Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

FrancoisCarmignola - Page 11

  • Les corps

    Le constructivisme passe bien entendu par le genre et bien sur par les corps, parangon de naturalité et de matière incontournable, le corps, son corps est il construit lui aussi ? Pourrait-il ne pas exister hors de la culture et donc ne pas exister du tout ? 

    Cette histoire d'existence est bien sur liée au constructivisme et son idéalisme sous-jacent, si troublant et si stimulant. Disons que l'affirmation de non-existence est d'abord une volonté de rendre premier les filtres a-priori de notre raison dans la perception des choses et bien sur de la réaffirmation de l'impossible chose en soi, bref, du Kantisme, c'est lui qui a injecté le vers dans le fruit en dénonçant ce qu'on pourrait appeler l'essentialisation, c'est à dire la localisation du signifiant dans les choses elles-mêmes, alors qu'il y a tant à faire avec ce qui en-dehors des choses... 

    Bon, il y a aussi ce que font les gens avec ces choses. On se retrouve ainsi avec la légitimation de la possibilité d'existence, le transgenre reconnu devant avoir ses toilettes et des débats très violents pouvant agiter une société développée, tels ceux sur le sexe des anges, typiques de ceux de la société intellectuelle byzantine du XVème siècle, juste avant la sodomisation violente des fils du basileus vaincu. 

    La construction du corps, comme celle du sexe est pénible pour une idéologie ancienne, le féminisme qui traversa plusieurs époques depuis ces femmes qui voulaient des droits, puis qui voulurent devenir des hommes, puis qui voulurent transformer les hommes en femmes puis ... 

    Le trouble se manifesta alors dans le genre avec Butler qui décrit la suppression de l'opposition femme/homme, détruisant ainsi l'essentialisme féministe et le renvoyant à sa contradiction fondamentale qui est de vouloir supprimer une différence que l'on nie... On se retrouve alors à vouloir et devoir déconstruire la femme et tant qu'on y est, son corps. Au passage, la revendication homosexuelle, ou plutôt pansexuelle de l'être humain ultimement "genderfluid" et donc totalement hermaphrodite culturellement, enfin. 

    On a donc bien revendication ultime du rejet de la différence sexuelle comme structurant incontournable de la société et de sa symbolique. Il faut noter que cela a des avantages individuels et collectifs, la volonté de certains érotomanes étant toujours d'élargir le bassin de frai ou pêcher (euh, pécho), et collectivement de simplifier l'obtention de la satisfaction génésique de base, les compagnons possibles de masturbation devenant tout d'un coup deux fois plus nombreux. 

    Revenons au corps construit par la performativité (au sens d'Austin) d'une répétition de l'injonction du genre (sans volonté toutefois): tu seras un garçon ! La construction au sens philosophique ne décrit pas, elle produit. Ce mécanisme de l'injonction dans la langage est typique d'une certaine féminisation de la pensée ou de la motivation à penser. Injonction de la mère qui répète le symbolique, injonction de la faiblesse aimante qui ordonne répétitivement, injonction à la femme de rester à sa place: le féminin a beaucoup à voir avec l'injonction. 

    Et hop! Me voilà essentialiste féminin, la femme avenir philosophique de l'homme, déroulant ses conceptions... Car, héhé, Butler reste une femme et on peut continuer à le lui dire.

    Et puis, il y a l'insulte retournée. Butler a deux exemples, la "drag queen" et le "queer". 

    La drag queen d'abord, qui "performe" le rôle féminin avec mauvais gout pour d'une part qualifier le rôle tenu par les tenants d'un genre (du théâtre) mais aussi pour empêcher par une parodie permanente d'assumer le réel imité qui se trouve devenir impossible, qu'il soit masculin (l'homme se déguise en femme en permanence) ou féminin (il n'y a que l'imitation comme on l'a dit). 

    Le queer ensuite, qui transforme une insulte, celle lancée au monstre imbaisable souffrant ou jouissant ou les deux, qui devient revendication d'un collectif ou d'une communauté, pour finir par le nom d'une doctrine, d'un point limite philosophique, d'une conception du monde... 

    Dans les deux cas, la manipulation du langage qui accompagne ces nouveaux êtres, d'ailleurs de parfaits "hybrides" au sens de Latour, à la fois réalité et fantasme vécu, se trouve mal décrite et Butler s'est heurté à cette réalité là: il lui faut assumer de dire que dans les deux cas, il n'y a pas de choix: la drag queen reste un homme, et le queer ne peut rien contre son intersexualité. 

    Au passage, on pourrait résoudre l'hybridation à l'ancienne. Et l'histoire du monde étant faite de désirs inassouvis remâchés sous les couvertures de toutes les époques on pourrait traiter les volontés de réaliser ses fantasmes transformistes par l'abstention et la masturbation, comme les psychismes humains savent le faire... 

    Mais cela ne convient pas à tout le monde et la société de marché réalise les fantasmes, c'est pour cela qu'on a créé les villes: pour que dans les caboulots les paysans en goguette dépensent... Le bordel a toutes les acceptions tout en gardant sa caractéristique essentielle.

     

    (1) http://cmdr.ens-lyon.fr/spip.php?article77

    (2) Judith Butler Troubles dans le Genre

    (3) https://www.lamaisonislamochretienne.com/lecorpsentrouble.html

  • Les éparses

    Madagascar, la "grande île" est entourée de petites îles... 

    Comores

    On connait au nord-ouest, les Comores (indépendantes) et Mayotte (département français, à 300 kms au nord ouest).

    On connait à l'est (600 kms), la Réunion (département français) et l'île Maurice (independante, à 180 kms au nord est de la Réunion).

    Seychelles

    Mais il y a les Seychelles (115 îles au nord, indépendantes). Anglaises depuis 1814 après leur vol à la France vaincue. Le nom vient d'un contrôleur général des finances français de Louis XV, Sechelles. 

     

    Parmi les Seychelles quelques îlots proches de Madagascar dont Coëtivy,  les îles Amirantes, dont l'île privée Desroches et la caye Boudeuse, nommée par Bougainville, et d'autres l'ensemble formant les îles dites "extérieures". 

    Découvertes par Vasco de Gama, les îles Amirantes incluent aussi l'île d'Arros, dont l'atoll Saint Joseph, voisin et maintenant inhabité et réserve naturelle fut la propriété de Liliane Bettancourt en 1998 et 2012. 

    Une "caye" est un "îlot" en langue Taïno, langue du peuple amérindien qui peuplait Cuba et Saint Domingue à l'arrivée des européens.

    Eparses

    Les 5 îles éparses entourent Madagascar. 

    Partons de Tromelin à 450 kms à l'est de Madagascar, à 400 kms au nord de la Réunion... 

    Les îles Glorieuses à 180 kms au nord ouest de la pointe nord de Madagascar. 

     

    L'île Europe à 300 kms à l'ouest de Madagascar à 600 kms de sa pointe sud

    L'île Bassos da India à 100 kms au nord nord ouest de Europe

    L'île Juan de Nova à 150 kms à l'ouest de Madagascar, à 400 kms au nord nord est de Bassos da India

     

    Les îles du vent

    Elles n'ont rien à voir et sont le long de la mer des caraïbes, en un arc du sud au nord et réciproquement.

    On note ALBA les îles états membre de l'Alliance Bolivarienne, qui comprend aussi Cuba, le Vénézuéla et le Nicaragua (mais plus la Bolivie).

    Depuis le nord:

    Anguilla  britannique depuis 1650 

    Saint Martin (mi française mi hollandaise) 

    Saint Barth (Gustavia) française

    Saint Kitt et Neuvis (ALBA)

          et à l'EST, Antigua et Barbuda (ALBA)

    Montserrat (Britannique)

    La Guadeloupe

    La Dominique (ALBA)

    La Martinique

    Saint Lucie (ALBA)

    Saint Vincent et les Grenadines (ALBA)

        et à l'EST, la Barbade qui vient (2020) de devenir une république

    Grenade (ALBA)

     

    Trinidad et Tobago  l'état pétrolier riche des caraïbes. 

     

     

     

     

  • Les évolutions

    Erasmus Darwin - Wikipedia, la enciclopedia libre

     

    Lire la suite

  • Les schémas

    On connait les schémas kantiens décrits ici, et bien ils sont centraux en philosophie. 

    Expression de la réalité du temps pour Heidegger, le schématisme est le procédé technique par excellence, il est ce qui produit l'image sensible dans le temps. Il exécute et relie, rien que ça, l'entendement et la sensibilité. 

    Industrialisé par le Cinéma selon Horkheimer et Adorno, il aurait disparu, détruit par la modernité qui l'a remplacé par des machines déjà conçues. Bernard Stiegler est en désaccord mais introduit la notion d'"image objet" artefact produit en même temps que l'image et stockée en externe dans un milieu technique.

    Bernard Stiegler est mort le 6 Aout, le jour de la bombe atomique, et cela est bien dommage, il pensait, lui.

    Le pharmakon

    Au départ il y a bien sur Platon, le "Phèdre" (1) et le pharmakon.

    En gros, la philosophie se distingue de la sophistique et l'écriture qui sert au deux est un pharmakon. On a les deux serpents du caducée, le poison et le remède. Gift cadeau anglais, poison allemand.

    En parlant de jeu de mot, celui d'Héraclite : "arc" c'est "bios" comme la vie, en grec: l'"arc" son oeuvre est la mort... (bios fut remplacé ensuite par "toxon" pour désigner l'arc (2)...). Le calembour ta poubelle...

    Et puis il y a "la médecine ancienne", celle de corpus hippocratique, un hymne au progrès qui décrit la médecine comme vraie philosophie avec son origine dans la cuisine, ce qui distingue l'homme des animaux, un hymne au progrès qui fait de cette techné là un art du dialogue et de la persuasion, dénonce l'identification du symptôme et de la cause, et se décrit comme devant quantifier le qualitatif. Et puis la sublime possibilité pour le médecin de permettre ou d'interdire le fromage, une sorte de pharmakon du second degré. 

    Par ailleurs Hippocrate se défie de remèdes, trop souvent poisons: il n'y a pas de panacée. 

    Bon Derrida avec sa célèbre "Pharmacie de Platon" déconstruit Platon et laisse entendre que Platon gère l'ambiguité en fait, et va même jusqu'à introduire le 3ème larron, le pharmakos, le bouc émissaire... 

    Pour Stiegler, le pharmakon c'est bien sur aussi l'informatique et la technique en général, et c'est bien son discours à lui, que de ne pas dénoncer bêtement l'essence de notre monde, ce qui lui permet de le critiquer impitoyablement. Lui aussi gère l'ambiguité mais va jusqu'au technique.

    Pour Derrida, on est dans l'écriture pure, celle qui l'obsède. En gros le texte cache quelque chose, qu'il s'agit de découvrir. En bref le texte est plus que la graphie. 

    Pour Platon, qui fait parler Socrate, le vrai discours est celui qui, vivant, reste capable de se défendre après sa production, il est "écrit dans les âmes", en sachant s'y adapter, et se trouve le fait des "amis de la sagesse", ceux qui ont conscience du vrai et du juste en l'émettant. 

    Au passage, le maitre de ce type de discours fait appel aux mythes et bien sur à celui de Theuth, l'inventeur de l'écriture. Au passage, cette idée du Mythe qui exprime le vrai plutôt que le vraisemblable, objectif du sophiste reste saisissante. Entre le mythe et le sophisme, la vérité exprimée vraiment, celle qui passe du mythos au logos.

    Le message de Socrate et de Platon au nom du Socrate qu'il a tant aimé (on peut le dire comme ça) est d'une profondeur qu'on ne réalise pas et couvre l'essence du vrai de vrai, de ce qui frappe vraiment l'esprit et qui fait accéder à ce qu'il y a de plus important (comment le décrire vraiment?). C'est le propre de cette perfection du vrai, à la fois ressenti et communicable qui fait le "pistis" (croyance véritable) sophia (terme gnostique par ailleurs). Et bien cela est une transcendance exprimée, qui est le message grec repris par tout l'occident, la vérité de foi qui structura le monde depuis lors. 

    On a parlé de l'objet "G", et on le trouve là, dans le mystère de la littérature, le vrai inexprimable que l'on oublie, transmet et cache. La chose dont on DOIT se souvenir, pour le garder et qu'on écrit, c’est-à-dire dont laisse la trace, uniquement la trace, sans l'énergie, sans la vie. Ce pattern central est l'objet G point final, et point besoin de faire de grandes circonvolutions mystérieuses pour évoquer je ne sais quoi. Le Phèdre l'explique très bien en fait assez clairement: 

    "

    Aussi, l’homme qui croit que les meilleurs écrits ne peuvent réellement servir qu’à réveiller les souvenirs de ceux qui savent ; qui pense que les discours composés pour enseigner, prononcés en vue d’instruire, et véritablement écrits dans l’âme avec le juste, le beau et le vrai pour objet, sont les seuls qui soient clairs, parfaits et dignes de considération ; qui estime qu’il faut tenir de tels discours pour des enfants légitimes, celui d’abord que l’auteur porte en lui, s’il garde en lui ce qu’il a découvert, ceux qui ensuite, fils ou frères de ceux-là, sont honnêtement nés, les uns dans telles âmes, les autres dans telles autres : un tel homme, s’il dit adieu aux autres formes de discours, court le risque, Phèdre, d’être celui-là même auquel toi et moi nous voudrions ressembler.

    "

    Tout y est dit, et écrire dans l'âme pour que l'écrit soit la marque de ce dont on se souvient du logos qu'on a compris vraiment, décrit complètement la situation. Celle de la technique, de l'âme et de la transcendance de la vérité. 

    Le schématisme, passage du concept et donc de l'idée à la sensibilité de l'âme et du corps, maitre de la représentation y est à l'oeuvre, il me semble, magnifiquement. 

    La différance 

    On va se faire ici tout Derrida(3). Différance, archi-écriture ou archi-trace, le grand concept décrit l'écrit et cela est assez simple à comprendre, en fait, comme décrivant le rapport de l'Occident à la vérité. Etant béotien dans ce genre de contemplation, j'avoue m'identifier au déconstruit, mais avec la foi naïve de Socrate, et encore tout esbaudit de l'enthousiasmante fraicheur d'âme du maitre de Platon, le maitre de l'occident. 

    "
    La différance, c’est ce qui fait que le mouvement de la
    signification n’est possible que si chaque élément dit "présent", apparaissant sur la scène de la présence,
    se rapporte à autre chose qu’à lui-même.
    "

    On se positionnera alors vis à vis de Heidegger, qui identifie métaphysique occidentale à rebours, comme ce qui identifie à tort l'être à l'étant. Derrida, le contempteur de la présence, considère alors H. comme le grand supporteur de l'image du père, le texte étant le fils perdu aventureux, celui qui ajoute au produit du père. Derrida appelle cela la "dissémination" du "supplément". Mieux, pour enfoncer le clou, on parle d'"itérabilité", la fameuse répétition de la lecture ajoutant à chaque fois quelque chose. Le texte est ainsi un zoon, un animal vivant, bref le contraire de l'encodage précis et complètement détaillé du programme. Quoique... 

    Tout cela contre la répétition voulue par le symbolique paternel ainsi déconstruit, c'est le but. 

     

    Le Schematisme

    "

    Ce schématisme de notre entendement, relativement aux phénomènes et à leur simple forme, est un art caché dans les profondeurs de l’âme humaine et dont il sera toujours difficile d’arracher le vrai mécanisme à la nature, pour l’exposer à découvert devant les yeux.

    " Kant

    A partir de là (et surtout de (5)) on va passer de Taine (associationniste, on ne compose que d'anciennes images) à Bergson( on produit des images par un effort inventif). Sartre critique tout ça, pour lui l'image est conscience et non pas objet. Et Simondon met le schème "du coté de la machine" , c’est-à-dire parle du "mode d'existence des objets techniques". Pour lui le schème devient quasiment autonome, inscrit dans des lignées issues de la coopération entre  un concepteur et des réalités techniques. Mieux ! Simondon mettrait l'a priori dans le technique et c'est l'esprit qui s'ouvrirait au technique, dans le sens inverse de celui de Kant. 

    La question de la technique comme élément constitutif de l'échange de l'esprit avec le monde est donc abordée ici. 

    Les oppositions

    Cette distinction permanente, obsession de Derrida (le refus de la présence c'est aussi la dénonciation de tous les binaires (bon/mauvais, vrai/faux) je rigole: glop/pas glop etc. De fait le pharmakon par union des contraires l'exprime assez bien, mais c'est surtout Latour, avec la "constitution des modernes" qui le décrit le mieux, avec sa célèbre théorie de l'hypocrisie au sujet de l'opposition nature/culture, les deux objets devant rester distincts d'un part et d'autre part être et ne pas être "construits".

    Latour qui agonit les déconstructeurs, et se trouve être le constructiviste type, et joue avec toutes les constructions, puis démolit la déconstruction tout en nous la jouant, bref, on rigole et l'homme a tout l'humour du monde. Distincts pour ne pas être issus l'un de l'autre, mais c'est ce qu'on voudrait, l'un étant l'avenir de l'autre, la culture se doit de ne surtout pas être "dans" la nature, le mélange étant par essence créateur des fameux êtres hybrides qui caractérisent la barbarie perçue par le modernisme et que celui ci s'attache à cacher. Le déni du contradictoire, donc .

     

    Les Schemas

    On continue avec les schémas (6).

    Mais d'abord, revenons à Kant, on n'en finit pas de réaliser de nouvelles choses à son sujet, comme si l'"étudiant de terminale" que je suis n'en finissait pas de découvrir la formatrice philo. D'abord, on va se fendre de (7) qui remet les pendules à l'heure, peut être trop simplement. En gros, le "transcendantal", la prétention kantienne s'opposerait au "métaphysique" comme l'eau et le feu, la dénonciation heideggerienne envers un autre "métaphysique" couvrant bien sur les deux... 

    En tros les "transcendantaux" sont les concepts premiers du moyen âge, qui s'appliquent à la réalité des êtres. Kant fout tout ça en l'air et ne s'intéresse plus qu'au seul indubitable, les conditions de possibilité de cette application, le transcendantal. On distinguera ainsi parmi les concepts ceux de l'entendement et ceux de la réflexion, la réflexion transcendantale, précisément, qui règle les connaissances que l'on acquiert ou rejette de l'expérience étant les seules connaissances "pures" que l'on puisse considérer, car précisément, il n'y a de connaissance que ce qui passe par la considération de la possibilité de l'expérience. 

    Mais la raison de tout cela? Et bien elle est de résoudre la question de l'un et du multiple, certes, mais en fait de résoudre une autre question : celle de la contradiction entre liberté et causalité. Car la causalité est un concept tiré de l'expérience, qui permet la conceptualisation des observations, alors que la liberté est simplement pensable. Cette opposition résolue par la limitation critique permet de détruire "l'incrédulité qui s'attaque à la moralité", la morale assise sur la liberté étant sauvée... 

    La distinction entres les connaissables était connue au moyen âge cependant: on y distinguait l'universel du singulier, l'un percu par l'entendement, l'autre par la sensibilité. Par contre, là s'opposaient les dominicains et les franciscains, ceux ci considérant avec Scot que la connaissance intime, béatifique, du singulier était en principe possible, simplement paralysée par l'état de chute. Par contre la pensée du possible est elle accessible à l'homme, tout comme à Dieu, et c'est l'univocité de la pensée de l'être défendu par Scot, pour qui la pensée du possible, le transcendantal donc, est accessible à l'homme sous la même forme qu'à Dieu. Cette pensée est d'autre part "essentielle" car elle ce qui selon lui fait différer Dieu du simple démiurge platonicien: il crée AUSSI les essences au lieu de simplement se contenter de créer les existants. En cela,  le possible logique transcendantal s'oppose au réel possible métaphysique. Ce sont les deux sortes d'étants décrits par Scot, les intellectuels et les réels. 

    La question de la liberté devient donc première... 

    On considèrera qu'il y a deux traditions, Aristote, pour qui la raison étant première, et comme il y a contingence, la liberté est délibération,  et les stoïciens repris par Augustin pour qui, tout étant déterminé, la liberté n'est qu'aquiescement volontaire. 

    Pour les franciscains, on désignera par cela Olivi, Scot et la myriade d'anonymes qui passèrent tout le XIVème siècle à faire des variations sur ces thèmes, la volonté prime la raison comme propre de l'homme. C'est la rupture avec Aristote. 

    La volonté s'oppose donc à la nature, pour Scot cette distinction clive toute la pensée. Ainsi, la liberté, essence de l'homme, est indépendante de la moralité. Pour les stoiciens, la liberté consistait à être moral, pour Scot, la moralité se réduit à l'application de la loi. L'idée est de Bacon: "la liberté d'indifférence": on est libre de ne pas vouloir. Ainsi, on ne peut être coupable que parce que notre essence est la liberté. Et réciproquement ! 

    Cette primauté de la volonté sur le réel inaugure le transcendantal: le possible se définit entièrement par le non contradictoire, avant tout être, toute potentialité d'être. On a vu que cela est imposé par la nécessité d'un Dieu qui crée véritablement les essences, au lieu de les utiliser tel le démiurge hérétique. L'univocité de l'être fait de cette volonté une caractérisitique humaine au même degré. 

    Ainsi, alors qu'Augustin (et Luther) décrivent la grâce comme indispensable à la liberté, pour Scot, c'est le contraire: la grâce est possible du fait de la liberté. On se retrouve ainsi dès 1300 avec DEUX théologies chrétiennes différentes. 

    Pour commencer on a la relation entre volonté et théorie de la pauvreté franciscaine: pour vouloir être pauvre il faut abdiquer la volonté d'enrichissement ce qui justifie la manipulation honnête de la monnaie et l'invention du libéralisme. 

    Ensuite, il y a l'infini: la volonté franciscaine est infinie à l'image de celle de Dieu. On a alors une conception de l'infini qui se trouver inverse de celle d'Aristote: non pas ce qui laisse toujours quelque chose en plus, mais ce qui n'a pas de dehors, qui ne laisse rien en plus... Tout le multiple possible est donc contenu dans l'infini... 

    Et puis il y a la Renaissance, d'abord conçue avec l'"humanisme" comme se qui s'intéresse à la littérature, aux lettres plutôt qu'à la science. De fait inaugurée dés que l'on a absolument plus besoin des arabes pour nous transmettre quoique ce soit, elle célèbre la "dignité de l'homme" (Pic de la Mirandole) et aussi "homme soit ce que tu veux" (Nicolas de Cues). La volonté. 

    Un autre aspect, inauguré par Scot est l'oubli du moteur aristotélicien: la physique rompt définitivement avec la métaphysique, et c'est cela en fait, qui inaugure la future révolution copernicienne ! Voilà pour la science de la fin de la Renaissance, il suffisait d'attendre... 

    On se finira en ruinant (c'est Boulnois qui officie) H., dont l'"onto-théologie" désigne en fait une petite période, après le moyen âge, dont Descartes et que Kant termine, c'est lui l'auteur de l'expression. Le moyen âge est incroyablement divers, actif et créateur, c'est lui qui rend tout possible et Scot invente le transcendantal. 

    Alors que la liberté et la volonté étaient soumise à l'éthique, voire l'accomplissait par le paradoxe de leur accord avec le bien, on a ici encore révolution "copernicienne" juste avant l'heure: la vraie fin est l'éthique, en ce qu'elle se distingue du moral, je dirais absolument, elle est l'affirmation volontaire de soi comme voulant le bien, très au delà de toute empathie et de toute soumission: l'inverse en fait. 

    On a donc chez Scot avant Kant, le double mouvement cognitif et moral qui conduit à la "critique". Le thème est philosophique et métaphysique. Bien que Boulnois refuse les nécessités historiques de la philosophie au nom de sa détestation de H., il faut bien dire qu'on pourrait voir dans le thème du transcendantal une belle ligne de fuite qui traverse les siècles avant et après la modernité dont on nous rebat les oreilles. Ah la belle histoire !!!

     

     

     

     

    (1) https://fr.wikisource.org/wiki/Ph%C3%A8dre_(Platon,_trad._Meunier)

    (2) https://journals.openedition.org/corela/3690

    (3) la rhétorique de Derrida https://ruor.uottawa.ca/bitstream/10393/12803/3/Vandendorpe_Christian_1999_Rh%C3%A9torique_de_Derrida.pdf

    (4) la schématisation selon Stiegler http://jef-safi.net/spip/spip.php?article474

    (5) Les schémas par un érudit: https://journals.openedition.org/appareil/2247#bodyftn22

    (7) le metaphysique et le transcendantal : https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-1999-3-page-89.html#re25no25

    (8) Boulnois et Scot https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2002-3-page-11.htm

  • Les modernes

    On en finira jamais d'admirer Bruno Latour, l'admirable "nous n'avons jamais été modernes" étant ce que je dévore comme révélation... Puceau de la science et de la philosophie, je ne mégoterai pas mon enthousiasme, le mec est vraiment génial, bien plus que Descola... 

    Il ne s'agit pas de résumer, mais de schématiser. Le moderne est fait de trois antinomies non résolues qui consument sa prétention: nature, société et divin sont-ils immanents ou transcendants ou les deux ? 

    La "Constitution" moderne est la description globale de toutes ces prétentions dont l'objectif était de différencier une fois pour toute nature et société, du moins c'était la prétention de premier plan, bien sur contredite immédiatement par la création d'entités intermédiaires humaines et non humaines, chargées de l'inter médiation. 

    Agité par deux actions antinomiques mais simultanées et successives de médiation et de purification, le moderne passe son temps à sauter du coq à l'âne, le fond de l'affaire étant cette réflexion du vieil indien, au coeur de tous les romans naturalistes de ma jeunesse: "vous les blancs avez la langue fourchue." L'ami blanc des indiens retourne dans sa tribu de blancs après le meurtre avec un fusil par les comanches de son ami apache... Qui peut comprendre cela ? Non pas l'anthropologue en voyage sabbatique chez les sauvages, mais bien celui qui doit maintenant décrire les bizarreries occidentales, et qui se doit donc de pratiquer la "symétrie" (dans toute sa complexité).

    On peut broder là-dessus à loisir, mais on a oublié un élément essentiel : l'objet hybride, que l'après moderniste se met à créer à tire larigo: à la fois culturel et naturel, il est un objet, fabriqué par la techno science socialisée, à la fois nature et culture et il y en a plein. C'est ce nombre qui fait l'originalité de la "culture/nature" occidentale: un effet de taille qui qualifie tout. 

