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Les Antiwokistes

À l'occasion d'un débat Alain Policar Emmanuel Hénin, échange (1) courtois par ailleurs, à la hauteur de l'extrême courtoisie du très cosmopolite voire onctueux Policar qui différencie wokeness et wokisme (il se reconnait en la wokeness) on évoquera certains arguments mis en avant par Policar. Au passage, on notera l'arrivée d'un nouveau terme, vicieusement introduit par l'auteur de "Le wokisme n'existe pas" et qui est le mot "antiwokisme", concept lui justifié et qui désigne... L'estrèmdroat. 

D'abord l'islamophobie. 

Policar, avec bien d'autres, utilise la figure de l'épouvantail réhabillé: non "islamophobie" ne vient pas de Khomeini, comme l'affirme à tort Caroline Fourest, MAIS fut crée en 1910 par les autorités françaises, même s'il fut utilisé par les tenants de la révolution iranienne. 

L'argument lui donne donc le droit d'utiliser le terme, devenu aujourd'hui (différemment des autres acceptions, et donc entièrement renouvelé) désignation du "racisme antimusulman".  

On reprend l'accusation envers Caroline Fourest, compagnon de route des "Femens" qui très tôt s'en prirent au patriarcat musulman, crime suprême qui transforma des lesbiennes olé olé en salopes d'extrême droite. L'islamo gauchisme se sépara de ces dames-là et les cancella avec toutes les luttes inappropriées contre le violeur Tariq Ramandan et les femmes voilées (violées sinon) de l'Iran, encore lui... Le double déni à l'égard de Caroline Fourest, l'emploi idéologisé du terme par les islamistes iraniens étant aussi bien sûr (et on ne le mentionne pas) celui des frères musulmans que l'on ne mentionne pas non plus. Policar apparait ainsi à ce sujet comme porteur extrêmement malsain de l'une des manipulations les plus sinistres des frères, heureusement démontée et à peu près sous contrôle, quoique sans cesse revitalisées et par les plus dignes  (des ministres, des députés).  Manuel Valls, ex premier ministre fut pourtant très clair là-dessus, malgré tout ce qu'on peut lui reprocher par ailleurs, à moins que sa  participation à la lutte contre l'emploi du terme n'ait été contre productive... 

 

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On rappelle que l'utilisation de 1910 discréditait les opposants à l'islam de l'époque, ceux qui voulaient revenir sur la liberté laissée à l'islam traditionnel de gérer les  indigènes ainsi soumis à l'ordre colonial. Exactement, c'est l'ironie de l'histoire, la liberté que l'on veut donner aujourd'hui à l'islam de gérer la communauté musulmane en France et en Europe, et donc ainsi de la dominer et de la séparer; c'est tout le problème. Islamophobie a donc bien son sens originel, si du moins on l'a compris, et c'est toute l'ambiguïté hypocrite de l'islamo-gauchisme que de le cacher. Esotérisme oriental, si tu nous entends... 

La négation par Policar de la notion même d'islamo-gauchisme, du fait de son alliance de circonstances avec les dénonciateurs enfiévrés de Jean-Michel Blanquart  à son époque est, elle aussi, typique de l'enfermement d'une certaine modération dans les pièges frelatés des manipulations médiatiques: c'est celui qui dit qui l'est pas qui l'est, ou qui s'y est fait mettre... 

On terminera par le concept de "racisme anti-musulman" combattu en ce moment par l'imposition (pénible , mais en progrès) de l'expression "racisme anti blanc" (on va en reparler). Un racisme suppose l'hypostase de la notion de "race", supposée ainsi à l'origine de caractéristiques fondamentales essentielles. En soi complètement éteinte avec les dernières élucubrations scientistes en rapport, celles menées par les nazis, la notion n'a plus de signification au sens strict et n'a désigné sous une forme manipulée que l'ordinaire xénophobie des racisés visibles qui anime toute l'humanité sans exception, et qui va de la plaisanterie douteuse à l'émeute de la colère justifiée par un fait divers, comportements là encore ordinaires et maitrisables par la simple politesse. 

