations et cela explique bien des choses. Chacune d'entre elle, sans se convertir à un nouveau judaïsme, pouvait se sauver en restant non circoncise, préservée dans son être mais convertie à l'essentiel. 

    Cette structure mathématique de la fin du monde, en l'occurrence réalisée quand tous les sous-ensembles (dont on vient de prouver l'existence) seront "ok", préexiste au monde à l'évidence et ne peut sans disparaitre ne pas se préserver individuellement. Le nationalisme du chrétien est donc un devoir: il se doit de protéger les embryons de perfection contre les méchants, et les laisser au diable est grand péché.

    Inventeur de cette évidence, le barbare récemment converti que je suis sait bien d'où il vient et la vraie nature de l'effroyable envie de ceux qui ne le sont pas encore (convertis). Il sera donc d'autant plus cruel, ce qu'il doit préserver est plus qu'une civilisation: une fin du monde acceptable, infiniment plus que tous les ragnarök que nous amènent les barbaries dont on sait bien (on les a rejetées soi même) qu'elles ne valent rien. 

    (1) http://www.pelerin.com/A-la-une/Qui-sont-vraiment-les-catholiques

     

  • L'autre monde

    Il semble parfois qu'un autre monde existe, juste à coté de nous, radicalement étranger, radicalement absurde, et qu'une partie de notre monde à nous, celui qui feint d'être normal, en fait partie et parle en son nom. Comment expliquer autrement ces silences, ces mensonges effrayants, ces assentiments silencieux au plus révoltant, au plus absurde, au plus évidemment nocif? 

    Bien évidemment, vieillissant témoin d'un changement d'époque, je suis progressivement mis hors course et hors du monde tout court moi même, et cette illusion est bien sur celle des ténèbres qui s'approchent et qui pour moins me terrifier me certifient sans cesse que cela ne vaut pas la peine de rester. Un grand classique, un quasi mécanisme physiologique, une loi de la nature compatissante. 

    Cependant les exemples s'accumulent, et alors qu'on pourrait croire désirable des réactions, ne serait ce que des réactions d'humeur, rien ne se passe, sinon une longue suite d'acquiescements silencieux, et par suite, la généralisation du sentiment que tout cela est normal. L'effrayante normalité de l'absurde. La cantatrice chauve, à force d'être jouée, a fini par obtenir ce qu'elle voulait et prévoyait, ce qu'elle enviait de la Roumanie des années quarante. Ionesco a vaincu, mort. 

    J'ai déjà joué ici de ces sentiments, et en me relisant me semble devoir et pouvoir ajouter quelque chose d'autre, à savoir de tenter de décrire et peut être d'expliquer ce qui se passe et qui pourrait justifier ce qui me semble si étonnant et si incompréhensible. 

    Il s'agirait de mettre en lumière les mécanismes, des tropes d'imagination, qui répandus autrefois chez les élites, et descendu goutte à goutte depuis chez tout le monde, font qu'un vocabulaire, qu'une ambiance dont les fondamentaux, les raisons et le contexte ont disparu depuis longtemps restent présents. Une civilisation en quelque sorte, au sens traditionnel du terme: la sédimentation d'imaginaires de long terme. 

    Cette théorie toute médiatique du sentiment commun, à l'opposé de toutes les théories de la domination et du complot en général (on va en reparler) me semble avoir un pouvoir explicatif. Je me situerais ainsi parmi les écologistes des idées, croyant en la permanence des complexes idéels, ceux qui se maintiennent présent à l'esprit des gens, et qui finissent par être acceptés et oubliés de tous, sans conditions particulières. On ne voit pas l'air du temps, pourtant public: on le respire. 

    Pas d'inconscient ici: ce qui n'est pas perçu n'est pas souterrain, ou hors du langage: il est simplement forclos, et délibérément rejeté du conscient capable de le manipuler. Mieux: c'est parce qu'on le connait et qu'on le reconnait qu'on le rejette mieux et le plus vite. Il est l'évidence, le déjà là, celui dont qu'on ne discute pas et dont on ne parle pas. 

    Le renouvellement des générations est pour beaucoup dans cette sédimentation, en permanence consolidée par un mécanisme (là encore, on est dans la contre réaction matérielle des objets qui se frottent les uns contre les autres) fondamental qui est le renforcement aujourd'hui de ce qu'on a pas refusé dans le passé. Le refus d'avoir tort rétrospectivement est une force considérable qui n'est brisée qu'accidentellement et de manière toujours étrange. 

    Les 3 exemples du nazisme et des deux communismes sont frappants.

    Jusqu'au bout capables de la violence la plus extrême les allemands de 1945 se transformèrent en moutons instantanément, comme par magie. Leurs femmes, qui avaient encouragé avec vigueur et sans nuances les plus extrêmes virilités se firent alors violer en silence sans rien dire. Comment expliquer la vigueur de leurs combats cinq minutes avant la mort de Hitler ? Ce mystère historique n'a pour explication que le refus collectif de décider de changer après qu'on l'ait déjà refusé. Cela durait depuis des années, et la folie de la chose, évidente, ne pouvait pas être arrêtée alors qu'on savait... Comment se donner tort? 

    Le communisme russe s'effondra de la même manière, lui aussi sans violences, après coup. Il avait duré au delà du possible, le mécanisme conservateur ayant été distendu jusqu'à la rupture simple et silencieuse du dernier fil qui tenait la barque attachée... Un soulagement final, dont l'absurde évidence avait pour équivalent le soin que l'on avait eu à faire semblant si longtemps. La figure de Gorbatchev est de ce point de vue frappante: ses pitoyables tentative de rationaliser son action après coup n'attirent que des sourires peinés. Un guignol, littéralement. 

    Le communisme chinois est toujours actif, et pour cette raison là. Bien sur encore nécessaire pour maintenir la richesse et la puissance de la plus grande aristocratie du monde, la horde mongole qui écrasa tout en 1949, la tyrannie se maintient malgré toutes les évidences, toutes les réalités et toutes les contradictions. Le mensonge est toujours là, toujours révéré, toujours à rebours de la réalité (qui n'a pas plus de rapport avec la révolution idéale sous sa forme collectiviste que sous sa forme capitaliste débridée (oups pardon)). En voyage avec leur argent, les sujets de l'empereur de la dynastie la plus meurtrière de l'histoire de l'humanité se marient en blanc devant Notre Dame, sans jamais songer à l'effrayant et vomitoire mépris qu'on voue à leur être, à leur passé et à leur présent. C'est dit. 

    Dans les trois, cas on a eu la continuation des effets catastrophiques d'évènements bien plus anciens, dont les aspects médiatiques ont disparu dans d'autres sortes de forclusions, celles qui se produisent (tout aussi mécaniquement) quand les porteurs humains de ces sentiments là meurent, sachant qu'on peut mourir de diverses manières, les morts violentes empêchant toute espèce de transmission et le rôle des révolutions est de nettoyer les terrains à bâtir, en particulier les vider les esprits, on ne dira jamais assez. Car c'est bien le but des propagandes que d'occuper les cerveaux. Après, on s'habitue: ce qui hante les crânes du peuple n'est bien souvent que le souvenir d'un vieux discours sur un vieux souvenir. Qu'est ce qui pourrait bien faire penser aux jeunes chinois que certains de leurs lointains cousins, il y a cinquante ans, se dévoraient entre eux pour survivre?

    Les trois grandes catastrophes du XXème siècle auraient elles détruit le monde? Avant de s'en prendre aux russes ou aux chinois, considérons les européens. Il furent les inventeurs de tout, et les acteurs de tout et aujourd'hui sombrent dans un délire naïf qui nous ridiculise au delà de tout. Qu'on me comprenne bien: l'Europe a déjà connu cela dans l'autre sens, quand sa folie sur-puissante l'amena directement à la pire des catastrophes il y a cent ans. Un absurde et ruineux conflit, bien sur causé par la forfanterie Allemande et son propre sentiment de supériorité. Simplement, et ce fut là le drame, elle alla bien trop loin dans l'entretien irrépressible de son sentiment irréel de solitude. Cent ans (tout le XIXème siècle) à avoir eu raison sur tout et à avoir sorti du néant de l'histoire la première puissance du monde que des vaincus et des commerçants voulaient contester ! Il fallut deux guerres mondiales pour terminer cette habitude là.

    Si ma théorie est vraie, le sentiment que je veux décrire est très puissant: la conviction des peuples est une chose très forte, et qui ne se manipule pas comme cela, sinon dans son sens...

    On pourrait parler de la France, voire de la Grande Bretagne et c'est un peu la même histoire, celle de l'Europe justement. Un temps dressée contre la Russie, pour cela il fallut tout le coca cola et tous les bas nylons américain pour nous convaincre de ne pas verser, nous avons changé d'emprise sur le monde et avons cessé de vouloir quoique ce soit. Pire: nous avons réfléchi et passé les soixante dix dernières années à ressasser notre fin, et à donner raison à nos pire ennemis, à les envier et à les révérer. La question du marxisme des années soixante et d'après est évidemment centrale ici. On fête demain Mai 68... 

    Comment un tel oubli, après un tel abaissement fut-il possible? En une génération, toutes les hontes étaient bues, et on repartait dans les même errements, les mêmes stupidités, à se désoler de se reproduire, d'ailleurs cela pourrait cesser, les allemands et les italiens, par honte sans doute, ont largement commencé, et la France suit derrière. Le regard brulant de Badiou le montre bien: on veut, on attend la révolution... Elle aura lieu 13 ans plus tard:

     


                                             

     

    L'entretien entre le jeune Alain Badiou et le vieux (il mourra en 1968, mais en Octobre) Jean Hyppolite est bien sur passionnant: la science est  inférieure à la philosophie, la nature de l'être rend possible l'opposition entre les philosophies, il faut s'interroger sur les sources de la pensée. On se finit par un éloge de Platon, mais l'essentiel est donné au jeune salopard qui continue avec une faconde magnifique certes, de nous casser les couilles avec son pol pot cinquante ans après. Mon amour haine envers Badiou est extrême, il est pour moi à la fois De Gaulle et Mao et un être infiniment plus riche et plus intelligent que moi, en tout cas, lui aussi un acteur extraordinaire, mais passionné de déconnade, il ne fit que cela, et il y a encore des gens pour prendre au sérieux le Cyril Hanouna de la philosophie. 

    Au passage, on se prend à penser que la jeunesse du vieux maitre, toute entière tournée vers un être dont on a vu ce qu'il faisait, reste marquée par la fin des religions et par la volonté de lui substituer une science négatrice dialectiquement du principe de contradiction. Badiou vibrant en est le réceptacle, les 3 instants de l'histoire dont je parle sont un beau moment de philosophie.

    Il faut demander à Badiou au sujet d'Hyppolite: 


                                           

     

    On peut donc voir là dedans à la fois toute la superficialité et toute l'humanité déconnante de ces gens là. Eternellement jeune, le vieux badiou (il a 81 ans) continue à faire l'andouille.

    Et Hyppolite fut ainsi donc un traducteur de Hegel dont le texte Français était supérieur au texte Allemand ! (Cette légende, à proprement parler ahurissante, fait penser que les thuriféraires devaient être partie prenante du maoïsme, suivez mon regard, on ne déconne vraiment bien que dans la cour de la rue d'Ulm.

    Et puis il y avait Althusser, bref, toute la folie communiste du monde, en pleine guerre froide. On a construit sous le Gaullisme qu'on chercha (et réussit) à abattre, l'élection de Mitterand, puis la situation actuelle. Qu'en reste-t-il ? 

    Et bien le soutien aux migrants. Nous y sommes et je ne peux m'empêcher d'asséner la chose: c'est le point commun de toutes les trajectoires issues de ces années là. Comme si ne restait de 68 qu'un petit retour de flamme pour les enfants de ceux qui 28 ans plus tôt fuyaient Paris avec leur matelas avant de se donner à Pétain. 

    Une "marche de la solidarité" entre vintimille et calais est organisée par des associations: quoi de plus ignoble que l'invasion symbolisée par des complices des trafiquants d'esclaves. Combien d'occasions manquées aurons nous de buter ces misérables ? 

    Bien sur le même réflexe se manifeste en Allemagne: quinze millions d'Allemands furent transplantés à travers l'Europe, mais en 45. Les italiens n'ont pas d'excuses: à ce sujet j'ignore complètement les raisons de leur folie. Ah si! Le vatican et ce qui reste de christianisme dans ce pays dont la partie sud, gérée par la Mafia, doit avoir quelque chose à expier sans doute. De vieux souvenirs enfouis, mais surtout, le refus de ce qui a suivi et de ce qui avait précédé, et qui avait consacré leur honte: la parole nationale, la défense de soi, raisonnable ou hystérique, mais confondue. Le nationalisme c'est la guerre, a dit Macron. 

