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FrancoisCarmignola - Page 17

  • Le truc de Schubert

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  • BWV 99 Was Gott tut, das ist wohlgetan

    Ce que Dieu fait est bien fait... Le inch allah luthérien allemand, mis en musique par Bach, lui même... 

    Bon on suivra le texte suvant: http://www.bach-cantatas.com/Texts/BWV99-Fre6.htm

    aprés avoir pété un franc suisse à Bachstifftung pour écouter ça dix fois. 

    http://www.bach-streaming.com/what-god-doth-that-is-rightly-done-bwv-99-video.html

     

    L'ouverture est guillerette, mais en fait à la Bach ultra hiérarchisée et complexe, toutes les nuances de la bonhommie étant explorées tour à tour, comme de juste. 

    tadadam avec le rappel rentré, et hop ca remonte encore une fois pour bien poser la structure.

    Apparaissent donc alors ce qui marquera la brêve période de notre temps précieux soustrait au monde: la présence simultanée et obstinée d'une flute et d'un hautbois (dit d'amore par la volonté du maitre).  Et puis les voix arrivent, par en dessus et ça le fait. En parlant de maitre, on est là dans l'affirmation de la paternité bienveillante, quasiment champêtre. Cela se développe, vous êtes pris. 

    Un récitatif. Vous ne perdez rien pour attendre.

    Puis l'air de ténor entièrement dissonant. La flute laissée seule se confond en désespoir par en dessous, et la voix ahahahah essaye de lui échapper. 

    Erschüttre dich nur nicht, verzagte Seele,
    Ne frémis donc pas, âme désespérée,
    Wenn dir der Kreuzeskelch so bitter schmeckt!
    Si le calice de la croix a pour toi un goût si amer !

    Nous y sommes donc et la dissonance cognitive, spirituelle et le reste se manifeste puissamment: 

    Obgleich die Süßigkeit verborgen steckt.
    Encore que la douceur en soit cachée.

    Et c'est bien tout le problème, la répétiton de la chose en descente délicieuse d'un mal au coeur délicieux qui n'en finit pas de descendre dans le désespoir de l'amertume faite musique pour notre délice... Ne frémis pas, non ne frémis pas... Tu parles et la flute, la flute.... La fin abrupte et aigüe, est la seule remontée musicale.

    Un mot au sujet de la flute, instrument magique, sacré, préhistorique, terrifiant, ensorcelant: il enchante ce délire hors de tout, qui glisse dans l'au delà. Seule avec le ténor, on atteint là, brutalement un sommet de Bach et je ne rigole pas. 

    L'Alto s'avance et tente de synthétiser. Mais ce n'est qu'un espoir, et il va falloir maintenant passer à la casserole. D'abord l'Alto qui récite. 

    Wenn man genug geweinet,
    Lorsqu'on aura assez pleuré,
    Kommt endlich die Errettungszeit,
    Viendra enfin le temps de la délivrance,
    Da Gottes treuer Sinn erscheinet.
    Où se manifestera la sincère loyauté de Dieu.

    Ca se termine bien, en apparence. 

    Viens alors le duetto de BWV 99, l'une des plus extraordinaires moments musicaux qui soit: la recherche réussie de l'accord absolu. Conçue comme une marche progressive de deux tacherons associés alto soprano comme humains, flute et hautbois comme machines toute la marche progressive vers le point suprême, est mené en plusieurs étapes pour finir dans un bref échange, redoublé dans deux motifs accordés en fait parfaitement et à quatre. Cela s'appelle la "crux" et quelque soient les significations multiples qu'on peut lui accorder, force est d'admirer le combat, et ce que l'on en obtient. 

    Le bachstifftung est extraordinaire, à la bonne vitesse avec le bon équilibre des voix: https://www.youtube.com/watch?v=KBjvsHCv0Zk

    Cela commence avec la machine flute et haubois, une première fois. Les voix d'abord dédoublées se synchronisent plusieurs fois, et à chaque fois cela repart avec le décalage pour finir finalement dans l'incroyable

    Wird auch künftig nicht ergötzet.
    N'aura pas non plus à l'avenir à se délecter.

    Mais avant cela, il faut passer par le terrible 

    Wenn des Kreuzes Bitterkeiten
    Si les amères souffrances de la croix
    Mit des Fleisches Schwachheit streiten,
    S'attaquent à la faiblesse de la chair,

    Méditation incroyable sur la terrible nécessité, recherche éperdue, l'argument retourné incroyablement tordu, qui reprend bien sur, c'est un miroir comme toujours, le "bitter schmekt". Mais bon sang, de quoi parle-t-il ? 

    Cela se termine brutalement après le silence des voix, par les deux machines, elles aussi accordées en une brève reprise. Voilà. Combien de litres de larmes furent versés sur ces moments là? 

    Puis, on en revient au début, c'est à dire à la maison, c'est fini, vous pouvez rentrer chez vous tranquille, papa s'occupe de tout. C'est ce que dit le choeur. Il en profite même pour vous faire un dernier retourné... Quel culot.

    Drum lass ich ihn nur walten.
    Aussi n'ai-je qu'à le laisser agir. 

    C'est ça, bien sur. C'est court, et c'est fini maintenant. Le silence qui suit, accablé, nous laisse sur terre.

    99 est ainsi donc une merveille totale, une cantate de Septembre, du deuxième cycle, jouée en 1725. C'est qui qui est l'auteur de ce truc ?

     

  • Les pédagogies

    http://nathaliebulle.com/wp-content/uploads/pdf/rn-publicain-pn-dagogistes_20130315_153612.pdf

    est un texte précieux, fait de ce ne que pourra jamais produire le simple journalisme. Une analyse et une réflexion, ce que ne sera jamais une simple description. "L'école et son double" est l'ouvrage de la dame. 

    D'abord comparer Dubet et Meirieu à Brighelli et Finkielkraut fait beaucoup d'honneur à deux journalistes, mais qu'importe, il se pourrait que d'autres noms se mettent de la partie, il faut le dire inégalement représentée (c'est quoi cette figure de rhétorique, le français est trop intelligent, ou trop poétique). 

    En gros, des théories indubitables, confortées par le plus ancien savoir du XXème siècle, déroulent sous nos yeux leurs conséquences incontournables sans que nous n'y puissions rien, car nous n'y comprenons rien. Il semble que cette Nathalie Bulle, pourtant du CNRS, soit une redoutable salope (au sens des années 70) et nous permette de découvrir (au sens de soulever le couvercle) le fameux pot aux roses.

    D'abord, on ne conçoit jamais de grande théories hors d'un contexte idéologique bien précis dans lequel de grandes idées souvent inconnues du public (et j'en fait partie) ont acquis leurs évidences à l'écart du public (et j'en suis). Je veux dire par là que ce qui parait incompréhensible n'est souvent pas du à l'apparence du monde soudainement devenu absurde ou pervers, mais bien à ce qui justifie qu'on le fasse tel et qui un ensemble de doctrines écrites, accessibles pourvu qu'on y prête attention, et justifiant, voire prescrivant avec cohérence et volonté justifiée les actions qui conduisent à l'absurde.

    Les pédagogies qui finissent actuellement de ruiner le système éducatif français et ceux qui en "bénéficient", sont issues d'un ensemble de conceptions particulières au confluent de la philosophie, de la sociologie et du politique que l'on se doit de rendre visible.

    D'abord le politique. C'est la thèse de Nathalie Bulle qui explique bien le débat "scientifique" normalement tourné vers la possibilité de connaitre au sujet de la relation pédagogique fut retourné en considérations susceptibles d'être soumise au débat démocratique, et donc sujet aux question de préférences partisanes, le public étant libre de choisir entre une droite et une gauche sur ces questions. Teintée par la droiture, la relation maître élève fit les frais de la chose, le fameux slogan "ne dites pas "monsieur le professeur", dites "crève salope"" n'ayant sa validité que là.  

    On passe donc au sociologique. Bourdieu le chéri de ses thésardes, (est ce lui qu'on appelait "la poutre", à cause de ce qu'il mettait dans l'oeil de ses victimes, je m'égare?) théorisa avec la "domination" l'aspect pédagogique de la chose, toutes les théories de tous ses disciples ayant depuis vocation à changer l'inéluctable inégalité du normalien dominant (voir plus haut) en fait terrible, profond, et quasi hitlérien ressentiment de classe encastré dans la plus terrible, la plus vulgaire, et surtout, ce fut un professeur, la plus fausse des idéologies sectaires.  

    Incompréhensible et inopérant auprès de ses collègues qui le méprisait pour ses turpitudes, le gros communiste se consacra à laver le cerveau d'une certaine classe de demeurés, qui cherchèrent à toute force à appliquer ces théories sectaires dans le domaine qui était le leur, l'humilié, mal payé et qui n'avait rien à voir, métier de professeur des écoles. Désintéressés (tu parles, leur salaire minable, gage de leur liberté et de leur responsabilité, faisait foi) par les matières qu'il enseignaient sans gout, ils se mirent à autre chose, c'est à dire au pédagogisme. 

    Je suis sévère: le prof en général restera mon héros en ce qu'il se consacre bien sur à l'apprentissage, et pas à ses matières, qu'il le fait pour rien et que cela est injuste, mais que justement, et c'est Adam Smith qui le dit lui même, il le fait par ce qu'on le reconnait. Car l'amour infini que l'on voue au prof de maths qui vous révéla la racine carrée vaut tous les salaires. La pédagogie n'est pas en cause: il y a de l'humain dans le prof et le fameux rapport est d'abord l'un des plus difficile qui soit, voisin de la relation amoureuse et ce sont les grecs qui le disent, là encore je m'égare, car Bourdieu en avait bien sur, tiré les mauvaises conclusions.

    Quoiqu'il en soit, garant de la civilisation de l'honneur, le prof mérite, comme le fantassin qui meurt le premier jour ou qui devient maréchal de France à force de succès magnifiques, tout le respect qu'on doit au vrai courage. Ce sont les ordres qu'ils reçoivent et les stratégies qu'on leur ordonna de mettre en oeuvre qui conduisirent au désastre. Ils le firent en voyant ce qui se passait, et en tentant de combler les manques qu'ils voyaient. Certains furent acquis à la cause immonde et délibérément ravagèrent, d'autres ne comprirent rien à ce qui se passait. Mais les responsables furent leur officiers, et il faut maintenant faire feu sur le quartier général. 

    Les hiérarchies de classes et de savoir que je décrivais en sociologue plus haut n'agirent bien sur pas que sur les biffins. Toute une hiérarchie à la fois épiscopale et militaire (le mot "mammouth" ne fut pas inventé pour rien) est à l'oeuvre et le phénomène se produit à toutes les échelles. Mieux, le ministre lui même, prototype de la stupide mijaurée au cerveau lavé, même pas francophone en plus, est victime de la terrible incapacité citoyenne à appréhender la nature du monde, à en choisir les degrés de liberté. Dans la société du savoir, la convention absurde, masquée par l'hypocrisie et la corruption fait office de nature, et il n'y a plus de choix: le politique en ce qu'il est de gauche et que tout le monde est de gauche est devenu obligatoire, la religion de la connerie a tout transformé en culte et qui discute du culte ? 

    Venons en à ces fameuses théories, c'est là que c'est intéressant. D'abord, une distinction fondamentale, liée au fameux "constructivisme" dont l'ampleur de la nocivité ne lassera jamais d'étonner.

    Il n'y a pas construction de l'être par la raison, mais apparition de la raison à partir de l'être.

    Pardon de cette forfanterie, qui me conduit à improviser des aphorismes sans doute inexacts, mais il s'agit bien de cela. Alors que bien sur toute l'histoire de l'humain est celui d'une émergence progressive des structures logiques explicites de la civilisation à partir des magmas implicites biologiques et tribaux, ce qui remet en cause toutes les doctrines de la révélation et de préexistence de quoique ce soit d'intelligent à l'intelligence humaine, il n'y a aucune raison d'appliquer ce merveilleux principe naturel à la transmission du savoir à nos enfants: par définition le savoir se situe hors du biologique et de la théorie de l'évolution, et vouloir appliquer le même mécanisme au domaine par essence symbolisé de la relation d'apprentissage est une généralisation hâtive, voire maladive, voire fausse, voire gravissivement fausse.  Elle semble à l'oeuvre, nos intellectuels sont des cons, et on vient de s'en rendre compte.

    Cette histoire de l'opposition du symbolique et du naturel est ancienne et se trouve sans doute à l'origine de bien des vocations et bien sur de forêts entières de livres incompréhensibles, tous consacrés à paraphraser la grande découverte: la description de l'évolution du cerveau des singes vaut pour celle de l'embryon et aussi pour celle de nos enfants à l'école: adaptation au réel, construction progressive et conventionnelle par l'imitation de la capacité à faire semblant de savoir. C'est cela la pédagogie, c'est cela l'idéal de l'humain que l'on obtient après application de la technique en question.

    Il faut bien comprendre qu'avec cela, on rompt avec quelque chose. En fait avec trois choses. D'abord avec l'évident principe que les différents mondes de l'univers ne sont pas forcément en correspondance ou en sympathie comme le pensait l'ésotérisme de la renaissance. Voilà pour ta gueule déjà, crypto gnostique demeuré.

    Ensuite que le symbolique comme marque logique de la représentation digitale, bien qu'il ait ses limitations et on en a parlé a aussi d'immenses avantages et le contrôle de la nature par la raison à développer chez les enfants et les jeunes adultes est un aspect fondamental de la poursuite de la civilisation. S'y vouloir soustraire c'est recommencer l'évolution simiesque, ce qui constitue une régression, disons une perte de temps. Voilà pour ta gueule toi qui veux élever ton fils sans faire de différence avec ton chimpanzé.

    Pour finir, le symbolique désigne aussi le caractère effectif de la distinction entre maitre et élève, entre parent et enfant et structure la nécessité de l'obéissance, le respect de qui a raison se devant d'être acquis, au besoin par la force, dès le plus jeune âge.

    Le savoir est volonté d'avoir raison, de prouver par soi même le contact avec le réel assimilé avec le vrai, c'est la meilleure des éducations. Tout doit être démonté et analysé comme il est, depuis la souris jusqu'à l'ordinateur qu'on doit disséquer dans ses tréfonds. Le contraire du rap au milieu des immeubles et de l'adaptation type culte du cargo à du presse bouton adaptatif. L'école primaire doit justifier ce qui distingue le bébé humain du lémure et non pas ce qui les identifie. La physique n'est PAS une science naturelle, soumise aux opinions sur la théorie de l'évolution ou à l'infériorité niée ou prouvée du cerveau des femmes: elle est l'identification de la loi naturelle à la formule mathématique et cela ne se discute pas ! 

    A partir de là on a ce qui constitue l'effroyable oppression (capitaliste, pourquoi pas, le mot est disponible) que subissent les pauvres chti enfants des classes supérieures qui ont la chance de profiter de doctrines pédagogiques traditionnelles. La reproduction, comme dirait l'autre je vous l'assure marche à plein dans les deux mondes, qui sont en train de se séparer irrémédiablement. On reprochait le knout et l'effroyable discipline qu'on imposait autrefois aux classes dangereuses. Nous vivons l'inverse: celles ci sont maintenant laissées à leur désordre, à leur cannabis et à leur rap, sans doute pour les mieux exploiter, que sais-je, la théorie du complot ya ke sa.

    Il y a un autre aspect du pédagogisme est qui est l'égalité. L'égalité réelle bien sur, ya ke sa. Elle est le concept qui nie les différences de puissance cognitive entre les individus, ceux ci ayant accès par droit et donc par nature aux mêmes conceptualisations sous peine de discrimination. Responsables de l'imposition de cette doctrine, les très méritants hiérarques, fonctionnaires bien sur, sont les seuls à être impitoyablement sélectionnés: selon leur adhésion aux règles politiques décrites plus haut. Le vatican et l'armée rouge ont leurs propres lois et critères de recrutement, pourquoi pas l'éducation nationale, sa taille est plus importante. De toutes façon, on ne demande que de s'adapter et le caractère gauchiste ou révolutionnaire de la chose n'est que la marque que l'on porte aux oreilles: un gage de sodomie supportée sans grimace, la révolte muette des esclaves asservis au revenu minimum. 

    Cette notion d'égalité a d'autant plus d'importance qu'elle opère à plusieurs niveaux. D'abord biologique, on l'a vu, elle a aussi un but opérationnel qu'on pourrait résumer par la notion de "nivellement par le bas": une société homogène, socialiste disons le, se doit de ne pas posséder de semi élite qui ne soit pas fonctionnarisée, c'est à dire tenue en laisse et soumise à la discipline du ventre et des hiérarchies militaires. En gros, il s'agit aux sens biologique et social, de nier la notion même de liberté celle qui préside au hasard des naissances, aux déterminations autonomes et surtout aux pensées dirigée par la raison, celle ci étant construite (voir plus haut) on peut la faire et faire faire. 

    Nous y voilà donc pour la doctrine qui préside à l'éducation. Et on dénonce la théorie du genre ! Celle ci, infime partie de la théorisation du monde qui assumée dans la marginalité des lycées des années 80 est maintenant ce qui anime les directeurs de la haute administration, n'en est qu'une forme particulière: construction du sexe, égalité de tous avec toutes, obligation de se conformer aux messages "éducatifs" imposés par le politique.  

    Nous y voilà: les choses sont claires. Il faut donc maintenant détruire tout cela. Non pas déconstruire, cela vient d'être fait ici (et ailleurs, mais moins bien), mais détruire. D'abord renvoyer les hiérarques, la question de leur passage devant les tribunaux se devant d'être agitée pour leur faire peur, réduire leur retraites et aussi faire des autodafés avec les disques durs de leur ordinateurs. Puis on passera à autre chose, des élèves en uniforme à qui on apprendra de force le français et le calcul, cela doit être mené avec constance pendant au moins vingt ans avant que cela fasse quelque effet. En attendant, dictature ? Non, cela ne sera pas nécessaire: la force de la vérité doit suffire et les escadrons de la mort le ne seront que si Fillon n'est pas élu. 

     

     

  • Le déclassement

    A propos de http://www.laviedesidees.fr/La-gloire-de-nos-peres.html

    On retrouve là bien des points de vue que "tout le monde partage", à moins que l'on ne s'y oppose tout en les acceptant, une même chose se devant d'exister, et cela suffit, pour qu'on la discute, ce qui la rend éternelle... 

    La question est celle de l'ascension sociale, forme suprême et incontournable de la perception de l'histoire, que l'on ne peut éviter de considérer principale dans la vie des nations. Elle serait le moteur des envies, la seule justification de la vie, le seul moteur de l'histoire (si tant est que l'histoire ait un moteur... ), la seule chose qui vaille. 

    Alors qu'on nous rabat les oreilles avec la décroissance, on ne nous les tire jamais avec un point de vue bien plus pragmatique et que je voudrais rappeler ici: toute l'histoire des nations et en fait toute l'histoire se fit avec une ascension sociale nulle ou extrêmement lente, et en tout cas animée par des pesanteurs quand à l'égalité des conditions qu'on pourrait considérer comme extrêmes. Nul projet bourgeois, ou parfaitement marginal, en tout cas une société exclusivement organisée autour de son maintien symbolique avec une population rurale exclusivement consacrée à sa survie alimentaire tout à fait majoritaire (foin de médiane et de revenus mitigés à leurs écarts types, disons 80%). Parler de seuil de pauvreté ou de revenu médians à cette aune, qui est celle de la longue durée est tout simplement dérisoire. 

    On en viendra donc à l'idée que la fin de la pauvreté n'est pas une fin, ni un but, ni une tendance. Elle est un accident de l'histoire du à une prospérité provisoire locale et n'a aucune réalité véritable dans la vie des nations.

    Les "trentes glorieuses" dont on nous rabat les oreilles furent une période de grandes souffrances: déracinés de partout, les paysans français de la guerre de 14 furent tout simplement exterminés, le formica recouvrit bien des tristesses, et les inégalités de ces croissances là furent constantes et combattues au delà de tout et nous en venant au fond de l'affaire: la transformation du refus culturel des inégalités lié aux communications et évolutions soclales en un point de vue philosophique voire en une religion ! 

    Les sociétés n'ont que faire des inégalités invisibles et les différences de vies, coutumes et préférences ne sont pas mesurables à l'aune des "revenus" ou de leur distribution ou pire de leur augmentation tendancielle. Il est possible et mesurable que des populations se stabilisent en mode de vie ou de niveau relatif de revenus dans l'ensemble social. Cela s'appelle les classes sociales, disons pour être le plus brutal possible des "castes" et que cela ne soit même pas "conçu" me parait étonnant. 

    Qu'il soit possible à une certaine mobilité de se manifester est évidemment acceptable, souhaitable et à encourager, mais ne signifie en rien qu'elle soit obligatoire. On a tous connu ces histoires de petits bergers qui devinrent diplomate, mais cela ne signifie rien: ni que tous les bergers peuvent le devenir, ni qu'aucun ne le peut... 

    Dans ces considérations, il y a, chevillé au coeur des points de vues de base, même ceux des plus intellectuels d'entre nous, des motivations "cognitives" à la fois puissantes, enracinées et complètement stupides: la confusion du possible et du nécessaire, du droit et de la justice, de l'égalité conceptuelle et de l'égalité "réelle". 

    Parlons en de l'égalité "réelle": ce fut le nom d'un secrétariat d'état dont l'intitulé disparu en même temps que la démission de son titulaire, concomitante avec celle d'Emmanuel Macron cet été. Elle a et aura toujours des ses multiples, mais le sens fondamental, celui de l'erreur cognitive essentielle dont l'expression est le signifiant, demeurera longtemps.

    La réduction des inégalités n'est pas et ne doit pas être un objectif, un but ou une volonté. Tout au plus un effet marginal heureux de la croissante prospérité générale, seule chose à considérer. Voilà la réalité. Car cette réduction là est en opposition frontale, et l'histoire le démontre, avec la paix, la création des richesses et le progrès en général. Que des paysans révoltés détruisent des églises, que des guerres de race ou de prédation brulent des civilisations cela est le réel de l'histoire et n'est jamais ni souhaitable, ni essentiel. Que le monde occidental, hanté par la connerie socialiste post chrétienne s'effondre sous le poids de sa corruption populaire encouragée en son nom est un phénomène similaire: l'humain est capable de tout et n'a de comportement optimal que pour sa gueule ou celle de ses affidés, pendant le temps qu'il a à vivre...

    Car les nations se constituèrent dans l'inégalité des conditions, je dirais bien sur et forcément: c'est la volonté de résoudre des questions fondamentales de survie de soi ou des moeurs de beaucoup, bref, de tout ce qui est important à un moment donné aux populations, et cela n'est pas uniquement l'égalité bien sur, qui mène à de grandes alliances qui dépassent les époques, les familles, et bien sur les classes sociales, alliées en non pas en lutte, malgré elles malgré tout le reste.  Même si elles se constituèrent sur la base d'intérêts, ce ne fut jamais l'égoïsme tribal qui les firent, et cela par définition. 

    J'en reviendrais donc modestement à une conception nationale des histoires, seule capable de donner un point fixe dans le changeant et perpétuel devenir des hommes et de leur volontés. Se maintenir ne veut pas dire évoluer vers une direction, et la force du vivant est bien ce but là plutôt que l'autre. Qui sait ce qu'il veut devenir ? 

    L'idée moderne de la décroissance doit être creusée et a deux significations contraires, voire trois si on y ajoute le mortel désespoir du camp du pire, celui (le camp) de la domination inéluctable à venir par les hordes raciales africaines. D'abord un retour sain aux valeurs fondamentales de la consommation: pourquoi emballer forcément ses yaourts et ses petits pois au delà d'un simple journal réutilisé ? On a là une direction du mode de vie, qui pourrait accompagner heureusement comme fait de civilisation, les plus aventureuses explorations cybernétiques ou médicales. La valeur ajoutée n'a pas éternellement vocation à être extraite de l'inutile polluant.

    A ce point les choses se dédoublent, et les anti spécistes (les ennemis de l'humain donc) proclament l'inéluctable de cette pollution pour mieux imposer l'extermination par la décroissance devenue arme de destruction, l'interdiction pacifiste des autres armes (du moins des nôtres) faisant partie de l'opération. 

    L'autre branche est celle de la vraie décroissance, celle du retour aux âges anciens, fortement ruraux et donc inégalitaires et donc traditionalistes. Là où les vraies valeurs, celle du sang du sol et de la religion contrôlée par les seuls qui savent lire prévaut. Que l'on soit curé ou diplômé de développement durable, la chose est la même. Suis je éloigné de ce point de vue ? Je voulais l'acceptation des classes, l'idéal collectif spirituel, l'adhésion aux valeurs de la nation, je l'aurais.

    La deuxième idée de la décroissance serait donc fausse et confondue avec la première. 

    On voit ici la profonde adéquation entre certains mêmes, et l'effroyable mélange qui peut se manifester dans les brouillards idéologiques. Disons que ma conception du monde n'est pas fondatrice, et se voudrait hors de la nécessité de fonder un ordre militant ou religieux: c'est le réel qui fait les classes sociales et pas la volonté d'un "retour" à je ne sais quoi: disons que je verrais un monde comme stable et mis hors de l'équilibre par les évènements ou le provisoire (ce que j'appelle le "réel"). Le retour n'est pas à vouloir, ou à planifier, mais à accompagner. Encore le brouillard... 

    C'est sans doute pour cela que la vraie pensée du monde doit être ouverte, c'est à dire refusant tout "retour": il n'y a que des stabilités fondamentales des processus et non des ères géologiques dont on doit tuer les dinosaures. Le réel n'est jamais violé que dans les phantasmes des théoriciens qui confondent découverte et invention, encore une violation cognitive. Il n'y a qu'un seul réel, celui du monde et il ne peut être ni masqué ni retrouvé, ni occulté, seulement découvert car déjà là, les associations que nous pouvons faire à son sujet étant ce qui caractérise son aspect "ouvert".

    On en revient à la deuxième signification: il faut dédaigner l'idolâtrie de l'objet vulgaire à la fois inéluctable, navrant et nécessaire soit disant au bonheur  d'une peuple stupide. Que celui ci en soit privé n'est pas du tout un mal, et la transformation de l'employé désargenté en fonctionnaire abruti n'est ni souhaitable ni nécessaire: le sort du bureaucrate communiste n'est PAS enviable et ne correspond pas à une évolution séculaire de la civilisation. Voilà le sens de la vraie décroissance, et cela devrait faire  un sort à bien des volontés d'ascension sociale...

     Car l'idéal de la société de progrès, en gros celui issu du "conseil national de la résistance" , c'est à dire de l'ambiguité laissée au communiste, et dont le socialisme de Mitterand a profité (on pourrait dire "à plein") a fait long feu. Transformé en encouragement à l'immigration (vous savez les africains qui font le boulot et les gosses que vous ne voulez plus faire, et qui donc vous payent, sans rechigner, vos allocs et vos retraites), l'ascension sociale des blancs extraits de leur campagne dans les années 60 doit maintenant s'arrêter. S'agit il d'un déclassement ? Non, d'une reprise en main. Simplement le sentiment national devra être consolidé et il ne pourra l'être qu'autour d'une prospérité organisée autour de principes convenables. Il faut la restaurer, quitte à ce qu'il y ait des pauvres.

    Car le blanc peut être pauvre, il l'a été longtemps. Cela s'appelle les inégalités et pourvu qu'elles s'accompagnent de compensations, elle peut être supportable et supportée, voire honorée. Car c'est le propre, justement, de ce qui fut la vieille religion, qu'un philosophe allemand transforma en apocalypse, de célébrer la pauvreté, comme droit au salut, voire comme condition de celui ci. C'est ce monde là qui alors se dévoua à l'industrie au sens noble, celle qui créa justement une transformation sociale inouïe, et dont on se plaint à tort du premier hoquet. C'est d'ailleurs aux franciscains, ceux qui inventèrent la pauvreté comme condition choisie, que de décrire la richesse et donc d'en codifier la possibilité et donc l'expansion raisonnée. 

    Ce souci ou plutôt cette absence de souci pour la pauvreté dans la nation se traduit à notre époque par une généralisation du droit à manger qui s'étend à tout ce qui rentre dans le champ tactile du crétin tordu. Point d'émois devant la télévision, point de sentiment devant l'affiche du petit au ventre gonflé dans le métro. Michel Drucker y proclame qu'il veut éradiquer la faim, on n'y fait pas attention (il faut ce niveau d'obscénité pour que la vieille dame se laisse escroquer). Quand le réfugié meurt, on gémit, quand il arrive en Europe, dés son premier pas sur le continent objet de son invasion, on se précipite sur lui et on le couvre de tout ce qu'on trouve: couverture, emplois, bises, et tous les billets vers la France et l'Allemagne, organisateurs de ce généreux continent. 

    Comment oser parler de stratégies d'ascension sociale dans un monde capable de telles absurdités ? Ruinant tout sentiment d'appartenance à une histoire, l'accueil irréfléchi du transfert des surnuméraires les plus hardis du tiers monde ruine tout respect, toute solidarité avec les pauvres. Car la haine générée se trouve dédoublée.

    D'abord elle devient celle des pauvres locaux, des vieux pauvres, laissés bien sur seuls à l'avantage indu que constitue une langue déjà apprise sans parler de la connaissance des bonnes adresses (celle des restaurant à poubelles les plus. généreuses). Tout ira vers l'étranger, dont le caractère musulman, par essence menaçant, exige la plus extrême gentillesse, en forme de déradicalisation préventive, donc. Cette aide s'adresse symboliquement aux confrères déjà arrivés et installés, très exigeant sur la générosité, mettez vous à leur place. Les autres s'enfuient dans la ruralité en attendant de revenir en force d'ici quelques siècles, mais ronchonnent. 

    Le dédoublement haineux se fait aussi de la part des riches: à peine installé dans leur bourgeoisie après bien des tracas, voilà qu'ils se tournent vers leur passé pour en éprouver le fond charnel et originel. Que trouvent-ils dans leur ex quartiers? Un tiers monde ravagé par la drogue, l'horreur du néant dont il ne sont pas sortis eux: leur misère fondatrice a été remplacée et il ne reste rien de leurs vieux souvenirs, dont ils ne peuvent que se désolidariser. Misère du monde moderne ! 

    Et on parle de "métissage" ! Le modèle de l'île de la Réunion doit s'appliquer partout et les petits blancs doivent fuir dans leur montagne le temps de les laisser sodomiser un ou deux touristes avant qu'ils ne laissent la place, modernité oblige, au agences de voyages qui organisent les sauts en combinaison dans les cascades. 

    L'excès de souci se traduit donc par une trop grande négligence de la pauvreté véritable, celle qui nous attend tous du fait du déclassement. Pour s'en prémunir, un nouveau dédoublement. Refuser ce sort et exiger que l'on emprunte en plus de tous les impôts possibles pour payer nos soins, nos salaires, nos usines, les locomotives que nous produisons sans avoir de clients. Ou bien accepter ce sort et produire à bon prix le temps que la prospérité revienne, grâce aux marchés futurs monopolistiques que nous devons nous laisser inventer. Car l'injonction de la pauvreté pour notre salut est ambigüe: elle génère la richesse, la seule qui vaille, celle de l'effort historique et de la liberté. 

    On perd sa vie à essayer de la gagner. Quel sentiment peut motiver les peuples sans les contraindre au paradoxe infernal du voeu mal interprété, à l'effet pervers qui ruine l'innocent juste coupable d'avoir trop voulu ? L'amour ? Même pas, ou bien alors un amour soigneusement épuré, tellement qu'il ne puisse égaler aucun de ceux que l'on connait. Faut il que le monde reste ouvert pour que l'on puisse inventer ce qui nous manque ! 

     

  • BWV 54 Wiederstehe doch der Sünden

    Une cantate de jeunesse qui enchanta ma célébration bachique de 2013 et 2014 (on hésite entre 1713 ou 1714 pour sa première exécution à Weimar). BWV 54, un bijou incroyable, pur diamant et qui fait et fera l'admiration de tous, en tout temps et toujours. 