On évoquera la manipulation mentionnée, en lien avec les luttes politiques des années 70 et 80, l'assimilation de la droite à l'extrême droite évidemment nazie ayant joué un rôle important dans l'arrivée au pouvoir et à son maintien (au pouvoir) d'un collaborateur avec l'Allemagne nazie, précisément, et qui s'enthousiasma pour le renouveau français à une époque où il s'associait explicitement avec un statut légal des juifs qui fut critiqué ultérieurement. 

Que le "racisme" puis être associé à la détestation d'une religion est un moyen habile de verrouiller linguistiquement l'expression d'une opinion justifiée. L'islam sunnite traditionnel  (coran + tafsirs + sirah + haddiths) est explicitement formé de traditions textuelles non ambiguës qui réglementent, acceptent et valident les 5 piliers moralement inacceptables pour quiconque et qui sont : la sexualité avec les filles impubères, l'amputation des voleurs, la condamnation à mort des apostats, la pratique l'esclavage, le statut légal inférieur des femmes et des mécréants. Sur cette base indubitable et documentée, il n'est pas raisonnable de déconsidérer les expressions de condamnation globale d'une telle chose, légitimes voire obligatoires. L'islam n'est pas un corpus textuel "respectable" et ceux qui en sont partie prenantes sont soit des hypocrites à combattre énergiquement, soit des ignorants sous influence. La lutte contre son influence globale est légitime et doit être protégée par la loi. 

La domination

Chapeau et principe du wokisme, le concept de Weber est dévoyé à un point qu'on ronge les ongles. Il explique et essentialise plus qu'une théorie: une conception morale du monde, le fait de dominer étant coupable, point final. 

La transformation d'une situation explicative des hiérarchies sociales humaines, sensée abstraire au nom du rationnel une structure des sociétés, en crime contre l'humanité à poursuivre sous toutes ses formes et classé péché suprême de tout le passé de la société occidentale exclusivement est la marque du wokisme. On pourrait dire qu'il est cette transformation, ou du moins que le wokisme au sens négatif (on essaye d'être gentil, là) s'identifie avec l'utilisation pathologique du concept. 

Pour ce qui me concerne,  hors l'abstraction "structurelle" du terme utilisée pour matérialiser l'asymétrie des hiérarchies humaines, je pense que le mot, sémantiquement relié aux pratiques sadomasochistes communes, et donc connoté masque noir, chaines aux pieds et gode dans le cul, n'est plus approprié à notre époque. Je pense donc pouvoir m'en passer complètement. Il n'y a pas, et il n'y a jamais eu de "domination" et la soumission sans violence n'est pas le fait d'un dominé, mais d'une potentielle victime de violences. La soumission et l'acceptation ne sont pas les marques de la domination, mais d'autre chose, et on doit s'intéresser à la stabilité et aussi à l'instabilité de ces soumissions, pas à son essentialisation vicelarde. La sociologie doit être refondée sur la base de l'éviction de ce terme, et de grands progrès dans cette discipline sont à attendre de ce fait. 

Le colonial

Mais on doit parler du colonial. Tout d'abord le colonial de l'Occident. Car l'Orient aussi a colonisé, et beaucoup. L'empire Ottoman, autrement dit le Califat musulman, organisateur de la Oummah, entièrement dominée (...) par le Sultan Stambouliote en Europe au Moyen Orient (sauf la Perse) et en Afrique du  nord, fut bien colonisateur en plus d'être impérial: il écrasa sans vergogne ni pitié des peuples assez nombreux et tous n'en gardèrent pas un excellent souvenir. Hongrois, Serbes, Roumains et aussi Autrichiens se construisirent contre la porte, tout comme l'Espagne se construisit contre les maures, berbères islamisés sous obédience arabe. Tout pouvoir colonial produit des discours de légitimation et les ottomans succombèrent au principe, mais aussi les Occidentaux. 

Car il faut le reconnaitre: d'abord triomphant colonialement au XIXème siècle, l'Occident malgré (ou à cause) des terribles  guerres qu'il se fit à lui-même au XXème et qu'il propagea à la terre entière, trouva, la paix retrouvée bien des prétextes à réaffirmer sa légitimité à se considérer supérieur aux autres. Dominant techniquement militairement et culturellement, et cela malgré (ou à cause de) ses défaites marquées dans toutes les vieilles colonies où il chercha à se maintenir au-delà de ses capacités, il se proclama supérieur, et il faut le dire vexa. 