    D'abord les domaines de la vérité: science, religion, droit, politique. Cela en fait 4 et on en a déjà parlé, il faut lui rajouter le médiatique... Au passage, Latour se rattache au pragmatique, celui qui identifie la vérité dans un domaine à ce qui fait changer le destinataire de l'information, dans le domaine correspondant (bien sur). A moi Dewey et Pierce, Latour dit d'où il vient et ce n'est pas de Derrida !!! Au passage, accuser le constructiviste Latour de vouloir déconstruire quoique ce soit est bien sur un niaiserie dans les termes... 

    Latour rend compte de ce qui m'avait toujours frappé et qui effectivement caractérise magnifiquement ce qu'est le monde moderne: la présence simultanée de l'incroyablement universel (les grandes lois scientifiques et juridiques, les états mondialisés, les échanges interplanétaires) et l'incroyablement local absolument trivial (les labos où on bricole, les terribles bugs informatiques, les lamentables trafics du coin de la rue). 

    Sur la base d'un global mythifié et halluciné, les anti-modernes veulent la ruine de la civilisation globale et haïssent notre monde technique, celui que nous, nés après les petites folies nazies et communistes, avons appris à aimer et trouvons "normal", avec ces propriétés-là..

    Et puis le global moderne n'est pas une nappe spirituelle qui nous recouvre, mais bien un entrelacs de réseaux "allongés" qui vont partout, mais qui ne "sont" pas partout: ils doivent comme les chemins de fer avoir des embranchements, et des opérations de décodage/recodage. Le transfert de l'information est comme une chaine du froid: il faut aux harengs congelés une circulation impeccable, sinon...

    Bref, au milieu du local/global et du naturel/social, il y a la "médiation" là où sont les hybrides et en fait tout le monde. Cesser d'être moderne c'est précisément vivre entièrement dans cette médiation, au milieu des agents, et autres objets intermédiaires qui font le travail de médiation, c’est-à-dire la "pratique" des grandes idées, des "descriptions" à notre place. 

    Il y eut les "pomos", les post modernes, contre lesquels Latour s'acharne avec cruauté. Propagandistes à l'envers de la modernité, ils détruisent tout en révérant. Mais le sort le pire est celui que Latour réserve aux anti modernes, pour lui de lamentables comparses de ceux qu'ils dénoncent sans jamais innover... Le projet de Latour est alors d'amender la Constitution moderne pour en faire quelque chose de viable, apte à se taper le vrai enjeu du XXIème siècle, la question écologiste. Il s'agit ainsi d'instaurer une nouvelle constitution de manière à fonder le parlement des choses, là où seront représentés les humains et les non humains. 

    Pour finir, on se retrouve avec Gaïa. Le pauvre Latour, devenu gateux s'enfonce dans la boue terrestre et se met à regretter les 40 années perdues à ne pas sauver la planète, le modèle des "somnambules" de Christopher Clarck nous menant (tous) à la catastrophe en 14. Le rôle des chinois, qui comptent bien surmonter la crise du covid en ouvrant encore plus de centrales à charbon n'est pas évoqué... Qu'est le modernisme chinois, M. Latour ? Sinon ce qui désorganise la belle théorie ou du moins les conséquences que vous en tirez. 

    De fait, la splendide élaboration que l'on admirait tant ne sert de rien pour qualifier la crise écologique. Car quant est il exactement ? Les pays d'Europe étouffés de bureaucratie sont en déclin, sauf l'Allemagne qui remis en service des centrales  à charbon pour compenser les jours sans vent de ses inutiles éoliennes et faute de nucléaire. Les US qui ont entamé une réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre se sentent les cocus de l'histoire: ils sont en fait en passe de se faire dépasser par la Chine, vraie responsable de la fameuse crise et que les masochistes, même théoriquement (Latour en est un) brillants, s'attribuent à eux mêmes. 

    Je retiendrais que Latour met le doigt où cela fait mal absolument partout: frénésie idéologique du modernisme, réduit à néant par ses contradictions manifestes qui s'appliquent AUSSI à ses dénonciateurs, enfermés dans la même cage. Bien sûr que nous somme tous modernes et cela sans l'avoir jamais été... Ceci étant, il s'est tout de même passé quelque chose à l'orée du XVIIème siècle. 

    Je vais donc y aller de mon histoire à moi. Du fait des progrès de la société économique, la capacité de faire deux choses distinctes jusque là réservées à une seule caste active libre, la noblesse en charge de la guerre et de la science se démocratisa au moins en principe. Apparut la disjonction, non pas entre nature et culture, mais entre science et technique, qui purent être chacune appropriées par qui voulait. Des pirates fondèrent des états, des bourgeois se piquèrent d'athéisme sans et pour cause, respecter ce qui fondait leur pouvoir: la société cessa d'être une société d'ordres et la liberté, donc le cynisme de la disjonction entre morale et pratique put se généraliser à toute la société, du moins d'abord à celle des occidentaux, qui en profitèrent. Du moins dans un premier temps, le carcan bureaucratique (en particulier écologique) qu'ils se sont mis sur le dos commençant à ressembler aux rituels absurdes des sauvages que nous avons dominés. La Chine délivrée de ces stupidités en profitera-t-elle ? Cela reste la question, et c'est bien à Latour qu'il faut la poser. 

    P.S. Les échos , 8 Aout 2020. 2 articles intéressants.

    - une alarme au sujet de l'agroalimentaire français, menacé à court terme (on sait déjà qu'il est déficitaire depuis 2019, l'agriculture française sera en déficit en 2023 d'après le Sénat (1)), du fait des politiques anti ogm et anti pesticides variées.

    - une alarme au sujet de la 5G considérée énergivore et polluante et donc à combattre. 

    La pensée écologiste, celle que défend Latour malgré tout le génie de ses descriptions pourtant déculpabilisantes de la modernité, est aujourd'hui ennemie de l'occident. Il faut la combattre avec la dernière énergie tant qu'il est encore temps. Il est possible cependant, que le monstre soit déjà trop gros. Mais heureusement, comme on va se faire envahir par la Chine, les choses rentreront bien vite dans l'ordre... 

    (1) https://www.terre-net.fr/actualite-agricole/economie-social/article/selon-le-senat-la-france-s-oriente-vers-un-deficit-commercial-agricole-des-2023-202-148987.html

  • Les ontologies

    dodo.jpg

     

    Lire la suite

  • Les abeilles

    Au début il y eut la fable des abeilles 

    TheFableOfBees-Mandeville.jpg

     

    Atroce et délétère histoire du monde et perception vraie du vrai réel, celui à qui nul n'échappe mais qui hélas ou heureusement se révèle polysémique et donc générateur de tout et son contraire, pour le plus grand bonheur des vrais amateurs. 

    D'abord cette histoire d'abeille n'a rien à avoir la comparaison entre abeille et architecte, titre d'un livre de l'ignoble collaborateur et ami de Bousquet, F. Mitterand déshonneur d'une France qu'il ruina. L'opposition vient de Marx, qui voyait l'architecte comme celui qui avait en tête une image de ce qu'on fait, contrairement à l'abeille elle tout occupée à faire et à répéter. On pourrait gloser sur la différence, mais Marx comme Mitterand n'avaient en tête que la volonté par opposition à la passivité, vieille idée des socialistes qui ne voient le monde que depuis leur égoïste ego en opposition à une masse qu'il prétendent  sauver et qu'ils trompent et dominent. 

    Ce point de vue est ainsi précisément celui que donne à voir Mandeville, annonçant à l'avance ce que sont vraiment les hommes, et les plus inventifs d'entre eux, ceux qui inventèrent puis révérèrent les plus abjectes théories d'exploitation des peuples dont toutes les variantes depuis le meurtre de masse jusqu'à la ruine délétère ne célèbrent que la friponnerie de personnalités douteuses. 

    Simplement Mandeville ne tirait que du bon de cette vilénie, sans avoir imaginé les théories qui dénonçant son cynisme en inventèrent de plus cyniques encore.

    Mandeville est connu pour plusieurs choses. D'abord sa fable (1705) qui met en scène une ruche dans lesquels les habitants raisonnablement heureux malgré les fripons qui en profitent trop, décide de devenir complètement vertueuse. Et bien cela la ruine immédiatement. Les choses étant vendues à leur juste prix... La fable est donc bien celle du désir de changer la vie de 1981...  Cette découverte a de quoi remuer, pourtant le texte est là, court et scandaleux: la vertu est néfaste, voilà le premier message. 

    "Le vice est aussi nécessaire dans un Etat florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. "

    La description de l'état initial de la ruche, avec ses travailleurs pauvres, ses dirigeants richissimes mais au pouvoir borné par des lois, et sa classe moyenne de tricheurs débrouillards, ressemble étonnamment à un monde normal, juste décrit comme une ruche...

    Mandeville ne s'en tint pas là. Il ajouta dans les versions successives de la fable, des textes complémentaires, allant jusqu'à théoriser la construction de la société par des hommes à la fois acharnés au mal et soucieux de leur apparence vertueuse. Un pessimisme total suprême très grand siècle, parfaitement en ligne avec toutes les spéculations de l'époque, depuis l'augustinisme revisité par les jansénistes, jusqu'aux comédies de Molière, finalement guère idéalistes.

    Il est vrai qu'il est trop facile de prendre pour une dénonciation vertueuse l'affirmation (c'est là qu'est le scandale, et il fut historiquement majeur, voire prolongé jusqu'à aujourd'hui) que le monde est PARCEQUE mauvais. La nécessité de ce mal humain fondamental change tout: d'un idéal frustré d'idéaux nobles et valorisants, essence des êtres qui se voient à l'écart du monde, seuls représentants du bien (avec exceptionnellement les êtres "exceptionnels" qu'ils rencontrent, les seuls dont on peut tomber amoureux romantiquement), on passe à la contemplation cynique d'un monde mauvais en son tréfond par nécessité de vivre et prospérer, le mal étant la condition de l'existence. 

    La fable clarifie d'ailleurs le point: tenter d'être vertueux détruit le monde et le plonge dans la misère. Le mal humain individuel est cause du bien global et réciproquement. Au passage, on introduit LA grande idée, celle que Hayek lui attribua: la conception radicalement nouvelle de l'ordre spontané non intentionnel. 

    On a évoqué ici plusieurs fois cette révolution dans la pensée, cette conception inconcevable, cette idée toujours pas adminse: un ordre globalement stable et à la fois raisonnablement performant ou prospère peut s'établir sans qu'il ait été ni organisé ni voulu. Mieux: il est essentiel pour qu'il apparaisse que personne ne se mêle vraiment de l'organiser ou de le vouloir.

    Pour clarifier la chose et la rendre vraiment puissante, on introduit la morale individuelle: il FAUT que la volonté ou l'organisation voulue soit délibérément cynique, corrompue et mauvaise chez ses participants pour que le prodige se manifeste. 

    Le caractère immoral de la conception libérale du monde fit la force de l'idée à l'origine (il y 3 siècle), elle en était l'énergie dans un monde chrétien encore déchiré par la première modernisation, celle de la conceptualisation individualisée de la grâce. Sa puissance fut en fait telle qu'aujourd'hui et sans réflexion supplémentaire, la quasi totalité de l'intelligence intellectuelle d'un pays comme la France, pays d'origine de l'émigré en Hollande (Mandeville né en 1670 descendait d'un hugenot qui quitta la France à la fin du XVIème siècle), est à la fois révulsé par l'immoral libéral et cite Mandeville comme il cite Hitler, ironisant sur toute motivation non dirigiste du monde.

    Car le mal décrit par Mandeville est reconnu comme réel et là on part dans le grand manège de la grande fête foraine des "idées" politiques, celles qui nourissent les "débats démocratiques". La queue du Mickey peut être attrapée il suffit d'essayer. En tout cas cet immoralisme, à travers les siècles, et sans que grand monde ne s'en accomode fait que LA grande idée, elle n'est toujours pas conçue: le rationnel ne peut pas ne pas être conçu.

    Le non conçu est inconcevable. 

    Goinfré de darwinisme (parangon de la gauche soit disant anti déiste), de mort de Dieu, d'inutilité de toute création, de tout petit jésus, de liberté de l'humain, la seule chose qui représente véritablement tout cela, le social humain, soit la forme la plus élaborée, la plus spirituelle, la moins mécaniste de tout lieu d'interactions multiples hasardeuses doit pouvoir être organisée intelligemment et maitrisée conceptuellement par un bien suprême. Mieux, le mal qu'on nous décrit universel (on a finit par l'admettre, et au combien) doit être combattu, et le racisme, l'ignoble racisme doit être "cancelled" (c'est la frénésie actuelle dans les campus américain). La contradiction est manifeste, et le déni total. 

    La notion de "Plan" (l'ardente obligation de la grande époque gaulliste) va être remis en selle, et pour réorganiser (rationnellement sans doute) le monde d'après (le covid19, certains disent "la"), on va planifier. Le plus hilarant de l'actualité de ce mois de Juillet est bien sur qu'on puisse apprendre sur la même page de journal que a) le plan de 1962-1967 n'avait pas considéré le téléphone au sujet duquel on planifia de ne rien faire, réservant pour la moitié des années 70 le soin de l'installer partout, b) la 5G ne servant qu'à regarder du porno dans les ascenseurs (2), ne sert en fait à rien, ce qui justifie l'éviction autoritaire du constructeur chinois ET AUSSI des européens d'un marché en trop et d'une industrie destructrice du climat, à détruire (pas le climat, l'industrie). Sans parler, tant qu'on y est du rôle de la 5G dans la propagation du covid19 (de la).

    Affaibli par des enquêtes pour corruption contre son PDG qui ne donnèrent rien, Alcatel Alsthom (3) fut finalement vendu à la découpe, Alcatel à Nokia, Alsthom lui même découpé à General Electric et Siemens... La recherche de la probité conduisit à la ruine, Alcatel-Alsthom ex-CGE nationalisé (nous y revoilà) en 1981 ne se releva pas de la volonté de réorganiser au nom du bien, de tous les biens. 

    Passons à Rousseau. Lecteur de Mandeville, Jean Jacques voyait l'homme bon à l'origine et la société mauvaise du fait de l'introduction progressive des inégalités, du lucre et du luxe. Anthropologue du désir romantique, et visionnaire descripteur de l'orée du capitalisme, le grand génie qu'il demeure compris bien des choses et les ré-exprima. Au point de se faire dénoncer par son lecteur Adam Smith qui le dénonça comme tel (l'imitateur de Mandeville). Car Smith basait la société sur le contraire du mal, la "sympathie" sentiment au contraire essentiellement positif, et comme pour Hume ciment effectif MAIS non voulu ni organisé, ni étatisé, de la société. 

    Une autre conception de la fameuse main est ici à l'oeuvre, celle-là vertueuse. Il faut noter que la théorie des sentiments moraux n'empêcha pas Smith de se voir haï tout de même, de multiples gloses ayant identifié dans ses textes l'aveu de la nécessité de l'égoïsme sacré, ce qui ruine (selon la morale) tout prétention à la moindre vertu du très mauvais capitalisme emblème de la domination de Satan sur le monde. Heureusement une lumière fut laissée dans le coeur de l'homme à l'origine, toute prête à être rallumée pour le bien de tous, quoique: c'est bien le "que faire" de Lénine qui théorisa l'impitoyable et nécessaire cruauté du révolutionnaire, la future organisation rationnelle de la distribution des biens ayant besoin de mobiliser dans un premier temps, pour abattre le mal actuel, les plus grands criminels de tous les temps. 

    Mandeville c'est clair eut une postérité... 

    Rousseau avait pourtant conceptualisé la pitié: même s'il attribuait à la société le mal, ce mal était "non voulu" et Rousseau en cela mais par bien d'autres points était libéral. La "pitié" qu'on chercha à rapprocher de la "sympathie" de Smith et Hume joue un rôle et rapproche les gens, voire forge ce qui apparait dans un troisième temps: le contrat social. 

    Avant cela, Rousseau théorise un autre forme que l'on doit considérer nouvelle, d'ordre spontané: celui de la populace image de la sauvagerie aux frontières de la société, et celle-ci bonne, d'une sagesse originelle qui fonde de fait la fameuse "common décency" de nos anti libéraux réactionnaires d'aujourd'hui. 

    Et puis Rousseau consacre aussi, l'ordre final, lui aussi spontané, collectif et arraché à l'individu rationalisant: la volonté dite "générale" à qui tous sont soumis comme maitre, la volonté individuelle consultant la générale pour savoir quoi vouloir. 

    Partout l'idée de la collectivité sachante perpétuant l'optimal est à l'oeuvre et Rousseau plus que d'autres la pensa et dans ses détails. ll fait la différence par exemple entre volonté universelle celle de tous les hommes, et volonté générale attachée à UNE nation: il est l'immortel inventeur de la fraternité, le sentiment qui unit les hommes d'une nation donnée, à l'exclusion des autres nations entre qui ne règne que l'état de nature, hors de tout contrat. 

    Alors qu'en est il de la vilainie du monde ? Qu'en est il de sa véritable intention ? Est elle celle des fripons qui l'organisent ou qui en profitent le mieux ou bien de la mystérieuse loi qui fait de ces friponneries un bien global au final ? Et bien on n'en sait rien, et c'est le mystère global du monde, au moins aussi intriguant que celui que nous présente Dieu lui même, source pourtant de bien des explications... A s'y perdre. 

    Ces considérations publiques, présentes dans tous les livres et tous les journaux ne sont elle une révélation que pour les imbéciles auto didactes ronchonnant dans leur désespoir du monde ? Elles ne sont pas présentes dans l'officiel discours du monde, acharné au contraire de la culture à répéter les mêmes âneries et les mêmes désespoirs du monde mais dans un autre sens et une autre direction. Ce qu'on voulait évoquer.

     

     

    (1) Le texte de la fable http://expositions.bnf.fr/utopie/cabinets/extra/textes/constit/1/18/2.htm

    (2) https://www.journaldugeek.com/2020/07/07/non-5g-pas-que-porno-ascenseur/

    (3) https://pierre-suard.com/ le blog du pdg accusé

  • Les identités

     

     

    Lire la suite

  • les racismes

    On revient là aux grandes questions sur les identités, mais la statue de Colbert couverte de faux sang fut un choc: l'assemblée nationale, le palais bourbon terminé en 1728 par Gabriel fut à partir de 1798 le seul lieu où se soit réuni un parlement français, et c'est là que l'on a abolit une troisième fois, l'esclavage en 1848. 

    Car le servage fut interdit en 1318. Le grand empire du Mali à la même époque ne fit pas de même, mais n'était pas informé sans doute des raisons qui faisaient que tout esclave touchant les terres du roi de France en était affranchi. 

    Le code noir fut doublement protecteur : en faisant que les terres où il s'appliquait n'étaient pas françaises, donc, en instaurant des lois écrites là où ne régnait que l'arbitraire total du bon vouloir criminel. Le vouloir dénigrer est donc doublement stupide et hors de propos. Il dotait les esclaves du statut d'humain et d'une âme et leur donnait des droits. Évidemment rien de comparable n'existait en Afrique, le continent esclave des esclaves où la pratique généralisée, vidait son centre d'hommes également envoyés au nord et à l'est et cela depuis l'origine des temps. 

    Concurrente de ces traites là, la traite atlantique fut limitée dans le temps, et ne fut pas un crime contre l'humanité, pas plus que toute l'histoire africaine qu'il faudrait alors rayer de l'histoire. 

    L'esclavage fut aboli à la révolution est restauré pour des raisons politiques par un Napoléon peu préoccupé par les colonies. La traite fut abolie partout en 1815, et on dédommagea les propriétaires en 1848, pour abolir complètement, l'horreur du principe n'étant qu'un songe creux méprisable, car il fut à l'honneur de l'État de rendre effectivement possible ce qui pour cette raison même était déclaré jusque là infaisable. 

    Qui inventa une telle réforme ? Sinon l'occident même que l'"on" cherche à rendre responsable et coupable de ce qui fut son honneur d'abolir. Pour faire court : la commémoration accusatoire de l'esclavage dirigé contre la France et contre l'occident est indigne, insupportable et coupable et doit être condamnée. C'est une insulte à la République, un crime de lése histoire, un crime contre la patrie, un crachat à la face de la démocratie, une tentative de restaurer l'indigne et un complot contre la dignité de l'Etat.

    Qui sont ces "on" ? Des possesseurs d'identité troublées, des monstres, des gens d'ailleurs et on va leur régler leur compte. Racisés ? En voulant instaurer un racialisme agressif dirigé contre ceux qu'ils pensent comme des ennemis à supplanter et à dominer, ils se condamnent eux mêmes à restaurer ce mépris même. Car les moeurs étranges des hommes à la peau noire, esclavagistes d'abord de leurs propres semblables (qui peut imaginer que l'homme noir n'est unique que dans le fantasme dégénéré des racisés imaginaires, et qu'il racialise d'abord encore et toujours les ethnies de sa couleur mais pas de son sang ?), adeptes d'abord avec leurs semblables des oppressions inouïes qui ravagèrent d'abord leur propre continent, sont bien ceux qui font qu'on ne les a jamais vraiment admiré.

    Cela ne fut pas toujours vrai, pourtant. Même autoritaires, certains grand empires du moyen âge furent renommés par leur faste, et oui Tombouctou eut ses heures de gloire. 

    Puis le marocain vient et la bataille de Tomdibi (1591) sonna le glas de l'empire Songhaï. Il n'y eut plus d'Etat africain depuis lors en Afrique de l'ouest et centrale, sinon de lamentables califats esclavagistes que la colonisation eut pour mérite de détruire, donnant 100 ans de paix voire un peu plus, mais sans instaurer rien de grand ou de prospère : embourbé dans un mode de vie médiocre et dans une assisance mortifère, l'Afrique ne produit rien, ne réalise et n'ambitionne rien et vit à l'écart du monde, isolée et sans rien échanger ni convaincre. Ah si ! Elle migre et une partie du trop plein des voyages échoue en Europe en un flot continu qu'elle sera capable d'alimenter indéfiniment. Un déversement de son incapacité, un flot de gênes inutiles sans volonté, mais parfaitement égoïstes et qui viendront grossir les demandes d'indemnités pour l'injustifiable. Plus que jamais, il ne faut pas qu'ils viennent ! Ne venez pas, ne venez plus ! Et prenez garde: on pourrait aussi vous demander de partir. 

     

    P.S. La négristérie se déchaine en Martinique: les statues de Victor Schoelcher et de Joséphine de Bauharnais ont été déboulonnées (Juillet 2020). On sait par quoi les populations natives des îles ont été remplacées : par la connerie. 

    (1) http://humeursnoires.blogs.liberation.fr/2020/07/05/le-patriarche-ceux-qui-ont-aboli-lesclavage-par-humanisme-sont-les-memes-qui-ont-instaure-le-colonialisme-par-humanisme/

  • Les éthiques

    On va parler des justices bien sur, mais avant tout de ce qui les constituent, l'éthique étant la loi réfléchie, celle qui préside à la décision de ne pas commettre ce qui est punissable et qui fait l'objet d'un raisonnement rationnel de nature philosophique ou à tout le moins, personnelle. 

    Le conflit d'intérêt

    On parlera donc du conflit d'intérêt, telle qu'un médecin, clinicienne spécialiste de l'hépatite C, nous le décrit. Elle fut employée moyennant finances à plusieurs reprises par le détenteur d'un brevet sur un médicament pour cette maladie. Pas de problème, et il n'y a pas de délit à se faire rembourser ses frais pour parler en tant qu'expert(e).

    Il s'agit de Karine Lacombe, qui dépose devant l'assemblée (1)

    On notera l'emploi de la féminisation de l'expertise quand désignant un de ses possesseurs, la possession de ces gonades là la promouvant au rang suprême des prostituées, l'"experte", celle qui a "une" spécialité et qui est la seule à l'assumer avec une vraie efficacité. Le graveleux méprisant la féministérie est un droit, je l'exerce. 

    Un lien d'intérêt réunit un employeur et quelqu'un qu'il rémunère quand ce quelqu'un est capable d'agir en faveur de l'employeur, en défendant ou promouvant un produit de cet employeur. Il y a conflit d'intérêt quand le lien d'intérêt est en position de se matérialiser. Déclaré, ce qui est une obligation légale dans un certain nombre de cas, le lien d'intérêt manifeste permet alors d'imposer que la personne en cause n'intervienne à aucun titre dans une décision qui pourrait favoriser ou non l'autre partie prenante du lien, en l'occurrence, l'employeur.  

    Participation à un conseil scientifique, jugement public sur une stratégie thérapeutique, qu'il y ait ou non pacte de corruption, l'intervention d'une personne en conflit d'intérêt sur ces questions est illégale et doit être sanctionnée. 

    5 des membres du conseil scientifique du président de la république, employés par l'entreprise Gilead eurent à donner un avis sur l'emploi massif de l'hydroxychloroquine comme traitement des formes peu graves du Covid 19. Gilead sciences a eu pendant l'épidémie, son cours de bourse indexé sur cette question. Son traitement à 2000 $ par patient contre le Covid était en cause. 

    Il apparait donc que le concept même de conflit d'intérêt tel qu'exposé est battu en brèche, et considéré nul et non avenu par les plus hautes autorités de l'Etat, sans parler de l'assemblée nationale qui goba les explications de madame Lacombe sans moufter alors qu'ils dénotent l'ignorance crasse, l'amoralisme cynique et de fait la corruption manifeste de la dame, menteuse deux fois. Elle piétine le principe d'une part, puis l'explique faussement d'autre part. Le comble : le criminel explique la loi, et à son avantage.

    L'éthique est la réflexion qui consiste à penser la nécessité de la loi, et le comportement qui se soumet à la loi en en ayant compris le caractère moral indispensable. Élément essentiel de la notion même du principe de la loi, qui ne fait qu'en exprimer objectivement la caractérisation, positive (en le décrivant) et négative (en se rendant capable d'en punir les manquements), elle pré-existe à la loi, et la justifie. Elle est l'intention de la loi, et ce qui préside à son respect. 

    Un principe éthique n'est pas lié à la caractérisation objective du manquement à la loi, typiquement l'intention de commettre l'acte prohibé, mais à l'esprit a priori qui préside au possible soupçon de manquer à la probité. Ainsi, le lien d'intérêt n'a rien de coupable ou même de soupçonnable : il est même nécessaire et respectable dans la plupart des cas. Même en conflit d'intérêt, rien ne rend obligatoire ou nécessaire que le choix d'une recommandation puisse être influencé par l'emploi en question dans le lien. Pourtant, éthiquement, la personne en conflit doit s'abstenir, mieux refuser d'intervenir en mettant en avant le conflit possible. Ce faisant, elle s'en libère et fait son devoir. 