    Car il y a un autre mécanisme. On peut avoir fait semblant d'oublier les vieux souvenirs. Ils reviennent au galop et avec une frénésie qu'une génération de silence de mort n'avait pas atténué. Tous les souvenirs. On commence par 45 et les réfugiés, mais le cran d'après (je veux dire "d'avant") est déjà là: la peur de disparaitre, et la haine de la faiblesse et de la démagogie des politiques. S'installe durablement donc toute la gamme de toutes les déplorations y compris la mienne, toute rageuse de l'absence définitive de toute parole de bon sens dans un monde livré à l'absurde. Il ne restera plus que la solution finale à tout cela. 

    Un mot au sujet de celle qui consiste à fronder contre l'ignoble cruauté du gouvernement actuel, qui en gros ne fait strictement rien sinon bouger au hasard quelques curseurs administratifs: elle fait bien sur partie de l'absurde et le consacre davantage. Déplorable mais élément de la confusion qui emporte la conviction de quelques mauvaises consciences: le juste milieu serait en place, et cela stabilise. 

    Une partie de l'Europe s'enfonce dans un délire chrétien soutenu par le Vatican, s'excuse de tous les racismes, y compris au Royaume Uni dont la gauche (maintenant la plus chtarbée du monde occidental) atteint des sommets de folie bien pensante avec Sadiq Khan, maire de Londres en pointe. Des fractures irrémédiables et terminales se creusent et les juifs commencent à partir, comme de partout où les musulmans ont droit de cité exagérément. Quand ils ne l'ont pas, ils se pressent contre les grillages et il n'y a qu'à la frontière de Gaza qu'on peut se défouler. 

    Tout peut être dit de la sorte de désespoir qui s'empare peu à peu de l'occident: délaissé par le libéralisme, revenu du communisme, il ne nous reste plus qu'à disparaitre, ça tombe bien on en a envie et cela vient de toutes parts, la nature a horreur du vide. 

    Privés des points de vue puissants et cyniques qui finalement on réussi à vaincre le nazisme et faire bonne figure contre bien pire, nous sommes maintenant livrés aux vagues. Aucun point de vue explicatif ou même volontaire  ne nous aidera, nous avons pensé leur disparition, et élevé et nourri des jeunes turcs persuadé de la nécessaire destruction de tout, seul discours public à tenir si on veut péchaud à notre époque. Note époque? Vous voulez dire mai 68?

    Pourquoi 68? Parce qu'il fut un irréel, un absurde, lui même. Sous prétexte de crever le plafond parce qu'on s'ennuie, on réussit dans la fête à ruiner le rationnel. Ca tombe bien nos bon maitres avaient tenté, croyant juguler le pire, de penser un moyen terme. Hegel, Marx, que du beau monde, mais on pensait en fait à Platon, toujours d'actualité soit disant. Il pensait la fin de la cité grecque.

    Il ne croyait pas si bien penser, et c'est sans doute ce que rêvassaient des hommes vieillissants échappés des années trente opposés, c'est le mécanisme que j'évoque, à tout ce qui pourrait contredire ce à quoi ils avaient, et oui, cru et participé: la disparition de l'occident deux fois, devant les nazis et devant les communistes en fait les deux. Hantés par la fin du monde qu'ils avaient d'abord fantasmé, puis vécu, ils ne leur restait après la restauration qu'un sentiment vaguement déçu, et la déception d'être encore vivant. Et puis, cette haine des juifs, responsables de tout, et qu'on doit taire, pour l'instant. 

    Quand arrive la seconde vague, les africains décomplexés, pleins d'une naïve et spontanée dénonciation de tout ce qu'on rêve secrètement de combattre depuis toujours: le capitalisme, l'amérique et bien sur les juifs, et bien on se croit regénéré ! Mettez sur ça l'universalisme chrétien qui c'est sur va s'emparer des âmes de ceux qu'on sauve et qui trouveront bien un moyen de nous remercier, en nous épargnant sans doute, nous y sommes. La naïveté de bon aloi est professée par tout le monde: l'occident est assez riche pour accueillir quelques milliers de gens courageux qui se noient.  Mieux, une ex ministre de la république nous fait honte de ne pas être tout à fait unanimes à proclamer la nécessité des migrations bénéfiques ! 

    A ce propos la fureur qui s'empare de moi à la vision de la grosse guyanaise sentencieuse amatrice de radeaux pneumatiques rempli par les esclavagistes, les vrais,  n'a pas de bornes. Un autre monde, un océan nous sépare: une haine se construit, et se traduira dans les faits, il me faudrait (un peu) de sang pour me calmer. 

    Et d'ailleurs au sujet des juifs, imaginez la haine légitime qu'on peut et doit leur vouer: ils tirent à balles réelles sur des envahisseurs qui veulent violer leur frontières et en tuent dix par jour: inventeur du concept de nation, les derniers représentants du monde occidental font ce que nous devrions faire. Le sang des provocateurs surnuméraires fanatisés envoyés par leur mères justifier des allocations supplémentaires de la part des organismes internationaux suscite pourtant un mépris légitime, accentué par le fait que je ne vois dans leur hystérie haineuse que celle de notre ex ministre: la même haine totale à laquelle ne convient que la violence. Il lui en faut: qu'on l'extirpe de sa retraite et qu'on lui fasse bouffer un gilet de sauvetage. 

    Comment parler et argumenter dans un monde où s'installent de tels clivages ? 

    D'abord il faut revenir aux fondamentaux: les contempteurs du capitalisme de Mai 68 étaient DEJA dans un autre monde, que la déconnade juvénile gentille dont il nous distrayaient, une fois découvert qu'il n'étaient que de cyniques arrivistes bourgeois nous rendait indulgent. Une fois accepté le fait que le discours public intellectuel de toute l'époque est non pas mensonger mais déconnant et niais ( on célèbre par exemple Blanchot, littérateur de la fracture du ciel après avoir vaguement cassé du juif à la grande époque, mais ce n'était pas grave), on se prépare à l'organisation de la destruction finale: augmentons les impôts pour nourrir ceux qu'on va chercher en Afrique ! 

    Mécaniquement, une réaction devra avoir lieu, et l'autre monde se divisera à nouveau en deux: comment imaginer que des contemporains férus d'histoire se trouvent ramenés à imaginer à nouveau des moyens d'extermination de masse, et à passer à tabac des vieilles guyanaises pour l'exemple ? Et bien on l'imagine: un autre monde est encore possible. 

  • Les atomes

    Un très grand physicien, prof de philo en 1902, Einstein et Proust officiaient, créatifs en diable à l'époque, est Ludwig Boltzmann. Il introduisit le loup dans la bergerie, euh les probabilités dans la physique. 

    Il expliqua surtout l'irréversibilité et donc d'une certaine manière, la vraie nature du temps. Rien que ça... 

    Bon en gros, Bach avait sa Hauptsatz, Boltzmann eut sa  Stoßzahlansatz ou hypothèse sur le nombre de collisions, qui permet de supposer que après une collision, les deux particules ne sont pas plus corrélées qu'avant et que DONC, on peut faire le calcul qui...

    Les polémiques

    Cette supposition fut à l'origine d'une polémique qui marqua l'époque, puisque c'est précisément cette chose là qui rend les équations symétriques de la mécanique déraisonnables, car c'est là qu'est le paradoxe de la réversibilité, ou paradoxe de Loschmidt: comment exprimer une irréversibilité à partir de lois réversibles ? 

    Boltzmann, qui explique par là même l'irréversibilité macroscopique par un raisonnement mécaniste microscopique et c'est là son génie et sa contribution, formule l'hypothèse comme une hypothèse statistique, c'est à dire à proprement parler dans le monde de son modèle mathématique. Et bien il fut démontré plus tard, seulement plus tard, que cette hypothèse est valide: le libre parcours moyen est très supérieur aux écarts entre molécules et oui, après un choc, la corrélation s'évanouit: DONC, l'irréversible se produit bien. Cela fut démontré rigoureusement en 1973, par Lanford. 

    La nature des polémiques, qui avaient vocation à refuser le paradoxe, utilisèrent (1) le fameux principe de récurrence, marque de l'éternel retour (comme on se retrouve...) démontré par le très Nietzschéen Poincaré et mis en avant par le très vicelard Zermelo. Hélas, dans l'éternel retour toutes les infinités du temps ressemblent à un concept exclusivement destinés aux surhommes, voire aux dieux, et Boltzmann réussit à réfuter la chose en calculant cette infinité, et à la prouver assez grande pour être négligeable. Une variante de cette récurrence est obtenue avec deux chiens et leurs puces sautant au hasard pouvant un jour se situer toute sur le même chien (l'autre n'ayant qu'à partir très loin à toute vitesse). Là encore, l'irréversible domine par sa fréquence... 

    Il n'y eut pas que cela: l'époque refusait les atomes, qu'on ne voyait pas, et qui donc ne pouvaient rien expliquer. Du super réalisme naïf en quelque sorte. Boltzmann lui même ne croyait pas vraiment aux atomes: il développa une philosophie d'un "comme si" mathématique à qui il attribua le pouvoir d'expliquer. Il est un atomiste intellectuel et son anticipation de la "discrétisation" du monde, prémonitoire (il meurt une seconde avant sa victoire) allait jusqu'à, ses étudiants le disaient, utiliser des Sigma jusqu'au bout de ses démonstrations, l'intégrale n'étant que terminale. 

    De fait la définition même de la science et de ses facultés fut mise en question à cette époque. En gros Mach et consort voulaient "décrire" tandis que Boltzmann voulait "expliquer". Hertz, Helmholtz étaient du coté de Boltzmann.

    Les énergétistes avaient une conception de la science comme exclusivement descriptive: pas d'hypothèses disaient ils, et il n'y avait qu'une "hypothèse" atomiste. Au tournant du siècle, tout cela explose.

    Il s'agissait donc pour Boltzmann de déterminer une "image" du monde, cohérente, conforme aux lois de la pensée qui favorisent les explications mécanistes. Alors qu'il semble bien que cet atomisme explicatif soit bien philosophique, et non pas réaliste, mais par contre, il n'est pas "a priori"(à la Kant), mais construit, extrait du monde observé. 

    De ce point de vue, Boltzmann est un évolutionniste: les méthodes de pensées (le mécanisme par exemple) peuvent évoluer. Il anticipa ainsi Popper... 

    Boltzmann se suicida en 1906, alors que Jean Perrin démontra en 1908 le mouvement brownien, donc les atomes... Einstein en avait fait la théorie en 1905.

    Sur la tombe de Boltzmann, il y a "log" (au lieu de "ln").

    K est la constante de Boltzmann, une constante de la nature. 1.4 10^-23 (J K-1).  

    Physique

    Perrin mesura par la même occasion le nombre d'Avogadro, qui est il faut le dire: 6 10^23  nombre d'atomes de carbone dans 12 grammes de Carbone 12. Comme une mole c'est précisément 12 grammes de Carbone 12, nous y sommes: un nombre d'atomes par mole. L'omniprésence du nombre 12 est significatif, non je rigole.

    On se moquera jusqu'au bout de Mach qui restera jusqu'au bout un adversaire de la relativité et plus généralement de l'atomisme.

    On abordera alors le fond de ma fascination pour tout cela, sachant que je ne me lasse pas de contempler l'aller retour jouissif entre modèle et réel, sachant que c'est ici PARCEQUE le réel est comme ça (oublieux du choc) qu'il est comme ça (irréversible). Le tout étant contenu dans le mathématique, l'oubli du choc étant précisément ce qui conduit mathématiquement à l'irréversible macroscopique. 

    Continuons avec la décohérence, on la modélise de manière microscopique, exactement de la même manière finalement: des chocs successifs font changer la fonction d'onde, et on démontre qu'elle se diagonalise progressivement, arrivant assez vite à la décomposition dite réduite sur les vecteurs de l'observable... La fameuse réduction du paquet d'onde ne fait donc absolument pas intervenir ni l'observateur ni Dieu ni l'un en l'absence de l'autre: c'est un phénomène naturel et permanent. 

    Mais je continue toutefois à me poser la question de l'"observable" : pourquoi celle là et pas une autre ? (hein?...)

     Continuons avec Boltzmann: sa démonstration (il prouve que la fameuse entropie est issue d'un logarithme du nombre de combinaisons possibles d'un système) sera utilisée par Planck pour aboutir à E = H nu, avec nu la fréquence. 

    Au passage, kT avec T la température (tout ça est à température constante) est une énergie, et traduit les fluctuations moyennes autour de l'équilibre. 

     Bref, l'interprétation microscopique, qui décrit si bien la réalité a toujours de la pertinence: le hasard a une granularité. En plus, le granule à la taille de Planck et en plus le temps n'existe pas. Il n'est que ce qu'en avait trouvé Boltzmann: un oubli. 

     

    (1) http://www.cnrs.fr/publications/imagesdelaphysique/couv-PDF/IdP2007/03_Barberousse.pdf

    (2) https://www.college-de-france.fr/media/jacques-bouveresse/UPL54490_bouveresse9900.pdf

    (3) http://www.cnrs.fr/publications/imagesdelaphysique/couv-PDF/IdP2006/13_Constante_de_Boltmann.pdf

  • La République des deux Nations

    Mal connue, la première république d'Europe, et ancêtre d'après certains, de l'Union Européenne, fut établie par le traité de Lublin en 1569, et Henri III en fut le roi-président 4 mois (Rex regnat et non gubernat ) en 1574.

