Les SoixanteHuitards
Toujours à l'occasion d'un exposé de la part d'un soixante-huitard parmi d'autre (1), dont la théorie est qu'il y a une crise de l'autorité, pourtant nécessaire à la transmission... En bref, et c'est un peu ce dont est porteur Pierre Valentin, une velléité de passer à autre chose après une gauche et un woke à la fois menaçante et vieillissante, le type est né en 98 !
D'abord quelques théories sur la gauche actuelle, ramenée à son wokisme d'abord caractérisé par son radicalisme et son légalisme: il faut tout interdire, et cela doit être fait au plus haut niveau, comme si l'Etat remplaçait le parent surveillant le bac à sable et qui intervient en permanence pour arbitrer les conflits entre bébés: les petits wokes sont des petits urbains riches et choyés incapables de vraiment socialiser et qui se radicalisent dans leur quant à soi, racial ou sexuel... En cela, le wokisme est ainsi un psychologisme: on se prétend "autiste" pour mieux se distinguer, et on combat la masculinité, comme "toxique". Quant au paradoxe suprême, le hiatus, que dis-je, l'aporie entre le virilisme noir (ou latinos) et le féminisme blanc, il est peut-être la vraie schize du gamin perturbé, l'ultime obéissance à son "père" soixante-huitard: être à la fois libéré sexuellement et politiquement, en se soumettant à ce qui va vous remplacer.
On en revient à 68.
D'abord, il fut une envie d'authenticité et d'intensité de la vie, par rapport à la triste nostalgie bornée des familles à peine sorties de la nuit des années 40 et 50. Un rêve forcené d'aventures et de voyages. Et le fait que les bateaux de Moitessier, le Damien, et les voyages hippies en Afghanistan et au Népal ont décoré tout le vécu de cette génération, qui s'exprima aussi avec la même énergie dans la musique et ... dans la politique pour finir. Le Gauchisme qui se développa voulu d'abord rompre avec le communisme rance des années à oublier mais et c'est là que je diverge des théories classiques, fut-il alors purement culturel ?
La théorie officielle est en effet, que se développa un gauchisme "culturel" ou "sociétal" qui était en fait un libéralisme et qui après avoir mis les socialistes au pouvoir, présida à la droitisation du pays et à l'abandon de toutes les valeurs de gauche. C'est la fameuse thèse de Michéa, l'année 1983 étant la date de la trahison.
Ce gauchisme était un nihilisme sentimental, voulant un avenir radieux construit sur une détestation du monde ancien qui seul resta et fut transmis, au point de faire du woke une négation radicale de tout le passé, culture comprise, ce dont s'était abstenus les soixante-huitards, tous marqués par la littérature ancienne, ils lisaient eux. Passé à révérer, futur à construire furent oubliés : il n'en reste rien, et l'inévitable mort climatique indispensable à la conviction (la nier est criminel) est le seul horizon.
Je pense le contraire, ou en tout cas quelque chose de très différent. D'abord, 68 fut pensé et vécu comme une "révolution" (les gens disaient dans les années 70 "pendant la révolution") et une révolution socialiste suivant les canons marxistes. Mieux: dirigés et conduits par des marxistes, trotskystes et ex communistes avec toutes les nuances du vocabulaire révolutionnaire, anarchisme compris, les "gauchos" furent d'abord des convertis au marxisme triomphant des années 50 et 60. Mieux, ils convertirent la société entière à la "question sociale" qui devint le fétiche intellectuel de tous les camps. Il ne fallut pas moins que toutes les années 70 pour porter l'horizon de la "révolution", la vraie celle qui ne pouvait qu'advenir pour venger le raté de juin 68, vécu comme une catastrophe par les plus enragés, heureusement en France, détournés de la guerre civile par la mesure catholique et culturelle et aussi le gaullisme héroïque (Le Goff évoque l'Allemagne et l'Italie, où les choses furent autrement violentes).