Car oui, la colonisation fut cruelle pour les sentiments nationaux des vieilles nations écrasées (Chine, Asies, mais aussi Maroc) et peu accommodante pour les nations en devenir, arbitrairement délimitées et laissées à des tropismes peu créatifs (Amérique du sud, Afrique). Une seule nation, le Japon, traversa l'histoire intouchée (à part par deux bombes atomiques). Prétendant à l'universel, au juste au beau et au bien, l'Occident ne le fut pas complètement et nombreux sont les exemples ou plutôt les contre-exemples à ces prétentions. Au point que du point de vue indigène, on put légitimement, et en plusieurs occasions élaborer le triste constat de la contradiction essentielle de la colonisation occidentale, rapace, raciste et inhumaine en tout cas en contradiction radicale à maintes reprises avec les principes affirmés par ailleurs hautement. 

Ce hiatus hors discussions et argumentations à son sujet est incontestablement factuel et marque les sentiments profonds et les opinions des populations des pays non occidentaux (le fameux "sud global") mais aussi des populations immigrées issues de ces pays, ce qui constitue un problème à terme et un argument en faveur de l'arrêt de cette immigration, ou bien, si cela ne peut se faire, par l'adoption de la culture woke, ultime tentative de se faire pardonner des crimes passés et donc de pouvoir continuer à vivre sur sa terre envahie. Le woke est ainsi colonial jusqu'au bout des ongles, comme constitutif de la haine de l'Occident qui reprise par l'Occident lui-même lui permettra en s'excusant, de survivre à une colonisation à la fois effective (les chiffres sont là) et justifiée, on vient de le voir. La colonisation à l'envers, explique l'histoire passée et la motive entièrement. Chacun son tour, et c'est ce que disent et pensent beaucoup de gens. 

Ce sentiment guerrier, à rebours de toutes les considérations humanitaires mises en avant par les uns et les autres au cours de l'expension de la colonisation elle même, des tentatives de son maintien, puis de son démantellement et de la stabilisation de sa disparition complète est maintenant factuel, universel et indubitable. Et pourtant. 

Tout d'abord, l'expansion occidentale dont nous parlons fut fondamentalement diverse: les histoires de l'Amérique et de l'Océanie (un génocide civilisationnel à la fois subi (les maladies) et intentionnel (les conquêtes ouvertement violentes)), du monde musulman (des conquêtes sur des peuples déjà soumis à des empires infiniment plus cruels), de la Chine (la domination cynique sur un empire en déclin), de l'Afrique (des peuples dispersés de cultures peu développées).  Le ressentiment commun a des origines absolument distinctes et dans tous les cas, l'origine de l'injustice vécue tient d'abord à un fait simple: "est colonisé ce qui est colonisable" (Malek Bennabi). Le Japon, seule vraie exception, fut épargné par cette injustice. 

Ensuite, on pourrait et on doit dire, que toute choses égales par ailleurs, l'expansion occidentale fut d'abord causée par l'ampleur de la différence de maitrise de techniques matérielles qui se manifesta subitement dans l'histoire entre l'Europe et le reste du monde. On peut et doit ajouter que cette maitrise n'est en rien essentielle, c'est à dire substentiellement liée à la race, religion ou même culture originelle des populations de l'Europe: seule l'avènement en premier de cette maitrise dans son espace temporel et géographique pourrait être ainsi expliqué. Parler de "domination" est ici superficiel et accessoire: il est évident que le possesseur d'un grand couteau "domine", la question est l'obtention du couteau et l'energie mise à le manier; doit on parler du concept de "possession agile d'un instrument tranchant" ? 

Si l'on excepte la frénésie nazie, tardive et on pourrait le dire "finale" tant l'Occident mit d'énergie à le circonscrire sans aucune tentation de s'y soumettre, on peut dire que l'exploitation de la maitrise technique menée dans le cadre religieux chrétien fut globalement plus généreux et capable d'évolution que tous les autres systèmes historiques de "domination". Quel empire dans l'histoire libéra ses esclaves et accorda les indépendances à ses conquêtes ? 