    D'abord un peu de géographie: 

    Au nord l'Estonie (est-nord, je m'en rappelle comme ça), (capitale actuelle Tallin). Des finno ougriens, barbares et en permanence dans leur sauna. Ils sont en pointe en Informatique et leur système X Road de gestion des identités font que l'intelligence artificielle leur font payer leurs impôts sans qu'ils s'en rendent compte. 

    Au sud la Lithuanie (qui a maintenant perdu son "h"). Son grand duché s'allia avec la Pologne pour faire ce dont on parle. 

    Au milieu la Courlande et la Livonie plus ce qui constitue l'Estonie actuelle, capitale Riga sur le golfe du même nom. L'Estonie aurait perdu un quart de sa population sous nos yeux entre 80 et 2010... 

    Elle fut le lieu de la guerre des Frei Korps allemands en 1919 contre les bolcheviques, mais aussi une forme de tentative de colonisation germanique pirate: la ruée vers l'Est. Finalement vaincus, ils firent de bon nazis... 

    Le Lac Peipus est un lac immense à l'est du golfe, qui gelé, supporta la défaite des chevaliers teutoniques (les batisseurs de Königsberg, catholique) contre Alexandre Nevski, orthodoxe (et ses alliés mongols) en 1242. 

    Les chevaliers Teutoniques dominèrent la région longtemps, et fondèrent Marienbourg (rien à voir avec Marienbad) en Poméranie (la Pomérélie avec Dantzig est encore plus à l'ouest). On ne se lasse pas des noms de ces chevaliers, (Ordo Domus Sanctæ Mariæ Teutonicorum, Deutscher Ritterorden), tous allemands. 

    L'alliance polonaise dominait vers 1640 la Biélorussie et l'Ukraine et disparut complètement en 1795, la Russie s'étant construite contre elle...

    Elle fut en pointe dans la lutte contre l'Ottoman et Jean Sobieski Roi de Pologne et Grand Duc de Lithuanie charge avec ses hussards à la bataille de Kahlenberg en 1683, date qui marque l'éviction d'Europe des turcs. 

     

    Qu'y a-t-il de plus dramatique que l'histoire nationale de cette partie de l'Europe ? Là est le centre des pires violences de toute l'histoire. 

    P.S.  Il y a mieux: tout cela c'est la Pologne, la nation malheureuse par excellence, celle qui accueillit le mieux les juifs du temps de sa splendeur, celle qui se fit dépecer dix fois et toujours par les mêmes: autriche, allemagne, russie, tous se liguèrent ou non pour dévorer et morceler, décaler vers l'ouest ou imposer des corridors, et tout cela au nom d'autres nations, jugées plus importantes. L'anti nation, Zemmour la dit "soeur malheureuse de la France" et c'est sans doute bien vu. 

    Le dépeçage de 1772 fut d'abord celui entre Frédéric II, Marie Thérèse et Catherine et tout se termina ensuite en pleine révolution française, en 1793 et 1795 par la disparition complète de ce qui à défaut d'avoir deux nations n'en eu plus aucune. Les nouvelles allant vite, inutile de dire que ce malheur national là stimula le nôtre et au combien. L'impitoyable appétit des puissances centrales nous fit peur et nous le combattime vingt ans, avec quelques succès il faut le dire. 

    Fréderic mourut en 86, Marie Thérèse en 80 et Catherine en 96.

  • Le mâle alpha

    ... un clébard efféminé léchait le cul d'un gorille... 

    Lire la suite

  • Ecouter Bach

    Bon, il faut en parler et on en aura jamais fini, Bach s'écoute et tous les sujets de l'esthétique pourront être abordés à l'occasion, cela n'a pas de fin. 

    Branche particulière, l'esthétique se charge du beau, de sa possible définition et des différences entre les domaines. On dira tout de suite que l'art suprême, la musique, doit être considéré prédominant: on ne me fera jamais croire qu'on puisse se satisfaire d'un coup d'oeil vers 3 taches sur un mur. Il n'y a que la durée et la consommation symbolique ne peut se situer que dans un temps imposé, marqué par auteur et interprète. Bref, il y a sans doute d'autres arguments, mais le sujet est le plus grand musicien de tous les temps, l'inventeur d'icelle, difficile de dire mieux, passons.

    D'abord une définition théorique de la beauté telle que produite par l'homme, hors bien sur des idées et photos de coucher de soleil ou de vols d'oies migratrices. Il y a des rapports de formes juxtaposées ou successifs et ce sont ces relations là qu'on peut qualifier. On apprécie des choses différentes en rapport. Tout est là.

    Parmi ces choses différentes, il y a bien sur l'auteur et l'écoutant (comme on dit en pédagogie, pour désigner l'auditeur distrait qui pense à autre chose) et le rapport joue, il est celui que pilote l'auteur ou l'interprète en le regardant du coin de l'oeil. Il y a bien sur les besoins fantasmes ou obsessions de l'écoutant et cela d'autant plus qu'il est temporellement éloigné, et pas de 3 mesures, mais bien de 3 siècles... 

    Bach et la technique

    D'abord, un musicien n'est pas un prêtre, mais un comparse du prêtre, sans droits et sans classe à une époque où il n'y en a que trois. Le musicien bien sur distinct du populo n'est pas un vilain mais pas non plus un héros. Il est ce qui n'existe qu'à peine à l'époque, un technicien. Mieux, un ingénieur au plein sens du terme. Au XVII ème siècle, la musique reste une technique majeure, sans doute la plus complexe de toutes et un orgue est la machine la plus complexe qu'on puisse voir. On ne peut objectivement lui comparer qu'un bateau à voile ou une galère, et encore. Le domaine le plus formalisé, le plus mathématique de toute l'activité humaine est bien la musique et toute l'intelligence toute l'habileté y est concentrée. Le pic de la concentration est bien l'année 1685, celle de la naissance de Handel, Bach et Scarlatti. Cette année là ne cède qu'à 1678 (naissance de Vivaldi) et à 1683 (naissance de Rameau, de Heinichen et de Graupner). Que diable ces années là devaient elles avoir pour satisfaire autant mes gouts? 

    Nous sommes à l'époque de l'éveil caractérisé de la modernité effective, celle qui fit exploser la puissance de l'occident. En 1683 fut définitivement expulsée l'invasion ottomane d'Europe continentale et les lumières pouvaient commencer. La grande période baroque peut alors se terminer et tout est en place pour que s'achève, au sens d'un accomplissement, la première période de l'histoire de l'humanité. (tatatata, va y avoir de la musique pour fêter ça).  

    Bach et la religion

    Le débat est bien sur pendant, et doit être tranché. Débat incontournable et pas si facile, car dire que Bach n'a aucun rapport avec le religieux n'est pas soutenable. Dire qu'il instrumente le religieux pour mieux décorer sa musique tout autant, mais tentant: nul sentiment religieux antérieur ou postérieur ne peut être comparé à ce déferlement d'affects organisés en graphes noués de toutes les manières possibles. Si Bach est religieux, alors on se demande quel est le rôle exact de Jésus Christ ou de Dieu lui même, complètement eclipsés et mis minables pour cause d'insuffisance expressive et de silence permanent trop marqué... 

    Non, on doit élaborer un point de vue plus compliqué. D'abord les faits. Né dans une famille de musiciens dans une société qui consomme la musique comme nulle part en occident, et surtout dans une ambiance religieuse, le luthérianisme, qui n'en finit pas de vivre sa grande révolution, la réforme, dont un caractère essentiel est la refondation de la religiosité sur l'expression collective harmonisée. C'est bien sur la fin de la grande tempête qui détruisit l'Europe centrale et la vaccina pour 3 siècles (mais pas plus) contre les grands massacres.

    Aux chants collectifs enthousiasmants on substitue progressivement un art plus délicat que l'on emprunte sans vergogne (les voyages ont commencé) à toute l'Europe. Cela s'appelle le baroque, cela fut inventé pour lutter contre le protestantisme et cela plait en fait à tout le monde. Pourtant, on est fier de son monde propre: les allemands (du moins quelque uns d'entre eux) l'interprètent sérieusement et en font CA.

    A l'écart, au moins en principe, du vrai opéra dégénéré à l'italienne qui ravage le sud et le nord de l'Europe, on maitrise, en grand technicien de l'art suprême, la totalité du métier. Mieux, on fait mieux, beaucoup mieux. Bien plus sérieux, bien plus profond, bien plus génial. 

    Le sérieux est donc un caractère hérité: la religiosité du petit Bach n'est pas frivole, mais d'abord empreinte de la simultanéité d'un ensemble (et en musique c'est important, la simultanéité) de choses. Orphelin de père et de mère, il chante, enfant, à leurs enterrements respectifs et hyper doué membre fier d'une famille de musiciens qui le prend en charge en ayant détecté immédiatement (qu'est ce qu'il a le petit, à se souvenir aussi bien de tous ces airs?) ses incroyables dons, il va développer immédiatement une ambition monstrueuse, à la hauteur de ce qu'il nous a laissé. 

    On est très loin de la conversion neu neu au petit jésus: les musiciens du temple, au temps du roi David font marcher le monde et il y a bien plus, au temps de la technique débutante, que la simple populace disant amen qui fait se lever le soleil: la musique, moteur du culte, expression même de sa nécessité, mais technicisée: moyen de l'édification, elle est bien sur pour ses concepteurs une chose, un savoir, mais directement extrait d'une nature abstraite à laquelle on participe, dont on est un instrument. C'est l'humilité du musicien, cette invraisemblable et toujours surprenante humilité (je parle en non musicien) qui fait la fierté de n'être que l'instrument du message, du son, de la musique, et donc en même temps le messager muet (la musique parlant d'elle même) de ce que précisément, on veut dire... 

    Hors du langage, mais langage lui même, hors de la motivation consciente exprimée, mais souci et discours assumé, en second plan mais au nom du plaisir infini des esprits qui se savent supérieurs, le musical fait marcher le monde sans le dire. C'est lui le religieux. Le reste est subordonné, et donc, ce qu'on appelle le religieux, lui même. Ainsi donc, tout le religieux symbolique, les textes, rites et croyances, significations et théologies seraient subordonnées au culte rythmiquement organisé musicalement ? 

    Cela ne veut pas dire que Bach n'avait pas la foi, ou même une foi spéciale. Spéciale bien sur, mais au sens où un pareil génie devait bien avoir des manifestations cervicales et spirituelles particulières dans bien des domaines qu'on ne peut pas approcher. On veut dire qu'il croyait en Dieu, bien sur, et très sérieusement, mais à sa manière, et sa musique est l'invraisemblable et surhumaine façon qu'il avait de l'exprimer. Le vieux boche avait simplement une nature généreuse et a en tant qu'humain, musicalisé ses sentiments intérieurs. Pour notre plus grand plaisir...

    La thèse est dangereuse: la musique de Bach serait donc la foi de Bach et par conséquent en serait issue. Un projet divin en quelque sorte, l'ultime tentative du Dieu luthérien d'interdire les indulgences, ou bien l'arrêt définitif de la conquête musulmane, ou mieux, l'inscription définitive en lettres sonores de la trinité dans l'histoire humaine. Un projet divin et Bach n'est qu'un second Jésus. Au pire, le "cinquième évangéliste" comme dirait le bigot moyen. Tu parles. 

    Reprenons depuis le début. Persuadé de la vérité du christianisme et porteur d'une foi puissante enracinée, celle du charbonnier supérieurement intelligent convaincu et au delà par ce qui est loin d'être bête, au centre d'une civilisation supérieure et héritier de toutes les techniques également supérieures, il les parfait une fois pour toutes en codifiant une fois pour toute le tempérament égal avec les meilleures raisons.  Absolument sur de lui, il s'avance vers le grand projet, l'alliance du beau et du bien. L'art suprême vous dis-je et la foi chrétienne accomplie, vérité suprême en fait partie, je dirais bien évidemment. Le sublime ne se limite pas aux petits émois, et ceux là sont particulièrement gratinés. Du courage pour assumer ça? Il en faut, il l'a. Ca donne ça. 

     Ecouter ça

    Se pose alors la question de l'attitude à avoir en écoutant "ça". Tout d'abord, il ne faut pas se laisser intimider: la musique de Bach ne "prie" pas: rien à voir avec l'abandon pieux à une relation incestueuse piétiste ou même rationnelle avec une vérité religieuse ou avec une présence mystérieuse. Bien au contraire, on est en présence d'un humain en proie à la véritable émotion religieuse, la seule qui compte, la vraie: une relation profonde avec un sens évident et indiscutable, et cela d'autant plus qu'il n'est pas "réel". Cet humain là est représenté par la musique et se met en scène. C'est lui qui est réel et dont il faut admettre la sincérité. Sont ainsi représentés l'âme, mais aussi le sentiment extérieur, la fille de Sion, le pêcheur, bref tous les acteurs des drames liés à cet affect là. Le christ n'est pas le personnage le plus bavard des passions, mais bien l'évangéliste, celui qui prêche, qui guide et qui fait raisonner l'"histoire", ce qui doit régler l'injonction: vous rendez vous compte que ... ? 

