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  • Les De Gaulle

    À l'occasion d'un biopic dont la dernière partie, je l'avoue, m'a ému(1) , j'ai envie de parler de De Gaulle. 

    D'abord, le rôle de Malraux, tenu par un Francis Huster grimaçant est sans doute la chose qui rendit le téléfilm vraisemblable, la nature des relations entre le faussaire délirant et le grand homme m'aillant toujours étonnée. C'était peut-être ça le vrai sujet d'une grande oeuvre. Ma théorie: la très mignonne et en fait séduisante Yvonne de Gaulle qui fut jouée là fut peut-être celle qui autorisa cette seule grande amitié, le personnage de comédie baroque étant une sorte d'amant symbolique... En tout cas, rendre ces choses théâtrales est le seul moyen à mon avis d'approcher l'impensable et mystérieuse chose nommée "grandeur" qui fut tutoyée en France pour la dernière fois à cette occasion. 

    Cet intermède artistique mis à part, on notera qu'à part via Malraux, et encore, c'était un voleur de statues, De Gaulle fut privé de toute vraie représentation de sa gloire, à l'exception de son écriture à lui, et encore, son grand style était daté comme il le devait à son personnage. Il ne construisit rien, à part la France, et on se sait s'il eut vraiment du gout pour le "te deum" de Charpentier qui n'était qu'un hymne européen...

    Grand et maladroit, tout sauf un beau cavalier, une grande partie de sa dignité permanente est liée à son invraisemblable laideur, à la hauteur de celle de Malraux, d'ailleurs. Peu chaleureux, avec une poignée de main "gluante" à qui il doit tous ses nombreux ennemis, il ne fut vraiment révéré que par les gens simples, toute l'élite française sans exceptions éprouvant à son égard une répugnance absolue. Trahi autant de fois qu'il put faire honte à ces gens en sauvant le pays malgré eux, il est un personnage surnaturel, typique (j'ai bien le mot tel que je l'utilise ici) de ces invraisemblables envoyés divins incroyables qui agrémentent l'histoire de France.

    Il est l'absolu exemple du chef militaire absolu à la limite de la sainteté, un personnage moyenâgeux (c'est mon point), que l'on doit comparer à Jeanne d'Arc, mais aussi, c'est aussi mon point, à Duguesclin qui 50 ans avant Jeanne d'Arc reconquiert entièrement la France pour le grand roi que fut Charles V, qui meurt avec lui en 1380, alors que s'initie l'un des plus affreux abaissements que la France ait connus et qui ne put être surmonté qu'avec Jeanne d'Arc en 1429... 

    La concordance des dates avec les nôtres illustre le fait qu'il est un niveau d'histoire entre la grande durée et le récit des batailles: le géopolitique séculaire qui doit décrire les guerres de cent ans, les croisades mais aussi les colonisations et les destructions de l'Europe. Duguesclin et De Gaulle furent des héros de ces périodes-là, vainqueurs infatigables de multiples batailles et de multiples trahisons pendant des années. Jeanne d'Arc, elle, ne fut là qu'une seule année, c'est dire la différence. Pour tout dire, on l'attend. 

    Un "Connétable de France" et la devise de Duguesclin, "Le courage donne ce que la beauté refuse" illustre tout mon jugement sur l'homme, qui ne s'est consacré qu'à la guerre, qu'il a mené partout et tout le temps. Un militaire, dans l'âme, et dans l'histoire, auteur de fabuleux coups d'épées, dans un monde qui de toute façon était appelé à disparaitre dans la honte et le désespoir, quitte à en sortir à nouveau plus tard, mais dans d'autres circonstances et avec d'autres personnages. Ce niveau-là de l'histoire, le seul vraiment philosophique car moral c'est-à-dire absolument cynique et désespérant, est à la hauteur de ce qu'est la mort à la guerre: lamentablement héroïque. 

    L'invraisemblable "fuite" à Baden Baden en plein désordre national est un chef-d'œuvre de film d'aventure: qu'un homme de 78 ans puisse se livrer à ce genre d'exploit montre bien l'incroyable capacité proprement "militaire" de l'homme, capable de semer le doute sur ces intentions, de méduser ses amis, ennemis et membres de sa famille (Yvonne exceptée), et de faire retraite à bon escient pour mieux revenir par l'arrière et en fin de compte, par vaincre. L'action fut-elle cependant vraiment décisive ? On peut se poser la question, la décision de dissoudre l'assemblée, qui elle termina l'affaire, fut en fait argumentée par Pompidou, par ailleurs trop arrangeant au début des désordres... Disons que cela fut héroïque encore une fois de sa part, le reste, Pompidou y compris d'ailleurs, n'étant que notre désespérant destin actuel, les sinistres magouilles effrayées organisées par le jeune Chirac avec la CGT n'étant que l'initiation de la grande corruption sociale qui pour finir ruina le pays. Tout se déroule au niveau dont je parle, donc. 