    La célébration est celle du troisième dimanche de Carème (Oculi). 

    Les paroles sont en http://www.bach-cantatas.com/Texts/BWV54-Fre6.htm

    On passera sur l'enregistrement du premier couplet par Marcon, Giulio Carmignola et Angelika Kirchschlager

     

    http://www.qobuz.com/fr-fr/album/bach-arias-various/5099708992422

    On passera aussi sur le trop lent mais parfaitement baroque du film noir et blanc de Glen Gould:


    https://www.youtube.com/watch?v=keT3Gnypbt4 avec Russel Oberlin à la voix alto... 

    On notera l'illlustration graphique parfaitement géniale de https://youtu.be/3iKFi2DH-sA qui montre la balance de tout ce qui intervient pour faire marcher l'incroyable machine. 


    Mon préféré est le BachStifftung avec Markus Forster, énervé et en colère et surtout avec l'admirable enregistrement de la complexité de la machine à violons qui anime la "chose". Car la chose doit être faite à mon avis avec vigueur et vitesse et ce n'est pas l'avis de tout le monde.  https://www.youtube.com/watch?v=PqO4Npbo_WM

     


    Gardiner, par exemple est extrêmement doux là dessus. 

    La cantate est exceptionnellement courte, deux arias d'Alto séparés par un récitatif. 

    On commence par une attaque rythmée étrange, celle qui hélas est parfois développé avec lenteur et nostalgie avec ton égrelé qu'on n'attribue qu'aux vieux enregistrements. Cette étrangeté est parfaitement dissonante et introduit le rythme de la marche surprenante que constitue tout ce merveilleux moment. 

    Widerstehe doch der Sünde,
    Fais face au péché,

    tient toi debout devant le péché ! 

    Sonst ergreifet dich ihr Gift.
    Avant qu'il ne te distille ses poisons.

    Les violons peuvent être ornementés et l'Alto peut aussi se le permettre dans la démarche puissance de l'injonction finale incroyablement étrange et puissante: 

    Laß dich nicht den Satan blenden;
    Ne te laisse pas aveugler par Satan ;

    Denn die Gottes Ehre schänden,
    Avoir honte de la gloire de Dieu conduit
    Trifft ein Fluch, der tödlich ist.
    À une situation qui mène à la mort.

    Assénée deux fois seulement, la menace toute de nécessité, la honte de la gloire est "mortelle", suffit à la répétition des deux vers d'introduction qui font l'aria, jusqu'à la fin... Comme souvent, un silence suit le centre de l'exposé. Et puis ça repart. On remarquera les ornementations propre à Bachstiftung, absente des autres versions. Ces cadeaux là sont optionnels et font partie de ce que peut offrir la maitrise complète d'un sujet, la transparence et la facilité de ses petites améliorations. 

    Le récitatif étrange associe péché et mort tout en remarquant que l'apparence du péché est "wunderschön".

    Il  s'en prend aussi aux "pommes de sodome" (Sodomsäpfeln) étrange allusion à une homosexualité qui ne permet "plus" (étrange compassion) d'appartenir au royaume. Il se termine par un énervement caractérisé du violoncelle toute en grave irritation. 

    L'aria terminal se déchaine alors. 

    Wer Sünde tut, der ist vom Teufel,
    Celui qui se livre au péché est du diable,
    Denn dieser hat sie aufgebracht.
    Car ce dernier l'a en fait engendré.
    Doch wenn man ihren schnöden Banden
    Et pourtant lorsque l'on fait face
    Mit rechter Andacht widerstanden,
    À ses attaques grossières avec un esprit droit,
    Hat sie sich gleich davongemacht.
    Il ne tarde pas à s'enfuir.

     

    Le thème est le même, mais complètement endiablé: teuuuuuuueeueueueueu fel !

    Deux contre chants violoncelle et violon qui se dépassent l'un l'autre, avec la chute sonore de la fameuse note: plongée dans le vide, la figure est celle du combat dans le ciel. Cet accompagnement est inouï il traduit le combat  contre le péché qui est du diable. Mais on peut le vaincre ! davon davon davon gemachhchht ! 

    Les dissonances diaboliques montrent toute l'ampleur du combat dont la fluidité est admirable les flux de conviction qui affirment la légitime victoire, toute de souplesse (et de robustesse, dirais je). 

    La chose est enlevée et  joyeuse, comme une petite fille qui aurait vaincu la peur du noir, trois petits tours et puis s'en vont. Ca y est le diable s'est enfui. 

     

  • BWV 33 Allein zu dir, Herr Jesu Christ

    Pourquoi est on fasciné par tel ou tel de ces moments musicaux que constituent tour à tour les éléments de ce monument musical total que constitue les cantates dans leur ensemble ?  

    https://youtu.be/8lxnaw2GbS8 Pour l'exemple.

    Il s'agit de BWV 33.  Une cantate incroyablement brillante et dynamique entre un choeur d'entrée et un duetto alignés en miroir. Le choeur de fin, comme d'habitude n'est là que pour arroser d'eau froide les esprits échauffés par les merveilles présentées. Au milieu un incroyable méditation voix/violon avec un pic, un ascenseur vers le ciel. 

    L'ouverture est un tube. Fantaisie chorale, comme on dit. En vingt cinq secondes, tout est là, tous les étages, toute la puissance de la complexité et le choeur complètement construit entièrement à l'oeuvre, on dirait depuis toujours et les hautbois qui attaquent avec une vivacité qui vient d'ailleurs: qu'est ce qui leur prend ? 

    Comme toujours/souvent le thème est doublement constitué avec une reprise de l'initial par en dessous et là blam, le choeur arrive introduit par un soprano céleste, en dessus bien sur et tout explose. L'alternance entre l'orchestre qui laboure encore et encore et le sublime mouvement choral est toute l'idée, la vivacité des hautbois soutenue par les violons qui eux aussi partent en avant étant le moteur de l'ensemble. 

    Au moment ou l'orchestre conclut un peu, le choeur repart aérien et à nouveau l'orchestre tente de le calmer, avec une agitation qui se fait reprendre et cela trois fois, quatre fois. Un char céleste conduit par des dauphins ! 

    Ich ruf dich an,
    Je t'implore,
    Zu dem ich mein Vertrauen hab.
    Toi en qui je mets ma confiance.

    bram. C'est tout. 

    Le récitatif est celui de la culpabilité luthérienne mais sur la fin ça se met à chanter: une parole de rémission est possible, donc "freueueueueuen".

    L'orchestre s'avance, les armes à la main, sans les archets.  Et hop c'est parti pizicatto de graves, le violon se met à chanter la grande mélodie. On la répète, profonde et elle est là pour durer. Double introduction. 

    Puis l'alto s'avance. 

    Wie furchtsam wankten meine Schritte,
    Que mes pas étaient chancelants et craintifs !

    Doch Jesus hört auf meine Bitte  (meine Bitte fera rire tout le monde, est ce pour ça que cela me fascine ?)
    Jésus exauce pourtant ma prière

    et le délicieux dialogue s'engage voix contre le violon sur le rythme des violoncelles ploum ploum ploum.

    Le violon se répète dans une répétition redoublée, en fait inversée vers le haut et vers le bas comme en miroir, que dis je un diamant qui réfléchit la chose dans tous les sens. 

    Mais la rhétorique se déploie: mes péchés m'accablent MAIS 

    Dass er für mich genung getan.
    Il a assumé mes péchés comme ceux du monde

    Et puis le violon s'aligne avec la voix et l'accord au sommet de la montagne se produit. Tchac. 

    Stop.

    Et le violon repart impérieux, le ténor évanoui, git sur le coté, la machine non pas à coudre, mais à vapeur... On dirait le train de dumbo... 

    On reprend la chanson au début, et le violon séparé entame la descente et porte la voix qui doit se calmer tout doucement. Elle ne va pas d'ailleurs jusqu'à la fin encore. Le violon se charge de terminer. 

    Le récitatif d'attente est celui de la supplication de pouvoir continuer à recevoir la foi chrétienne pour obéir aux commandements, elle se traduira par "Und wird durch Liebe tätig sein",  de véritables actes d'amour.

    Alors, on repart avec les hautbois en mélodie. Double introduction, comme il se doit. Et puis, le duetto ténor basse en compétition et évidemment une ultra complexe harmonie d'orchestre par derrière. L'accord ténor basse est particulier: la vérité contre la sincérité avec un brin de violence... 

    Gott, der du die Liebe heißt,
    Dieu, toi dont le nom est amour,
    Ach, entzünde meinen Geist,
    Ah, enflamme mon esprit,

    Le retour de l'harmonie instrumentale tente de calmer les choses, et l'accord se construit peu à peu. 

    Pour finir, la succession, ténor, basse, hautbois 1, hautbois 2 et tout qui s'enchevêtre et ça part en dissonance, "meine Ruh", dans un dérapage aérien puis le coup de basse et l'apaisement final... 

    Avec la mélodie qui revient, qui revient à tous les unissons possibles. 

    Triebe, Liebe ça rime. 

    Et puis on conclut

    Sende du mir Hülfe zu!
    Envoie-moi ton secours !

    Dans un unisson héhéhéhé mélangé ultra compliqué, cela s'apaise, finalement.  

    Le choeur final sonne la fin du voyage... Libérateur comme toujours, il reprend la mélodie de l'entrée, mais pacifiée, comme si on s'excusait.

    La fin est ambigüe: 

    Hier in dieser Zeit
    Sur cette terre
    Und folgends in der Ewigkeit.
    Et dans l'éternité.

     Et voilà, c'est tout. 

     

    P.S. Je viens de me rendre compte que j'en suis à 100 notes, dans une confidentialité qui met Hautetfort à l'abri des ddos de mes fans, du moins jusqu'à présent. Vu le nombre de cantates à commenter, l'inspiration ne me manquera jamais. 

  • Les théologies musulmanes

    Désordre fait religion et réciproquement, l'islam (avec un petit "i") est un ensemble brouillon de préjugés, de malédictions, de conceptions bizarres et contradictoires. Sans dogme, sans autorité centrale, exclusivement prêché par des individus prétentieux qui se succèdent en s'anathémisant les uns les autres, il est multiple, bigarré, étrange et comme de juste consacre exclusivement la seule chose qui compte, l'unicité de quelque chose appelé Dieu qui semble correspondre à l'unicité fantasmée d'une vérité que tous se disputent.

    C'est pour cela qu'on se doit parler des théologies, il y en a plein. Le terme propre est la modalité d'"Aqida" (croyance) dont on parle. Par exemple, l'aqida chiite impose de croire, en plus, en l'occultation de l'imam no 12, qui s'appelle Al mahdi, comme de juste. 

    On va commencer par mentionner les 4 écoles juridiques qui sont d'accord entre elles pour être différentes, les diversités géographiques étant les premières raisons d'une omnipotence divine relative à l'endroit où on se trouve, ce qui ne lasse pas d'ailleurs de surprendre.

    On avait traité cela en http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2015/11/11/les-ecoles-musulmanes-5714316.html, ces écoles là étant juridiques et non théologiques, ce sont les "madhab".

    Allons donc voir les différentes théologies et la gagnante s'il n'y en a une. 

    Vocabulaire

    Les mots ont un sens il ne faut ni les traduire bêtement ni les porter tels des valises.

    Islam signifie "soumission", musulman "celui qui se soumet", Coran (Qur an) "message donné par la parole".

    Cette notion de "révélation" est très importante, car elle est nouvelle, et abroge les précédentes. 

    Le tahwid "unicité", "monothéisme" désigne le dogme fondamental (et il n'y en qu'un héhé).

    Le kalam "discussion", "dialectique", s'identifie parfois à la théologie, façon de traduire raisonnablement ce qu'on sait de Dieu. Mais ce terme générique désigne une manière de le faire, la théologie musulmane étant partiellement le refus, précisément de cette activité là. Il est interdit en Arabie Saoudite, tout comme la philosophie.

    Le  Kharidjisme

    En pointe sur la question de l'autorité, ils furent ceux qui refusèrent l'arbitrage (perdu par Ali) entre Ali et Muawiyah, ils furent les "sortants" ceux qui disent: "l'arbitrage n'appartient qu'à Dieu". Ni chiite ni sunnites. 

    Il en reste les ibadites à Gardahia au Mzab et aussi des gens dans l'île de Jerba.

    Le Jahmisme

    C'est la déviance de Jham ibn Safwaan, ceux qui croient que le coran est un ensemble de significations. Il s'agit là de la question de la nature du Coran.

    La question des attributs est là extrême: Dieu n'a ni nom, ni attributs. 

    L'homme ici n'a aucune volonté, il est soumis à commettre ses actes. 

    Jham fut exécuté pour ces déviances.

    L'Atharisme

    Fondée par Hanbal lui même, athar veut dire "texte". La partie du Hanbalisme qu'on ne peut soupçonner d'anthropomorphisme. Notons qu'un athariste peut très bien ne pas être juridiquement un Hanbalite. 

    Cette histoire d'anthropomorphisme est très importante: on parle de l'image de Dieu et de sa face et de ses mains. Cela doit faire place naturellement à considérer ici une allégorie, avec tous les problèmes que ça pose. Quoi ? Dieu ferait de la poésie ? Il y a de multiples solutions à ce problème, les plus réactionnaires acceptant à la fois la lettre et l'image, la contemplation du mystère suffisant quand ça bloque vraiment. 

    Les atharites privilégient le tafwid, méthode de lecture qui exclut l'interprétation pour se conformer au texte. Par opposition au tawil, méthode d'interprétation. 

    Le Qadarisme

    Hasan Al basri, dans le milieu Omeyyade, tenant de l'interprétation des successeurs de Dieu plutôt que des successeurs de l'envoyé de Dieu, et DONC d'une doctrine favorisant la prédestination. Les tenants du contraire, les qadarites furent donc persécutés... 

    Les qadarites furent des précurseurs du mutazilisme.

    Le Mutazilisme

    Première grande école de l'islam, celle des maisons de sagesse du grand califat abbasside, celui de Al Mamun, le fils d'Haroun Al Rachid, celui qui envoya un éléphant à Charlemagne, le protecteur d'Al Khawarizmi, qui fit fouiller la pyramide de Chéops.  Il imposa ces conceptions là et mena une inquisition autoritaire contre les traditionalistes qui niaient la création du coran. Ceux ci se sont bien vengés par la suite. Al Mamun mourrut à Tarse en 835.

    Ils croient les actes crées par l'homme, que le coran est crée, que les attributs de Dieu ne sont pas éternels (et donc liés à la création) et aussi qu'il faut toujours interpréter les allégories. 

    Les mutazilites donnent ainsi des noms à Dieu, mais pas d'attributs. 

    Mais il y a la question du bien et du mal définis par l'ordre et l'interdiction divine, question épineuse car comment savoir si c'est Dieu qui parle ? On a ici le célèbre motto: ordonner le licite et interdire l'illicite. Le bien et le mal sont indépendants de Dieu pour les mutazilites.

    Une autre question est le libre arbitre et le rôle de la raison nécessaire pour se convaincre de la révélation.

    Le plus grand des mutazilites fut Abel Jabbar, mort en 1025. Mais le vrait fondateur fut Wasil ibn Ata, mort en 750, connu pour un défaut de prononciation qui le conduisit à produire des discours qui n'utilisaient pas la lettre "r". On n'aspire bien que ce qui n'existe pas.

    Les mutazilites sont les "séparés" ceux qui ne prennent pas parti. 

    L'asharisme

    Pour ce qui concerne la théologie, on avait parlé de l'asharisme, école principale du sunnisme, et qui donne à l'islam sunnite son caractère fixe et relativement unifié intellectuellement et théologiquement. Néanmoins, on se doit aussi de mentionner le maturidisme, dérivé de l'asharisme mais adopté majoritairement par les hanafites (les turcs en gros, mais aussi l'érythrée).

    On a donc pour les asharites, créations des actes par Dieu (et pas par l'homme, selon les mutazilites) et liberté de l'homme de les accomplir. 

    On a aussi l'incréation du Coran (cela est partagé par les hanbalites), celui ci faisant partie de Dieu.

    L'asharisme fut propagé par les almohades et les ayyoubides (les kurdes d'où est venu Saladin). Al Gazhali fut bien sur un asharite.  

     

    Ibn Taymiyya

    Un point particulier à Hanbal: le plus fécond, celui qui règne sur le désert Saoudien. Le plus réac aussi. De son école vint, bien plus tard, (1263-1328) mais avant Tamerlan (1336-1405) le fameux Ibn Taymiyyah, mentor du 5 ème monde, le salafiste véritable, ennemi de tout, et pourtant mystique et soufi, l'un d'entre eux donc.

    Le dernier imprécateur (et oui même dans ce domaine, il arrive qu'on n'arrive pas à faire mieux), il fut ennemi de Ibn Arabi, d'Al Gazhali (faut le faire), et évidemment de tout ce qui ressemble à la philosophie, la "religion d'Aristote", Averroes occupant un rang enviable dans sa classification. Ennemi mortel des mongols qu'il assimilait aux chrétiens (c'est dire), il mourut emprisonné par les mamelouks, tant il les gonflait. Une perle. 

    D'abord il était contre les asharites (la seule école théologique universelle de ce monde en morceaux). 

    Quels sont les points discutés ? Toujours les mêmes et c'est cela LA théologie islamique: les positions des uns et des autres sur le statut des attributs de Dieu (en a-t-il et sont-ils différent de lui?) et sur la volonté divine (y-a-t-il une liberté possible quand Dieu veut tout et prévoit tout?). 

    Les asharites, comme musulmans "modérés", récusent les attributs de Dieu (il n'y a que de l'essence), et considèrent comme mystérieuse la liberté humaine alors que  Dieu peut tout. Un point d'équilibre. Un point très important  est la notion d'anthropomorphisme, crime redouté par les asharites, et qu'on reproche aux extrémistes. 

    Taymiyyah lui ne croit pas en la raison, dote Dieu de tous les attributs de la puissance infinie, et ignore, le contraire aurait surpris, la liberté de quoi que ce soit.  

     

    Le Wahhabisme 

    Fondé par Mohammed Abelwahhab (1703 1792), c'est une théologie d'origine Hanbalite, inspirée par Ibn Taymiyya. 

    Abdelwahhab Meddeb, le charmant chroniqueur de France Culture s'en désolait mais assumait fièrement son prénom, il a disparu trop tôt (en 2014).

    Les Saoud, à l'origine plutôt karidjites, embrassèrent la doctrine, d'abord pour leur malheur un seoud fut décapité par les turcs en 1818 puis plus récemment avec le succès qu'on a vu: en 1902, Abdelaziz Al Saoud prend Ryad. Ce sont bien les wahhabites qui apostasient à tour de bras (le fameux tafkir, ou excommunication).

    Le point important est que le pouvoir saoudien tient à l'alliance entre deux lignées, les Al Saoud pour le sabre et les théologiens, les Al ach-Cheikh c'est à dire les descendants d' Abdelwahhab pour ce qu'on n'ose appeler le goupillon.

    Al Farabi

    Le joueur de luth perse, mort en 905 à Damas. Il fut le premier à considérer Aristote au point d'être le "second maitre". Il commenta la république de Platon. Il est porteur d'une angéologie faite de mondes sphériques emboités, mais n'est pas un théologien.  

    Ibn Arabi

    Le grand maitre, un andalou qui rencontra tout jeune Averroes et qui se lança dans le grand ésotérisme poétique de la consécration du "tawhid", le culte quasi idolâtrique (héhé) de l'unicité du divin. Il est à la base de la grande "philosophie" mystique qui recouvrit l'islam pour toujours. Après avoir vécu à Séville, il mourut en 1240 à Damas.

    On peut noter une attention particulière aux multiples noms de Dieu et la présence d'une femme mystérieuse, Nizhâm, qui l'inspira. 

    Un point important sur le tawhid: son contraire est le Shirk, l'associationnisme (gare à toi si tu en es).

    Al Gazhali

    Avant Averroes il y eut le grand soufi (mort en 1111), partisan exclusif de la révélation, critique de l'aristotélisme d'Avicenne, et auteur d'une réfutation de la philosophie (tahafut al falasifa) (déjà) qu'Averroes eut le tort (d'après certain) de réfuter (tahafut al tahafut)... Malgré Averroes il fut l'auteur de l'inexorable interdiction et rejet de la philosophie en Islam. 

    Averroes

    Il n'est pas un théologien, mais mérite le détour, il n'est que le "dernier" philosophe, voir 

     

    Les hadiths

    Il n'y a pas que le Coran (dans la vie). Il y a aussi les "hadiths", communications privées du prophète, rapportées, classifiées et authentifiée par tout un système de traditions variées. Responsables, par leur diversité et leurs origines variées de tout le désordre intellectuel islamique ils sont immensément nombreux. 

    Ils ne sont PAS divins, mais vrais car reliés au prophète ou à ses compagnons. Avec le coran, ils forment la Sunna.

    Ils sont caractérisés par leur chaine de transmission qui les relient à leur origine depuis ceux qui les rapportent.Leurs origines sont elles aussi classées par proximité avec l'origine (mahomet dit que dieu lui a dit, j'ai entendu le prophète dire que, on nous a ordonné que, le compagnon nous a dit que). De manière générale, il y a une multitude de vérités de différentes sortes, dont l'autorité de la tradition établit l'autorité par une sorte de redondance multiple d'actes d'autorités établissant les vérités, toutes se rapportant in fine à une unicité divine, contraire parfait de tout le système qui semble l'établir et la révérer... 

    Malik et Hanbal furent de ceux qui recueillirent les premières grosses compilations de Hadiths, mais le principal auteur des hadiths originaux est le méconnu Abou Hourayra, compagnon du prophète. Son célèbre hadith est:"Allah possède quatre vingt dix-neuf noms, cent moins un, celui qui les apprend entrera au paradis" 

     

    Le Soufisme

    Compris comme original en islam alors qu'il en partage toutes les diverses orthodoxies, le soufisme se caractérise surtout par la croyance qu'il y eut en plus du Coran d'autres révélations, secrètes celle là. Tous reliés familialement au prophète, et donc rattachés à Ali et Fatima, les maitres soufis sont toujours suspects de chiisme. Les séfévides, qui succédèrent aux timourides en Iran et qui y introduisirent  le chiisme (1500) sont issus d'une dynastie Soufie. 

    Les Bektachis et Alévis sont des soufis rattachés au chiisme duodécimain. Il y a une multitude d'ordres, tous fondés par des personnalités (les "saints") qui se rattachent à Ali.

    Chaque fondateur fonde son xxxx iyya. Par exemple, le grand Suhrawardi (+ 1168) fonda la suhrawardiyya. 

    Forme presque exclusive de l'islam en Afrique noire, le soufisme s'y mâtine de bien des choses. Citons Amadou Bamba, mort en 1927, fondateur du mouridisme au Sénégal. 

    Conduit, de par leur relation personnelle avec le divin, à exprimer des opinions variées pouvant choquer, les maitres soufis furent souvent persécutés et dénoncés de manière diverses. 

    Ils sont la cible et les bêtes noires des tenants du littéralisme en islam et en général. 

    L'apocalypse musulmane

    Certains hadiths transmettent une apocalypse reprise par l'état islamique en irak et au sham (le pays de la main gauche en regardant vers l'Est, c'est à dire tout le moyen orient, palestine comprise). Tout se termine à Dabiq à la frontière entre syrie et irak, Dabiq étant le nom d'un magazine bien informé issu de la région (comment, vous n'êtes pas "encore" abonné ?). Comme toute les apocalypses, elle parlent d'un combat contre les "romains" qui eut lieu contre les byzantins. Elles sont bien inspirantes pourtant, pour pas mal de gens. 

    On y parle (y compris chez les sunnites) d'un mahdi suscité par Dieu qui doit instaurer le règne millénariste qui précédera comme de juste la fin du monde. Il y eut de multiples auto proclamés mahdi dans l'histoire. Curieusement, on n'en a pas cette fois ci, Al Bagdadi n'ayant pas pu percer (sa rolex sans doute).  Il faut citer le Mahdi soudanais qui tua Gordon, et rasa Khartoum. Son successeur fut défait à Omdurman, la dernière charge de cavalerie de l'histoire, et Churchill y participa. 

    La fin de l'ijtihad

    La fin de l'âge de l'interprétation, c'est après la terrible démoralisation qui suivit la destruction totale de Bagdad en 1258 par Hulagu Kahn, petit fils de Gengis. L'encre de tous les manuscrits détruits noircit les eaux du Tigre. 

    L'art de l'interprétation ijtihad se voit alors condamné: ses portes se seraient refermées... Bon comme on date de tout cela d'Al Gazhali (bien avant donc) il y a discussion. Conceptuellement on dit aussi que le djihad remplace l'ijtihad, et aussi que seuls les grands savants y ont droit, comme quoi rien n'est jamais vraiment fini. 

    La grande théorie

    Une manière de voir et qui pourrait être la grande synthèse est que le sunnisme lui même eut ses "fitna" (grande discorde) au delà de la querelle avec les chiites.

    D'abord la querelle Omeyyade, d'abord à l'origine du chiisme, c'est Muhawiyyah qui combattit Ali, mais qui se termina mal, tous étant assassinés après la bataille du grand Zab en 750 par les Abbassides, le seul survivant créant l'état Andalou de Cordoue. 

    Les guerres civiles entre califes posent donc en permanence le problème de l'autorité et cela ne finit jamais...  

    Les Abbassides prétendaient descendre de l'oncle de Mahomet. Jamais la stérilité d'un homme, en l'occurence Mahomet (infoutu de concevoir un fils) n'a eu autant de conséquences...

    Car il y a aussi guerre civile entre les deux fils de Haroun Al Rachid, Mamun et Amine. Profondément déstabilisante elle fixa les 3 pouvoirs, ceux du peuple, des oulémas qui construisait le système juridique musulmans avec les hadiths et le calife lui même. Al Mamun voulut imposer au nom de la raison une sorte de théocratie qui fut en fait refusée par l'islam! Les oulémas voulurent être les interprètes d'un texte immuable et la théologie du coran crée/incrée a ce point là comme pivot historique et intellectuel. L'échec des abbassides fut complet: l'islam ne put se constituer que sur le refus de la prétention du calife à être celui qui "ordonne le bien et interdit le mal", car génératrice de la guerre entre frères.  

    De fait l'islam se constitue ainsi CONTRE les califes. C'est le sens cette toute personnelle "synthèse", en forme de paradoxe. L'islam traditionnel, celui qui s'était endormi sous la férule ottomane est en fait non politique au sens strict, au sens qu'il refuse la dictature personnelle du calife/dieu/prophète. Ceci au prix de la captation du juridique, le calife n'en étant que l'exécuteur. On a donc bien en fait une théocratie non politique, toute entière consacrée au juste, assimilé par l'Islam (avec un grand i, c'est sa caractéristique) au judiciaire. Cela fonctionne admirablement tant que nul politicien ne se mêle d'en faire. C'est le règne du juge/prêtre, et la théologie se résume à l'explicitation du licite, les écoles théologiques réduites à presque rien se chargeant d'un discours périphérique, qui finalement n'intéresse pas grand monde. 

    La réforme

    La question de la "réforme" de l'islam, si on ne retient pas sa forme "traditionnelle" qui est bien évidemment le retour aux bien guidés, et qui a animé la totalité des réformes qu'on a pu connaitre depuis les almoravides jusqu'au mollah Omar et celle du retour à la seule variante intellectuellement véritablement distincte, et je ne parle pas du chiisme: le mutazilisme. 

    Et oui, il y aurait une "réforme" avec le gout sucré de ce qui rend le café vraiment différent: peut on changer cela? En tout cas, si elle est concevable elle ne pourrait aller que vers cette seule alternative là. Inutile de dire qu'en l'état des choses actuellement on est loin. Mille ans de théologie réformée comme cela ? Plus que jamais cette "réforme", celle de l'islam n'a aucun sens ni réalité, quelque soit sa forme. On en vient alors à la seule réforme qui vaille, et qui est mise en oeuvre: fermeture du coffre à jouets et passage à autre chose. Mahomet est mort. 

     

     

     

  • Le Dernier Philosophe

    Averroes le maudit est le dernier philosophe musulman. Exilé à Lucena, lieu d'exil des juifs, au point qu'on a dit de lui qu'il l'était, il n'eut pas de postérité en Islam. Il mourut en 1199, peu après le calife Almohade Al Mansur (le victorieux d'Alarcos en 1195), celui qui avait interdit la philosophie, la falasifa, en 1188, ainsi que le vin, les livres et bien sur la musique. Al Andalous, l'islam des lumières d'après Luc Ferry. 

    Les Almohades ne l'emportèrent pas en paradis, vaincus en 1212 (les écoliers espagnols ne peuvent pas la rater celle là) à Las Navas de Tolosa, ils furent progressivement évincés d'Espagne, la reconquista étant pratiquement achevée à la moitié du 13ème siècle (Séville est prise en 1248). 

    La philosophie musulmane interdite donc chez les sunnites ne vécut que grâce aux iraniens, ce sont les traités mystiques chiites, ceux décrits par Henri Corbin. Mais la philo normale, walou (1).

    Ainsi la philosophie pour Ibn Taymiyyah c'est la "religion d'Aristote". Connu pour avoir osé traiter les mongols de mécréants, le bon hanbalite dénonça les innovations soufies d'Al Gazhali, c'est dire. 

    Les théologies musulmanes

    En parlant de philosophie il faut parler du mutazilisme. Première grande théologie de l'islam, celle des abbassides (Aroun al Rachid en était), elle fut progressivement évincée en particulier par l'école asharite. Réputée rationaliste et discoureuse, car en charge des grandes polémiques avec les chrétiens et aussi avec les gnostiques dualistes iraniens, elle introduit une conception de la raison distincte de la révélation et une doctrine de la liberté, Dieu ne pouvant pas tout prévoir, c'est un problème récurrent; et aussi la question du coran crée, si il était incrée, cela remettrait en question l'unicité de Dieu à laquelle tout le monde tient beaucoup. 

    Il faut parler de l'asharisme, l'école du kalam, élaborée contre les mutazilites, ce sont les muttakallimins. Al Ashari était un mutalizite qui vira sa cutie dans un rêve. 

    Le mot "kalam" terme générique désigne en fait tout une pratique théologique, celle qui mène à l'argument cosmologique du kalam qui fait des premiers musulmans des atomistes au sens de Démocrite: tout ce qui est a une cause, l'univers existe, l'univers a donc une cause, big bang. L'argument fait encore flores, l'américain Lane Craig nous le ressortant dans les années 80! Cette pratique est le fait des asharites et aussi des chiites. 

    L'asharisme est toujours la théologie officielle sunnite. Il faut parler des théories des attributs divins, ceux-ci étant intégrés mais ni identiques ni différents (la raison ne peut le savoir) de l'essence divine; de la résistance à l'anthropomorphisme qui dit bien que rien ne ressemble à Dieu, et la doctrine de la liberté contre le désordre mutazilite qui faisait Dieu ignorant du futur: Dieu sait tout en fait, sa "science" est complète, et il crée les actions bonnes mauvaises choisies par l'homme. 

    Le traité décisif

     Le fameux traité "décisif", décisif car c'était une fatwa, c'est à dire la réponse autoritative à une consultation juridique qu'il se faisait à lui même pose la question de la compatibilité, concordance, conciliation de la falsafa avec la loi religieuse (sharia).

    La réponse fut considéré par Luc Ferry, le ministre de l'éducation dont les professeurs déchiraient le livre devant les élèves, comme issue de l'islam des lumières et aussi introductive de la raison en occident. Bien sur il n'en est absolument rien et cela donna lieu à une polémique video intense où il se fit traiter de crétin. C'est la polémique Remi Brague/Luc Ferry, avec Alan de Libera en arbitre, et avec le gentil/méchant Averroes comme prétexte.

    Le traité est décisif car devant trancher et il tranche. La réponse dépend des gens et il y en a de trois sortes: le peuple, les théologiens et les philosophes. La philosophie se trouve obligatoire (ou recommandée) pour les philosophes et interdite aux autres. C'est ça le point. Le peuple ne peut avoir accès qu'à la révélation comme source de vérité. Cette interdiction, et cette recommandation est juridique: le traité est ainsi bien plus juridique que philosophique. 