    Et bien ces sentiments sont en fait hors de la religion proprement dit, tout en n'étant exprimable que par ses lettres et ses thèmes, qui finissent donc par se faire submerger par la musique: que dit elle, elle ? De décorative, elle devient première parce que géniale, et n'exprime sa complexité et son incomparable richesse que hors du langage, comme il se doit: c'est cela qu'il faut écouter, et entendre. 

    L'émotion que cela génère et la désespérante envie d'être comme lui fait la puissance du sentiment éprouvé. Etre comme lui? Etre capable d'exprimer cela? Emporté par la musique, les interprètes de ce genre de chose ne le font pas: ils ne sont, et ne se vivent que comme des participants à une expression collective dans laquelle ils ne jouent qu'un rôle partiel. Alors, les auditeurs doivent jouer leur partie est écouter le résultat, ils sont là pour ça, car c'est bien pour eux qu'on joue. 

    Ecoutons donc

    Bach c'est immense. Généraliser est difficile mais il y a des similarités entre ses musiques. Il faut bien sur séparer les oeuvres instrumentales, celles pour clavier, pour orgue, les cantates et les passions. On mettra la messe en si à part. 

     

    Soli Deo Gloria

    On aura lu (1) décrivant un Bach créateur au nom de Dieu, et se voyant de métier comme un théologien, qui après les récriminations publiques contre la passion selon St Matthieu, se cantonne à la "musique" jusqu'à la fin, inventant le mode classique de la création musicale par bouderie...

    Et puis tant qu'on y est, Bach est tout de même un grand copieur de Vivaldi (2)

    (1) https://journals.openedition.org/gradhiva/1837#bodyftn16

    (2) https://www.critique-musicale.com/bachfr.htm

  • La consommation de pif

    Une bouteille de vin c'est 75 centilitres.

    Cela fait donc 6 "verres" de 12.5 centilitres. 

    Un demi rouge, c'est donc 3 verres de vin, pour 37,5 centilitres

    La consommation journalière maximale recommandée est de 3 unités d'alcool soit 3 verres de vin. 

    Une unité d'alcool c'est un verre de vin, un demi de bière, ou un pastis (avec ou sans eau) ou un "whisky".

    Une unité d'alcool c'est environ 10g d'alcool par litre ingéré. 

    En fait, des études statistiques indiquent que l'espérance de vie diminue à partir de 10 à 20 unités d'alcool par semaine, soit 7 demis de rouge par semaine. Je vais bientôt mourir.

    L'alcool "fort" (45 degré) est 3 fois plus "fort" (teneur en alcool) que le vin rouge (12 degrés). Un whisky c'est donc 4 centilitres de gnôle. 

    Il y a un désaccord quand à la contenance d'une bouteille de vin entre 6 ou 7 unités d'alcool. Cela permet à la limite de donc se manifester plus tôt. Disons que le lobby anti pif voudrait passer à 2 unités d'alcool par jour autorisés.

    Une unité est éliminée par le foie en une heure. Il faut donc 18 heures pour éliminer une bouteille de whisky... 

    L'alcoolémie au volant interdite est de 0.5 mg d'alcool par litre de sang. Elle s'obtient après 3 unités d'alcool pour un homme pesant 100 kg, et 1,5 unités d'alcool pour une femme pesant 50 kg. 

    Du point de vue global, l'équivalence entre dose maximale autorisée pour conduire et dose maximale autorisée pour vivre est un peu symptomatique du fait qu'un maximum est atteint pour ce qui est de la règlementation, somme toute en l'état assez logique.

     

    La densité de l'alcool est de 0.8, donc 1 litre d'alcool c'est 800 g (1 kg si c'était de l'eau, mais cela ne veut rien dire). 

    La consommation annuelle d'alcool en France était en 1960 de 26 litres par an, et de 12 litres en 2016, ce qui faisait donc  6 verres de vin par jour en 1960 et  3 en 2016... Pas de quoi s'affoler, il est vrai qu'on compte les bébés et les enfants beaucoup plus nombreux en 1960 (qu'est ce qu'on se marre). 

     

     

  • Les Franc-maçons

    A l'occasion de la mort héroïque d'une mystérieuse double obédience, on va classifier. 

    Il y en a une quarantaine en France, d'obédiences maçonniques. On se réfère à (1) 

    D'abord le Grand Orient de France, GODF : 50 000, la plus ancienne et la plus grande. 

    Ensuite la Grande Loge de France, GLDF : 35 000,

    Puis la très controversée Grande Loge Nationale de France, 15 000, qui fit l'objet d'une polémique destructrice en 2011. 

    Pour finir par la Grande Loge Unie, avec ses cent membres. 

    Ca fait 150 000 maçons en tout. 

    Le déisme

    La grande histoire, c'est le déisme. Depuis la polémique sur le Grand Architecte de l'Univers, en 1877, le Grand Orient a progressivement et totalement supprimé toute référence à la religion. C'est la rupture avec le déisme anglo saxon et avec le reste de la maçonnerie d'ailleurs: toutes les autres loges ont des rites et des croyances variées. Les franc-maçons français sont spéciaux

    La Grande Loge Nationale de France, majoritairement formée d'anglophones, fut fondée en 1913 à partir du grand orient. Elle fit l'objet sous nos yeux dans les années 2000 de tous les soupçons que l'on peut avoir envers les maçons, soupçons justifiés d'ailleurs. 

    Cependant le vrai concurrent du GODF c'est l'écosse et son rite, le Rite Ecossais ancien et adapté (REAA), l'"autre obédience", gérée par un Suprême Conseil de France qui créa la Grande Loge de France en 1894. 

    La GLDF était l'obédience du héros, par ailleurs catholique. Cela permit à Macron d'attribuer à égalité le mérite du sacrifice aux deux spiritualités, sachant qu'on ne peut mourir qu'en martyr, le risque assumé d'un homme courageux ne pouvant se passer d'idéal déiste, et sachant aussi que le coté républicain du maçon est généralement plutôt assumé par le GODF, la loge des athées, celle de Valls ou de Bauer, mais aussi de Baroin père, par exemple. L'incroyable inculture de ce petit intellectuel cynique ne lasse pas d'étonner, de quoi se faire entarter. 

    Le Socialisme

    Totalement lié au parti Socialiste et à ses politiques séculaires, le GODF doit mal vivre la période actuelle, mais cela est difficile à savoir, et le contraire pourrait se concevoir, la franc maçonnerie n'étant pas communiste en général et au combien. La dérive gauchiste en serait une maladie, plus qu'un trope: les radicaux ne furent jamais extrémistes, c'est le moins qu'on puisse dire, et puis Sarkozy en était entouré. 

    La spiritualité

    gldf.png

    On en vient à la "vraie" FM. Il y a bien sur les rites secrets et ainsi donc V.I.T.R.I.O.L. » (Visita Interiorem Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem : Visite l’intérieur de la terre, et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée).

    La connaissance, pont aux ânes du premier cercle du spirituel pour les incroyants est donc la grande fonction du rite: décrasser l'esprit pour qu'il accède à la lumière. On est au delà d'un déisme, on est dans le purificateur, dans l'intéressé qui doit profiter: l'alchimie rose croix infecta tout cela à l'origine et l'homme doit progresser, c'est la fonction de la chose. Le cabinet de réflexion, la perpendiculaire, le sablier, la règle à 24 divisions sont les "outils" dont nous devons nous servir. Le cabinet, on y reste un certain temps: c'est pour réfléchir. Au fait, on dit "chambre de réflexion", "cabinet de méditation", suivant les obédiences ou les traditions diverses. C'est une pièce du temple.

    La connaissance est technique et nous concerne: la pierre est à l'intérieur de nous et nous devons manier le maillet et le ciseau pour y accéder. Que dis je la pierre: le Grand Architecte de l'Univers est là. 

    Ainsi donc, le symbole socialiste de l'effort sur les masses (serp i molot) est bien dans l'imaginaire maçonnique. Le symbole communiste, choisi par Lénine en 1918 n'est pas explicitement ni historiquement maçonnique, mais a bien plu comme tel... 

    Le "GADLU" est le nom du dieu des frères, à part qu'il n'est pas un Dieu mais un principe. Il y a un oeucuménisme de bon aloi dans tout cela: on peut se trouver compatible avec un catholicisme évolué, au sens vers lequel pouvait évoluer un catholicisme d'un certain type au siècle des lumières et après. 

    Au fait la franc maçonnerie a bien pour devise celle que la République a finalement adopté (Liberté Egalité Fraternité). A tout seigneur tout honneur. 

    Et puis les écossais, et la lumière dont on se méfie quand on est bon et vrai chrétien... Mais il ne faut pas mélanger, ce qui n'est qu'obscurantisme provincial pour le vrai athée a bien de vieilles racines. Elles se situent dans un univers dont l'athéisme est quasiment impensable. Même les libertins français tournaient autour du pot, et les condamnations au bucher qui marquèrent le début du XVIIème siècle étaient là. Donc il faut quelque chose et tous les philosophes cherchèrent à conceptualiser l'évidence.

    Et puis il y a l'évidente défaillance cognitive qui fut longtemps indispensable aux femmes (et donc que l'on se devait de manifester en public): l'on ne pouvait expliquer le monde et l'état des choses à la fois aimable et injuste, que par un principe supérieur. Cela était convaincant, et il suffisait de le rendre le moins bigot possible pour qu'il soit socialement acceptable. Cela marche encore et même les philosophes de l'athéisme on leurs anguilles pour se nourrir spirituellement.   

     

    (1) http://www.ledifice.net/1025-0.html 

  • Les comms

    Un très remarquable et très long entretien (1) montre plusieurs choses. 

    D'abord qu'une femme finalement assez "normale" (un peu vieillissante, mais mettable, avec un charme un peu froid mais un petit air fifille pas si déplaisant, on arrête là) peut parler normalement sans ridicule des choses importantes de la vie. Autant le dire, très peu de femmes de gauche passent l'examen. Ségolène Royal, compagne du précédent président, Brigitte Macron, femme de l'actuel, ont un zéro pointé. Pénicaud, Buzin sont au niveau, pas Chiappa. Bref, je me comprends. 

    Ensuite qu'on peut avoir un avis sur le canard enchaîné. Il est maintenant, pour ce qui me concerne fixé. L'interview des auteurs gênés du brulot anti Hollande cité par Fillon m'avait fait découvrir la chose: l'évidence ne peut se publier et il n'y a que le ton médiatique de la page 2: le soupçon graveleux manipulé et manipulateur non vérifié contrairement à ce qu'on dit: il est exclusivement la "seconde vérité" celle qui plait et qui pèse. On ne peut, face à ce genre de choses, qu'éprouver le mépris légitime que toujours on doit porter aux résultat des défécations nécessaires. Rien de plus, et considérer, comme le pensent vraiment certains, que cela est la "vérité" ou la "démocratie" est pitoyable. Rien qui ne mérite qu'on ne suspende la démocratie, tout qu'on la considère comme ce qu'elle est: le gaz qui accompagne les tuyaux de vidange. Tout le bonheur du monde aux gaziers, à qui je me permet de dire maintenant, après les avoir lu trente ans: je vous emmerde et conchie, je vous tuerai, mais en enfer. 

    Vexée et blessée par un racontar rapporté par un proche de Juppé qui lui a démenti (c'était vrai, mais en fait non, et la vérité de la chose a donc son état final, voir plus haut), Calmels, qui n'est pas de ce monde là, l'explique très bien c'est en 43:00. Rien n'a changé quand à l'état du monde, et de la presse et de la lutte pour le pouvoir en démocratie dans un monde qui décline, tout comme déclinait le monde libéral dans les années 30 du XIXème siècle, celui de Balzac. On a finit par voir le monde changer encore, puis encore, c'est la vie messieurs, et c'est la leçon de la chose. 

    L'exemple décrit du "nouveau monde" auquel a cru la totalité infiniment méprisable qui a élu ce tas misérable de parlementaires dont nous voyons qui ils sont et qu'on devrait respecter, mon dieu, c'est le parlement. 

    Quelques personnes remarquables saisi par l'occasion et déjà découragés, comme godillots méprisés guidés par des aigrefins, et surtout, le tas de merde de socialistes récupérés traitres et n'y croyant pas: la récompense de la lâcheté, de la connerie et de l'hypocrisie, trop heureux, en plus d'avoir été reélus, d'être classifiés de droite par les sondages. Quelle horreur... De quoi mériter un fascisme, c'était ça (et rien d'autre) qui a conduit aux renversements italiens et allemands de années 20 et 30 du XXème siècle et c'est cela qui a transformé la révolution sociale de 36 en Pétain. 

    Calmels vexée et moquée pour supporter l'immonde Vauquiez, et Philippe le traitre dégoutant considéré comme membre du nouveau monde, alors qu'il n'est que le dépensier sous maire d'une ville perdue, débauché et piloté comme un mouton après avoir, sans doute dés avant la bataille, conduit son mentor dans les choux. Son mentor: un vieux trompé, on verra l'année prochaine si il maintient sa dignité, ce n'est pas encore sur.