    Il est frappant de voir des personnes éduquées, en possession apparente du sens moral le plus confirmé voire d'une vraie réflexion éthique sur beaucoup de sujets, apparemment incapables intellectuellement de concevoir la notion exposée plus haut. 

    Karine Lacombe s'estime en position de juger un médicament concurrent de celui de son employeur, Patrick Balkany d'attribuer des marchés publics au vendeur de sa villa. François Fillon de ... (voir plus bas). Or, la question n'est pas là: éthiquement, tout comme Jean François  Delfraissy, consultant Gilead et président du conseil scientifique, ces gens doivent s'abstenir de conseiller sur ces questions, le dire et se taire.  

    C'est pas moi

    Le principe en question, qui est un principe de juste comportement, donc de justice est ignoré à cause des sentiments implicites et instinctifs que toute personne a du "coupable". Le "c'est pas moi" est une réaction instinctive, ancrée dans les psychés humaines, indépendant de toutes les cultures, et aussi profondément enraciné dans les cerveaux que la jalousie instinctive du bébé requin: un sentiment basique de survie, un réflexe hormonalement commandé, une preuve de vie... 

    Que faut-il de hauteur de vues, de sentiment élevé, de vrai éducation pour accéder aux sommets de la réflexion éthique ? Que faut-il de bassesse, de vulgarité, de corruption infâme pour ne rien y comprendre?  Des coups de fouets, des gifles, des meurtres sont nécessaires pour imposer de force à la lie de la société, presque entièrement formée de sur-éduqués professeurs de médecine la réalité qu'impose la civilisation. Que faut-il infliger à leurs familles, de viols, de passages à tabac pour que leur race débile accepte enfin de sortir de leur addictions infâmes aux excréments intellectuels dont ils se nourrissent ? 

    Le professeur Raoult, en cause pour un manque d'éthique supposé dont l'accusent tous les éthiquiciens en question nous explique tranquillement la situation, les réflexions qui l'entourent, ce qu'il fait pour la prendre en compte. Pas eux : qu'ils crèvent et j'aimerais être l'auteur des menaces de morts qui leur sont adressés. 

    Mais la chose est de suffisamment d'importance pour en voir les autres aspects et les conséquences. 

    Car le jugement éthique quant à la culpabilité de principe a d'abord bien des aspects, liés aux circonstances. On peut (ou pas) être dans le jury de thèse de son fils, ou témoin de mariage de sa mère (là je rigole). 

    Fillon

    On se doit de parler du plus douloureux. Fillon s'adonna-t-il au népotisme en faisant travailler faussement sa famille?

    Je suis personnellement convaincu que ne pouvant juger de l'effectivité des tâches accomplies, l'accusation de faux travail ne peut tenir. Le simple respect humain à l'égard d'une dame qui ne peut avoir eu l'intention de gruger l'Etat, ou à l'égard d'un grand serviteur de l'Etat convaincu de la justesse de son choix d'employer un proche à ce poste là, évidemment de confiance, évidemment adapté, interdit il me semble le lamentable et injurieux pinaillage sur les preuves apportées, y compris les témoignages qui m'ont paru parfaitement suffisants et convaincants. De quoi prononcer la relaxe, ne serait ce que pour punir l'ignoble procureur nommé Letocard dont le nom ridicule ne l'empêcha pas de se déshonorer tel le plus vicieux des voyous en insultant le couple. Renvoi et nullité des affirmations de cette purge, fanatique représentant de la camarilla de salopards qui ne fut même pas foutus de condamner Cahuzac  à de la prison ferme. Sous les ordres du procureur général, elle même niant avoir au service humilant de serve d'un ministre de la justice condamné pour communications de pièces d'enquêtes judiciaires... 

    L'appel devrait prononcer la relaxe, et l'humiliation de ce sinistre parquet de faux culs inutiles, aux ordres de la lamentable justice qui ne servit que Hollande. (3 mois  à nier que son ministre du budget l'entubait, tout de même).

    Maintenant l'éthique toute simple aurait-elle pu guider Fillon à priori en ces affaires ? Et bien je crois que oui, et le nouveau réglement d'ailleurs violé allègrement par tous, qui est ne jamais employer ou rémunérer un membre de sa famille au nom de l'Etat est évidemment de mise. Ne croyez pas que j'accuse Fillon en quoique ce soit, c'était une autre époque (quoique ce fut la mienne, et je n'aurais jamais fait ça), et la douleur d'avoir laissé passer la dernière chance de réformer ce pays de merde reste entière, et définitive, maintenant... Sauf si relaxe en Appel... 

     

    La confiance

    Ensuite, il a un caractère, il est a priori et conventionnel et implique un jugement au delà de l'intention. S'y soumettre est honorable et honorant, vouloir s'y soustraire preuve de bêtise ou de malignité. Cela sans qu'il y ait eu faute, et on est au coeur de la confiance, ce qui rassemble les humains par delà les devoirs de soumission ou les appartenances, l'honneur pur: la certitude de l'absence de manquement avant même qu'on puisse se poser la question, quelque chose qui se rapproche de l'amour, la confiance sans cause, elle bien sur au delà, mais on s'en rapproche. 

    Le comportement délibéré qui éloigne le soupçon est une forme supérieure de respect de soi et  des autres et on en vient à ce qui gangrène la justice même: le soupçon brut, démocratique en ce qu'il s'adresse à tous, et que les expressions publiques généralisées sur l'internet rendent universelles : aucune personne ne peut être protégée de l'accusation, du déshonneur d'être soupçonné, de la honte de l'insulte. Quelque soit ses mérites, ses actions passées les services qu'elle a rendu, elle est sur le pilori pour ce que j'estime moi être honteux et rien ne peut l'excuser. 

    De ce point de vue, j'ai un principe qui est celui "de l'attaque" : quand publiquement on se permet une attaque directe contre quelqu'un, mieux vaut avoir les fesses propres. Un principe humanoïde essentiel veut en effet que la foule lyncheuse se déchaine toujours contre le moindre faux pas qui suit l'accusation en question, et moi aussi par conséquent... Raffinons toutefois : on peut critiquer bien sur, mais hors de l'insulte, cela est très important. 

    Une critique se doit éthiquement de porter sur un comportement, sur une erreur, pas sur la personne ou ce qu'on suggère être une caractéristique de la personne. Voilà l'essentiel et là nous sommes dans l'éthique et non pas sur la loi concernant la diffamation... La critique doit toujours supposer avec indulgence quelque chose qui peut être corrigé, ou même réclamer l'indulgence si elle-même n'est pas fondée. Dés ce moment, le principe de bienveillance minimal permet d'argumenter, et a contrario, son absence mène immédiatement à la violence. 

    Pour bien des affaires, le passage à la violence et à l'insulte dés que ce principe n'est pas respecté n'est que juste montée immédiate aux extrêmes dont le risque doit être affronté par toute expression publique. Il n'y a que l'extrême politesse d'expression qui doive être pratiquée. C'est pour cela que sur twitter tous mes avatars sont systématiquement, atrocement et graveleusement offensifs. Il n'y a guère que les quelques menaces de mort supposées et autres marques sexistes qui sont détectées par les robots ou prises en compte par les modérateurs à qui certains se plaignent, alors ?  

     

    Justice 

    Il y a ce me semble un principe judiciaire connu qui est la validité d'une pièce du dossier, qui en son absence ou déclaration comme non considérable, ne peut peser sur le jugement. Principe symétrique de l'invalidité d'un avis sous conflit d'intérêt, il permet de qualifier a priori non pas la vérité d'une preuve mais sa considération et sa validité simple dans le raisonnement du juge. Se situer au delà de la simple culpabilité factuelle pour adopter les formes du jugement au delà de l'impartialité basique est fondamental et caractérise la possibilité même d'une justice. La notion de recevabilité d'une plainte ou d'une preuve est fondamentale. C'est alors que l'on peut considérer la notion même de diffamation publique comme secondaire ou liée à la recevabilité de la déclaration. Qu'importe qu'une accusation sans preuves nuise à une réputation si l'accusation n'est pas recevable et qu'on puisse se prévaloir de la non recevabilité de la déclaration du méfait ! 

    Le jugement moral pourrait peser et c'est cela la fameuse "réputation". Cependant, affirmer sur la foi d'une non recevabilité reconnue universellement que cette tache sur la réputation est invalide devrait suffire: la parole offensante, ou même insultante n'aurait pas d'effet et donc pas de vérité. 

    Si la parole est un acte, pouvoir la désarmer à distance par avis et valeur devrait être possible. A partir de là, l'éthique de la discussion pourrait s'organiser sans censure, celle ci pouvant être évitée car annuler purement et simplement les pièces qui ne sont pas acceptables suffit à effacer un mal qui n'est que parole. 

    Soustraire à l'examen des pièces à refuser ou à oublier, et ne pas compter dans l'évaluation argumentative certains éléments dont la vérité n'a plus d'importance, ou se trouve suspendue est fondamental: on ne peut tout prendre en compte.

    Les croyances

    Les croyances sont réglées par l'éthique et c'est l'objet de théories philosophiques élaborées (2). On y trouve les éléments de vérité, normatives ("devoir"), et aussi le caractère second de s'y soumettre (le "vouloir"), ce qui considère le vrai bien pour soi, et puis le "pouvoir" qui met en jeu ses capacités, ses vertus à y accéder et à en tirer les conséquences. 

    Il faut comprendre que les réflexions sur le sujet sont à la mode (3), dans le domaine "épistémique", la notion de grâce est même utilisée pour faire de Dieu l'origine de l'éthique de rationalité, constructrice de la validité de la recherche du vrai... 

    On trouve dans les croyances tous les jugements prouvés sans preuves ou dont les preuves ne sont pas considérées valides par tout le monde. L'espaces des oppositions entre croyances, ou toutes les éthiques s'opposent. Les distinctions entre les phases d'exercice des différentes phases analysées permettent elles de résoudre personnellement toutes les questions ? 

    Là encore la suspension des pans qui gênent ou qui obscurcissent les positions pourrait aider. Mais je ne suis qu'un faux juge. Ce que je veux dire, c'est que l'ampleur des retournements d'arguments qui se mélangent en ces matières mérite d'isoler les domaines et de renoncer au moins pour exposer son avis à des élements du discours. 

    "Devoir" de se soustraire à l'impossible ou au contraire de s'attacher par force, "vouloir" se séparer de l'inutile le temps d'y réfléchir, ou désirer absolument la vengeance, "pouvoir" renoncer à l'impossible ou au contraire profiter d'une mode... 

    En matière d'exemple, on citera la chose en soi, l'argument de Kant, qui éloigne pour toujours la tentation d'un surnaturel ou plutôt de tout ce qui pourrait lui ressembler. L'adjonction de la notion de croyance déiste ou théiste aux considérations sur la science et la création de l'univers pourrait être ainsi définitivement évitée, la permanence du "débat" (quelle horreur d'imaginer qu'il puisse y avoir un débat là dessu) sur ces questions restant, de manière surprenante, patente: on trouve toujours en vidéo et l'internet n'en est pas avare, des prédicateurs catholiques ou musulmans qui évoquent le rôle de la création nécessaire du monde (comment l'expliquer autrement?) dans la formation de la certitude du divin et donc, (la deuxième conséquence en est encore plus plaisante ) de la nécessité du fatras d'ornements et de pratiques variées qui l'accompagne. 

    Il y a éthique et respect de soi et des autres quand on s'abstient de mentionner ce qui gêne soit l'évidence, soit la possibilité même de communiquer. Quelle grandeur se doit on de respecter à voir ces grands croyants refuser d'évoquer leurs fantasmes créatifs dans l'évocation grandiose des rencontres entre galaxies ? Les trous noirs ressortent de l'obscène, quand on les associe au divin et voilà la cause de la pudeur éthique: éviter le scabreux.

    L'idée est ici aussi, quand la pièce est sur la table, de la considérer. En particulier et pour donner le coup de pied de l'âne, de considérer inadmissible l'expression d'une croyance comme forme immorale de contentement de soi quand l'exigence à laquelle on ne peut pas se soustraire, la suspension de son jugement et de son conseil dans les affaires qui pourraient nous rendre suspect est elle même suspendue, ce qui ne devrait pas. Le témoignage de la dame était ainsi doublement inacceptable: comme experte de ce dont elle devait s'abstenir (le conseil en médicament concernant son employeur), comme pratiquant le conflit corrupteur et se permettant d'en expliquer l'inocuité d'autre part. Quand l'obscène étalage de l'impudeur corrompue se double d'une formation à la fellation rédemptrice... 

     

    (1) http://videos.assemblee-nationale.fr/video.9257997_5ef45df30ffa5.impact-gestion-et-consequences-de-l-epidemie-de-coronavirus-covid-19--pr-karine-lacombe-cheffe-de-25-juin-2020

    (2) https://www.nonfiction.fr/article-10383-que-devons-nous-croire.htm

     

    (3) https://laviedesidees.fr/Dieu-et-le-desir-de-verite.html

  • Les autorités

    Alors que la maison blanche est assiégée après que l'Elysée ait été menacé, que l'état français et sa politique sanitaire ait été défiée absolument par un expert régional qui mena en pleine tempête une action radicalement contraire avec de biens meilleurs résultats, on peut se poser la question de l'autorité, concept et puissance dont le pouvoir semble vaciller en Occident. On ne parlera pas du pape, on ne parlera pas de Dieu lui même, toute espèce d'autorité a priori étant considérée comme menacée et en proie dans tous les cas de son exercice à de radicales contestations. Le mot "contestation" lui même, qui berça mon enfance de post soixante huitard, n'en finit plus d'exercer sa nouveauté... 

    On glosera sur ce qui permet à l'autorité de s'exercer, en l'occurrence les discours qui la soutiennent ou qui la font s'exercer, par domaines.

     

    La quadripartition du discours

    Définissons: dans nos sociétés on a des discours dans des lieux différents dont le politique, le journalistique, le policier et le scientifique.

    Le discours politique ou l'argumentation soumise au vote se doit de respecter et de flatter le destinataire, est le lieu du symbolique sentimental et madré, dispensateur de promesses et de bons sentiments.  

    Le discours policier ou étatique est le lieu de l'autorité qui a le monopole de la violence et le droit de saisir au collet, au moins les délinquants, mais aussi d'éborgner les gilets jaunes. Au service de cette partie du politique qui peut provisoirement lui donner des ordres. Le discours est celui, judiciaire et policier, du droit abstrait que le "juste" se donne de sévir. L'hypocrisie, la cruauté mais aussi l'aveugle indulgence y règnent en maitre. 

    Le discours journalistique est celui, second, de l'information pure, soit disant libre mais évidemment manipulé par tous les intérêts objectifs, les délices de savoir la rumeur salace ou le chiffre qualifiant l'évènement n'étant que plaisirs de la vie et une voie pour transmettre qui les promesses du politique, qui les obligations d'une loi qu'on peut trop facilement ignorer. Un tuyau, qui peut se mettre à penser: certains y font carrière, mais de moins en moins, l'automatisation apparente du processus d'informer a fait considérablement baisser le niveau d'une activité qui s'apparente de plus en plus complètement au divertissement pur. 

    Reste le discours scientifique en relation avec la vérité et son autorité indiscutable tant qu'on ne la discute pas, et sa prétention qui à la liberté souveraine de la prétention de n'importe qui, qui à la nécessaire "communauté" que certains croient en  charge de vérifier l'application d'une méthode que certains croient unique. Domaine ignoré nécessairement que le sommet de l'activité symbolique et cognitive humaine, celui qui ne dépend d'aucune institution, qu'on peut épouser, révérer ou maudire à volonté de tous les autres endroits... 

    Ce n'est que récemment que ce discours là a acquis le pouvoir de vraiment fasciner. Alors qu'on ne considéra jamais l'aiguisage des lames comme une science comparable à l'astronomie, elle même inutile à la guerre jusqu'aux conquêtes océaniques et encore, ce qu'on appelle la techno science ne devient vraiment décisive qu'à la deuxième guerre mondiale, qui épuisant le concept dépassé de "science juive" fit de l'ordinateur et du nucléaire les vrais vainqueurs de toutes les magies simplement techniciennes de l'hyper motivation. 

    Ce faisant, le discours scientifique fut subordonné à la guerre et donc au politique, le scientifique en bon patriote se devant l'état à dominer la nation et à la manipuler, via un journalisme tout aussi guerrier... 

    Pourtant, il dispose d'une indépendance structurelle étonnante et aussi d'une capacité à se dérouler dans ce que n'abordent pas les autres ou en sont dépourvus: la question du "véritable" en son sens de réel et de tangible, cela par delà les limitations qu'on aurait pu croire attribuer au concept. 

    C'est pourtant le scientifique qui détruisit le concept de vérité en l'expulsant de sa nécessité religieuse. Galilée réussit l'exploit en détruisant le relativisme nécessaire au nom du simple et surtout de l'observable: la théorie héliocentrique est bien plus mauvaise que sa concurrente, et même si le réfutable du vrai provisoire a recouvert le monde, le "vrai" absolu n'en finit plus de souffrir sa mort, à la fois effective, regrettée et nécessaire... Le vrai discours scientifique reste subversif et inconnu. 

    Qu'au nom d'une "méthode scientifique" certains continuent à exiger que tout acte de connaissance se plie à des simagrées procédurières ridicules infaisables ou inutiles (on pense aux fameux essais cliniques en double aveugle plus ou moins truqués dont l'actualité nous a épuisé), montre bien que le vrai et le prouvable continuent de hanter les cerveaux et les psychés, y compris dans un monde éduqué qui vit littéralement de ces procédures, le grand nombre de thèses et de diplômes venant justifier l'activité d'humbles laborantins persuadés de faire de la science alors qu'il n'essuient de des burettes remplies de vieux jus. Sans parler de la bureaucratie en superstructure, qui fait de la science décisionnelle en attribuant les budgets au nom de ses visions lointaines qu'elle s'épargne de confirmer en demandant l'avis des scientifiques eux mêmes, réduits à proposer ce qui semble plaire en ne rédigeant que de demandes de resources et de "moyens", seule vraie activité d'un chercheur de nos jours... 

    Procédures et rites absurdes à tous les niveaux. Sauf là ou ça bouge vraiment, et il y a toujours des endroits ou l'intelligence et la faconde font fi des contingences et réussissent à tromper vexer et finalement moquer tous les bureaucrates. Ainsi, la question du vrai, que cela soit celui de la manière ou du contenu continue de tarauder le domaine, de fait exclusivement consacré à son service... 

    Les "c'est pas vrai" permanents associés par le professeur Raoult à toutes ses déclamations y montrent un scientifique obsédé par la dénégation, et d'ailleurs il le dit lui même: il ne veut rien de moins que la ruine prouvée des certitudes, selon lui nombreuses et injustifiées. Le vrai comme réfutation du trop bien connu. Nous sommes bien là en tout cas au coeur du non manipulable désir de réfuter et de contester, tout et toujours. 

    Les discours s'assurent et se manifestent par des actes illocutoires ("en plus", le message, d'après Austin), qui sont la promesse du politique, l'information non vérifiée du journaliste, l'arrêt du juge ou la "prévision" du scientifique. Parlons en, et Raoult l'aura assez nié, cette fonction divinatoire du successeur de l'astrologue, celui vers lequel le politique se tourne pour prendre ses décisions. Il refuse donc de prédire, ce contentant d'affirmer la fin de l'épidémie sur la base d'un probabilité élevée, un virus de maladie respiratoire ne revenant pas, en général. Sa certitude basée sur le savoir est plus puissante que le pari du devin foutraque ou escroc. 

    Parlons en: il semblerait que ce qui fit si peur aux dirigeants de toute la planète soit issu d'un calcul foireux mené par un anglais matheux qui en dix milles de lignes de C++ (2) annonce l'apocalypse de manière indéterminée, pour le moins: le stochastique de ses méthodes rend des résultats différents à chaque fois. En voilà du ventre de pigeon ! 

    Et nous voilà dans les figures qui m'enchantent: 2 formes d'opinions et de forfanteries qui contrecarrent comme expliqué l'opinion et la forfanterie tout en étant, et de belles, avec deux résultats différents. Il est pourtant évident que basé sur l'observation celle de Raoult est supérieure, et d'ailleurs confirmée par les faits, alors que le modèle mathématique brillant déconnecté lui ne l'est pas et n'est pas non plus une prédiction tout à fait en l'air: une technique est utilisée, et des entrailles fumantes versées sur une table... 

    Pour confirmer au delà de tout la chose, un élève de Ferguson, Simon Cauchemez (3) consomme la décadence de l'institut Pasteur en confirmant ces prévisions et modèles pour le compte du système décisionnaire français. Dés la mi Avril, Raoult avait des éléments, en particulier venus d'Islande, confirmant que les enfants, et par extension les moins de cinquante ans disposaient d'une immunité a priori contre le SARS COV 2 et donc pouvaient être sorti des calculs d'immunité croisée. L'épidémie s'est finie en Mai, on pouvait déconfiner en Avril... On a fait le contraire. La poursuite de la folie a donné à la France la pire récession du monde occidental, merci les modèles. 

    Cette confrontation entre les modes de savoir illustre au delà de tout la différence d'autorité entre observation du réel, et intelligence de cette observation, et la prétendu application des "méthodes" qui quand elles sont basées sur des présupposés irréels ou faux ne conduisent qu'à la catastrophe. Les deux acceptions de science dans le monde d'aujourd'hui: faute de l'instinct du vrai, qui n'habitent que les intuitions des gens qui réfléchissent, la misérable folie suicidaire prétentieuse qui détruit les intellects dégénérés ravage le monde.  

    Carmignola a gagné son pari et a fait confiance à De Gaulle. Désespéré par la connerie irréductible et désespérante d'un pays, d'un peuple et d'une civilisation qu'on fait semblant d'aimer, on prévoit, on hurle et on perd: on n'a pas convaincu. La plainte de Raoult, qui produisit un moment de sincérité déchirant dans son interview à Ruth Elkrief en fait l'écho: "j'ai parlé à tout le monde, j'ai fait tout ce que j'ai pu, et j'ai échoué". Il y a 80 ans un drame similaire se produisait et un pays entier, le même pays de pauvres cons, courut au désastre unanimement. 

     

    Les Vérités

    Un chapitre entier mérite d'être rajouté. C'est la différence entre les vérités présentées par les journalistes et celles présentées par les scientifiques. Une vérité journalistique est un compromis entre opinions exprimées, arbitré non pas par un vote mais la fausse objectivité du journaliste qui ne conçoit la vérité que comme l'équilibre entre les options que fabrique son esprit et qu'il veut imposer à ses lecteurs. Une fabrication de point de vue qu'il sert bien sur hors ses sources, celles-ci n'étant que faire valoir trié. 

    La science se fait arbitrer par l'expérience plus exactement par le pouvoir de conviction exprimé par un résultat d'expérience tel qu'il vu par lui même. Construite par le discours scientifique, la fameuse expérience finit par se substituer au réel et constitue LE réel, la supposition d'un réel abstrait derrière cette réalité manifestée suffisant à solidifier cette conception là de la vérité. Bien sur il y a le consensus scientifique, mais celui n'existe pas de fait: il n'est que le résultat, comme disait Einstein, de la mort de vieillesse des opposants les plus acharnés à la nouvelle théorie... 

    La position de Raoult sur sa potion est ici manifeste et s'oppose directement à la conception faussement objective du journaliste ironique, en fait balancé entre les influences et girouette mue par le vent. L'assurance de Raoult est réelle, à la hauteur de sa conception de la réalité, qui indépendante de l'opinion (il ne lit pas les journaux et ne regarde pas la télé) se fait exclusivement sur le monde qu'il manipule, théorise, expérimente et cerise sur le gateau, parfaitement en plus, il "soigne", c'est à dire applique au bien de ses concitoyens le résultat de son savoir. 

    Cette capacité de soigner est un "plus" de la science médicale: l'utilité n'est pas technologique mais bénéfique et cela change tout. "Avez vous déjà soigné quelqu'un ? " lance Raoult à Bourdin. La puissance de cette vérité là est impressionnante. 

    Les crédibilités

    C'est pour cela que Raoult se ramène à la "crédibilité" (d'ailleurs immédiatement justifiée  par un sondage  qui lui donne raison, l'opinion le préfère au ministre de la santé) des "champions". Il n'y a pas de vérité, et s'il faut croire quelqu'un c'est lui et il l'affirme, avec autorité... L'autorité de celui qui a déjà eu raison et à qui on doit faire attention. Ce rétablissement du "fuhrerprinzip" est à mon sens particulièrement bienvenu: que faire in fine au cabot enfantin, dont la seule critique, qui était déjà une révolte de petite fiotte contre une autorité détestée, se résume après cela à la seule critique que l'autoritaire prince de la science aurait "la grosse tête" ou "voudrait se faire mousser"? Le frapper, bien sur. 

    Un point est bien sur la notion d'expert décrite en (4) et conduisant assez vite à découvrir que Raoult lui même est un authentique expert scientifique, l'un des premiers au monde. Cela n'empêche rien à la disjonction des autorités de discours, la différence étant splendidement exposée pendant cet interview: le politique, c'est autre chose... 

    Tous les tropes de la dénonciation vicieuse, hors de propos et misérable de l'autorité furent accumulés contre le professeur qui en vient donc à se déployer avec munificence comme absolument souverain et impérial prince de l'élite scientifique menacé par des envieux de seconde zone. Et il se trouve que cette position, toujours perdante en général se trouve là absolument victorieuse et convaincante, pas loin de la victoire totale assumée, avec en plus, et là la "punchline" comme on dit est admirable, le reproche justifié au conseil de d'ordre de ne pas avoir été défendu contre les insultes publiques inadmissibles de certains de ses collègues. 

    Cet admirable retour aux fondamentaux d'un prince de la communication, réincarnant la parole gaulliste, digne et puissante, guerrière et victorieuse est absolument merveilleux. De la jouissance pure pour les connaisseurs. D'une certaine manière, on pourrait y voir la vengeance contre Mai 68, le "ferme ta gueule" de Cohn bendit lui ayant été renvoyé comme cela aurait du être fait il y a 50 ans. La dénonciation de l'autorité enfin remise à sa vraie place, celle du guerrier face à l'état failli devant un peuple souffrant, et non pas celle du révolté libertin, du pédophile empêché. Juin 40 contre Mai 68: Avril 2020.  

