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Les hermétismes

Télécharger fichier imprimante 3D gratuit Caducée ・ Cults

On a lu Eco et ses descriptions de la "sémiosis hermétique". 

D'abord la sémiosis c'est un processus  celui de la génération de la signification à travers l'établissement de relations entre signe et signifié. Il y a plusieurs manières de le faire et c'est toute la question. 

Hermes

Ensuite le 2ème siècle après l'Ere commune... Dans un empire absolument souverain à son apogée, tout est aboli des identités distinctes et tout devient dans tout. L'identité et la non-contradiction s'abolissent, Hermes le dieu ambigü apparait, à la fois jeune et vieux , le dieu des voleurs, le père d'Hermaphrodite et de Pan. 

Son bâton magique, le caducée, a deux serpents et deux ailes. Il n'est pas du tout le bâton d'Aesclépios avec un seul serpent et pas d'ailes et qui fut récupéré par les médecins ou en plus, avec la coupe d'Hygie, par les pharmaciens... 

Le mot "caducée" est donc polysémique... 

L'hermétisme est redécouvert à la renaissance pour abattre le rationalisme scolastique. Il est l'introduction en Occident de l'"analogisme" de Descola, et précède et permet le "naturalisme" scientifique. 

Sa liaison avec l'apparition de la science s'explique par les deux grandes découvertes de son introduction: l'existence indéfinie de nouveaux rapports et relations entre les choses, et la possibilité indéfinie d'agir sur la nature. 

Cette explosion de l'ordre rationnel finalement inerte conduit aux découvertes indéfinies et permanentes et donc à la maitrise indéfinie de la nature à découvrir, donc à la modernité scientifique. Par contre, son principe d'exploration lié à la comparaison de qualités est incompatible avec la découverte du quantitatif, qui lui fonde vraiment son pire ennemi, le rationalisme moderne. L'hermétisme comme pré-science devient alors l'occultisme et passe sous le tapis, tout en continuant par son dynamisme à inspirer art et philosophie jusqu'à l'époque moderne. 

Il inspira tout le XIXème siècle (décrit "à travers les âges" par Philippe Muray) et se trouve présent, toujours là... 

Le Mode de Pensée

Quel est ce mode de pensée et d'élaboration des significations ? 

Tout d'abord, on part dans l'antiquité du rationalisme grec, platonicien, établi dans un cosmos harmonieux et défini, connu par ses causes univoques et éternelles. 

Tout part du concept de la création du monde et donc du fameux "démiurge" , exécutant maladroit qui crée un monde erroné qui cache la vérité, dissimulée derrière des formes indéfiniment multiples et changeantes. Androgynie, mélancolie, incompatibilité avec le monde, existence comme mal sont les conceptions qui en dérivent, avec bien sur la possible ré-identification avec le vrai Dieu, inconnu, dont une goutte s'est diluée dans le malheur du monde, et dont la captation donne accès à la surhumanité par la connaissance, la Gnose. 

On retrouve le gnostique partout, dans toutes (toutes?) les manifestations étranges de la culture humaine... Du romantisme à Heidegger bien sûr, on trouve la gnose, qui inspire tous les complotismes, toutes les obsessions racistes et toutes les folies irrationnelles qui agitent en permanence toutes les époques, dont et au combien, la nôtre. 

Eco cite longuement Popper, qui donna une description détaillée du complotisme comme mal de la civilisation et pathologie du politique.

 

Derrida

Puis il explique le point de vue de Derrida, en termes fleuris et suprêmement ironiques comme celui de l'Elu gnostique niant le sens du texte, sachant que le langage pense à la place de l'auteur, que chaque ligne d'un texte cache un secret, et pour finir Eco affirme le splendide: " la sémiotique est un complot de ceux qui veulent nous faire croire que le langage sert à la communication de la pensée". 

C'est la fameuse métaphysique de la "ressemblance", permettant le renvoi infini de toute signification à une autre, marque de la conception "analogique" du monde. 

Au sujet des théories de l'interprétation et de la modélisation théorique d'un texte en train d'être lu, Eco est bien sur plutôt disert, et ses citations piquantes, par exemple le "un texte est un pique nique ou l'auteur amène les mots et le lecteur le sens" (Lichtenberg). 

Eco là dézingue la déconstruction en expert du sujet, la "déconstruction" n'étant qu'une interprétation par ailleurs théorisée, et justement le sémillant Italien est un théoricien d'icelles.

Toute la question est celle du réel et de la présence (ou pas) de quelque chose derrière le sens des mots. Eco produit une confrontation entre Peirce et Derrida. La question est celle de la "sémiosis illimitée" comme caractéristique fondamentale et essentielle de la signification. Les signes pourraient ne renvoyer qu'à d'autres signes à l'infini, et le texte, en fait n'est qu'une absence (le contraire de présence): absence de l'émetteur, du destinataire supposé ou effectif, et du référent. 

D'autre part, un texte peut être "cité" et donc se trouver projeté dans n'importe quel contexte, et cela sans limites.

Produit à un moment inconnu, par un auteur dont on ne peut interroger l'intention, et abandonné à la dérive historique des lectures successives, le "representamen" devient indépendant et peut s'activer suivant des lois complètement indépendantes de sa production. 

Comment limiter alors l'interprétation ? 

Peirce, tout en accordant l'illimité du renvoi possible de sens en sens, conçoit et décrit une référence à un but, un "objet dynamique", qui s'il n'est pas présent "a été". On a là donc une forme de réalisme de la signification, et qui ruine donc l'ambition ultime de la déconstruction: il y a bien un interprétant final, un effet pratique, une "habitude" commune, une forme d'intersubjectivité, qui va au-delà du sentiment individuel et de la dérive infinie. 

On a donc bien absence du fameux "sujet transcendantal", la chose avant la lecture, l'intuition la chose soi-disant "présente", que Peirce rejette comme tel mais qu'il postule comme "but", et c'est cela le pragmatisme... 

De fait, on a bien le faillibilisme (la réfutation poperienne, pour faire court) comme garant d'une stabilité réaliste à un processus de vérités provisoires. 

 

 

 

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