    Le vieux De Gaulle se suicida alors politiquement, les chimères de la participation (pourtant loin d'être bête, la chose l'était en tout cas infiniment moins que l'affreux socialisme corrompu qui finalement nous a affligé) et de la régionalisation (finalement reprise pour notre malheur territorial par la grande corruption féodale) ne pouvant fonctionner. Disons qu'il fut impressionné par le décalage qu'il sentit avec les petits jeunes.

    Au passage, on notera que l'incroyable lâcheté des élites gaullistes de l'époque s'explique largement par le fait que leurs propres enfants étant sur les barricades, on ne pouvait leur tirer dessus comme il aurait fallu. Ces mauvaises éducations, trop bourgeoises et laxistes nous auront donc couté très cher au final. Quant à l'élitisme républicain que nous regrettons tous, ce n'est pas celui de cette époque pourtant d'avant les réformes: il avait produit le woke des années 60, l'échevelé marxisme gauchiste déconstructeur qui initia la grande décadence. Pas de quoi en être fier. Pour ce qui concerne l'école de guerre des années 30, vous repasserez aussi. etc etc. 

    La seule manifestation à laquelle j'ai participé est la procession sur les champs Élysées qui remonta en silence vers l'arc de triomphe un soir de novembre. 

    Puisqu'on en est à De Gaulle, on doit parler de sa timidité politique, en regard de ce que sa lucidité et son pessimisme de grand homme lui ont permis de percevoir du monde. Bien trop chrétien, il serait, et ce sera ma théorie. 

    Le point est celui que met en avant dans un livre récent l'auteur du film mentionné ici, Patrice Duhamel: la fameuse photo de Mitterand serrant la main à Pétain, photo connue qui aurait du pour le bien de la France être diffusée à un moment ou à un autre, en tout cas bien avant que ne se déploient les dramatiques destructions engagées par le sinistre "arsouille", que De Gaulle avait "vu" (au sens médiumnique du terme) qu'il lui succéderait, tant son pessimisme sur lui-même et sur la France était profond. Le drame historique des débuts de carrière de Mitterand, exécutés contre le propre neveu de De Gaulle, Michel Caillaud, reste ainsi mystérieux. 

    Pessimisme sur lui-même, d'abord: le chrétien est humble et le personnage qui n'eut jamais de contact avec aucune autre divinité ou messager de la divinité. Comme tous les grands jansénistes, il tremblait de ne pas être élu tout en entrevoyant qu'il l'était quand même, ce qui l'obligeait à agir pour mieux tromper l'angoisse. Ce faisant, il ne haïssait pas assez, et ne tuait pas assez. Que voulez-vous ! L'incroyable pari gagné qu'il engagea à l'été 40 et qui lui causa d'indicibles souffrances et d'indicibles efforts le rendit indulgent et aveugle.

    Indulgent envers ceux qui ne le suivirent pas et aussi qui le suivirent mal, ou tard, que cela soit un peu ou beaucoup, il mit tout cela à égalité, la 11ème heure est très chrétienne et cela fut son drame, et le drame de la France toute entière.

    Aveugle par nécessité: l'ampleur de la trahison envers soi-même du pays qu'il aimait par-dessus tout fut affreuse et il osa transformer cela en dignité retrouvée du fait de ses exploits personnels et de ceux de ses soutiens. Par générosité et aussi par admiration et respect pour ceux qui le rejoignirent avec plus ou moins d'efforts et aussi qui se firent tuer pour lui, il étendit à la France entière une participation à une "résistance" qui fut militairement limitée, et aussi une participation effective à une fin de guerre qui fut localement glorieuse: Paris, Strasbourg, Berchtesgaden furent des exploits magnifiques, mais d'une ampleur toute aussi limitée. Il le fallait bien, selon lui, pour un après sur lequel il se trompa, factuellement, lourdement car son départ inaugura l'impensable: la reconstitution par ceux qu'il avait épargné, de la république qu'il avait quitté, puis sauvé malgré elle. Forts de leurs "résistance", les traitres continuèrent donc de trahir... 

    De fait, cette erreur (il semble bien qu'il fut persuadé de reprendre la main rapidement) scella l'erreur de son indulgence à la libération, qu'il jugea nécessaire vu la difficulté de sa tâche: les nationalisations données aux communistes, l'absolution donnée à Mitterand et à ses amis firent partie des nécessités "politiques" qu'il dut assumer, espérant transformer ces accommodements en ce qu'il ne put faire finalement que douze ans après.

    Surtout que ces accommodements commencèrent assez tôt, en pleine nuit des dernières années de la guerre, et il ne pouvait rien faire d'autre, le mystère Mitterand s'expliquerait donc comme cela... Pourtant, l'indulgence peut-elle entièrement se rattacher à une habileté ? Certainement pas. Car il y eut pendant la résistance une sorte de recherche mystique à laquelle De Gaulle prit part. Quelle que soit l'ampleur de la lâcheté et de la médiocrité initiale à laquelle bien trop s'étaient rattachés, y compris les plus grands (Juin et De Lattre, tout de même, rien que ça), l'ampleur des efforts menés par la suite furent pris en compte, sans parler et des "petites mains" et l'héroïsme de bien d'entre elles fut absolument admirable. Très clairement, sans le dire, le hautain De Gaulle prit en compte tout cela pour exonérer l'ensemble, il faut bien l'avouer peu glorieux. C'est bien pour cela, que par ailleurs il levait la tête sévèrement: ils ne firent que leur devoir, comme il fit le sien. On en revient donc à sa rigueur plus que chrétienne. 

