Les nudges
On avait déjà remarqué Barbara Stiegler, la fille de, qui s'illustre particulièrement comme la première voix intellectuelle post covid (1), et dont la cohérence globale du discours est tout à fait impressionnante.
Elle et Raoult forment la contestation effective du pouvoir Macroniste, avec des arguments d'une puissance que l'opposition politique est totalement incapable d'égaler actuellement. Ça tombe bien, la démocratie est en train de basculer et de vraies questions et de "vraies réflexions" (comme dirait Raoult) sont maintenant nécessaires.
Influence
Droit au but: Macron mais déjà Obama et aussi Tony Blair ont ou utilisent des "spin doctors", mais plus généralement de la communication instrumentalisée, et pilotée comme un organe spécialisé. Cela serait le cas de Macron qui utiliserait l'offre BVA (3): le "nudge" c'est le coup de pouce, c’est-à-dire la gestion fine des comportements collectifs par influence. Le prix Nobel 2017 d'économie fut donné à son inventeur, tout de même.
C'est là que se discute les stratégies de communication et d'influence, tout se réduisant à cela et c'est le problème.
On devrait commencer par considérer le "déja vu" de la chose, Mazarin comme le calife de Bagdad se souciaient de gouvernance et d'influence pour assoir la paix de leurs gouvernorats et on est donc dans le classique dont la nouveauté est tout simplement une naïveté. Mitterand écoutait les actrices, et de Gaulle sa femme, chacun se renseigne comme il peut.
Mais là n'est pas la question: la question est que le reste des infrastructures démocratiques, agences, comités, conseils et bien sur le parlement, sans parler du conseil des ministres, n'ont plus aucune utilité directe et se trouvent être réduit la vie inutile de groupes de discussions fantoches et ritualisés qui n'ont plus aucune prise sur l'actualité ou les décisions, discutées et conçues en dehors d'elles et d'eux.
La chose est bien sur accentuée (et fut voulue par De Gaulle, et combattue par les républicains de la proportionnelle) par les institutions de la Vème république, qui rend possible (mais pas systématique) la présence d'une assemblée totalement sous contrôle. Effective après 68, la situation devient différente à partir de 73 à droite avec les rivalités à l'intérieur du camp majoritaire, qui obligèrent les dirigeants à faire de la politique. Cela disparu en 1981 et on vit à nouveau deux ans des discussions avoir lieu, mais vite stoppées pendant le tunnel de 88 à 93 qui s'interrompit à nouveau en faveur de la démocratie, je veux dire de la droite, seule faction politique au pouvoir capable de ces fameuses discussions que la victoire socialiste de 97 interrompirent. Pas assez pour faire exploser l'autorité contestée du premier ministre et ce fut 2002...
Toutes périodes godillots furent le fait de la gauche avec les catastrophes réformatrices qui firent son action. Cela détruisit de l'intérieur la prospérité française: nationalisations, retraite, 35 heures tout fut décidé sans discussions, sans concertations, au nom d'impératifs idéologiques inébranlables et non-négociables. Le guignol parlementaire ne fut fait que de comédies lamentables, inutiles et bavardes, sans effet aucun.
Le retour de la droite de 2002 à 2012 fut bavard et fécond en arrangements et navigations complexes, mais au bénéfice de l'inaction (entre faire des bêtises et ne rien faire pour les corriger, on ne trancha pas: on fit les deux). La démocratie a des inconvénients et aussi celui là. Bref, on fut godillot à mort entre 2012 et maintenant et on en vit les conséquences: la France est maintenant en TRES mauvaise position et il faut maintenant mettre en causes ses institutions, ou du moins le fait que celles-ci ne servent plus à rien.
Disposant de tous les pouvoirs parlementaires et gouvernementaux imaginables, d'une justice aux ordres et d'une police contre toute attente encore fidèle, le président ne les utilise pourtant pas et se trouve actuellement isolé dans son bunker atomique entouré de communicants. Les gilets jaunes avaient déjà montré que le vrai pouvoir ne servait à rien.
Faut-il réclamer que le pluralisme soit respecté au sein de la "nudge unit" de l'Elysée ? C'est la question.
D'abord, l'exigence est ridicule et il ne s'agit pas de ça. De quoi s'agit-il ?
Le nudge est une forme de communication par influence discrète et pas par présentation publique. Il est nécessairement discret: qui sait qu'il est utilisé et consulté en permanence par nos gouvernants ? Il agit indirectement et sans débat, après que l'on ait considéré nécessaire son application, sans débat. Est-il un moyen de peser sur les convictions, sur les opinions ? Non, il influerait sur les comportements directement et permet donc de se passer de l'assentiment explicite, conçu comme superflu.