    Les théologiens, les adeptes du Kalam sont spécialement méprisés. Ce sont bien sur les adversaires d'Averroes, ceux qui finirent par avoir sa peau d'ailleurs: les théologiens du kalam asharite, les juriste malékites, les dialecticiens. 

    Par contre, les philosophes sont bien traités. Contrairement à ce qu'on dit, Averroes ne théorise pas les "deux vérités": il n'y en a bien qu'une seule et la raison ne peut être incompatible avec la religion. 

    Mentionnons la classification qui est en fait platonicienne: les trois voies sont la sagesse (la philosophie), la dialectique et la rhétorique qu'il applique sur le verset 16.25 du coran (la sagesse, la belle exhortation et la dispute). 

    Le traité ne fut pas vraiment connu du moyen âge chrétien et n'eut aucune influence en occident ou très tardivement. Ce sont d'abord les commentaires d'Aristote qui firent d'Averroes le philosophe connu des latins. 

    Le traité est constamment cité par Luc Ferry et tous les épigones de ceux qui veulent donner droit de cité à la fierté musulmane d'avoir participé à la philosophie mondiale. C'est bien sur le cas, Avicenne et Averroes et bien d'autres étant, cela ne fait pas de doute, des philosophes au sens occidental du terme, même si ce fut bien sur comme repoussoir à contredire, mais cela ne fait aucun doute non plus, il ne s'agit en aucun cas d'un apport global du religieux "islamique", sachant que l'Islam par ailleurs totalement ignorant des activités des chrétiens sur ces questions, et se détourne complètement des activités philosophiques dès cette époque.

    C'est l'articulation de ces deux faits là qui fait la polémique, assez ridicule au demeurant; c'est bien pour cela qu'il faut revendiquer Avicenne (pourtant chiite) et Averroes (pourtant cadi almohade) comme parties prenantes à part entière de la vie intellectuelle du nord de la méditerranée avec une postérité tout à fait considérable. 

    Le grand mystère de l'"occultation de la part juive et arabe de l'histoire occidentale (Alan de Libera) restant entier.

    Le monopsychisme

    Mais en fait, Averroes non seulement a une postérité en occident, mais en plus y est maudit: il est le maudit Averroes, le diable, l'athée et le repoussoir complet de la scholastique au point d'en être, négativement, le fondateur, l'anti - averrorisme latin étant une discipline à part entière, la condamnation de 1277 en étant bien sur son apogée... Ses écrits (les fameux commentaires du maitre absolu de la vérité) arrivent à Paris en 1225, date de d'arrivée de tous les grands: Albert (né en 1200), Aquin(né en 1225), les scholastiques les lisent avec passion. 

    La psychologie d'Aristote c'est le traité de l'âme. Les 3 thèses rejetées par les latins au sujet de l'intellect ou de l'âme: séparé, unique et éternel. C'est le monopsychisme d'Averroes, qui malgré toutes les critiques et toutes les interdictions, n'a jamais cessé de reparaitre, et comme anti-thèse absolue. 

    La figure de la séparation âme corps c'est Averroes le père de Descartes, Spinoza, Kant suivant leurs adversaires. Averroes est ainsi le fantôme inquiétant de l'occident (2).

    Car il est aussi l'anti cogito (ça pense et je ne pense pas) et donc le méchant absolu, contre tout ce qui est pour. Il ruine la rationalité en affirmant: "l'homme ne pense pas", en fait qu'il n'est pas intrinsèquement penseur ou rationnel ou défini par la rationalité, il n'est qu'un corps imaginatif utilisé par l'intellect. On a alors la séparation sujet objet, l'homme cessant d'être sujet. 

    La thèse serait alors que l'Averroisme -comme repoussoir- fait advenir la notion de sujet dans un monde qui l'ignorait ! Le moi peut alors être victime d'un démon qui le possède et c'est parti, on a le deuxième axe de développement. Ainsi, l'histoire de l'anti averroisme devient celle de l'angoisse au sens large, jusqu'à Freud. 

    L'Europe s'est construite contre Averroes, c'est le sens des tableaux dit "triomphes de Thomas d'Aquin" qu'on trouve un peu partout: Averroes y apparait mélancolique, vaincu... 

    Un peu de théorie

    L'individuation serait dues aux images, et pas à l'intellect (ou à autre chose), qui est "agent". Or Aristote parle de l'intellect (en fait il y en a un autre), comme "en puissance", notion utilisée par les latins pour tuer Averroes, le sujet chrétien ne pouvant évidemment être qu'en acte...

    Il y a donc bien une discussion sur le traité de l'âme (reste à le lire en détails).

    Un autre aspect est ainsi l'éternité de cet intellect: comment tout aurait été -déjà- pensé ? Quelle horreur ! 

     Pourquoi pas un intellect agent séparé qui soit Dieu ? Ou n'importe quel autre interprétation, dont le sujet ou le symbolique lacanien ? Cela plus le traité décisif fait de l'arabe la fin de la philosophie avec la ruine de l'affreux sujet blanc, hétérosexuel masculin. Averroes est donc le signe de la destruction de la raison occidentale, le poison absolu qui va tout ruiner ! De fait, on ne peut que se délecter de ces amers poisons, l'horreur philosophique étant partout: il ne tient qu'aux esprit forts, au palais solide que de gouter les bordures du pensable et les bords de l'univers connu, dans le temps et dans l'espace. Les autres, les dialecticiens, et pire les gens du peuple, doivent être interdit de ces substances et opprimés pour bêtise, ils ne sont pas humains. Me voilà donc Averroiste, par refus d'icelui... 

    Le nom de l'infortuné cadi exilé par Mansour fut donné à un lycée privé musulman que l'on soupçonna d'intégrisme: les filles y sont voilées et l'on y parla en termes négatifs de l'état d'Israël: en voulaient ils tant que ça à l'occident ou bien veulent ils interdire la philosophie au peuple ? 

     

    (1) walou ( mot tamazigh) rien.

     (2) Jean Baptiste Brenet, le successeur de Rémi Brague à la Sorbonne l'associe à Freud et son inquiétante étrangeté. Ses vidéos et son charisme sont un must total. 

  • Ces transactions qu'on distribue

    Un problème insoluble peut il avoir une solution simple? 

    Le parangon de l'informatique distribuée, voire son aporie, est la transaction distribuée: on veut modifier deux entités indépendantes de manière coordonnée et faire en sorte que les deux modifications aient lieu ou aucune, une modification à un site sans que l'autre ne le soit détruisant un principe global de manière inacceptable. Une telle chose peut elle être programmée de manière à considérer tous les cas d'erreurs, chacun d'entre eux pouvant se manifester ? Et bien NON.

    Considérons Alice et Bernard, les deux entités à modifier. L'exemple est bien sur celui de deux comptes bancaires dont l'un, celui d'Alice, doit être débité, celui de Bernard devant être crédité.  

    Les pannes sont multiples, et concernent les coupures réseau et aussi les blocages des machines, différentes, qui supportent Alice et Bernard. Ces pannes peuvent être provisoires ou de longue durée. Bref, l'horreur.

    On commencera par le demandeur, Denis, de la transaction. Il enverra donc un message à un "éxecuteur" (Emile) et le chargera de s'occuper de tout, suspectant une complexité qu'il ne peut pas assumer. Emile va donc procéder et retourner un peu plus tard un acquittement ou un aveu d'échec. 

    Le premier problème est donc celui du "un peu plus tard". Peut on borner cette durée et si oui comment ? Emile peut exploser en vol (certains clouds montent en l'air) et ne jamais répondre. C'est le premier problème fondamental de l'informatique à distance: le correspondant distant peut ne pas exister ou pire détruire votre commande sans rien dire. Il vous faut donc, et cela au delà de tout problème de communication, vous assurer que le premier contrat qu'Emile est censé supporter, la prise en compte de la commande, est bien respecté. Denis arme donc un chronomètre pour 10 secondes (ou un mois) et attend. Si aucune réponse n'est reçue avant l'échéance, on passe à autre chose. La chose a échouée, c'est sur, ou bien Alice ou Bernard ou les deux sont détruits, ruinés ou pire. L'horreur. Mais au moins, on peut alors décider d'aller se plaindre. On peut décider. C'est ça le critère, et la durée fixée, convenue à l'avance avec Emile est la base rationnelle de cette décision. 

    En tout cas, un acquittement reçu d'Emile après cette durée (positif ou négatif) devra être ignoré. Du moins en principe, on pourrait s'arranger dans ces cas, non ? On verra après, forget it for now. 

    Emile va d'abord stocker les détails de la transaction et y procéder. Comment faire ? Le bon cas est celui il peut vérifier que tout c'est bien passé. Dans ce cas, il se contente de renvoyer l'acquittement "c'est fait". Naturellement, il arme lui aussi un chronomètre, et si le traitement dure trop longtemps, doit s'assurer que tout est remis dans l'ordre de son coté avant de renvoyer un "désolé, il y a eu un problème, recommencez" à Denis, ou pas, parce que Denis dans ce cas, est supposé considérer que rien n'a été fait.  

    La simple gestion de cette petite délicatesse a ses problèmes fondamentaux et nous introduit au problème, au gras horrible de l'insolubilité complète du problème. Disons que si les "c'est fait" de Alice et Bernard sont finalement collectés trop tard (au delà d'un certain temps, qui rend certain que Denis s'est impatienté et considère la transaction en échec), Emile doit faire face à un cas troublant: il a fait ce qu'on lui demandait, mais trop tard. Que va faire Denis ? Que doit faire Emile?  Deux cas: Emile s'estime content tout de même et ne dit rien et attend. Denis de son coté, ne voyant rien venir, recommence sa demande, en termes identiques. Il a cru que Emile avait échoué.  

    Cette fois Emile, Alice et Bernard, en forme, performent tels des bêtes. La transaction est faite deux fois, Alice deux fois plus pauvre, et Bernard deux fois plus riche que prévu. Il ne faut pas faire ça: Denis ne doit pas recommencer, sauf à dire à Emile: "ne fait ça que si tu ne l'a pas déjà fait". Cette commande modalisée s'exprime par le header HTTP "IfNoneMatch" accompagné d'une valeur unique, tirée au hasard, et utilisée une autre fois dans le cas ou Denis tente de recommencer l'ordre si absence de réponse. Cette valeur identifie la commande et lui confère une existence au delà de son simple envoi. Un évènement a généré un objet stable dans le temps. 

    Ce principe, central et simple doit et peut être utilisée systématiquement dans les protocoles applicatifs basés sur des échanges asynchrones soumis au temps. Le rejeu est systématiquement possible et permet de pallier les défaillances provisoires du réseau et les pertes de temps assumées par les systèmes distants. 

    Il couvre des cas multiples, y compris l'échec total d'Emile détecté trop tard: Emile peut lui même recommencer et même une transaction incomplète. Imaginons Alice  en forme, répondant immédiatement et Bernard languissant, mettant Emile hors des clous. Denis, lassé, réitère sa demande avant qu'Emile ait abandonné. Emile peut alors réarmer ses horloges et tout en gardant le succès d'Alice au chaud, et recommencer Bernard... 

    Car bien sur, Emile se comporte comme client pour Alice et Bernard. Il gère un objet global, la transaction composite et ses horloges. Tant qu'il a une transaction en cours, toute demande de rejeu ne lui fait que réarmer ses horloges, l'objectif étant de ne faire l'affaire globale qu'une fois. 

    Emile pourrait il ainsi se la jouer "éternel" et rejouer telle la bête jusqu'à la fin du monde, comptant sur l'obstination de Denis pour se maintenir vivant ?  Cela ne se peut pas, il faut des limites, et Emile doit considérer l'échec, manifesté par un temps trop long passé sans réactivation de Denis, celui ci s'étant fixé un paramètre supplémentaire, un nombre de tentatives maximal. Emile doit alors abandonner, tout nettoyer et détruire le contexte de la demande de Denis. 

    Cet échec doit être proprement nettoyé: Alice et Bernard ne doivent pas avoir été modifiés. Si avant que l'échec final ne soit décidé, Alice ou Bernard ont acquitté leur tâche, et bien un mécanisme de "défaisance" doit être appelé et Alice et Bernard remis dans leur état initial. 

    Pour se faire, on peut supposer que Alice et Bernard  exposent bien un service d'annulation d'une commande ou bien la possibilité d'ajouter négativement. Dans ce cas, Emile peut s'assurer que les commandes en question ont bien été exécutées, quitte à les rejouer autant de fois que nécessaire. En cas d'échec à ce niveau, Alice par exemple ayant été détruit ou bien le réseau aussi, le système dans son ensemble est compromis et on doit se reporter à une procédure globale de récupération laissée en exercice à l'utilisateur, celle ci se devant tout de même d'être signalée nécessaire par une alarme. Ce cas doit être considéré, il n'est pas une erreur, mais un cas de destruction.

    Il y a d'autre possible malheurs. 

    Le cas de la destruction d'Emile par exemple: Alice peut avoir été laissée modifiée et pas Bernard. Rien ne pourra rattraper la chose et le système est fondamentalement fragile. Notons que si Emile était localisé "dans" Alice, pour plus d'efficacité et de fiabilité peut très bien modifier Bernard et se suicider pour produire une catastrophe équivalente.

    La sécurisation du fameux "contexte" est donc à considérer. Notons qu'il est en la possession de Denis qui le crée littéralement. Il peut et doit en cas de non réponse l'envoyer à qui de droit afin de tenter de récupérer l'éventuel désastre.  Denis peut aussi être détruit lui même, ce qui garantit l'oubli de la chose... 

    Bon, il faut donc dupliquer le contexte, et s'assurer de sa permanence avant toute chose. Un Emile bis doit être prévenu, armer lui même ses horloges, et attendre qu'Emile le prévienne pour détruire son contexte de sauvegarde; il doit se préparer à prendre la main et à intervenir, l'identifiant de commande lui permettant de rejouer auprès d'Alice et Bernard sans problèmes, la commande d'annulation devant accepter une modalité pour ne pas additionner négativement de manière excessive. 

    On passera sur la sécurisation d'Emile bis, le cas des fautes "doubles" étant négligé, ou bien, la resécurisation d'Emile bis étant prévue, celui ci se devant de prendre la main en même temps qu'une activation de sa duplication à lui, opération elle même soumise aux erreurs signalées. 

    Y a t il régression à l'infini et impossibilité de se garantir ? C'est ce qu'un théorème fameux prétend, il s'agit du théorème FLP : Fisher, Lynch, Patterson (1985) : "Il n'y a pas de consensus possible avec un processus en erreur".  https://groups.csail.mit.edu/tds/papers/Lynch/jacm85.pdf

    L'ai je démontré ?

    Presque, car la preuve de FLP est bien basée sur une régression à l'infini, la sécurisation de la sécurisation n'étant pas dialectique.  En fait c'est bien sur plus compliqué que ça. On y va ? 

    0) On modélise: il y a des agents qui peuvent être détruits, des messages qui s'échangent suivant des protocoles. Une configuration c'est un état global qui évolue suivant un protocole avec des messages dans des ordres variés et des agents qui disparaissent. "un" protocole: on va montrer que tous, absolument tous, même les plus astucieux, les plus hackés à mort, sont faux. Prenons en un au hasard. 

    1) Il y a des configuration 'bivalentes', dont on ne peut savoir ce qu'elles vont décider du fait du protocole. 

    2) Depuis une configuration bivalente, on peut toujours aboutir à une autre, tout aussi bivalente. (Ca pour le montrer, macache(1), je ne vous embêterais pas avec ça).

    Donc, l'application du protocole peut indéfiniment passer d'une configuration non décidée à une autre... 

    Une configuration bivalente semble mystérieuse. Elle se construit par une sorte de "triangulation".

    Elle consiste donc en une configuration dont le résultat au bout d'un certain nombre de pas de protocole n'est pas fixé à l'avance mais dépend des évènement intermédiaires. Une telle chose existe ! En effet, supposons la valeur à décider étant 0 ou 1 et que TOUTES les configurations possible soient déterminées par leurs valeurs initiales. Toute configuration a de plus une valeur finale 0 ou 1. C'est ce qu'on suppose. 

    On va les ranger l'une après l'autre, bernard après alice suivant que l'un des agents porte une valeur initiale différente dans les deux configurations. Si cet agent est détruit tout de suite, sa valeur ne peut être acquise et donc alice et bernard dans ce cas doivent avoir la même conclusion, car ils disposent de la même information, la seule chose qui les différenciait étant précisément la valeur portée par le fugace agent. 

    Il existe deux configurations de valeur finales opposées qui sont rangées successivement dans l'ordre décrit. En effet, prenons deux configurations de résultats opposés et considérons les valeurs de leur agents initiaux qui sont des chaines de bits à 1 et 0 que l'on peut transformer un à un. Une chaine de valeurs initiales différente uniquement pour un seul agent les relie. Il y a donc forcément un de ces couples de "vecteurs" initiaux qui conduiront à des valeurs finales différentes. 

    Cela n'est pas possible, car sinon, comme indiqué, la destruction immédiate de cet agent conduirait à des valeurs finales égales, ce qui est contradictoire... Il existe donc toujours des configurations dont la valeur finale dépend de l'état du monde changeant pendant l'exécution du protocole. Subtil et profond.

    Comment prouver que mes arguties du début sont équivalentes à cet argument là ? 

     

    (1) macache de l'arabe dialectal maghrébin makanch "rien"

  • La dissonance cognitive

    Un facteur essentiel agissant de la psychée est le besoin absolu universel et général de compenser les dissonances cognitives qui peuvent se produire à tout instant et en toute occasion. Quelque soit l'état psychique, le système intellectuel et affectif que l'on maintient, c'est la vie, doit rester stable à tout prix et en toutes circonstances.

    En gros, on fait référence à (1), la théorie de Festinger étant en fait décrite d'une autre manière, quand la source de la dissonance est un acte de la personne, celle ci adaptant ses croyances pour rétablir l'équilibre. Le "paradigme de la soumission forcée" est ainsi un cadre d'expérience dans lequel on rémunère (ou on oblige) le "sujet"  a produire cet acte (ou discours) dissonnant afin d'étudier comment il le compense.

    Il peut bien sur évoluer avec le temps, voire se remettre en cause plus ou moins complètement en diverses occasions, mais cela ne se peut dans l'instant ou sous la contrainte. Dans ces cas là, et dans la plupart des cas, en fait, le système interne de la cognition se rend plastique pour réinterpréter la situation ou l'argument de manière à ce que l'intention et la conceptualisation courante demeure inchangée. Tout est mis en oeuvre pour cela, et c'est la force du mécanisme que d'être capable de créer alors à peu près n'importe quoi, depuis un système philosophique jusqu'aux théories les plus insensées, les mauvaises fois les plus abscontes, les délires moralistes les plus répugnants.

    C'est bien évidemment les systèmes fragiles, les constructions insuffisamment étayées ou réfléchies qui sont le plus susceptibles d'évoluer en cas d'accidents cognitifs dans l'absurde et l'insensé. C'est d'ailleurs à cela qu'on les reconnait: poussé à leurs limites, certains hélas sont capables du pire.La contrainte peut être aussi sociétale ou étalée dans le temps et les victimes, des civilisations entières qui dégénèrent dans le n'importe quoi ou le ridicule au contact de l'étranger, ou de l'inattendu.

    Non pas que je m'abstraie de tout cela: ne suis je pas moi aussi humain, soumis aux mécanismes de ma race? Raison de plus pour tout envisager, et se prémunir de cela si possible, tout en moquant et plaignant les autres.

    Passons aux exemples et au premier d'entre eux, celui qui a mené Nicolas Sarkozy, président en exercice à laisser/commander un dépassement pharamineux des comptes de sa campagne présidentielle, à en signer frauduleusement/candidement une sous évaluation, puis à tenter de se faire reélire en considérant l'affaire comme sans importance.

    Entouré par des hommes intelligents, qui furent des ministres de la république importants,  Luc Chatel, Eric Woerth, François Barouin plus récemment, ceux ci semblent considérer une chose possible (la reélection) et l'autre impossible (la responsabilité).

    Des observateurs nombreux, intellectuels, journalistes, considèrent acceptable la campagne et la reélection, en commentent le contenu, supputent les chances de victoire, l'air de rien. Tout cela n'a pas d'importance, "tant qu'il n'y a pas d'enrichissement personnel".

    Des militants, sympathisants, supporters investissent émotionnellement et intellectuellement dans le soutien à un homme qu'ils considèrent nécessaire au futur de leur pays et dont les accusations judiciaires à son encontre leur apparaissent injustes(...), voire inventées de toute pièces.

    On a donc ici 6 dénis majeurs, 6 déséquilibres fondamentaux de l'entendement, 3 sont le fait d'un homme, les 3 autres de ses entourages, de ceux qu'il gagna dans son passé, celui d'un ex président de la république française, successeur du général De Gaulle.

    On ne va pas ici se préoccuper des intentions et de la méchanceté ou du cynisme ou quoi que ce soit qui aurait rapport avec le bien, le mal ou même l'intérêt supérieur bien compris de la nation. On va jauger de ce qui peut amener à accepter, voire assumer en acte de telles décisions alors qu'elles sont contraires à ce point (et à mon avis extrêmement) à la légalité, au bon sens, à la respectabilité en gros.

    Car une violation manifeste de la légalité, donc de la respectabilité d'un responsable de ce niveau génère mécaniquement des effets de décrédibilisation auprès de ce qu'il faut appeller le "public". La sanction de tels actes, ne serait ce que dans l'esprit et le vote d'électeurs, et cela avant tout jugement est forcément sévère, je dirais tout le monde s'y attendrait. Pourtant, il est négligé, nié. Ce déni là est celui des électeurs dans un pays démocratique, doté d'un état de droit: un président ne peut faire une chose pareille, donc il ne l'a  pas fait ou s'il l'a fait ce n'est pas grave.

    En fait, la chose est subtilement différente: tant que la chose n'est pas jugée, l'aspect improbable d'une telle action suffit à la considérer comme inexistante ou pas grave, c'est à dire commise en quelque sorte dans les règles, par exemple pour une bonne raison. A toute remarque sur la question, le drapeau de la présomption d'innoncence peut être levé et on continue. Conscient du mécanisme, bien des chefs d'état en exercice en ont abusé jusqu'à plus soif: Silvio Berlusconi, Lulla puis Dilma Roussef, et bien sur Jacques Chirac. Reconnaitre sa responsabilité c'est reconnaitre l'indigne, il faut donc nier jusqu'au bout. En core un exemple du fameux combat contre la dissonnance, et il y en a d'autres.

    Il me semble qu'il y a dans cela une mécanique de dénis successifs similaire à celui des réactions en chaines bien connues des atomistes: les neutrons émis d'abord fracassent avec un rendement supérieur à un les atomes en charge d'émettre les suivants. Chaque violation de l'impensable nécessite, pour compenser, de lui rajouter son contraire pour mieux persuader soi même et les autres que la chose n'a pas existé. On se retrouve alors avec une multiple fiction, celle que l'on décrit et qui semble depuis le début enchaîner ses prétentions malgré un contre pouvoir tout de même effectif et qu'il dénie pourtant de la même manière avec hauteur: les enquêtes en cours de la justice.

    Peut on considérer ces enquêtes, ces questions, ces conclusions comme un déni à son tour ? Une sorte de déni du déni, quasi hégélien ? Cela serait indigne disent-t-ils tous!

    Nous n'avions pas encore mentionné la chose: le ministère public enquête sur une violation caractérisée de la loi, précisément ce qui est  à l'origine des chaines successives d'évenements décrits plus haut. L'enquête, dont divers éléments ont été rendus publics de manièrest variées est maintenant terminée. Les réquisitions du parquet à poursuivre devant les tribunaux rédigées et rendues publiques. En gros, est considéré comme établie une violation de la loi au bénéfice de Nicolas Sarkozy, et là la phrase qui tue, qui plutôt nous fait tous mourir de rire: "les seuls élements à décharge sont les dénégations de l'intéressé". Comment caractériser mieux la dénégation ?

    Elle est celle que pratique instinctivement le chef mafieux au tribunal, la petite racaille dans le commissariat, le pédophile devant les médecins.

    Les dénégations de l'intéressé. Nous y sommes. La dissonance cognitive majeure: l'ex président est un tricheur et un menteur, deux fois menteur donc d'abord en consistuant le délit, ensuite en niant l'avoir fait, et cela est insupportable. Il est donc innocent, la réquisition du parquet obscène et doit être cachée, toute allusion à la chose condamnée, avec ceux qui osent s'y livrer, coupables de ce qu'il a y a de pire dans le monde politique: le coup en dessous de la ceinture, le viol avec violence de la présomption d'innocence. A part chier dans un église y a pas pire.

    Sarkozy nia d'abord le nombre de meetings selon lui en 2012 autant qu'en 2007, en fait 44 contre 32. Ensuite il fit raconter que ses comptes majorés initialement de 1,5 million par la commission des comptes de campagne, et donc soumis au non remboursement par l'état et à l'amende avaient été validés définitivement (non bis in idem), et qu'il ne pouvait s'occuper de vérifier lui même 42 cartons de factures... 11 millions d'euros, d'après Jerome Lavrilleux, auraient été facturés à l'UMP plutôt qu'à la campagne, ce fut le début de l'affaire.

    La fameux Sarkothon fut d'ailleurs de ce montant, équivalent à ce que rembourse l'état à une campagne validée et imposé à l'UMP par le non remboursement qu'imposa un premier dépassement détecté presque négligeable. Escroqué trois fois (on va le voir), le parti de l'alternance et ses militants vont voter pour leur voleur. Le déni de ces vols manifestes, entièrement prélevés sur leur cotisations est complet. Y faire allusion, c'est déchoir.

    Bien loin de là on se retrouve en fait au final avec deux sommes passés par l'UMP: 13,5 M de dépenses de campagne attribuées à l'UMP, plus 18 M dont on ne sait pas ce qu'ils sont devenus. Les comptes de l'UMP de l'année 2012, avec Jean François Coppé comme président sont entre les mains de la justice.

    Coppé n'est que "témoin assisté" de l'affaire, pour une raison mystérieuse qui m'échappe: il se considère donc innocent, (ce n'est pas tout à fait ce que dit le code de procédure pénale, mais cela est dénié), le proclame et se promène partout sourire aux lèvres, soumettant au gré de sa créativité diverses propositions. Il est candidat à la primaire de la droite et du centre.

    On fera un rapide aller retour sur ce fils de réfugiés juifs roumains sauvé par des des "justes" français, familialement porté pour devenir président de la république, au centre du pire scandale politique de la Vème république, et qui recommande pour l'école primaire l'uniforme et la levée du drapeau au son de la marseillaise. Il glosa longuement sur la haine qu'il ressenti profondément chez ses adversaires qui injustement tentèrent de briser sa carrière, il invoca Girard et le concept de sacrifice, le coupable lynché par la foule étant bien sur innocent, la preuve. 

    Il n'y a bien sur pas de limites à l'immense mépris que beaucoup portent au fripon infect qui insulte la république et ses partis politiques. Il faudrait le livrer séance tenante enduit de goudron à bouteldja, elle seule saurait quoi en faire. 

    Revenons à l'autre balkanique, celui là venu de hongrie, quand il signa en son nom personnel, mais il ignorait tout des actions de ses proches, ceux que, président en exercice à l'immense carnet d'addresses, il avait nommé. C'est ce qu'il dit. Pourtant, le caractère personnel d'une signature de ce type est officiel, connu et c'était la deuxième fois qu'il y procédait. Cette deuxième campagne aurait couté 46M au lieu des 22.5 autorisés. Le double, pile.

    Cela peut il obérer sa campagne, sa possible victoire à la primaire et à l'élection (beaucoup en restent persuadés) ? Non. Présomption d'innocence. L'ampleur et la puissance du déni est à la hauteur du scandale et se traduit par un grand silence à peine troublé par le frémissement des feuilles d'arbres en cette fin d'été. Les journalistes sont unanimes, un brin provocateurs: il peut concourir et même gagner. Mieux, la (relative, enfin quand même) faiblesse de la gauche confronté à son échec absolu, à l'infame ridicule qui accable tous ses dirigeants, ses divisions mortelles, le discrédit complet dont elle souffre dans l'opinion a enfin un excuse pour perdre: l'indignité de son adversaire. Pas mal comme possible dénégation de son état, et doublement vicieuse: car on pourrait avoir honte de perdre face à un tel ennemi, à moins que l'on ne soit à la recherche de la punition absolue, le mal ayant enfin gagné, je vous l'avais dit.

    Pour accentuer les choses le déni est pris en charge par tout ce que l'on compte d'experts, par exemple le président du parti les républicains, son successeur, qui se plaint du calendrier, et avec indignation. Signifiée terminée le 6 juin, l'enquête donnait 3 mois, jusqu'au 6 septembre donc, pour que le parquet renvoie. Tout est normal, donc, en fait. Certains dénis sonnent faux.

    Au fait, dès que les juges d'instruction prendront la décision de renvoi, Sarkozy deviendra "prévenu", c'est à dire "à juger en correctionnelle". Ca va faire bien sur son C.V. de candidat au poste de De Gaulle.

    L'autre déni est celui de Jérome Cahuzac. Sportif, ultra intelligent, champion socialiste des finances, deux ans président de la commission des finances à l'assemblée, ministre du budget, omniscient. Un député se souvient d'une question de sa part sur les comptes à l'étranger, en commission, demandant sans ciller si on pouvait aussi détecter des comptes fictifs à singapour. Il nia au delà du possible, le déni ici allant au maximum du concevable, devant le président (soit disant), celui ci bien sur niant aussi, la totale. Le pire crime aurait il été de mentir à Bourdin ? Il le commit.

    Pour ce qui concerne Cahuzac, il faut savoir qu'une équipe de communication lui fut affectée Stéphane Fouks pour organiser sa dénégation avant la révélation finale, puis après, pour en atténuer le choc. Anne Hommel, communiquante agrégée, (le jeu de mot n'est pas digne) déjà en charge des époux Strauss Kahn, grands contemplateurs des réalités qui ne les fachaient pas sont ses amis, tout ce monde là se fête ses anniversaires. 

    Après avoir gagné six mois pour des raisons procédurières, après donc tout de même trois ans d'enquête, il a tout avoué, tout dit (et son contraire), les yeux dans les yeux à tout le monde. Son procès  commence aujourd'hui par une révélation "zero day": c'est la faute à Rocard. S'ouvre alors (toute la journée d'aujourd'hui) un déferlement de plaintes, de nausées, de pleurs et de grincements de dents: comment cela peut il être possible ? etc . Un flot de dénis, un déferlement.

    Premier ministre pendant la durée de l'affaire Urba, c'est à dire des tentatives du gouvernement pour l'étouffer, il est remplacé par la maitresse homophobe du président complice du veld'hiv, puis mis en minorité au PS en 94 par Henri Emmanuelli, le banquier gauchiste condamné en 97 pour cela. Ses ministres célèbres furent Henri Nallet garde des sceaux, à temps plein sur Urba,  et aussi Claude Evin, celui qui interdit la clope et qui donc fut obligé, on n'est pas de bois, à reporter sur l'industrie pharmaceutique tout le poids de la corruption que l'industrie du tabac n'était plus motivée à financer. C'est que voulut dire Cahuzac, conseiller d'Evin, expert en médicaments bien après le départ de la gauche, et dont la fortune vient évidemment de là, alors que certains croient qu'il la fit avec ses 10% sur le salaire du coiffeur de Hollande...

    A chaque fois, l'incompatibilité entre le caractère sacré, voire divin, de la personne de Rocard, pourtant pourri socialiste bragard et amateur, vaincu et humilié par plus vicieux que lui, et la possible corruption de ses gouvernements génère la dissonance de la mort de l'âme, le gong affreux du pourrissement intérieur: quelle honte ! Cahuzac est donc encore pire qu'on l'imaginait, et sa vilenie, manifestement extrême, ne pouvait donc pas être détectée, à l'impossible nul n'est tenu, vingt cinq ans de magouilles au vu et au su de tout le monde, parceque devenant impossible à nier, doit l'être encore plus. On le chargera donc, mais moralement: il est indigne de s'en prendre à un mort !

