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Les perceptions des choses

À l'occasion de certaines lectures, dont (1), on peut réaliser (au sens de faire advenir comme réel) que certaines opinions, ou perceptions apparemment neutres, ou peu ou prou de l'ordre d'opinions discutables ou communes peuvent acquérir une présence soudaine, comme si elles devenaient brutalement très importantes, voire fondamentales. 

Ceci à la hauteur de la pénétration et de l'intelligence de l'auteur, qui parle simplement mais en fait émet des remarques profondes, qui méritent d'amples réflexions. 

Mais avant de réfléchir sur certaines choses, encore faut-il les avoir perçues, de manière à les faire advenir à l'examen. Le monsieur est d'abord un "monstrateur" et sur des points qui manifestement demeurent invisibles pour tout le monde, que ce soit le public auquel il s'adresse, ou les dirigeants du pays qu'il sert (il est universitaire), qui sont, c'est la révélation principale de ses discours, absolument aveugles à certaines réalités. 

Aveuglement

Cet aveuglement, cette non-perception, est aussi celle de la société dans son ensemble, qui se trouve ainsi bien représentée (en quelque sorte), comme ensemble humain jeté dans le monde sans visions (on vient de le voir) et donc sans protections contre des malheurs qui commencent à se manifester.

Ces aveuglements sont multiples et pourraient être considérés comme une manifestation d'une puissance disons "assimilatrice". L'empire peut être ignorant: sa force masque ce qu'il écrase et détruit, et qui n'a donc pas besoin d'être vu ou compris. C'est sans doute l'acception commune que nous avons sur ces sujets et prenons directement les points à considérer: le fait religieux, le droit du sol, le nationalisme, le quantitatif démographique. Il y en a d'autres. Sur tous ces points, une méconnaissance générale se traduit par une incapacité globale de la société globale, peuple, dirigeants et politiques menées et décidées, à prendre en charge le réel que manipulent pourtant au vu et au su de tous, les autres peuples et dirigeants de la planète. 

Qui sommes-nous pour nous croire assez forts pour être aussi ignorants ? 

La situation qui concerne l'ignorance des dirigeants est ce qui motive et inspire les hommes comme Vermeren, placés dans la société comme informateurs et directeurs des opinions essentielles destinées à éclairer et permettre les politiques de haut niveau qui doivent orienter la conduite d'un pays comme la France. Suffisamment éclairées pour considérer établir des vérités au-delà des simples opinions communes, ces hommes se voient d'abord comme indépendants des opinions divergentes qui peuvent opposer les dirigeants qui se succèdent. Ils se perçoivent comme "scientifiques" en ce sens et pensent (et veulent) établir des connaissances objectives utilisables par tous. 

La situation est donc affreuse, et ce n'est plus que celle-là que ces hommes décrivent: ils ne font plus que la sociologie des "élites" françaises en les décrivant absolument incultes et incapables, perdues dans des dénis navrants qui conduisent le pays l'abime. On remarquera que cette sociologie négative va maintenant très au-delà de la simple inculture des présidents comme démagogues superficiels: elle devient maintenant celle de l'université elle-même, les collègues de ces hommes étant eux-mêmes contaminés par le mal affreux. Au-delà de la lutte contre des dirigeants corrompus, on en vient maintenant à se battre contre soi-même, la formation des connaissances et la sélection des professeurs étant aussi pourris et imbéciles que le reste.  Vermeren est en pointe dans la dénonciation du woke qui affecte maintenant sa maison mère, une université française à la dérive, majoritairement vérolée par l'inculture, la bêtise, la médiocrité et la méchanceté. Un être dégénéré à abattre, on en a parlé. 

Revenons à quelques-uns de nos moutons. 

Le fait religieux

Commençons par le fait religieux. Maintenant totalement débarrassée de la religion catholique, sa pratique et ses signifiants étant désormais ignorés d'une écrasante majorité de ses membres, la société française a développé à l'égard du fait religieux une ignorance et une incapacité à comprendre dangereuse. Mieux (ou pire) ! Son histoire et son passé, par ailleurs désormais oublié et ou refoulé, la met dans la position de faire des contresens fondamentaux quant à ce que sont les autres sociétés et civilisations, qu'elles soient lointaines (et cela concerne la politique étrangère de la France) ou proches (une population étrangère de plusieurs millions de personnes s'est installée en France). 