    Encore mieux, cette révolte du soldat mettant en ligne sa division testante et soignante se fait au nom de la déconstruction et du rizhome parangon de la remise en cause philosophique des certitudes du sujet, contre le fondateur de Nanterre, Ricoeur, l'employeur du président !! Et au nom du "contre la méthode" de Feyerabend. Revendiquées par le vieux druide, ces déjà anciennes philosophies de la remise en cause, celle qui abattirent De Gaulle, précisément servent à nouveau, pour autre chose. 

    Tout le panel des symboles autoritaires se trouve ainsi exposé, déchiré et agité dans un combat public essentiel et profond, au coeur de ce qu'il faut bien appeler une tragédie, humaine, sanitaire et maintenant économique. 

    On a donc en action une figure de l'autorité dans le domaine le moins autoritaire qui soit, et pourtant le plus critique qui soit, sa propre image ayant été précisément trainée dans la boue par d'autres petits jeunes, cette fois défenseurs de la méthode, de la rigueur et du sérieux... Mieux ! Face à ces accusations débridées, le vieux prince se réclame de l'élite et se reposant sur ses lauriers (il a tout eu), il s'affirme ETRE l'élite que les seconds couteaux veulent abattre. En y ajoutant sa peur explicitement décrite de la panique des populations, qu'il se trouve prêt, en bon médecin, à soigner et traiter en toutes circonstances, il se situe à très grande hauteur face au monde, à la foule haineuse déchainée, aux évènements malins. Un grand homme, en fait. 

    Il se trouve que ce genre de figure, exemple de la "bonne" autorité, celle qui est à la fois refusée par les pathologies secondaires, hontes depuis toujours du caractère français, et qui ne peut se montrer dans sa vraie grandeur qu'au milieu du désordre français, est ce qui régénère périodiquement l'histoire de notre nation en rendant possible au moins de temps en temps le nécessaire respect envers l'institution, enfin dotée pour un temps d'un représentant respectable. 

    Car les trop longues périodes de temps où le drapeau n'est servi que par des misérables use le respect envers celui ci et cela pourrait finir par en détourner les désespérés, trop dégoutés de devoir baisser la tête devant des hommes ou des déguisements qu'ils méprisent. La science est possible, la révolte saine et constructive contre l'Etat est possible, la preuve: un exploit herculéen, à l'antique, a eu lieu devant nous et le monde s'en est trouvé mieux: il s'en souviendra. Pardon d'un lyrisme, dont on imagine bien qu'il pourrait susciter de la part de la lie intellectuelle, (la glaire vérolée des sceptiques dont je boucherais la fosse sceptique (je ne me lasse pas de cette contemplation scatologique de la punition nécessaire) après mon jet de grenades) bien des sarcasmes, mais une telle figure régénère le symbolique, le fera revivre pour une nouvelle période, par opposition à ce qui fait le contraire, le dégénéré qui abaisse et salit le monde, et plonge le peuple, nous, moi, dans la peine et le dégout du monde. 

    L'autorité dans son beau sens de méritée, d'active, de respectable et de nécessaire s'en est trouvée ainsi illustrée.

    Pour finir, le ministre des deux interdictions de la dangereuse chloroquine, décisions prises à chaud sur la base de deux études bidons et signalées comme telles, nous exorte début Juin: l'épidémie n'est pas finie dit il. Les foules se pressent sur les terrasses et manifestent collés serrés malgré l'interdiction, l'autorité de l'Etat est elle en jeu? Le dégout de tout cela est indicible... 

    La bonne autorité

    Bien sur et pour confirmer la figure de style, le contraire fut illustré tout autant et au combien. Le succès de Raoult est à la hauteur des effroyables dérives qui ont justifié les points de vues acharnés à le contredire et surtout à faire adopter les mauvaises décisions celles qui hélas eurent gain de cause. Car il faut bien l'admettre: Raoult a perdu et sa faconde échoua. 

    Car l'autorité manifeste suscite sa contestation au point qu'on pourrait imaginer la "bonne" autorité comme celle qui tout en affirmant le vrai, le ferait d'une manière qui contenterait la contestation et l'éviterait. C'est le mythe de la "bonne" autorité au sens non pas de la "bonne" direction, mais de la "bonne manière", celle qui séduit même ses opposants. On avait raison de critiquer Raoult: de par son être même il échoua à faire admettre le bien et donc se trouve responsable de l'échec collectif. Jésus est responsable de sa mort de part son "impuissance" (il fut "incapable") à convaincre la foule de son origine divine. On lui préféra Barabbas et c'est sa faute à lui s'il fut crucifié. 

    L'exemple chrétien fait le lit du mythe de la bonne autorité: notre civilisation est construite sur son refus, c'est bien le mythe contraire qui prévaut, ou du moins deux de ses acceptions, elle même contradictoires: soit c'est bien le peuple pêcheur qui est responsable et les juifs (plus ceux qui en tiennent lieu) paieront l'addition, soit c'est Dieu lui même qui insista pour qu'on crucifie son fils, dette au diable à payer pour sauver l'humanité. 

    Appliquée à Raoult, la seconde thèse nous lance sur des pistes intéressantes, la condamnation sacrificielle de Raoult ne paraissant pas pour l'instant établir une nouvelle religion, mais patience, Saint Paul est à peine né... 

    De fait la figure christique de Raoult se fondrait elle dans celle de la défense d'une conception du savoir qui serait "bonne", c'est à dire libérée des deux écueils qui la menacent depuis toujours: l'assurance directe de l'idéologie incontestée et la soumission aux rites de répétition ? Une "bonne" science, celle qui donnerait aux évolutions du climat leur vraies raisons et aux homme la "bonne" vie qui convient. La question est une question moderne, qui fait face à l'avenir. 

    "Dégout du monde"

    Quelle meilleure illustration de ce qui peut conduire un petit groupe de chasseurs cueilleurs isolés par le froid dans une malchance géologique et alimentaire à se disputer férocement et à consommer la destruction du groupe et la mort de tous. Enfuis et traumatisés, les survivants de ces malheurs se sont ils jurés de ne pas recommencer et de toujours respecter certains principes qui les sauveraient cette fois? A l'origine des sociétés, de ce qu'il faut faire collectivement, on trouve cela, bien sur. Souvenir des réussites (le sacrifice fondateur) ou des échecs ( ce qui revient au même, le fait même du souvenir valant succès, c'est à dire survie du remémorateur ?). 

    Nous voilà donc chez Girard, et la foule déchainée, alimentée par l'information manipulée et l'injuste police au service du corrompu se jette sur sa victime. A part que cette fois, cela n'a pas marché. Comment l'institution va-t-elle se former donc ? 

    Un chemin est la "post modernité" inévitable, théorisé par (1) comme refus de l'autorité et aussi de la contre autorité moderne: réunis en tribus les peuples se forgent au hasard des collectifs des avis ballotés par les circonstances sans y attribuer de vraie puissance: des modes de vies et  avis comparables, des points de vue silencieux, ceux qu'on entend de la part des pauvres gens sans passion qui cherchèrent à se faire un avis "de journaliste" en équilibrant les forces en présence et en évitant de prendre des risques. Nulle recherche d'un parti, d'un avis principal: la foi au moyen terme d'une confrontation indistincte d'égaux tous animés des mêmes "bonnes" intentions. 

    Et bien cela est une définition de la post modernité tribale à la Maffesoli: les éthiques contre la morale, voilà le sens de "l'avenir". A partir de là, on ne cherche que la prévision comme arbitre suprême, tout se valant et on ne peut croire finalement qu'à ce qu'on est sur de ne pas avoir à croire: à l'astrologie, qui est le seul rituel convenant finalement à tout le monde, le "vrai" post moderne étant en lui même, dés son émission, assez flou pour être à la fois remis en cause et accepté par tous. C'était écrit. 

    Alors que tout est en place pour la suite, c'est à dire l'éviction et la punition des incapables, gouvernementaux et scientifiques responsables d'un désastre à la fois humanitaire et économique; alors que les journalistes stipendiés et haineux devraient être trainé(e)s dans les rues et lynchés, alors que tout montre que tout le système s'est déchainé contre la raison et la sauvegarde nécessaire de nous tous pour de mauvaises raisons, il ne se produira sans doute, la loose étant attachée au bien, rien de tout cela, et aucune leçon ne sera tirée. Le mal aura vaincu et le monde, ce monde misérable qui échoue toujours, n'en sera encore et toujours, que plus dégoutant. 

    Le Paris vide du mois d'Avril était sinistre, et tout cela me révulse. 

     

    (1) Maffesoli chez Taddeï  : https://youtu.be/anj-q63ijiI

    (2) le github de ferguson (dérivé) https://github.com/mrc-ide/covid-sim

    (3) https://www.axa-research.org/fr/news/simon-cauchemez

    (4) interview Raoult sur les experts: https://youtu.be/ThxEa22vcWs

  • Les morts

    Alors que s'achève une période mortelle pour beaucoup, pour pas tellement en fait, mais tout de même: 35 à 40 000 personnes en deux mois sont morts d'une maladie pénible qui consiste à ne plus pouvoir respirer, et bien on peut réfléchir sur ce que c'est que la mort. 

    La Peste, Camus: 

    « Après tout…, reprit le docteur, et il hésita encore, regardant Tarrou avec attention, c’est une chose qu’un homme comme vous peut comprendre, n’est-ce pas, mais puisque l’ordre du monde est réglé par la mort, peut-être vaut-il mieux pour Dieu qu’on ne croie pas en lui et qu’on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux vers ce ciel où il se tait. »

    « – Oui, approuva Tarrou, je peux comprendre. Mais vos victoires seront toujours provisoires, voilà tout. »

    « Rieux parut s’assombrir.
    – Toujours, je le sais. Ce n’est pas une raison pour cesser de lutter.
    – Non, ce n’est pas une raison. Mais j’imagine alors ce que doit être cette peste pour vous.
    – Oui, dit Rieux. Une interminable défaite. »

    La Peste,  Camus

    « Non, mon père, dit-il. Je me fais une autre idée de l’amour. Et je refuserai jusqu’à la mort d’aimer cette création où des enfants sont torturés. »

     

    « Rieux décida alors de rédiger le récit qui s’achève ici, pour ne pas être de ceux qui se taisent, pour témoigner en faveur de ces pestiférés, pour laisser du moins un souvenir de l’injustice et de la violence qui leur avaient été faites, »

     

    Tout est là: la révolte contre la mort, la "guerre" contre la mort, le Dieu absent qu'on évoque quand même. Le XXème siècle, quoi et le sentiment moral qui en découle, celui de Camus et de tous les autres, l'absurde et lamentable dégueuli lâche et aveugle qui renonce à tout le passé, à toute l'histoire au nom d'une conception pourrie et veule du progrès. Quelle plus belle définition du progressisme: la "guerre à la mort"... 

    Soumise à la peste comme tragédie, la saloperie esclave de la religion de l'avenir en fait donc une signification. Cela est typique du "truc" de Camus (l'Etranger et le reste reposent sur ce paradoxe, c'est ce qui l'a fait vendre). On en sort encore plus réconforté: soumis à l'absurde inévitable, on se branle avec sa tristesse, cela fait profond d'autant plus qu'on ne lui échappe pas. Etranglé dans les années cinquante par son conflit avec l'abomination communiste (personne ne s'étant battu contre le nazisme), le brillant philosophe et ses copains de cette époque engendrèrent les looseurs de la fin du XXème siècle, ma génération, qui finit de ruiner son pays dans une ultime "guerre à la mort" qui se révèle n'être qu'un suicide organisé, de ses vieux et de son économie.

    D'abord, la mort est inéluctable et ses circonstances une partie de la vie de ses témoins. Jeune ou vieux, quoiqu'on ait vécu, rien dans l'être de ceux qui la vivent n'est vraiment en rupture avec elle, au contraire, ils ne sont que pour finir comme cela et sans sombrer dans le gothique, l'horreur de la mort n'est rien moins que ridicule et fausse. L'horreur c'est de l'attendre ou de la craindre ou d'en être triste, rien à voir avec ce qu'elle est vraiment et de comment elle apparait ou plutôt disparait. Car elle est d'abord disparition.

    Bien sur il y a les encombrants cadavres, et peut être sont ils de manière décisive ce qui est sans doute le plus gênant dans la chose. Remarquons que le mort s'en fout, et l'horreur de la mort est toute entière transférée comme par magie, instantanément, dans l'oeil du témoin, désormais dépositaire de tout ce qui reste: l'image du visage d'un mort, image qui disparait d'ailleurs aussi, comme toutes les autres. Rien de bien grave, à part ces fourgons qui vont au cimetière sans être suivi (c'est trop loin il y aura des embouteillages, et on a faim et soif aussi) et bien sur cette interdiction bien vue et bien sentie des enterrements en période d'épidémie. Les 500 000 urnes funéraires des chinois ne furent livrées que plus tard, comme nos masques... 

    La première chose est qu'on ne fait pas la guerre à la mort mais aux vivants, pour leur imposer notre volonté méchante. Que pour cela on n'hésite pas à tuer et cela de la manière la plus violente possible: visages explosés, corps brûlés longuement,  membres arrachés, castrations variées: voilà nos actions et y renoncer c'est être esclave et accepter d'obéir à bien pire dans l'autre sens. Faire la guerre à ça est évidemment un non sens et l'homme "qui s'empêche" slogan de l'anti communiste, seule alternative à la révolution implacable qui elle ne s'embarrassait pas de ce genre de détails, a tout oublié de l'ancienne sagesse de la mort, qui elle l'avait maitrisée: s'empêcher, c'est être pacifiste, soumis à la violence, par peur de la mort, celle qu'on ne veut pas donner, celle qu'on ne veut pas subir et qu'on nie de toutes ses forces, la force c'est fait pour ça: subir.

    Sortie de la gauche, la logique progressiste nie le coté charnel et violent de la vie humaine et au nom d'une éthique dévoyée, celle qui avait acceptée sans rien dire la domination nazie au nom de la nécessité de vivre des goys, puis justifié au nom de la misère sociale la barbarie communiste, et qui s'est mise à refuser la mort, son existence même, au nom d'un fatalisme horrifié, au nom d'un déni enfantin et terrifié.  

    Au point d'applaudir tous les soirs les viandards impuissants qui ont entubé à tour de bras (les destructions de trachées fragiles sont irréversibles et mortelles dans 50 % des cas) de pauvres vieux qu'on n'avait ni testé ni soigné sans parler de leur soignants qui les avaient torché les mains sales au nom de la science. 

    La mort n'est rien en soi, et certainement pas l'horrible, injuste, ou insupportable (pourquoi pas "invivable"?) limite de la vie. Elle se pense comme existante, et sans doute nécessaire, et respectable et possible. Elle est soulagement, entrée dans un autre monde, au moins celui du souvenir du mort, bref elle n'a pas à être sujet de révolte en tant que telle. Ce sont les circonstances de la mort, son environnement, le nôtre, celui des vivants qui peut révolter ou enthousiasmer, pas l'évènement inéluctable ponctuel que la connerie progressiste idolâtre comme signification limite, la seule que le crétin inculte puisse concevoir: le caniche "souffre" de l'inaction du dispensateur de croquettes mort, avant de lui dévorer le bas ventre. 

    Cette signification donnée à la mort par notre époque est une infamie bizarre toute de contradictions en forme de dénis variés. Comme évènement injuste on retiendra la technologie: quelle malchance de mourir avant qu'on ait trouvé le vaccin ! Et aussi le mépris des vieux: moi jeune je vivrais la découverte. Et puis tous ceux qui nient l'avancée à venir: ils ne la méritent pas et on les punit de mort. Surtout qu'il y a plusieurs façons de la nier: le manque d'exercice, l'obésité, sont autant de crimes punis de la mort dont la cause est toujours celle d'une culpabilité. Le péché dévoyé des progressistes est ainsi récompensé. Mais il y a la suite, car la mort est toujours échec, et le réel ne peut pas être nié, juste oublié ou réinterprété. On oublie donc les enterrements, on l'a dit, ou on l'interprète, comme un nombre qui désangoisse, et qui est orchestré en messe journalière: d'abord les morts ensuite les applaudissements. Sinistre et macabre cérémonie de l'atroce religion qui a détruit tout l'honneur d'un pays... 

    Pour finir, le mort se met à exister par une autre mort, celle de la veuve, qu'on sacrifie et avec toute la famille. Ici il s'agit de l'ignoble capitalisme, et de la pollution qu'on détruit en même temps que nous même:  misère pour tous, ruine et destruction de tous les projets, de tout ce qui restait de ...vie. 

    La Peste est rempli du prêtre, et de sa foi, celle que refuse le docteur au nom de la souffrance insupportable, incompatible selon lui avec le Dieu qui tout puissant ne fait rien, et donc n'existe pas. Ce point nodal de l'autocontradiction lamentable (on insulte le dieu qu'on punit en n'y croyant plus car il ne soulage pas du mal) est un grand truc de Camus et du monde moderne. Ca fait moderne et justifie l'abandon du catholicisme, ça fait CFDT, celui qui a réfléchi sur la vie. Merdique sentiment débile de crétin ! 

    Dieu n'existe pas comme force surnaturelle et ne peut s'opposer en rien ni à l'écrasement des mouches ni au lynchage des bourreaux nazis, ni non plus aux chtis "nenfants" (comme si l'enfant mort méritait plus que le vieillard mort) écrasés contre les murs. On commence comme ça. Donc le regret des souffrances ne peut plus passer par là. Et si on est croyant, s'opposer à Dieu au nom de cette inaction même est un blasphème enfantin (ou gateux) qui nie sa toute puissance: bien sur qu'il le fait exprès et le mystère du surnaturel devant être arbitré par le con, pêcheur en plus, qu'est ce que vous en faites ? De bout en bout, ce qui reste dans les crânes de ces abrutis après leur formation religieuse ratée est d'un vulgaire et d'une connerie, je vous dis pas. 

    Par contre, coté sacrifice revenchard, on se pose là: la mort de ces vieux doit, au moins en principe, être évitée. Alors on sacrifie ce monde injuste au cruel dieu des enfers: par un potlatch magnifique et inutile on détruit le monde entier pour faire semblant d'agir alors qu'on ne fait rien à part laisser mourir... Incapable de laisser mourir vraiment, et aussi de s'organiser pour éviter vraiment la contagion en fait faire les deux ce qui la seule attitude virile possible aux âmes bien nées, et on fait l'inverse: la non action suicidaire. Comme si on voulait mourir aussi, pour ne pas voir... 

    Toute la tradition musicale et culturelle européenne qui a fondé notre monde est une réflexion sur la mort et ses qualités et sa vraie tristesse plus l'espoir fou fondateur d'une refondation du monde basée sur sa défaite finale, avec l'espoir d'un futur ou tout revivrait et des connards couverts de dégueulis viennent t'expliquer qu'ils ont compris le monde : nous sommes seuls,  c'est trop injuste ? 

    Qui parle des 10000  (au moins) pauvres vieux ou obèses timides trop flemmards pour aller faire la queue aux urgences qui se sont mis à mal respirer et qui sont morts chez eux sans rien dire, sans être ni consolé, ni entubé ni compté ? Qu'ont ils pensé ou souffert ou maudit pendant leur chtite agonie au doliprane ? Rien d'intéressant pour les humanitaires et les incapables qui n'organisèrent en rien ni leur protection ni celle de leurs enfants, maintenant au chômage. 

    Et tout à l'avenant: on peut imaginer que les instants qui précèdent le passage au rien font partie de la vie et il est sur que goinfré du fameux rivotril (autorisé et bon, contrairement à la chloroquine, interdite et mauvaise) et donc déjà dans les vapes le mourant peut penser à l'avenir: il en a eu le loisir dans les instants qui ont précédé l'absorbtion du cacheton, date effective de son départ du monde. Les moyenâgeux, connaisseurs de la torture,  retardaient au maximum, quitte à souffrir un peu, la perte du sens de la vie: cela jouait dans les combats, dans les agonies interminables, dans les morts en couches qui n'en finissaient plus. Nous n'avons plus ce souci: l'abrutissement ordinaire est tel qu'il doit être un culte jusqu'au bout. Et puis après dix ans d'altzheimer à penser et dire n'importe quoi, qu'importe finalement la mort terminale ? Qu'aura-t-on gardé ? Une petite étincelle de conscience, réelle quoiqu'on en dise, cela est certain. Raison de plus pour ne pas en faire une chose et donc accepter qu'elle disparaisse, comme cette chose qui s'appelle la vie et dont la valeur ne serait rien si elle durait toujours. 

    Comparons les cultures: la grande culture littéraire française, le Camus révéré fondateur de la conscience moderne, mort dans un accident de voiture (a-t-il souffert ? ), le parangon de la conscience spirituelle des hommes d'aujourd'hui avec ses petits cris aigus de révolte contre la mort. Les crétins incultes dégénérés qui n'ont que ça à se mettre dans le cul ont-ils ne serait ce que dix minutes tenté de comprendre la grandeur d'un texte de Luther mis en musique par qui vous savez ? 

    Den Tod niemand zwingen kunnt
    Nul ne peut contraindre la mort
    Bei allen Menschenkindern,
    Parmi le genre humain,
    Das macht' alles unsre Sünd,
    La faute en revient seulement à nos péchés,
    Kein Unschuld war zu finden.
    Il n'existait pas d'innocents.

    Davon kam der Tod so bald
    C'est pourquoi la mort fut si prompte
    Und nahm über uns Gewalt,
    À s'emparer de nous
    Hielt uns in seinem Reich gefangen.
    Et à nous retenir captifs dans son empire.

    Et en plus, le rythme lent est plaisant et il y en a 7 des couplets  comme ça ! Jouissez de la mort pour rien de nos vieux abandonnés mais pensez à eux, il ne leur reste que ça et nous serons bientôt comme eux. 

  • Les Frances

    Admirable et passionnant débat entre deux juifs dont Finkie a raison à la fin de proclamer les irréductibles divergences. Ces divergences sont française ET juives et cela n'en est que plus intéressant. 

    D'abord, on va y aller carrément, le mot étant prononcé et disputé par les deux protagonistes, il y aurait un "franco-judaïsme", cette passion des juifs français qui est d'identifier, quelque part, la France à la nation de la promesse messianique, l'exact inverse réciproque de la jalousie moyenâgeuse française envers l'Israël nation idéale: émancipé par la révolution ou admirateur migrant car soumis au pogromes, le juif voit dans la France la seule nation possible; c'était avant l'Israël du XXème siècle dit Finkie, qui est le pays de l'hubris de 67 dit Zemmour. 

    Revenons au franco judaïsme, il est clé et magnifiquement isolé, tel le virus(héhé). Il est celui du juif sans nation, aujourd'hui oublié, mais qui se dévoua corps et âme à celles qu'il habitait, France et Allemagne avec les déceptions du début du XXème siècle et au combien. Belle ambition, mais elle suscita un rejet à sa hauteur. Car ni en France ni en Allemagne elle ne se priva d'un égoïsme à la fois compréhensible et d'intensité variable. 

    Pressé dans un monde moderne et médiatique qui existait avant la guerre, tu parles, il s'y constitua, le sentiment national fut fragilisé partout par un modernisme encouragé par le xxx-judaïsme, et cela aussi en Allemagne. Ce qui fait que le bien connu sentiment de dépossession de soi que cherchent à recycler nos post heideggeriens (je pense à Finkie et à tous les réacs, Rappin compris) est en fait peu ou prou ce qui fut théorisé sous le nom d'antisémitisme avant la deuxième guerre mondiale. Dans toutes ses nuances, dans toutes ses acceptions dont certaines furent gaullistes d'ailleurs et aussi bien sur mitterandistes, toutes les personnes qui ont vécu à cette époque en sont porteur sains ou non. Vous voyez ce qu'est un virus? C'est pareil. 

    La "youtrerie" dénoncée par Rebatet est là et le progressisme actuel n'en donne qu'une faible idée: la dissolution dans un idéal à la fois ultra moderne (on s'abstrait des traditions) et ultra traditionnel (on ne garde comme tradition que la seule qui vaille, la circoncision) fut mal perçu ET perçu hélas. Ce deux poids deux mesures est ce qui justifia un sentiment aujourd'hui inconnu et répandu partout. On y sacrifia contre nos traditions un nombre excessif d'innocents, Zemmour considéra qu'on a surtout sauvé les autres, au point d'ailleurs de laisser entendre que ce fut là la fonction de Vichy...  

    Zemmour se situe dans un franco judaïsme assimilationniste forcené qu'il veut généraliser et reproche à Finkie son tropisme sioniste (le français est un langue à calembours). Cela face à l'autre menace, celle d'un fascisme islamiste, celui là sur  notre sol. Les deux font la leçon à la France au nom de ses traditions, et ce qui est en quelque sorte un comble, car il y a ici deux manières de le faire... 

    On passera sur la position de Finkie, nationaliste conseiller des nations, qui est de la sienne, spirituelle, tout en étant patriote français et porteur de cette idée inversée d'Israël comme modèle pour les nations, justement, l'enracinement nécessaire étant porté par ce qui le déracine de la France. Admirable destin paradoxal, à nouveau que cet homme conspué comme sioniste par les nouveaux arrivants qui le haïssent pour des raisons opposées ! 

    Faut il être logique pour avoir abandonné son pays, ne pas s'assimiler dans son nouveau et mener pour le compte d'autres pays, une guerre contre un autre au prétexte qu'il serait envahisseur et surtout habité par ceux qu'on a chassé de sa zone d'origine ? L'effroyable cauchemar identitaire d'une immigration perdue, rongée par les pires démons de la connerie la plus effroyable ne peut que promettre à l'enfer, ou à la guerre civile des êtres perdus qui, nous parlons de la France, ne nous sont rien. Non pas comme les juifs autrefois, cachés secrètement au coeur de nous même et voulant nous changer de l'intérieur, mais installés sur notre sol, avec leur déguisements et leurs visages reconnaissables (on peut gloser sur les gueules, Bennatar nous le dit assez), par exemple le jeune salopard à l'accent haïssable qui par lâcheté, s'excuse d'avoir craché sur Zemmour en le niant bien sur. Est il de France, l'émouvant désaccord avec Zemmour qui s'est exprimé deux fois dans deux sens différents sur un réseau social ? Fermons le banc, ces gens doivent partir, ils ne nous sont rien. Bon ça c'est fait.

    Tous les deux parlent de la France en regrettant quelque chose, l'un la vieille culture livresque l'autre la vieille puissance. On parle alors de cette France féminine (Zemmour dénonce assez le féminisme du XVIIIème siècle battu en brèche par la révolution machiste) et littéraire, le sentiment littéraire effectivement animant cette France du roman, et c'est sans doute la même, le roman étant courtois, inventé pour les femmes au moyen âge. La France ? Une femme nerveuse, et on ne le sait que trop, à la fois robuste et superficielle, sentimentale et cynique, le coté "femme" de la France satisfait effectivement à tous les poncifs connus sur la question. 