    Chirac, élu en 95, fut accusé de tout jusqu'en 2002, mais président en exercice ne put être jugé, ni examiné par la justice, respect de son statut oblige. Bénéficiaire de truquages électoraux dans plusieurs arrondissements de la capitale lors des élections municipales des années 80. Tous les électeurs, y compris à gauche, furent obligés de voter pour lui malgré sa corruption, par peur du nazisme. Bruno Jeudy rédacteur en chef à Paris Match affirme à C dans l'air: il a gagné malgré les affaires: le brillant journaliste exprimerait il un avis trop rapide, ou un déni caractérisé ?

    Chirac fit condamner à sa place Alain Juppé en Michel Roussin en 2005. Rattrappé, mais gateux, il fut tout de même condamné mais après avoir pendant douze ans (moins cinq ans de cohabitation) maintenu la France dans une inaction coupable, paralysie due, c'est bien possible, à tout ce qu'il devait aux uns et aux autres.

    Faut il interdire à un mis en examen de se présenter à l'élection présidentielle ? "C'est ce que proposa Fillon" dit Bruno Jeudy. Là encore un déni, issu de la dissonance cognitive qui anime la presse, l'opinion et tout ce qui caractérise l'effroyable abaissement du sens commun et moral de notre époque. Fillon ne proposa pas cela. Jamais condamné ni inquiété, maire, député, conseil général, président de région, ex premier ministre estimé des parlementaires, il évoque l'abaissement en question et se contente de dire que lui, ne serait pas candidat si il était mis en examen. Ah oui, il mentionne aussi, l'indigne "Imaginez vous De Gaulle mis en examen?". Quelle horreur, quel crime.

    Pour toutes les raisons exposées dans le reste de ce texte, un grand nombre de gens considèrent indigne un tel coup en dessous de la ceinture, une telle ignominie, une telle violation de la présomption d'innocence. Certains réclament sa démission, d'autres la tête dans le cul, se lèchent l'anus en grognant. Je les conchie, les déteste les méprise et veut leur mort. Bientôt, si bien sur Fillon gagne inch'Allah.

    P.S. Dernière minute, l'allié de Juppé, François Bayrou enfonce le clou et proclame (le 7 Septembre) la gravité du truquage des comptes de campagne. Quelle horreur, là on n'est pas en dessous de la ceinture, on est dans le pantalon ! Il sera candidat si Sarkozy passe, et tout Juppé votera pour lui bien sur, un troisième tour des primaires et qui pourrait bien lui profiter, à lui ou un autre...

    P.S. Un certain Franck Attal, qui prétend connaitre Nicolas Sarkozy, ce que celui ci nie, parle de comptes dépassés avec l'assentiment de l'entourage du candidat. Il propose un "yeux dans le yeux", une sorte de "débat". Cela nous changera des "idées" qu'un nain hongrois déjanté devenu fou veut "proposer" à ce qu'il pense être son pays. 

    (1) Festinger 1957

    P.S. L'argument du  "non bis in idem" continue d'être mise en avant par Nicolas Sarkozy (Septembre 2016). Il considère que l'affaire du dépassement a déja été tranchée après l'amende infligée en 2012. Aussi simple que cela.

  • Hourra ! Une bouteille de Jaja

    La "rencontre discussion" entre Isabelle Stengers et Houria Bouteldja https://www.youtube.com/watch?v=RN3dDXOcnXE est diablement intéressante.

    A partir de l'affreux brulot qui déchire la gauche radicale française (le fameux "pamphlet" c'est le moins qu'on puisse en dire, du porte parole du PIR, "Les blancs les juifs et nous, vers une politique de l'amour révolutionnaire"), on assiste là à un cours de décolonisation, qui bien que n'en couvrant pas tous les aspects, forcément, en est tout aussi forcément représentatif quelquepart.

    On commencera par réaliser que la liberté d'expression c'est aussi la liberté de parole. Il y a donc, il ne faut pas se cacher les yeux, c'est le Parti des indigènes de la république qui nous l'annonce, les blancs, les juifs, les indigènes, les arabes/berbères (c'est pareil), chacun dans son role et dans sa race. Le juif se blanchit vicelardement, tous les autres sont racisés, le blanc doit morphler. On n'ose se lacher, cela voudrait il dire qu'on pourrait aussi parler de beurgeoise, de demi crouille, de melonne, de youyoutre ?  Non bien sur, n'est pas Céline qui veut, mon défoulement dans le néologisme s'arrêtera donc là.

    Le blanc (l'homme blanc) est ainsi pris en tenaille, (je n'ose dire en sandwitch) par le haut (la vieille soixante huitarde qui évoque gouattari) ou par le bas (la vindicative indigénatrice de sa race). Brrr.

    Paradoxalement, la folie nazie de la fifille du père humilié (c'est évident, elle nous fait là le plus hystérique, le plus dévorant retour affecteux vers le pénis en plusieurs morceaux de son papa chéri, et je le prend pour moi avec satisfaction en trouvant tout de même qu'elle exagère) n'est pas le plus intéressant dans l'histoire.

    On se contentera donc de constater que le racisme n'est pas symétrique, et que tous (sauf les blancs) ont tous les droits plus ceux qu'ils peuvent s'inventer à loisir, au grès de leur apocalyptiques ressentiments. Au passage, le caractère dangereux et aggressif est revendiqué, c'est meindjihad, y a qu'à lire.

    Le concept d'"Amour révolutionnaire", mystérieux, mérite le détour: il s'agit de ce qu'on offre au blanc en échange de la paix seule solution à la guerre qui s'annonce, amour qui se trouve un prix à payer, la reédition immédiate  nécessaire pour éviter la guerre à outrance. En gros l'adhésion sans condition au thèses exposées baties sur une conception claire du déclin du blanc. "Révolutionnaire" car comme le vote du même nom il profite à son adversaire, pour mieux vaincre. Passons sur le rôle du juif, pire que le blanc en tant qu'envoyé par lui pour polluer de sa race maudite le sol arabe et d'ailleurs, la greffe ne prendra jamais.

    Ainsi, malgré le titre, le contenu dément des annonces de guerre des races de la fofolle est trop provocateur pour que l'on s'y intéresse autrement qu'avec un fouet et son manche. On verra quand il faudra vraiment s'y livrer, Inch'Allah, c'est elle qui l'aura voulu.

    Non, la vraie découverte c'est Stengers: la sorcière était une colonisée et représente le vrai peuple, la vraie race, celle que l'universalisme baroque a humilé au nom de la raison. Et oui, je découvre. D'abord c'est vrai, le moyen âge ne brula que des juifs, et les sorcières furent modernes en fait ou plutôt anti modernes, donc féministes tout ça c'est pareil. On a donc la conceptualisation des trois ravages dus à l'homme blanc: de l'environnement, des mentalités, de la société (gout à tari). Mieux, le concept de décolonial se trouve ainsi fondé en philosophie (une vieille lune donc) ! La modernité est ainsi ancrée dans l'humiliation infligée, crée par elle donc ? (je m'égare). En tout cas, et là la pensée (ultra complexe, tu parles) peut se déployer comme invaginée: vous devons vivre dans des ruines, rabaissés et cela est maintenant notre essence: nous nous devons de rendre ces ruines vivables ou bien alors c'est la barbarie (ah bon?).

    Au passage, on apprend la différence (Deleuze) entre la droite (qui soumet)  et la gauche (qui pense). Une vraie dualité rentre dedans, témoin vivant du crépuscule du féminisme ancien, elle le dénonce justement la garce, maintenant qu'il est devenu respectable, nos orgies lesbiennes étaient bien plus rock que les vôtres (je délire). En fait, le féminisme, et c'est une catastrophe, est devenu, tenez vous bien, universaliste. Alors que de fait il est vivant et non universel, et je vais vous expliquer comment, depuis la Belgique, la France étant un pays de cons, j'exagère à peine son propos.

    Quand on pense que hourra la belle promeut par effet de style sans doute (comment l'expliquer autrement?), la nécessaire soumission à la virilité bien de chez nous, c'est ça ou rien, on voit les con.verge.nces. J'arrête. Non je continue, youyoutre est très homophobe, à la Genet (son idole) c'est tout dire. 

    Car il y a chez la pensée proprement et délibérement "femme", la même connerie visqueuse qui anima jusqu'à y a pas si longtemps la pensée de la nécessaire virilité masculine: la dualité nécessaire du monde pensée avec ses organes génitaux. Je sais de quoi je parle, je suis un révolté du thymos, et l'ai expliqué en détails hier, j'ai horreur de ça et le voit partout. Et il faut réaliser la nature "viriliste" de mémère, qui à la grande horreur de toute la jaquette libertaire, abomine la tapette arabe, honte de sa race. Une horreur, on y est en plein.

    Quoique naturelle, et au combien, cette (forcément divine) complexion ne peut résumer à elle seule toutes les conceptions philosophiques, mesdames. Bien sur, cette idée là (celle que je dis là), au demeurant assez primaire, fut inventé par les hommes, tout comme l'idée géniale de la divine virginité, conçue pour libérer les femmes, réfléchissez y bien. Mais la nécessaire possibilité de l'abstraction de la merde, du sang et des larmes au profit d'idées générales qui ne soient pas la conceptualisation d'y tout ramener est à mon avis la marque de la vraie humanité. Non pas celle racisée, d'abruties victimes de l'histoire encore incapables (mais cela n'aura qu'un temps) de se prendre en charge elles mêmes, mais celle libre de toutes les dualités organiques, d'évoquer le vent sur une peau, nous avons les mêmes chairs. Non pas que je sois complètement hégélien, mais l'esprit a du bon de temps en temps, buvez en un coup.

    En parlant de dualité, le débat droite/gauche abordé ici du coté du poil ne doit pas faire oublier que oui, il y a du bipolaire là dedans. Non pas celui qui nécessiterait d'arroser de lithium la tribune de la vidéo, mais bien de la fondamentale nécessité d'admettre que tout n'est pas unique. Je ne suis pas monique, euh moniste et tiens à le faire savoir. Non pas qu'il y a ait un bien et un mal (quoique quand je me contemple, il me semble avoir raison) mais bien que rien ne peut unilatéralement se faire cataloguer de la sorte par une nécessaire autorité. Il y aura donc toujours de la liberté et le chiffre deux en est le premier et seul exemple: oui s'opposent nécessairement les camps et cela doit être réglé, non pas par un combat à mort ou une fin de l'histoire, mais par l'amour et l'esprit, et par l'altérité des corps et des esprits.

    Rien ne me fera jamais vivre dans les ruines d'un amour révolutionnaire, dans les psychoses des chartbées ou dans les glaires des excisées qui s'en ventent. Mort aux connes !

     

     

     

  • Les pratiques religieuses

    On connait l'histoire de ces installateurs d'un ordinateur livré à un monastère tibétain, qui leur tâche accomplie, repartent furtivement et voient que "au-dessus d’eux, dans la paix des hauteurs, une à une, les étoiles s’éteignaient…".

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Neuf_Milliards_de_noms_de_Dieu

    Même si cela n'a rien à voir, j'ai toujours caressé l'idée que le rituel religieux était partiellement la croyance que le monde était une mécanique à laquelle on pouvait/devait participer en effectuant des gestes répétitifs, comme si l'homme dans sa relation à Dieu "coopérait", le danger de ne pas le faire étant extrême puisque supposant précisément la fin possible de ce monde.

    En forme de mécanique, l'idée même est prodigieusement stable et vivante. Le monde est comme cela, et arrêter de le concevoir de la sorte l'arrête, d'où la nécessité, que dis je le désir/besoin de continuer. Participer ne serait ce qu'un peu à cette machine, c'est se faire happer et disparaitre dans le tourbillon d'un sacré nécessaire.

    La nouvelle de Clarke est un merveilleux décalage en forme de contraposée de cette idée, avec l'ordinateur comme pierre de touche, comme si l'automatisation du rituel pouvait en libérer l'homme, ce qui est manifestement une intuition géniale, étrange avec l'aspect séduisant de ce qui évidemment, mais on ne sait pas trop pourquoi, ne convient pas...

    Car le rituel semble non automatisable. Que signifierait de robotiser les prêtres ? Mais au fait ce rituel là, qui fait marcher le monde, quel est il?

    On pense immédiatement aux moulins à prières bouddhistes. Il s'agit en fait d'après les traditions, d'un moyen habile d'obtenir l'éveil. Contenant des mantras particuliers, tourner le moulin a le même effet spirituel que de réciter le mantra. On a donc bien une sorte d'automatisation astucieuse de la prière, et il existe même des moulins mus par le vent, et bien sur, dégenerescence finale oblige, par l'électricité. Cachée par la tradition, l'aspect "participatif" à la marche du monde est bien présent, il me semble, dans tout cela.

    On passera bien sur sur les sacrifices humains nécessaires au lever du soleil dans l'ancien mexique, mieux, ce sont en fait les dieux eux mêmes qui se sacrifient pour faire bouger le soleil et la lune, les sacrifices humains en étant l'imitation.

    Chaque exemple oblige à plonger et sans aller jusqu'à Girard, on se doit d'admettre que le rituel, marque du religieux, a bien une fonction répétitive de participation à la marche du monde, ce qu'on appelle le culte en étant la manifestation. Le culte rien que le culte ? C'est toute la question, et se pose alors celle de la proportion de sa durée d'avec toute la vie, c'est à dire de savoir s'il n'y aurait pas des cultes qui occuperaient la vie entière de certains humains.

    C'est le cas de certains moines, dont la règle de vie entièrement dictée à l'avance, en fait des sortes d'automates dont toutes les pratiques sont consacrées ou marquées par une sorte de culte perpétuel. Même si ce n'est pas tout à fait le cas (les moines catholiques continuent d'"aller" spécifiquement à la messe, même si c'est plusieurs fois par jour), on a bien mécanisation de la vie selon des règles religieuses. Il n'y a plus de vie "laïque", on est en permanence dans le respect des règles religieuses.

    Le mode de vie monastique dans le monde chrétien imposant la chasteté, les communautés en question ne sont pas des modes de vie "populaires" que l'on pourrait imposer à des populations. Elles sont spécifiques, ne concernent qu'un nombre limité de volontaires. Les habits, régimes alimentaires ou rythmes des pratiques religieuses sont particulières et en plus dépendent des "règles" adoptées, il y en a plusieurs.

    Le peuple ordinaire, quelque soit son niveau social n'est pas concerné par ces rythmes là, les obligations qui les concernent étant bien plus légères, une messe par dimanche, un mariage pour toute la vie, et le conseil de faire maigre le vendredi, la période du carême étant simplement l'occasion de réduire les rations.

    A partir de là on peut voir la vie (chrétienne) ordinaire comme soigneusement divisée entre part profane et part sacrée, cette division n'étant véritablement réduite que pour peu de gens, les travailleurs du sacré, moines ou prêtres, spécialisés dans le culte. Les autres ne sont astreint au mécanique que spirituellement, la vie profane n'éxonérant pas bien sur de faire le bien au nom du bon dieu, mais sans le marquer symboliquement de manière systématique.

    Il faut comprendre qu'il existe d'autres systèmes, bien plus exigeants. Nous y voilà donc, et la question du cultuel permanent qui semble marquer la religion musulmane se trouve alors posée. Prières multiples journalières, toilettes rituelles en regard, ports de vêtements spéciaux, régimes alimentaires imposés, des pratiques que l'on pourrait assimiler à celles des vies monastiques sont imposées, recommandées, affirmées comme nécessaires et cela pour tous, tout le temps. Le jeune est véritable, l'interdiction de boire, même déshydraté, effective.

    Dans son principe, on serait dans ce que l'occident a catégorisé comme le "religieux", protégé à l'instar du protestantisme, du méthodisme, de l'évangélisme par la liberté de religion. On passera sur le judaïsme qui fut à la fois extrêmement minoritaire et invisible (sauf à la télévision, non je déconnne) et outrageusement persécuté pendant des siècles, en raison précisément de sa dissimulation fantasmée. On est en fait dans une conception particulière de l'organisation sociale, parfaitement politique, parfaitement autoritaire et dans lequel le religieux proprement dit, lui même réduit à très peu de choses (une unique autorité à révérer sans cesse), tout le reste étant un fatras incroyable de commandements et d'injonctions toutes destinées à soumettre l'individu à une organisation totalitaire.

    Voilà donc la réalité de ce religieux là, des pratiques en nombre infini, soumises à des lois qui réglementent tout, depuis la main (gauche ou droite) en charge des organes dans les rites de purifications, jusqu'à la notion même de pudeur, définie par un texte sacré issu du divin comme ce qui est permis de voir aux esclaves castrés.

    Débarrassé à jamais d'une religion bien plus souple, bien plus généreuse et bien plus respectueuse des manières de vivre au point qu'elle généra l'athéisme qui nous régit maintenant, nous devrions donc nous soumettre et mieux que ça, "respecter" ces usages que nous méprisons ? Cela ne se peut !

    Revenons à ces pratiques là.

    On comprends bien sur qu'elles supposent bien des arrangements et  bien des aménagements "intelligents" avec les prescriptions religieuses, l'absence de clergé, et de couvents laissant la part belle à tout un ensemble culturel (l'Islam avec un grand i) le soin de composer les complexités de l'établissement et de l'imposition de toutes ces règles, très variées, et allant du plus absurde au plus ridicule en passant bien sur par l'absolu non respect d'aucune, le passage de l'un à l'autre des modes de vie étant laissé à la liberté de "chacun".

    A ce point, force est de constater l'extrême instabilité de la cohabitation avec ces types de pratiques. Après avoir embauché une pimpante jeune fille ou un dynamique jeune homme, vous pouvez vous faire refuser le sandwitch au jambon que vous faites monter ou voir arriver un matin un fantôme tout en noir. Rejet navré d'une nourriture à partager qui pourrait contenir des viandes impies, refus de tout ce qui ressemble à l'alcool convivial ou de raffinement, absence des repas de midi pendant un mois entier, port permanent de costumes étranges requis par de mystérieuses, étranges et changeantes autoritées. Disparition des cheveux, des regards, des mains.

    Le pire: des cris étranges en provenance de locaux syndicaux aux sols tapissés et à l'odeur étrange (là je dérape). Voilà notre avenir, c'est écrit.

    Défaut d'adaptation ? Refus de s'adapter aux moeurs mondialisés nécessaires ? A tout moment, le religieux le plus gras, le plus sectaire, le plus sinistre, le plus imbécile peut vous tomber dessus.Votre voisinage infecté, vos yeux en permanence levés au ciel, de peur de contempler la laideur, la misère abrutie, la bigoterie la plus sinistre, la soumission la plus abjecte avec le bizarre, l'autoritaire ranci, les perpétuelles malédictions de l'antiquité tardive.

    Et bien on pourrait considérer/imaginer/souhaiter que partager la vie publique avec ce genre de choses soit rendu plus difficile  par quelquechose qui ne nuirait pas à l'exercice des libertés publiques, je dirais au contraire. Non pas qu'il faille obliger tous les hommes à boire de l'alcool ou à manger d'infects sandwitchs bios, non pas qu'il faille réglementer le port du col sans cravate, ou du string de bonne compagnie.

    Simplement qu'il soit permis de s'y soustraire et donc de favoriser la liberté que l'on devrait pouvoir prendre à se séparer de ces coutumes là et je ne parle pas du string, bien entendu.

    Cela commence par la libre appréciation des maires à réglementer les costumes sur leur plages. Rien de bien riant ni de touristique à voir la misère spirituelle du tiers monde s'étaler sur des rivages qu'on veut typiques. Le costume de scaphandrier SS doit être réglementé avec l'accord des monuments historiques, et l'esprit de Belphégor ne doit pas flotter dans le sillage de celui de Brigitte Bardot. J'insiste: pour mes vacances, c'est elles ou moi. Que les ghettos frères musulmans se consacrent au tourisme des plages abandonnées: non à toutes les crottes de chien, à vous d'entretenir vos plages! On parle d'ordre public, il faut aussi parler d'économie, d'encouragement aux vacances, d'hygiène publique, de fréquentation touristique.

    Je passe évidemment sur la possibilité d'inclure dans les contrats de travail des "dress codes" excluants ces fameux voiles, l'excitation que pourraient en ressentir leurs collègues masculins étant, dans notre orbe culturelle, à rebours du leur. De manière générale, d'ailleurs il semblerait bien que ce que je propose soit en fait un renforcement des libertés d'entreprendre, de cohabiter, en tout cas de choisir avec qui, on veut bénéficier de ces nouvelles règles.

    Mentionnons l'exclusion du culte perpétuel des locaux financés par les impôts locaux et nationaux, universités et crèches comprises, la liberté de choix des menus, les cantiniers impécunieux originaires de Mortau cessant d'être traités de racistes, le jeune rituel incapacitant décompté en proportion des salaires percus hors des congés payés.

    Exclues de bien des lieux, les pratiques en question, dont aucune n'a d'intérêt, d'esthétique ou d'attirant, pourraient alors disparaitre et un monde moyen âgeux, sinistre et autoritaire s'évanouir aussi à jamais dans l'oubli que l'histoire réserve aux pratiques inutiles que l'humanité abandonne progressivement en avançant vers son avenir radieux.

    Tout cela est il irrespectueux des hommes ou des femmes ? Je ne le crois pas, on ne vomit ici que des pratiques, ce dont il est facile et souvent heureux de faire le génocide. Nous avons bien arrêté de fumer, nous pouvons vivre sans ces pratiques religieuses qui nous gênent tout autant. Nous voulons la liberté de vivre hors du spectacle de l'esclavage, et cette demande est légitime.

    Il y a bien sur les tenants de la liberté et on doit les entendre: nous serions prisonniers de la liberté des personnes à se conduire et à s'habiller comme elles le désirent dans les limites du droit. Quelles limites ?

    On peut mettre en avant la liberté religieuse, et donc ses impératifs, parties intégrantes de croyances que l'on doit respecter en tant que telles. Je pense avoir traité le problème: le culte ne peut être permanent, et la liberté du culte est limitée à des cérémonies, pour ne pas justement offenser les autres cultes et notamment celui qui n'en a cure d'aucun.

    On peut mettre en avant la pure liberté de se vêtir, l'état ne devant reconnaitre et donc critiquer aucun culte ni vêtement. On traitera le problème par l'usage et l'ordre public, les torses nus en ville et les uniformes SS bien que théoriquement libres en période de carnaval peuvent ne pas être tolérées localement, même sous forme de plaisanterie. Ou bien la provocation haineuse permanente au nom de la liberté, les tatouages et les cornes de bison deviendraient la norme du coté des extrémistes majoritaires.

    On peut mettre en avant la charité envers des personnes de coutumes rigides, qui si on les empêche de se manifester publiquement pourraient se cantonner à leur espace privé et donc être privé justement, qui de plage, qui d'école. L'argument, particulièrement stupide, laisse ainsi toute liberté à des oppresseurs religieux bornés et cruels de tyranniser leurs proches. De quoi suggérer des mises en tutelles ou des poursuites pour quasi inceste, quitte à violenter ce qui n'est pas du religieux mais de la barbarie. Ou bien le mépris raciste inter communautaire, avec à la marge pogromes récurrents entre ghettos ennemis.

    On peut mettre en avant le respect du à des populations exploitées minoritaires et dominées qui ne font de mal à personne et à qui on accroit injustement les souffrances en les moquant ou en les insultant. Cette attitude à la fois paternaliste et raciste instaure le colonial dans la métropole: nous aurions donc des zones primitives dans lesquelles il faudrait tolérer excision et polygamie pour favoriser l'intégration progressive d'impétrants qu'il ne faut pas brusquer: remettre aux calendes grecques, pourquoi pas à l'inéluctable "indépendance" l'impossible fusion des nations ?

    Car il s'agit bien de cela. L'immigration africaine en France a vocation à s'y dissoudre, les humains en question doivent le savoir, il s'engagent à terme dans l'ensemble national français sans merci ni pardon et doivent considérer les manières qu'ils ont souvent, et que nous déapprouvons par principe, comme d'innocentes et involontaires gênes que nous ne pouvons supporter qu'à la marge. Il ne se peut pas que des cessions de territoires aient lieu, pour permettre à des populations de faire souche en Europe en y maintenant des moeurs du tiers monde.

    Ceux qui souhaiteraient autre chose doivent le savoir, et il faudra le leur dire, il se pourrait qu'ils aient à réaliser qu'ils doivent partir. Car le fait est là: conduites pour des raisons variées à quitter leur zones géographiques d'origine, les populations migrantes en provenance d'Afrique expérimentent ou vivent des histoires personnelles qui furent très peu vécues par les plus anciennes populations de France, elle mêmes stabilisées depuis plusieurs siècles.

    Les migrations portugaises et italiennes des années 50 et 60, par ailleurs européennes furent trop récentes pour marquer vraiment l'histoire de France, pays de destination et structurellement, et cela contrairement à l'Angleterre ou même à l'Allemagne, réluctant à l'émigration.

    Et bien les peuples trop marqués par l'émigration sont destinés, si ils le souhaitent, à la continuer. Ce souhait peut se manifester par une inadaptation à la zone d'arrivée. Manifestement étrangers à la vie en Afrique du nord, un million d'européens et de méditerranéens y compris des natifs africains juifs durent quitter la rive sud de la mer antique il y a cinquante ans. Tous les peuples juifs de ces rivages durent aussi quitter les pays arabes de ce pourtour; un grand nombre se rassemblèrent en Israël. Les mouvements de population internes à la zone sub saharienne sont très importants: rien n'oblige les peuples africains mal installés en Europe à y rester à jamais et l'histoire n'est pas finie.

    Cela signifie t il que tous doivent partir ou qu'une inexpiable guerre des peuples doit avoir lieu ? Certainement pas. Mais l'attitude envers les pratiques de la vie courante doit changer: le respect et l'amitié entre les gens dans l'espace public commun de la vie ne peut se construire entre des idéologies ou des moeurs qui se provoquent et se méprisent mutuellement. On parle beaucoup d'islamophobie c'est à dire de rejet de ce qui le droit à pratiquer une religion, on a en fait, à part l'injuste insulte en forme de néologisme de bois manipulée par les frères musulmans le rejet du tiers monde, de la vie méprisable des esclaves fatalistes dont on sent qu'elle pourrait être la nôtre. Il leur faut abandonner cette vie, là et donc toutes les suggestions à la continuer. Ces moeurs là doivent disparaitre.

    C'est une question d'ordre public, et l'argument là a un bel avenir.

     

     

  • La traduction

    Accusé/suspecté/considéré pour avoir francisé son nom exagérément, celui qui intervient régulièrement dans C dans l'air sous le nom de Mathieu Guidère est l'auteur d'une thèse en linguistique décrite ici:

    http://www.theses.fr/1998PA040113

    et dont le thème est le titre. La théorie du complot dont je vais me faire l'écho ici est issue de la phrase suivante, tirée de la présentation de la thèse:

    "La traduction apparait, de ce fait, comme un facteur cle de ces stratégies d'internationalisation."

    Nous y sommes et le super agrégé d'Arabe est un maitre, il alla jusqu'à traduire son nom, on prétend (une discussion houleuse sur Wikipedia n'ayant pas tranché) qu'il s'appellerait en fait "Kouider", le patronyme "Guidère" étant inconnu des sites qui prétendent lister les patronymes français connus au XXème siècle.

    Le fripon est d'autre part l'auteur d'un ouvrage "Introduction à la traductologie" qui justifie encore mieux le titre.

    La question de la traduction est une question profonde, avec de multiples aspects dont le premier est celui de sa possibilité même. On pourrait imaginer à première vue qu'elle est impossible, les différentes neiges des esquimaux manifestant des activités mentales impossibles aux autres peuples et donc définitivement hors de leurs portées. Qui écouterait les cantates de Bach traduites ? Que ne se moque t on (ou pas) des traductions en français de l'Orphée de Gluck, ou même des doublages des films américains ?

    Car on confond là l'équivalence des sens et l'enchassement d'un fait linguistique dans une pratique ou une culture. Mon allusion au sens de paroles destinées à être chantées était bien sur une forme d'extrêmisme, mais en fait, TOUTE parole a vocation à être chantée: dans la vie, dans l'action, dans ce qui lui donne sens, efficacité et donc vraie signification.

    Toute langue porte un chant, ou une poétique propre et qui se traduit, là c'est moi qui me lance, par la plaisir (j'insiste sur ce mot là) que l'on éprouve à la "chanter" (j'insiste aussi sur ce mot là) c'est à dire à prononcer avec sensualité les mots forcément magiques qu'elle autorise. Chaque variante de ces langues porte aussi des plaisirs variés dont l'abandon est impossible, ou sans cesse différé par ceux qui les ont éprouvés, comme enfant ou adulte. Car les mots ont d'abord une saveur et procurent partout dans toute l'humanité des sensations profondes de plaisir c'est à dire du mélange de joies et de peines qui caractérise l'activité de toutes les psychées de tous les humains.

    Mon allusion à la musique est indirecte, autant le préciser: bien qu'il y ait dans le language quelquechose de musical, ce que je voulais dire,  la musique à  proprement parler reste quelquechose de distinct.

    A partir de là, on pourrait prétendre que ces émois là, directement liés à ces chants particuliers ne sont pas traduisibles et que donc, les langues humaines ne seraient pas traduisibles entre elles, point final.

    Ce paradoxal là est d'ailleurs exprimé par les linguistes eux mêmes, Georges Mounier lui même disait que "l'existence de la traduction est un scandale", mais bien sur pas pour les raisons que j'avance ici... 

    Bien sur, on fait là fi de la signification des mots employés et du sens global de leurs assemblages, que l'on peut discerner, toutes les expériences humaines le prouvent. Mieux: il semble bien qu'il soit possible de se comprendre, et même si cela se fait de multiples manières, et même si il n'y a pas de langue commune implicite (le fameux "mentalais"), on PEUT mettre des équivalents aux mots d'une langue étrangère et partager le haha, l'éclair de compréhension qui se manifeste d'ailleurs chez l'enfant nouvel arrivé quand il s'y met, à comprendre...

    Par ailleurs, et cela est affirmé par le projet (presque incroyable) du "dictionnaire des intraduisibles" de Barbara Cassin, la "normalienne française qui, jeune, servit le café à Heidegger " (je rigole), la philosophie est traduisible dans TOUTES les langues, et elle le prouve, même si bien sur on philosophe dans une langue, et que de toute façons, à l'intérieur même d'une langue (définie par Lacan comme la "somme de ses équivoques"), on traduit aussi...

    Car il y a quelquechose dont on ne se départira pas et qui est que TOUT est traduisible, l'impossibilité de la chose étant à la hauteur de sa nécessité, c'est à dire que la négation de cette chose ne pouvant s'appuyer que sur la négation de la possibilité même de la langue, il faut choisir.

    Et puis la traduction c'est aussi substituter plusieurs mots d'une langue à un seul d'une autre et réciproquement, on le fait DEJA dans une même langue, alors... Quand au plaisir, et bien on peut l'expliquer  aussi, même si on ne peut pas le traduire, simplement faire des allusions. Quand on pense au fameux "Shadenfreude", peut on vraiment affirmer que les innocents français sont vraiment totalement ignorants d'un tel sentiment ?

    Et bien la langue Arabe, puisque c'est de cela qu'il s'agit, est une langue porteuse à un haut degré de cette poétique là et de cette complexité là. Elle a de plus une originalité, qui la rend particulière et qui la prétention de l'ensemble culturel qui la manie, d'être le réceptacle unique d'une parole divine, suivez mon regard.A ce propos, il faut bien admettre que l'Islam (avec un grand I, l'ensemble culturel) semble considérer qu'il y a là quelquechose d'intraduisible. Naturellement le caractère "intraduisible" du coran n'est pas "essentiel", ni affirmé par celui ci (du moins je ne le crois pas), mais son intraduisibilité fondamentale, même si sans doute on peut en accepter des traductions de convenance, d'ailleurs prises en charge ou asummées par les différents propagateurs du texte sacré.

