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Les décapitations des professeurs

On a lu le bouquin de Di Nota "J'ai exécuté un chien de l'Enfer" et vu son interview par Polony (1) 

Il faudrait noter les points de l'interview, assez saillants et les suivre dans le bouquin. À cheval entre le romanesque, l'institutionnel politique, et le jugement sociétal, l'enquête sur la question est profonde et c'est bien le terrible coté individualisé du drame qui en fait quelque chose de monstrueux et de honteux, à la hauteur de sa conclusion. 

C'est cette conclusion (le meurtre sordide et la décapitation) qui fait le drame, ou plutôt sa conséquence "secondaire", en un sens à la fois propre et figuré: comme évènement accidentel rare et comme symbole d'une faillite totale, bref deux caractéristiques exceptionnelles, mais qui finalement ne font que mettre un point final à un abandon. Une sorte de suicide imposé... 

Quel est l'abandon ? Il est celui de l'institution, au sens strict: principal, syndicat, référent laïcité, enquêtent et statuent: ils reformulent l'avis des plaignants (une élève qui n'a PAS assisté au cours et qui ment et un prédicateur islamiste au discours offensif, menaçant et tendancieux) en mentionnant que LES élèves ont été "choqués" ou "froissés". 

Sur la base d'un double mensonge, une affabulation islamiste d'une part une majorité d'élèves par ailleurs musulmans et absolument pas choqués, se déroule alors une cérémonie généralisable qui exprime ce qui est au-delà des personnes et qui est l'institution de l'éducation nationale, soumise aux lois et principes qui la font, qui l'"institue" en tant que telle et qui la font fonctionner comme elle le fait. 

Mais il y a bien sûr d'autres mécanismes. Pas forcément inconnus des institutions d'ailleurs dont le rôle est d'ailleurs de s'en protéger ou des les contrôler.  Et puis il y a le politique pur et simple. Le meurtre de Samuel Paty se situe à quelques jours près entre deux manifestations du politique: la promulgation de la loi sur le séparatisme et la polémique lancée par le ministre de l'éducation sur l'islamo gauchisme... 

Comme si l'inqualifiable évènement "illustrait" soit l'inefficacité hypocrite, soit le martial nécessaire. Pouvoir des faits, symbolisation des actions humaines... 

On passera sur la cérémonie funèbre dans la cour de la Sorbonne, au son d'un très recueilli andante de Mozart. 

Il s'agit de la symphonie no 3 dite Salzbourgeoise qui en fait n'est pas de Mozart mais de Karl Friedrich Abel, et recopiée par le jeune génie, agé de 12 ans. Les porteurs du cercueil, dont une femme, sont suivis par un garde portant le portrait du professeur. Etrange. 

On passera sur les faits: Paty projeta 2 caricatures dont la célèbre "une étoile est née" :

Au préalable il proposa aux élèves qui pourraient être heurtés de sortir ou de fermer les yeux. Le cours eut lieu deux fois de suite, et un témoin adulte, auxiliaire de vie, encadra la chose... 

Même si on peut s'interroger sur la réalité du choix de ces images là (est ce vraiment ce qui a été projeté, même s'il semble que oui ?) on se doit de s'interroger sur le sens du cours d'instruction civique ainsi administré à des enfants (en classe de 4ème, on est encore largement enfant) (3). Ce sens semble bien être celui de la disproportion entre un dessin et des meurtres, ce qui est le bon sens même, indépendamment du respect dû aux religions ou du combat pour la laïcité. A moins que le message n'ait été que la liberté d'expression consistait à tout pouvoir moquer, y compris par l'obscénité... Le fait est que le cours portait bien sur la "liberté d'expression" , par contre, ce qui incline plutôt à évoquer le dernier message. 

 

Le personnage avec l'étoile est pourtant bien sulfureux, et peut choquer bien des parents d'élèves occidentaux, sans parler des musulmans africains... Il fait de plus allusion à un film mythique provocateur de 2012 qui justifia des violences dans tout le monde musulman, y compris l'attaque de l'ambassade américaine en Libye ! 

Est-ce là l'"erreur", dans le contexte d'une classe de 4ème fréquentée par des élèves musulmans ? On pourrait le penser. 

A ce point, on pourrait trouver surprenant que l'on n'en soit pas resté là. Les élèves sont mineurs, et n'ont pas effectivement à être exposé, même si cela fait partie de l'actualité, à des images montrant des organes sexuels... Il y avait de quoi se rétracter. Mais la question reste de savoir si c'est vraiment cette image là qui fut projetée...

Comme il semble que oui, on pourrait situer là l'"erreur". Pourtant, il ne s'agit pas de cela: l'"erreur" serait d'avoir "ordonné" aux musulmans de sortir, du moins c'est ce que certains disent, en particulier un collègue professeur ! L'accusation d'islamophobie serait alors celle-là. 

Si je me permets de tourner autour du pot de cette manière pour bien indiquer qu'en fait je suis partisan de l'argument (et de la leçon) qui est celui de la disproportion: on ne tue pas pour une image, et puis c'est tout. Tout le monde est donc victime, d'une chose ou d'une autre, et l'expression collective des foules, quelles qu'elles soient, est une abomination. 

Révolté par le non-sens, Samuel Paty s'agita dans tous les sens et fut broyé par une institution aveugle qui se livra à une danse complexe lui demandant de s'excuser pour quelque chose qui n'était notoirement qu'une rumeur propagée par une menteuse et un propagandiste islamiste. L'important était d'apaiser. Tu parles, dans l'ombre, un demi fou excité par la propagande s'acheta un couteau. Pire: un élève accepta de l'argent pour indiquer qui était le professeur. 

Une citation sinistre: "on est passé du vivre ensemble au mourir seul". Au fait, Samuel Paty n'était pas juif et mourir seul est le sort de tous les hommes, tout plutôt que mourir dans ces foules-là.

Un autre élément du dossier, une représentation de Charlie Hebdo illustrant la trinité:

in culo alla chiesa - "charlie hebdo" scatena sulla ...

 

 

 

(1) https://tv.marianne.net/rencontres/l-assassinat-de-samuel-paty-un-crime-institutio

(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Innocence_des_musulmans

(3) https://www.lhistoire.fr/laffaire-samuel-paty

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