Il fallut un travail opiniâtre de la gauche culturelle pour faire de la France des années 40 ce qu'elle fut en réalité malgré De Gaulle: le marais sinistre de l'abandon. Tout cela au service d'un collaborateur, extrême droite de toujours, et tout sauf marxiste: il n'aimait que la littérature et certainement pas ni l'histoire, ni l'économie.
En tout cas, la gauche de l'époque gagna en imposant les idées de classe sociale à servir et de préparation de la mise au pouvoir de nouveaux humains, idées marxiennes s'il en est et qui continuent d'animer sous les formes variées du préjugé, de l'obsession et du préjugé imbécile: je suis "de gauche" et toi pas, sale fasciste. Toute la société en fut infectée et se pris à juger vraisemblable malgré l'absurde infini que pouvait représenter le socialisme triomphant du début des années 80, que des tarés démagogues voulant officiellement rompre avec le capitalisme se fassent élire à la tête de l'État.
Ce n'est pas une gauche libérale et un gauchisme "sociétal" qui fut élu en 1981, mais, tous les témoignages le disent des fanatiques imbéciles qui se mirent à détruire méthodiquement l'économie du pays, ce qui fut arrêté à grand peine en mars 83, après deux ans de folies invraisemblables. Mais le mal était fait: la retraite était à 60 ans et les dépenses sociales, justifiées par la pauvreté à réduire à tout prix, et cela quoiqu'il en coute, étaient parties dans l'espace, pour quarante ans de mesures "sociales" prises sans souci à intervalles réguliers pour compenser les vagues mesures "pro business" que quelques énarques "de gauche" prenaient pour sauver les meubles, en fait l'argent de la corruption dont ils se sont mis à profiter.
Le résultat, et la preuve absolue de ce que j'avance est là: 57% de prélèvements publics obligatoire, ceux d'un pays bolchevisé dont 40% de la population vit plus ou moins d'assistance et que les classes internationalisées (comment se sentir solidaire, exactement comme dans n'importe quel pays du tiers monde, d'un peuple de misérables abrutis à moitié cannibales qui vivent, mendiants, de télé débile et de cannabis ?) méprise et trahit au point de considérer éthique de le remplacer à terme (ils ne se reproduisent même plus) par encore plus primitif et plus exploitable.
La question sociale a tout envahi: d'abord foule prolétaire dangereuse, puis communiste et encore plus dangereuse, puis revendicatrice à tous crins, au point d'engager, ce fut la grande conquête de 68 (qui fut surtout et d'abord une excessive augmentation des salaires), la grande inflation qu'on ne jugula qu'avec la dette infinie produite par la destruction de toute la monnaie au sens ordinaire. Car c'est bien pour arrêter les grandes manifs qu'on céda à la CGT. Chirac inaugura d'ailleurs là son rôle historique dans les abandons répétés aux airs du temps qui consuma l'incapacité totale du milieu politique à réparer les terribles dommages des socialistes à qui il donna le pays par sa bêtise et sa vanité.
Le voilà le nihilisme sociétal: celui d'un ambitieux jeune bourgeois des années 50, entremetteur puis successeur d'un jeune bourgeois des années 30, tous les deux traitres à leur pays au service de Pétain et de ses successeurs, et qu'ils mirent sur le chemin de la ruine au nom de la question sociale, seule raison pour gaspiller au service de la pauvreté nécessaire l'argent d'un avenir qui s'est maintenant évanoui.
Alors, parler de "néolibéralisme" triomphant pour désigner ce régime de lâcheté et de corruption bien incapable d'être libéral en quoique ce soit, et qui détruit avec acharnement toute entreprise et toute vraie innovation au nom des normes qu'imposent la planète et des inégalités à réduire par l'impôt, est particulièrement absurde, voire complètement con. C'est pourtant l'incessante leçon d'histoire que les soixante-huitards nous rebattent les oreilles, le soit disant "gauchisme culturel" n'étant que le cache-misère de ce qui n'a jamais cessé d'animer les consciences de ces héritiers d'un christianisme par ailleurs détruit avec habileté à la même époque : l'amour des pauvres, l'horrible fétiche scrofuleux qui impose de détruire le monde.
(1) Transmission : Le Goff https://youtu.be/gdZyTawBwmg