    On notera au passage que c'est la traduction de Mohammed Hamidullah qui serait la traduction française utilisée de préférence par les musulmans francophones.

    Un exemple mis en avant, mais qui conforterait plutot mes thèses est le mot "attaqwa" qui peut se traduire par "crainte" ou "piété". Quelle admirable langue ! Quelle richesse de significations ! On voit bien laquelle d'ailleurs et la double expression éclaire en fait le vrai sens de ce religieux là, je dirais bien sur.

     A partir de là on en vient à la fameuse traduction. Avant d'accuser Guidère, pour l'instant je ne sais ce qu'il prétendit spécifiquement sur ce point, mais il nous faut considérer non pas ce qui est intraduisible, mais ce qui précisément l'est. Car on a affaire à une double affirmation, exprimable suivant deux modalités.

    D'abord celle de la traduction "à équivalence": le hijab par exemple est l'équivalent, la -traduction- du foulard que mettait la mère de Juppé pour aller à l'église. C'est comme cela qu'il (Alain Juppé) "comprend" le phénomène. Dans ce cadre, on peut mettre en correspondance les choses et donc les "comprendre", c'est à dire les accepter, elles sont les mêmes.

    Ensuite celle de la non-traduction admise: les occidentaux ont perdu le sens des valeurs et ne peuvent plus comprendre ce qu'est la foi. Il leur faut donc admettre l'impensable: que des hommes et des femmes en ont besoin, eux, et il se doivent d'autoriser leur culte, sans le comprendre. C'est l'interprétation "ignorante" de la laïcité. Suivant le principe qu'on ne peut que tolérer ce qu'on ne comprends pas, il faut accepter les manies de certains, aveuglément.

    On passera sur la traduction "savante", qui réalise par la compréhension des mots l'incroyablement primitif socle des croyances musulmanes, entièrement basées sur le respect absolu d'une autorité divinisée, et donc d'un totalitarisme parfait, image moyen-âgeuse de ce que l'occident mis des siècles à inventer pour finalement y exceller et au combien.

    On passera aussi sur l'intraduisible effectif (assez similaire à la traduction savante, au demeurant) et qui consacre la radicale fracture qui oppose les spirituels occidentaux et d'ailleurs asiatiques et l'islam strict, le culte obsessionnel de l'unique autorité étant de fait, incompréhensible et incommunicable, voire insupportable.

     

    On concluera sur les actions de communication effective de Matthieu Guidère, dont le rôle dans les médias français est d'expliquer, de traduire la complexité des moyens orients. Force est d'admettre qu'il pratiqua des silences coupables, minimisant de manière systématique la dangerosité, quand il ne la soutint pas, de l'organisation des frères musulmans lors des affaires tunisiennes et égyptiennes

    . En ces matières, le compte rendu de son livre "l'état du monde Arabe" publié en 2015 par la revue "Oumma.com" (1) est un modèle du genre. Alors qu'il ne mentionne pour ce qui concerne les frères ni le Soudan ni le Hamas palestinien, il y annonce que la Qatar a laché la confrèrie, l'assistance de la femme de l'émir aux conférences de Karadawi cette année ne valant pas preuve, sans doute, selon lui.

    Bref, un expert aux avis suspects, mais dont l'aspect lisse et globalement peu "informatif" a plutôt pour fonction de tranquilliser les esprits troublés. N'a t il pas nié la volonté de l'etat islamique de s'en prendre à l'occident ?

    Le fait est qu'à part quelques critiques savoureuses ici ou là (2), rien n'en fait un dangereux personnage. Pourtant il semble bien que comme beaucoup il différencie exagérement le salafisme des frères de celui des autres.

    On avait accusé Tariq Ramadan de pratiquer un "double" language. Peut on en dire autant de l'islamologue de Cdansl'air? Et bien non: Guidère n'a pas d'autre roles que celui d'universitaire polygraphe. Par contre il aurait manifestement minimisé l'importance et le rôles des organisations issues des frères musulmans et il reste à estimer comment cela s'est traduit exactement.

    (1) http://oumma.com/220170/leclatement-presque-systematique-freres-musulmans

    (2) assez marrant : http://parlons-islam.fr/lislamologie-sexcite-vie-privee-musulmanes-470

  • Le conatus

    L'interview

    Encore tout émoustillé de l'interview de Lordon par Judith Bertrand dans "arrêt sur image",  je vais me consacrer à Spinoza. Après Hegel, mais cela est naturel, le célèbre "Spinoza encule Hegel" de Jean-Bernard Pouy ayant marqué une génération, il s'agit de savoir pourquoi.

    Tout comme Hegel, Spinoza est idéaliste/matérialiste (on va en parler), moniste, ennemi de l'individu et de la liberté, adversaire de la vérité comme adéquation au réel. Contraire absolu de Descartes, il est un méchant homme, le seul que les juifs aient voulu assassiner, c'est dire. ll est avec Hegel le précurseur de Marx, un sale communiste donc. Mais cela reste à préciser. 

    Lordon

    On décrira rapidement l'émoustillement de/par Judith, ses grands gestes expressifs fascinants ca y est je replonge, Frédéric Lordon, celui qui fait du capitalisme un totalitarisme, (moyennant toutefois un travail conceptuel adéquat, concède t il), disciple d'Althusser relisant Marx, vous savez celui qui aimait l'expression "faire bouger les choses", qui différencia le jeune Marx, humaniste et rieur, du vieux, grincheux et tout entier dans sa (sinistre) théorie de l'histoire. Mort fou après avoir tué sa femme, il est l'auteur du célèbre "on ne perd rien à la lucidité". 

    Le conatus c'est la persévérance de l'objet dans son être, une sorte d'essence, quoi, et qui caractérise la nature et donc aussi Dieu. "Nous sommes tou(te)s des conatus" dit Judith Bertrand. On revient ainsi décidément toujours sur l'émoustillage du très sexuel interview, l'ouverture l'angle alpha geste à l'appui étant ravissant. Il s'agissait d'évoquer la disjonction entre les désirs de l'employé et ceux du patron. Le passage à l'orthogonal signifiant la révolution loin loin dans le futur, mais Lordon reste là dessus pessimiste, comme à son habitude.

    La question de la possibilité des luttes fut ainsi abordée, l'érection de la colère pouvant ou non accompagner la soumission, les deux états de l'affect joyeux ou triste, dominant tout, mais la révolte devant venir du triste, le communisme comme "passion triste" donc (héhé). Car le capitalisme néo libéral veut nous rendre content, c'est là tout le problème: c'est lui qui maintenant théorise l'homme nouveau. On retiendra un mot de Deleuze, terrifié par la notion que les entreprises puissent avoir une âme. Bref, on a besoin de Spinoza pour pallier la violence de Marx et tout péter quand même.

    Au passage, Lordon se rattache lui même, comme économiste (il définit ainsi l'argent comme le médium de l'échange marchand), à l'école de la Régulation (Robert Boyer), un keynesianisme post marxiste qui décrit la configuration des régulations à l'oeuvre dans la stabilité du capitalisme. Bien sur il est impossible d'être neutre axiologiquement en science sociale contrairement à ce que dit Weber, et l'opinion politique doit être assumée, mais bien sur sans Lissenkisme (autant le dire, bref choucroute).

    Il en profite pour définir la science entre la poésie et les mathématiques comme quand il y a du concept, et comme seul le philosophe en produit, vous voyez ce que je veux dire.  

    La Substance

    Marx est comme Spinoza, matérialiste. 

    Bon, d'abord la substance. Alors que Descartes en concevait une infinité, elle est unique ici, ce qui fait de Spinoza un moniste: il n'y a pas de différence âme corps et Dieu EST le monde, en fait, la question demeure: Spinoza ne serait il pas plutôt "pananthéiste", avec un Dieu incluant la nature, mais sur ensemble de, toutefois ? L'identification corps esprit est bien sur très moderne et on lui trouvera bien des adeptes, les conceptions moniques du monde étant légion (pardon j'ai pas pu me retenir) dans les milieux neuroniques des réseaux de l'émergence.

    Il n'y a évidemment là dedans aucune différence corps esprit, ce qui en résout le problème, tout cela étant de la même et unique substance. Dieu est ainsi immanent à la nature, et évidemment pas transcendant, on a bien un matérialisme de l'immanence. 

    On distingue la nature naturée de la nature naturante, (ce sont des concepts scholastiques en fait), Dieu étant naturant et la créature naturée... Pour Spinoza, le naturant ce sont les attributs de la substance, et le naturé ce sont les modes de ces attributs. Par exemple, le corps est un mode de l'étendue et l'esprit un mode de la pensée.

    Il faut voir aussi que du fait de son conatus la nature naturante se produit(crée) elle même comme naturée.

    Dieu

    On doit décrire l'extraordinaire notion logique de Dieu conçu comme ce qui a pour essence d'exister et donc dont on ne peut, par définition, nier l'existence. Identité de l'être et de l'essence, abolition du temps, il est la substance en-soi. Dieu est ainsi un nom propre, mais celui d'une chose particulière qu'on ne peut penser unique car cela supposerait qu'on pourrait penser son essence différemment de son existence, or les deux choses sont ici identifiées... L'être est donc hors de la pensée de l'unicité. On trouve là l'idée du "comptage" honni par Heidegger (le juif Spinoza compte ses pièces de monnaie), qu'est ce qu'on rigole. 

    Au passage il est bien sur infini, avec une infinité d'attributs. Deus sive Natura. 

    Spinoza différencie évidemment divinité et religion. Juif hérétique, il ne s'est pas converti au christianisme pour autant, et recommande même de se délivrer de la passion triste qu'est la religion. 

    La question de la vérité

    Spinoza s'oppose aux interprétations des textes sacrés et veut lire le texte, rien que le texte.

    Il récuserait la vérité comme correspondance au profit d'une vérité par cohérence.  Adequaetio versus Convenientia.

    "Quant à ce qui constitue la forme du vrai, il est certain que la pensée vraie ne se distingue pas seulement de la fausse par une dénomination extrinsèque, mais surtout par une dénomination intrinsèque."

    On pourrait dire ici qu'il cesse d'être réaliste, et donc se trouve avec une notion conceptuelle et donc affreusement idéaliste de la vérité. Inutile de dire que beaucoup en ont profité (Lordon ne se gêne pas par exemple).

    La théorie des affects

    On a donc le désir, la joie et la tristesse.

    Spinoza est une sorte de stoïcien: il cherche la béatitude par l'acceptation libre de sa situation dans la nature, la connaissance de son infini. Car la vertu c'est vivre suivant l'entendement qui vise à comprendre la nature par les passions de la connaissance, joyeuses et actives qui sont le contraire des passions tristes, passives, celles de l'imagination et des sens. 

    A partir du concept non orienté de conatus on considère le conatus de l'entendement, conatus étant aussi désir, mais désir de connaissance et donc rationalité. C'est l'association raison/désir/joie/vérité qui fait notre Spinoza, la fusion raison/désir étant précisément ce qui a à son origine le fameux conatus.

    Le conatus n'est pas volonté de puissance, mais y ressemble, il se réalise dans les actions joyeuses et se trouve meurtri par la tristesse passive. C'est le désir qui produit les valeurs et le bon. Le désir est de plus défini intellectuellement: le désir est un appétit dont on a conscience. 

    La question de la liberté

    Bien sur, il n'y a pas de liberté, tout étant causé dans la nature par une chaine indéfinie de causes.

    C'est la partie la plus difficile à avaler, naturellement, mais il fallait s'y attendre, c'est la conséquence inévitable du monisme. Il faut bien en voir les cotés à la fois paradoxaux et profondément modernes, le rejet de la transcendance et l'acceptation du monde en étant les soutiens. 

    Bien sur la liberté orgueilleuse des cartésiens est basée sur l'oubli du mécanisme des affects. Mieux, c'est la croyance en notre "liberté" qui nous fait souffrir, et l'illusion de notre libre arbitre qui nous pousse à ne pas mieux nous connaitre. La liberté est psychologiquement mauvaise, donc. De quoi ravir toutes les éducatrices du monde. 

    Ainsi, pour Spinoza, la liberté n'est qu'en acte, elle est mouvement des corps, telle leurs chutes. Encore mieux: l'illusion du libre arbitre pourrait être bon, mais pour motiver le peuple. Le rêve total du théoricien des sciences sociales, tu parles comme Lordon a du être content quand il a trouvé tout ça. 

    On a ainsi un maitre du soupçon en plein XVIIème siècle, avec la double caractéristique, typique, d'à la fois dénoncer et décrire l'illusion, et forger ainsi une belle épée qui ne demande qu'à être utilisée, et beaucoup ne s'en sont pas privés. 

    Hegel et Spinoza

    La question est posée par les marxistes bien sur et Lordon trempe là dedans, la volonté d'Althusser de couper Marx en morceaux (comme sa femme) étant le thème de la chose. 

    "Omnis determinatio est negatio": pour Spinoza, il n'y a pas d'individu, la détermination particulière étant négation, donc non existence. Il n'y a ainsi pas de réel, et c'est ce qui caractérise Spinoza comme "oriental": la plongée dans l'unique substance étant le but ultime. 

    Evidemment pour Hegel, la substance sans subjectivité ne convient pas, celle ci étant l'absolu, d'accord, mais sans l'auto réflexion qui construit l'Esprit. 

    Mais d'abord Herder réhabilita Spinoza ! Jusque là considéré comme un athée et un destructeur de la religion et de l'état, il devient un organiciste qui nous libère du physico-mathématique, tiens tiens... Bref, Spinoza est à la mode à Iéna, il donne de quoi taper sur Kant, lui même son ennemi radical et qui voyait la substance comme "chimère", en tout cas tout sauf transcendantale ! 

    Hegel considéra Spinoza comme un point de départ, qui ignora avec son dieu substance absolue la capacité de la négation à se nier elle même conduisant à ce qui dépasse la substance c'est à dire l'Esprit, porteur et ça c'est Hegel de la négativité dans l'Absolu, ce que les spinozistes n'ont pas. Hegel introduit la métaphysique de la subjectivité, celle de l'Esprit Absolu comme sujet. 

    Pourtant, le grand vent panthéiste souffle: Hyperion de Hölderlin parait il, et Schelling fut ouvertement spinoziste.

    Hegel va tout de même faire de l'absolue une totalité substantielle et aussi valoriser la spéculation par rapport à l'entendement, celle ci pouvant seule penser les contraires... En gros, le spinozisme l'aida, mais Hegel, c'est autre chose.

    Pour conclure, il parait que  Spinoza était violemment misogyne, une sorte de Zemmour de l'époque. C'est pour cela que je ne peux l'approuver sans doute. 

  • leichtgesinnte flattergeister

    "Les esprits frivoles et écervelés" est le titre/premier vers de la cantate éponyme, BWV 181.


    Elle condamne sans ambages et avec une grande précision les excès du monde médiatique moderne et de ses réseaux sociaux habités par le diable. Elle laisse tout de même un espoir au demeurant.

    Cantate parfaite, entièrement écoutable avec attention, la totalité de l'oeuvre étant accessible, raisonnable dans tous ses aspects, appelant à la réflexion et remplie de trouvailles musicales magnifiques dont l'écho disparait, c'est le charme des cantates, après leurs exécutions: conçues pour un seul jour, elles ont la perfection de l'unique. 

    http://www.bach-cantatas.com/Texts/BWV181-Fre6.htm

    Le premier morceau est étonnant: les esprits faibles se volent la parole entre eux, se disputant la force du vrai. Et bien Belial (ach Belial) avec ses enfants (toute une troupe) cherche tout de même à l'empêcher... Même les écervelés peuvent être utile en somme, c'est la morale d'un air de basse soutenu par le sautillement traditionnel au violon du diable quand il est acteur, souligné par les basses qui approuvent. Il y faut de la gravité et de l'énergie.

    En fait ce n'est pas tout à fait cela, c'est Bélial qui empêche toute utilité par son obstruction. Troupe contre troupe donc: les démons contre les écervelés. 

    Bon on passe au récitatif d'un Alto. Une parole lente au sujet des âmes perverties et ignorantes qui ne comprennent ni ne croient au mal. Celles que l'on vient de décrire, au prise avec le diable. Et là l'alto éclate en sanglots, ces âmes deviennent de pierre, elle gâchent leur salut et meurent ! Quand le récitatif devient mélodie puis cesse et que reprend le récitatif, on reçoit une sorte de coup de pied extraordinairement expressif: qu'elle belle idée!  Et la conclusion est d'ailleurs bien celle là: auriez vous un coeur de pierre ?

    Ensuite la menace de l'Enfer. Le sautillant violon est presque incroyable (il faut l'accentuer au maximum) il termine sa partie par une dissonance saisissante présente dans ses premières et dernières instances et menace en permanence en arrière de l'extraordinaire et magnifique mélodie.

    Celle ci s'achève avec une merveilleuse tournure de la langue allemande en deux vers: le début du premier est l'être futur (werden) et la fin du deuxième est le verbe (nähren, nourrir), avec entre les deux l'objet (le feu des tourments infernaux éternels). Un régal linguistique, accentué par la très baroque (qui prouve encore une fois que Bach est d'abord un musicien) ééééé ééééé ééééé éééé ren de cloture ensuite définitivement achevée par la deuxième et dernière apparition du redoutable air de violon. Il faut aussi noter que dans l'avant dernière apparition de ce vers, on avait eu droit au ahahahaha des Qual (tourments) suivi d'une näheren bref. Comme ça tout le monde est content sans doute.

    Un récitatif du soprano, indulgent pour l'esprit et le coeur, et le final avec trompe s'il vous plait.

    Un admirable choeur avec un duo soprano tenor enchassé en écho splendide. On reprend soprano/tenor puis alto/basse, toutes les combinaisons se manifestent avec la basse qui fait la main toute puissante (Allmachtshand)... 

    En fin de compte, on a besoin dans nos coeurs, qui ne sont plus de pierre, d'une terre fructueuse (fruchtbar). En fait (pardon, je ne suis qu'un pauvre fransoze), d'une fruchtbar Land (d'abord), à l'intérieur de nos choeurs, ensuite. Pardon encore mais ce n'est toujours pas cela: dans nos coeurs, enfoncés (zubereiten).En fait c'est zu ber ahahahahahahahahahhah eiten, il faut être précis. Le rythme, endiablé, est à l'avenant... 

    L'air de trompe est original: vraiment très joyeux au sens élévation du terme, il rattrape (écrase victorieusement)  toutes les diableries qui ont précédé. Un régal on peut maintenant aller boire un coup, merci J.S.

     

    J'ai le gardiner, le suzuki et surtout le très supérieur (à mon avis) bachstiftung, plein d'énergie. Renate Steinman comprend magnifiquement la dissonance du violon du diable et nous la rend audible alors qu'elle n'existe pas chez gardiner ou suzuki par exemple, dont les violonistes nous la font mièvre. En fait il s'agit d'une pièce de violon diabolique, sans doute incroyablement difficile à maitriser émotionnellement. La cantate, art à part entière, permet à des musiciens de s'engager à fond, et il n'ont que quelques secondes... Par contre, pour comprendre, une bonne cinquantaine d'auditions dans tous les sens, dans toutes les interprétations disponibles est un minimum. Au boulot.

    Voilà. L'immense plaisir que peut offrir ces très pieuses réflexions d'il y a trois cent ans reste intact, cela doit être la musique sans doute. 

     

  • Les Républicains

    Il ne s'agit pas du nom quasi ridicule que Nicolas Sarkozy a donné au parti politique qu'il a escroqué, mais de ce qui qualifie les tenants de la République, ceux qui se disent tels. Parmi eux Marc Bloch, qui explique en quelques pages ce que pour lui cela signifie. Il s'agit bien sur de l'auteur de l'"étrange défaite", le document historique fait par un historien, qui plus est acteur de l'histoire, et mort pour cela. 

    En gros, il fait remonter le terme à la révolution, en fait avant, quand la royauté représentait la nation de deux manières aux yeux des différentes parties du peuple: pour les uns elle protégeait des privilégiés, pour les autres elle protégeait les privilégiés.

    Cette ambiguité, propre au monde féodal, fut résolue lors de l'affaire de la révolution, quand la royauté pris le parti de l'étranger contre la souveraineté nationale pour défendre les privilégiés. Le roi le paya de sa vie, sa mort rendant tout retour en arrière impossible, toute restauration ayant vocation à échouer, et on le vit bien. 

    A partir de là, malgré l'instauration de la république comme régime, subsista le camp de ceux qui ne l'acceptait pas, voulait garder l'autorité religieuse et politique, contre la liberté intérieure donc,  et qui donc pour régler les derniers comptes, allèrent encore chercher de quoi à l'étranger, c'est à dire renoncer à la souveraineté. 

    La République devient donc, pour Marc Bloch et pour beaucoup, le garant des libertés extérieures et intérieures, les une et les autres confondues. Belle définition, il suffit de s'en souvenir. 

    Au passage, on relèvera que le pire ennemi de l'Allemagne pendant un demi siècle fut condamné à l'indignité nationale pour intelligence avec l'ennemi (Maurras), et que le communiste Gayssot instaura après un demi siècle de soumission idéologique et financière avec la Russie soviétique une loi violant d'après les historiens réunis (VidalNaquet à leur tête) la liberté d'expression. 

    Et ce fut le front populaire qui signa Munich et élu Pétain.

    Au centre de tout cela, miraculeux, un soit disant maurassien, que l'on accusa d'être communiste, ramassa l'épée, et restaura les libertés. Trois fois. Quand même... 

    P.S. La troisième fois, il alla inquiet vérifier chez Massu auprès des chefs soviétiques que ceux ci n'avaient pas de mauvaises intentions. Il put donc se satisfaire, sans morts, de rétablir la situation. 

    On finira ce trop court éloge d'un type de personnage historique qui ne vient que tous les milles ans par la réaffirmation de l'identité de la nation et de la liberté, voire de la démocratie elle même qui forme ainsi avec la République un bel ensemble cohérent. Car il n'y a de Liberté que grâce à une Nation dont la République organise la défense par la Démocratie qui n'est valide que dans une nation dont ...  

  • Phénoménal

    Il faut donc maintenant revenir sur le phénomène. Hegel et tout le tintouin. 

    D'abord il y a le jeune Hegel, et sa vie de Jésus puis l'esprit du christianisme. Tout part d'une interprétation du religieux, "la religion doit trouver refuge dans la philosophie". De fait la religion chrétienne se trouve radicalement différente du judaïsme (esprit du christianisme contre esprit du judaïsme), religion de la scission et de la loi, alors que le christianisme est celle de la réconciliation et de l'amour. La loi n'est pas abolie, mais accomplie. Par contre, pour Hegel, ce qui est produit, l'Eglise, se trouve hors du monde et pourtant liée à l'histoire. Elle ne peut qu'échouer comme politique, et ne s'accomplir que par la philosophie qui se trouve devoir abriter et contenir la religion. Ca commence bien... 

    Dès ses débuts, le jeune Hegel distingue entendement et raison verstand et vernunft. Les préceptes de la raison sont subjectifs et les règles de l'entendement objectives. La raison est législatrice contre la loi objective, et porte la vraie compréhension du divin. Rien que ça: il existe une refondation par Hegel du concept de Raison, ancré dans la conscience de soi et dans la conscience de son action. 

    Et il y identification de la pensée au voyage, à l'accomplissement progressif d'une histoire. On est là au coeur de la "manière de penser" de celui qui introduit le processus, l'action plutôt que la substance. C'est l'idée de la processualité des choses. On est ainsi dans la nécessité de certaines transformations, les conceptualisations se situant dans des mouvements, dans des déplacements, dans des histoires... On croirait entendre de la musique, et le voyage musical romantique ne peut être à l'écart de telles formes de pensée. En tout cas, on peut accéder par le changement à la transformation des choses en leur contraire, et bien sur Hegel est le champion toute catégories de la violation du principe de non contradiction... Ces thèmes là sont multiples, par exemple que le monde est le produit de la réalisation de l'Esprit. 

    Quitte à se plonger dans une époque, on doit aussi la mentionner: le romantisme allemand se déploie au début du XIXème siècle. Il est parapsychologique, et la révolution, c'est aussi le retour à la nature originelle ou l'esprit baignait dans la nature, sensation dont ne reste que le sommeil magnétique, le rêve...

    Cette histoire d'Esprit est évidemment centrale chez Hegel. La polysémie magnifique du terme est exploitée à fond, et j'avoue partager ce désir d'exploration: un sujet quand on en a un doit être traité et le rat doit explorer toutes les pièces, toutes les plintes, tous les sens. 

    Et puis il y a "l'esprit de ...". On peut l'identifier à la conscience collective, à ce qui se manifeste entre les hommes, comme existence de quelque chose qui finalement devient l'esprit absolu. Mais avant cela, il y a l'esprit objectif (objektiver Geist) (avec ses correspondants l'esprit subjectif et l'esprit absolu). On pourrait parler de "génie" tout aussi bien que d'un sujet collectif global, forme typique du raisonnement "holiste" qui reconnait une existence hors des hommes d'une objectivité autonome distincte d'ailleurs de l'art, de la religion ou de la philosophie. 

    Il s'agirait du troisième monde de Karl Popper, celui des idées indépendantes de leur perceptions ou de leur adoptions, conçues par Hegel dans l'esprit d'un sujet absolu. Ce concept hégélien se trouve ainsi repris, par Dilthey, Charles Taylor, ou même Raymond Aron.

    Mais revenons en arrière, il y a d'abord la caverne de Platon et les ombres sur les murs, les "phénomènes" justement. Sont ils vains ? Non, car l'être n'est rien sans l'apparaitre (pas mal non). Hegel nie alors la différence noumène phénomène et abandonne le monde comme indépendant ou inaccessible pour passer à la conscience de soi, début de la considération de l'esprit comme phénomène et c'est parti. On a la "science de l'expérience de la conscience", c'est à dire une fusion entre réalisme et idéalisme, un système.

    Parmi les processus il y a bien celui de la reconnaissance qui mène à la reconnaissance mutuelle complète, qui est l'esprit absolu. Ce processus est celui d'une "réconciliation", par exemple entre l'homme d'action et le philosophe, entre l'Etat et la philosophie. Cela illustre bien la fameuse dialectique, les concepts de "pour soi" (le subjectif, la parole individuelle, le fini), d'"en soi" (l'absolu, le religieux, l'universel, l'éternel) et le "pour et en soi" (la phllosophie, la réconciliation) sont les trois "moments" de l'esprit absolu. Mais c'est quoi cet "esprit absolu"? 

    Il se pourrait que ce soit la seule chose qui existe, tout le reste y étant contenu par exemple Art, Religion,Philosophie, mais bon. 

    Pour préciser, on est dans la distinction sujet objet la reconnaissance étant mutuelle, de fait objet d'une lutte "à mort", expliquée par la fameuse lutte entre maitre et esclave, et l'explication de la religion des esclaves comme la "conscience malheureuse" qui se tourne vers le transcendant. 

    La connaissance de l'esprit absolu est possible, c'est celle des philosophes. Mais là Hegel dans l'élaboration de son système plonge dans vingt ans d'académisme et d'écrits monstrueux, contradictoires et boursouflés. Son magistère s'exerça à Berlin, dans la légèreté, la grâce (je rigole) et surtout le sérieux... 

     

    Il eut ses apories et s'en débrouilla plus ou moins: le savoir absolu par exemple est évidemment négation mystique de toute vérité possible (déconstruction, tu as un père) et en même temps ce savoir là est absolu donc unique vérité absolue elle même tu parles etc.

    Et puis il y a la fin de l'histoire. A ce point, une tentation à laquelle je vais céder et de dire bon sang mais c'est bien sur, et de tout résumer: la fin de l'histoire dure, tout le monde la pense comme telle et donc n'est pas une évènement mais un état indéfini pensable par un esprit qui est bien sur l'esprit absolu et le tour est joué.

    On est là conceptuellement sans doute dans ce qu'on appelle le millénarisme, la fameuse période de mille ans intermédiaire qui attend la vraie fin du monde, dirigée par des prêtres, la période de la "première" résurrection. (Je me lance). Une fin qui n'en est pas une, d'où l'énergie qu'elle possède. Il y a aussi la semaine de l'histoire de Saint Agustin, le jour qui n'a pas de soir, à distinguer de l'apocalypse, et c'est elle qui fut reprise par Joachim de Flore. Deux millénarismes différents donc ? 

    Pour ce qui concerne l'histoire, il faut savoir qu'elle est mue par les relations de reconnaissance et qu'elle s'arrête quand tout est unifié et que l'universel a reconnu le particulier et réciproquement. D'autre part, pour Hegel l'histoire c'est celle de l'Etat, et que donc quand la forme supérieure de l'Etat est atteinte, l'histoire qui était le chemin vers cela s'arrête. L'intérêt de l'esprit est donc autre à partir de là, et le post historique Hegelien a son sens. Au passage, on fera du français la langue de la philosophie en faisant de la fin de l'histoire son but, atteint par Napoléon. Ah les roulements de tambour de la garde impériale en 1806!

     Et puis il y a Dieu. D'abord, Dieu n'ESTPAS l'esprit absolu. De fait, Hegel est interprété de multiples manières sur cette question en allant de la gnose à la théologie spéculative. On en fait même l'inventeur du vrai athéisme contemporain, à la fois créateur et destructeur de l'absolu... 

    Elaborons sur les principes: pour Hegel le premier principe n'est pas l'être, mais l'idée, le concept. C'est le fond de l'affaire, le concept est dans l'esprit, et le premier concept c'est l'esprit, l'être conscient de soi qui se constitue face à son contraire (une belle moulinette, avec beaucoup d'allant). Tout cela est évidemment ce qui apparait du réel, dans la pensée, donc rationnel, et c'est ainsi que s'affirme l'égalité du réel et du rationnel (et réciproquement). 

    La pensée des contraires va même s'enrichir d'un troisième larron, avec identification de l'un, de sa  négation (le christ) et surtout de son retour, l'esprit bien sur, la négation de la négation. Le concept de "retour à Dieu" est central: Dieu devient esprit en même temps que l'homme, le tout fusionne, c'est le christianisme en somme, à part qu'il a absorbé la philosophie, identifiée donc avec la religion. En fait la chose est discutée car pas si claire, tu parles. 

    Le concept de réconciliation doit encore être mentionné: réconciliation avec Dieu, et aussi avec le Monde, dans l'autre direction, voilà l'affaire de l'homme. 

    Mais il y a aussi, pour compléter le sujet bien d'autres trucs qui sont "hégéliens": 

    1) En gros, la conscience c'est l'esprit comme phénomène, et là saut dans le vide, on passe à  l'Esprit absolu...

    Car l'idée absolue est le seul objet de la philosophie véritable. 

    3) La conception des relations sujet objet dans l'expérience, radicalement différente de la pensée. C'est ça l'amour, il ne se réduit pas à  l'idée qu'on s'en fait... Par contre, c'est l'aporie de Hegel: comment générer un absolu d'une expérience ? 

    4) Husserl méprise et conspue Hegel, comme tous les mathématiciens de son époque. Au point que Weirstrass, maitre de Husserl et qui avait épousé une fille du vieux avait un écriteau dans son bureau: 

    "Hier soll man Hegel nicht berschimpfen"

    5) les relations avec Marx, qui évidemment dézingua le maître, remis sa dialectique à l'endroit et en exploita à fond les avantages, la fin de l'histoire se consumant dans le walhallah de la dictature absolue on a vu ce que cela a donné. 

    6) Popper batailla beaucoup contre Hegel et en gros prouva par a+b son  absurde holisme, mais sans rien lui enlever, hélas... 

    D'autres considérations, plus générales: Parménide utilisa le principe de contradiction pour découvrir l'être, mais en cela ne fut que mythique (la déesse, la déesse). Hegel inclut la contradiction dans le discours vrai et donc se trouverait le seul vrai "rationnel", au delà donc du principe. Le point est intéressant et qualifie l'"acte de foi" poperrien, tout comme d'ailleurs celui du christianisme: comme si la vérité n'était ni réelle ni rationnelle. 

