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Les Modernisations

La revue "Le Débat" est en ligne, comme le déplora en son temps Pierre Nora, éditeur de la cohérence de chaque numéro, et qui se plaignait de la lecture "à l'article". 

Des témoignages intelligents des grandes plumes qui pour de grands esprits décrirent l'esprit de leur temps avec un pessimisme (1) dont le ton est à considérer. 

On passera sur la jouissance secrète qui nous anima longtemps à voir notre ennemi être aussi mauvais, critiquable et critiqué de la sorte avec autant talent et de précision : sa victoire ne pouvait être qu'un malentendu rattrapable, ses méfaits trop évidents pour ne pas pouvoir être de faire ampleur et vite rattrapés, sa défaite évidente et nécessaire allait être retentissante, à la hauteur de la terrible médiocrité révélée par l'évidence et la férocité du bien dire, fait d'intelligences gardées provisoirement en réserve, et qui allaient nous sauver... Il n'en fut rien, la description satirique décrivait une époque comme à la fois un présent définitivement établi et un futur de quarante années sur ces principes-là, dont le bronze venait de couler pour longtemps. 

Datée de 2000, la féroce (1) critique de Jean-Pierre Legoff, parmi tant d'autres, ne fit pourtant qu'illustrer les terribles destructions de l'ère Jospin, le nucléaire et les 35 heures, et l'installation miraculeuse à venir d'un roi fainéant paralysé par une élection triomphale qu'il attribua à son ennemi dont il continua d'appliquer fidèlement les moeurs et le programme... 

Tout ce qu'il avait décrit était vrai, affreusement nuisible, mais fut en fait entériné et ressassé jusqu'à plus soif, voir Muray, qui écrivit aussi dans le Débat, horrible journal réactionnaire justement méprisé: il n'empêcha rien. 

On pourrait résumer les choses simplement: on arriva au pouvoir avec un projet dément (rupture avec le capitalisme, changer la société) et les politiques démentes en rapport (nationalisations, étatisations, gaspillages) jusqu'au mur atteint assez vite. Pour justifier les reniements (essentiellement les hausses d'impôts qui initièrent le blocage de l'économie et l'instauration d'un chômage de masse) on passa alors aux "valeurs" (solidarité, égalité des chances, droit à la différence) pour justifier une posture pure qu'on attribua (on le lui attribue encore) à un reniement ambigu envers un capitalisme à la fois conspué et jugé nécessaire. Il n'en était rien, le gaspillage continua, simplement financé par une dette qu'on rendit monstrueuse en la faisant payer par l'Allemagne déguisée en Fédération Européenne et réciproquement.

La chose fut à l'époque présentée comme une "modernisation", à grand renfort d'une Education nationale qui stimulée par l'informatique fut transformée en une garderie pour singes peu savants à qui on cessa d'apprendre quoi que ce soit. Cette modernisation informatique fut par ailleurs illustrée par l'année de la sortie Mac (1984) la fameuse année du futur, qui bien loin d'instaurer la grande liberté inventée par Apple, instaura bien au contraire l'oppression décadente de la gauchiasserie, exactement comme prévu par Orwell. 

On instaura entre autres le droit à la réussite, et son initiateur visionnaire souverainiste démissionna en pleine guerre mais resta la référence pour toute la partie droite de la gauche (il venait du très marxiste CERES) au point de l'être de Macron lui-même.

On rappellera que l'immonde Chevènement (il s'agit de lui) fut entubé par le même Macron pas plus tôt qu'en 2022, quand on lui fit faire campagne en lui promettant des députés qu'il n'eut pas. 

On citera à ce propos Laurent Fabius, actuellement président du Conseil constitutionnel: 

- Vive les Etats Unis d'Europe ! 

- La politique est une éthique. 

Il y a dans les malheurs présents une jouissance secrète d'un degré et d'une intensité supérieure, celle qui nous fait dire qu'on l'avait bien dit. 

 

(1) La modernisation selon Legoff : https://shs.cairn.info/revue-le-debat-2000-3-page-232

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