La question est celle de l'orthopraxie religieuse. Initié comme une non-religion par un prédicateur d'un genre particulier, le christianisme n'a acquit que tardivement le caractère d'une religion à proprement parler et donc de soutien d'une civilisation, la fameuse civilisation "judéo chrétienne" que nous nous gargarisons d'évoquer. Cette religion et ses pratiques fut historiquement combattue par l'histoire et  la modernité au point de se séculariser et cela au nom de la conception initiale du christianisme que l'on voulut séculairement réinstaurer. Le culte des origines fut donc le moteur de la sécularisation chrétienne considérée inéluctable et naturellement représentative de notre identité, cela au point de devenir pour nous applicable à toute l'humanité. Ce "pour nous", c'est la conception commune socialisée de la religion comme nécessairement définie par ce qui doit disparaitre et donc par ce qui n'existe tout simplement pas. 

Il se trouve que cette évidence de la non-existence du divin lui-même comme perception n'est pas partagée (pour le moins), et cela par plus qu'une minorité moquée et ignorée: par une grande partie du monde, d'une part, et aussi par une partie agressive de la société, désormais séparée par la croyance au spirituel lui-même ET AUSSI par ce qui lui associée autoritairement: l'orthopraxie civilisatrice et identitaire musulmane. Cette séparation fondamentale, pourtant active voire brulante, est tout simplement niée, c'est le déni du fait religieux, considéré négligeable soit parce qu'appelé à disparaitre, soit parce que considéré innocente. 

Vermeren le rappelle, nous avons pourtant été au maghreb comme puissance coloniale de fins connaisseurs du fait de l'islam, religion des assujetis à une République, qui plus est laïque idéologiquement et active à la lutte contre le catholicisme. Nous avions pourtant acquis et pratiqué une connaissance efficace et pratique du fait religieux musulman, allié de la domination coloniale au point de le servir en tant que superstition soumise. Vermeren ne le mentionne pas, mais l'"islamophobie" est précisément ce que des administrateurs coloniaux avisés reprochaient aux laïcs naifs qui voulaient faire des musulmans natifs des incroyants citoyens français ! 

Et bien le même reproche est fait aux naïfs militants d'une cause assimilationniste par les frères musulmans de notre modernité, précisément au nom d'une volonté évidente de contrôler la bigoterie d'une population immigrée naïvement croyante et culpabilisée. La religion est un outil de domination, et cet enjeu est maintenant totalement ignoré, nié, dénié.

Alors que toute la tradition républicaine fut marquée par une lutte acharnée contre cette même bigoterie, contre la soumission des femmes à celle-ci, et contre toutes les velléités du catholicisme de vouloir imposer ou même faire propagande de ses valeurs, on accepte aujourd'hui sans barguigner que les pires superstitions du tiers monde, habillées derrière des doctrines régressives inacceptables et révérées puissent se manifester librement au nom des "droits de l'homme". 

Le fait ethnique

Habitués à la définition "inclusive" de la nation que de beaux esprits (y compris moi-même) ont cru transformer en principe intégrateur d'une puissance absolue avec la notion du vivre ensemble volontaire sur un sol révéré, nous nions avec entrain et frénésie l'évidence de l'absence totale de réalité du concept, de la pratique et des effets de la chose.

Car nous avons oublié que nous sommes ethniquement et identitairement homogènes, rassemblés derrière 2000 ans de forge étatique et civilisationnelle qui ont forgé une perception stabilisée des différences ethniques et religieuses derrière des accommodements variés construits sur les habitudes et les apaisements issus de siècles de violences variées. 