    Inutile de dire que le côté démodé de cette mystique n'avait pas vocation à rester compatible longtemps avec le monde moderne hors les services qu'il rendait dans les tempêtes: une vraie image de malheur. Il fut moqué, critiqué et surtout oublié car insupportable dés que cela fut possible. Mais ce fut hélas pour se vautrer dans le pire de ce qui était disponible. Nous voilà donc reparti pour un tour. 

    (1) https://bullesdeculture.com/de-gaulle-leclat-et-le-secret-2020-tv-critique-avis-serie/

  • Les défilés

    On avait pris l'habitude tous les 9 mai, de voir le défilé russe, surtout dès qu'on a réalisé, dès 2022 que la Russie fêtait là tous les ans depuis trois ans ses victoires sur les forces OTANO-kiéviennes, lamentable conglomérat de demi-sels impuissants réduit à bombarder des zones civiles pour se venger honteusement du démembrement irréversible de la fausse nation. 

    Cette année, on fête les 80 ans de la victoire russe (le 9 mai) acquise finalement à Berlin pour un cout militaire et humain inouï. On fêtera aussi l'orgie de viols et de meurtres à laquelle se sont livrés une ou deux semaines les vainqueurs arrivés jusque-là, il fallait qu'ils se défoulent un peu, ceux qui ne les accueillirent pas avec joie n'ayant pas été en reste pendant les quatre années qui avaient précédé sur les populations envahies qu'ils avaient martyrisés. 

    Notre 8 mai fut sinistre, un minable avorton pâle finissant de déshonorer son pays par des discours mièvres ignorant des drames de l'histoire, et célébrant la victoire sur le nazisme en se pensant, en se disant agressé par la Russie !

    N'oublions pas, pour agrémenter le tout, la réception en grandes pompes à l'Elysée d'un éminent représentant de l'engeance qui nous a tué et blessé à Paris 300 compatriotes. Il est vrai qu'il fut soutenu, financé et encouragé en 2013 par Hollande et Fabius pour abattre El Assad, Macron étant déjà dans les couloirs de la présidence.

    Et puisqu'on parle de "fraternité", le buveur de sang du Conseil Constitutionnel, (depuis remplacé par l'aigrefin du crédit mutuel de Bretagne) s'y étant illustré avec son "devoir de", merci encore pour ses politiques qui a permis aux crevures, enfants de ceux qu'il a laissé s'installer en France à tort, de ravager Paris au nom du football. 

    Le sinistre "défilé" français sous les huées est à la hauteur du dégout qu'on éprouve à voir négocier en notre nom tous les abaissements possibles de notre pays.

    La honte que l'on ressent à de telles insultes envers le réel et le vrai est immense. Nous voilà donc replongés dans l'ignoble spectacle du rapt de la Nation que nous aimons par les forces de la lâcheté et de la connerie. 

    Honte à tous ces enfoirés ! On se vengera ! 

  • Les perceptions des choses

    À l'occasion de certaines lectures, dont (1), on peut réaliser (au sens de faire advenir comme réel) que certaines opinions, ou perceptions apparemment neutres, ou peu ou prou de l'ordre d'opinions discutables ou communes peuvent acquérir une présence soudaine, comme si elles devenaient brutalement très importantes, voire fondamentales. 

    Ceci à la hauteur de la pénétration et de l'intelligence de l'auteur, qui parle simplement mais en fait émet des remarques profondes, qui méritent d'amples réflexions. 

    Mais avant de réfléchir sur certaines choses, encore faut-il les avoir perçues, de manière à les faire advenir à l'examen. Le monsieur est d'abord un "monstrateur" et sur des points qui manifestement demeurent invisibles pour tout le monde, que ce soit le public auquel il s'adresse, ou les dirigeants du pays qu'il sert (il est universitaire), qui sont, c'est la révélation principale de ses discours, absolument aveugles à certaines réalités. 

    Aveuglement

    Cet aveuglement, cette non-perception, est aussi celle de la société dans son ensemble, qui se trouve ainsi bien représentée (en quelque sorte), comme ensemble humain jeté dans le monde sans visions (on vient de le voir) et donc sans protections contre des malheurs qui commencent à se manifester.

    Ces aveuglements sont multiples et pourraient être considérés comme une manifestation d'une puissance disons "assimilatrice". L'empire peut être ignorant: sa force masque ce qu'il écrase et détruit, et qui n'a donc pas besoin d'être vu ou compris. C'est sans doute l'acception commune que nous avons sur ces sujets et prenons directement les points à considérer: le fait religieux, le droit du sol, le nationalisme, le quantitatif démographique. Il y en a d'autres. Sur tous ces points, une méconnaissance générale se traduit par une incapacité globale de la société globale, peuple, dirigeants et politiques menées et décidées, à prendre en charge le réel que manipulent pourtant au vu et au su de tous, les autres peuples et dirigeants de la planète. 