    En attendant, le premier ministre actuel, qui met en oeuvre aujourd'hui le non programme qu'il a défendu pendant la campagne (fonctionnaires, 35heures, heures supplémentaires, tout ce qu'il ne FAITPAS) se trouve être l'image même de la saloperie programmatique que l'honneur et la décence la plus élémentaire condamne absolument. Une pareille saloperie, de la part d'un personnage public est infiniment méprisable et mon mépris dégouté est infini. 

    Il faut en revenir à Juppé lui même, tout c'est fait pendant la primaire, et le drame est là, du moins pour Calmels, et cela hélas est à son discrédit (elle s'est tout de même gourée grave, la pauvre dans un instant essentiel, et avec pour mec le conseiller de Fillon, le mystère reste entier). Juppé a voulu se la faire synthèse, et il n'avait, lui, rien compris du tout. 

    Il faut le dire, la mince (au sens gymnique) raideur de la carrière ratée du meilleur d'entre nous fait un peu pitié. A l'écart des drames de l'histoire, il ne fut central que de l'échec terrible de la droite, et cela depuis le début de son chef Chirac, qu'il égale par l'échec: total et absolu. Et cela sans mort d'homme. Un destin "gaulliste". 

    Après la mort de Fillon et l'ascension d'une fille de pied noir, le vieux français n'a donc plus qu'à se taire: ça tombe bien il est mort, enterré et maintenant complètement hors de tout souvenir. Comme ce qu'il défendait d'ailleurs, ça tombe bien ce n'est plus à la mode. 

    Au vu et au su de tout le monde, le groupe LREM de l'Orne seul autorisé à serrer la main du président de passage dans la France rurale, fait la com assumée et évidente d'un petit pédé baiseur de vieilles qui cyniquement vient se foutre de la gueule de ceux qu'il encule: CSG, 80km/h tout cela se gère, la preuve. Que disent les sondages? On va le voir. Le prince héritier saoudien à ses cotés, celui la même qui l'avait fait changer son voyage à l'été, la gouape à l'aile de pigeon visible nous informe de la politique étrangère de la France, c'est le moment: la ligne rouge est franchie, "nous" en avons la preuve, et nous ne ferons rien en Syrie. 

    Un point au sujet de Calmels: elle a cru que Juppé serait un plan B, que Fillon allait voir sa campagne menée par les "maurassiens" et la "fachosphère" et que Lepen battrait Macron au débat et serait élue... Elle a cru aussi et là elle avait raison (à part le réel, et c'est tout l'histoire), que toute la droite avait un projet en commun en fait, et qu'il était en principe possible de la faire gagner. 

    Fidèle mais sans aucun sens politique, elle est "nouvelle" et rafraichissante, finalement... Assez sympathique, finalement mais hors du réel en fait. Ah qu'il est pénible: Clément Rosset est mort. 

    (1) http://www.valeursactuelles.com/politique/valeurs-ajoutees-fachosphere-erreurs-de-juppe-trahison-de-philippe-virginie-calmels-repond-valeurs-actuelles-et-la-france-libre-94682

     

  • Nietzsche

    Nietzsche, le grand inspirateur de tous les zozos est essentiellement un futur fou qui se contredit en permanence. Il convient cependant de remarquer à quel point il est "intéressant" et de le signaler à chaque fois. Car la contradiction a toujours plusieurs formes et vient de partout, se renforce et finalement plait. C'est à ça qu'on la reconnait.

     La volonté de puissance (Wille zur Macht)

    On peut parler de la volonté de puissance, qui n'est pas une volonté, et qui ne veut pas la puissance. Esprit du monde, moteur énergétique des animaux et donc de la spiritualité véritable, elle se décline de plusieurs manières. Contradictoires, bien sur. D'abord bien sur comme la volonté de Schopenhauer mais aussi de plein de façons différentes. 

    D'abord comme un "déterminisme": la volonté est donc esclave... "oh toi ma volonté ... ma nécessité". Ca commence bien. Il y a mieux: l'apparence, seule forme de la réalité EST la VDP. Plus exactement, c'est le réel qui est la VDP, et qui s'identifie à l'apparence donnée. 

    La contradiction, redoublée est donc fondatrice: c'est l'absolue soumission à un principe d'arbitraire qui rend l'apparence souveraine et donc irréelle, c'est à dire seule réalité... De fait, le message devient logique et la double négation s'anéantit: même l'explication devient immanente, et c'est sans doute le but. Pas mal non? 

    Mieux, la "volonté" n'a pas de finalité: le déterminisme est sans but: qu'est ce qui corrigera cette autre contradiction dans les termes ? Facile: l'action est son propre but, c'est cela la volonté, on revient à l'équilibre, donc... 

    VDP devient le "fait ultime", et donc la base de la vie ("la vie est VDP"), mais aussi des pulsions et des désirs. Le voilà l'inconscient qui a tant plus au monde moderne, le clinamen quoi: Epicure et Lucrèce, le fondement matérialiste des choses, déviation créatrice de l'équilibre de tout. Il n'y a pas que là qu'Epicure et Nietzsche se retrouvent, c'est le même esprit global... La puissance d'agir de Spinoza est évidemment du même acabit, le groupe des dissidents se constitue et on se retrouve. 

    Par contre, on se déchire entre soi: Nietzsche reproche à Spinoza son conatus, trop dirigé vers l'intérieur: la VDP elle est sortante, et on ne peut "vouloir la vie": la vie EST la VDP ! 

    Et puis la VDP s'adresse à l'homme et révolutionne (philosophiquement) la psychologie: celle ci est mu par les profondeurs de la VDP. L'inconscient vous dis-je: on sort de l'examen de la pensée comme forcément rationnelle pour la faire mouvoir par autre chose. Et donc, la psychologie devient reine: l'expression rationnelle de l'irrationalité de la pensée. Un vrai régal. Au passage, on note l'identification du psychologique au biologique tout cela est sur la VDP. On distingue dans cette opposition dépassée une double négation féconde... Et puis, et c'est aussi un aspect déterministe de la chose, la grande explication reste la "causalité" impériale et immédiate, qui commande tout, et donc, qui permet de tout ramener à la VDP... 

     Les valeurs

    Bien, mal tout est relatif et ça c'est Nietzsche: gut, gott, goth (N. adore les jeux de mots) tout ça fut défini par la race supérieure, bonne, et opposée à la race inférieure mauvaise. C'est tout. A la fois inflexible et indécidable et donc immuable, on reconnait là l'inéluctable d'un divin arbitraire. Au passage, les aryens sont bien la race des maitres, on y est, par contre, la race est bien "canine": on sélectionne, on améliore, on travaille: tout cela est acquis et donc "on n'est pas raciste", mieux la race vient de la culture et vice et versa. 

    En parlant de race, les juifs sont tout de même les inventeurs de l'inversion des valeurs, précisément. Peuple d'esclaves, esclaves longtemps, essentiellement esclaves d'ailleurs, ils en inventent la révolte, précisément. Les valeurs de l'esclave deviennent premières: effort plutôt qu'aptitude, maitrise des pulsions, amour des pauvres, ascétisme, toutes les valeurs hostiles à la vie. 

    La caractéristique de cette inversion est bien sur le sentiment de culpabilité suscité pour retourner le ressentiment contre soi même: c'est ta faute si tu souffres.

    Tout le pouvoir aux prêtres, et le juif Jésus n'est que l'un d'entre eux. Et c'est alors que l'on inverse encore une fois: il faut être terriblement amoral pour maitriser cela et exercer ce pouvoir inhumain sur les esclaves: 

    "Il faut être très immoral pour faire de la morale en action...". Les prêtres sont des dompteurs immoraux et pervers, car il enseignent et imposent la dégénérescence pour mieux assoir la domination des faux maitres. C'est donc au nom de la liberté qu'il faut combattre la démocratie, instrument de la domination des prêtres. Redoublement de négation, le pattern marche bien. 

     

    Le besoin de la cruauté

    Depuis les jeux du cirque, l'extase devant la croix ou la corrida, le besoin de la cruauté "cette grande Circé", est universel. 

    C'est là que Adorno et Horkeimer (5) situent la grande vertu de Nietzsche dont ils inversent carrément les valeurs: la jouissance cruelle du maitre est l'expression de la révolte contre l'oppression. Tout simplement. Le XXème siècle sera contradictoire ou ne sera pas et il l'a été. La cruauté n'est pas au nom d'une idole mais personnelle, elle exprimer en ruinant l'hypocrisie la jouissance de la domination et puis, philosophe des lumières, Nietzsche: tout comme Sade. Cruauté de la domination arbitraire: loi et nature, bien sur... 

    Contre Platon

    Bien sur Platon est très critiqué...  Mieux: identifié au spiritualisme, à la notion de sujet et bien sur au christianisme, il est considéré comme un théoricien de la faiblesse et un précurseur (en plus des juifs) du christianisme.

     Contre Marx

    Contemporain est lecteur de Marx, N. a bien sur un avis: l'"exploitation" est bien sur une conséquence inéluctable de la volonté de puissance, et Marx n'est qu'un chien, d'après Zarathoustra, un chien de feu. 

    Le soupçon

    Par définition philosophe du soupçon, N. a en fait inventé l'expression, qui acquiert donc bien son coté ambivalent entre les mains du maitre: 

    "soupçon implacable, radical, extrême envers nous-mêmes, qui s'empare de plus en plus, de plus en plus durement de nous, Européens", "Supprimez ou bien vos vénérations, ou bien - vous-mêmes !". Le nihilisme, donc. 

    La Généalogie

    En parlant de soupçon, introduisons ce qu'il y a de "relativiste" chez N. Généalogie, soupçon, perspectivisme, tout est là pour mettre en situation. Les choses sont devenues et depuis le croisement néfaste des races et l'entrainement à  l'esclavage, tous les déterminismes historiques et généalogiques, transhistoriques bien sur sont là. 

    Et puis, au delà des généalogies, une autre contraction: "il n'y a pas de faits, que des interprétations"... 

    Le nihilisme

    On en vient à la grande question. Nietzsche combat le nihilisme et en accuse tout le rationalisme et tout l'idéalisme... Car il y a le nihilisme destructeur suicidaire et le nihilisme chrétien de l'au delà, finalement de même nature car mettant le souhaitable hors du monde. 

    Et puis, il y a le nihilisme héroïque de celui qui refuse le monde pour mieux l'accepter. La pensée la plus négatrice qui soit (tu parles): par delà le bien et le mal. La figure de la double négation, particulièrement présente est bien fondatrice ici: Nietzsche est bien sur nihiliste, comprenne qui peut... 

    L'essentiel est tout de même l'annonce de la mort de Dieu, charmante contradiction (c'est le fond de la foi chrétienne) qui se trouve retournée deux fois, donc. Annonce de la culpabilité nihiliste, elle est AUSSI gaité, tout en étant une ombre qui se répand sur l'Europe: la fin du dieu chrétien annonçant le nihilisme, le vrai... Bref, une charmante choucroute energophore.

    Il faut rattacher tout cela aussi au sentiment de culpabilité, celui d'avoir mis à mort le Christ, précisément et qu'on retrouve bien sur dans la deuxième mort du Dieu, sentiment bien sur à dépasser etc. 

    La musique

    La musique nous donne ce qui précède toute forme, le noyau intime[Kern], le cœur des choses [das Herz der Dinge].

    Là on est bien d'accord, la frénésie dyonisiaque de N. envers Wagner qu'il se mit ensuite à dénoncer pour médiocrité. 

    Pourtant, N. fut le philosophe de la musique et musicien lui même, peut être n'a t il été qu'un musicien, auteur d'une musique devenue philosophie (2). Et c'est ainsi que la pensée de l'éternel retour ne serait en fait qu'une pensée musicale. Il le dit lui même d'ailleurs "la pensée même de l’éternel retour est manifestement indissociable de la sensibilité à la musique". Et puis: "Sans la musique, la vie serait une erreur": "Ohne Musik wäre das Leben ein Irrtum". Et puis: 

    "La jubilation, l’excitation à vivre qu’elle provoque ou accroît traduisent une acceptation pleine et entière de la réalité, au point d’en faire souhaiter la permanence ou le retour ". Bien dit... Et d'ailleurs cette question est liée à la notion de rythme, essentielle à la musique. La musique, d'abord dyonisiaque devient alors, décidément la danse est rythmée de partout, à la fois ivresse et conscience de l'ivresse, le rythme étant déchainement et aussi contrainte. C'est ainsi qu'on a une définition de l'état de la perception musicale: un de ces rêves où l'on sait que l'on rêve. Il n'y a que les contradictions dans les termes pour exprimer cela... 

    Par contre la trahison de Wagner, et pour Carmen en plus, fait de Nietzsche, comme on l'a dit un grand négateur de lui même. Ah Carmen, loin des brumes, "Sa gaîté est africaine" ! Le fait est que N. s'est déchainé contre le culte wagnérien: spectacle grand public, mais aussi porteur de modernité musicale destructrice (on reconnait bien là le contradicteur contradictoire), il haïra aussi chez Wagner l'allemand antisémite de l'époque, méprisable homme du ressentiment... Une jalousie de créateur musical allemand fin de siècle? "il a rendu la musique malade". Il faut aussi dire que si la tétralogie c'est 1876, Parsifal c'est 1882, N. n'aime pas le christianisme moyen âgeux, il faut le dire.