La connaissance de son existence ne sert à rien, car l'immense majorité des citoyens n'imaginent même pas qu'une telle chose soit possible, ni même qu'on puisse y avoir recours, tellement cela semble absurde ou tout simplement "normal" en fait. Car l'action suggérée par le nudge est par définition bénéfique et cela explique l'insolente naïveté qui accompagne sa description par ses concepteurs : il est utile par -définition-. L'humain se sent coupable ou du moins considère ses concitoyens comme coupable de "ne pas faire ce qu'il faut". L'expression des opinions étant de choisir quelque chose à rendre obligatoire aux autres, ou du moins c'est ce qu'elle est devenue, la transformation de celles-ci en obligation tout court, TOUT devant être obligatoire la chose étant d'ailleurs confondue avec le bénéfique et c'est l'objectif.
La nudge unit de l'Elysée est dans l'air du temps: l'ingéniérie sociale est à la mode: Jean Tirole, Esther Duflot, veulent contrôler la société intelligemment aussi. Il faut fabriquer le consentement et cela sans que l'individu en soit conscient. L'attestation de déplacement en est: l'individu de lui même décide qu'il ne faut pas sortir: l'obligation de se remplir sa propre interdiction fait donc de l'esclave l'acteur de sa propre soumission.
Epidémie
On en vient alors à la définition du bien, à sa perception par les personnes formées à son expression langagière et intellectuelle, (les élites) et à sa mise en œuvre dans les décisions sociétales, en particulier lorsque l'histoire passe, par exemple lors d'une épidémie. Interrogation sur la vérité, sur sa communication et sur sa perception et des effets de ces flux sur le réel.
La réflexion menée en (5) est sur ce thème, et on doit (c'est la conclusion de l'interview) s'interroger soi-même et tenter de sortir d'une incompréhension du monde qui se révèle destructrice pour soi et son appréciation du monde. Je ne pourrais pas débander pendant des heures dans l'expression frénétique de mon dégout pour ces gens, dans mon refus absolu de leur être et de ma volonté de les violenter et pour finir de les assassiner en les torturant. Ah le souverain plaisir des hommes de main nazis à qui furent livrés, non pas d'innocents civils, mais des professeurs d'université prestigieux ou des politiciens madrés connus et qu'ils purent dénuder, mutiler et humilier de toutes les manières possibles...
Macron, Véran, Deray, Lacombe, Costgliola, alignés battus, puis empalés (le pal conjuguant éviscération, atteinte sexuelle et mort douloureuse) ! Bref, cela étant dit et avoué ne change rien à une situation que l'on peut qualifier d'injuste car ces gens tiennent le haut du pavé et continuent à appliquer sans défaillir une politique folle de destruction de nos vies, en nous prenant pour des cons, en mentant sciemment et en nous violentant avec leur police et leur mépris... Comment de telles choses peuvent elles être possibles ?
Pourrait-on mener un discours précis abstrait qui chargerait ces enculés tout en s'efforçant de rester objectif et simple, sans naïveté ni méchanceté ?
Le dossier
Le dossier est fait d'incompréhensions devant des faits, et des décisions en rapport qu'on se s'explique pas.
Parmi les faits des décisions implicites et explicites, selon qu'on décide (A) et impose de manière quasi souterraine l'interdiction de soins dédiés par les médecins généralistes, avec menaces, rétorsions et interdictions variées ou officielle (B) le confinement pendant des mois de la totalité de la population avec obligation d'attestations concernant sa propre vie à présenter à une autorité.
Parmi les décisions, la stratégie sanitaire mise en œuvre pour traiter l'épidémie: le rejet implicite (C) et factuel d'une stratégie de soins généralisée mettant en action toute l'infrastructure sanitaire du pays avec l'adoption (D) d'une stratégie exclusivement centrée par la prise en charge par l'hôpital des cas graves, les autres étant considérés négligeables.
Le fait (E) la saturation des hôpitaux, le nombre de lits disponibles pour réanimer et sauver les cas graves étant insuffisant, l'infrastructure sanitaire saturée se trouva dans l'obligation de trier par priorité les malades et de condamner de manière sure des patients à la mort, faute de pouvoir les soigner avec des moyens devenus indisponibles.
(C) se traduisit par (A). Elle fut voulue est imposée par force.
(B) se justifia par (E), et fut considéré comme la seule action possible pour en atténuer les effets dommageables, qui imposait la mise en question de valeurs morales d'attention et de soins à des personnes fragiles en danger de mort.
(E) semble être la conséquence de (D). A aucun moment, revenir sur (C) ne fut considéré, et ne l'est toujours pas. Aucune explication ni aucun calcul public justifiant cette décision ne fut fait publiquement.
L'absolue évidence de la nécessité de (B) est affirmée sans trève, sans remise en cause aucune, avec une assurance ferme constante et irrévocable. C'est un fait, le fait (F).