    Qui sommes-nous pour nous croire assez forts pour être aussi ignorants ? 

    La situation qui concerne l'ignorance des dirigeants est ce qui motive et inspire les hommes comme Vermeren, placés dans la société comme informateurs et directeurs des opinions essentielles destinées à éclairer et permettre les politiques de haut niveau qui doivent orienter la conduite d'un pays comme la France. Suffisamment éclairées pour considérer établir des vérités au-delà des simples opinions communes, ces hommes se voient d'abord comme indépendants des opinions divergentes qui peuvent opposer les dirigeants qui se succèdent. Ils se perçoivent comme "scientifiques" en ce sens et pensent (et veulent) établir des connaissances objectives utilisables par tous. 

    La situation est donc affreuse, et ce n'est plus que celle-là que ces hommes décrivent: ils ne font plus que la sociologie des "élites" françaises en les décrivant absolument incultes et incapables, perdues dans des dénis navrants qui conduisent le pays l'abime. On remarquera que cette sociologie négative va maintenant très au-delà de la simple inculture des présidents comme démagogues superficiels: elle devient maintenant celle de l'université elle-même, les collègues de ces hommes étant eux-mêmes contaminés par le mal affreux. Au-delà de la lutte contre des dirigeants corrompus, on en vient maintenant à se battre contre soi-même, la formation des connaissances et la sélection des professeurs étant aussi pourris et imbéciles que le reste.  Vermeren est en pointe dans la dénonciation du woke qui affecte maintenant sa maison mère, une université française à la dérive, majoritairement vérolée par l'inculture, la bêtise, la médiocrité et la méchanceté. Un être dégénéré à abattre, on en a parlé. 

    Revenons à quelques-uns de nos moutons. 

    Le fait religieux

    Commençons par le fait religieux. Maintenant totalement débarrassée de la religion catholique, sa pratique et ses signifiants étant désormais ignorés d'une écrasante majorité de ses membres, la société française a développé à l'égard du fait religieux une ignorance et une incapacité à comprendre dangereuse. Mieux (ou pire) ! Son histoire et son passé, par ailleurs désormais oublié et ou refoulé, la met dans la position de faire des contresens fondamentaux quant à ce que sont les autres sociétés et civilisations, qu'elles soient lointaines (et cela concerne la politique étrangère de la France) ou proches (une population étrangère de plusieurs millions de personnes s'est installée en France). 

    La question est celle de l'orthopraxie religieuse. Initié comme une non-religion par un prédicateur d'un genre particulier, le christianisme n'a acquit que tardivement le caractère d'une religion à proprement parler et donc de soutien d'une civilisation, la fameuse civilisation "judéo chrétienne" que nous nous gargarisons d'évoquer. Cette religion et ses pratiques fut historiquement combattue par l'histoire et  la modernité au point de se séculariser et cela au nom de la conception initiale du christianisme que l'on voulut séculairement réinstaurer. Le culte des origines fut donc le moteur de la sécularisation chrétienne considérée inéluctable et naturellement représentative de notre identité, cela au point de devenir pour nous applicable à toute l'humanité. Ce "pour nous", c'est la conception commune socialisée de la religion comme nécessairement définie par ce qui doit disparaitre et donc par ce qui n'existe tout simplement pas. 

    Il se trouve que cette évidence de la non-existence du divin lui-même comme perception n'est pas partagée (pour le moins), et cela par plus qu'une minorité moquée et ignorée: par une grande partie du monde, d'une part, et aussi par une partie agressive de la société, désormais séparée par la croyance au spirituel lui-même ET AUSSI par ce qui lui associée autoritairement: l'orthopraxie civilisatrice et identitaire musulmane. Cette séparation fondamentale, pourtant active voire brulante, est tout simplement niée, c'est le déni du fait religieux, considéré négligeable soit parce qu'appelé à disparaitre, soit parce que considéré innocent. 

    Vermeren le rappelle, nous avons pourtant été au maghreb comme puissance coloniale de fins connaisseurs du fait de l'islam, religion des assujetis à une République, qui plus est laïque idéologiquement et active à la lutte contre le catholicisme. Nous avions pourtant acquis et pratiqué une connaissance efficace et pratique du fait religieux musulman, allié de la domination coloniale au point de le servir en tant que superstition soumise. Vermeren ne le mentionne pas, mais l'"islamophobie" est précisément ce que des administrateurs coloniaux avisés reprochaient aux laïcs naifs qui voulaient faire des musulmans natifs des incroyants citoyens français ! 

    Et bien le même reproche est fait aux naïfs militants d'une cause assimilationniste par les frères musulmans de notre modernité, précisément au nom d'une volonté évidente de contrôler la bigoterie d'une population immigrée naïvement croyante et culpabilisée. La religion est un outil de domination, et cet enjeu est maintenant totalement ignoré, nié, dénié.

