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Les instructions

Une proposition faite par notre ami Zemmour, le vichyste connu, est de restaurer l'appellation d'"instruction publique", comme le fit brièvement Vichy de 1940 à 1941, pour remplacer l'appellation "éducation nationale", instaurée en 1932 et conservée depuis. 

En fait l'appellation, qui désigne le ministère en charge des écoles, fut âprement discutée dans l'histoire, et son importance signe toutes les conceptions qu'on put avoir et qu'on a encore, de la chose...

Le dernier changement, lui-même aboli, le fut par celui de "ministère de l'éducation" (tout court) par Giscard d'Estaing, qui supprima le "nationale" pour parait-il, faire allusion à la maintenant nécessaire Europe. 

L'instruction publique fut bien sur celle de Jules Ferry, mais la distinction fut en fait discutée à la Révolution, et la grande vision de Condorcet doit tout diriger (1). J'en retiens que l'école, selon lui, a pour fonction de former des réformateurs et non des conservateurs. Il faut donc tenir à l'écart la religion, l'opinion publique et le pouvoir politique... L'éducation doit donc être réservée aux familles et le public garder l'instruction. 

Nous sommes en plein dans la sagesse ancienne, celle qui pour toujours valable doit présider aux choses, par delà les modes, les faux modernismes et la volonté d'imposer un monde nouveau; c'est un révolutionnaire, et sans doute le plus illustre d'entre eux, bien que guillotiné, qui vous le dit. 

« Le but de l’instruction n’est pas de faire admirer aux hommes une législation toute faite, mais de les rendre capable de l’apprécier et de la corriger. » (Condorcet)

Le point croquignolesque est que tenants de l'"éducation" étaient aussi nommé les "spartiates", en charge du creuset des citoyens fidèles et fanatiques. L'intellectualisme et l'excellence forme des individus à l'esprit insuffisamment communautaire etc etc. Les débats sont à hurler de rire et on comprend tout: cela se passait dans les années 90 du XVIIIème siècle. 

On oppose ainsi l'effort de l'instruction au coté ludique de l'éducation etc etc (encore).

A la 3ème république on tente de matiner, et de rajouter à l'instruction toujours révérer, la "volonté" nationale à éduquer dans le cadre de l'esprit national fin de siècle. Buisson promeut donc l'éducation, mais fondée sur l'instruction. C'est l'éducation libérale, nationale et morale, dont le ministère reste bien celui de l'instruction publique jusqu'à Herriot en 32.

L'instituteur (qui instituait le citoyen) devient sous Jospin "professeur des écoles"... Il fallait égaliser les conditions dans l'enseignement, bac pour tout le monde oblige... 

On glosera sur le port de la blouse que voudrait restaurer Zemmour, même si la mode, diversement suivie, disparut tout à fait en 1968, révolution consumériste oblige... 

On glosera aussi sur les propagandes, le caractère formateur de l'école s'étant affirmé à un point incroyable, au point de faire de la France l'incontesté premier pays woke du monde occidental, la perversion généralisée dans laquelle on tient nos enfants devant faire effet bientôt, dès que le droit de vote (on les juge prêts, certains veulent déjà se lancer) leur sera attribué. La génération 2012, mature en 2030, mais cela commencera avant, pourra donc conjuguer toutes les tendances dont on parle actuellement pour le plus grand bonheur des visionnaires. 

Mais la grande réforme sera celle du collège unique, qui signa en même temps que l'élévation du prolétariat, avec son accession enfin possible au secondaire, et donc en fait au lycée, à une forme dégénérée de celui-ci, la chose achevant de se consumer avec l'envoi en périphérie de Paris des enfants autrefois promis à l'excellence centrale et qui avait commencé de ruiner les parents adeptes de l'habitat stratégique. Flouées les classes moyennes réparties entre supérieures et inférieures, vivent donc doublement le déclassement inévitable qui s'avance.

Pour l'instant, il n'est que national, la France est 21/26 ème de l'OCDE au classement PISA (2). Dans la moyenne, mais inférieure au US. Est-ce grave ? 

Le collège unique supprima une distinction de classe, qui est l'origine de l'éducation, pour lui substituer un nivellement et aussi une sectorisation hypocrite. Le supprimer, c'est restaurer les apprentissages précoces, et aussi un emploi jeune qui devient inévitable, l'assistance généralisée en ruines le rendant inévitable, autant qu'il soit encadré et formé... Maintenant la chose sera difficile et la conversion des collèges se heurtera à bien des obstacles... 

 

 

(1) http://www.mezetulle.net/article-26934548.html

(2) PISA 2018 https://www.oecd.org/pisa/publications/PISA2018_CN_FRA_FRE.pdf 

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