  • La réduction

    Il me faut éclaircir ce qui se laisse dire sans que l'on n'y comprenne goutte. La réduction phénoménologique, éidétique et gnoséologique en est. 

    D'abord, le transcendant et le transcendantal. 

    Transcendantal s'applique à une connaissance, une idée, une chose de l'esprit si (et c'est Kant que le dit) si cette chose, (idée, connaissance) concerne non pas un objet, mais la manière de le connaitre. De fait, c'est bien Kant qui introduit la question: non pas de la chose, mais de la façon, de la manière dont nous les connaissons. 

    Transcendant, c'est ce qui simplement dépasse, va au delà, par exemple, bien sur le divin, mais en fait, le mot désigne ce qui a son principe "vers le haut", au delà de lui. Par opposition "immanent" caractérise ce qui a son principe "vers le bas" en lui même, en son origine. 

    A part l'idée de "montée" (dépassement qui induit une verticalité du mouvement de pensée (...)) les deux termes n'ont donc pas grand chose à voir, ou bien dans un espace de significations, le monde de l'esprit, celui des délices qu'offre un certain état de conscience, on y reviendra, monde donc dans lequel on change de sujet en englobant, en dépassant, en abstrayant etc. Le philosophique, quoi; tout un monde. 

    Ensuite, l'apodictique, l'absolument vrai partout et nécessairement, bref le contraire du dialectique. Les grands principes (identité, non contradiction, tiers exclu) sont évidemment apodictiques. 

    Maintenant l'intention. Au départ il y a Brentano, le maitre de Husserl: l'intentionnalité. Ce qui est "à propos" de quelque chose. Issue d'Aristote, puis des scolastiques en passant par les arabes, elle est une représentation non sensible (Avicenne). 

    Duns Scot classifiera l'intentio en distinguant la volonté, la forme, le concept et la motivation... 

    Brentano parla d'"objectivité immanente", le concept fondamental de la philosophie du XXème siècle, ce qu'il voulut en faire un critère du mental, l'essence de l'activité de penser. Cela fut critiqué et on va en reparler, car la crise d'angoisse n'est pas intentionnelle et donc il y a autre chose dans le mental, en particulier les fameuses qualia, il faudra tirer cela au clair. 

    Passons à Husserl, armé des concepts d'intention et de transcendantal, on est bien dans le sujet. 

    D'abord Husserl est contre le psychologisme: un mode de pensée et d'explication qui ramène le monde à des états affectifs ou sensoriels aggrégés dans le cerveau humain. Quand les choses sont ainsi réduites à ces sensations élémentaires,on a le réductionnisme. Notons que le niveau psychologique a une réalité pour les psychologistes: il ne réduisent pas au quantique ! Il est celui des affects, des sentiments relatifs au plaisir, au sexuel, bref ce qui est intermédiaire entre le conceptuel et le biologique, je dirais bien sur. Husserl déteste ça... Les neuro sciences, les variantes des psychologies évolutionnistes, les différents mémétisme en sont. 

    Husserl veut ainsi fonder une philosophie (à l'Allemande) du certain et du vrai en dehors du réductionnisme, c'est bien l'objet de la fameuse réduction, radicalement contraire dans les termes, de ce qu'on pourrait croire en ignorant le sens des mots. En gros pour lui, la conscience NESTPAS la nature, c'est l'"opposé de la nature". 

    Il repart donc en gros de Descartes et de Kant, en revisitant, comme on dit, le transcendantal... Telle est son intention, c'est un philosophe allemand: regardez ses photos. 

    Husserl commence par Descartes et de ce que le malheureux probateur de l'existence de Dieu injecta dans la frénésie baroque qui saisit le XVIIème siècle: l'idée qu'on puisse être certain de quelque chose en pensant seul.

    Car Descartes, et là je me lâche, ne fut l'auteur que de l'un des effets pervers philosophiques fondamentaux qui justifient mon théorème (ultra connu, voyez google, je rigole) dit de la transcendantalité de la contradiction théorique qui veut que tout philosophe introducteur de concepts suscite mécaniquement dans la génération d'après une conceptualisation qui a les effets contraires exacts de son intention originale. Par exemple, Aristote nia Platon qui nia Parménide. 3 générations de jeunes gens brillants acharnés à faire passer leur père pour un con. Parménide lui s'en prit à Homère, et comme Homère n'a pas existé... 

    Voulant prouver l'existence de Dieu, Descartes le transforma (Dieu) en raison pensable et donc le détruisit: il inventa l'athéisme et la pensée claire, mais il nous faut d'abord revenir en arrière. Descartes commence par douter, il va pour cela jusqu'à l'hyperbolique (le doute de l'intelligible lui même, presque dans le niveau "intentionnel" non?).

    On passera sur sa détestation du scolastique, l'ennemi qu'il persécuta étant peut être Duns Scot, mais c'est un autre sujet. En gros Descartes est un sensoriel et se prête à des expériences de pensée, qui sont des expériences... Husserl qui a le même but que Descartes, vouloir être sur, procède de la même manière.

    Par contre, et là il s'oppose à Descartes dont il dénonce le "réalisme transcendantal": le sujet de Descartes fait partie du monde et pas celui de Husserl. 

    Bon, il y 3 mouvements: suspension, réduction, constitution. Cela fait une méthode, une sorte de processus, d'expérience personnelle, de voyage. Une oeuvre de musique et c'est cela que je voudrais exprimer: la réflexion sur les choses se fait dans le temps, dans un voyage qui est le voyage musical, mais je ne suis qu'un mélomane et le monde de l'esprit est celui des abstractions musicales. On en reparlera. 

    D'abord l'épokhé, la suspension du jugement, l'équivalent du doute, mais c'est pas pareil. Il s'agit d'aller vers le savoir, là où il n'y a pas de croyance, et donc pas de jugement imposé, évident ou spontané. 

    Ensuite la réduction, qui est phénoménologique, transcendantale, gnoséologique: il s'agit de supprimer tout lien entre connaissance et perception, et identifier la vision et soi même en train de voir. Dans les termes opposé moi/monde, on réduit l'opposition, on se colle au réel, on le colle à soi, bref, on ne fait qu'un. 

    Puis ensuite la constitution, le retour à la normale après l'extase qui vous a changé pour toujours: le monde est maintenant vu autrement, et cela à jamais. En quel sens? Et bien le savoir s'étant perçu lui même, il accède à la connaissance véritable (ou l'inverse). C'est cela l'ambition de Husserl: rendre intelligible l'évidence du monde, comprendre le monde. La leçon du terme "constitution" est que c'est la subjectivité qui est "constitutante" du monde. Husserl introduit alors à une praxis de cette critique permanente et radicale de soi dans le monde, et donc d'une super responsabilité philosophique et éthique. 

    Cette conjonction entre représentation et pensée de la représentation s'applique bien sur à elle même, et c'est pour cela que cette philosophie qui est une critique (une super critique) introduit au soupçon généralisé, toute attitude et réflexion devenant un percu, donc un construit, donc une chose et ainsi de suite à l'infini. C'est bien Husserl qui a lancé cette mode là, la remise en cause de toutes les ontologies scientifiques et autres devenant possible, à pratiquer et à théoriser. 

    Le théorème de la transcendantalité de la contradiction s'applique évidemment à Husserl avec une force incroyable: le cartésien absolu qui voulait le savoir absolu de par la certitude de la réduction du dilemme soi/monde, qui plus est juif, se trouve dénoncé à la gestapo par son assistant le nazi Heidegger qui fonde l'irrationalité du XXème siècle, le culte de la mort et de la négation de la science et de la technique !   

    Car bien sur Heidegger nie absolument cette approche de la vérité: l'être apparait (le dieu germanique dans la clairière) et il faut aller à sa rencontre (en chantant le horst wessel lied sans doute). Néanmoins, l'idée y est, le XXème siècle fut horriblement hippie. Pauvre Husserl. Il est donc le grand introducteur du relativisme moderne, comme Kant, d'ailleurs qui lui même introduisit l'idéalisme ! 

    Voilà, j'ai compris Husserl. Voyons maintenant la valeur de ces choses...

    Au fait, il y a une question de dénomination: il faut parler de "phénoménologie transcendantale" et non simplement de "phénoménologie": les phénomènes qui sont les parties du monde qui se manifestent à notre esprit se succèdent, certes, mais la question est de savoir comment cela est possible et quelle est la nature, l'être de toutes ces choses dans l'esprit. C'est cette activité là qui est le sujet: la subjectivité de cette action (héhé).

    Et puis il y a les divergences d'interprétations, et ce à quoi cela a fait penser et peut faire penser. L'ampleur de ces pensées, leurs variétés et leur richesses ne s'épuise pas comme cela. Disons que forcément ceux qui s'intéressent à ces choses ont des idées derrière la tête, des intentions en quelque sorte, et celle ci sont d'une grande variété, avec des constantes.

    On pourra parler des théories du management, domaine en soi for vaste, et qui forme les employés du service du personnel (les "relations humaines" comme on dit, attachées à ne jamais avoir de relations avec les autres employés sinon sous la forme de processus déshumanisés). Toutes les hypnoses, changement de paradigmes et autre révolutions de soi en font partie. Les douloureux tourments de la fin des religions aussi, et les croyances réfléchies plusieurs fois sont bien aidées par ces types de pensée, disons que cela parle de la même chose: du subjectif qui crée le monde. 

    Husserl est mort en 38. 

    Voilà son éloge funèbre, prononcé par Hans Jonas en Hébreu: (1)

    On peut continuer à bouquiner sur la question, pour éviter, même si on a compris, de dire trop de bêtises (si j'en ai dit de véritables, il y aura peut être un contradicteur, mais je n'y crois pas trop). L'idée est de ne parler que d'Husserl, et de ce qu'il voulait dire -lui-. 

    D'abord, il y eut plusieurs époques, et un Husserl deuxième période. Il parla d'intersubjectivité transcendantale par exemple, pour pallier le manque de considération de l'objectivité du monde extérieur.

    Il ne cessa jamais par contre de se vouloir scientifique, prétendant fournir la version scientifique de l'idéalisme transcendantal. Réaliste au sens strict, il ne met pas en cause l'existence du monde, mais veut élucider son intelligibilité. De fait, il veut dissoudre l'opposition entre réalisme et idéalisme.

    Dissoudre ou faire exploser ? Car une interprétation de la "constitution" est bien celle de la production de l'objet (et non pas de sa vraie restitution). On se rattrape alors sur le fait que le sujet lui même fait partie du processus et le noeud reformé continue à émettre sa radioactivité, sans doute pour encore pas mal de temps.

    En fait la discussion n'est ainsi pas terminée, la distinction réalisme/idéalisme n'étant pas tranchée pour ses successeurs qui continuèrent à s'écharper. 

    Ces considérations sont aussi celles de Merleau Ponty, dont la phénoménologie de la perception qui accompagna sans être lue tous mes déménagements se résume en natures naturée et naturante, en naturalisme du naturé et idéalisme du naturant. L'objectif est pour lui aussi de rendre intelligible la dichotomie vérité/facticité, qui est le problème fondamental de tout ce dont on discute ici. La perception est ce lieu: il n'y a de sens que si un sujet perçoit et en même temps le sens vient de la nature.

     

    (1) http://journals.openedition.org/alter/281

  • Vive les libertés publiques !

    J'ai un nouveau gourou, un vieillissant professeur d'histoire du droit, sémillant et courtois, avec qui je suis à ma grande surprise en accord sur presque tout ! Jean-Louis Harouel est cette personne, par ailleurs un merveilleux représentant de la véritable élite, courtoise et pleine d'humour, et aussi porteur en plus de noeuds papillons. 

    Il fut plagié par l'ignoble Patrick Buisson, qui eut du mal à l'admettre, parlant d'un illustre inconnu, tu parles un prof renommé, auteur de dizaines de livres, enseignant à l'institut Michel Villey comme de juste, le grand historien en référence sur les questions des droits de l'homme entre autres.  

    Pour l'humour on se souviendra de son rappel du changement de l'orthographe du mot "imam" dans les années 70, mot autrefois noté "iman" (avec un "n") depuis Voltaire, et que San Antonio dans "Berrurier au sérail" utilisait, ce qui lui permettait de nommer un de ses personnage l'iman komyrespir, qui officiait au Kelsaltan.... 

    Polygraphe, professeur, présent sur radio courtoisie (...) https://www.youtube.com/watch?v=ssvjPNIqPFE, et dans un très bel exposé http://cerclearistote.com/video-de-la-conference-de-jean-louis-harouel-les-droits-de-lhomme-contre-le-peuple/ conclu par le titre avec une belle prestance. 

    On trouve aussi un compte rendu détaillé dans: http://www.francisrichard.net/article-le-vrai-genie-du-christianisme-de-jean-louis-harouel-118324375.html

    Auteur de mutiples écrits, il exprime tout un ensemble d'opinions dans la classe de celles dont je suis persuadé malgré lui (je veux dire avant de l'avoir connu), un accord véritable, donc et bien mieux exprimé que je ne le fais, je ne suis ainsi plus seul.

    En gros tous mes thèmes y sont: la religion sécularisée moderne qui a succédé au communisme et au nazisme comme religions. La nouvelle religion est celle des droits de l'homme sécularisés, opposés aux droits de l'homme traditionnels, ceux des libertés publiques. Cette religion post chrétienne infecte le droit qui se sature de valeurs chrétiennes, ce qui n'était pas du tout le cas dans les époques de foi. Mieux, Marx fut celui qui sécularisa le millénarisme de Weitling. L'église catholique aujourd'hui abrite partiellement cette religion humanitaire, sécularisée et distincte de la religion chrétienne orientée vers le salut. 

    Derrière l'honni socialisme, on trouve donc la gnose, d'abord négation du judaïsme (Marcion) et surtout de celui du Dieu créateur identifié au Dieu juif. 

    La description très intéressante du christianisme (il parle de son génie) comme alliance de l'amour total christique ET du décalogue comme la première forme d'affirmation des droits humains (de ne pas être tué, de ne pas se faire voler sa femme etc). Ce qui en fit ainsi la première affirmation nationale, en plus, avec la proclamation du droit à la sécurité, premier de tous les droits de l'homme. Le christianisme c'est donc l'alliance du dieu bon et du dieu juste, l'amour total PLUS le réalisme de la loi. Cette alliance là fonde la liberté, comme affranchissement de la loi, ou plutôt son acceptation libre, les deux choses restant distinctes, l'amour anarchiste chrétien lui étant incommensurable. 

    Cette alliance improbable, magnifiquement conceptualisée vaut le détour: il célèbre précisément ce que je cherchais confusément, liberté, amour et nationalisme, le collectif national ne pouvant qu'être partie du jeu. Que ce nationalisme porté par la bible le soit en plus porté par son héritier chrétien me semble nouveau et original, même si bien sur, c'était ce que je pensais. Qu'il soit biblique en plus dans la dernière nation que le monde accepte (ou refuse) en l'occurrence l'immonde état israélien lieu de toutes les détestations (sauf de la mienne) me réjouit encore plus. Comme si les rois d'Israël sur le portail de Notre Dame en étaient les symboles, du concept de nation, justement ! Et puis Mirabeau disant au sujet du projet d'une déclaration des droits de l'homme: c'est le décalogue ! 

    On y explique ainsi que le christianisme (véritable) s'oppose au millénarisme tout comme la volonté de se changer soi s'oppose à celle de changer les autres. Et puis aussi, la suprême distinction entre les royaumes, l'état catholique n'ayant jamais voulu instaurer le règne de l'amour sur terre, du fait de la conservation de la loi toujours distinguée de l'amour divin. 

    Il explique la distinction "rights of man" d'envers les "human rights" qui font toute la différence, image de la distinction fondamentale entre le politique et le religieux, marque du christianisme comme  origine de la liberté d'une part, de la civilisation d'autre part. Mieux, c'est cela qui est à l'origine de sa puissance et de son savoir, celui ci ne pouvant être que fondé sur la liberté de penser et de créer. 

    Il évoque avec bonheur l'horreur gnostique de la distinction sexuelle origine de la procréation, idée commune au même degré des partouseurs et des castrés, les deux composantes de la gnose. 

    Il explique avec autant de bonheur que l'islam n'EST PAS une religion mais un système politique et juridique, et que le millénarisme en vient à souhaiter la mort nécessaire des peuples coupables de l'Europe destinés à être remplacés par de nouveaux arrivants. 

    Il va ainsi jusqu'à prendre Israël comme le modèle de l'état nation auprès des europes en manque de particuliarisme.

    C'est alors qu'il se révèle par ailleurs (hélas) comme anti européen et anti euro, il fallait bien que nous ne soyons pas d'accord sur tout. Europe qu'il définit par ailleurs comme étant ce qui a refusé d'être musulman pendant des siècles, on peut dire là qu'il s'égare... Il fait ainsi hélas le chantage au fédéralisme, origine de l'anti européisme paradoxal qui demande à ce que l'on refuse la pauvreté des pays pauvres d'Europe. Comme si il fallait des frontières pour ignorer les pauvres... 

    Il est ainsi dommage (mais après tout ce n'est pas si grave) que tant de belles intuitions ne s'accompagnent pas de celle d'un monde économique ou tout serait possible, le passé industriel et libéral de la France ne la condamnant pas, et au contraire, d'être toujours à la remorque de l'Allemagne. La liberté, mon cher, la liberté. 

     Bon en tous cas, il me faut lire l'auteur de: 

    "Née de la distinction chrétienne du spirituel et du temporel, la liberté absolue de la pensée inventée par l'Occident est sans doute le plus précieux patrimoine de l'humanité."

     

     

     

     P.S. Quelques éléments sous forme d'arguments, et qu'il met  en avant avec faconde dans son "vrai génie du Christianisme". 

    La castration des hommes  africains noirs emmenés au moyen orient: cela explique la faiblesse du peuplement noir pour une traite qui fut équivalente à celle vers l'amérique, elle bien plus marquée par ce peuplement là. 

    Il y a un débat sur la séparation politique religieux en Islam, Olivier Roy en relativisant la portée, pourtant au centres des thèses de Bernard Lewis,  de Harouel et aussi de Fustel de Coulanges. 

    L'ambassadeur mongol en 1287 fut frappé de la spécificité de Paris: son université. 

    Jean XXII refusa de couronner Louis IV et la bulle d'or consacra en 1355  l'élection de l'empereur par les princes. 

    Le conflit entre Philippe le Bel et Boniface VIII portait sur le "rendez à César ce qui est à César". Jacques de Viterbe tenta au service du pape de le réinterpréter.

    Guillaume d'Occam consacra la séparation entre les deux ordres. 

    Harouel insiste aussi sur l'importance de l'histoire des hébreux sur la genèse DES états nations européens.  Pour Hobbes, l'état hébreux est le prototype de l'état souverain. 

    Néanmoins, à sa décharge, Harouel rappelle la notion du "juge prêtre" sous l'ancien régime. C'est ainsi l'introduction du droit romain qui sépara justice religieuse et justice d'état. 

    La genève de Calvin est gérée par un "consistoire" qui peut déclancher l'autorité publique: les protestants et Luther aussi furent eux bien plus césaro papistes que les catholiques... 

    Aux US, c'est le 1er amendement de la constitution qui interdit de faire aucune loi interdisant l'exercice d'une religion ou instituant une religion d'état. 

    Le Syllabus de Pie IX en 1864 condamnait explicitement le principe de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. 

    Les deux saluts chrétiens et millénaristes: l'un est céleste, l'autre est terrestre. Pourtant dans l'apocalypse de Jean, il y a bien le "viens, Seigneur Jésus", avec l'annonce du règne heureux de mille ans qui précèdera la fin du monde. C'est cela le millénarisme ! C'est Augustin qui décrète que le règne millénaire a commencé  avec le Christ dans l'Eglise. 

    Joachim de Flore introduit la théorie des trois ages, qui se termine par le règne de l'Esprit. 

    Müntzer, lui aussi moine augustin, horrifie Luther en prêchant le massacre. Il fut célébré par Engels qui vit en lui un héros prolétarien. Il fut suivi par Jean Hut, à Münster puis par Jean de Leyde et les anabaptistes. Münster fut Jerusalem en 1534.

    Pour finir la thèse de l'injection dans le droit des valeurs chrétiennes après l'effondrement de la religion et qui transforme les juges en juges-prêtres est extrêmement séduisante. Employés à la rédemption des coupables (un frère Kouachi avait un bracelet électronique) et à la punition du blasphème (dire casse toi pauv con à Macron vaut comparution pour outrage) les juges ont un rôle maintenant particulier qui tourne à l'absurde: celui de l'instauration par la contrainte du respect d'une religion, celle que dénonce Harouel.

     

    Mais il y a une conclusion et entièrement constituée à défendre l'"immigrationnisme" (Taguieff), but de la nouvelle religion et volonté caractérisée d'extinction de la civilisation européenne et chrétienne... Le sanglot long n'est pas mâtiné ni réduit par quoi que ce soit et semble s'achever dans un bien grand pessimisme.  

    Au point que la thèse elle même mériterait peut être d'être reconsidérée. Le "vrai" christianisme est il vraiment innocent de tout cela ? Fut il vraiment si dualiste ? Après tout, le royaume de Dieu imminent du Christ fut bien millénariste, et l'apocalypse chrétienne aussi, c'était son règne propre, celui qui devait durer mille ans. 

    Il y eut donc l'Eglise pour rattraper cela: ce qui remplaça au pied levé le royaume qui ne venait pas était donc la fameuse disjonction qui commença mal: elle détruisit l'empire (les barbares étaient chrétiens) et ce qui dura mille ans à l'est était parfaitement césaro papiste... Bref, les rapports de l'Eglise et du politique furent complexes, et ce fut bien une lutte contre cette église là qui fut la civilisation occidentale, non son accomplissement...  Bref, même si l'accumulation de sentiments est patente et intéressante; ce qui justifie l'ire, la thèse parait finalement fragile et peut être secondaire voire fausse. 

    Car il y a bien des moyens de rendre responsable le christianisme de l'essor occidental: le thème de la liberté en est sans doute un aspect, mais il se battit contre l'histoire chrétienne et au combien, au nom du millénarisme ? Non et c'est cela le problème de la thèse d'Harouel et de sa tentative très réactionnaire de récupérer la situation. Celle ci est plus complexe et on ne peut échapper à la nécessité d'élaborer du positif, bête noire des conservateurs pessimistes. 

  • Smith&Rousseau

    Belle forfanterie que de parler des deux ! 

    Simplement Smith (Adam, pas Eve) n'est pas contractualiste, et c'est le problème. Sinon, on s'y retrouve. 

    Je me permet de citer l'extraordinaire article de Raymond Boudon http://www.fondapol.org/etude/boudon-la-competence-morale-du-peuple/ et de le pomper à mort. Tout autant d'ailleurs que http://www.revueithaque.org/fichiers/Ithaque5/08Guedon.pdf ; mes sources d'excitation sont ainsi données. 

    En gros, Boudon y explique que la France souffre de la tyrannie des minorités, car sa scène politique oppose un état trop fort à des groupes d'influences trop forts, ce qui explique tous les retards français, dont les absurdes 35h, Impôts sur la fortune et retraites comme remède au chômage. Il parle de l'"effet Olson" qui décrit ainsi le phénomène mécanique de la majorité silencieuse, quand une majorité désapprouve le réel silencieusement, vaincue par les minorités agissantes. Boudon recommande l'expression libre sur l'Internet, comme possible efficace contre poison. 

    Il parle aussi de la volonté générale, et du fameux "spectateur impartial" de Smith, qui est son exact pendant: Smith et Rousseau sont deux acteurs des lumières, et symbolisent pour comprendre et agir sur le monde, deux fictions égales, qui permettent à la démocratie d'exister: contre toute attente, il existe une rationalité collective non individualisée, ni par un Dieu, ni par un tyran.

    Dans le cas du spectateur impartial, il faut ajouter que cet être rationnel qui choisit telle ou telle décision en évaluant des arguments sur un marché des opinions, ce qui suppose que la structure du pouvoir soit basée sur un séparation entre corps indépendants qui s'équilibrent. Exécutif, Législatif, Judiciaire se contrôlent mutuellement: ils ne sont pas des personnes mais des forces qu'on commente. 

    Car le spectateur impartial est issu de la "sympathie", mécanisme naturel fondamental, les vertus (prudence, bienveillance et justice) conduisant à la belle nation de l'individu rationnel, image et membre de la collectivité. Les vertus sont donc nécessaires au lien social. L'homme "bon" de l'état de nature lui correspond: le contrat social ne peut être passé entre des démons, et la vertu originelle est bien sur la condition expresse de la possibilité de l'organisation de l'humanité. 

    Pour Smith, suivant un principe de classification que Marx copia, on a les états de l'humanité: chasseur, berger, agriculteur, et commerçant pour finir. On notera le pastoral état de berger, très XVIII siècle, comme intermédiaire, bien sur, entre le chasseur cueilleur préhistorique et l'agriculteur. 

    On continuera avec l'Etat, en charge de protéger contre les ennemis extérieurs, de lutter contre l'injustice en interne, et aussi de gérer les monopoles naturels communs.

    A part cela, l'Etat ne doit pas intervenir, car "Quelle institution du gouvernement pourrait tendre autant à promouvoir le bonheur du genre humain que la prédominance générale de la sagesse et de la vertu ? Tout gouvernement n’est qu’un remède imparfait à leur absence". Ici encore, l'ignoble Smith, réputé pour son égoïsme et sa cruauté ultra libérale s'appuie en fait, et au contraire, sur l'indispensable vertu humaine pour se passer des excès de l'Etat. 

    Nous avons donc là Smith, avec une auto institution du marché, et c'est la thèse, la formation de l'équivalent strict de la volonté générale, c'est à dire de l'institution collective non personnalisée, le spectateur impartial étant le souverain, rationnel, objectif, et... collectif.

    L'identification est d'autant plus forte que les deux concepts sont géographiquement limités et décrivent une nation, c'est à dire un être collectif d'ampleur géographique limité, et dont les limites sont celles où s'appliquent le contrat et ou la sympathie. On a donc bien dans les deux cas, une pensée non tyrannique de l'être collectif qui préserve ses intérêts collectifs par la vertu. 

     

    On en viendra alors à l'esthétique. Sa relation à la politique est évidente, et importante, voire fondamentale. D'abord, le beau est associé à la simplicité de la nature, et ce qui fascine c'est l'authentique pour Rousseau mais aussi le fonctionnel pour Smith, qui associe sentiment esthétique et plaisir de voir les moyens consacrés au plaisir, plus que le plaisir. On a l'amour des systèmes celui de la nature étant le plus beau, bien sur. 

    Nous avons donc ici un identique ancrage dans le réel pour le gout et en même temps la conception d'un gout varié suivant les hommes et les nations, les choses plaisantes restant différentes et soumises aux conventions. Admirable distinction entre unicité du mécanisme et diversité des aspects, les modalités de l'identique pouvant être différentes. 

    Rousseau va même jusqu'à comparer et assimiler la corruption de la volonté générale et celle du gout, quand on parle non pas ce dont on est persuadé, mais de ce que pense ou goute un autre. Ici on pense l'imitation et la foule pervertie, le sentiment individuel romantique de Rousseau permettant la sortie de sa condition au nom de sa liberté, concept fondamentalement chrétien et dieu sait s'il l'était. 

     

    On arrivera alors au personnage corrompu, au vicieux, au vaniteux, celui qui commande le jugement. Nos deux héros se réfèrent à Mandeville, l'auteur de "vices privés, vertus publiques", le centre du débat. Mandeville est le troisième larron: à la poursuite du luxe que réclame sa dépravation, le riche corrompu fait travailler les pauvres et donc enrichit la société. Mieux ! La "fable des abeilles" révèle que le retour à la Vertu appauvrit. Plus généralement, il introduit le désir comme moteur de l'économie, plutôt que le besoin. 

    Ce n'est pourtant pas ce que pensait Montesquieu, pour qui le luxe avait ruiné l'Empire romain. Le débat fit rage.

    Rousseau dénonce évidemment cette mode et cette vanité corrompue, qui constitue l'antithèse de sa notion d'homme de gout, mais à qui il reconnait cependant la nécessité de vivre au voisinage de la richesse indispensable. Adam Smith lui est plus "économique" et ne voit chez le pauvre que l'admiration pour la munificence du riche, car il profite de ses grandeurs là. Nous avons bien chez les deux la proximité avec le concept de la nécessité des relations entre toutes les parties du monde, et surtout de penser le monde comme un système. 

    D'abord Smith dénonce le principe du luxe et du gaspillage: il faut épargner pour faire les machines qui président à la division du travail, seule source de la productivité. Puis il affirme la nécessité de la poursuite de l'intérêt individuel et on vient alors au fameux "égoïsme":

    "Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger, que
    nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs
    intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme."

    Preuve absolue de la vilenie du capitalisme, le honteux discours est régulièrement cité: il est la ligne de démarcation qui sépare la droite de la gauche, le bien du mal, l'idéal qui fait le vrai humain mieux que la bête. 

    Pourtant, l'évidence de la chose est patente: des individus règlent leur comportement mutuellement et procèdent à des échanges. C'est le principe de l'échange confiant, marchandise contre marchandise qui nécessite la vertu humaine et ce qu'elle a de positif, et pas bien sur le contraire de l'"égoïsme" du marchand, qui ne va pas être assez fou pour "donner" (se faire voler) la marchandise dont il vit. Bref, la propriété du bien qu'on vend est du vol, pour les c...

    Que faudra-t-il de hurlements pour dénoncer les ineptes stupidités qui contestent l'évidence de ma lecture du démon? 

    Surtout qu'on va en rajouter, et asséner le coup de grâce: 

    "En préférant le succès de l’industrie nationale à celui de l’industrie
    étrangère, il ne pense qu’à se donner personnellement une plus grande
    sûreté ; et en dirigeant cette industrie de manière que son produit ait
    le plus de valeur possible, il ne pense qu’à son propre gain ; en cela,
    comme dans beaucoup d’autres cas, il est conduit par une main invisible
    à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions ; et ce n’est
    pas toujours ce qu’il y a de plus mal pour la société, que cette fin n’entre
    pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt
    personnel, il travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour
    l’intérêt de la société, que s’il avait réellement pour but d’y travailler."

    On a ici les 3 concepts: la nation à qui l'on se donne dans son intérêt ce qui la constitue comme naturelle et organique, l'agrégation des efforts qui forme la fameuse main invisible, deux fois non intentionnelle et la positivité de cette non intention qui la rend optimale.  

     

    Revenons à Rousseau et à sa société de paysans vivant dans l'abondance. Rousseau n'est certes pas un capitaliste; on le décrit (Yves Fargas le redoutable se consulte à https://www.youtube.com/watch?v=fRV-yo5Ii9E) comme son "avorteur" (il vécut son origine) en des termes d'actualité: le "système financier" doit être combattu par la taxe du luxe afin de rendre les riches pauvres. Plus communiste que moi tu meurs: Rousseau vida Phnom Phen, donc. brrr.

    Cette image de Rousseau là, toute pleine des insultes de la droite et de la gauche, en fait le plus grand philosophe du monde. Je crois qu'il fut d'abord un homme des lumières, innocent de la vendée et du cambodge, mais coupable de la pensée abstraite de la nation et de la libération des moeurs. 

    Rousseau exprime contre le capitalisme toutes les désillusions romantiques dont ce qui est en fait un individualisme forcené est l'écho: le mal existe, il est du à la corruption du social et surtout, JE en suis victime. Mais cela n'est qu'un paradoxe: Rousseau ne dénonce que la non réalisation de ce qui devrait marcher et n'affirme de fait que le malheur du monde, et non pas la pensée de la possibilité de l'idéal. 