    Alors que toute la tradition républicaine fut marquée par une lutte acharnée contre cette même bigoterie, contre la soumission des femmes à celle-ci, et contre toutes les velléités du catholicisme de vouloir imposer ou même faire propagande de ses valeurs, on accepte aujourd'hui sans barguigner que les pires superstitions du tiers monde, habillées derrière des doctrines régressives inacceptables et révérées puissent se manifester librement au nom des "droits de l'homme". 

    Le fait ethnique

    Habitués à la définition "inclusive" de la nation que de beaux esprits (y compris moi-même dans une autre vie) ont cru transformer en principe intégrateur d'une puissance absolue avec la notion du vivre ensemble volontaire sur un sol révéré, nous nions avec entrain et frénésie l'évidence de l'absence totale de réalité du concept, de la pratique et des effets de la chose.

    Car nous avons oublié que nous sommes ethniquement et identitairement homogènes, rassemblés derrière 2000 ans de forge étatique et civilisationnelle qui ont forgé une perception stabilisée des différences ethniques et religieuses derrière des accommodements variés construits sur les habitudes et les apaisements issus de siècles de violences variées. 

    Les populations de bien des régions du monde, et en particulier d'Afrique, de toute l'Afrique, sont majoritairement régies par le fait ethnique local, c'est-à-dire l'organisation humaine basique de la tribu ou du clan. Famille étendue et support des règles du mariage, cette unité à laquelle se superpose l'appartenance ethnique qui en rassemble les variantes semblables et les principes fondamentaux d'organisation et de pratiques n'existe pas ou peu en Occident et en France. On en trouve bien sûr des traces et des manifestations à divers degrés et même des exemples majeurs (les populations juives par exemple, mais on pourrait parler des auvergnats ou des corses) mais rien de comparable à ce qui structure l'identité des peuples africains, noirs ou maghrébins. Les populations qui s'installent par millions en France et en Europe peuvent bien avoir certains de leurs membres (sans doute d'ailleurs par millions) qui abandonnent les pratiques liées à ces appartenances, mais ils ne sont qu'une minorité, celle qui, au sens propre que je me permets de définir ici, s'"assimile" à la société française.

    Le reste (largement plus de la moitié) vit dans un moyen terme d'"intégration" mais vivant et pratiquant l'appartenance identitaire qui marque ces peuples. Une pratique liée à ce qu'on appelle pudiquement le "regroupement familial" est qui consiste pour les arrivants installés et "intégrés" à 1) faire profiter la famille étendue des soins médicaux à quoi ils ont droit en France 2) épouser et faire venir leurs épouses de leurs pays d'origine, choisies suivant les règles mentionnées. 

    Mentionné que malgré Rachida Dati et Kilian Mbappé (algéro-marocain, algéro-camerounais), il n'y a pas de véritable métissage (moins de 20% de mariages mixte, en diminution) qu'il soit entre natif et nouveaux arrivés ou entre nouveaux arrivés, les diasporas que forment ceux-ci étant distinguées en ethnies et zones d'origines. Et puis, les chiffrages de ce qui se passe vraiment ne sont pas disponibles, pour des raisons évidentes, et qui ne sont pas les "bonnes", certainement. Progressivement, le qualificatif de "français" ne désigne pour les nouveaux arrivés, par ailleurs bénéficiant largement d'un droit du sol attribué avec une générosité qu'on pourrait commencer à questionner, que les "natifs", et encore sous forme péjorative... 

    La question du droit du sol fait évidemment partie du fait ethnique dénié, sachant que tous les pays d'origine des pays "d'origine" pratiquent un droit du sang exclusif et civilisationnel faisant de toutes leurs diaporas, et c'est eux même qui le disent, des natifs à l'identité non ambigue que l'on pourrait parfaitement identifier et caractériser comme tels. Car après tout, il gèrent ces gens, contrôlent leurs voyages et leurs mariages.

    On remarquera que l'expression "franco-marocain" ou "franco-algérien" souvent mentionnée pourrait changer de sens: de "français d'origine marocaine" qui est l'acception présente permettant à une citoyenne (dit on cela comme cela, ou bien "sujette du roi" ? )  marocaine d'être ministre de l'éducation nationale, on pourrait passer à marocain ayant obtenu d'une manière ou d'une autre (il y en a plusieurs) un passeport français. De manière générale, la question du droit du sol ne peut pas s'opposer à un droit du sang dans son pays d'origine. La double nationalité essentielle est une captivité, dont on devrait se libérer explicitement, surtout quand on appartient à un véritable peuplement qui pourrait bien ressembler de plus en plus à une colonisation voire à une invasion. 

    Tout comme le fait religieux, le fait ethnique, évident, visible et en permanence à l'esprit des "nouveaux arrivants", objet et raison explicite de bien des pratiques et actions n'est pas considéré, compris ou considéré en quoique ce soit par des braves "français", ainsi aveugles et en déni complet. La "séparation" ne serait elle pas de leur fait, en fait ? Comment vivre à côté de gens dont on nie consciemment ou non à ce point l'identité propre et la vie même ? Comment peut on être à ce point aveugle et ignorant ? 

    Surtout que le déni inverse n'existe tout simplement pas: les nouveaux arrivants sont vite mis au parfum de la cécité des accueillants. Au courant et conscient des moeurs locales, ils en rigolent entre eux à un point bien sûr méconnu. Encore une fois, le séparatisme n'est pas de leur fait, de ce point de vue... 