L'argumentation peut continuer, et on pourrait en rajouter sur l'état des "civilisations" du monde au moment ou gonflé par la sienne l'Occident s'est répandu partout. Il n'y avait pas photo. Car indépendamment du fait que l'humanité soit essentiellement une, elle s'était en mains endroits (en fait tous sans exceptions à part le Japon et encore) contenté d'assez peu, voire de vraiment navrant absolument partout: abrutissement , tyrannie et préjugés lamentables, bref tout ce qui ne pouvait que motiver les grands projets civilisateurs de ceux qui absolument tous restèrent du côté du manche. 

Ce n'est qu'à la toute fin (dans les années 30) qu'on tira du judo et donc du bouddhisme les valeurs fascinantes qui agrémentèrent la déchristianisation finale. L'islam n'inspira rien, sinon le dégout qu'il inspirait depuis le Moyen âge, et de manière générale, rien, absolument rien ne sortit de vraiment intéressant (il y a des exceptions, tout de même)  des masses du sud global pourtant énergiquement remuées pendant deux siècles. De quoi, franchement faut se mettre à notre place, susciter bien des mépris et pourtant, contre toute attente, on tira au final de ces stérilités l'improbable décolonialisme ! 

 

Le Genre

Le genre c'est autre chose, comme on dit.  D'abord associé intersectionnalement au racisme, il a le tort sous sa forme hétéro (le féminisme) et homo (LGBetc) d'entrer en opposition frontale avec les statuts incroyablement bas attribués par les tiers mondes aux femmes, au point d'en être une marque qu'on croyait indélébile et rédibitoire: être femme ou homo et frayer avec ses pires oppresseurs musulmans ou africains noirs parait baroque, voire impensable. Et pourtant. 

Voire deux lesbiennes piercées se tatouiller sur leurs seins nus "free palestine" à défaut d'être risible inquiète sur leur sort futur, une fois livrées à ce qui les dévorera avec la haine puissante que toutes les traditions qu'elles célèbrent ainsi leur réservent... Une telle inconscience réjouit et inquiète: la connerie serait elle infinie ? Le suicide le nouveau veau d'or ? 

L'éveil woke est pourtant bien bifide et avant tout dirigé contre le même être diabolisé, c'est ce qui explique l'improbable alliance: le blanc est avant tout hétérosexuel genré et le petit mohamed sodomisé jusqu'à l'épuisement par André Gide dans "si le grain ne meurt" était blanc ce qui excuse toute la gent arabe et l'innocente. 

La rigolade mise à part (quoique), le genre est d'abord une affaire de femme qui désirent s'éloigner du sexe et gagner de l'argent sans plus avoir à jouer de leurs charmes, c'est l'histoire du plafond de verre, pourtant justifié dans un premier temps par les mérites du management féminin sensé accroitre la productivité capitaliste: la réputation rapace des mères maquerelles n'est plus à faire. Parlons plutôt de pudicité puritaine finalement subvertie par les transgenres qui pissent debout dans les toilettes pour femmes: là encore un renversement vers l'absurde s'est produit dans le sexe complètement troublé, et  conduit médusé et en masse vers la dénatalité, l'anorexie et les hormones. L'idéologie de l'éveil a bien pour objectif de faire réaliser l'incongruité de la binarité sexuelle, contredite pourtant par la parité que les vieilles guenons voulant être élues ont imposé: le genre est fluide et le chromosome Y inexistant. Mort aux cons, donc, et à tous. 

Au final

L'anti wokisme ne serait donc qu'une réaction épidermique à des excès condamnables que tout anti anti woke se doit de dénoncer au nom des valeurs que les anti wokes défendent mal en les mettant au service de l'estrèmedroate. Voilà une théorie actuelle défendue comme l'immigration par les chiffres. Car ces excès serait TRES minoritaires: seuls 10% des thèses de socio/philo ont genre ou race dans leurs résumés: est ce vraiment vrai ? 

Un rapide passage par "theses.fr", le download de toutes les métadata des thèses passées depuis 1985 montre que les occurences de "genre, sexe, homo, hétéro, race" ont doublé entre 1990 et 2024. Bon... Il faudrait effectivement passer tous les résumés à des moulinettes plus sophistiquées. En tout cas, il convient effectivement de quantifier le woke.   

 

(1) Débat Hénin Policar Répliques https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/repliques/wokisme-anti-wokisme-9712390

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