Les Juifs et les Arabes
Une vieille polémique qui n'en finit plus et qui en a pour longtemps.
Georges Bensoussan est un redoutable et vieux guerrier, qui plus est victorieux: il gagna son procès de 2017 sur l'"antisémitisme bu à la mamelle" les "territoires perdus de la république", que lui fit la djihadosphère, et se trouva bien sûr en pointe dans la destruction en France du CCIF, son vieil adversaire. Il fut cependant viré avec cruauté de son travail au mémorial de la Shoah. Clivant.
Il le fait remarquer, l'une des pierres de touches de la propagande entriste arabo-frériste est le mythe d'Al Andalous pour faire court, c'est-à-dire de la prétendue harmonieuse grande civilisation islamique en Europe du temps de la présence "arabe" en Espagne, mais plus largement et c'est le but de la légitimation, de la notion de dhimitude, telle qu'elle se serait par la même occasion manifestée dans le monde arabe pendant les 14 siècles, et en particulier au "bénéfice" des juifs, ingrats au point de s'y être soustrait pour fonder ce qu'il faut détruire, nous y voilà, Israël.
Parfaitement conscient de toutes ces choses, Bensoussan a le mérite et toute la puissance de ses propos tiennent à cela, de manifester en toute circonstances une implacable lucidité sur ces enjeux tout en étant, tout simplement un historien, et un gros travailleur. Son "Les juifs en pays arabe" démontre et confirme l'extrême difficulté de la vie des juifs sous la dhimitude du XIXème siècle dans le monde arabe, époque objet du premier tourisme, et dont les témoignages unanimes, il motiva en partie la ruine organisée de l'empire Ottoman à cette époque (ne parlons pas de la guerre de Crimée) sont de déplorer le statut misérable, opprimé et méprisé au-delà du possible des populations juives du maghreb.
Ignorer cette réalité ou la minimiser c'est participer au combat antiraciste à la Taubira (autrisse du principe de "non désespération du racisé") et qui consiste à favoriser à tout prix la fierté arabe en Occident en la disculpant de toute culpabilité à l'égard des juifs opprimés et des noirs esclavagisés mille ans, les noirs disculpés à priori de l'antisémitisme ne devant tout de même pas se battre la coulpe de leur auto-esclavagisme. Car il y a bien eu trois traites, dont une seule a été abolie, et qui est la seule à être condamnée. Les autres, intra afraicaine et islamique existent toujours.
Pour ce qui concerne Lucette Valansi, qui s'acharne sur Bensoussan, celui-ci fait remarquer avec une méchanceté qui lui est propre, qu'elle travaille en Tunisie à un musée à financer, ce qui serait sans doute aidé par la relégitimation de la pauvre Tunisie, premier pays du Maghreb a avoir fourni des djihadistes à Daech et surtout premier pays du printemps arabe à avoir démocratiquement discuté sous l'égide d'un parti frériste, aux méandres islamisés de l'héritage des femmes tel qu'il devait être mentionné dans une constitution très débattue. La honte islamique du monde arabe, aujourd'hui ruinée économiquement après s'être dressé contre la corruption d'une libération excessive des moeurs.
Bensoussan cite Albert Memmi, connu pour son anticolonialiste et il s'y connaissait, il parle de sort des juifs en Algérie, vivant en pays hostile dans un monde qui ne cessa de les persécuter. La Dhimma "protégeait". De quoi ? Expression ultime de la faux culterie cynique d'un oppresseur cruel, la "protection" ou statut inférieur donné à ceux qui ne méritent que des coups de pieds et de poings en passant, et dont on se permet à l'occasion de gourmander les auteurs...
Par ailleurs, Bensoussan parle des mémoires ou de la mémoire et l'articule. D'abord, il y a DES mémoires, et que celles-ci sont liées aux classes sociales. On n'a pas les mêmes souvenirs dans les différents niveaux des hiérarchies sociales et cela est tout à fait certain, hors la conscience de classe marxiste. De grands bourgeois juifs collectaient les impôts en Tunisie, non pas pour s'approprier l'argent des naïfs sultans, mais bien pour récolter surtout l'opprobre du peuple, lui pas juif du tout et qui pouvait se venger sur les misérables du bas de l'échelle (c'était leur position), les juifs.
Il évoque aussi une pratique de l'histoire assise sur les considérations culturelles ET sociales des situations et évoque ainsi une histoire culturelle des pratiques sociales. La culture étant évolutive et dépendante de l'histoire, il s'écarte de tout racisme et donc de l'"essentialisme" (anti arabe) à quoi on le condamne. Il met en jeu les facteurs anthropologiques et ainsi, évoque la peur comme moteur quasi principal de l'histoire. Au point de la prendre comme source d'explication: c'est une peur terrible qui saisit Hitler fin 41, lorsque confronté à son échec en Russie, à la nécessité de faire la guerre à l'Amérique, il décide du génocide: la haine absolue motivée par la peur qui est aussi peur du juif caché présent au sein du peuple en guerre et qui doit s'unifier absolument pour combattre.
Bensoussan est par ailleurs mal (ou bien) positionné dans les médias, comme un réac dangereux (d'ailleurs il l'est, et terriblement). Totalement lucide par rapport à l'immigration maghrébine, c'est tout son combat, il décrit avec précision la nature de l'antisémitisme musulman aujourd'hui accroché à l'antisionisme. Évidemment sioniste au sens strict (défense de l'identité nationale israélienne, expression géopolitique de l'irrédentisme juif), Bensoussan décrit le sionisme comme un anticolonialisme, celui de la révolte contre la dhimitude d'abord, contre le colonialisme turc puis britannique. C'est un renversement de valeurs, anhistorique et mensonger qui fait de la Palestine une terre colonisée luttant pour sa libération, alors qu'elle n'est que l'expression fausse et non fondée historiquement du terrible ressentiment des musulmans contre le mal juif, dhimi essentiel révolté, et qu'on veut détruire pour cela.
La lutte palestinienne est religieuse et essentielle au monde musulman, en particulier pour les diasporas éloignées ou l'absence de vraie proximité géographique voire ethnique (on se demande ce que les berbères ont à voir avec les arabes palestiniens) s'illustre dramatiquement par l'absence de toute espèce d'intérêt de leur part pour les massacres syriens ou yéménites, internes aux mondes arabes et qui se chiffrent en centaines de milliers de morts.
Pour finir la thèse terminale, celle d'Israël pays paria du monde actuel, porteur du peuple juif paria opprimé de l'histoire, après avoir été la religion originelle, paria du christianisme ET de l'islam. La volonté de souveraineté juive, le sionisme originel comme irrédentisme fondamental, est donc à l'origine de l'antisémitisme ! Beau renversement, il fallait y penser.
À partir de là, théoriser le "séparatisme" comme tendance coupable de l'islam pacifique, à combattre plutôt qu'un islam politique mal défini, et défendre les valeurs de la Nation Française plutôt que celle d'une République bien trop abstraite et récupérable, sont les aspects saillants de sa volonté d'agir. Tout n'est pas foutu, et De Gaulle, par exemple, est parti de vraiment rien: l'Espérance est aussi une vertu théologale juive et au combien.
(1) Interview de Bensoussan Akadem https://www.youtube.com/watch?v=PuPtLSzcJzs
(2) Introduction de Lucette Valansi à un colloque de 2021 https://www.youtube.com/watch?v=knDb3hoO4Lk
(3) Bensoussan mai 2025 https://www.youtube.com/watch?v=5LXw2gXXtUo&t=3s