    (1) Pierre Vermeren Déni Français

    (2) Interview de Vermeren sur la question https://www.dailymotion.com/video/x7o9vu6

     

  • Les antisémitismes

    À l'heure de Gaza martyrisé, des  80 ans de la mort de Hitler, et des frères musulmans en roue libre en France, on peut bien s'interroger sur ce qu'on appelle l'antisémitisme, retour en grâce progressif de Dieudonné oblige.

    D'abord, il y a le woke, le juif, essentiellement blanc n'étant absolument pas partie prenante de la dénonciation de l'homme blanc de 50 ans, désormais innocenté complètement de tout antijudaïsme, bien au contraire. 

    Le curieux renversement, dont la simple structure, on se souviendra de Levi Strauss expliquant que le monde infiniment compliqué des choses ne pouvait se comprendre qu'en décrivant les différences peu nombreuses mais significatives qu'on pouvait distinguer entre les monstres de complexité inaccessibles, le renversement donc, est bien le signe de quelquechose: de transgressif, menaçant et cosmopolite, le signifiant "juif" est devenu son contraire, conservateur, protecteur et surtout nationaliste, tout ce que le monde s'est pris de haïr et dont il veut la disparition.

    Les choses changent mais restent les mêmes: le "juif" "delenda est", quelles qu'en soient les raisons. 

    Cette obsession ne tient pas donc à un état ou l'autre de la chose (cosmopolite ou nationaliste) les deux états étant strictement symétriques, donc hors de la vraie détestation. Voilà la vraie conclusion. Reste donc à expliquer ce qui subsiste après la remarque. 

    On pourrait prétendre que le nationalisme juif a toujours été la cible, même quand on l'accusait, vicieusement et à tort, d'être cosmopolite et dissolvant alors qu'il n'était qu'ennemi à une époque où la chose (le nationalisme) ne pouvait qu'être univoque. Pourtant, à l'époque, Israël n'existait pas et les communautés juives n'étaient pas "nationales" leur attachement en regard n'étant qu'un sionisme peu partagé finalement en tout cas pas par les juifs éduqués et intégrés des empires et nations européennes. On ne peut accuser ces juifs là de complot patriote sémite, mais on peut les accuser de complot progressiste, l'être juif étant naturellement porté à la tolérance pour lui-même et à la méfiance pour tout sentiment trop ethnique, mettez-vous à sa place. C'est de cela dont on les accusait, de progressisme essentiel. À l'heure du renversement, quand la mode est à la déconstruction, on les accuse donc de l'inverse, c'est-à-dire de conservatisme essentiel, tout aussi dissolvant et donc voilà la clé: le juif est ce qui s'oppose essentiellement à l'unanimisme de la foule rassemblée, qui troublée (pour une raison ou un autre) se cherche une vérité unique et se prend à refuser la dualité essentielle du monde qu'elle (la foule) se met à penser "essentiellement" univoque. 

    Le trouble et donc le refus de la dualité des valeurs amène donc à la dénonciation de l'impie contradicteur essentiel dont le nom est "juif". Voilà toute l'affaire et le reste n'est qu'intensité de la haine, un extrême ayant certainement été atteint par celle qu'Adolf Hitler exprima. 

    On pourra décorer cette haine par une autre caractéristique structurale de la détestation: sa bifidité contradictoire (ça c'est bien trouvé). Hitler détestait le capitalisme ET le bolchevisme, les deux forces en lutte contrôlées par les juifs. Plutôt que de se réjouir de voir l'entité maléfique porteuse d'une aussi fondamentale contradiction autodestructrice, il ne fait que la haïr doublement ! L'adjonction aujourd'hui du capitalisme mondialisé progressiste ET de l'état raciste mafieux centré sur ses traditions millénaristes joue exactement le même rôle et redouble la haine au lieu de révérer une contradiction qui si elle est vraie ne peut être que mortifère. 

    Voilà donc deux piliers de l'antisémitisme dévoilés. Il y en a de plus sordides. 

    Il faut parler des enfants, le thème de la reproduction très très baveux et lui aussi auto contradictoire étant omniprésent dans le monde occidental menacé par ses vieux démons. Menacé d'instinction par le défaut de ses naissances, il se débat dans des cauchemars troubles. En sanctifiant l'avortement d'une part, en excusant la délinquance juvénile immigrée d'autre part. Confrontée à l'enfant de l'autre sur la base du rejet du sien, la monde blanc essentiellement déchristianisé se prend à rêver de sacrifices de bébés sans pouvoir formuler celui qui évidemment lui tient le plus à coeur. Le rêve est donc le culte philistin traditionnel du sacrifice des enfants, le signifiant "palestinien" en étant le porteur. Signifiant doublement combattu par le "juif", comme abomination religieuse d'une part, comme exécutant génocidaire à Gaza d'autre part. Là encore, le bifide contradictoire est à l'oeuvre. 

