Les Stratégies
On appelle stratégie la méthode générale d'action qui s'applique à un projet de changement d'une situation. En matière militaire, la stratégie se situe à la frontière entre le politique et le mouvement des armées et conditionne celui-ci.
On voudrait détailler ici deux stratégies gagnantes mises en oeuvre par les deux acteurs principaux de l'actualité immédiate, la Russie et Israël. On avait identifié les deux situations (l'établissement par la force d'une volonté de stabilité aux dépens de pseudos nations fanatisées) malgré l'évidence de la distribution des opinions: les médias et les politiciens occidentaux étant largement anti russes et anti israéliens (ou du moins réservés sur l'agressivité israélienne). Il n'y a guère que Trump (et votre serviteur) qui soient officiellement pro russes et pro israéliens: les gens du post-monde, en quelque sorte, celui qui s'annonce bien sûr très différent de tous les ridicules postmodernisme, déjà vomis par l'histoire... Bref.
Israël
On voudrait expliciter la stratégie israélienne qui bien qu'apparemment battue en brèche par une communication islamisto-gauchiste omniprésente, a de solides fondations, et n'a pas au final été infléchie.
D'abord, il faut reconnaitre qu'elle a contre elle, aussi, une partie de l'opinion israélienne elle-même, partie suffisamment bien représentée pour aller jusqu'à certains responsables de l'armée. Il n'en demeure pas moins que depuis bientôt deux ans, elle n'a pas subi d'inflexion particulière, bien au contraire. De quoi s'agit-il ?
D'abord, la lutte contre le Hamas n'est pas une opération de police assise sur l'interaction avec la justice: il s'agit d'une guerre avec pour but la destruction physique des combattants ennemis. Tout gazaoui les armes à la main est justiciable dans le cadre des opérations encours d'une action militaire de neutralisation physique. Cela suppose, et c'est toute la question, une neutralisation au préalable de la société civile en tant qu'environnement physique de telles actions: cela car il n'est pas question, contrairement à ce qu'on veut nous présenter comme une évidence, de massacrer indistinctement tout arabe rendu visible aux armes juives. Cela serait sinon un génocide, qui comme on le sait n'a absolument pas lieu, et c'est toute la stratégie israélienne, précisément, que de combattre le plus efficacement possible en évitant cette extrémité.
Les Nazis
On peut rapprocher cette stratégie de celle mise en oeuvre dans l'ouest de la Russie par l'armée allemande dans les années 40 (et je ne parle pas des commandos d'extermination). Toute population civile présente dans la zone des combats était susceptible d'apporter une aide aux partisans insaisissables et donc était impitoyablement traitée par une politique de terreur explicite (viols, fusillades systématiques, destruction des villages et des récoltes). Une politique de terre brulée systématique était appliquée, de manière à "assécher" le soutien implicite des civils à la résistance. Ce type de stratégie, qu'on pourrait qualifier de "positivement" "anti civils" était militaire, et assumée par le haut commandement allemand pour des raisons d'efficience dans la lutte contre les partisans. Symétriquement, on pourrait dire que les bombardements anti-cités menés jour et nuit contre les villes allemandes par les alliés à la même époque étaient "négativement" "anti-civils" et avaient pour objet non pas la paralysie, mais la démoralisation des populations soutiens de la "résistance" allemande, cela en tant qu'expression d'une stratégie réfléchie par les dirigeants alliés, politiques et militaires.
Dans les deux cas, on entendit (de prés ou de loin) les hurlements de souffrance de vieillards et de bébés brulés vifs, les souffrances de civils subies lors des explosions atomiques d'aout 45 (il y a exactement 80 ans) en étant un autre exemple.