    Subordonner l'économie au politique n'est pas une pensée de l'économie (il n'y compris rien), mais une fin de roman désabusée. Quand à l'affirmation inévitable, et non voulue du malheur du monde, elle n'est qu'un "pied invisible" que le destin réserve aux faquins dont il fait partie, et donc n'est qu'un ressentiment. 

    C'est bien cette lecture là de Rousseau dont il faut se souvenir: un désespoir romantique, celui du perdant à qui on s'identifie, par le délicat plaisir de l'opprimé qui accède aux romans de gare dans l'explosion d'opulence dont il est le personnage secondaire et aussi l'acteur premier... C'est bien pour cela que Rousseau eut tant de succès, et qu'il plut aux dames car il libéra le sentiment. On ne s'identifie pas à une main invisible.

    Maintenant on a aussi la théorie de la Nation, du coté des "illuminati", je veux dire Herder  et Fichte. Dénoncés tout comme Rousseau d'ailleurs d'avoir fait partie du complot qui renversa la royauté française, ils sont les mauvaises lumières, que d'ailleurs dénonce Zev Sternhell (de façon contradictoire, il faut bien le dire, en tout cas à rebours du bon sens complotiste, à moins que). Nul ne peut ignorer que la franc maçonnerie fut religieuse, et que c'est bien la gauche qui naquit alors, celle du nationalisme non libéral (après tout, il faut bien une théorie). 

    Pour finir, on notera que Rousseau décrivit une nécessaire "religion civile", et que cela le rangerait donc parmi les "illuminati" (à mon grand désarroi). Notons toutefois qu'il ne la décrivit pas comme exclusive, le souverain se moquant des natures de l'au delà. N'aurait il pas plutôt inventé la laïcité ? 

     

  • l'Europe l'Europe l'Europe

    Ainsi donc ça discute sur l'Europe, l'occasion est bonne, son périmètre évolue, si tant est que la présence de la Grande Bretagne dans ou hors de l'Europe change grand chose aux principes fondamentaux que nous devons réfléchir. 

    La Grande Bretagne fut toujours en faveur des mouvements migratoires intra européens. Du moins son gouvernement, la réaction anti immigration qui partiellement produisit le brexit fut populaire… En fait la réaction anti libérale qu'on nous décrit fut d'abord contre ce libéralisme là. On voit donc que l'attribution de l'anti européanisme est complexe et source de bien des affirmation péremptoires: les ouvriers anglais se révoltèrent donc non contre la finance mais contre l'immigration. Bien sur Mélanchon pense le contraire. 

    Au fil des discussions et des lectures un ensemble de thèmes apparait et la complexité de la chose est tout à fait ravissante, tant les points de vue sont variés et les chocs d'arguments divers. 

    On parlera d'abord des trois Europes possibles. On a en effet trois projets, et il faut savoir de quoi on parle. D'abord le libre échangisme pur: laissons les entreprises commercer et les politiques nationales se déployer dans le plus vaste espace possible, en supprimant toute politique de contrôles des échanges. 

    Ensuite, l'Europe fédérale: non pas simplement le triste commerce (les lumières parlaient du "doux", mais le marxisme est passé par là), mais aussi la fusion des peuples, la disparition des inutiles et guerrières nations et la reconstitution de l'Empire Romain (germanique ou austro hongrois, c'est à dire prussien, voire polonais). 

    Il y a une alternative ! Une troisième Europe, dite politique, considéra que les nations pouvaient discuter et mettre en commun ce qu'elles pourraient décider ensemble, pour le plus grand bien de la prospérité générale, basée bien sur l'abaissement contrôlé des barrières douanières, pourvu, on le vérifie à chaque niveau, qu'elles soient acceptées par les acteurs (le camembert au lait cru reste recherché dans certains milieux français) et profitables effectivement à tous. Au passage, on se définit une monnaie commune, pour échapper aux puissances des autres monnaies, et des frontières communes pour filtrer les migrants envahisseurs, légaux ou illégaux. Le bon sens. 

    Au passage, on s'assurera que les impôts sur les sociétés sont les mêmes partout, pour éviter de trop pénaliser les pays de débiles dont tous les efforts productifs sont consacrés à maintenir des fonctionnaires inutiles chargés à tort de dépenser pour le bien des producteurs d'écrans plats tout l'argent qu'on leur consacre. 

    La question fut depuis le début, le projet fédéral. Il faut savoir qu'une partie des "élites" européennes sont hors sol: métissées entre riches blancs, ils ont toujours fait la civilisation européenne et eurent bien des mérites dans toute l'histoire, mais là voulurent généraliser leur condition: erasmus, les plombiers, les ouvriers de l'automobile en roumanie, tout ça c'est pareil, foin des nations. Cette espérance fut aussi poussée par ceux qui attribuèrent aux nations les malheurs du début du XXème siècle, comme par hasard, ils furent partiellement les nostalgiques de l'empire austro hongrois, première victime du premier épisode.

    Le fameux Coudenhove-Kalergi, cauchemar des souverainistes est l'image de cette vision (…).  Malgré tout il est un fondateur de l'Union Européenne actuelle, il faut de tout pour faire un monde. Il faut toutefois noter qu'il ne vit de l'Europe que celle, purement politique, qu'un De Gaulle imposa pour continuer d'y participer. C'est bien lui par contre, qui eut l'idée de faire de l'hymne à la joie de Beethoven l'hymne européen.

    On pourrait aussi parler de Walter Hallstein, envoyé par Hitler pour fonder l'Europe, et qui fut le premier président de la commission européenne. Comme Von Braun il fut récupéré par les américains, ce qui est bien sur le fond de l'affaire: car cette europe fédéraliste, se voulant confusément porter le projet des états unis d'Europe, à l'image des USA, et donc c'est ce que disent les souverainistes, un projet secret entièrement comploté depuis les US. 

    On pourrait alors parler d'une quatrième Europe, celle des souverainistes, et se poser la question de savoir en quoi elle diffère de mon Europe "politique".  Et bien d'abord elle n'est pas libérale et donc ne veut aucune politique économique commune depuis le libre échange jusqu'à la monnaie commune. Cette vision là, aussi ambiguë que la fédéraliste, d'ailleurs, ne veut tout simplement pas d'Europe, du moins pas sous une forme différente d'une suite d'accords d'état à état, ce qui n'est pas très innovant, étant le système qui prévaut depuis le moyen âge. 

    Nous sommes donc entre nous: même si une partie des souverainistes, du moins les libéraux, peuvent continuer de râler contre l'Europe sans s'en séparer tout à fait, il y a bien une vision libérale non fédéraliste de l'Europe, qui est précisément ce que défendent implicitement bien des europhobes et qui, réaffirmée, devrait sauver l'Union, dont les institutions, mais pas la pratique actuelle, est parfaitement compatible avec le point de vue de l'évidence et du bon sens.

    En parlant de bon sens, on a évoqué l'économique, et la fédération a bien des avantages, dont le principal, celui de pallier la bien connue disparités entre les cultures, celle qui fait de certains peuples des cigales corrompues et d'autres des fourmis généreuses (à moins que cela ne soit l'inverse, si l'égoïste fourmi se refuse à donner). Devoir de tous les empires, du moins des modernes, il faut donc compenser les niveaux d'emprunts et de corruption (absence de réformes) des pays, généralement du sud, la proportion de sang méditerranéen étant bien sur la cause du mal, passage de l'empire Ottoman sur l'ascendance oblige.

    Problème bien connu des allemands, qui venant de le voir à l'oeuvre en soignant leurs frères et soeurs simplement violés pendant cinquante ans, il fut traité de manière stricte, par une monnaie indépendante qui se refuse rituellement à toutes les demandes toutes aussi rituelles d'"investissement d'avenir" dans les pays qui soit ne recouvrent pas l'impôt, soit en en recouvrent tant qu'ils ne peuvent s'investir eux mêmes, toutes leurs ressources étant consacrées à financer les jours de carence de leurs fonctionnaires. 

    Nous avons là d'ailleurs une cause d'europhobie: la terrible politique d'austérité européenne qui abat sa main de fer sur les populations misérables sans défense (bien que défendues par tout ce qui reste au monde de communisme et de syndicalisme révolutionnaire).

    En réalité, laissés à eux mêmes avec une capacité à emprunter dans une monnaie forte qui dispose de prêteurs en dernier ressort puissants, les pays "nègres" se sont horriblement goinfrés, ont tous formé une caste de super riches, quasiment d'oligarques, mais assez malins pour constituer aussi leur sous caste de fonctionnaires prébendiers, chargés de maintenir vivante l'originalité des traditions populaires mais cette fois sans travailler. C'est évidemment cette caste là, entièrement caractérisée par l'expression "toujours plus" qui hurle à l'austérité en permanence, tant elle est frustrée de réaliser sans la diagnostiquer, l'extraordinaire abaissement de sa condition qui la rend progressivement non européenne… 

    Là fut l'abjection française, qui s'éloigna, en ne faisant rien depuis quinze ans, de l'Allemagne qui se réformait… La pauvre germaine mit en place sa politique nationale et tira ce qu'elle devait tirer de son action. On le lui reproche à tort. Elle finança un "ost" retrouvé qui bien que champion du pacte de Varsovie, était (et se trouve toujours) dans un état  pitoyable. S'agit t-il de pauvres à bon compte que les ignobles patrons germains exploitèrent sans vergogne ? Et bien si c'est le cas, la patrie de Karl Mark attend toujours sa révolution, les réformes sociales de cette partie là de l'Europe ayant été faites par des viols de conscience, et quand je parle de conscience…  

    On doit aborder la question de la politique étrangère: tiraillée entre les demandes d'élargissement (on pense à la Turquie), les demandes fantasmatiques de protection (on pense aux pays de l'est traumatisés par la Russie), les volontés de faire la paix au moyen orient (l'Union est le principal financier de la bande de gaza, un comble), l'Europe fait n'importe quoi, aux grès des fantasmes de nouveaux occidentaux variés hésitants et confus, sans parler des démagogies variées, voir plus haut.  

    Une constante: la fameuse défense européenne qui doit se soustraire à l'OTAN d'une part (la Turquie en fait partie), et d'autre part du piège du partage de l'arme atomique française avec les allemands. Bref, on préfère l'OTAN, malgré tout, en fait une politique d'alliances, tout simplement, en particulier avec la Grande Bretagne brexit ou non, et surtout, c'est ce que l'on demande à raison, que l'on finance ces fameuses opérations extérieures, qui surveillant tout de même milles kilomètres d'Afrique, finissent par nous couter cher. 

    Mais l'abjection française pays fondateur, eut un autre rôle. Rappelé par François Fillon et cela suscita des protestations à l'assemblée, elle fut le cynisme avec lequel les gouvernements socialistes accusèrent l'Europe de tous les maux, jusqu'à l'"austérité" qu'on dénonce encore, jusqu'aux traités qu'on veut "renégocier" encore et toujours pour plus d'"investissement". Conçue pour servir de repoussoir à l'échec du changement de la vie, et par le ministre des finances de la relance puis de la pause dans les "réformes" (Delors engendra Aubry, faut il le rappeler? ) cette Europe là est l'épouvantail de la démagogie du collabo complice du vel d'hiv. Et il fallut que le cancéreux lamentable dont on souhaitait qu'il souffre le plus possible fasse pitié à son principal opposant pour que l'on vota son sinistre traité…

    Traité que l'on se doit de porter aujourd'hui, en le faisant vivre au mieux, car sinon, on ne serait qu'un souverainiste… Bien sur le traité de Lisbonne, accepté par un parlement fraichement élu, après l'annonce de sa ratification fut un déni de démocratie: n'est il pas? Pourtant, le service rendu par son acception est sans doute immense, il permis de résister à une belle crise et de mettre à la raison une Grèce récalcitrante. Il y a bien sur l'argument que ce qu'un référendum instaure, seul un référendum pourrait l'abolir. Règle non écrite, portée par les tenants d'une démocratie implicite, mais non fondée en droit, et par aucune constitution: comment caractériser constitutionnellement un thème soumis à consultation ? De fait le référendum est possible, mais reste optionnel. Quand à son issue, ne s'en plaignent que ceux qui la critiquent... 

    Car un principe fondamental de la démocratie, justement est de ne pouvoir s'abolir elle même: qu'est ce qu'un référendum qui abolirait la république ? Un acte démocratique ? Et bien non. Le principe des élections, qui suppose toujours un mandat limité dans le temps permet de changer toutes les lois selon l'humeur du peuple, à condition que l'on puisse changer d'avis plus tard. C'est cela la démocratie, et l'instauration du brexit peut très bien être contredite démocratiquement. On ne sait jamais.

    On peut aussi traiter le désir des peuples en faisant des exceptions. On en fit en nombre infini pour l'Angleterre depuis Thatcher et tous les autres. On en fit une belle peu avant le référendum. Hélas, elle ne fut pas en mesure de traiter les demandes populaires anglaises, et oui les réticences de Hollande (il a réussi tout de même à nuire) aux demandes britanniques en février dernier ont peut être un peu joué, même si le niveau d'imprécations pro brexit était sans doute déjà trop important.  

    Non, ce fut Merkel et ses "réfugiés" (des afghans, des somaliens et des érythréens plutôt que des syriens dont le malheur ne fut que prétexte) qui paniquèrent, sans  doute plus (à moins que cela ne soit moins) que les plombiers polonais. Ceux-ci entendaient déclarer à la sécu britannique leur enfants restés en Pologne, alors que les autres se contentaient de piller des camions avant d'aller faire les vaisselles dix ans. Quelle différence pour un anglais ? Et pourtant, ils regrettent un peu, que ce soit l'ex maire de Londres, ou le chroniqueur du SUN. Ah qu'ils sont européens !

  • Les démocraties

    Alors que l'on qualifie le Brexit de "leçon de démocratie", on se demande bien pourquoi, le thème mérite d'être évoqué et la réflexion sur plusieurs de ses tenants et aboutissants de se faire sereinement. 

    On va donc tenter d'énumérer les différents sous entendus associés à l'emploi du terme, en évitant bien sur d'être trop docte, le pouvoir "du peuple" désignant d'abord le "démos", c'est à dire les citoyens, et non pas tout le monde, comme on pourrait le croire un peu vite. Pour mettre les points sur les "i" les tenants français du brexit peuvent le commenter, mais ce n'est pas leurs oignons, en fait.

    Ensuite, on évoquera le vote. Procédure préférée au tirage au sort, et donc permettant à bulletins secrets de condamner un innocent à une fonction, on s'arrangera pour que celui ci soit mis au courant de l'éventualité auparavant, voire soit obligé à se présenter au préalable. Pour une décision à prendre, même procédure: on s'arrange pour que la question soit claire. Le "peuple" acquiert il une voix grâce à cette magie est deviendrait il une personne à l'occasion, par-delà les électeurs dont les voix doivent elles s'incliner ? 

    Tout dépend du score d'abord. Sans exiger l'unanimité en tout, on peut imaginer qu'un quota acceptable de votants en faveur de la décision à prendre soit nécessaire pour qu'un changement important soit validé. A 2% prés, la Grande Bretagne saute dans l'inconnu, se ruine peut être: est bien démocrate ? 48% de la population, effrayée et stupéfaite, se trouve plongée dans le noir, éberluée. Une leçon ? Pour les perdants ?

    Bref, on aurait pu être plus "démocratique" et plus respectueux du "demos" en ne décidant vraiment qu'à partir disons, des trois cinquièmes. 60% aurait nécessaire pour partir, et le vote de jeudi considéré comme un aléa.  

    Le manque d'empressement du vaincu, premier ministre qui ne démissionnera qu'après l'été, signe d'ailleurs la chose: il joua un peu gros, et il doit se trouver honteux. Qu'ils lui soient hostiles politiquement, ou simplement moins euro sceptiques que lui, ceux qu'il obligea à voter pour le rendre populaire doivent lui en vouloir, ils sont la moitié du peuple dont il avait la charge, et il a finalement fouarré sa tâche à un point inimaginable, quand on y pense. On ne peut donc qu'accepter sa peine, et donner un peu de temps à une opinion surprise de réaliser l'énorme connerie qu'elle vient de faire.

    Car le résultat est peut être du au hasard: un assassinat dont les obsèques ont énervé au lieu de rassembler; une affiche de migrants en marche, terrifiante, qui fut moquée maladroitement par le maire musulman de la capitale, que sais je. Voilà qui se voulait décisif et qui repoussa. La démocratie c'est aussi la formation des opinions, avec tout le caractère impulsif, irraisonné, et instinctif qui se rattache aux décisions individuelles.   

    On parle ici d'instinct: le Royaume Uni est une vieille nation, dont la volonté de puissance a laissé son empreinte dans les consciences, et le nouveau maire de Londres ne signifie pas sa complète éviction, la preuve. Des mécanismes profonds et anciens, que certains nient à tort, sont souvent à l'oeuvre, la preuve. 

    Le respect de ces tropismes collectifs, qu'il est difficile de formaliser hors consultations officielles est sans doute une partie de ce qu'on appelle la démocratie. Il est paradoxal de remarquer que lorsqu'ils gagnent, on se prend à les dévaloriser parce que n'atteignant pas 60%, alors qu'ils sont tout de même importants, car dépassant les 40%… 

    Nous voilà donc dans ce qu'il conviendrait de respecter, quand on est un homme politique: ne pas jouer aux dés une décision, tout en acceptant d'y jouer ce qui est moins grave, quelques années de pouvoir dont les erreurs pourront toujours être corrigées peu après. Nous sommes ici dans du long terme, et qui concernera sans doute des dizaines d'années. On aurait du faire attention: d'abord à mieux respecter le vieux fond national, ensuite à ne pas jouer avec lui, au point de le mettre en position de vexer trop profondément son opposant, somme toute tout aussi respectable. 

    Et bien le pouvoir du peuple ne se manie pas sans égards, et nous remarquerons que dans toute cette histoire, la génération des années cinquante au pouvoir, de Cameron à Hollande en passant par Sarkozy se montrèrent insuffisamment soucieux de leur opinion, au point de se faire désarçonner. 

    On passera sur les référendums ratés de De Gaulle et Chirac, et sur celui réussi de Mitterand, c'était une autre époque, et les pathologies étaient différentes. On notera tout de même que les 2 derniers, le réussi et le raté portaient sur l'Europe...

    Le raisonnement s'applique à la situation européenne, maintenant privée de la Grande Bretagne. Un grand souffle, jusque-là bloqué par la présence du british va t il se lever en faveur de la fusion des peuples et des nations ?

    Ou bien le pot aux roses découverts, tout le monde va vouloir partir ? Ce type de décision est il simplement une histoire de manoeuvre politique à l'intérieur des partis, comme tous ses dirigeants le pensent ? 

    La règle de la majorité qualifiée, pourtant votée à Lisbonne doit s'appliquer aux nations, voilà la morale de l'histoire, et les majorités trop étriquées ne devraient pas décider de n'importe quoi. Evoquée déjà ici, une règle de consensus minimal doit présider aux choix importants, et c'est respecter la démocratie que de ne pas trop violer les minorités à l'intérieur des peuples.

    Comment évaluer les choix et leur équilibrage en faveur du consensus ou non? Et bien voilà un débat apaisé moderne, à tenir en mettant tous les points sur la table.  

    Dernière minute: après avoir sucé mon crayon toute la matinée, voilà t il pas que j'apprends en ouvrant les journaux qu'une pétition est lancée en Angleterre pour revoter: il faut d'après certains 60% des voix pour qu'on ne revote pas ! La voilà qu'elle est bonne l'idée en fait. 

    Nous voilà donc à la seconde partie du beau problème: ignorer les référendums solennels ne serait il pas anti démocratique ? Faire voter Lisbonne deux ans après le référendum, par un parlement fraichement élu n'est il pas anti démocratique ? Cette plainte lancinante, agitée par tout ce qu'on l'on compte comme anti européen (le contraire eut été étonnant) n'est elle pas fondatrice de la demande pour le référendum, pour ne pas dire  pour la démocratie?

    Il y a bien sur l'argument que ce qu'un référendum instaure, seul un référendum pourrait l'abolir. Règle non écrite, portée par les tenants d'une démocratie implicite, mais non fondée en droit, et par aucune constitution: comment caractériser constitutionnellement un sujet ? Par une éthique du politique, par une relation directe entre le peuple et le réel, par une angélisation du politique à son niveau le plus direct: foin des représentations, des élections, en tout demandons au peuple, faisons de la démocratie "directe". 

    Cette idée, ancienne au demeurant, oublie le caractère nécessairement provisoire et encadré de ce qu'on appelle justement le "cratos" du "démos": il ne peut y avoir de décision commune que sur la base d'une limitation dans le temps de son autorité et un méta principe doit guider tous les principes: la régularité des consultations et la confiance que l'on doit accorder régulièrement à un groupe limité d'individus considérés responsables et en charge de la direction de l'Etat. 

    De fait le référendum est possible, mais reste optionnel, à la discrétion des dirigeants provisoires de l'Etat: il ne peut pas fonder le pouvoir du peuple. 

    Et puis un principe fondamental de la démocratie, justement est de ne pouvoir s'abolir elle même: qu'est ce qu'un référendum qui abolirait la république ? Un acte démocratique ? Et bien non. Le principe des élections, qui suppose toujours un mandat limité permet de changer toutes les lois selon l'humeur du peuple. C'est cela la démocratie, et l'instauration du brexit peut très bien être contredite démocratiquement. On ne sait jamais.

    Car ces référendums considérés comme démocratiques, on l'a assez dit sont aussi l'objet d'une méfiance que je viens de décrire: sur un coup de tête, un peuple d'abrutis, négligeant et insultant votent comme leur voisin sans rien comprendre. Seul la représentation intermédiaire responsabilisée est vraiment "démocratique" d'après pas mal de gens. De Gaulle lui même, fut mordu par ce fait là et détruit par les représentations intermédiaires qu'il voulait d'ailleurs supprimer, lors d'un référendum, justement. 

    Et puis il y a le local: le référendum anti zadiste vient de tomber c'est oui pour le nouvel aéroport… La démocratie, celle du peuple soulevé va t elle se dresser contre une consultation à la portée seulement consultative, du fait qu'elle permettra à un état et à une région d'appliquer des décisions de justice édictées depuis vingt ans ?

    Bref, là comme ailleurs ce qui semble démocratique et respectueux du peuple est en fait pathologiquement le signe d'un dysfonctionnement manifeste de cette fameuse démocratie, quand des désaccords absolus et irréductibles se manifestent, et en fait n'arrivent pas à être tranchés autrement qu'en une sorte de sacrifice public, quand on demande au Dieu de décider, le peuple souverain se devant enfin de se manifester, et les pouvoirs de lui obéir: le contraire de la discussion en commun avec le souci du bien public, c'est à dire que tout le monde soit respecté et content à la fin. 

    Car le référendum, c'est aussi et surtout la marque symbolique de l'accord discuté: on veut sceller comme cela les constitutions (ce fut l'objet de 1962 et de 2005), les attachement permanents (ce fut le but de Cameron). Par quel malheur faut il que ce soit l'occasion de détester et de détruire ? 

    Car il y eut des réussites à la manipulation politique. Alors que François Mitterand réussit à littéralement pourrir le référendum de 1972 organisé par Pompidou pour accepter la Grande Bretagne, justement, il réussit, d'ailleurs contre toute attente à nous faire entrer à Maastricht, ce qui inaugura vingt ans d'euroscepticisme… Comme si qu'il soit réussi ou raté, le sacrifice ne faisait que faire retomber sur nos têtes le sang qu'il verse. 

    On se prépare l'année prochaine à sceller par référendum un certain nombre de questions. Une suite de propositions brutales sont sur la table: de grandes décisions sur l'économie, l'organisation territoriale, l'immigration, en suspens depuis trente ans pourraient être tranchées d'un coup. Cela se fera-t-il ?

    C'est pourtant un moyen de traiter un autre type de problèmes qui est celui justement de l'exagération du pouvoir des minorités. Car l'actualité de ces derniers mois consacrée à la loi travail, loi de l'année 2016 (et on se plaint du trop grand nombre de lois, merci à Valls et Hollande), a consacré deux ignominies anti démocratiques: un gouvernement et une présidence privés de toute légitimité (85% de défiance et d'impopularité dans tous les sondages, sur tous les sujets) veut absolument faire passer une loi dont une minorité syndicale agissante exige le retrait quitte à ravager des boulevards entiers de la capitale 3 fois par mois pendant toute une saison. On fait mieux comme démocratie représentative, avec un parlement chargé d'examiner en commission pendant des mois des lois dont une phrase suscite le rejet de tout le monde, y compris, d'après les sondages d'une majorité de la population. 

    On en vient donc à vouloir décider que une fois décidée une décision soit telle qu'on ne puisse décider de son contraire. Cela serait il une définition de l'autorité ? 

    P.S. Kelvin McKenzie, un éditorialiste du SUN qui supporta (tu parles) le Brexit avec sa verve bien connue, regrette maintenant de l'avoir voté. C'est ça la démocratie: il n'y a pas que les imbéciles qui changent d'avis.  

  • La morale de l'histoire

    Après bien des invectives et des provocations, ne faut il pas finalement suivre la piste de Dieudonné et se calmer un peu ? 

    Car le qualificatif de "libéral", quand on y pense, se trouve bien galvaudé et attribué à des choses bien différentes et d'ailleurs à son détriment. Il n'est pas "moral" d'après certains qui suscitent, de par ce mauvais procès, une détestation exagérée, en tout cas excessive, et je suis bien placé pour le savoir.

    Car comment ne pas exploser de colère et de rage quand on entend pour la millième fois l'histoire du poulailler libre, celle de l'argent qui corrompt tout, celle de la finance qui ruine les pauvres, celle des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus pauvres ? Comment ne pas se répandre en insultes obscènes, en sarcasmes nazis féroces quand on entend encore et encore les absurdes préventions contre le concept d'assurance, l'affirmation que le progrès social fut arraché de haute lutte ou que le communisme fut bien intentionné ?

    Publique et décisive, cette détestation confine à la folie et justifie toutes les préventions, c'est le piège de toujours dans lequel on tombe. Car l'injustice est flagrante, et les lieux communs haineux que je décris ne peuvent susciter de ma part que ce qui me semble lui correspondre et qui n'est perçu par eux que comme une immoralisme profond et insupportable. Tu parles. 

    Je ne parle pas seulement que de moi, tout le discours "libéral", alors qu'il n'est qu'honnête réflexion libre et autonome sur le monde, tombe dans le terrible travers de ne paraître que comme égoïsme et immoral, ALORS qu'il n'est précisément que ce qui se soustrait à l'atroce convention immorale de la soumission au tyrannique. 

    Nous avons donc deux immoralismes face à face et la guerre de religion s'allume: pourtant les faillis immoraux peuvent être retournés et l'exigence morale changer de camp, au bénéfice de la liberté. 

    Comment changer de discours au point de renverser la malédiction et de faire à nouveau de ce pays ce qu'il a toujours réussi à être à chaque fois suffisamment longtemps pour continuer à exister ? 

    Car la situation est dangereuse et ce n'est pas que la France qui est touchée: tout l'occident est face à ce qu'il a suscité de par sa force: une libération économique et sociale qui pousse le monde entier, lui compris à rompre avec toutes les traditions, toutes les prudences et tous les bon sens. Pire: des forces souterraines font que à nouveau, les gens ne sont plus maitres de leur destin et se confient au hasard de l'histoire, sans réfléchir ni même concevoir ce qui peut les attendre.

    On ne peut se contenter d'exprimer ses opinions dans le petit théâtre convenu des mondes stables: elles suscitent au hasard des rencontres des exaspérations terribles et dans tous les sens. Comment supporter une vieille dame qui plie des vêtements pour les réfugiés ? Un jeune qui écoute Lordon à nuit debout en pensant refonder la démocratie ? Un conducteur de la SNCF en grève pendant les inondations ? De partout, une impression catastrophique de fin du monde nous saisit et nous pousserait à la violence si on pouvait.

    La police en charge de au moins contenir les bris de vitrine se fait alors agresser par des migrants en colère, des jeunes révoltés qui leur lancent des bouteilles d'acide, et insulter par des manifestants en délire contre une loi qui ne n'a pas d'effets. Comment l'aider ? En faisant en sorte, par des attentats à la bombe multiples contre tous ses ennemis, que submergée par le nombre de morts et le regain de popularité (ou pas) qu'elle en tirera, elle soit encore plus impuissante ? Rêves funestes et inutiles, propres à horrifier la vieille dame, conforter le jeune rêveur de la nécessité d'une autre monde, sans parler du ricanement du cheminot, immédiatement en grève contre ma provocation.  

    Provocation contre provocation et absurde contre absurde. Pourtant, au demeurant, n'y a t il pas asymétrie ? Car qu'est ce qui motive les 3 revendications objets de ma détestation ? L'ignorance par la petite vieille des problèmes qui frappent ses compatriotes pauvres et très pauvres, désormais en compétition avec des étrangers arrivés d'hier, l'ignorance crasse des principes économiques de base des jeunes idéalistes, et la rapacité cynique des militants de la SNCF. Qu'est ce qui motive les sale fascistes en éruption déclarés ennemis ? La perception d'un pays à la dérive, de l'abandon de la nation à des étrangers, du cynisme ou de la folie de leur dirigeants. Quels sont alors les sentiments les plus humains dans ce débat? Les plus responsables ? Les plus moraux ? 

    Et bien la claire conscience de sa responsabilité d'électeur, de citoyen, d'humain rationnel soucieux du bien ne peuvent que refuser, pour des raisons morales, une telle situation. Il ne s'agit pas de fascisme mais d'une révolte du bon sens, qui doit être comprise, et aussi être maitrisée, du moins par ceux qui bien qu'ils partagent l'exaspération, ont autre chose dans l'esprit que l'abandon et le pire inéluctable. 

    Les "fascistes" viennent de loin. Ils sont les basses classes françaises, communistes pendant tout le XXème siècle et résolument étatistes. Privés de direction par l'effondrement du communisme comme carrière (sans l'URSS pour subventionner on peut plus se forcer à mentir) ils sont à la dérive, aujourd'hui la proie du FN mais pas que.

    Alors que traditionnellement on associe à la gauche l'humanisme respectueux envers les pauvres, quitte à exagérer en matière de ressources collectives à leur accorder, et bien il semble que cette considération du réel du malheur se trouve avoir cessé: le parti du progrès se tourne maintenant vers l'irréel, voire le surnaturel, décrit ici par le souci du lointain, la considération d'une politique sans politiciens, et bien sur le plus abject cynisme des syndiqués employés de la CGT, qui confine actuellement au satanisme. On en est à assister passif à la destruction des vitres d'un hôpital: après s'être plaint par voie d'affiche des violences policières, on encourage ceux qui n'aiment pas la police à empêcher de dormir le fils d'un couple de policiers assassinés.

    Qu'est ce qui peut motiver une telle rage ? Et bien la même chose que ce qui me révolte, et pour des raisons qui sont à la fois similaires et opposées. De fait la révolte contre ce qui me sidère est prise en charge par mes pires ennemis, ceux de l'autre coté et pour des raisons contraires. La même rage et des raisons autres contre le même ennemi. Quel est cet ennemi là, quel est ce mal qui conjugue toutes les oppositions ? 

    Car c'est le parti du bien qui est devenu immoral, voilà le fond de l'affaire. A partir de là la contre offensive idéologique et communicationnelle contre ce qui avait vaincu peut se dérouler et anéantir dans l'esprit d'une opinion fragile les derniers aspects positifs de l'impossible fusion entre le social et le démocrate, le seul conflit qui vaille étant maintenant celui avec le gauchisme, celui qui assume l'extrême autoritarisme économique, le seul ennemi qui vaille maintenant étant le regroupement avec le Front National de tout ce qui reste de la connerie nazie et communiste du XXème siècle: ils sont le mal et il faut le leur dire en mettant en avant les vraies souffrances: chômage, pauvreté des français, la souffrance nationale redevient le critère de formation des opinions, et pour résoudre ces problèmes, il faut maintenant créer des richesses, et au nom du bien.  