    La preuve de cette obsession est facile à faire, le pogrome contre le meurtre des enfants étant un grand classique, meurtre détesté essentiellement et en particulier par celui qu'on en accuse avec délice, c'est un argument supplémentaire. Toute l'action révérée comme héroïque du considéré légitime nationalisme palestinien est en effet symbolisé par l'enfant, d'une part pondu en masse et destiné à dominer démographiquement l'impie colonisateur juif qui lui pond ses propres oeufs, mais de manière conquérante et donc illégitime, et d'autre part sacrifié en masse par des opérations suicides, l'enfant apprenant à envier les martyrs dès la maternelle, le bébé à la barboteuse décorée par des grenades symbolisant le mal, en tout cas celui que le juif oblige à pratiquer et dont il est donc le seul responsable. L'ensemble de ces horreurs est alors recouvert par les bombardements, les enfants en étant les seules victimes évidemment.

    On notera d'ailleurs à ce propos le caractère éternel du martyr combattant adulte, vivant dans les décombres et toujours, toujours là, on ne cesse ainsi de dénoncer l'inefficacité essentielle (encore) de l'armée juive, tandis que l'enfant lui est toujours victime, du fait de l'efficacité (encore le bifide contradictoire) de la cruauté juive. Le combattant lui ne meurt pas, son corps ramassé par les walkyries jouissant des houris pour l'éternité. Seul, l'enfant mort, privé de sexualité et donc de toute récompense, est vraiment émouvant. C'est bien lui qu'on "génocide".  J'ai peur monsieur Mélanchon.

    Que ces ignobles fétiches symboliques produits par l'exhibition de signifiants dégueulasses soient manipulés et exhibés de toutes les manières les plus répugnantes possibles ne dégoutent pas plus est assez surprenant. L'habitude des représentations médiatiques de l'horreur sans doute. On s'habitue à l'ordure, on la goûte, on s'en repait. 

    Il y a aussi un troisième terme, et qui est relié à toutes les expressions symbolisées décrites ici. Il s'agit du compagnon du symbole, celui qu'il remplace au point d'occuper souvent toute la place, et de, si l'on n'y prend garde, le remplace complètement. Cette dénonciation du veau d'or et de l'écriture que je me prépare à faire, au centre du langage et donc de l'humanité (rien que ça) et aussi celle du déni. Ici, le déni est celui de l'assassin, caché tout le film et donc personnage finalement sans importance et dont l'existence, étant celle d'être caché, l'est finalement pour toujours au point qu'on ne veut pas le voir. Cette non-existence typique du divin dont la preuve de l'être est son invisibilité (encore une contradiction bifide) est celle du complot caché, le caractère de l'assassin, inventé lui aussi au Moyen-Orient (décidément tout vient de là) étant précisément sa mystique invisibilité. 

    On a reproché aux médias israéliens d'avoir diffusé l'émouvant regard de Yayah Sinwar vers le drone de son exécution, comme s'il révélait scandaleusement la mort d'un civil innocent injustement génocidé. Mais l'essentiel est ailleurs, et le Hamas n'est pas porteur, et c'est ce que je voulais dire, de la moindre "responsabilité" dans le malheur palestinien. 

    Organisateur d'un massacre de civils à l'origine de la violence contre lui qui en a découlé, acteur d'une lutte armée menée au milieu de populations civiles, le Hamas, organisation pseudo étatique exerçant le pouvoir dans l'enclave bombardée n'est pas considéré, et cela absolument pas (la répétition pléonasmique voulant redoubler la totale absence de la chose si cela était possible) comme responsable de quoique ce soit au sujet du sort des civils (pourtant ses administrés) victimes de souffrances, souffrances exclusivement et entièrement attribuées à Israël. Mieux, ces souffrances dont l'origine ne peut donc absolument pas être attribuées à l'organisation Hamas et à ses actions, sont supposées décidées volontairement par le gouvernement israélien, ce qui accentue l'ignominie juive etc, au point que cette responsabilité, invisible donc, est aussi attribuée aux civils juifs vivant en Europe, coupable de leur soutien etc.

    Que la cessation instantanée de ces souffrances soit entièrement entre ses mains (il lui suffit de libérer des otages torturés sans vraies raisons sauf celles qu'on imagine) semble absolument imperceptible à tout le monde, en tout cas impossible à mentionner sans subir des accusations insensées de la part de bien des personnes pourtant ordinairement raisonnables et qui vont même jusqu'à considérer "génocidaire" l'argument. 

    La bifide contradiction est encore à l'oeuvre ici, et va même jusqu'à être exprimée par Ségolène Royal, dans sa faconde naïve, gage d'authentique émotion de femme moderne. On ne parle pas des terribles glapissements hystériques d'Aymeric Caron dont l'émotion véhémente et révoltée, gênante au point d'en être une marque de fabrique acceptée, ne peut être en fait, qu'une longue provocation au meurtre de tout ce qui pourrait mettre en doute cette émotion. À moins que ce ne soit une provocation, l'envie de meurtre étant symétrique et en écho on ne pourrait que vouloir le gifler, un "toi tu vas te calmer" semblant s'imposer à chacun de ses infâmes numéros de délires hitlériens.