    On notera contre Zemmour que la dévirilisation de l'aristocratie est en fait venue de la création de la cour, Louis XIV ayant du castrer la féodalité au nom de l'état qu'il voulut construire, avec certes du succès mais au prix de bien des erreurs funestes, dont la mise en orbite de l'Angleterre, et du fait des grands bourgeois rationnels artistes et administrateurs, de la ruine du pouvoir à terme des rois. Fut ce une erreur ? Et bien oui, me voilà royaliste désolé que les lamentables coucheries d'un grand roi nègre et de son arrière petit fils aient effectivement vérolé le respect qu'un grand peuple doit vouer à ses chefs. 

    Parlons de Dreyfus. Zemmour adopte ici le point de vue de la vieille droite, la lutte pour l'innocence de Dreyfus aurait donc bien affaibli l'armée, faible en 14. Son état major vérolé, on l'avait vu avec l'affaire aurait il baissé la garde après la réhabilitation du capitaine, d'ailleurs héros de 14, il faut le savoir et le dire ? Le pantalon resta garance et les morts furent nombreux. Pourtant, et Finkie le rappelle, la plus belle des thèses est celle de Polanski: le commandant Picquart normalement antisémite mais soumis à la vérité garantit le juste sans fanatisme et rend son honneur à l'Armée et aussi à la France. C'est cette France là, stratosphérique pour les petites rancoeurs d'un Zemmour, qui fait l'admiration des vrais juifs et des vrais hommes, tout simplement. 

    La thèse de Zemmour est bien sur absurde et l'union sacrée de 14 le montra bien, sans parler de la victoire, acquise malgré les nombreux morts, les mutineries sanctifiées par la gauche ne l'ayant été que pour s'excuser de la lâcheté générale de 40, point essentiel de la stratégie histérico-politique de Zemmour le réconciliateur. Deux Frances donc, entre 14 et 40 et rappeler l'affaire des fiches et Dreyfus, au nom de la réhabilitation de Pétan et Maurras est bien le péché de Zemmour et il n'est pas mignon. Finkie s'oppose à cela de tout son sentiment navré et le fait est que seul un vrai gaulliste pourrait rentrer dans le lard du petit kabyle pétainiste. 

    Mais il y a plus. Son rappel de la France "seule" ou "d'abord" slogan zambéziste de Maurras, échoue devant la terrible phrase de De Gaulle "les tenants de la France seule ont accepté la compagnie de l'ennemi héréditaire qui l'avait vaincue et pillée". Zemmour en rajoute; après la trahison des anglo saxons en 36 (comme si le front populaire avait eu besoin d'eux pour ne pas intervenir) , on a  ni yes ni ya (la balance semble équilibrée pour Zemmour jugeant Pétain équilibrant) et cerise sur le gâteau, l'insupportable évocation de la fameuse "zone libre" sur laquelle régna Pétain victorieux et qui justifia l'armistice... Zemmour va même quel culot faire remarquer que la politique extérieure de la France de 1960 était celle décrite par Maurras en 1895, 45 ans avant que l'anti allemand fanatique se réjouisse de la défaite... 

    De plus en plus exhalté sur cette thèse mortifère que les vieux férus d'histoire se contentent de regretter navré, on n'a pas voté Mitterand pour rien, Zemmour dénature complètement sa vision de la France et le message pourtant agréablement réac qu'il porte par ailleurs. Il montre en fait à l'occasion le visage profondément médiocre d'une France qui se refuse d'avoir eu besoin de De Gaulle pour survivre. Une revanche de l'affaire algérienne sans doute et Zemmour a un inconscient, mais cela va plus loin: la collaboration aurait été ainsi un bon tour qu'on aurait joué aux allemands: une manière féminine de se relever d'un viol: on n'a pas joui ou bien le contraire, mais ça va finalement... La France éternelle à l'oeuvre en quelque sorte, alors qu'on a touché le fond, disparu comme jamais depuis le traité de Troyes, et qu'on épongé le mépris de ses ennemis et aussi de ses alliés... Car elle refusa de se battre et c'est bien le sentiment inverse qui anima d'abord les gaulliste de 40 (2) et non pas le maurassisme. Que Zemmour puisse faire fi de cette réalité, là de cet honneur sauvé (le fut il vraiment?) par quelques types, est désespérant: peut être qu'en fait il n'y avait pas lieu de le faire. Un honneur perdu et perdu et le testament de Zemmour, finalement celui là, le coup de pied de l'âne du kabyle vaincu de 1830: votre France a maintenant disparu. 

    Surtout que c'est cette France là qui vient de se vautrer économiquement et sanitairement et qui va encore plus plonger sous nos yeux dans l'année qui vient. Les chiottes au fond du jardin vont réapparaitre et le peuple superficiel va encore une fois, sans se le dire bien sur, vivre un de ces incroyables et sinistres abaissement méprisables qui marquent son histoire. Tout cela au son des trompettes. Conformément aux attentes, le progressisme foutu et vérolé issu de la ruine de la gauche qui s'est glissé au pouvoir a manifesté et au combien son talent: incapacité totale, couacs permanents entre eux, avec l'opinion, avec le réel. La plus forte récession du monde occidental attend le pays le plus meurtrier du monde occidental. La honte, plus la défaite, plus la ruine. La honte surtout: une communauté méprisable foutraque et minable, qui a préparé, voulu et administré sa honte. 

    A quoi peut on sentir cet inéluctable faiblesse ? D'abord à l'absence totale de discours public lucide de la part de quiconque. Tous dégoulinant de pleurnicherie vantarde, tous vautrés dans le n'importe quoi, tous respectueux du méprisable: un état failli dont il ne reste que le nom et dont ils s'acharnent à vénérer la lamentable autorité, en espérant en récupérer un jour le hochet, pour faire la même chose. 

    Bien sur orphelin de Fillon je regrette encore son style, mais faut il qu'il soit inimitable, il n'est pas remplacé: la droite glappit sans puissance et ne met rien en avant, ligoté par les opinions nouées qu'elle représente. Quand à la gauche, si l'on oublie celle qui a disparu, on ne voit que Mélanchon qui continue d'espérer, l'homme qui caresse l'immigration pour avoir ses voix. 

    On rigole au "front populaire" d'Onfray, auquel Raoult participerait, on va bien voir ça va être marrant vu le genre de type, à rebours de tous les débats, le pauvre réac girondin, faux philosophe, va plaider pour la proportionnelle intégrale. 

    C'est bien pour cela que Zemmour, sans illusions sur Lepen, bataille pour la réconciliation des droites, d'où pourrait émerger quelque chose, mais on se demande quoi. Quand viendra l'épreuve, que faudra-t-il faire? Suivre la nécessité de l'heure ou bien ses penchants éthiques ? Courir qui au fascisme qui pourrait être puni ou pas, ou bien à la destruction de soi et à l'alliance avec les médiocres ? Facile d'imaginer qu'un De Gaulle puisse permettre de choisir, car il n'y en aura pas.  Là où Zemmour a raison sans doute, c'est que quand la médiocrité rédhibitoire de tout ce que le normal propose sera établie et que l'extrême de l'autoritarisme sera nécessaire, il faudra suffisamment de gens de qualité dans ce camp là pour faire la balance face à l'autre médiocrité, celle de la revanche et de la corruption. Belle ambition et préparation à l'avenir, et cela n'est pas gagné. En tout cas le prix à payer, la réconciliation avec la sale droite me parait bien trop élevé. Ce sera au contraire aux énergiques à se fédérer au dernier moment: ne faites pas confiance aux vrais fachos ! 

    Car cette France là c'est aussi celle qui se vautre dans la défaite et qui en jouit: la part féminine de l'abjection, ce qui fait qu'il y a des nations qui ont abandonné le manche, l'Espagne de Franco, le Portugal de Salazar, la France de Pétain, bref tout ce qui ne veut qu'être tranquille dans sa petite famille sous développée avec ou sans le pouvoir: car il est plaisamment sectaire de partager la fange avec ses copains les fachos: cela fait de la merde à lancer sur tout ce qu'on déteste. Par instinct, figurez vous, cela me dégoute et j'admire en fait l'absence de ressentiment de Raoult ! Mon ressentiment à moi n'est que tristesse. 

    En tout cas, une chose est sure et la France dans ces heures là aura toujours la même boussole: il n'y a de valeur que ce qui la concerne vraiment et les funestes alliances avec l'étranger sont le signe de l'ennemi à combattre. Si assis sur la collaboration des "classes populaires", on veut faire l'unité nationale en faisant appel aux indigènes pour combattre le fascisme, et bien il faudra en profiter pour résoudre le problème et tout détruire. Là au moins, ce sera clair. 

    Rebondissons sur le discours de Zemmour: alliance avec l'étranger ? Qu'a fait De Gaulle sinon s'allier, il voulut même s'unir, avec l'anglo saxon cause de notre faiblesse ! Là est la marque du choix et qui me conforte dans ma haine du véritable étranger. L'Allemagne de Hitler n'était pas occidentale pas plus que le lamentable ramassis de berbères islamisés qui nous a envahi. Il n'y a pas à hésiter, l'hésitation de Zemmour en fait un berbère neutre, un ennemi donc, et il n'est pas sur qu'il ne souhaite pas finalement ce qu'il prévoit. L'éloignement du caractère historiquement catholique et chrétien pourrait faire croire que tout se vaut, et l'athéisme de Pétain ne fut par pour rien dans sa trahison. Me voilà donc réfugié chez le petit jésus, et chez le roi ? Diable !  

    Revenons à Finkie, le littéraire qui se plaint de la baisse du niveau culturel. On a là et c'est Todd qui le dit (3), la structuration de la France en distinction entre haut et bas, et là le bas s'enfonce. Finkie est anti Raoult et fut conspué par un gilet jaune (en fait un maghrébin déguisé): il hérite du mépris de la France cultivée contre le peuple obscène et barbare. Or la France c'est aussi ces 80% de classes moyennes qui vivent le déclassement de leur pays et qui incluent, c'est Todd qui nous le révèle, les tenants de la fausse conscience, ceux qui croient encore à Macron et à ses fables à la fois humanitaristes et pseudo libérales: ils ne sont que les larbins d'une société sociale démocrate taillé à leur avantage et qui s'effondre sans qu'il l'admettent ni ne le réalisent. 

    Le débat avec Zemmour le montre: il y a aussi ce peuple cultivé de la vieille histoire, celle que Zemmour propage, et qui pourrait se tourner vers autre chose, c'était la question. Car les sbires de Macron sont doublement dégénérés: ils ont abandonné non seulement le peuple, mais aussi la nation et son histoire, et ils veulent son oubli et sa destruction. C'est le sens de la révolution de l'enseignement et du bourrage de crâne pro immigrés: il faut détruire le fond anthropologique français, tout ce qu'à tort le soixantehuitardisme nous a appris à détester et à mépriser. Coluche et les deschiens même combat. 

    Il faudrait redécrire Todd et sa stratification: les gilets jaunes furent visibles sur tout le territoire, ce qui abroge la différenciation familiale française et la remplace par la pyramide du mépris, l'égalitaire libéral est maintenant populaire, c'est ça l'intuition géniale ! Tandis que le méprisant intellectuel supérieur devient autoritaire... La France cul par dessus tête, et je suis aussi gilet jaunes, par conséquent, vive la sociale !

    Un seul bémol aux brillantes analyses de Todd (4), on lira son bouquin, est que son physique "arabisant" lui fit subir enfant des "sale bicot" et son gendre serait algérien: juif lui aussi (le 3ème gourou juif français et pas le moindre) il prophétise, mais pas sur ce sujet là: pour lui, le coup d'état sera le fait d'une alliance Macron Le Pen , les deux partageant les mêmes valeurs de haine !!! Et surtout le fait que l'Etat est soutenu par l'armée et la police, deux bastions du vote FN. Il va même, pour sortir du mal absolu qu'est l'Euro allemand, jusqu'à prôner une alliance avec les US ! 

     

    P.S. Au passage et entre deux  confidences, il faut noter que Todd exprime très bien, sans s'en rendre compte, que la France n'est PAS libérale (son élite est fonctionnaire) mais il ne va pas jusqu'à admettre que ce n'est pas l'Euro qui est responsable de son abaissement mais bien l'absence de libéralisme (c'est cela qui me sépare de lui). Pourtant il est très proche de la vérité et reconnait pleinement que d'une certaine manière, les vrais libéraux sont les gilets jaunes ! Quand on pense que pour moi, ils étaient la cible de la vraie libéralisation nécessaire que visait Fillon... 

    Surtout que Todd tire un trait sur les errements anti libéral/libertaires (Michéa etc: les prolos étaient déjà indifférents à l'homosexualité dans les années 30) et acceptes les évolutions sociétales, ramadan et homosexualité.  C'est là le pli ou tout se redéploie et où la complexité du problème des frances se manifeste le plus... 

    Je ne vois pour ma part qu'alliance entre Macron et toute la gauche, sociétal mélanchonien et immigrationniste compris, le bloc central décrit par Todd étant par essence libéral au vrai sens du terme et devant s'allier, drapeau français en tête, avec les désespérés prolos en souffrance du RN. Simplement il ne faut pas que cela soit à la Zemmour et ce n'et pas De Gaulle qu'il faut oublier mais bien Pétain et l'Algérie. Il y a quatre vingt ans, la France s'effondrait. Nous y sommes. Les cartes vont être redistribuées et on ne sait pas comment. 

    80 ans ! C'est ce qui sépare la prise de la bastille de la déroute de 1870 !  

    (1) le débat Zemmour Finkielkraut https://youtu.be/K4Z4H8ITRug

    (2) le résumé des thèses de Zemmour: ???

    (3) longue péraraison de Todd: https://www.youtube.com/watch?v=kYWYlvYhZM8

    (4) Le très long interview de Todd https://lvsl.fr/emmanuel-todd-macron-nest-plus-republicain/

  • Les risques

    Mon coté youtubeur est tombé dans la marmite: j'ai regardé des youtubeurs  (1).

    Et c'est pas mal, le fantasme de l'absolue clarté est beau à voir, on peut l'éprouver mais à l'envers, et je suis donc dans le genre un minable obscur looser, ce que les faits prouvent. 

    Une remarque: le youtubeur est authentiquement cultivé. Peut on capter du vrai savoir (au deuxième degré) en l'écoutant ? 

    La statistique, c'est ce qui permet de "réduire" des données multiples à une valeur, mais qui reste significative, faire la moyenne, donc. 

    Ecarts moyens et Ecarts types

    D'abord, l'écart moyen, qui est la moyenne des écarts à la moyenne est absolument différent de l'écart type, qui n'est que la racine carrée de la moyenne du carré des écarts... 

    Imposée par Fisher, l'écart type décrit bien sur la distribution normale, et 2 sigma c'est le fameux 95% des données situées sous la cloche.  1 sigma c'est 68%. 

    Au fait le 2 sigma c'est faux: 2,5% c'est la proba à 1,96. C'est pas pareil. 5% c'est 1,64. On se comprend on voulait dire 5% et 10% si on tient compte des deux cotés de la cloche... 

    Le tableau de contingences

    Notre youtubeur parle du tableau de contingences, l'alpha et l'oméga de la donnée. 

    On a donc 4 chiffres et on peut gloser. On va prendre un biais particulier et considérer une notion de "risque". 

    Le risque c'est d'avoir ou pas et on le portera en colonnes. Colonne A : j'ai , colonne B, j'ai pas. 

    Avoir, c'est avoir le cancer, ou le gain du loto: on essaiera d'abstraire ces contingences là... 

    La contingences sont ce qui va permettre d'avoir ou pas, ou du moins d'avoir ou pas dans un cas et dans un autre. Un risque, c'est d'abord quelque chose qu'on évalue et évaluer c'est comparer, bien sur. 

    On a donc deux cas, et deux lignes faire comme çi ou comme ça:

                     J'AI           J'AI PAS
    comme çi               j'ai çi            j'ai pas çi
    comme ça               j'ai ça            j'ai pas ça

     

    Le "risque" ici ou "la bonne fortune", selon les cas, c'est la chance d'avoir dans une ligne... 

    Ainsi le risque de comme çi sera :   j'ai çi / j'ai çi + j'ai pas çi

    On a une sorte de probabilité, le risque étant inférieur à 1. 

    Pour comparer comme çi et comme ça, on fera la division entre les risques, ce qui donnere un risque "relatif" entre les deux options. 

    On peut utiliser une autre mesure, qui est la "cote", utilisée par les parieurs. La cote de "j'ai" par exemple dans le cas "comme çi" est la division de "j'ai çi" par "j'ai pas çi". 5 contre 1. C'est ce qu'on appelle un "odd".

    La comparaison de deux cotes consiste à les diviser et on obtient un "odds ratio". 

    Le "risque relatif" et l'"odds ratio" sont deux choses différentes qui sont égales quand la probabilité (base de la mesure du risque) est faible: p est alors égal à p /(1-p). 

    Intéressant la différence entre la cote, qui mesure le pari sur une occurrence, et la probabilité, qui mesure l'occurrence seule.

    Statistoches

    Un bref rappel des bases. Si on fait la moyenne d'un ensemble de N variables aléatoires indépendantes de moyennes mu et d'écart type sigma, on va trouver une distribution normale de moyenne N*mu et de variance sigma/racine(N), c'est le théorème central limite (Laplace 1809).

    Un ensemble de distributions plutôt étalées tend ainsi à l'infini vers une belle cloche bien étroite (centrée sur zéro, bien sur).

    A partir de là, on peut déjà faire plein d'exos d'une part et on peut se souvenir qu'une fois centrée réduite, la gaussienne a plein de bonne propriétés. On considèrera les parties aux extrémités, loin de la moyenne. 

    A 1,68 on a 10% , et à 1,96 on a 5% (bilatéral).  hop.

    la comparaison des moyennes

    Le problème fondamental des stats c'est bien sur la comparaison des moyennes entre deux mesures ou objets semblables statistiquement mais différents: la différence est elle du au hasard ou non? Et bien c'est toute la question. 

    On va passer sur les ridicules et oiseuses gaussiennes et autres cloches et sauter directement à Willcoxon et bien sur au tryptique  Wilcoxon-Mann-Withney , le seul qui compte au delà de 20 individus. 

    L'idée est d'intercaler les deux séries de nombres et de mesurer les recouvrements. 

    ^^^^^^ VVV ^^^^VVVVVVVV ^^VVVVVVVV 

    C'est pareil ou non? 

    La méthode suppose un tri rapide accessible uniquement si on dispose d'un ordi: la méthode est ultra moderne.

    En gros: on trie TOUTES les mesures (en gardant leur références et leur nom de série) et on calcule. On a donc une suite de rangs pour les séries x et y de longueur nx + ny. La SOMME des rangs de nx, Sx, est une gaussienne de moyenne (nx * ny)/2 et de variance nx * ny * (nx + ny + 1) / 12. 

    Le risque alpha

    Un risque est quelque chose d'apriori c'est à dire qu'il précède la situation à risque. C'est donc une notion purement théorique, et qui ne se tire pas de l'expérience... Ce qu'on tire de l'expérience c'est une mesure, qui peut être interprétée. 

    On a suivi l'excellent et classique (2) Ancelle et on a retenu que le petit p, qui pose des problèmes d'interprétation à tout le monde et depuis longtemps, n'est pas un risque... 

    Risque de quoi? On partira de l'hypothèse "nulle" c'est à dire l'hypothèse qu'il n'y a PAS de différence dans un test entre deux hypothèses. Le résultat du test est une mesure de différence entre les deux situations. On calculera alors, suivant la situation, une valeur "p" (petit p), probabilité que la différence soit au moins aussi grande que celle mesurée. Plus le petit p sera petit, plus la différence sera significative et plus on pourra rejeter l'hypothèse nulle.

    Le risque c'est alpha, le risque alpha, quoi, celui qu'on se donne à l'avance. C'est le risque ACCEPTé que l'hypothèse nulle soit rejetée à tort, alors qu'elle est vraie. On dit "sous l'hypothèse nulle".  Il faut bien voir que le contexte est lourd: l'hypothèse nulle est supposée vraie d'une part, et en plus, on ne démordra de cette confiance que pour un petit p exhibé inférieur à alpha, c'est à dire un évènement mesuré qui ne peut se produire, si alpha vaut 5%, que dans moins de 5% des cas.

    i au contraire, le petit p est supérieur au risque alpha, et bien on ne peut pas conclure: l'hypothèse nulle n'est pas rejetée et reste un vrai provisoire en attente de réfutation. 

    Le risque béta, c'est l'autre: le risque accepté que l'hypothèse nulle soit fausse alors qu'on la croit vraie. En gros, que la mesure soit conforme à l'hypothèse nulle sans justification. Il n'existe rien qui puisse mesurer ça et c'est tout le problème. En fait béta dépend des tailles d'échantillonnage, c'est pour cela que  1 - beta est la PUISSANCE du test... Le risque béta est de l'ordre de 20%, pour une puissance raisonnable du test de 80%... 

    Pour en rajouter une couche, et pour parler de "méthode scientifique", il faut  bien noter que l'affirmation de l'hypothèse nulle n'est pas une assertion de vérité, mais une hypothèse qu'on garde ("sous l'hypothèse nulle") tant qu'elle n'est pas rejetée. Si le test est négatif, c'est à dire si le petit p est supérieur au risque alpha, et bien c'est l'hypothèse alternative qui est rejetée, et donc, "on ne peut pas conclure" avec le test effectué, par le rejet de l'hypothèse nulle. Si en fait, l'hypothèse nulle est fausse, c'est que le test pour la démasquer n'a pas été assez puissant, typiquement, il faut augmenter la taille de l'échantillon !!! . 

    L'asymétrie de l'hypothèse nulle est doublement poperrienne ! 

    Supposons qu'on veuille "prouver" l'hypothèse nulle. Et bien on ne pourra la garder que comme hypothèse, ne pouvant que refuser une hypothèse alternative. Réciproquement, si on veut "prouver" une hypothèse alternative, tout ce qu'on arrivera à faire, c'est à réfuter l'hypothèse nulle. On a bien un vrai provisoire non concluant, environné de simples réfutations... 

    Le vilain petit p

    Le petit p d'abord dépend de la taille de l'échantillon utilisé pour le test de différence entre les deux situations.

    Simplement, il est une mesure de la probabilité que le risque estimé soit trop faible: si inférieur à ce risque, et bien c'est l'hypothèse nulle qui devra être remise en cause. etc etc, on peut en faire des phrases, sur cette base.

    Par exemple: plus il est petit, plus la différence est significativement différente. 

    De toutes façons, le petit p n'est PAS:

    - un risque d'erreur: le risque d'erreur c'est alpha

    - la probabilité de la véracité de l'hypothèse nulle : il reste faible alors que l'hypothèse nulle est surement vraie;

    - la mesure d'un effet contraire à l'hypothèse nulle.

    Mais il y a pire. Le petit p est satanique et reptilien. 

    Il y a plusieurs critiques. Retenons que:

    - le petit p ne quantifie rien. C'est un indicateur binaire en fait: oui/non on rejette ou non, suivant qu'il est ou non inférieur au risque alpha posé au départ. 

    - sa valeur dépend du nombre d'échantillons, un comble. 

    - il est instable: si on refait l'expérience plusieurs fois, la probabilité de tomber "juste" n'étant pas nulle, on peut finir par avoir à rejeter l'hypothèse nulle. Typique des petits acharnés: à 5% il suffit de répéter 20 fois... Etonnant non? Le parangon de la dénonciation de l'établi aussi grossièrement facile à tromper: toute une "science" bidon est basée sur ce genre de manip. 30 % des publications "scientifiques" seraient vérolé par le petit p. Pas petit, quand même. 

    Les Bayésiens 

    Puisqu'on en aux youtubeurs, je voudrais réexprimer ma nouvelle compréhension (après visionnage) du mystérieux bayésianisme. Celui ci se voudrait "principe du savoir" comme appuyé exclusivement sur les probabilités... 

    En gros, il introduit la notion de savoir "a priori" en différenciant données (D) et théories (T). 

    La probabilité "sachant que " se trouve alors exprimée avec une asymétrie, et LA question que l'on doit se poser, c'est d'abord et avant tout: quelle est la probabilité que LA théorie soit vraie, sachant que ces données là le sont ? 

    Tout le truc est alors d'exprimer une fonction EF telle que:   T%D = EF(  D%T, T, D%N ) avec N une ou plusieurs alternatives à T. Les probabilités des T sont données à priori, c'est l'état de départ, et les D% se calculent dans chacun des cas... 

    La formule de Bayes est alors:  T%D = 1 / 1 + SIGMA (N)  (     N . D%N   /   T . D%T    )

     

    Le raisonnement Bayésien c'est donc: 

    0) on a des données 

    1) On détermine les théories à confronter et on leur attribue des probabilités

    2) Pour chacune d'entre elles, on calcule en la supposant vraie, la vraisemblance des données.

    3) On score les théories avec la formule de Bayes.

     

    Par exemple, le coup du rideau, des 2 chèvres et de la voiture: le problème de Monty Hall, qui donna lieu en 1990 à une polémique grandiose, l'auteur de la rubrique "ask marilyn", Marilyn vos Savant s'étant fait traiter de conne par tout l'establishment mathématique pour sa solution au problème, pourtant vraie... On choisit un rideau, et après la découverte d'un rideau dévoilant une chèvre, faut il changer son choix initial ? 

    Une exploration basique de la combinatoire en partant des 3 situations possibles, et des 9 choix initiaux possibles, monte qu'il FAUT changer son choix. Pourtant "évidemment", rien n'y oblige.

    Que dirait un bayésien? Qu'il y a 3 théories, une par position de la voiture, avec une probabilité 1/3.

    Supposons que le choix initial soit le rideau 1. 3 cas suivant les 3 théories: 

    - si la voiture est en 1, la probabilité de dévoiler un rideau ou l'autre sera 1/2

    - si la voiture est en 2 ou 3, la probabilité de dévoiler le rideau sera 1 (pas le choix). 

    Bayes en éliminant tout de suite les 1/3 multiplicateurs partout : 

    - Théorie voiture en 1,   D%T = 1/2,   1/(1 + 2 * (1/2)/ (1/2) ) = 1/3   (les 2 alternatives sont 1/2) 

    - Théorie voiture ailleurs ,    D%T = 1 ,  1/ ( 1 + 1/2 + 1) = 2/3   (les alternatives sont 1 et 1/2) 

     

    Le raisonnement bayésien est donc un moyen de résoudre les problèmes de probabilité, et toute l'astuce est dans la somme sur les théories alternatives, qui transforme la formule de Bayes en moteur de résolution. 