    Par contre, nulle trace de Bruckner dans ce qu'on dit de N.. L'a-t-il connu?

    Pourtant en 1873, Wagner accepte de Bruckner la dédicace de sa 3ème symphonie...  

    L'éternel Retour

     "amor fati": ah la belle philosophie, fait comme et réalise que, tout se répète indéfiniment à l'identique. Doctrine historique, religieuse, moral, scientifique? C'est à coup sur une excellente idée, et apparemment similaire à la métempsychose et à la réminiscence platonicienne, comme quoi qui aime bien châtie bien.  

    "la question, posée à propos de tout et de chaque chose, « veux-tu ceci encore une fois et encore d'innombrables fois ? » ferait peser sur ton agir le poids le plus lourd ! Ou combien te faudrait-il aimer et toi-même et la vie pour ne plus aspirer à rien d'autre". Une certaine grandeur de la part du maître, il faut le dire. 

    Le caractère scientifique de la doctrine est pourtant patent pour le moustachu: il se permet de critiquer la science de son temps à cause de cela et son enthousiasme pour le très original jésuite astronome des lumières Boscovich est assez saisissant: de quoi unifier, en vrai philosophie pré socratique les forces mentales et naturelles. Boscovich (1) théorisa des points de forces non matériels pour expliquer toutes les forces. De la pré gravitation à boucles en  quelque sorte, en tout cas et c'est ce qui séduit N., il est "avant" la matière, la substance, le "dur". La notion de force, d'énergie est donc première, et l'atome est non matériel. Mieux: l'espace est une apparence, il n'y a que de l'énergie partout.

    Energie (ou force) infinie étant contradictoire selon N. (sinon, il n'y aurait rien...), tout se conserve donc et donc aussi le nombre d'états et l'éternel retour est donc confirmé. Mieux, sa théorie de l'énergie est ainsi la base de tout, de VDP et aussi de ER.

    Au fait, le déclenchement de l'énergie (Energie), de la puissance (Macht), de la force (Kraft) c'est l'"Auslösung". 

    Et puis, on a l'échange de puissance, bien sur à la base des relations humaines, et cela dans tous les domaines. On soupirera sur ces généralisation scientistes, très XIXème siècle, et qui eurent des conséquences. Savoir que le XXème siècle développa toutes les clarifications possibles sur ces questions ne devrait pas lasser d'inspirer. De ce point de vue, le pauvre N. fait pitié, mais aussi tous ceux qui embrayent directement sur le coté figuré en laissant de coté le coté figurant, pourtant base de la métaphore, et profondément datée, je dirais, elle aussi. Toutes ces identifications avec l'énergie, avec pour finir la détestation métaphysique de l'énergie nucléaire me répugnent profondément.  

     Heidegger

    On l'avait déjà remarqué, H. est bien sur anti N., la VDP étant essentia, l'ER existentia, donc métaphysique de l'être théologique classique, un platonicien vous dis-je. En tout cas, cela ressemble à de la jalousie mal placée: le poète envieux de l'être rejette son initiateur en négation du principe de la contradiction dans les ténèbres du rationalisme. Il en fallait du culot, et H. n'en manque pas. Il évoque, lui aussi est un génie et aussi un généalogiste (et au combien) le nihilisme de N. comme épuisant, après la disparition du supra sensible, les valeurs qui en restent dans la volonté de puissance, devenu le nouvel être. Et oui, on a là un objet G, et c'est H. qui le dit. (3).

     Le surhomme Übermensch

    Au delà de la "brute blonde" "en quête de proie et de carnage", le surhomme c'est d'abord l'abolition de l'homme soumis à la raison et le sujet par excellence de la VDP. Il est donc ce que l'homme est au singe: le "sursinge" (Maurice G. Dantec).

    main-qimg-a689eefca9df0d34d51ce599c6ad35da-c

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Le surhomme a évidemment un pendant le "dernier homme". "Sa race est indestructible comme celle du puceron".

    Sans parle du sublime (Zarathoustra dixit) "Je vous apporte un nouvel amour et un nouveau mépris : le surhomme et le dernier des hommes." On continue, "L'homme est quelque chose qui doit être surmonté." "…ce que doit être l'homme pour le surhomme : une dérision ou une honte douloureuse." Bref, ça fait envie. 

     Foucault

     On doit à Jacques Bouveresse un dézinguage de Foucault au nom de Nietzsche qui vaut le détour (4).

    Car pour N. et pour B., c'est la vérité au sujet de la vérité que l'on cherche, et elle n'est pas ce que l'on croit. Voilà le sens (contradictoire, mais puissant) que les meilleurs peuvent attribuer à N. et là est sans doute le fond du génie, toutes les apories étant, au moins en principe, porteuses de sens. 

    Foucault n'a pas cette subtilité, ou du moins pas d'après B. Il affirmerait bien que la notion même de vérité est au sens anthropologique issue de la volonté de connaître. Rien de tout cela dans le contradictoire véhément de N. 

    Le Gai Savoir, La gaya scienza

    On y trouve des choses variées et aussi l'utilisation des paradoxes logiques pour prouver l'absence de la vérité... 

    Sinon, l'esprit fort de N. m'a toujours paru comme une recette secrète pour gauchiste manipulateur: le plus grand mépris pour toute espèce de sous homme et un grand discours de haine pour toute autorité, comme si on cherchait à convaincre des femmes en se faisant passer pour un révolutionnaire: un discours et une conscience d'adolescent frustré, et cela a d'ailleurs servit à cela à un point invraisemblable pendant tout le XXème siècle... Et puis, aussi une doctrine secrète: il faut prendre le temps de lire, et cela n'est pas donné à tout le monde. On se fait à bon compte une motivation d'initié en silence, pour mieux extérioriser l'essentiel: le refus des valeurs, certes, mais au prix du bétonnage intérieur sataniste. On a rien sans rien: le gai savoir est celui du chien qui voudrait être un loup (pas mal celle là, non?).

     

    N. meurt en 1900, végétatif depuis prés de dix ans. Le début de sa grande déchéance en 1889, correspond à un cheval battu par son cocher qu'il embrasse mystérieusement à Turin. 

    (1) Boscovich https://www.persee.fr/doc/rhs_0151-4105_1996_num_49_4_1262 

    Il fut parait-il fasificationniste ou du moins mentionne l'approche, en critiquant le réalisme naïf. Il n'en reste pas moins un inductiviste et se doit d'être cité en ces domaines.

    (2) https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2001-2-page-343.htm

    (3) H.etN. https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1968_num_66_91_5445

    (4) http://www.actu-philosophia.com/Jacques-Bouveresse-Nietzsche-contre-Foucault

    (5) Horkeimer et Adorno http://journals.openedition.org/asterion/1585 

  • Les fonctions

    Après les catégories, les fonctions. 

    Les fonctions

    Une fonction c'est... 

    1) Un être potentiel, défini par sa capacité à transformer n'importe quel élément issu d'un tas d'objets. 

    Un tas d'objet, c'est un "type" d'objet, et une fonction transforme tout élément d'un tas en un élément d'un autre tas.

    f: A -> B         après le ":" , la "signature" de la fonction, qui associe deux types identifiés. 

    Un point important: une fonction "marche" pour TOUS les éléments du type de départ. Elle est "totale". 

    2) La définition de la fonction, c'est autre chose, elle s'exprime en général avec une "chose" supposée être mise à la place d'un élément quelconque de A lors de l'application de la fonction. 

    f = lambda a  EXPRESSION(a) 

    Ici, EXPRESSION (a) désigne une formule avec a en variable libre et qui produit un B (bien sur).

    3) Bon on attaque direct, on veut définir des fonctions en fonction d'autres fonctions, avec l'aide d'"opérateurs": 

    f then g = lambda x g(f(x)) 

    Une fonction, c'est une abstraction pour un "calcul", qui transforme une donnée. C'est un "pas" élémentaire dans une marche globale, mais abstrait: il faut appliquer la fonction pour qu'un travail soit fait. En attendant, c'est juste un plan, un ordre, une recette. 

    On notera "id" la fonction identité. 

    Au fait,

    f then id == f 

    id then f == f

    Bien sur le "==" est assertif: il dénote l'égalité entre deux expressions définissant des fonctions. 

    Le rêve, et fantasme assumé ici, est de ne jamais parler des fonctions à partir de leur définitions, la lambda pue. On veut parler de tout ça de haut, on n'est pas des programmeurs, nous, berk. 

    La curryfication. 

    Les fonctions de plusieurs arguments sont en fait des fonctions de un argument composées, qui se passent des fonctions. 

    f: A , B -> C   se note en fait f: A -> B -> C

    Haskell Curry a inventé tout ça. Au fait c'est le Curry de Curry Howard et le Haskell du langage de programmation... 

     

    HaskellBCurry.jpg

     

    Les foncteurs 

    Les types d'objets peuvent être transformés. Par des "foncteurs". 

    Les foncteurs les plus connus sont les "monades". On va bien sur considérer ici exclusivement les monades... 

    En gros, un foncteur c'est une monade qui n'a que l'opérateur "map". Les monades ont des opérateurs supplémentaires.

    Par exemple, Option (ou Maybe), OP. 

    OP(A) est un nouveau type construit à partir de A, avec un élément en plus, NONE. Cela permet d'exprimer des raisonnements en supposant (indument) que tout type possède une valeur supplémentaire "null", "none", "rien", "zéro pointé", qui exprime l'absence, la non présentabilité, l'impossible. Par exemple, lorsqu'une opération de recherche d'un objet de type "Personne" ne trouve rien, que doit retourner l'opération? Elle pourrait retourner une Personne particulière, la personne vide, mais cela serait paradoxal: s'il n'y a personne, il n'y a pas quelqu'un. On convient donc, trop souvent, de retourner une valeur unique, le fameux, l'infâme "null". C'est pour cela qu'une opération qui retourne soit disant une Personne et qui ose à son gré retourner parfois "null" ne peut prétendre être "typée". Elle est plutôt, et à strictement parler, "vérolée": tremble utilisateur ! On te ment.

    C'est ainsi donc, finalement, pour cela que OP, comme type suprême, permet de rétablir l'honnête: tu recevra dans tous les cas un élément du type "OP[Personne]" et parfois, NONE, c'est à ça qu'on le reconnait. Voilà qui est propre. 

    Mieux! OP permet d'appliquer à ce qu'il cache toute opération spécifique du scellé objet: avec une fonction.

    p: OP[Personne]

    p.map( x -> x.désignetoi())  

    La fonction "cachée" désignera toujours une personne, à moins qu'on lui donne NONE. Dans ce cas, map retournera DIRECTEMENT NONE, et donc évitera la confrontation de l'absence et de l'opération qui ne la supporterait pas. 

    Bon on arrête là. OP, Option, Maybe est le truc du fonctionnel pour en terminer avec les pointeurs nuls. Simple, efficace et qui aurait du être adopté bien plus tôt dans l'histoire, cela nous aurait fait perdre moins de temps... Pour en finir vraiment, il bien comprendre en plus que NONE ne remplace par "null" lui même, ce qui ne changerait pas grand chose, mais bien la honteuse erreur du "pointeur nul" déclenchée immédiatement par toute opération sur la honteuse valeur non typée.  

    Plus exactement, la notion de "monade" est entièrement contenue dans l'exemple de OP. Disons de plus, pour adopter un vocabulaire plus "fonctionnel" qu'une expression de calcul, utilisée pour définir une fonction peut décider de considérer OP(X) plutôt que X comme type de destination, et donc décider de produire un "effet" en plus du calcul. Disons que cet "effet" va consister dans certains cas, à produire la fameuse valeur NONE, porteuse d'une signification particulière, qui est précisément l'absence de calcul. 

    En fait, tout ce qu'on va dire s'applique ici à X mais en fait à n'importe quel autre "foncteur", dont OP. Imaginer qu'un foncteur est un truc aussi stupide que "Option", qui permet de représenter n'importe quel objet de type X, y compris son absence, qui plus est typée, m'a toujours ravi. Représenter l'absence par un élément supplémentaire est jouissif, désolé. Que la quintessence de la monade soit précisément cette construction est une bénédiction. Profitons en. 

    L'opérateur "return"

    Considérons la fonction "X.r". Par définition, elle construit un objet de type X(A) à partir d'un objet de A. Elle ne produit jamais "NONE", dans le cas de OP. Un foncteur c'est pas bijectif, et au combien.

    X.r: A -> X(A), et cela "pour tout" A. Dans le cas de OP, OP.r est bien sur l'identité. 

    En fait, X.r marche pour n'importe quel objet, de n'importe quel type. Une fonction générique, en quelque sorte. 

    Il s'agit du constructeur élémentaire, de l'application primale. On l'appelle "return", ou "point".  