C'est le fait (G), Dominique Costagliola grand prix de l'Inserm 2020 l'affirme en Mars 2021: le confinement national est non seulement absolument nécessaire, mais indispensable et incontournable car la situation est "incontrôlable". Son discours repris par la totalité des experts médicaux sanitaires, épidémiologistes, chefs de service de réanimation, unanimement rassemblés.
Le fait (H) sera que le désastre de l'épidémie ne concerne que des gens âgés ou déjà gravement malades, les dommages causés aux personnes ne le sont pas à la société dont les forces humaines vives ne sont tout simplement pas concernées par la maladie ou de manière anecdotique. Quelques cas dommageables ne font pas un drame collectif, juste quelques malheurs individuels.
Le fait (I) sera que le nombre de morts journaliers en France (4 par millions d'habitants) en mars 2021 reste très inférieur à celui du pic de l'épidémie (14 par Mh le 9 Avril 2020). On a déjà valué ce chiffre en disant qu'il est dans l'ordre de grandeur mais nettement inférieur à la mortalité annuelle ordinaire (600 000 morts par an pour 67 Millons d'habitants, soit 24 par Mh). 25% de ces morts ont plus de 90 ans...
La conjonction de (F),(G) et de (H) et (I) n'est pas expliquée et n'est pas non plus compréhensible, ou du moins pose un problème de compréhension. C'est un fait. Le fait (J).
Plusieurs autres faits s'opposent. Par exemple, l'inocuité de l'usage de l'hydroxychloroquine administrée largement pendant des années dans le monde entier sans dommages (fait K) mais déclarée dangereuse et mortelle par une étude publiée dans le plus grand journal scientifique médical du monde (fait L), par ailleurs rétractée car prouvée entièrement imaginaire (fait M).
On doit noter aussi l'opposition entre les faits (K) et (L) (mais aussi entre le fait (M) et le fait (L)). Sans parler d'une interdiction décidée par le ministre de la santé sur la base de (K), ce qui est le fait (M). Interdiction jamais rapportée (fait N) malgré (M).
Les explications
Il y a des explications à ses absurdités insensées qui justifient les voies de fait que l'on fantasme à l'égard de tous ceux qui les soutiennent, les décident et nous les impose. Je vais me permettre d'improviser.
La première est l'intériorisation de la croyance progressiste en deux choses nouvelles du paysage occidental, en tout cas apparues récemment (moins de 40 ans) et qui correspondent à un culte du prolongement de la vie poussé à l'extrême de l'absurde. Par certains cotés, tout pourrait ainsi se ramener au projet hypermoderne de la vie éternelle, forme dégénérée à l'extrême de l'utopie du monde parfait.
S'en déduit et s'exprime d'une part le refus de la mort des vieillards, considérée comme fait de société à éviter à tout prix: on fait des procès à l'Etat quand son grand père mal traité meurt sans raisons à 90 ans. Exactement comme on fait un procès à l'Etat quand son fils de 20 ans meurt soldat dans une ambuscade en Afghanistan. Les deux absurdes se rejoignent et se justifient l'un l'autre. D'autre part le principe de précaution qui s'en déduit: tout doit être mis en oeuvre à priori et par delà toute autre considération pour éviter un malheur de ce type.
Cette intériorisation vaut décision, et cela sans débat. Nulle considération chiffrée, nul calcul cout bénéfice ne peut valoir face à l'absolu du refus de la mort et de l'obligation d'y tout sacrifier.
Cette folie est profondément implantée dans les cerveaux de l'opinion globale et des décideurs, paralysés par ailleurs par la peur qu'on leur reproche d'y manquer. L'Etat ne peut supporter ni imagine qu'on lui fasse un procès.
(1) https://www.youtube.com/watch?v=23FyqDcnz-s&feature=emb_rel_end
(2) les nudges en assurances: https://www.fondation-maif.fr/pageArticle.php?rub=10&id=794&pk_campaign=GW&pk_kwd=NUDGES&gclid=Cj0KCQiA4feBBhC9ARIsABp_nbWYHd8aMbYd3lW8Dj2JDkxUtnG7r-zykvii4gqSqpaExnN5I5dVz2YaAjvmEALw_wcB
(3) https://www.bva-group.com/nudge-et-comportement/
(4) https://temoignagefiscal.com/emmanuel-macron-et-le-pouvoir-du-nudge-par-geraldine-woessner/
(5) Interview de Laurent Muchielli https://t.co/mNFpXGC0x6?amp=1
(6) Une version orchestrée de "on veut continuer à danser encore" : https://youtu.be/qRON2W2-q_c
(7) avec les partitions: https://www.soundslice.com/slices/RpMDc/