     

     

     

     

     

     

    (1) les risques relatifs par "risque alpha" https://youtu.be/e5QMapt8Wfg ça c'est du youtubage.

    (2) critique du petit p  Thierry Ancelle https://www.youtube.com/watch?v=G7kqxPMP2yg

    (3) stats fac https://www.math.univ-toulouse.fr/~san/proba5.pdf

    (4) le pas beau petit p, par un youtubeur brillant: https://www.youtube.com/watch?v=1P-HyzGvde4

     

  • Les Nazis

    Engagé il y a bien longtemps dans une interminable conversation avec un concurrent de Johann Chapoutot, Jean Louis Vuillerme (1), la question du nazisme n'a jamais cessé de m'intriguer... Voilà qu'avec son livre sur le management nazi, deux questions importantes de notre époque se télescopent, et pour le plus grand bonheur des combinatoires: Rappin s'y met (2).

    Mais d'abord Chapoutot, dont l'offensive médiatique récente, un certain nombre d'entretiens vidéos passionnant sont présents ici et là, illustre une forme nouvelle de l'appréhension du nazisme, qui décidément n'est pas ce qu'on croit.

    Il y a à cette occasion, moyen de mélanger les arguments contradictoires, et il ne faut pas résister au plaisir de s'y livrer sans retenue et il y a de quoi faire. 

    Un projet et un idéal

    Loin de l'identification exclusive à la folie barbare que fut le projet d'extermination des juifs, le nazisme est en fait un projet et un idéal, deux choses qu'on n'attendait pas.

    Le projet est celui de la colonisation de l'Europe, principalement à l'Est, et l'apogée du projet c'est la vision à la mi 41 d'une union soviétique vaincue, démembrée et colonisée, ce qu'on venait de faire à la Pologne.

    L'idéal est celui de la liberté acquise par la race germanique supérieure dominant enfin la totalité de son espace vital historique. Cette liberté se trouve être l'accomplissement humain et social majeur des individus supérieurs d'une race supérieure. 

    L'antisémitisme là dedans n'est qu'une conséquence logique, et se trouve second: présent sur les territoires à conquérir, le juif doit disparaitre et sa mort programmée, d'ailleurs décidée sur le tard n'est que le sort le plus extrême que l'on réserve aux colonisés d'abord à chasser de la première zone d'installation de la colonisation à mener: en gros la Pologne. Sa population à classifier doit être germanisée pour une part, esclavagisée, chassée et finalement exterminée d'autre part. Le juif, absolument non humain, et qui n'est même pas un esclave acceptable, est un bacille dont il faut se débarrasser absolument. 

    Le projet fut particulièrement important: il est décrit, planifié, organisé, et rêvé par l'élite allemande de l'époque acquise au nazisme. Ce rêve fut un caractère fondamental de la puissance nazie: les allemands se battaient à l'est pour eux mêmes ! 

    L'idéal (cela m'avait toujours intrigué que des nazis puissent parler d'un "idéal") est lui aussi fondamental: l'homme germanique voit, à condition d'être un germain, une possibilité d'accomplissement absolu de son humanité, et cela inclut une liberté idéale et un bonheur parfait ! 

    Cette description là du nazisme, résolument originale et nouvelle a l'immense mérite de faire justice de tous les dénis français concernant une possible "collaboration" dans une Europe allemande nazie: la France était une zone de colonisation et le maintien de son gouvernement une méprisante habileté pour inhiber plus fortement la neutralité espagnole, et puis les nazis français des esclaves combattants de seconde zone, a peine mieux considérés que des nègres ou des arabes. Tous les degrés du fascisme français étaient ainsi, objectivement, totalement racisés et méprisés: s'y livrer redouble la honte qu'il y eut à le faire et cela à un quelconque degré. 

    Chapoutot, bien plus subversif qu'on ne croit consume là la honte française, celle qui eut dans les années trente l'opportunité de combattre efficacement le "projet" et l'"idéal". Il mit le feu au monde, et nous n'avons même pas essayé d'éteindre l'incendie quand cela était encore possible, alors que tout était là, quasiment décrit et explicité: projet et idéal. 

    Racisme civilisationnel

    Pardon de ma petite tentative à moi de conceptualiser, mais le nazisme comme exaltation de sa race germaine, il ne s'agit pas ici de sa cousine, mais de sa patrie, se pose un peu là: le germain est à l'origine de tout, origine de tout. Ce qui est germain, bien sur, le reste sans même avoir à parler du juif étant de la merde vraiment barbare. 

    Ce racisme propre à la civilisation, intrinsèque à l'appartenance raciale est un chef d'oeuvre d'autocentrement: quand on est à l'intérieur on doit en être profondément et définitivement satisfait. La jouissance de cette appartenance là, qui vous fait "déjà sauvé" doit être intense. Bon bien sur, il y a les classifications et il y a plus germain que d'autres: au sommet est le SS et il y a des gradations. Le polono-germain d'extraction mal définie est tout en bas, mais a droit au travail dans la joie, comme les autres. 

    Les intermédiaires sont commandés ou suspectés, ou même menacé à l'occasion, mais virilement: un système social extrêmement généreux leurs accorde les résultats des pillages du reste du monde sans limites aucunes: jusqu'au bout, on mangea et bu confortablement en Allemagne et les femmes violées par les russes étaient girondes. Rien à avoir avec les terribles restrictions de la première guerre mondiale. Prédateurs ultimes, les germains nazis mirent le monde qu'il soumettait en coupe réglée au service de leur confort.

    Croire collaborer ou avoir "collaboré" avec cette spoliation opulente est marque d'un déni corrompu inadmissible et inacceptable, autant le rappeler. 

    Au passage on refait l'histoire: les germains sont les vrais grecs et les vrais romains, la civilisation étant issue du monde nordique aryen. Ce sont les juifs et donc (le "Donc" a toujours une importance capitale en ces matières) les chrétiens qui détruisirent l'empire et les germains firent tout pour le sauver !!! Il furent contaminés cependant par tout ce que le juif et le chrétien inventèrent pour abolir les moeurs libres et naturels des germains.  

    On a donc les bon et les mauvais barbares (comme il y a les mauvais et les bons chasseurs, pour les inconnus) et les germains clairement sont les bons. On se réjouira d'un mélange de sang à succès entre germain et asiate: Gengis Kahn était roux et ne dut sa puissance qu'à sa germanité ! 

    On en vient alors à ce qui motive le caractère extra germain essentiel du juif: son Dieu et sa loi. On a là le contraire exact des Dieux germaniques mortels et faillibles et surtout de leur absence de conception de la loi. Seule la nature sauvage, avec survie du plus apte sans autre règlement que la violence peut être considérée ici comme une "loi". 

    Ce refus de la loi extra nationale, de la loi "divine" est essentiel et se retrouve partout dans le caractère civilisationnel de la germanité dont les moeurs libres, issus naturellement du sang et de la race ne se résument que dans des droits discutés entre égaux racialement, à l'exclusion du reste des humains, qui d'ailleurs ne sont PAS humains, tout simplement. 

    L'autocentrement naturel humain et racial de la germanité nazie est complet, irréductible et essentiel. Un état de fait. 

    Revenons sur cette histoire de "loi". En l'associant à la juiverie pour mieux la déprécier, les nazis en vinrent, il faut le réaliser, à déconsidérer la science. Dés le moment qu'il peut y avoir une science "juive", c'est à dire assimilée à l'étude talmudique d'un livre divin, c'est toute la science qui se trouve contaminée: faute d'avoir gardé Einstein, les nazis se sont privés de la trop enjuivée bombe atomique et cet échec à la fois scientifique et technique nous les fait bien mériter de Heidegger: "la science ne pense pas". Tu parles: ce sont bien les nazis qui n'ont pas pensé, malgré leurs armes secrètes, à conserver et à manager une science qui pouvait leur donner l'avantage. Le paradoxe est saisissant et il n'est pas le moindre. Le nazisme, déconsidéré comme technique de mort est fait une authentique barbarie, rendue impuissante par les cultes magiques. Un autre exemple est le Messerchmidt 262: Hitler voulut absolument en faire un bombardier, ce qui est un gachis effroyable: conçu comme le chasseur suprême la merveille scientifique et technique est "pensée" comme un engin de démotivation de l'adversaire au lieu de servir efficacement à lutter contre l'ennemi. 

    Adolf_Galland.jpg

    Adolf Galland

     

    On a donc ici atteint les limites de ce racisme là: une connerie qui fait perdre la guerre. Tant mieux mais pourquoi dire de ces gens qu'ils sont "techniques" ou même "occidentaux"?  Des germains débiles encore tatoués avec leur cochonneries de moeurs cruels de leurs forêts: une pensée?  

    De fait, et je maintiendrais l'avis défendu mordicus devant Vuillierme, on a bien une pensée religieuse à l'oeuvre, la pensée qui est le contraire de la non pensée (la scientifique): la contemplation émerveillée de son érection barbare, jusqu'à la mort, ici franchement peu glorieuse: les beaux nazis, tous morts ou en amérique du sud laissèrent leurs chères épouses blondes se faire trombiner à mort par les asiates, au point de les dégouter de continuer la race, maintenant en voie d'extinction, une grande perte. 

    Par contre, refuser le caractère religieux à cette religion là sous le prétexte fallacieux et justifié (bien sur) qu'on a quelque chose de très différent des religions juive ou chrétienne (tu parles) me parait informe, et illogique. C'est tout le sens de mon argumentation de l'époque. Le nazisme et ses cérémonies sont une forme de résurrection d'un chamanisme ancien avec possession publique et terreur collectives exprimées et animées. Une religion, oui mais avec DES dieux, disons des démons, tout ce que le surnaturel décore dans la nature terrifiante où ne règne que la puissance et la violence des forts, rendue supportable exclusivement aux forts, c'est à ça qu'on les reconnait. 

    Passons sur l'autre paradoxe nazi, à rebours des lieux communs:  l'Etat y est détesté, au moins autant que la loi. L'état nazi n'est pas vraiment un état, mais un foutoir incroyable d'"agences" en concurrence qui toutes se réfèrent à un Fuhrer négligent qui se contente d'arbitrer au sommet entre des propositions toutes plus violentes et radicales les unes que les autres pour obtenir l'assentiment. 

    Le cas de Galland est un peu exceptionnel: il réussit à obtenir la confiance d'Hitler pour faire un peu de chasse; mais resta l'ennemi personnel de Göering qui le poussait au suicide (sauvé du suicide par Hitler, fallait le faire !). 

    Mais sinon, la déperdition d'énergie de la "polycratie" nazie fut considérable. Paradoxalement la disparition de la loi,  organise un "état d'urgence permanent" et donc une police politique omnipotente, capable de destituer tout fonctionnaire ou juge s'opposant aux principes de conduites nazis. Cette haine de la bureaucratie est typiquement nazie mais paradoxalement génère aussi des féodalités administratives multiples. 

     

    L'Etat

    On en vient alors à la thèse du livre récent de Chapoutot ("Libres d'obéir"), qui a d'ailleurs suscité une polémique, tant il dérange aussi bien les dénonciateurs traditionnels du management, tous acharnés contre le néo libéralisme, que les libéraux eux mêmes (on les traite de nazis), sans parler des réactionnaires semi nazis, que l'on traite ici non seulement d'antisémites, mais de libéraux ! 

    Car le discours du management nazi fut d'abord celui d'un disciple de Schmitt, le fameux Reinhard Höhn, découverte du livre de Chapoutot. Disciple ? Renégat plutôt, car Schmitt fut un nazi déçu, un étatiste qui fut méprisé et Höhn démontra en théoricien le caractère obsolète de l'Etat comme hypostase: il n'est qu'un instrument au service du pouvoir, la "Führung". Il est d'autre part dépositaire d'une autorité qui viole la vraie liberté germanique. 

    Il est d'autre part organisateur et c'est comme ça qu'est vu la sécurité sociale Bismarckienne, comme empêchant le laisser mourir nécessaire au darwinisme social idéologique qui marque tant le nazisme. 

    Au passage, on remarquera la théorisation "néo darwinienne Spencerienne" du mal nazi par Chapoutot: on a là le point commun avec le néo libéralisme néo darwinien tant condamné de nos jours... Au passage, on fera remarquer que Spencer est un optimiste, et sa théorie plutôt "pré" darwinienne à mille lieux de la violence du plus apte... 

    Ainsi, le Reich n'est pas un Etat, il est un "règne", une "ère", une "epoche". Va régner la belle anarchie de la "liberté des forêts", célébrée par tous les libéraux, qui se retrouvent donc ... nazis. 

    Et puis on a l'admirable et explicite opposition entre l'état promoteur de l'individualisme et la communauté qui promeut la vraie liberté. Toutes les opposition croisées du libéralisme se retrouvent ici renversées... On ne gouverne plus, on dirige. Le Führer n'a pas de sujets, mais des compagnons qui le suivent.

    On oppose donc explicitement le menchenführung (management) à la Verwaltung (Administration), typiquement l'administration despotique "française". Tout le mal vient de Louis XIV, l'Etat c'est moi.  

    Au passage on parlera de la liberté: non pas à l'orientale, le "despotisme asiate" selon Hegel faisant du souverain le seul homme libre, tous les autres étant esclaves, mais à l'allemande, c'est à dire celle de tous (tous les germains). C'est ainsi que la communisme est représenté: un esclavage asiate, dont d'ailleurs on ne souhaite pas, bien au contraire, en changer le cours: slave esclave un jour, esclave toujours... La propagande anti soviétique est donc à la fois un repoussoir: voilà ce que vous serez et une prédiction: voilà comment ils vivront quand ils seront NOS esclaves.

    La performance

    Leistung c'est l'action, et l'action efficace, la performance. 

    L'homme nouveau est celui qui dépassant l'aristocrate et le bourgeois (Ernst Junger) fut l'idéal du XXème siècle: moderne, industriel, guerrier, badaud et travailleur, jouisseur des loisirs modernes, massifié... Cet homme là est AUSSI nazi, bien sur. Aussi au sens que le nazisme fut de son époque, tout simplement. Ces jeunes sportives, ces propagandes des années 30 et 40, elles sont toutes les mêmes et leur pendant nazies autant que davantage. 

    L'approche nazie reprend donc l'idéal mais a l'originalité de penser l'exclusion de ce type humain là: ceux qui ne sont pas jugés conformes doivent périr. Au point qu'Hitler considérait à la fin que l'incapacité allemande à gagner signait son arrêt de mort, du fait de son infériorité prouvée. 

    Mais et ainsi là encore, une dialectique sombre est à l'oeuvre: soigner la faiblesse et sélectionner le plus apte a un recouvrement car une hygiène "préventive" doit être à l'oeuvre. Au coeur de l'empathie moderne pour la maladie à soigner (si possible gratuitement) se situe l'injonction à s'adapter au monde et à ne pas provoquer la maladie, que ce soit en fumant ou en sortant dans la rue lors des confinements. 

    Le docteur Kötschau, spécialiste du "Leben führen", spécialiste de la "révolution nazie de la médecine", homéopathe et naturopathe est un partisan de la Vorsorge (prévention) plutôt que de la Fürsorge (assistance). 

    Revenons au "social". Même si le mot, qui irritait Hitler et justifia l'élimination physique de tous les prolétaires un peu trop sociaux, les SA en l'occurrence, ne fut d'abord qu'un attrape ouvrier lors de la conquête du pouvoir, l'organisation du social nécessite une considération du travailleur. D'où les slogans égalitaires, l'exaltation du mérite, puis la "joie", tout simplement à travailler. "Kraft durch Freude" , l'organisation (le KDF, une agence) d'un comité d'entreprise à l'échelle du pays, pas les congés payés, les congés organisés, le loisir de regénération de la force de travail, le KDF étant subordonné au syndicat (unique) le Deutsche Arbeitfront. La KDF wagen c'est la coccinelle, la Volkswagen, dont la production s'arrête net en 39 au profit de la Kubelwagen, la jeep quoi. 

    Karajan joue des symphonies dans les ateliers des usines, etc : le "chief hapiness officer" est déjà en place, au nom de la performance. 

    Les nazis

    J'avoue avoir toujours été ébahi par les histoires d'ex nazis reconvertis, qui ont donné lieu aux plus incroyables contresens, mensonges, fantasmes et légendes absurdes

    On commencera par Eichmann, décrit par Anna Arendt comme un fonctionnaire "Kantien" (c'était ses arguments de défense), alors qu'évidemment, et Chapoutot le confirme sans ambages, il s'agissait d'un nazi convaincu de la nécessité de l'extermination, acteur convaincu de l'histoire etc etc. 

    Cette histoire de Kantisme mérite d'ailleurs le détour: suspecté par Michel Onfray d'avoir dénoncé sa mère à la Gestapo, Kant fut effectivement enrôlé par les nazis, voire théorisé. L'impératif catégorique fut ainsi légèrement modifié pour la maxime porte sur l'action justifiée par un "universel" qui soit en fait la race nordique. Le caractère moral de l'extermination raciale se trouve ainsi affirmé et justifié par les lumières... Le voilà le kantisme d'Eichmann... 

    Que l'on puisse continuer à trouver sous la plume de crétins intellos abrutis de mielleuses considérations sur la "banalité du mal" reste ahurissant. Il faudra encore combien d'années pour que l'on cesse d'invoquer, au nom du féminisme, les conneries sans nom de la maitresse d'Heidegger ? 

    Et puis il y a les masques. Celui du professeur Schwerte, démasqué en 1995, car nazi et membre influent de l'Ahnenerbe, l'organisation qui combattit Harrisson Ford dans "les aventuriers de l'arche perdue", sans rire, l'organisation qui organisa des expéditions à Carnac, Montségur et jusqu'au Tibet pour trouver les origines de la race aryenne. Schwerte avait ré-épousé sa femme sous sa nouvelle identité et prof de littérature contemporaine Allemande, fricoté avec les gauchistes dans les années 60... 

    Et bien d'autres, qui continuent d'agiter la société allemande, les masques qui tombent aujourd'hui étant ceux de la RDA. On n'imagine pas la malédiction du mensonge, de l'imposture et de la cruauté qui hante ce peuple, que dis-je cette "race".

    Le Management

    Après la guerre, Höhn ne se cache pas: il se fait heilpraktiker, c'est à dire chiropracteur, imposeur de main et homéopathe... Herr doktor, mais il fut condamné pour cela tout comme il fut aussi condamné en 58 pour diffusion d'idées nazies à l'université: 1500 euros d'amende. Tout comme le Dr Six autre pilier de l'école de management de Bad-Harzburg: jugé à Nuremberg comme chef de Einsatzgruppen, il dirigea la publicité de Porsche, puis prof de Marketing, il en rédigea un manuel réédité en 71. A noter que Höhn n'a pas de sang sur les mains: un pur intello et on ne peut rien lui reprocher. Spécialiste d'histoire militaire, il réfléchit, gagne de l'argent et publie. 

    Ce qu'il semble avéré là dedans, c'est qu'il parle de tout ce qui l'a toujours intéressé, (racisme, extermination et colonisation mis à part): l'autonomie de l'individu libéré des règles écrites, et capable de s'adapter aux situations, le contraire du positivisme militaire (Frédéric II dont l'armée est écrasée à Iéna) et par suite, juridique. 

    Ce refus des règles érigées en système, de la machine militaire est typiquement nazi, donc. Mieux ! C'est de ne pas l'avoir été assez qu'est mort le III ème reich ! Trop autoritaire, trop mécaniste... C'est le célèbre "espèce d'imbécile, c'est à cause de crétins comme toi que nous avons perdu la guerre" de Michel Audiard. 

    On retrouve là l'extraordinaire dénonciation à contre emploi que Heidegger fait de la technique, supposée nazie (pour les hypnotisés) alors que le projet nazi était précisément de s'en affranchir, ce qu'il n'a pas fait ASSEZ, (hélas). Ah le beau sac de noeuds dont le fil se suit merveilleusement, à travers la quenouille. 

    Höhn fait ainsi l'éloge du voltigeur français de la révolution et surtout de l'officier de terrain entrainé à penser, la "tactique par la mission" théorisé par Scharnhost, et étudié par Höhn. Simplement, tétanisé par sa responsabilité, et fou d'angoisse, il reste la brute hurlante représentée partout et échoue finalement, violant les préceptes de la flexibilité nazie, on n'a pas été ASSEZ nazi. D'où l'opportunité (il faut faire de chaque échec une opportunité) d'une réforme (encore) et cela donne une nouvelle méthode de management dite "de Bad Harzburg" qui finalement trouve son plein succès dans la revanche finale: l'effondrement du mur de Berlin une nuit de novembre 1989. 

    On notera qu'en suisse alémanique, il y a aussi la fameuse méthode "de Sankt Gallen" (la ville ou se produit Bachstiftung, tout se recoupe). 

    Bref, on se retrouve avec un système réformé de l'administration de l'Etat ET des entreprises, la nouvelle gestion publique n'étant ni plus ni moins que le fameux "new public management", parangon de la révolte des fonctionnaires contre le management, thème d'actualité et là Rapin peut parler. 

    Car la méthode de Bad Harzburg est elle même remise en cause ! Effectivement bien trop tatillonne, et en plus dénoncée comme énoncée par un ancien nazi dans l'allemagne "rote armee fraktion" des années 70 (le chef du pratronat allemand Hans Martin Schleyr, ancien SS (il était jeune à l'époque) est assassiné par eux en 77), elle est remplacée par le très actuel management par objectifs, en fait du même genre.

    Bad Harzburg fait faillite, mais Höhn meurt en 2000, célébré pour son oeuvre. 

    Le succés de Höhn et de l'ordo-libéralisme allemand (magnifique oxymore, typik) fut par contre sur la période, éclatant. En tout cas effectif: des milliers de managers (les grades sont cités en annexe) furent formés et tout cela illustre une "explication" du nazisme : le fait que le nazisme a négocié avec le peuple allemand sa domination et aussi que le pouvoir de l'Allemagne de l'ouest négocia la "délégation de responsabilité" et la cogestion avec la société allemande d'après guerre, cela CONTRE l'est (le combat continua jusqu'à la victoire, il faut le rappeler). 

    Le livre de Chapoutot se situe alors dans un coup de pied de l'âne socialisant qui dénonce en expliquant notre société actuelle. De la même manière que Vuillierme voulait faire du nazisme un miroir de l'occident, Chapoutot veut combattre l'aujourd'hui avec l'explication du passé. Cela bien sur n'enlève rien à ses découvertes proprement historiques et il avait expliqué le coté déprimant de la fréquentation permanente des monceaux de documents nazis qu'il s'est tapé (il est payé pour ça). Il insiste cependant sur la nocivité (hélas non explicitée précisément) du darwinisme social et de la nécessité moderne d'être un "battant". 

    Il est par contre bien, donc, dans la réflexion moderne sur le rôle et la motivation de l'individu au travail, et qui connait des jeunes confrontés à ce monde appréciera l'ampleur et l'actualité du problème. 

    Disons que la question est celle de la liberté, d'abord de nature, puis limitée par l'objet du "contrat", c'est Rousseau, ou de la "communauté" entrepreneuriale c'est ... Hitler ? Il y a bien sur les projets d'autonomie, d'artisanat ou même d'entreprises "personnelles" (ce qui séduit)...

    La conclusion de la recension de Rappin est elle même décevante: il réduit la question à une impossible prise de position entre les responsabilités historiques dans la domination du management, Hitler ou Ford, et l'identification des deux maux l'américain et le nazi, garde un coté gênant et non crédible. Evidemment mettre en avant Staline a aussi des inconvénients, mais on dirait que Chapoutot se fait critiquer de ne donner comme alternative que de mettre en avant Hitler ...  

    Je dirais en bon synthétiseur européen que oui les nazis, et les plus talentueux d'entre eux, Schmitt, Höhn (l'un fut l'élève de l'autre, on a peut être là, malgré leur nazisme daté, quelque chose) furent tout simplement des hommes extraordinaires, liés à l'aventure nazie, mais comme Karajan finalement (qui était loin d'être communiste): ils révélèrent que par delà le naufrage absolu qui a détruit l'Europe, et déshonoré à tout jamais l'Allemagne et la France, une volonté propre, intellectuelle et créatrice, fut possible. 

    Quand au management, c'est une autre histoire, et la question de la dévastation nazie de la planète par le néo-capitalisme est d'abord, on le verra dans le futur proche, le résultat du communisme et de l'action des chinois, dont on rappellera qu'ils sont à l'origine, du fait de leur détestable cuisine à base de pangolin, de notre confinement présent. Pollueurs, contaminateurs: il faut faire quelque chose contre ces salopards de chinetoques !

    (1) https://disqus.com/by/jlvjlv/

    Mes humbles contributions, sur Disqus aussi, sont trouvables mais plus difficilement il faudrait un florilège que je ne livrerai que si on me le demande, c'est à dire jamais. 

    Bon le voilà j'ai trouvé:

    https://disqus.com/home/discussion/miroir-de-loccident/echange_avec_lauteur_45/#comment-1815145876

     

    (2) http://www.actu-philosophia.com/johann-chapoutot-libres-dobeir-le-management-du-nazisme-a-aujourdhui/

     

    La suite

    Chapoutot choqua et le confinement lava tout hélas. Il y a bien un problème. A l'occastion d'un interview bref, certaines bonnes questions sont posées et l'ire anti libérale de popolniette (le djihadisme c'est la foto jeux vidéos) fut stimulée. 

    On comparera donc néolibéralisme et nazisme dans le sens qu'ils auraient la même conception de l'individu atomisé, sur lequel on fait porter la responsabilité. Là Chapoutot évoque le sous officier prussien vociférant, en fait mort d'angoisse de ne pas pouvoir exécuter la mission qu'on lui a donné. On a un niveau intermédiaire, et paradoxalement, c'est cette figure, recyclée dans la légion étrangère qui donne aux unités combattantes allemandes leur extraordinaire efficacité tactique, due précisément à ces hommes là, en fait proches de la troupe, et compétants au delà du possible, les centurions de l'armée romaine !

    C'est au contraire la stratégie allemande qui fut fautive, et la culpabilité que les "managers" nazis voulurent évacuer (en suivant les préceptes managériaux nazis, par objectifs et décentralisés) repose en fait sur les épaules des supérieurs, finalement soumis à Hitler le stratège débile que les alliés ne voulurent pas assassiner, il était trop mauvais. 