Les populations de bien des régions du monde, et en particulier d'Afrique, de toute l'Afrique, sont majoritairement régies par le fait ethnique local, c'est-à-dire l'organisation humaine basique de la tribu ou du clan. Famille étendue et support des règles du mariage, cette unité à laquelle se superpose l'appartenance ethnique qui en rassemble les variantes semblables et les principes fondamentaux d'organisation et de pratiques n'existe pas ou peu en Occident et en France. On en trouve bien sûr des traces et des manifestations à divers degrés et même des exemples majeurs (les populations juives par exemple, mais on pourrait parler des auvergnats ou des corses) mais rien de comparable à ce qui structure l'identité des peuples africains, noirs ou maghrébins. Les populations qui s'installent par millions en France et en Europe peuvent bien avoir certains de leurs membres (sans doute d'ailleurs par millions) qui abandonnent les pratiques liées à ces appartenances, mais ils ne sont qu'une minorité, celle qui, au sens propre que je me permets de définir ici, s'"assimile" à la société française.

Le reste (largement plus de la moitié) vit dans un moyen terme d'"intégration" mais vivant et pratiquant l'appartenance identitaire qui marque ces peuples. Une pratique liée à ce qu'on appelle pudiquement le "regroupement familial" est qui consiste pour les arrivants installés et "intégrés" à 1) faire profiter la famille étendue des soins médicaux à quoi ils ont droit en France 2) épouser et faire venir leurs épouses de leurs pays d'origine, choisies suivant les règles mentionnées. 

Mentionné que malgré Rachida Dati et Kilian Mbappé, il n'y a pas de véritable métissage (moins de 20% de mariages mixte, en diminution) qu'il soit entre natif et nouveaux arrivés ou entre nouveaux arrivés, les diasporas que forment ceux-ci étant distinguées en ethnies et zones d'origines. Et puis, les chiffrages de ce qui se passe vraiment ne sont pas disponibles, pour des raisons évidentes, et qui ne sont pas les "bonnes", certainement. Progressivement, le qualificatif de "français" ne désigne pour les nouveaux arrivés, par ailleurs bénéficiant largement d'un droit du sol attribué avec une générosité qu'on pourrait commencer à questionner, que les "natifs", et encore sous forme péjorative... 

La question du droit du sol fait évidemment partie du fait ethnique dénié, sachant que tous les pays d'origine des pays "d'origine" pratiquent un droit du sang exclusif et civilisationnel faisant de toutes leurs diaporas, et c'est eux même qui le disent, des natifs à l'identité non ambigue que l'on pourrait parfaitement identifier et caractériser comme tels. Car après tout, il gèrent ces gens, contrôlent leurs voyages et leurs mariages.

On remarquera que l'expression "franco-marocain" ou "franco-algérien" souvent mentionnée pourrait changer de sens: de "français d'origine marocaine" qui est l'acception présente permettant à une citoyenne (dit on cela comme cela, ou bien "sujette du roi" ? )  marocaine d'être ministre de l'éducation nationale, on pourrait passer à marocain ayant obtenu d'une manière ou d'une autre (il y en a plusieurs) un passeport français. De manière générale, la question du droit du sol ne peut pas s'opposer à un droit du sang dans son pays d'origine. La double nationalité essentielle est une captivité, dont on devrait se libérer explicitement, surtout quand on appartient à un véritable peuplement qui pourrait bien ressembler de plus en plus à une colonisation voire à une invasion. 

Tout comme le fait religieux, le fait ethnique, évident, visible et en permanence à l'esprit des "nouveaux arrivants", objet et raison explicite de bien des pratiques et actions n'est pas considéré, compris ou considéré en quoique ce soit par des braves "français", ainsi aveugles et en déni complet. La "séparation" ne serait elle pas de leur fait, en fait ? Comment vivre à côté de gens dont on nie consciemment ou non à ce point l'identité propre et la vie même ? Comment peut on être à ce point aveugle et ignorant ? 

Surtout que le déni inverse n'existe tout simplement pas: les nouveaux arrivants sont vite mis au parfum de la cécité des accueillants. Au courant et conscient des moeurs locales, ils en rigolent à un point bien sûr méconnu des autres. Encore une fois, le séparatisme n'est pas de leur fait, de ce point de vue... 

(1) Pierre Vermeren Déni Français

(2) Interview de Vermeren sur la question https://www.dailymotion.com/video/x7o9vu6

 

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