Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les corps

Le constructivisme passe bien entendu par le genre et bien sur par les corps, parangon de naturalité et de matière incontournable, le corps, son corps est il construit lui aussi ? Pourrait-il ne pas exister hors de la culture et donc ne pas exister du tout ? 

Cette histoire d'existence est bien sur liée au constructivisme et son idéalisme sous-jacent, si troublant et si stimulant. Disons que l'affirmation de non-existence est d'abord une volonté de rendre premier les filtres a-priori de notre raison dans la perception des choses et bien sur de la réaffirmation de l'impossible chose en soi, bref, du Kantisme, c'est lui qui a injecté le vers dans le fruit en dénonçant ce qu'on pourrait appeler l'essentialisation, c'est à dire la localisation du signifiant dans les choses elles-mêmes, alors qu'il y a tant à faire avec ce qui en-dehors des choses... 

Bon, il y a aussi ce que font les gens avec ces choses. On se retrouve ainsi avec la légitimation de la possibilité d'existence, le transgenre reconnu devant avoir ses toilettes et des débats très violents pouvant agiter une société développée, tels ceux sur le sexe des anges, typiques de ceux de la société intellectuelle byzantine du XVème siècle, juste avant la sodomisation violente des fils du basileus vaincu. 

La construction du corps, comme celle du sexe est pénible pour une idéologie ancienne, le féminisme qui traversa plusieurs époques depuis ces femmes qui voulaient des droits, puis qui voulurent devenir des hommes, puis qui voulurent transformer les hommes en femmes puis ... 

Le trouble se manifesta alors dans le genre avec Butler qui décrit la suppression de l'opposition femme/homme, détruisant ainsi l'essentialisme féministe et le renvoyant à sa contradiction fondamentale qui est de vouloir supprimer une différence que l'on nie... On se retrouve alors à vouloir et devoir déconstruire la femme et tant qu'on y est, son corps. Au passage, la revendication homosexuelle, ou plutôt pansexuelle de l'être humain ultimement "genderfluid" et donc totalement hermaphrodite culturellement, enfin. 

On a donc bien revendication ultime du rejet de la différence sexuelle comme structurant incontournable de la société et de sa symbolique. Il faut noter que cela a des avantages individuels et collectifs, la volonté de certains érotomanes étant toujours d'élargir le bassin de frai ou pêcher (euh, pécho), et collectivement de simplifier l'obtention de la satisfaction génésique de base, les compagnons possibles de masturbation devenant tout d'un coup deux fois plus nombreux. 

Revenons au corps construit par la performativité (au sens d'Austin) d'une répétition de l'injonction du genre (sans volonté toutefois): tu seras un garçon ! La construction au sens philosophique ne décrit pas, elle produit. Ce mécanisme de l'injonction dans la langage est typique d'une certaine féminisation de la pensée ou de la motivation à penser. Injonction de la mère qui répète le symbolique, injonction de la faiblesse aimante qui ordonne répétitivement, injonction à la femme de rester à sa place: le féminin a beaucoup à voir avec l'injonction. 

Et hop! Me voilà essentialiste féminin, la femme avenir philosophique de l'homme, déroulant ses conceptions... Car, héhé, Butler reste une femme et on peut continuer à le lui dire.

Et puis, il y a l'insulte retournée. Butler a deux exemples, la "drag queen" et le "queer". 

La drag queen d'abord, qui "performe" le rôle féminin avec mauvais gout pour d'une part qualifier le rôle tenu par les tenants d'un genre (du théâtre) mais aussi pour empêcher par une parodie permanente d'assumer le réel imité qui se trouve devenir impossible, qu'il soit masculin (l'homme se déguise en femme en permanence) ou féminin (il n'y a que l'imitation comme on l'a dit). 

Le queer ensuite, qui transforme une insulte, celle lancée au monstre imbaisable souffrant ou jouissant ou les deux, qui devient revendication d'un collectif ou d'une communauté, pour finir par le nom d'une doctrine, d'un point limite philosophique, d'une conception du monde... 

Dans les deux cas, la manipulation du langage qui accompagne ces nouveaux êtres, d'ailleurs de parfaits "hybrides" au sens de Latour, à la fois réalité et fantasme vécu, se trouve mal décrite et Butler s'est heurté à cette réalité là: il lui faut assumer de dire que dans les deux cas, il n'y a pas de choix: la drag queen reste un homme, et le queer ne peut rien contre son intersexualité. 

Au passage, on pourrait résoudre l'hybridation à l'ancienne. Et l'histoire du monde étant faite de désirs inassouvis remâchés sous les couvertures de toutes les époques on pourrait traiter les volontés de réaliser ses fantasmes transformistes par l'abstention et la masturbation, comme les psychismes humains savent le faire... 

Mais cela ne convient pas à tout le monde et la société de marché réalise les fantasmes, c'est pour cela qu'on a créé les villes: pour que dans les caboulots les paysans en goguette dépensent... Le bordel a toutes les acceptions tout en gardant sa caractéristique essentielle.

 

(1) http://cmdr.ens-lyon.fr/spip.php?article77

(2) Judith Butler Troubles dans le Genre

(3) https://www.lamaisonislamochretienne.com/lecorpsentrouble.html

Les commentaires sont fermés.