    Le "map"

    Maintenant, prenons X(A), et une fonction de A vers B. Et bien, 

    X.m: X(A) -> (A->B) -> X(B) 

    X.m la fonction "supérieure" de "mapping", qui va transformer X(A) en X(B). Ce qui caractérise la functoritude. 

    On reconnaitra ici la célèbre "commutabilité" de la théorie des catégories: 

    A partir d'un a dans A, je peux: 

    - appliquer une fonction de type A->B, puis construire un X(B) avec X.r

    - construire un X(A) grâce à X.r, puis appliquer X.m à la fonction et obtenir un X(B)

    Il va sans dire que les deux X(B) que l'on va obtenir sont égaux, par définition. 

    Si f: A->B, 

    f then X.r == X.r then X.m(f)  

     Quand je dis "sont" je veux dire "doivent être". Ces choses sont soumises à des lois qui caractérisent leur existence, et c'est (encore) à cela qu'on les reconnait. 

     

    Le "flatmap" et la monade 

    Il y a un autre "opérateur" de foncteur, "flatmap", "bind" ou ">>="

    X.fm : X(A)   -> (   A->X(B)   )  -> X(B)

    On commence tout de suite à bétonner en reliant fm et m:

    X.fm(f then X.r) == X.m(f) 

    C'est assez logique en fait: fm porte sur une fonction qui produit un OP(B), lui même construit par "r". Ce type d'assertions est assez naturel, et typique des catégories: tout ce qui est naturel se manifeste, c'est fait pour, c'est la nature... Il s'agit d'un raisonnement "aux dimensions": les lois de la nature c'est pareil, E = m * v^2, c'est pas dur à trouver. 

    Commentons avec la sémantique de Option.

    Soit un calcul qui donne une OP(A) et un calcul qui donne une OP(B). On veut séquencer les deux calculs, sachant que le deuxième s'exprime en fonction d'un "A" (bien sur, c'est ça un "chainage"). Le "then" ne marche pas: en effet, le deuxième calcul ne peut avoir lieu si le premier retourne NONE: un pointeur null ça fait planter. Il faut donc, pour séquencer correctement, tester le pointeur null, ici le NONE. Et  bien, imaginons un séquenceur intelligent, dépendant de OP, qui le fasse, bingo, c'est "fm". Et oui.

    OP.fm( résultat du calcul1, fonction définissant le calcul2) = résultat du chainage du calcul1 et du calcul2

    C'est cette expression qui fait dire que la monade est l'"essence du séquencement" en programmation: la présence du NONE, qui peut survenir dans n'importe quel calcul intermédiaire implique bien sur alors la valeur finale du calcul (NONE, bien sur). 

    Mais c'est grâce au fait que OP est une monade, et donc en fait à sa fonction flatmap, qu'on "peut" enchainer des blocs fonctionnels construits indépendamment. 

    Pour enfoncer le clou, il faut comprendre que ce qu'on veut composer, ce n'est pas simplement des fonctions, par exemple f: A-> B et g : B->C, cela on sait le faire, mais des fonctions qui ont "de l'effet", c'est à dire f: A ->X(B) et B->X(C). Pour ce faire, il faut un truc qui dépende de X et qui encapsule le transfert de l'effet à travers la deuxième fonction. Ce truc est bien sur "flatmap". 

    La notation ">>=" permet d'avoir un "flatMap" exprimé en notation infixe. C'est le nouveau "then", le then avec effet. 

    flatMap est une fonction de fonction étrange, qui connait intimement sa monade: elle plonge dedans, trouve l'objet encapsulé, et lui applique une fonction de création d'une autre monade. C'est pour cela que si la fonction de création est le "return", fonction de création de base, on obtient l'identité: 

    X.fm(X.r) == id, ce qui est bien sur une "loi".  

    La séquence 

    On en vient à la séquence "monadique", qui permet de chainer des calculs en se ramenant, cela m'avait perturbé au début, tant je trouvais cela ridicule: quoi ? Tous ces efforts pour se ramener à de l'impératif ? 

    En gros, on peut archiver dans un contexte (un "for" scala, typiquement, ou un "do" haskell), plusieurs objets d'un type de monade donné (une seule, pas de mélange), les nommer, appeler des fonctions avec ces noms, puis finalement générer une expression de sortie avec ces noms. Et bien le résultat sera une instance de ce type monadique, construite avec l'expression de sortie. 

    La construction fonctionnelle est une suite de flatMap emboités (c'est pour cela qu'on l'appelle "bind") représentant chaque extraction monadique nommée, finalisée par un map.

    Toute les utilisations des monades mettent en valeur cette construction. Par exemple, si des "get" dans des hashtables retournent des OP, on peut faire avec profit: 

    for

         x<- OP(1)

         y <- OP("foo")

    yield x + y.length 

    retourne OP(4)

     Cette "reductio at imperativo" (...) est précisément l'objet, intérêt et but de la monade. Au delà de l'identification du monadique au calculatoire, retenons plutôt qu'il s'agit d'une astuce permettant de garder les avantages de l'impératif tout en restant fonctionnel. Ainsi, flatmap, en gardant de coté NONE dans un séquencement où la chose apparait, permet d'éviter la bébête exception ou les méchants return emboités que nécessiterait la prise en compte du NONE. La gestion de l'"effet" est fournie par le type de donnée et son flatmap, qui en assure le transfert dans un chainage fonctionnel.   

    Le Kleisli 

    Un autre opérateur c'est K: 

    f K g = f then OP.fm(g) 

    K est une manière de faire des flatmaps dans l'ordre, et donc permet d'exprimer "naturellement" (au fur et à mesure qu'on le fait) des calculs. 

    Ici, la notation fait que "K" trouve tout seul le bon fm à appliquer suivant les types des valeurs de retour des fonctions. 

    K est l'opérateur "fish" noté ">=>"

    f : A -> OP(B) 

    g: B -> OP(C) 

    et donc f >=> g : A -> OP(C)

     

    Le Kleisli a bien sur de super bonnes propriétés, par exemple: 

    f K OP.r == f      (bien sur ici,  la deuxième fonction a pour domaine le type d'option...

    OP.r K f == f

    f K g K h == (f K g) K h == f K (g K h)

     

    La monade STATE

    On va se permettre (après coup) un petit ride sur la monade STATE. Là l'idée est que l'effet du calcul emboité va consister à chaque appel à modifier une valeur, et donc à mettre à jour un "état" qu'on va transmettre à l'appel suivant. C'est ça l'"effet". Pour éviter de 

    Pour commencer, le type de la monade STATE est un type FONCTIONNEL, un type de fonction. Perturbant, mais une fonction est une valeur comme un autre. Pour en rajouter à l'abstraction perturbante, il faut considérer un type en plus, celui de la donnée stockée, ici S. A est le type monadisé, mais pour pouvoir le lier à l'état, il faut une fonction... 

    STATE(S,A) = S =>(S, A) 

    A partir de là, on va pouvoir élaborer... S est le type de stockage du "state", et A son expression. Le type de A peut être quelconque pour un STATE donné, et c'est là une première source d'obscurité, ou de compréhension profonde. Disons que A est le type normal résultat du calcul, et que S est le type de la donnée qu'on veut modifier par effet de bord. 

     

    Prenons un "state" qui serait une pile (par exemple). Une liste d'entiers. 

    STATE n'exprime pas une structure de données, mais ce qu'on peut faire avec, en fait TOUTES les opérations possibles sur le type de stockage qu'il/elle encapsule. 

    pop = s == Nil => (Nil, None) , s == h::t => (h, t) 

    push a =  s => (a::s, Unit) 

    Les deux opérations expriment des opérations possibles et retournent des STATES (des objets de type STATE, c'est à dire des fonctions). Ainsi, pop() (  List(1,2) )  retournera  (List(2), 1)  comme de bien entendu.

     

    On a donc bien ici un principe de construction de programme, et non pas de la simple programmation... 

    Mieux que ça, 

    SI on convient de noter que

    a) dans le tuple t = (S, A), S s'obtient en écrivant "t.S" et A en écrivant "t.A"; 

    b) 

    map  state: STATE ,  f: A => B               =         s => (         state(s).S       ,        f ( state(s).A )                ) 

    flatMap state: STATE  ,  f: A => STATE(S,B)    =         s =>   (        state(s).S     ,      f (     state(s).A    ).B      ) 

     

    On va utiliser Kleisli et donc construire un programme, complètement abstrait: 

    pop() >=> x => if (x.isempty) push(1) else push(2) ) >=> x => push(33) 

    Dans ces chaines d'instructions, le "state" est passé magiquement de manière invisible, chaque fonction

    intermédiaire prenant en paramètre la valeur calculée précédemment. 

    Une autre notation

    Toujours à la recherche d'une bonne notation, et après coup, en voilà une autre. 

    D'abord on va éviter au maximum d'utiliser des variables et de préférer les combinateurs, à tout prix. 

    f= Int -> Int ; inc  // inc est la fonction qui ajoute 1  à son argument

    f= Int -> Int ; x + 2   // x est le premier argument, y le deuxième s'il y a lieu. 

    On cherchera également à noter de la même façon les fonctions et les types paramétrés: 

    Option =  *->*; None, T   // T est le premier paramètre de type. 

    Option T est le type produit par l'application du constructeur Option au type T... 

     

    Si on veut réutiliser un argument dans l'expression de definition d'une fonction, on peut "forker": 

    f= Int -> Int ; (id, id) (inc, x + 3) *  

    Qu'on peut noter aussi, * étant naturellement "à deux places" et donc "infixe":  f = (id, id) (inc * (x+3) )

    Ou bien:  f = inc * ( x+3)

     

    La monade State nouvelle notation

    A partir de là , on définir la monade State comme:

    State S = *->*; S -> (S,T)  // T est le type paramètre, et State S est le constructeur

    State.map = State S T , T -> T' ;       x  then (id , y )  

    State.flatMap  State S T , T -> State S T' ;       x  then (id, y then ((x,y) then y)   )   

     

    La monade Reader nouvelle notation 

    Reader C = C -> T 

    Reader.map  =  (Reader C T') (x then y)

    Reader.flatMap Reader C T,  T -> (Reader C T') =   ((x, id)  then ((x , z ) ( (y x)    z) )   

    def flatMap(  r: Reader[C,T], f: T => Reader[C,T']) = Reader[C,T']( c => f(r.read(c)).read(c) )

     

    La monade Reader est typique  d'une monade "terminale": elle se résoud par le calcul à la fin de tous les appels qu'on lui fait: 

    r = for (  a<- Reader (inc) ;  b <- Reader( (inc inc) ) )  ( a + b ) 

    r est un reader, c'est à dire une fonction, qui est NON APPLIQUEE.

    On lui applique la "racine" de la configuration, pour obtenir le résultat final. Chaque fonction de chaque reader est un "shift" par rapport à la racine. 

    r: C -> T,  r(1000) == 1001 + 1002 = 2003

     

    Types algébriques

    Il nous faut parler des types dits "algébriques" car défini suivant les cas... Il faut bien pouvoir aussi définir les types en les composant, et ici on exprime qu'un élément est d'une type donné quand il est "ça" ou (|) "ça". "ça" cela peut être une suite fini de cas. 

    L'arbre "ou/et" de définition fait ainsi toute l'algèbre de la définition des types. Ah que c'est bon que de calculer sur autre chose que des nombres...

    List(A) = NIL | A  List (A)

    en gros une liste de "A" (on a bien un foncteur pour commencer) et bien c'est soit NIL , soit  la concaténation d'un objet de type A et d'une liste de A... La définition est "récursive", y a pas que les fonctions. 

    Un point: y a pas non plus que Haskell dans la vie et ma syntaxe c'est celle qu'est à moi.

    De plus, deux listes se concatènent avec l'opérateur (de liste) "++". 

    Il faut comprendre que List est un "foncteur", et que le type algébrique est un constructeur de type paramétré par un type. Nous voilà avec un langage de programmation qu'est déjà bien puissant... 

    Folding

    Les fonctions récursives, c'est bien et les schémas de récursion encore mieux. Ce sont des fonctionnelles, des fonctions de fonctions et l'incontournable "foldr" (ou "reduce") se doit d'être décrit. 

    Soit une fonction à deux arguments, qui donne un résultat, par exemple l'addition des entiers: 

    f: A -> A -> B

    "foldr" se définit sur une liste comme donnant ce résultat, à partir d'une fonction comme ça, et d'une valeur initiale du résultat. Il s'agit de se déplacer sur la liste, et d'accumuler.  

    foldr : fonction  valeur_initiale_de_type_B    List A  -> B 

    foldr f b NIL = b   // b est bien une valeur initiale, fin de récursion, la valeur initiale est le résultat. 

    fold f b (h:t) =   f   h     (foldr f b t )    // on extrait la tête de liste et on récurse... 

    On a bien le "schéma" général de calcul qui consiste à prendre le premier élément de liste, et l'additionner au "reste", qui une application récursive sur le reste de la liste...