    Cet amour "allemand" pour la valeur individuelle au combat est celle des structure ouvrières amoureuses du travail bien fait qui caractérisent les fameux artisans que défendit Marx et qui suscita d'ailleurs la seule révolution prolétarienne allemande réussie, la nationale socialiste ! 

    De fait l'opposition libéral/nazi et communiste/nouvel idéal ardamment recherché par popolniette et les autres a un coté délicieux: la rose caca d'oie effrayée par sa bourgeoise contamination noire, se réfugie dans le rose d'un idéal communautaire. "communautaire" ? Comme l'explique Chapoutot, le nazisme récuse l'Etat et ne croit qu'aux communautés germaines, rendues possibles par la race commune à tous: organisations décentralisées, agences formées par objectifs: bien mieux que le management centralisé ou bien expression du piège de la fausse autonomie? 

    De quoi vaciller. De fait, les nazis furent tout simplement modernes, et leur utilisation du fusil d'assaut ne fait pas de l'armée belge leur successeurs, pas plus que leur viol des polonaises ne dénature toutes les bites du monde... On a donc tout simplement l'utilisation nazie de principes d'organisations efficaces ou de structures performantes et la légion étrangère ne s'y est pas trompée, cela a fait des merveilles, sauf à Dien Bien Phu, mais là encore, comme à Stalingrad, on gaspilla une armée par bêtise. 

    Il y a plus: l'efficacité nazie, pour se manifester, doit pouvoir être soutenu par les constructeurs d'organisations, c'est à dire les hautes classes, au moins un temps visionnaires pour pouvoir se doter de telles structures avant de se lancer dans des grotesques conquêtes du monde racialisées. Ce qui justifie la venue au pouvoir de tels monstres est alors à étudier, et franchement dans certains cas, les choix sont difficiles à faire. C'est d'ailleurs là que le "progressisme" cherche à faire la leçon: mieux vaudrait à tout prix l'éclatante médiocrité démocratique plutôt que son seul contraire, le mal absolu. Mieux: la médiocrité en question est la seule solution et doit être recherchée à tout prix, par principe, elle est la marque du bien. 

    Ma forfanterie dans la comparaison serait qu'au nom de la possible (évidemment, mais cette évidence n'est partagée que par peu) résolution du dilemne par l'établissement d'une autorité généreuse ET efficace, je hurle à la mort contre le progressisme que je pourrais même à l'occasion qualifier d'"enjuivé" avec la plus extrême brutalité symbolique (ah que je voudrais voir ces migrants menés à l'abattoir et non pas gazés mais directement hachés en aliments pour bétail), MAIS au nom de mon mépris pour l'alternative insupportable décrite ici et que je réfute.

    Comprenne qui peut et oui, il faut abattre après les avoir torturés les immondes vieillards qui justifient le suicide de la société confinée au nom de la détestation dévoyées des crimes nazis. Ils n'ont rien compris et la lâcheté pacifiste qui laissa Hitler faire ce qu'il voulut 12 ans est toujours à l'oeuvre. Elle doit être brisée par la violence, c'est tout ce qu'elle mérite, c'est la seule chose qu'on peut prévoir... 

    (1) Popolniette s'interroge : https://tv.marianne.net/rencontres/johann-chapoutot-les-nazis-evoluaient-dans-u

    (2) Rappin recense Chapoutot https://baptisterappin.wordpress.com/2020/03/18/la-modernite-manageriale-nazie/

    Les Grades                    

            

             
    Reichführer Generalfeldmarschall   Himmler  
    Oberst Gruppenführer  Generaloberst  Général d'armée   Amiral

    OberGruppenführer

    General

    Général de corps d'armée Heydrich Vice Amiral d'Escadre
    Gruppenführer GeneralLeutnant Général de division      Vice Amiral
    Brigadeführer General Major  Général de brigade   Contre Amiral
    Oberführer        
             
    StandartenFührer Oberst Colonel  

    Capitaine de Vaisseau

    Cap de Vau

    ObersturmbannFührer Oberstleutnant Lieutenant Colonel   

    Capitaine de Frégate

    Frégaton

    SturmbannFührer sMajor Commandant  

    Capitaine de Corvette

    Corvettard

    HauptsturmFührer Hauptmann Capitaine Barbie,Mengele

    Lieutenant de Vaisseau

    Loufiat

    OberSturmFührer OberLeutnant Lieutenant  

    Enseigne de Vaisseau 1ème classe

    Enseigne

    UnterSturmFührer Leutnant Sous Lieutenant     

    Enseigne de Vaisseau 2ème classe

    Enseigne

             
             
    Sturmscharführer StabsFeldWebel Major   Major
    Hauptscharführer OberFeldWebel Adjudant-chef  

    Maitre Principal

    Cipal

    Oberscharführer FeldWebel Adjudant  

    Premier Maitre

    patron

    Scharführer UnterFeldWebel Sergent-chef  

    Maitre

    patron

    Unterscharführer Unteroffizier Sergent  

    Second Maitre

    chef

    RottenFührer OberGefreiter Caporal-chef  

    Quartier Maitre 1ère classe

    chouf

    Sturmmann Gefreiter Caporal  

    Quartier Maitre 2ème classe

    crabe

     

     

     

     

     

            

  • Les Hérésies

    En ces temps de fièvre, contagieuse qui plus est, considérons les hérésies, assimilées par Tertullien à la fièvre, précisément (1). 

    "Mais voilà ! comme chacun sait que
    la fièvre est un fléau et par sa cause et par ses effets, nous
    l'abhorrons plus que nous n'en sommes étonnés, et nous nous en
    garons dans la mesure du possible, faute de pouvoir l'extirper à
    notre gré. [4] Tandis que devant les hérésies qui apportent la
    mort éternelle et l'ardeur d'un feu autrement redoutable,
    certaines gens préfèrent s'étonner de leurs grands effets au lieu
    de paralyser ces effets en s'y soustrayant : ce qui dépend d'eux."
     
    Il fallait le dire... 
     
    Et tout à l'avenant, la description du rapport à la vérité, de la faillibilité des hommes, de la victoire de l'erreur est haletante, exaltante et surtout, profondément séduisante. 
     
    En particulier le: 
    "Jugeons-nous de la foi d'après les personnes ou des personnes d'après la foi? "
    est assez saisissant et montre une belle agressivité, qui est d'ailleurs celle de Tertullien tout entier et dont la forfanterie affirmative, impérieuse et magnifique me parait enviable et imitable et splendidement appliquée à tout. 
     
    Et quand à la fidélité, la voilà bien décrite: 
    "Ils sont sortis d'entre nous , est-il écrit,
    mais ils ne furent pas des nôtres. S'ils avaient été des nôtres, ils seraient à
    coup sûr demeurés avec nous". Fataliste et philosophique en fait: on reste ce qu'on est, et on est ce qu'on reste, ce qu'on est demeuré... 
     
    Bon en résumé, cette histoire d'Hérésie revient à considérer que la vraie foi est un "précepte", la chose qui désigne, non pas la doctrine secrète qu'"ON" va maintenant vous révéler mais bien la chose qui les déclare toutes non avenues, le contraire exact de la théorie du complot, en quelque sorte... 
    Cette histoire de "prescription" de la vraie foi est le point de Tertullien, son point fixe, focal. 
     
    "Etsi angelus de caelo aliter evangelizaverit citra quam nos, anathema sit" (et quand bien même des anges venus du ciel vous prêcheraient un autre évangile, qu'il soient anathèmes).
     
    Un autre aspect est l'aspect nécessaire des hérésiarques: ils rendent nécessaire les écritures: pour les contrer mais aussi pour qu'ils fabriquent leurs élaborations. Nécessaires mais non souhaitables, et là encore la prodigieuse énergie sarcastique du Tertullien acharné à la vraie vérité fait merveille.  
     

    (1) http://www.patristique.org/sites/patristique.org/IMG/pdf/Prescriptions.pdf

  • Le couillonadovirus

    Rhinolophus affinis.jpeg

    Lire la suite

  • Liberté Egalité Fraternité

    Le bloc des 3 célèbre mots est souvent perçu manière confuse, et en restant bref, il faut clarifier tout ça. 

    On a lu (1) qui articule tout cela avec habileté. 

    Les types familiaux

    On connait les analyses de Todd qui identifient chacun des mots à un type familial, la liberté étant l'individualisme du bassin parisien avec ses familles nucléaires et indépendantes de leur parents; l'égalité à la famille souche, avec ses familles de frères qui se partagent l'héritage à égalité et la fraternité à ses familles communautaires qui restent à la maison et vivent ensemble. 

    Les trois déclinaisons sont trois polarités, trois archétypes et la fusion des trois est un bloc signifiant à la fois équilibré et fragile et dont toute l'histoire tente de s'approprier les pôles tour à tour. 

    En gros, il s'agit de la forme française de l'union des contraires, conceptualisée et claire, et scellée par l'histoire. 

    Elle est par contre datée par la révolution et bien sur niée par la conception éternelle de l'histoire de la France, dont elle ne peut que représenter un stade, ultime ou simplement récent, à moins qu'elle ne soit que la meilleure expression possible de toute cette histoire, et on en est pas loin.

    Penser le contraire c'est sauter dans l'inconnu, et on ne fera pas ici, bien qu'à mon avis l'historie n'étant jamais finie, on ne soit pas à l'abri de surprises dans le futur, et le concept servira de référence, cela par contre est tout à fait sur... 

    La révolution est un bloc 

    De fait le "bloc" que constitue la révolution c'est l'assemblage de ces trois blocs là, tout simplement, et on comprends mieux les choses en les disant. 

    Car l'écartèlement est patent et historique: fondée par la "Liberté" associée à la définition d'une constitution politique et de droits de l'homme décidés et proclamés, la révolution se consuma ensuite dans l'"Egalité" seule capable de maitriser le "vain fantôme" qu'est la liberté (selon Robespierre) par les règles d'une société de partage, puis dans la "Fraternité", les soldats de la Nation en armes étant rassemblés derrière leur général, puis leur empereur.

    A chaque fois un pôle disparaissait, et ces successives et déséquilibrées assemblages de devises perdaient une jambe au point d'en faire un de ces théorèmes structurels dont on peut se complaire: on ne peut jamais avoir les trois en même temps. 

    Affirmer les trois ensemble est donc une proclamation idéelle, un défi à l'impossible, un glorieuse et joyeuse affirmation de l'utopie, magnifique et fascinante, et c'est toute la gloire d'un certain esprit révolutionnaire et de sa synthèse dans la république française moderne que de le proclamer. 

    On parlera ici de la Nation, qu'on peut confondre avec Patrie et dont elle est la forme "active", la Patrie n'étant que race, celle qu'on a à la naissance, l'identité à qui on doit le respect. La Nation engage et permet d'exercer une volonté. Elle se conduit, elle se construit. 

    C'est cette notion, la plus récente des trois qui pose le plus de problèmes et qui constitue une invention moderne mais pourtant mondiale, car elle explique et justifie les mouvements des peuples, dans leurs évolutions historiques, présentes et futures. Elle est ce qui fait l'histoire sous nos yeux et exprime nos volontés. 

    D'abord la Nation c'est la fraternité, exprimée comme sentiment positif d'appartenance à un ensemble qui justifie à la fois solidarité et obéissance. C'est pour cela qu'elle le support du militaire et donc de l'autoritaire justifié par l'efficacité. Elle est aussi le lieu du choix, et de l'arrivée des nouveaux venus qui par serment, se joignent à l'ensemble. C'est en cela qu'elle est aussi le lieu de l'identité révolutionnaire à la fois menaçante et étrangère. 

    La Patrie

    La Patrie, que les naïfs, les ignorants, et les traitres veulent substituer à la Nation, est une autre notion. D'abord elle est ancienne, et d'une certaine manière pourrait bien être ce qui justifie la devise et la contient tout entière. 

    D'abord car elle est ambigüe. Elle peut être la région, le village, voire la famille ou la tribu et cela en fait une forme générique de l'association humaine, qui va jusqu'à la patrie comme celle du roi, rassembleur des pays et des régions, voire des sous royaumes nobiliaires, donc, "père de la patrie". 

    Et puis la patrie, comme mot, se manipule et donc on veut (et on peut, sémantiquement ) l'identifier à l'inéluctable, donc typiquement à ce qui est provisoire et qu'on veut rendre définitif. Car quand on insiste sur quelque chose c'est qu'on a un projet. La "patrie" devient la révolution elle même, et la défendre, c'est la défendre (la patrie, la révolution). Cette volonté d'utiliser le mot et l'énergie qui lui est associée pour autre chose que la simple patrie est typique. 

    Note: on cherche ici à comprendre le sens des mots en suivant ses évolutions, et cherchant ce qui est commun à ses différentes acceptions. Alors que l'analyse historique stricte suit le changement de sens en le considérant définitif à chaque occurrence, et finit par la voir déstructurante, voire déconstructive !

    Un mot n'a qu'un sens et n'a que des interprétations qui s'expliquent par l'histoire, et non pas l'inverse, voilà ce que je crois. 

    La Patrie devient alors le mot qui soutient les nationalismes et les justifie. Elle est ce dont le mot chargé d'énergie va mettre en avant et promouvoir, au point de s'y identifier ce fut le cas à la fin du XIXème quand on combattait pour puis contre l'instauration de la république. Le mot est donc baladeur et fut mis à toutes les sauces, au point que le manipuler encore doit être considéré comme suspect: il est un mot "bloc"... 

    On glosera sur le terme "apatride" identifié au cosmopolitisme et donc au "juif", et plus exactement ce qui est le contraire de la devise: sans loi (donc sans constitution, et sans liberté), sans foi (donc sans société, ni respect de l'égalité foi suprême), et sans nation, sans patrie donc... Manipulation confuse de vocabulaire et absence de clarté, il pourrit le mot de "patrie" et c'est bien le mot de "nation" qui représente vraiment ce qu'on veut dire quand on parle de la chose effective que l'on veut défendre. 

    Au fait, la première nation fut bien la juive, qui identifia peuple et projet (divin) national: l'essence de la nation est bien l'élection le rassemblement sacré des choisis, de ceux qui choisissent, c'est pareil. Conçue contre l'empire, en l'occurrence l'empire germanique auquel le royaume de France n'a JAMAIS appartenu, la nation ou royaume mit les rois juifs nationalistes au fronton de Notre Dame, et il n'y furent enlevés à la révolution que par contre sens: ils y représentaient le "verus israël", la véritable nation, la française. 

    Et c'est  bien "Vive la Nation" qu'on cria à Valmy. Et il ne s'agissait pas d'une sombre lutte ethnique, partisane ou revencharde, mais de la liberté de la patrie, la vraie, la seule. 

    On le répète et il faut le répéter, la fondation de la république française actuelle, en 1872 et qui magnifia la devise, fut une admirable construction idéologique, et qui résolut splendidement le problème de ce siècle. 

    La Nation Allemande

    Le discours de Fichte "à la nation Allemande" en 1808, serait le parangon de l'expression ethnique de la Nation, alors qu'il vient, il faut bien le comprendre, du coté Allemand, celui qui n'a pas de Nation, précisément, et qui vient de réaliser en voyant passer Napoleon, qu'il lui en faut une... En l'occurrence, il s'agit de "résister" à la France de Napoléon comme les germains ont résisté à Rome. 

    Car on décalque la France, royaume en opposition à l'Empire Germanique, dont l'état assimilé au Roi est policier, héréditaire et irrationnel face à l'état de droit électif rationnel, porteur de la spiritualité intrinsèque au social Allemand. Luther en 1520: "A la noblesse chrétienne de la Nation Allemande" (An den Christlichen Adel deutscher Nation).

    Le discours est fait le lendemain de Iéna (la bataille) par un membre de Iéna (l'Université). Fichte est à la fois un aufklärer et un romantique et peut être interprété de toutes les manières possibles. Il tente et c'est tout l'objet du discours, de concilier universalisme et nationalisme. Entre Goethe et Herder. 

    On a lu (2) qui exprime la complexité du discours, qui en expose tous les termes. Il y a des antinomies à dépasser, figurez vous !

    La pire est évidemment universalisme/différentialisme, qui à moi m'a toujours paru se résoudre dans l'universalisme du différentialisme (évident: tout le monde veut être différent, et cela justifie l'égalité et aussi le respect mutuel) , et le caractère différentiateur de l'universalisme (quand on proclame l'universel on se différencie bien sur de tous les chauvinismes). 

    Et puis il y a la langue et la patrie. Le point de vue allemand est que l'un est la marque de l'autre, le germain étant celui qui parle allemand et qui déjà refusa de s'assimiler à l'empire romain. Les deux points, constitutifs de l'identité allemande exprimée sont fondamentaux. Le peuple c'est la langue. "Au peuple Allemand" sur les frontons.

    C'est pour cela que la première caractéristique du discours de Fichte et de vouloir transformer ce peuple en nation, et le faire advenir au monde nouveau. Au passage, le caractère "moderne" du mot nation généralise l'originalité de ce peuple porteur de talents spéciaux, et donc destiné (il a maintenant un destin) à l'apporter à l'humanité. Uber Alles. 

    On retiendra au passage le schème "juif" : première nation au monde, peuple qui fut élu et désigné, le peuple juif est dépositaire d'une loi qui le constitue en nation première, certes, mais que le monde entier peut adopter à la fin. L'interprétation commune d'une telle destinée est bien sur la domination universelle (d'où le protocole des sages de sion etc) mais tout autant "bien sur", il s'agit de l'introduction d'une idée, d'un principe essentiellement réutilisable: chaque peuple peut avoir sa nations et faire "comme les autres". 

    Cette universalisme de la spécificité, cette imitation entre les peuples qui peuvent tous ainsi se doter d'une nation à leur convenance me parait être la conséquence de l'invention du nationalisme et toute l'histoire le montre c'est bien la bonne interprétation. On dit, à raison, et cela depuis longtemps: "LES" nations. 

    On voit ainsi qu'il résout tous les universalismes, par exemple le catholique (bien nommé !). Tous les chrétiens sauf les jésuites veulent vivre dans LEUR nation et en expulser les migrants illégaux. Il n'y a que les antisionistes et les papistes qui veulent voir dans l'universalisme une ridicule et impossible domination mondiale de chapeaux pointus, les uns contre, les autres pour. 

    Car contrairement à ce qu'on croit, le christianisme, né dans l'empire et au départ partisan d'icelui, fut ravagé par sa créature, la barbarie arienne germanique (celle que les germains des lumières prétendit être en fait une régénération). 

    Et bien le schéma s'applique à l'Allemagne. S'est il appliqué à la France ?  

    La fausse distinction

    On a lu aussi (3). En gros depuis science po, la conception "progressiste" de la distinction patrie/nation. 

    Voltaire: "La patrie c'est un sol, là où je suis bien"  

    Romain Gary: "Le patriotisme, c’est d’abord l’amour des siens, le nationalisme, c’est d’abord la haine des autres".

     

    Que de telles aberrations puissent éduquer nos dirigeants actuels, maintenant totalement incapable de gouverner, et dont l'exclusion et la punition sont maintenant indispensables est absolument révoltant. Au point de légitimer ce qui est nécessaire, et inéluctable à terme: l'incendie de leurs palais, le viol de leurs femmes et la pendaison de leurs enfants. Delenda est la république qui chie sur sa devise et son histoire, et qui parce qu'elle n'a pas pu maintenir sa nation face à l'histoire devant le national socialisme, s'est réfugiée dans le socialisme et maintenant abandonne sa nation à n'importe qui.

     

    (1) https://books.openedition.org/pur/16117?lang=fr#text

    (2) http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=1144

    (3) https://www.humanite.fr/non-au-nationalisme-oui-au-patriotisme-613343

  • Les choix

     

    Lire la suite

  • Les vérités

    A propos des vérités comme correspondance et cohérence, mis à part le caractère extraordinairement irritant de la vidéo qui accompagne (1), la prétention à écarter pour toujours Kant et la vérité comme cohérence me parait tout à fait critiquable et je me poserais en partisan résolu, contre Russel, de la vérité cohérence. 

    Kant 

    D'abord Kant! Pour lui, la chose en soi étant inaccessible, la correspondance de la pensée avec elle est bien sur impossible et le problème est réglée. La chose avec laquelle on voudrait se mettre en correspondance est inaccessible et nul jugement ne peut être prononcé à son sujet. Exit le réel réalisant (2).

    Kant définit pourtant la réalité comme conformité de la pensée vraie avec les lois de l'esprit, c'est à dire les lois qui ont présidé à sa formation. Le jugement relie les intuitions et les concepts et la notion de vérité ne s'applique qu'au jugement. 

    D'autre part, les jugement analytiques, a priori et explicatifs ne sont pas susceptible de vérité au sens strict, simplement de non contradiction, de correction.  

    Les jugements synthétiques de perception ne sont pas susceptibles de vérité non plus.
    Les jugements synthétiques d'expérience si: ils peuvent mettre par un jugement la pensée en accord avec un objet lui même construit correctement selon les lois de la pensée. C'est  un jugement objectif. La "normalité" de l'objet, en accord avec les lois, fait et constitue la vérité du jugement. 

    Cet "objet" avec lequel on est en accord de part un jugement est en fait une représentation correcte, normée. 

     

    Vérité correspondance

    Le concept de vérité cohérence est sans cesse critiqué, et la chose est fréquemment décrite comme source de doute sur la réalité des choses exprimée par des scientifiques variés, par l'impossible "unicité" de la théorie. Comme si la possible multiple description des choses était le garant de l'impossible "réalité" des choses. 

    De fait c'est bien le contraire que Kant a décrit: l'unique de la réalité étant inaccessible, la règle est bien la multiplicité des adéquations possibles entre théories et représentations de la réalité. Le réel n'est pas dicible du tout, qu'importe qu'il puisse être dicible de plusieurs manières différentes ?  C'est bien au contraire l'essentiel de ce qu'on en sait, histoires individuelles, préjugés et langues humaines s'affrontant pour obtenir la meilleure, la plus courte et la plus élégante des descriptions. Cela n'obère en rien le réel, lui indubitable et bien sur unique, qui se cache derrière. 

    Poincaré

    On aborde alors le très kantien "réalisme structural", qui fait fi d'une réalité insaisissable, et s'attache aux relations entre les objets qui peuvent survivre aux métaphores différentes des sciences en évolution. Ce réalisme des pensées et des équations qui désigne un existant indépendant "dur" sans que l'on doive prétendre le connaitre intimement est évidemment la bonne conception. La chose est pourtant contestée (3). 

    On parle de réalisme structurel "ontique" quand il n'y a carrément plus d'objets, mais uniquement des relations... En fait il  y a une position modérée qui conserve une notion d'objet, mais réduite à celle de ses relations. 

     

     

     

     

     

     

    (1) https://monsieurphi.com/2018/11/11/la-verite-grain-de-philo-21/

    (2) https://www.persee.fr/doc/phlou_0776-5541_1904_num_11_43_1844

    (3) http://encyclo-philo.fr/realisme-structural-gp/

  • Les péchés originels

    PECHE-ORIGINEL-MYKAIA.jpg

    Lire la suite

  • Les sexes

    A l'occasion des dénonciations variées qui accompagnent les scandales récent, un rapprochement essentiel et qui est l'état de la justice dans les années 60 caractérisé par l'indulgence silencieuse à l'égard du viol des femmes et l'extrême sévérité à l'égard de celui des  petits garçons (2). Toute la "libération sexuelle" qui a suivi (60 années tout de même) a visé dans un premier temps à réduire l'écart, les pétitions pour la liberté homosexuelle se succédant jusqu'à la baisse à 15 ans de la majorité homosexuelle votée en 82, à tort considérée comme la fin de l'interdiction de l'homosexualité en France (l'ignoble Fillon ne l'avait pas voté), les affaires de viol par ailleurs embouteillant les cours de justice (46 % des condamnations en assise pour l'année 2017 (1)). 

    On a bien sur ici un caractère "anti patriarcal" de l'évolution des moeurs, la bite de l'adulte et aussi le cul du petit garçon se devant d'être protégés, quoique bien sur l'accès aux enfants est bien sur aussi celui de celui aux jeunes filles et on en revient à la première pratique, il faut le dire, majoritaire dans les gouts. Les féministoïdes ne s'y trompent pas, d'ailleurs et les deux interdictions sont maintenant clairement associées et défendues (par l'attaque) vigoureusement. 

    Dans le principe, on ne peut évidemment que s'associer à la dénonciation des violences, mais le sujet trop facile à écarter est bien sur hanté par autre chose qui d'une certaine façon n'a rien à y voir, quoique, et c'est tout le débat. 

    A l'occasion de la folie anti Polanski de ces derniers mois, l'affaire Matzneff (Décembre 2019) en étant la suite, on peut donc gloser et il y a ainsi plusieurs sujets. On a traité la question de l'époque, les temps changeant, effectivement, on pourrait traiter celle de la censure, du matriarcat et de la prescription, l'acharnement judiciaire contre de vieux messieurs bien plus de vingt ans après des faits critiquables mais anciens relevant, cela sera mon premier point, de la pathologie. Pathologie purulente et au combien: un ministre ferait examiner la possibilité de l'interdiction de toute réédition des livres du monstre !!! En parlant de prescription, on notera tout de même de manière générale l'incroyable de ce qu'il faut appeler une tendance: la dénonciation trente ans après. 

    Cela avait commencé avec la dénonciation par des actrices embauchées moyennant bouche cul qui une fois leur salaire touché et dépensé considèrent ne l'avoir du qu'à leur mérite intellectuel et moral. Dés l'arrivée de la ménopause frigidaire (elle est pas mal cette là), on se révolte, c'est le moment. On enchaina avec tous les résultats des  (psych)analyses engagées sur le tard pour d'autres raisons poussant des rangés des voitures à se souvenir brusquement de tripotages anciens voire très anciens, en tout cas au delà de toutes les prescriptions. 

    Cela étant dit, le fond demeure et on peut gloser sur le sexe.

    D'abord, celui ci entretient avec la mort un rapport particulier, lié à son individualisation: alors que le moral ou l'intellectuel, associé au contraire à l'éternité et au transmissible sont par essence collectifs ou du moins communicables, le sexe ne transmet que des maladies et se trouve par essence et structurellement promis à la disparition, le bénéficiaire de la jouissance étant le seul à en profiter et même d'ailleurs brièvement, les échos d'un plaisir s'évanouissant toujours un peu avec le temps et sa description littéraire étant impossible.