On se permettra de noter que la "statégie" russe du début 45 dans l'est de l'Allemagne fut celle d'une destruction systématique de l'habitat civil allemand avec viols et meurtres généralisés: il s'agissait et cela fut finalement réalisé, de déporter vers l'ouest tous les germains connus comme "prussiens". 12 millions de réfugiés, tout de même. Cela alors qu'il y avait encore une résistance effective de l'armée allemande. La bataille de Berlin d'avril fut d'ailleurs extrêmement couteuse et des civils y participèrent dans un déchainement de violence sans égal.
Car la guerre des partisans, on l'a assez vu en Indochine, au Viet Nam, en Afghanistan, en Irak est objectivement dépendante des liens entre la résistance organisée et la population civile et toute stratégie gagnante se doit de découpler les deux. L'échec de ce découplage se traduit par la défaite militaire globale, comme on l'a vu dans tous les exemples cités qui concernent l'incroyable inadaptation des stratégies occidentales.
Algérie
On ne parle pas de l'Algérie, exemple à contrario de réussite stratégique et militaire: la population massivement déportée hors des zones de combats dans des camps de "concentration" étant séparée de la guérilla, celle-ci fut absolument vaincue sur tout le territoire algérien, les misérables fantoches en uniforme qui prirent le pouvoir lors de l'abandon final n'ayant tout simplement pas combattu du tout, car maintenus aux frontières pendant toute la guerre. L'autre exemple de victoire dans la lutte anti-guérilla fut la bataille d'Alger, menée par quadrillage systématique de la population et usage de la torture dans un milieu urbain dense. On notera que cette stratégie-là fut bien plus efficace, là encore, que la politique ultra-violente nazie à Varsovie, lors des deux insurrections de 43 et 44, qui conduisit à la destruction totale de la ville. On notera aussi qu'Alger étant aussi peuplée d'"amis", ne pouvait faire l'objet de destructions systématiques.
Gaza
Dans le cas de Gaza à l'heure actuelle, on observe une stratégie particulière, qui peut toutefois être comparée à celles évoquées ici. Le découplage résistance/guérilla dans un milieu urbain relativement dense (au moins 3 agglomérations urbaines surpeuplées) est effectué par déportation des populations, les habitants étant informés de la nécessité de leur déplacement par des campagnes de tracts et d'appels téléphoniques. Ce n'est qu'après ces déplacements que les zones urbaines ainsi vidées sont prises d'assaut avec la violence nécessaire qui implique la destruction des immeubles utilisés comme point de tir sans se soucier de possibles morts civils.
Le résultat est un nombre de morts assez faible dont majorité est composée de combattants: entre 30 et 60 000 morts, avec une destruction importante (70%) du bâti gazaoui. La comparaison des deux chiffres (il y a 2 millions d'habitants dans la bande de Gaza) suffit à prouver l'inanité du mot "génocide", élément exclusif d'une guerre de communication basée depuis le début sur le cynisme révoltant d'une bande d'assassins qui ne méritent que leur sort actuel et futur: la liquidation systématique. Le chiffre global estimé (50K) de morts correspond grosso modo au volume combattant estimé qui tenait Gaza le 7 octobre. Sans doute renouvelé depuis, mais on ne sait pas à quelle hauteur, ce volume dont l'efficacité a été sans aucun doute considérablement diminuée, reste pourtant conséquent et dangereux.
Mise en oeuvre par plusieurs mouvements forcés massifs de population dans un sens et dans l'autre, cette stratégie n'a pas encore mené à une victoire que certains jugent malgré tout impossible. Elle est par contre appliquée sans failles et on n'y voit aucune alternative raisonnable, tout cesser le feu partiel (on l'a vu lors des libérations d'otages) entrainant l'apparition d'hommes en armes aux uniformes repassés capable de dominer la population (toujours nombreuse) par la force des armes. On ignore le volume et la force des gangs purement mafieux purs au sein de la population, apparemment réduits (les mouvements islamistes même s'ils sont plusieurs, restent dominants), et on note l'absence pour l'instant d'attaques suicides, pourtant abondamment pratiquées par Daech lors de la reconquête de l'Irak.
