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Les monades

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Deleuze dit que Leibnitz est baroque. Né à Leipzig 40 ans avant Bach (lui-même mort à Leipzig), il est l'idéal du grand philosophe, celui qui maitre des idées simples démontre absolument tout et décrit la grande harmonie du logique et du nécessaire. La perfection joyeuse du bambin doré et de sa trompette, à la fois triomphant et un peu ridicule et surtout puissamment et absolument beau. 

La "monadologie" (1) explique tout et se trouve être l'essentiel à saisir. 

Tout d'abord les bases de toute la déduction: 

- le principe de contradiction

- le principe de raison (qui est la vraie  base du système Leibnitzien)

Ensuite (ou en même temps)  la monade comme être individuel essentiel, image de l'âme de l'être invidivis autonome isolé et absolument incapable d'atteindre l'intérieur de l'autre. La monade n'a pas de portes ni de fenêtres. Merveilleuse et décisive image de l'individu occidental, définitivement seul. 

Tout d'abord l'opposition mâle femelle des deux passions  d'agir et de pâtir en fonction des perceptions distinctes ou confuses, la plus grande perfection étant celle de l'action, c'est-à-dire de la capacité à rendre raison de l'autre. MAIS, et c'est là le génie du philosophe, cette influence mutuelle passe par Dieu, car on n'a pas, Monade oblige, d'influence directe. 

C'est donc Dieu qui décide. MAIS, et c'est là encore le génie, il ne décide pas arbitrairement, mais en fonction du principe du meilleur. Car il y a une infinité d'univers dans les idées de Dieu et qu'il ne peut en exister qu'un seul. Il faut donc qu'il y ait une raison suffisante du choix de Dieu. 

54 « Et cette raison ne peut se trouver que dans la convenance, ou dans les degrés de perfection que ces mondes contiennent, chaque possible ayant droit de prétendre à l’existence à mesure de la perfection qu’il enveloppe. »

Et on continue: cette participation de tout ce qui est à un meilleur naturellement choisi par Dieu fait de toute chose en son état une image de tout l'univers. 

« Et c’est le moyen d’obtenir autant de variété qu’il est possible, mais avec le plus grand ordre qui se puisse, c'est-à-dire c’est le moyen d’obtenir autant de perfection qu’il se peut. »

Avec l'entropie minimale, la grande idée de la suite des lumières: l'autonomie de la raison et l'harmonie universelle qui la justifie et l'explique. Encore mieux : tout communique avec tout de proche en proche.

« Mais une âme ne peut lire en elle-même que ce qui y est représenté distinctement, elle ne saurait développer tout d’un coup tous ses replis, car ils vont à l’infini. »

Et voillà les plis que décrit Deleuze... 

Au passage, une intéressante différence entre homme et machine, l'homme étant un "automate naturel" mais dont toutes les sous parties restent des automates, alors qu'une machine artificielle se termine en roue de laiton inerte... Cela à l'infini, car le monde est divisible à l'infini, calcul différentiel oblige. Ce type est génial. 

Au sujet de la biologie, on est encore dans la préformation, mais contemplée par un homme intelligent: la naissance comme la mort ne sont que modifications.

 

Mais revenons  à cette histoire de baroque, clé de la puissance de Bach et de cette époque. 

D'abord la monade sans fenêtres, est le monde qu'investit le Baroque: l'église, la sacristie: ce qui est à voir est -dedans-. L'architecture du baroque est la scission intérieur/extérieur, l'autonomie de l'intérieur et l'indépendance de l'extérieur. Thème inlassablement ressassé par les spécialistes et on va plus loin: il y a dans le baroque DEUX étages, séparés par un pli, corps et âme, physique et métaphysique et qui se correspondent. Le 1 et le 0...

Les plis en question sont aussi de part et d'autres et se répondent. Car la différence ne se fait pas entre un indifférencié et un progrès mais entre les plis, indéfiniment repliés (je m'exalte en spéculant). 

 

Sur le principe de raison, on comprendra avec Deleuze que la cause n'est pas la raison et que "tout a un concept". On en vient là au concept au sens Leibnitzien qui s'oppose à Descartes. 

Et puis il y a l'opposition évènement/attribut: Leibnitz (comme les stoïciens) est maniériste, baroque: il n'y a pas dans la prédication affirmation de l'essence mais évènement de la prédication; fond/manière détrône l'essence. La considération est puissante (...).

(1) Monadologie par Gottfried Wilhelm Leibnitz 

(2) Deleuze Le pli Leibnitz et le baroque

 

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