    On pourrait parler de la musique, comme technique disponible pour transmettre ou encoder des sensations de cet ordre, mais même si l'écoute et la compréhension d'une interprétation musicale peut se ramener à un épisode sexuel, la danse, les larmes et les exclamations enthousiastes en étant comparables, le rapprochement porte plutôt sur les préliminaires, la véritable jouissance restant d'un autre ordre, et radicalement distincte, du moins à mon avis.

    Bien sur, l'appréhension "jouissive" de la musique stimule toute la sensualité et ce n'est pas moi qui rabaisserait ou relativiserait la possible très intense compréhension du son musical que l'on peut éprouver. Néanmoins elle reste par essence partageable, au moins en principe, et porteuse d'une réalité intellectuelle. Cette réalité peut être indescriptible, on y reviendra, mais sa présence, sa survie et sa transmission suffit à la rendre effective. Une réelle réalité, dont par contre la description littéraire est impossible, c'est bien connu. 

    Alors que le caractère solitaire de la jouissance sexuelle reste entier, c'est d'ailleurs sa fonction, la prime à la réplication de soi offerte par la nature se devant d'être rigoureusement individualisée. Le deuxième caractère essentiellement solitaire de la vie, en l'occurence la mort, elle aussi heureusement individualisée par cette même nature, en fait donc, en voilà une deuxième raison, le compagnon littéraire idéal, je veux dire dans l'échec absolu d'icelle à en décrire quoi que ce soit. 

    On s'est donc ici attaché au caractère indescriptible (par des mots ou des images) du sexe, de la mort et de la musique. Il faut savoir qu'il s'agit d'une thèse, et que l'un des fondements pour certains de ce qu'on appelle la littérature est précisément de la dénigrer, de la contredire, voire de l'attaquer. Et bien je voudrais exprimer mon plus profond mépris pour les tenants de cette opposition là, selon moi malsaine, gênante et vulgaire, et surtout absolument vaine, totalement inutile et surtout atrocement chiante. Le personnage de Gabriel Matzneff, que la vidéo(3) montre dans sa vieillesse comme atrocement superficiel et vain illustre cette ambition, menée cinquante ans avec le soutien d'éditeurs prestigieux pour un résultat qui se trouve aujourd'hui vivement contesté, y compris, et il s'en plaint, par des anciennes "victimes" autrefois jeunes amoureuses transies, aujourd'hui rétrospectivement sous emprise et s'en en plaignant.

    Sans vouloir me joindre au lyncheurs, le pauvre vieillard, mélange de Giscard d'Estaing et d'une vieille dame indéterminée à la voix chevrotant l'aigüe, n'attirant pas la haine (et non) mais au contraire la gentillesse méprisante, je proclame cependant, ce qui pourrait lui faire plus mal qu'on ne croit, la totale vacuité de ses idéaux, et le bonheur de ne pas avoir perdu mon temps précieux d'humain à les approcher, les envier ou même les vivre sans parler de les lire, les récits empoulés de viols de petits garçons ayant tendance, mais je ne suis qu'une bête, à me faire chier grave. 

    Car le caractère du monsieur est doublement faux au sens de faux cul et de menteur. La volonté de décrire, d'abord, en prétendant à la littérature; l'incapacité complète de ses romans à clé, (le héros c'est lui) ou des ses "journaux intimes" (le héros c'est lui) à décrire ou à communiquer quoique ce soit d'autre que sa prétention à donner envie de tringler (à qui d'ailleurs ?) comme il le fait en permanence étant manifeste. Il ne parle bien sur pas du tout d'amour ou de sexe, mais simplement de sa personne en position de contrôler les discours ou attitudes en rapport. On peut imaginer un lectorat féminin, l'évocation de ces thèmes donnant envie de passer de l'autre coté du manche, ou un lectorat masculin jaloux, cherchant à puiser des arguments ou des mimiques pour pécho aussi. Bref, rien de très glorieux. 

    Mais il y a autre chose, et c'est sa conception de la vie, et en particulier des rapports avec les objets de sa libido assumée. Décrite comme "perverse" par des critiques et par l'air du temps, je crois qu'il s'agit effectivement de cela: la volonté  de décrire et de vivre, l'assujettissement transgressif de l'objet de ce qu'on appelle amour et qui n'est que vaniteuse haine absolue de ce qu'on prétend aimer et que l'on consomme avec rage.  

    Bien sur excité par la violation de l'interdit à l'égard du jeune, il faudra en parler, la question de la confusion entre décrire et vivre, objet propre du fantasme réalisé, coeur de la perversion, est ainsi présente et reste le principal péché, selon moi. Péché d'autant plus absurde qu'il est artistiquement vain, par définition, toute la culture nous étant par essence communiquée afin de prévenir de cette impossibilité. C'est ainsi que barbe bleue est doublement planté: comme écrivain et comme jouisseur. 

    Car bien sur cette perversion est aussi proprement sexuelle: l'attrait pour le corps "jeune", d'ailleurs parfaitement relatif, étant d'abord volonté de posséder ce qu'on a perdu, ou bien ce que l'autre va perdre, ce qui est encore mieux, l'essentiel étant de le soustraire à quelqu'un, par exemple un rival qu'on est aussi en capacité de tringler aussi d'ailleurs. Pour cela il faut naturellement de la santé, et quand on en est doté, en plus de la beauté et des attitudes propres à séduire, et bien cela facilite les choses et bien sur les rend possibles, il n'y a plus qu'à s'y livrer. 

    La très grande solitude qu'évoque tout cela peut paraitre émouvante, et cela est sans doute le sentiment littéraire qui en découle sans doute, à part que l'évocation me laisse de marbre, je la trouve chiante et triste, en tout cas sans grand intérêt. 

    Bien sur il y a les jeunes filles que le gars m'aurait volé: de toutes façon interdites à l'époque, il ne m'a pas volé grand chose même s'il pense avoir pu sodomiser de belles âmes; et quoique cela ne soit pas certain, après tout:  les âmes en question ont elles été si belles que cela, avant et après le traitement qu'il leur a fait subir ?  En tout cas, ayant approché à au moins deux reprises ce qu'on appelle des "jeunes filles" sans avoir rien fait de ce qu'il décrit et en avoir gardé toutefois un souvenir ému et grandiose, je pense qu'en fait il s'est tapé des thons, ce qui arrive à tout le monde.

    Car la "jeune fille" a plusieurs aspects. Un grand nombre d'entre elles sont affreuses, très bêtes, etc. Certaines par contre sont aventureuses et quand en bonne santé particulièrement aptes au sexuel le plus débridé, cela du fait de la nature, tout simplement: l'attirance qu'elles suscitent est exclusivement biologique et destinée à les faire mettre enceinte le plus vite possible, idéal de la capacité reproductive oblige, les contraceptifs et autres retardateurs n'étant que de désastreux instruments de l'utilisation sub optimale de leurs merveilleux organes, dont le vieillissement inéluctable et inévitable n'entrainera que raideurs et douleurs au lieu de souplesses et joies.  Vouloir en jouir tant qu'il en est encore temps est donc naturel mais a des inconvénients: trop exclusivement attachée au sexe, la jeune fille ne se cultivera pas suffisamment et ne soignera que négligemment ses rejetons et ses amants futurs, voilà le problème. Et puis trop précocement abandonnée, elle perdra confiance en elle et deviendra méchante, voire pire: féministe. 

    Voilà le triste sort des jeunes filles, qui plus est besognées la plupart du temps par moins délicat que les écrivains bragards, leur condisciples caïds des cours d'école, trop natures pour être pervers, mais tout aussi négligents. D'où le terrible féminisme, qui entend se venger de tout cela. 

    Et puis il y a l'amour et le rapport sexuel. Variante de l'impossibilité de la description artistique dont on parlait tout à l'heure, je crois aussi qu'elle est impossibilité tout court, la deuxième transmission de l'esthétique en général, et y compris l'esthétique musicale, étant précisément la proclamation artistique de cette impossibilité. 

    Le "il n'y a pas de rapport sexuel" proclamé par tous les romanciers et tous les psychiatres est bien sur nié par tous les pornographes et tous les sexologues, mais cela ne change rien: le thème est bien là, et reste convainquant; la sagesse de ses tenants incluant en plus et d'autre part l'amour de la liberté (de soi et des autres). Il n'est pas lié à la perversion, il faut bien le comprendre, même si c'est d'ailleurs l'un des objets de la perversion, et de la perversion moderne, que de vouloir le transgresser, d'y jouer ou de prétendre l'avoir fait.

    Comme on l'a dit essentiellement solitaire, le sexuel ne peut être transcendé en principe par rien, ce qui fait d'ailleurs sa valeur brute. On peut trouver à cette limitation un coté pitoyable ou sympathique, et être charitable à l'occasion mais cela n'y change pas grand chose. Les prétentions à autre chose sont pitoyables et soumises au dédain évident que l'arbitraire décide en toute solitude avec ses propres sécrétions: les vouloir dépasser au nom d'une illusion qui évidemment ne peut se manifester que par la violence est criminel, à un degré ou à un autre et cela des deux cotés du manche. 

    Parlons d'amour dans ce contexte: charité charitable essentiellement et souvent tout de même échange à part que ce n'est jamais bien sur la même chose qui circule dans les deux directions, mais là on en revient au point précédent. La sentimentalité supérieure qui peut pourra ou pourrait s'exprimer ne devra rien au chimique et à l'excitation mais tout à autre chose, l'habitude jouant un rôle essentiel, le même que celui qui enfant nous liait à nos origines physiques immédiates. Peut on remonter encore plus haut? Sans doute, tout sera toujours possible, mais on se devra alors d'élaborer un peu voire communiquer au delà des sincérités convenues, qui bien sur peuvent à l'occasion se transformer en haine à une vitesse folle... Cela empêche-t-il les arrangements pacifiés et l'humaine lutte contre contre la solitude, qui peuvent aboutir à de vraies tendresses et à de vraies loyautés, voire plus ? Sans doute pas, tout est possible. 

    Par contre, les comportements de soumission, même s'ils sont partiellement chimiques, n'en restent pas moins éthiques pour ceux qui en profitent et utiliser la terreur silencieuse reste une violence. Quand cela ne gâche pas le plaisir mais au contraire l'accroit, et bien on peut dire qu'il y a un problème, un petit. Entre les deux il y a tout le reste et cela est compliqué, certains supportent certaines violences voire y trouvent un certain gout, et les adultes font ce qu'ils veulent: la sagesse de la limitation des concepts encourage toutes les conceptions de la liberté. 

    La codification des pratiques est une tentation de l'incroyable frénésie féministoïdale de notre temps. Il faut réaliser qu'elle n'est que le pendant de la connerie masculiniste dont un Matzneff est un (vieux) représentant et qui doit être moqué et méprisé avec le même esprit. Car le sexuel féminin, moins bavard, mais tout aussi avide en fait, a le droit d'exister et d'ailleurs existe. il n'en est pas moins haïssable d'ailleurs dans ses formes pourries et se trouve d'ailleurs tout autant utilisé par les prédateurs que son symétrique, le prédateur étant d'ailleurs là une prédatrice, pas moins avide de chair fraiche et de domination spirituelle et physique que ses pendants (...) genrés autrement. 

    Au passage, la féminisation de bien des métiers devrait entrainer les mêmes problèmes que précédemment et le sexuel féminin dominateur se manifeste, avec les mêmes rejets et mises à l'écart de soi même qu'on observait du temps des hommes. Ce serait par exemple la cause de la désaffection pour le savoir des jeunes garçons (parait-il), qui ne trouvent pas d'identification pour leur agressivité hormonale naturelle auprès de maitresses trop sourcilleuses. Le "nique ta mère" vient de là, quand la voilée se met à parler d'autorité, en l'absence d'icelle. 

    C'est ce genre de lascar qui peuvent à l'occasion vendre leur cul à de gras et vieillissants hommes de lettre cultivés pour qu'il se les enfilent pourvu que le bordel soit à l'étranger, le gredin restant sous contrôle et sa haine maitrisé par une autorité non paternelle extérieure et il y en a à revendre. On admirera à distance la hauteur de vue et la nécessité humaine et littéraire de ces homosexualités là (5). 

    Le très révéré Gide de la génération de mon père avait dans le genre bien servi la modernité, et mépriser hautement son communisme et sa pédérastie reste un crime, je ne parle pas d'Aragon, l'ignoble vieille folle tarée dont je conchie avec Céline la totalité des déjections. 

    Car il y a aussi la pédophilie... Ouvertement soutenue en public, décrite sans honte par des personnages connus et dans ses détails (Matzneff semble bien avoir décrit des ébats avec des enfants de dix ans, comme on dit (n<10)), qui sans doute et au bénéfice du doute, fantasmés par lui, mais cela ne change pas grand chose à la nature et à l'intérêt de ses fantasmes, ont accompagné la "libération" de l'homosexualité, en l'occurence de la séduction (la philopédia) de garçons jeunes voire très jeunes pour certains. On cherchera les excuses, l'époque et le petit nombre des vrais pédophiles, mais Matzneff semble bien en avoir été un, son gout pour les jeunes filles, un peu plus tardif, ressemblant à une pénitence que son gout religieux pour "le christ" et ce qui s'en rapproche ayant du le stimuler, on ne sait jamais, l'amour a ses lois et leurs applications deviennent plus sévères avec le temps. 

    Comme de bien entendu, et ils s'en défendent, toutes les pédophilies ne sont pas strictement violentes et celles qui furent tolérées (ou plutôt pas poursuivies comme les vieux réacs cul serrés traités partout de fascistes voulaient le faire dans ces années là, paix à leurs âmes à eux) demandèrent sans doute de la participation à certains caractères enfantins un peu vicelards, bien que cela ne soit pas une raison. C'est la ligne de défense, au demeurant fragile, du vieux salopard. J'avoue avoir semblé voir ça au premier rang de certaines cantates chantées par des enfants dont certains étaient un peu cabotins, mais rien qui ne me poussa à les attendre à la sortie. 

    Tout ce que j'ai exposé avant aggrave son cas, et sa vieillesse sera malheureuse, on veut le renvoyer de son logement social. Manifestement incapable de se suicider à la romaine, comme il le conseilla à Montherlant, il faut donc le protéger comme la vieille épave qu'il est. J'ai toujours été étonné par l'incapacité, comme dans les mangas, des victimes de ce genre de crime à se venger plus tard en allant écorcher les bourreaux de leur enfance. Mais Dumas, ce n'est pas de la littérature, et peut être que les petits vicelards séduits sont en fait passés de l'autre coté, car il parait que ça se transmet, comme le gout pour la littérature. 

    (1) http://www.justice.gouv.fr/art_pix/Stat_Les_condamnations_2017.pdf

    (2) https://www.20minutes.fr/societe/2684023-20191229-affaire-gabriel-matzneff-autre-epoque-argument-passe-mal

    (3) Interview surréaliste du vieux Matzneff  https://www.youtube.com/watch?v=tJGjKKJtXpc

    (4) http://leoscheer.com/blog/?2010/10/10/1409-l-amour-selon-matzneff-entretien-avec-franck-delorieux

    (5) la pédophilie, histoire: https://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2003-1-page-31.htm#pa25

  • Les corans

    eiil-etat-islamique-en-irak-et-au-levant-drapeau-860x573.jpg

    Lire la suite

  • Les 19èmes siècles

    philippe-muray-genial-et-inac.jpg

    Lire la suite

  • Les balances

    Pacioli.jpg

    Lire la suite

  • Les consciences illusionnistes

    On n'en finira jamais avec le problème de la conscience. On avait vu (1) , mais aussi par la suite (2) avec en exergue, le merveilleux entretien cité par (3).

    En gros, il y a un "méta" problème de la conscience: comment se fait il qu'on parle de cette question ? 

    Foin de distinctions, soit elle existe, soit non. Les "illusionnistes" sont persuadés que non, et qu'elle "est une illusion". A ce point je diverge. Une illusion, c'est quelque chose, et son apparence doit s'expliquer et se décrire. Par conséquent, cette théorie est en fait, à mon point de vue, réaliste et s'inscrit dans le fonctionnalisme, même si elle a des aspects particulièrement redoutables. 

    Pourtant, il y a un argument très fort en faveur de cette illusion: si on était capable de la décrire et aussi de décrire pourquoi nous la subissons, et cela sans faire usage de la conscience elle même, et bien celle ci est inutile conceptuellement. C'est le "debunking" argument de Chalmers.  Par contre, Chalmers est un réaliste et son argument lui permet d'introduire la conscience, précisément, au centre de son explication des croyances. La croyance en la conscience devient première... 

    D'abord, elle (la conception illusionniste)  permet une identification moderniste au robot et à l'animal: ce qui s'explique fonctionnellement est donc partagé en principe et tout le monde a des droits. Car pour éviter le caractère "méchant" de l'illusionnisme (on peut donc torturer, y a rien derrière...) c'est le sentiment illusoire qu'il convient de révérer et là on se trouve dans une forme étendue de la démocratie moderne: le sentiment de douleur reste absolument subjectif. Particulièrement vicieuse, l'absence de responsabilité apparente se transforme en son contraire, d'autant plus réel qu'il est illusoire, et donc à préserver à toute force, au prix de la soumission au n'importe quoi. 

    Et puis, cette histoire de douleur me parait un peu bêtement juvénile. La douleur et le fait qu'on l'éprouve est une altération de son système global, et perturbe l'appréciation du temps, qui se trouve consacré à la perception et à la conscience de la douleur. La douleur c'est le mal pour un système, et cela ne peut être relativisée au nom de la présence d'une conscience ou non. 

    C'est un peu la même chose pour ce qui concerne l'inversion des couleurs, autre fiction "philosophique": la couleur n'est pas neutre et se trouve liée à des phénomènes physiques complexes, qui mettent la perception en jeu en bout de chaine. Mais le vert et le rouge ne sont pas à la même position dans l'arc en ciel pour des raisons profondes et la chimie de la perception n'est pas une illusion, mais une adaptation avec un partage de lois physiques universelles. D'une certaine manière, je crois qu'on "touche" l'arc en ciel en fait... 

    C'est pour cela que je trouve l'argument de "mary" (physicienne aveugle qui cesse de l'être et qui voit la couleur rouge pour la première fois) particulièrement débile: du fait que tout son savoir est incapable de décrire "ce que ça fait" de voir du rouge, on en déduit qu'il (le "ceuhksafé") n'est pas physique... C'est le fameux argument dit "de la connaissance". 

    Ainsi le sentiment de la douleur est objectif et lui accorder le subjectif absolu tout comme la conscience de soi c'est d'une part mélanger les choses, et d'autre part donner des droits aux electro-sensibles. L'expression des préférences est dévoyée par le droit c'est bien connu: cela d'autant plus qu'une réalité théorique lui est donnée. Alors que le mélange est un dévoiement: la douleur n'est pas "soi", ou du moins ne peut s'identifier avec l'essence du soi, dans la mesure ou elle est un "mal" qui concerne tout le système vivant autour du soi. 

    Pourtant philosophiquement, la chose était claire: le sentiment des choses depuis l'intérieur doit naturellement utiliser les organes de la perception et l'intérieur est chosifié, et perceptible, c'est la catégorisation de l'imagination et mon Kant décrit tout cela très bien. Pourtant, la perception de la conscience de soi, c'est autre chose et l'on passe à l'illusion du sujet, chose excitante et redoutable. C'est là que la perception de la douleur, ou bien tout autre perception se concentre: dans le "ce que ça fait" que de percevoir la chose, en gros l'entité ou se focalise cette perception que l'on qualifie de "consciente". 

     

    Les arguments de Chalmers

    D'abord ce n'est pas une perception, même si cela est similaire à une perception: c'est un "effet". Et la question est de savoir si cet effet a une réalité ou non. 

    Chalmers tente d'introduire le "méta" problème de ces considérations en considérant non seulement la conscience elle même, mais la conscience de la conscience, ou la considération de son existence et tente de lier la conscience et la méta conscience. 

    Au niveau du débunking d'abord: si on oublie la métaconscience, une explication de la conscience qui ne la mentionne pas la supprime par définition: elle se trouve inutile. 

    Au niveau du réalisme d'autre part: il n'y a pas d'explication qui vaille de la chose qui ne doive considérer aussi l'utilité ou la manifeste présence de la question: pourquoi est elle aussi difficile ? 

    On se retrouve alors dans une critique a priori de la possibilité logique de l'illusionnisme, que l'on cherche à contraindre de manière exagérée pour mieux le détruire. 

    Mais partons du point de départ: comme réflexion "primitive" l'expérience de la conscience de soi, ou conscience "phénoménale" semble, ou plutôt "est" indubitablement non matérielle. 

    Les arguments sont multiples, l'un d'entre eux est l'absence de nécessité de cette expérience et donc son caractère "primitif", non causé mais cause au contraire.

    Et de plus, l'argument dit de l'"explication" enfonce le clou: comme une explication physique ne fait intervenir que des aspects physiques, elle ne peut, par définition, rendre compte de ce qui n'est pas physique (le phénoménal). Elle est donc incomplète. 

    Et puis il y a l'argument de la concevabilité ou "du Zombie". L'idée est que comme on peut concevoir un être identique à nous, mais sans conscience (le zombie) ALORS la conscience est non physique. 

    Et pi alors

    Tout en partageant la fascination philosophique pour la déduction supra (meta?) physiques issue de simples tripatouillages du langage et de ses argumentations, j'avoue rester profondément incrédule, et les preuves ontologiques de l'existence d'entités me semble à jamais vaines, Chalmers et Nagel compris. 

    Nous avons là des approches langagières de l'objet G, somme toutes assez classiques et qui ne font pas assez justice il me semble du caractère fonctionnel des logiciels s'activant dans nos ordinateurs de cerveaux.

    Le mot "fonctionnel" d'ailleurs m'a toujours paru un peu réducteur. Comme si un manque de culture de la programmation était à l'oeuvre: le calcul programmé, écrit, acquiert une autonomie du fait du respect des règles qu'on lui impose et qu'il suit sans relâche, en plus ce celles, elles non crées, de la logique formelle et des mathématiques (il n'est pas question qu'il s'en autonomise, de celles là). Cette autonomie est bien physique, car l'encodage des structures faites par le programmeur n'induit AUCUNE correspondance physique entre l'encodé et le codé, sinon la simulation, pas toujours adroite, de certains comportements, eux mêmes supposés, de l'encodé. 

    Le dérapage est tout le temps possible. Bien sur c'est là que les chtarbés situent la fameuse bifurcation, mais je parle surtout du non intentionnel (rapporté au concepteur du programme), de la faute, du bug, qui peut très bien ne pas être destructeur tout le temps et induire des comportement déviants quoiqu'en équilibre et c'est toute la question: une structure encodée (l'ADN en est une) ne pourrait elle pas -au bout d'un certain temps- s'équilibrer dans une ou des consciences ? 

    Cette histoire de l'erreur est d'ailleurs à la mode: on distingue en programmation deux sortes de résultats à un calcul: le résultat proprement dit et une erreur possible qu'on suppose distincte. L'erreur "fatale" qui se traduit par la destruction du système et son arrêt brutal n'est pas considérée bien sur. La prise en compte de l'erreur comme résultat alternatif du programme ouvrant le possible déploiement d'autres programmes est un surcroit de puissance à l'expression des encodages et semble résoudre le paradoxe de la machine "robotisée" simplement capable de faire des additions, toujours les mêmes. Les erreurs de transcription de l'ADN ne tuent pas toujours, bien au contraire, elles donnent naissance aux espèces... 

    C'est pour cela que bien que réluctant à la grande bifurcation, que je crois impossible en fait, je crois la conscience formée d'un logiciel très complexe, qui stocke de manière finie une représentation improbable de son héritage historique, une configuration des ses flux internes, obtenue de trois manières: par disposition génétique d'une part, il faut bien un socle qui l'autorise, par épigénétisme d'autre part, la configuration de l'embryon en croissance étant sélectionnée par des mécanismes biologiques stables issus de l'organisme maternel et transmis directement. Tout se passe comme si une mémoire de l'organisation biologique était transmise sous forme d'une aptitude statistique à exprimer un type de comportement. Cette capacité à transmettre trouve enfin une forme encore plus sophistiquée dans le troisième étage, l'étage affectif et social qui lui même est un "monde" complet en équilibre de transmission autonome. 

    Nulle possibilité de conscience sans interactions entre ces trois étages, ce qui fait de cette organisation quelque chose de non modélisable symboliquement ou même physiquement, car régi par des mécanismes temporels stabilisés pendant toute l'histoire de l'évolution, la lente transformation physico chimique qui a conduit aux systèmes dont nous parlons. La simuler ou la réaliser à nouveau pourrait imposer la simulation de l'ensemble du processus évolutif qui y a conduit et qui s'y trouve représenté. 

    Si pour une raison ou une autre, la solution obtenue est unique d'un point de vue organisationnel, situation qui pourrait, c'est vrai, être infirmé par la rencontre avec une autre espèce "intelligente", et bien nous nous retrouverions dans une situation "noire", condamnés pour toujours à ne jamais maitriser la chose.

    Une telle situation se retrouve en astrophysique avec un monde spatio temporellement trop vaste pour être exploré ou décrit dans les limites de notre existence évolutive. A noter que la question de l'"autre espèce" est ainsi liée à cette question, un espace trop grand annulant la probabilité de rencontre et consacrant donc notre solitude. 

    C'est le mérite des recherches métaphysiques, et méta mathématiques, que de viser à démontrer ces impossibilités, ce qui pallie le coté dépressif de toutes ces impuissances, en les transformant en victoires ! 

    C'est pour cela que contrairement aux progressistes, qui veulent "finir" le monde en faisant une pure machine, je serai toujours dans le camp des baroques, ceux qui pensent le monde comme absolument infini, et donc infiniment disponible pour toutes les solitudes, ce qu'on vient de voir, mais aussi pour toutes les aventures. Cette attitude n'engage en rien à une quelconque croyance, Dieu lui même étant un concept trop étroit pour l'immensité du monde présent et à venir, sur lequel nous nous dressons et qui reste ouvert à nous. Amen. 

     

    (1) http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2018/06/09/les-consciences-6058213.html

    (2) http://www.francoisloth.com/le-metaprobleme-de-la-conscience/

    (3) http://www.francoisloth.com/le-mirage-de-lillusion-une-derive-scientiste-au-sujet-de-la-conscience/

    (4) Thèse sur Chalmers:  https://archipel.uqam.ca/11297/1/M15482.pdf

  • Le sabre de El Hadj Omar

    773x435_cmsv2_52ccadab-f7ad-5ab7-9e4c-fe7a4cc8c0a1-3902070.jpg

    Lire la suite

  • Les SU

    flanker.jpg

    Lire la suite

  • Les Attali

    attali.jpg

    Lire la suite