On ignore aussi le volume des moyens logistiques de la résistance, la destruction du Hezbollah les ayant sans doute réduits, mais pas de manière décisive, apparemment.
A ce point de la guerre, trois interprétations sont possibles.
On se doit d'évoquer la théorie pacifiste, qui manifeste aussi en Israël, et qui demande l'arrêt des combats, et la remise de Gaza à ce qui reste du Hamas pour obtenir la libération des otages encore vivants. Ayant en filigrane l'intervention de forces internationales sur le territoire de Gaza, ce qui remettrait fortement en question la souveraineté israélienne, mais qui pourrait produire des résultats intéressants, avec surtout une "irakisation" de la situation dont personne ne veut, elle semble foncièrement irréaliste, à défaut d'être envisageable.
On se doit aussi évoquer la théorie complotiste qui considère que les combattants du Hamas sont en gros des soldats israéliens déguisés agissant pour le compte de Netanyahou: la guerre ne serait qu'un génocide organisé des arabes palestiniens menée sur la base d'une opération sous faux drapeau menée depuis le début pour le compte d'un mafieux au pouvoir qui n'agit que pour éviter la prison. Quelles que soient les variantes de ce narratif, on n'y trouve guère que l'illégitimité foncière de l'Etat d'Israël et la dénonciation du sionisme, soit le renforcement de l'idée de long terme de la récupération de la terre des croisades par l'Oumma.
On se doit aussi de parler de la stratégie actuelle, qui quoiqu'on en dise, reste marquée, du moins il me semble, par une forme de demi-mesure.
La logistique du Hamas
On a. évoqué la logistique et le fait que l'origine de celle du Hamas reste mystérieuse. La source que fut au nord, le Hezbollah était certaine, et aujourd'hui certainement interrompue tout ou partie. Celle du sud, via les tunnels qui relient la bande Gaza et l'Egypte est sans doute active, mais on s'interroge sur la facade maritime, très certainement hermétiquement fermée, à moins que... Comment le Hamas se ravitaille-t-il en armes et en munitions ? Sauf à épuiser des stocks gigantesques cachés dans une infrastructure souterraine restée inviolée. Faut il en revenir à la théorie 2 pour voir dans le mystère une autorisation décidée au plus haut niveau, ou bien comme cela est vraisemblable, une délibérée utilisation de l'aide humanitaire comme paravent des livraisons?
Affamer Gaza, est ce garder à la frontière, comme cela est fait actuellement, des sacs de farines et des paquets de couche culottes non tous éventrés à fin de vérification, pour mieux favoriser une aide en nourriture et vêtements kascher, très abondante, mais hélas moins bien pourvue en moyens de résistance ? Accepter que l'on parachute de l'"aide" sur des zones non contrôlées est il bien raisonnable ?
Un autre point est l'administration des populations. Le Hamas reste l'administrateur de la bande et donc ayant un "ministre de la Santé" capable de donner des statistiques sur les morts pourrait disposer de fonctionnaires capables d'organiser la distribution de l'aide humanitaire et d'en rendre compte auprès des donateurs. On ne voit rien de tout ça: l'armée israélienne, tout à sa guerre ne réglemente pas le contrôle des populations et semble laisser à une administration locale, à la fois indépendante du Hamas et soumise à celui-ci, le soin d'une distribution qui reste effective ou en tout cas possible, car rien n'indique que Gaza soit entièrement affamée, vu les volumes de biens "gratuits" disponibles, à moins que la misère, sans doute effective, ne soit due à une lutte des classes qui ressort d'un capitalisme de prédation tribale bien peu propice à l'émergence d'un sentiment national autre que ce qui est cimenté par la haine des juifs, à préserver à tout prix.