    On terminera par le "génocide", mot sacré, dont la non francophonie, en fait l'arabité constitutive de ceux qui ont injecté le mot dans le circuit (on devrait parler de ventilation merdique) communicationnel occidental. 

    La somme des morts civils causés exclusivement par les actions islamistes ou exploitées par des islamistes au Moyen-Orient depuis vingt ans est très supérieur au nombre de morts causés depuis un an et demi dans la bande de Gaza. Ils n'ont pas, à aucun degré, provoqué la moindre indignation organisée dans les diasporas musulmanes de part le monde. Cette simple remarque illustre le caractère exclusivement intéressé de l'utilisation du mot, et par ricochet de l'ensemble de l'indignation, hors de propos, injuste et injustifiée de la totalité de la ridicule et dérisoire indignation manifestée à propos de la palestine. 

    Porté par des dénonciateurs non occidentaux, pour qui le génocide des juifs durant la seconde guerre mondiale est de la responsabilité exclusive des européens, ce qui d'ailleurs n'est pas entièrement faux, l'utilisation des mots a un double intérêt, là encore contradictoire. D'abord il permet de responsabiliser encore une fois les "occidentaux", coupables du soutien à Israël, et donc du meurtre des juifs dans les deux directions, "meurtre de juif" ayant les deux sens actif et passif de l'action décrite, ensuite il permet de justifier toute absence de mesure dans la réaction à la chose insupportable, le monde entier devant obligatoirement se liguer pour détruire le coupable. Telle est bien l'intension du mot: l'auteur du génocide doit disparaitre, ça tombe bien, c'est ce qu'on veut. Le mot est un étendard, et s'identifie au drapeau palestinien porté partout, y compris dans les manifestations féministes qui défendent l'avortement, ou les protestations LGBT contre la dénonciation du woke. 

    L'autre caractère non occidental de l'utilisation du mot et la volonté de détourner une signification commune de l'ennemi, comme si on voulait lui retourner un ongle et lui faire mal avec ses propres attributs, quitte précisément à commettre une incongruité linguistique, comme ces jeux de mots de Djamel qui rient de l'utilisation impropre de mots français mal compris par des maghrébins à accent, utilisation rendues permanentes et revendiquées de manières conquérante. Le rap est rempli de ces innovations linguistiques destructrices et prédatrices. Accuser ainsi le juif haï "à l'arabe" de génocide pour mieux peser sur les sentiments occidentaux est ainsi parfaitement signé et aussi visible. 

    Il y a un autre mécanisme à l'oeuvre, et une autre réalité. Pour des raisons linguistiques, on vient de l'aborder avec le rap, la pratique de la langue française et en général des langues européennes par des tenants d'une langue de civilisation telle que l'arabe, autant le dire franchement, importe en occident une pratique linguistique par ailleurs indépendante des civilisations, et qui consiste à attribuer un pouvoir aux mots ou du moins à vouloir dériver des mots une évidence signifiante non ambigue. Forcer l'utilisation du mot "génocide", c'est importer logiquement tout ce qui est transporté avec le mot sans engager aucune réflexion sur l'attribution à la situation décrite des significations attachées à ce mot. Le simple fait qu'une autorité ou qu'une évidence ait rendu l'utilisation du mot possible suffit à "prouver" que la situation à qui le mot est attribué a bien les significations associées. Cette erreur profonde de la rationalité qui fétichise le mot a une origine religieuse, quand la religion charrie l'autorité, l'attribution par elle d'une malédiction et surtout du caractère non discutable du contenu de la malédiction. Le sceptique est celui qui discute l'attribution des mots aux choses. Et le monde arabe est plus religieux que l'occidental, d'où le malaise que ressent l'occidental devant cette utilisation fétichistique d'un simple mot. 

    On terminera par le plus mystérieux, l'antisémitisme de Hitler lui même, décrit comme majeur au point qu'on alla même jusqu'à parler de sortilège, dissipé brutalement à la mort du monstre, il y a exactement 80 ans... Les Allemands passionnés par la chose un siècle entier, qui avaient enrôlés la moitié de l'Europe dans ce combat se trouvèrent libérés brutalement de la chose. Pas des viols de masse dans Berlin qui durèrent un bon mois (après et avant la mort de Hitler, par ailleurs), mais du mauvais racisme, très certainement. En tout cas, on n'en parla plus. 

    Hitler avait des obsessions (1), il en parlait à table, ce sont les fameux propos à l'authenticité constestée, mais aussi dans ses discours, déclarations etc. Pour lui le juif est un bacille qui corrompt la race humaine. Il est non humaint ET corrupteur, dont à détruire entièrement. Il est sûr qu'il est difficile de surpasser cette intensité là de la détestation, et donc de l'attribuer indistinctement à des antisémites souvent plus modérés. Mais l'extrême de la haine absolue vouée au signifiant juif et à tout ce qui peut le porter illustre bien une force à l'oeuvre, qui reste mystérieuse et dont les effets perdurent. Comme un virus qui ... ? 

     

    (1) Hitler dans le texte: https://phdn.org/histgen/hitler/declarations.html