    Grâce à foldr, on a bien des expression purement fonctionnelle de calculs récursifs variés: 

    sum = foldr + 0 

    filter g = foldr ((lambda x if (g x) (List x ) else NIL )  then ++ )  NIL 

    En effet,

        filter (lambda x x == 1) NIL == NIL 

        filter (lambda x x == 1) List(1) == 1  (...)  foldr (...) NIL NIL == List 1 ++ NIL 

    Bien évidemment, ces schémas de récursion, sortes de méta programme, se trouvent à faire pour tous les types qu'on peut définir. Faut abstraire dans la vie.

     

    LES folds

    Il y a en fait plusieurs folds... 

    La définition de "sum" faite ici avec foldr est consommatrice de "pile": 

    sum (1 2) = 1 + (foldr '+  0 (2)) = 1 + 2 + (foldr '+ 0 ()) = 1 + 2 + 0

    Il faut attendre la toute fin de l'exploration récursive pour enfin pouvoir additionner quelquechose...

    C'est pour ça qu'on a fait foldl (fold left):

    foldl f b nil = b        // comme pour foldr

    foldl f b (h:t) =  foldl f ( f b h) t        // on calcule DABORD  une operation binaire) 

    Ainsi donc   foldl + 0 (1,2) = foldl f (0 + 1=1) (2) = foldl  f  3 () = 3

    Pas de mémorisation inutile en apparence, pourtant, la fonction est bien récursive et consomme de la pile aussi...

    Folding généralisé

    On peut folder n'importe quoi. Par exemple des arbres. 

    On reprend. 

    Tree(A) = NIL         |           Tree(A)     A      Tree(A)

    tfold : B -> f -> Tree(A) -> B       (avec f : B -> A -> B -> B)

    tfold b _ NIL = b ; tfold b f  (l x r) = f ( tfold b f l ) x (tfold b f r) 

    Alors, on peut lister les valeurs des noeuds d'un arbre: 

    flatten (NIL) = NIL ; flatten l x r = flatten (l) ++ List(x) ++ flatten (r)

    Autrement dit: 

    flatten = tfold NIL (lambda ( l x r )  l ++ List(x) ++ r)

     

    Au fait, on peut folder Option.... 

     

     

    Les schémas de récursion sont importants, tu parles. Revenons sur le plus simple d'entre eux

     

    Super Types

    Un type a un type, on dit une "sorte" (kind). Integer a pour sorte "*", et OP, "* -> *". 

    Un Functor, c'est donc un "* -> *", mais avec une methode, dite "fmap" en fait ici "m".

    F.m : (A -> B) -> F(A)  ->  F(B) presque comme on avait dit... 

    Les "classifications"

    List est bien sur une monade. List(A) un type intéressant, vraiment pas en bijection avec A puisqu'exprimant n'importe quelle multiplicité de A... On avait parlé de "++". Il vient d'autre chose qu'un type algébrique, qui n'a pas d'opérateurs à priori. Et bien pour introduire des opérateurs, on va appliquer des foncteurs, les différents types de foncteurs portant des opérateurs particuliers. 

    On a vu les opérateurs m et fm, spécialisés selon les foncteurs et notés comme tels plus haut, par exemple "OP.m".

    Avant de nous lancer dans l'apprentissage des syntaxes diverses de Haskell ou Scala (ce qu'on ne veut pas faire), disons qu'on peut regrouper les opérateurs et les "projeter" sur un type algébrique avec un foncteur.

    Par exemple, il existe un foncteur super utile qui s'appelle le "monoïde", noté ici MON. Il a pour opérateurs 0 et + avec bien sur les signatures suivantes: 

    MON(m) = 0 : m      ,    + : m -> m -> m

    C'est un foncteur avec ses lois, et donc sa fonction MON.m ou fmap... 

    La "freeness" ou "libertitude"

    Prenons la liste, est bien on peut lui appiquer le foncteur Monoïde sur les types, et cette application est dite "libre" ("free") dans la mesure où elle est triviale, évidente. La liste est le "free monoïd" sur les types... Le "plus" monoïdal est bien sur le "++" des listes. Le Monoïde engendre la multiplicité. Notons ici que le free monoïde a pour caractéristique de NEPAS modifier ce qu'il transforme: les listes concaténées restent là. Cette interprétation de l'addition est distinguée (c'est ça la libertitude) de l'addition arithmétique, qui elle "détruit" ses entrées... 

    Cette notion de libertitude (freeness) est la source d'un concept de haute volée en fonctionnel: la "free monad", parangon de la modernité en programmation.

    En gros, la monade libre, c'est la libertitude que donne un foncteur spécial, nommé Free, et appliqué, c'est ça le truc, à un foncteur particulier.  Le résultat est une monade spéciale, tout comme la liste est un ensemble spécial... Etant "free" la transformation ne va pas perdre ou détruire les données d'entrée. Celles ci étant des instructions, on ne va pas "exécuter" le programme, mais en garder la représentation intacte.  

    Il faut bien comprendre que Free est la concaténation d'un foncteur et d'un type. C'est sur ce type là que l'on a une monade... 

    Free F A = A |   F (   Free F A   ) 

    charmant emboitement, quasiment naturel, on dirait (tu parles comme c'est un hasard) une expression du point fixe (comme en (3), pardon de me citer moi même). On a une structure récursive d'application du foncteur, se terminant sur un type donné. 

    Pour illustrer les propriétés de la bête, prenons OP.m définie sur OP(A). Trivialement: 

    OP(A) = NONE | OP(a)  // on le rappelle

    Voyons voir une expression de la fonction m dans mon langage à moi, on distingue les cas plus haut: 

    OP.m f NONE  = NONE   |   OP.m f OP(a)  = OP (  f( a))      // f est bien sur une fonction de A vers B

     

    Pour List c'est pareil: 

    List(A) = NIL  | A List(A) 

    List.m NIL f = NIL

    List.m f (A LIST (A))   = List.m f ( List(a) ++ s )  = List(f(a))  ++  List.m f s   

     

    Pour Free, c'est pareil:

    Free F A = A | F ( Free F A )

    Free.m  f  A =  Free.m  f  a = f(a)  ;    Free.m  f  F(x)   =  F ( F.m ( Free.m f) F(x)  )  

      

    On continue avec les opérateurs de monade: 

    Free.r  Free F(a) = a 

    Free.fm  f  a = f(a)

    Free.fm f Free F(X) = Free( F(X).m (Free.fm f) F(X) ) 

    On a donc bien une monade, avec la flatmap définie de manière récursive... 

    Pour finir, on a un operateur spécial supplémentaire pour Free, dit "lift", pour "pousser vers le haut" un bête foncteur et le transformer en monade. 

    Free.lift: F(A) -> Free F A

     

    Definir un DSL à partir d'un type algébrique

    On en vient alors à ce qu'on fait de tout ça. 

    Soit le type "Move" paramétré par "Position". On a: 

    Move [Position] = Forward [Position] | Backward [Position]

    L'idée est de travailler dans le monde "Free", qui va nous faire une monade de tout cela (c'est l'intérêt). 

    Les fonctions forward et backward prenant Position en paramètre, au lieu de bêtement changer de position, vont retourner une monade libre en liftant l'instruction correspondante paramétrée par leur paramètre: 

    def forward: Position -> Free Move Position = p -> Free.lift ( Forward (p) ) 

    A partir de là, on peut appliquer le langage des monades, et enchainer les opérations: 

    forward (p1) >=> backward(p2) ...

    Le résultat sera l'accumulation non destructive de toutes les opérations faites, c'est à dire le programme prêt à être exécuté, complètement représenté. Le langage de programmation est donc ici utilisé d'une manière spéciale avec un "cran en plus": les structure de données sont utilisées pour représenter non pas le monde qu'on souhaite modifier, mais la machinerie qui sera utilisée pour changer le monde... Et bien ce type de programmation là, il est "post von neumann" (je me lance), quasiment gödelien, auto codé. 

    Programmer avec les monades libres.

    La programmation avec les monades libres se fait donc en deux temps. Typiquement en codant d'abord avec l'image par Free des types algébriques qu'on pourrait définir, et qui sont, comme de juste des foncteurs. Le résultat sera une structure de données qu'on pourra introspecter en la matchant avec les transformés par Free des différents types, laissés intacts. On peut alors soit les afficher au mur, soit les exécuter, avec l'efficacité que l'on veut... 

    Une telle programmation est dite "interprétative": on code la sémantique de son programme, charge ensuite à un exécuteur d'en faire ce qu'il veut. Cette disjonction coordonnée entre les deux phases du plus beau métier du monde a peut être un avenir, mais reste suspendue à la qualité des exécuteurs. Ah la belle sémantique qui rendrait évidente les parallélismes vrais, ceux qui seraient quantisables... L'histoire n'est donc pas finie, tiens tiens... 

    Le pattern "interpréteur"

    Tout ça est en fait une manière convoluée et un peu prétentieuse d'appliquer le patter "interpréteur", comme expliqué avec enthousiasme au paragraphe précédent. Un autre exemple est la monade "Reader". Elle prend en paramètre une fonction dite "run" (tiens, tiens) qui à un objet configuration indéterminé associe une donnée à lire...

    Reader.m (f) = run then f   // mapper c'est transformer

    Reader.fm (f)  = lambda c (run then f)(c).run (c)    

    2 choses ici.

    - Un Reader "calculé", comme par exemple ici '(run then f)(c)'    (f ayant pour domaine un Reader), contient une fonction. On l'obtient conventionnellement ici en appliquant la méthode "run", qui retourne une fonction. Fonction que l'on peut appliquer.

    On peut alors utiliser les Reader pour configurer un programme, celui n'étant exécuté QUE quand la configuration sera disponible, typiquement en appelant la méthode "run" et en lui passant en paramètre, (on dit aussi "injecter") une configuration particulière...

    On commence par construire une abstraction du programme.

    monprogramme = for ( x<- Reader(c-> c.get) ) yield program(x)

    Cela utilise le "for" monadique, qui permet de chainer tout ce qu'on veut, le résultat est une monade Reader, qu'il n'y a plus qu'à exécuter dans le contexte de son choix. 

    Par exemple

    maconfig = anykindofconfig

    puis

    monprogramme.run(maconfig)

     

    C'est pas fini !  

    En fait, tout ça est loin d'être fini, et ça généralise à fond la caisse. Histoire d'avoir une vision un peu stratosphérique de tout ça, voir (5): le langage de programmation SCALA pourrait bien être champion du monde... 

    Mieux que Free, mais avec le principe de la programmation "interprétative", on a le maintenant fameux "tagless final"... Uberalles.

     

    Allez Encore ! 

    Le concept de fonction abordé ici est cependant honteusement sous défini. Il néglige ce qui caractérise le fonctionnel c'est à dire les vraies propriétés de ce qu'on appelle les "fonctions" en programmation dite fonctionnelle à cause de cela. Une fonction DOIT :

    - être totale entre ses deux types d'origine et de destination. Un type c'est un type et comme null n'a pas de type, il est donc interdit de l'utiliser. Ca tombe bien, les notions exposées ci dessus permettent de s'en passer.  

    - être déterministe et donner toujours le même résultat pour la même entrée. Cela a un gros inconvénient et qui est qu'une fonction fonctionnelle ne peut pas lire son environnement et procéder à ce qu'on appelle des "entrées", par exemple lire un fichier, dont le contenu est variable. 

    - être sans effets de bord, c'est à dire ne produire aucune donnée qui ne soit contenue dans la sortie. Cela a un gros inconvénient et qui est qu'une fonction fonctionnelle ne peut pas modifier son environnement et procéder à ce qu'on appelle des "sorties", par exemple imprimer sur la console, ou écrire dans un fichier. 

    La conséquence des deux dernières  définitions est simple: une fonction fonctionnelle n'a pas droit aux entrées sorties... Du tout. 

    Vexés par la contrainte, les hackeurs de l'avenir décidèrent alors que la programmation fonctionnelle serait châtrée de toute expression extérieure et condamnée donc pour toujours à l'abstraite noirceur de l'intériorité absolue capable exclusivement de retourner à la fin UN SEUL objet: un programme. Ce programme impur et impropre au bien, serait la seule chose laissée au monde ignoble du réel, construit par application du pattern "interpréteur", et en charge de faire toutes les saletés nécessaires à ce monde. 

    Le fonctionnel pur a donc pour rôle de construire l'impur programmatique, en charge de dévider, d'un coup à la fin, toutes les communications avec toutes les entités extérieures. On remarquera que c'est là et seulement là que se situe l'effectif, et l'action véritable. Le "calcul" fonctionnel, exclusivement pur, reste un calcul soumis au temps, mais à un temps qui n'est que préparation, mise en ordre d'une structure, optimisée et optimisable pour mieux se dévider "à la fin".  

    (1) https://wiki.haskell.org/Monad

    (2) http://www.cis.upenn.edu/~cis194/spring13/lectures.html

    (3) http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2017/08/26/les-types-5974046.html

    (4) https://markkarpov.com/post/free-monad-considered-harmful.html

    (5) https://infoscience.epfl.ch/record/229878/files/simplicitly_1.pdf

    (6) Un "pense bête" similaire avec toutes les vraies expressions: https://www.slideshare.net/pjschwarz/kleisli-composition-flatmap-join-map-unit-implementation-and-interrelation