En tout cas une chose est réelle: à part la propagande Hamas sur le génocide, les enfants maigres et les malédictions incompréhensibles de femmes voilées, on n'apprend rien sur la réalité du drame et sur ses ressorts. Entièrement bidonnés les reportages en question et toute l'"information" en regard ne mérite aucune espèce d'attention. On en est à des femmes à 3 bras générées hativement par intelligence artificielle, peut être la plus sinistre illustration de la honte totale que devraient éprouver les crétins à se masturber avec ces mensonges éhontés. Aussi "illustrative" qu'on veut de la situation, et vraie ou fausse, finalement voulant signifier ce que je veux dire, l'image parle assez:
La Russie
Parlons maintenant de la statégie russe en Ukraine. Elle fut marquée par plusieurs étapes, assez différentes, car appliquant des principes différents. On a eu affaire à DES stratégies appliquées tour à tour suivant les circonstances.
Passons sur l'attaque initiale, menée à un contre cinq pour impressionner et qui mena rapidement à des négociations qui faillirent réussir, assurant à la Russie de remplir ses objectifs: respect de la russophonie des oblasts dissidents, renonciation de l'Ukraine à l'OTAN. L'arrêt de ces négociations là mena immédiatement à la seconde phase de la guerre, qui se traduisit par des reculs défensifs très important, et à l'adoption d'une stratégie exclusivement défensive, conduisant au final à un retrait de la rive droite du Dniepr et à l'abandon de vastes régions conquises initialement, de gré ou de force après un abandon volontaire suivi d'une offensive éclair des Ukrainiens.
On eut là une sorte de chef d'oeuvre stratégique: conçue comme une agression, l'opération militaire spéciale s'était transformée, rapport de force oblige (à ce moment malgré le rapport feu, les effectifs ukrainiens sont très supérieurs) en défense résolue des territoires conquis. Cela mena à l'offensive massive de l'été 2023 quand l'armée Otano-Kiévienne rassemblée en poing blindé se fracassa sur les lignes russes, perdant une armée entière et toute chance de vaincre les Russes. Réarmés, remobilisés, et surtout complétés par un nombre suffisant de troupes, les Russes s'étaient adaptés à la situation et s'étaient mis en situation de repasser à l'offensive.
A l'exception de l'affaire de Koursk, ou surpris six mois par les Ukrainiens, il fallut combattre en territoire russe, pour finir par détruire complètement le contingent envoyé, on s'engagea dans une guerre d'attrition marquée par des avancées réduites sur la totalité du front, précédées par des bombardements massifs des positions de la forteresse ukrainienne, grignotée progressivement. Par ailleurs des bombardements massifs en profondeur sur les installations énergétiques et industrielles de l'Ukraine complétent la chose: il s'agit de détruire les infrastructures adverses, progressivement et inéluctablement en évitant toute attaque massive pouvant subir les dommages que permettent l'alliance de la surveillance satellite américaine et des drones maintenant omniprésents sur le champ de bataille. Il s'agit aussi d'éviter les morts inutiles: épuisée plusieurs fois par leurs offensives frénétiques de la deuxième étape de la guerre, l'armée de l'Ukraine est maintenant numériquement inférieure en nombre face aux Russes. On estime à plus d'un million ses pertes humaines, bien plus que pour les Russes (x5) , et cela malgré toutes les propagandes.
Cela fait maintenant deux ans que cela dure et l'Ukraine résiste toujours, encouragée et armée, alors que des dommages insensés sont causés dans tous les domaines, humains, militaires, industriels. On note toutefois qu'absolument jamais les Russes ne firent des attaques anti-cité ou anti-civils, les morts civils, peu nombreux, étant dus occasionnellement à des effets de bords (dont certains causés par les défenses anti aériennes ukrainiennes) d'attaques exclusivement dirigées contre des infrastructures. La réciproque n'est pas vraie, même si ces attaques là, de la part des Ukrainiens, restèrent limitées et ont maintenant cessé, l'artillerie ukrainienne ayant été repoussée assez loin des villes du Donbass sous contrôle russe, et que les attaques de drones en profondeur se contentent maintenant de frapper des infrastructure énergétiques russes.