    On doit gloser sur le fameux diagramme de Nolan, un classique des sciences politiques, qui met le libéralisme sur deux axes, culturel et économique, quand la liberté est à la fois, mais dans deux directions différentes, recherchée pour les individus ou pour les entreprises (ça c'est Nolan), quand on partisan de l'autorité en matière individuelle ou collective, bref, tous les débats du monde, avec leur qualifications montantes ou descendantes s'entremêlent pour le plaisir (ou la fureur) de nos disputes.

    Assis sur le libéralisme culturel, la domination de l'assistance économique généralisée, a ruiné le pays et il faut s'en débarrasser. L'association de l'extrême droite à ce mouvement, marqué par son passage intentionnel au libéralisme culturel le plus moderne (homosexualité, rejet du père antisémite, et pratiquement une lutte anti raciste). L'alliance des gauches est imminente, et il n'y a guère que l'immigration pour séparer encore ces partis amalgamés de fait du fait de leur cynisme, et encore, son arrêt serait la fin d'un fromage.

    On peut alors gloser maintenant sur l'alliance de fait entre les socialismes et l'extrême droite, commode épouvantail à qui on identifiait l'ennemi avec hypocrisie: en dénonçant son racisme on dénonçait indirectement le libéralisme de la véritable alternance qu'on faisait tomber à coup de triangulaires au second tour des élections. Suscité précisément pour réaliser cela, l'épouvantail est devenu maintenant tellement puissant qu'il se prend à rêver de pouvoir: et bien il va s'allier non pas à la droite traditionnelle, avec qui il ne pourra jamais partager son autoritarisme économique, mais bien avec son créateur avec qui il a maintenant tout en commun. 

    On avait évoqué le fait que l'immigration, ni culturelle (elle pourrait être libertaire, s'il n'y avait l'islam) , ni économique (elle pourrait être libérale s'il n'y avait les allocations) séparait encore la formation des opinions. Non classifiée par Nolan, elle fera donc la différence, et en faveur de la droite libérale traditionnelle, qui doit bien sur se maintenir ferme sur son conservatisme culturel et exiger assimilation, statistiques ethniques et contrôle aux frontières. Elle doit donc se montrer impitoyable sur ce sujet et ramasser la mise, la gauche rassemblée derrières ses pratiques sexuelles dégradantes et son assistance sociale corrompue ne pouvant que quitter l'histoire. 

    Un autre point est bien sur l'autoritarisme moral, ennemi du libéralisme culturel d'après Nolan, et qui me piège horriblement: dois je pour me soustraire à la GPA et à l'imam de Bordeaux me faire catho tradi, et communier tous les jours? Et bien le libéralisme pur (économique et culturel, fédéraliste et islamo naïf) n'est pas plus mon fait que le capitalisme du vatican: la liberté c'est se soustraire aux idéologies, et le communautarisme libertarien, sans nation, sans volonté générale, en est une, tout comme l'infaillibilité du pape de 1870 qui ruina en fait toute prétention à une autorité morale personnalisée, prend ça pape François ! 

    Au nom de la liberté, donc, je me dois de me soustraire aux injonctions de me plier à quoi que ce soit, y compris de respecter absolument un principe, y compris celui de l'anarchie, dont je me crois libéré ! Conservateur libéral, certes, mais ennemi du libre échange absolu et du moralisme autoritaire.

    Ma morale est celle de l'autonomie et donc de la capacité d'exercer un jugement sur absolument tout, sans obéir à aucun ordre: la seule qui vaille, celle de la liberté ! 

    Nous sommes à un an d'une élection importante, et la situation économique n'est pas fameuse. La situation morale non plus, et il semblerait: il nous faut y remédier ! 

    P.S. Au sujet de la rapacité des syndiqués de la SNCF. Confrontée à sa mise en concurrence future, et en cours de réforme pour cela, elle bloque partiellement le pays après avoir court-circuité sa direction pour discuter directement avec un état failli qui par ailleurs est prêt à tout pour faire passer un loi croupion refusée pour cela. Les milliards s'allongent et les revendications absurdes (les avancées sociales arrachées sur la base d'un existant déjà farce tournent à la pornographie) s'obtiennent sans relâche, la grève ne s'arrêtant pas pour autant, un fer se bat jusqu'au bout. 

    Un homme prend alors la parole sur France Culture et sur la base de la "question de la solidarité" oppose concurrence et service public. Le reflux gastrique éprouvé tourne à la crise de folie furieuse: l'homme est syndicaliste, à la SNCF.   

    P.S. Il n'est pas sur j'aie réussi à me remettre en paix, comme prévu au début du texte: la chose est complexe et n'est pas débrouillée. Il nous faudra reprendre tout cela. 

  • Les théories de la Religion

    On lit ici la revue MAUSS pas mal disponible comme un donné donné dans l'Internet et je les en félicite. 

    http://www.revuedumauss.com.fr/media/P22.pdf

    D'abord, il faut tirer sa révérence à Durkheim: sa religion à lui est une tranfiguration du lien social par la distinction sacré profane, elle est le système des choses sacrées qui unifie la société. Les rites entretiennent la société et font vivre les dieux. Bref, une théorie sociologique et au combien du religieux et de la religion. Durkheim soutient ainsi le "rôle décisif de la religion"  comme ciment de la société 

    On parlera de Jules Monnerot, hélas théoricien tardif au Front National, et qui unifia idéologie communiste et Islamisme, comme idéologies support de croyance et d'espérance et surtout de domination politique.

    Elle fut combattue par Anna Arendt, ennemie du fonctionnalisme (qui assimile les talons aiguilles aux marteaux car ils enfoncent les clous, pas mal)  et qui refuse absolument la réduction du religieux au sociologique. On a donc les deux types de conceptions fonctionnalistes et essentialistes, la religion s'expliquant ou se trouvant irréductible. 

    On parlera de Derrida, qui introduit des concepts duaux, ceux qui vont nous passionner, la duplication du concept étant ce qui fait plaisir et ces réflexions là sont plaisantes. Il distingue les expériences de croyances de celles du sacré.

    Il faut mentionner Agamben, et son homo sacer, homme impur qu'on peut tuer sans crime (cela me rappelle un verset du coran). Paradoxal disait le poète Macrobe, qu'on ne puisse souiller une chose sacrée alors qu'on peut tuer un homme sacré. On voit donc le sacrificiel se profiler à l'horizon. 

    On a ainsi les dualités sacer/sanctus, hagios/hieros, relire/relier, bref les mystères binaires nous envahissent. Disons que toutes les théories du religieux butent sur sa dualité individu/collectivité, impossible à expliquer/penser. 

    Il faudrait parler de Girard, avec son sacrifice de résolution de la violence, fondateur de la société. Et c'est là que le grand désaccord s'installe: il y a des anti girardiens. Prisonnier bien sur de la dualité, Girard en est un extrémiste: il supprime la divinité (un artefact) et le symbolique religieux (devenu totalement caché et donc absent). 

    Un point important est que le sacrifice concerne les sociétés de pasteurs/agriculteurs, et pas les chasseurs/cueilleurs. 

    Et puis il y a Gauchet et sa sortie de la religion. Mais avant il la définit, et parle bien d'une politique cachée, celle de l'hétéronomie de l'origine qui régit tout. Il théorise alors la disparition de ces conceptions, la sortie de la religion caractérisant le monde moderne, qui il faut le dire, récuse toute normativité pour ce qui concerne ce qui fait sens et c'est tout le problème, l'agir collectif devenant alors impossible faute de motivation.

    C'est alors qu'apparaissent comme systèmes explicatifs, les théories du don.

    On s'était moqué ici des néo catholiques et de Derrida, adeptes du jeu de mot au point d'y sombrer corps et bien. On rappellera Derrida au sujet de Mauss, la théorie qui se prend pour une théorie du don et qui se donne comme une théorie du prendre, toutes les variantes du "es gibt" il y a, il se donne, Marion et tout le heideggerisme à deux balles qui fit tant furher. Ces ridicules de grands esprits furent moqués cruellement, peut on en rajouter ? 

    Le don c'est autre chose, pratiquement un vocabulaire. D'abord sa ternarité au sens de Pierce: A donne B à C. Cette ternarité fait qu'il y a plus que l'échange, plus que la réciprocité, il y signification autre, c'est la relation "intentionnelle", d'ordre supérieur. On passe donc à la ternarité, au triolisme, au triadisme, au tridentisme.

    Car le don est complexe: il est donner, recevoir et aussi rendre. La première aporie du don, par Mauss lui même, est le mystère et le paradoxe du rendu: qu'est ce que la réciprocité face à un don gratuit ?

    Car le don n'est pas l'échange, et il faut tous les refus à l'ennemi qu'est la finance pour réaliser cela: toute la philosophie se trouvant ainsi scotché sur cette position, la gratuité étant le mode suprême d'existence des biens communs ceux qu'on attribue suivant les besoins, on s'est compris. Par conséquent, le réciproque est impensable et c'est tout le problème. 

    Une approche est de différencier les dons: il y a le cérémonial réciproque, décrit par Malinowski chez les Trobriands, les primitifs libertins, le don gracieux (le cadeau d'anniversaire), le don solidaire (l'aide aux migrants). Le cérémonial rituel étant réciproque est il un échange en fait ? C'est toute la question. 

    Mauss dit que non, et tous les non utilitaristes aussi, la chose étant un échange particulier, de symbolique, de reconnaissance mutuelle, de liens. Il s'agit de politique et non d'économique ou de morale, en tout cas il est agonistique et la réciprocité est triadique, car établissant la volonté de ne pas sortir d'un jeu, forme supérieure de l'accord social. En tout cas, il ne s'agit pas, contrairement à toutes les accusations qu'on peut lui faire d'échange marchand en quoi que ce soit. 

    On remarquera une dualité avec les natures possibles des dettes: réplique, gratitude ou dépendence. 

    Revenons aux chasseurs cueilleurs: ils ont passé alliance avec la nature tandis que les pasteurs agriculteurs ont une dette envers les dieux et doivent rendre leurs animaux domestiqués en les tuant pour rendre ce don là irréversible.

    Que de débats au sujet de l'argent. Platon détestait les sophistes qui faisaient commerce de la vérité. Or j'ai un tee shirt qui dit: "Scientia donum Dei est et vendere non potest". Aristote reconnait l'argent comme mesure de l'échange et donc de libération et d'indépendance du prestataire, mais pas le profit, identifié à une action illégitime du temps: le temps appartient à Dieu et ne peut/doit être vendu ou utilisé pour modifier les attributs des choses de par l'usure. Le temps n'est pas un agent (elle est bonne celle là, l'ontologie ça c'est une manière de penser).

    Et puis l'argent, on le sait bien ne lie pas les communautés (sauf la libérale, avec son honteux poulailler, les poules ne se vendent pas entre elles). Pour échapper au communisme il nous faudrait une modernisation du don cérémonial pour se reconnaitre mutuellement sans se donner de biftons: sans rire, c'est ça le post capitalisme actuel et il a des conséquences et des théories multiples. 

    Mais le religieux là dedans? Et bien le vocabulaire ternaire du don fait en fait merveille: d'abord le sacrifice est bien un don aux entités supérieures, et le religieux c'est d'abord cela: un extérieur à qui on se relie. On peut dire et la formule est magnifique est que la religion est "une socialité avec l'invisible", le symbolique étant ce qui règle ces échanges là entre la société des hommes et la société des dieux. Dons cérémoniels, gratuits et de dépendances s'y épanouissent magnifiquement. Nous pouvons donc penser le religieux. 

    Et bien l'ampleur et la hauteur de vue de cette approche est assez saisissante: on a ici de quoi nourrir les plus complexes des conceptions. D'abord que le religieux peut être assis sur quelque chose de plus large que sa définition traditionnelle, assise exclusivement sur le surnaturel et les conceptions de la mort. On peut ainsi s'adosser à un mécanisme fondamental de l'action humaine, sur une pratique essentielle des hommes les uns vis à vis des autres: le don en général, caractérisé par des motivations à la fois semblables et radicalement différentes. De là on peut décrire les rapports avec le surnaturel, l'expression "socialité avec les invisibles" étant particulièrement illustrative.

     Car l'invisible est bien sur une évidence, son existence sociale, historique ne pouvant être mise en cause, tant il est partout, sous toutes les formes. Comment nier sa présence, sinon dans un discours lui même d'évidence ? Surtout que ce discours mérite d'être confirmé sans arrêt, car partout l'invisible resurgit, tout le temps, et maintenant sous des formes d'autant plus éloignées des divins traditionnels que l'incroyance généralisée et l'effondrement des symboliques traditionnels sont généralisés.  

    C'est alors que la distinction entre religieux et religion peut se manifester, mais sous la forme d'une question. Reste t il du religieux après la fin de la religion, et comment se donner autre chose que de l'argent sans qu'il y ait de Dieu ? 

    La question, là je pars en roue libre, est d'importance, car elle consacre l'examen de la possibilité ou non de se passer du religieux pour faire société au delà du capitalisme, sans bien sur se passer de celui ci.   

     

  • L'affaire Dieudonné

    Alors que "Ce soir ou jamais" est arrêté (l'homme blanc de cinquante ans qui la  présentait, Dominique Taddéï était un fasciste, en plus), on se prend à évoquer ses grandes heures, et on tombe sur un entretien électrisé entre Dieudonné (une de ses dernières, sans doute, prestations à la télévision) et deux avocats dont maitre Thierry Levy, défenseur du droit par rapport à tout le reste allant même à l'occasion jusqu'à accuser avec véhémence les accusateurs des pédophiles, bref, un avocat fanatique. 

    L'échange a plusieurs phases et je voudrais les commenter. Mais d'abord une remarque générale: Thierry Levy finit par l'affirmation du nécessaire combat contre Dieudonné, bien que celui ci soit venu "en paix" (il avait déjà adopté cette posture, "christiano-africaine" et qui a le mérite d'être "correcte" globalement).  C'est la fameuse phrase du "d'abord il y a les insultes, ensuite les lois, et ensuite les coups"). Dieudonné alors éclate de rire, d'un rire presque léger, sans le caractère gras et cruel qui accompagne souvent ses saillies méchantes. Il y avait pourtant de quoi, il avait gagné. 

    Mais remontons en peu en arrière. On finissait par l'identification de Dieudonné avec un combat politique, celui avec le Front National, celui avec Faurisson. Accusation un peu brouillonne, et Dieudonné n'y répond pas. L'accusation, qui évidemment ne correspond pas à la réalité est au pire indirecte: Dieudonné par son humour supporterait indirectement la formation d'opinions en rapport avec ce combat politique là. Car on ne peut bien sur établir sa participation coordonnée avec un parti ou une organisation souterraine révisionniste, ce que d'ailleurs personne ne prétend. Il faut d'ailleurs différencier les deux accusations, l'assimilation au FN, donc au révisionnisme étant, malgré la condamnation de Jean Marie Lepen dans l'affaire du "détail", quelque chose d'un peu bénin, tout de même. 

    Bien que (il n'avoue pas si ce fut effectivement le cas) Dieudonné avait annoncé que Jean Marie Le Pen était le parrain de son fils prénommé Judas, le flirt avec le FN, que Dieudonné avait énergiquement combattu en son temps, ne fut que rigolade, et Dieudonné, d'ailleurs avec Soral, avait poussé la plaisanterie à visiter l'Iran, fallait le faire et c'est très au delà. 

    Je me souviendrais toujours de cette visite au centre Chiite Zahra, avec des jeunes gens barbus déguisés en Ali, et Dieudonné portant je crois le bonnet de bain, faire "salamalikoum mes frères". Quoiqu'on en dise, c'était furieusement drôle et je ne doute pas une seconde que Dieudonné se soit pas marré comme un fou à l'occasion.

    Continuons: la présence du gâteux Faurisson lors d'un spectacle fut une provocation théâtrale, et si elle favorisa au nom du rire le droit de cité d'une opinion douteuse, elle ne fut qu'une provocation contre une loi, elle parfaitement infâme, voulue par un communiste (cela parait presque incroyable que cette loi liberticide fut celle d'un admirateur  des pires crimes de l'histoire)  et qui limite la liberté d'expression, on continue d'en parler donc. Oui Dieudonné joua avec le fait que la réalité de l'extermination nazie pouvait être remise en cause, mais il joua. 

    On en revient donc à un humour ravageur, qui fut extrêmement drôle, la présentation de Faurisson étant le caractère principal de cette drôlerie: il fut lui aussi le dindon d'une farce qui ne fut à aucun moment un appel à la violence et plutôt une mise en scène provocatrice qu'en d'autre temps, plus tolérants, on aurait accepté en riant. Et d'ailleurs, ce spectacle, j'y ai assisté par internet, et j'ai ri. 

    Comme si en fait, du fait même de la liberté médiatique donnée par l'Internet, il fallait "symboliquement" (comme si le symbolique avait encore quelque valeur, on peut en parler) marquer une interdiction qui ne pouvait avoir lieu. L'audience effective de Dieudonné ne fut pas limitée, et il n'eut, et c'est d'ailleurs pour cela que c'est encore plus inacceptable, qu'à payer quelques amendes pour en disposer. Car il faut gloser sur le hiatus scandaleux (ici encore doublement imposé) entre la dénonciation de l'inqualifiable et le peu d'effets autre que "symboliques" qui en résulte, un ostracisme finalement inefficace réduit à ce que l'on contrôle encore, la télévision... 

    Tout le reste est public, vu par ceux que cela intéresse, et introduit la fin de l'âge de la télévision, maintenant remplacée et ce n'est qu'un début par une autre manière de consommer les médias, débarrassée des prescriptions morales, voire des discours publics (imaginez que Dieudonné fut l'ennemi personnel d'un premier ministre, qui organisa un cabinet noir pour le poursuivre, plus de solennelles déclarations publiques qui faisaient zapper, gênés, les audiences des 20 heures...).  

    Car l'internet révèle la réalité du blasphème, de l'offense: en fait une série de pantalonnades provocatrices, menée par un orgueilleux sur de sa drôlerie et avec raison: il moque le sérieux, l'emphase et la prétention au bien. Qu'il le fasse en prétendant à son tour un réel imaginaire tout aussi prétentieux et ridicule et bien il y a arrive aussi, et intentionnellement: Dieudonné est donc un maître en significations multiples et il n'a (presque ) pas manqué de bon gout.

    Car il a tout de même dépassé certaines limites. Dans l'expression. A plusieurs reprises, voire de manière continue, il céda, c'est clair, c'est sur l'internet, à la véhémente logorrhée antisémite "classique", celle que reconnaissent tous ceux qui fréquentèrent, même sans l'avoir vécue, la terrible histoire du siècle dernier. Il le fit sans cette culture, je pense, même si rien n'y manquait: le protocole, le complot, l'argent et tout le reste. Il se documenta, je pense, chez plus littéraire que lui (Soral lui, prit le temps de se renseigner en détail sur cette période) et donc se laissa aller. Grassement avec l'humour qui était le sien, mais hélas dans ces phases là, en cessant de raconter ses histoires à lui, et cela devint insupportable: il traita le thème complètement, il faut le lui accorder. Zap.

    Puis il se repris: quelqu'un le sauva je pense,(à moins que ce ne soit une baisse d'audience) et il tenta, il tente toujours, de redevenir ce qu'il est, plus "gentil" comme on dit. 

    Car l'homme est porteur d'une grande richesse humaine, celle précisément (là c'est moi qui vais déraper) de l'africain noir marqué par des racines chrétiennes, et possesseur de ce fait d'un recul supérieur quand à l'injustice du monde et des hommes. Généreux, mais aussi exigeant, il est implicitement porteur d'une culture morale globale, parfaitement orgueilleuse et qui s'est toquée de refuser la soumission publique à ce qu'il reniflait comme un mépris.

    Je déteste Soral, ne suis pas antisémite, fut gêné par la comédie (un peu trop sincère, lui aussi est victime du ressentiment) "antisioniste" de Dieudonné. Mais quoi, il prenait soin de faire rire, et bien mieux que bien des blagueurs du même terrain de jeu. Du fait même de leur prudence, il se trouvent castrés: l'ombre de Dieudonné recouvre tout  l'humour de cette sorte et le condamne à ce qu'il est: une petite échelle qui n'a plus beaucoup de vrai intérêt. A ce propos, la personne de Sophia Aram mérite d'être citée. C'est le pire de ce que l'on peut imaginer comme contraire de Dieudonné, à l'avantage et à l'honneur de celui ci, service rendu au pouvoir en place compris.

     

    On continue avec la contradiction qu'on lui apporte chez Taddéï: la preuve que Dieudonné ne lutte pas pour la liberté d'expression, c'est qu'il fit des procès...  L'un des procès en question, Dieudonné l'évoque, fut celui fait à Marc Olivier Fogiel, pour avoir fait un sms (on ne twittait à l'époque) évoquant "ce qu'on dirait si on parlait de l'odeur des noirs". Là Dieudonné prend un air offusqué. Il essaye, sans doute sincèrement, de revenir à l'origine: sa position confortable d'antiraciste patenté, contre le seul racisme à ses yeux, celui qui concerne les noirs. Le noeud du drame médiatique se noue alors sous nos yeux ébahis, les éclats de voix se multipliant, jusqu'à la conclusion déjà décrite et le rire de Dieudonné... Cela n'a rien à voir disent ils tous !

    L'analyse de cette confrontation là est toujours d'actualité. D'abord, le sms de Fogiel apparut "bien intentionné": en évoquant une situation fictive, sensée (dans son esprit à lui) être "équivalente" du point de vue de la perception victimaire à celle produite par une plaisanterie sur la Shoah, il aggrave son cas en fait, et c'est cela le problème.  Car pour Dieudonné, "cela n'a rien à voir" et DONC l'évocation de l'odeur, comme si il pouvait être possible d'en parler, était d'emblée une manifestation raciste qui devait être condamnée quelque soit son intention, et quelque soit ce qu'il pouvait dire par ailleurs, dans la mesure où là cela ne pouvait être "possible". 

    On a là une bifurcation. Une voie mène à l'équivalence des crimes, l'autre à leur stricte asymétrie. Dans les deux cas, une autre bifurcation, suivant que dans l'un, on soit indulgent ou impitoyable, et dans l'autre que l'on soit partisan de l'un ou l'autre des cotés.

    Indulgent pour toutes les provocations, on pourrait l'être: l'odeur des noirs, qui d'ailleurs n'est pas toujours désagréable, en fait bien sur ça dépend des noirs, même si les peaux sont différentes forcément, bref, on peut vite tomber dans le mauvais gout, bon passons. La mort supposée des juifs qui se plaignent tout le temps, les exagérations des colons israéliens, on pourrait pouvoir en rire, en passant des messages, si c'est drôle pourquoi pas... Bien sur, il y a des combats en cours et de la haine et tout ce qu'on veut, mais quand c'est drôle d'abord, que c'est fait en occident, qu'il n'y a pas d'appels à la violence quoiqu'on en dise ? 

    Impitoyable pour toutes les expressions de la haine d'autrui, destructrices du vivre ensemble et surtout des susceptibilités ombrageuses de tous les minoritaires, voilà l'alternative: la réglementation de tous les humours, de toutes les allusions, la perpétuelle paranoïa communautaire, bref, on y est un peu tout de même: tétanisé par le soupçon de racisme, prêt à tout accepter de peur d'être stigmatisé (vous voyez ce que ça fait hein ?). 

    Cela dans un monde qui majoritairement occidental n'a pas demandé non plus à devoir vivre en faisant attention à ne pas vexer des gens qui pourraient rentrer dans leur pays ou être plus timides, vu  leur nombre et un passé raciste qui pourrait se réactiver, on ne sait jamais. C'est ce que je pense, et il va falloir reprendre la main. Ce qui est arrivé à Dieudonné, à mon avis injuste, et que d'ailleurs il soutient, en quelque sorte, à cette occasion, lui montre bien que cela ne peut être souhaitable ! 

    On arbitrera difficilement en faveur de Dieudonné dans la guerre totale: l'odeur des noirs est bien plus réelle que le complot juif pour la fabrication des preuves de leur inexistante extermination. Mais d'autre part, la haine folle de l'establishment judéo socialiste, euh socialisto judéen, bon, le lobby juif en France, contre le pauvre Dieudonné est tout aussi complotiste, tout aussi folle, surtout quand il s'applique à un humoriste, peut être le dernier qu'on puisse trouver en France... Qu'en est il de l'antisémitisme des banlieues, porté par une immigration inféodée à une religion régressive ? On s'en moque, il se terre dans les zones géographiques cédées par les élus de gauche aux salafistes. Contre qui lutte on ? Contre Dieudonné... 

    Revenons à ce dont Dieudonné semble persuadé: que l'odeur des noirs ne peut pas faire partie du discours public, et que l'on peut dénoncer les complots juifs ouvertement. N'est il pas pris à son piège ? D'une certaine manière, et peut être certains ont préféré un antiracisme classique à la folie noire américaine qui nous pend au nez: que ce passerait il si on avait le post colonialisme à tous les repas ?  De ce point de vue, l'establishment juif arriverait ainsi à maitriser le discours public, au nom du combat exclusif contre l'anti antisémitisme classique, celui issu de la deuxième guerre mondiale. Un pis aller ? Jusqu'à quand ? 

    Et bien Dieudonné y fut sacrifié et cela est profondément injuste, je le redis, même si cela n'a pas de vraies conséquences, l'internet ayant rendu tout cela visible. Car il y a d'autres régulations en cours, il nous faut l'admettre, et le discours moral public, plus que jamais éclaté, est maintenant soumis à l'accès direct des âmes à l'information.  

    Pour conclure il me faut parler de la quenelle, la fameuse sodomisation des victimes de la shoah en forme de salut hitlérien renversé. D'abord je n'arrive pas à me souvenir si c'était un footballeur qui fut interviewé récemment devant une bibliothèque qui portait mis en évidence un exemplaire du protocole des sages de sion. Le plan, de quelques secondes, en fut une... Et bien un de mes commentaires passa sur un article de Saphir News au sujet de la spiritualité musulmane à destination des jeunes et qui citait un verset neuneu mentionnant l'amour divin (le 3.31).

    http://www.saphirnews.com/L-amour-de-Dieu-cle-d-une-education-epanouissante_a22392.html

    Je fis remarquer, (c'est une théorie), que ce verset était bien entouré de deux autres versets (3.28 et 3.32) qui eux menaçaient les infidèles, du moins si on les lit. Ah quelle belle invention la quenelle ! 

    P.S. Qui plus est, je me suis permis de la renouveler au sujet de la fête des voisins recommandée au nom de l'islam par une femme au nom français qui cite 4.36 en remplaçant "les esclaves", pour ceux à qui faire du bien, par "ceux qui sont en possession par voie légale" (ce qui est le comble du cynisme). 

    http://www.saphirnews.com/Fete-des-voisins-de-l-importance-du-voisinage-en-islam_a22430.html

    Je massacre la dame avec délicatesse en citant 4.34 ("frappez les", les femmes) et 4.37 (le châtiment avilissant pour les mécréants, j'en tremble encore). 

    Combien de temps encore pourrais je continuer de me foutre de la gueule de ces crétins ? Autant que Dieu voudra ! 

     

    21 Juin 2016: Dieudonné condamné en appel pour avoir dit qu'il se sentait "charlie coulibaly". Honte aux scandaleux crétins qui judiciarisent les plaisanteries qui nous font rire: mort aux cons ! 

  • La chaîne des blocs

    Il est assez difficile de comprendre comment marche vraiment la chaîne des blocs, et j'avoue, au moment où je commence cette explication, ne pas y être encore arrivé. 

    On passera rapidement sur le mot clé ("bit coin") qui fait comprendre en deux mots la chose (ah oui!). Une monnaie artificielle, inventée par un japonais anonyme. Il parait qu'on pourrait s'en servir pour ubériser uber. Bref le brouillard complet. Comment diable cela peut il marcher ? 

    On va donc commencer par introduire des "blocs de compréhension" et après les avoir compris, on les chainera entre eux, pour arriver à l'illumination.

    Une référence: l'article original, assez court et finalement très lisible:

    https://bitcoin.org/bitcoin.pdf

    Introduction

    La chaîne des blocs est décentralisée: c'est sa fonction. Elle est un objet produit par une collectivité mue par ses intérêts et globalement digne de confiance, globale et mutuelle, du fait de la mise en oeuvre d'un protocole précis.

    Idéologiquement elle est l'exemple parfait de la validité de l'idée libérale, qui énonce la possibilité d'un contrôle collectif sans autorité. Le monde peut vivre sans Dieu, prophète ou soviet suprême, simplement en échangeant de l'information suivant certaines règles. Ces règles sont à la fois globales et locales.

    Globales car, universelles et connues de tous, à accepter suivant un principe de confiance mais aussi de respect de l'existant connu de tous, c'est à dire de ce qu'on appelle l'autorité au sens strict.

    Locales car appliquées par chaque individu sans concertation ni obéissance à une synchronisation venue d'ailleurs. Un texte formel appliqué qui suffit à générer sans intention bonne ni intervention d'un pouvoir magique, le souhaitable et donc le bien. 

    Cette décentralisation absolue de la confiance est la mort du "tiers de confiance" ultime justification de la nécessité d'une centralité agissante dans l'ordre du monde. Nous étions sans Dieu, nous voilà sans notaire. Alors que le fonctionnement même de l'Internet, réseau d'acteurs anonymes sans savoir ni responsabilité qui permet et d'ailleurs rend possible la communication universelle, était déjà une exemple du concept, nous avons ici la couche d'après, celle qui instaure non pas seulement la liaison, mais la confiance entre les hommes. Je te crois parce que c'est prouvé mathématiquement. Merci Satoshi Nakamoto. 

    La hache

    D'abord une technique classique, consubstantielle à la pratique de la belle pensée nommée informatique: le hachage.  Le mot français pour exprimer la signification anglaise (ou anglo-saxonne) est parfaitement adapté: l'algorithme en question consiste effectivement à couper des cheveux en quatre puis de les mélanger et de recommencer un certain nombre de fois. Le caractère "dièze" (#) pourrait être appelé "hachis" tant il exprime l'opération fondamentale de découpage systématique qui consiste à transformer une chose en un magma d'apparence hasardeux et dont personne ne peut rien faire. Car il faut le dire, et cela n'est pas évident, on ne peut inverser l'algorithme: à partir d'un hachis donné, le nombre d'objets susceptibles d'être hachés en ce hachis de la manière dont on hache est bien trop grand... Par contre, l'application du hachage à un objet est fait assez vite et on peut donc vérifier la validité d'un hachis. Un calcul peut ainsi être unidirectionnel. Non pas NOWAY, mais ONE WAY.

    Hacher pour travailler

    Ensuite une autre technique classique pour éviter les attaques par saturation d'un service donné: on fait faire au client du service une opération protocolaire assez courte, d'une durée équivalente à celle mise en oeuvre par le serveur lors de la consommation du service. Ce travail supplémentaire, qui passe inaperçu, permet d'éviter que le client ne demande trop souvent le service en question: il se retrouverait alors en charge d'un travail équivalent à celui du serveur. Une attaque par saturation, ainsi, se saturerait elle même. 

    Le travail à faire, assez basique, consiste à consommer bêtement de la puissance de calcul en calculant des hachages de nombres successifs jusqu'à ce que le résultat commence par un certain nombre de zéros. Cela arrive fatalement au bout d'un certain temps, merci à l'ensemble des entiers naturels (mais qui a donc pu inventer un truc pareil?).

    En fait on hache la concaténation de la date, de son nom et de l'entier à incrémenter.  Le nombre de zéros qui décide de la fin du travail est choisi suivant la charge du serveur, qui peut ainsi décider à loisir de charger son client, voire de le saturer, un nombre de zéros requis trop important pouvant plonger l'attaquant dans des réflexions qui peuvent devenir éternelles (ou assez proche de) et ça se calcule. 

    Toute les théories des nombres disponibles actuellement garantissent (et sinon, soyez en sur, cela se saurait) qu'il est absolument impossible de faire mieux que des essais successifs pour réaliser la tâche en question. Un tel système est nommé une "preuve de travail": lorsqu'à partir d'une donnée donnée un impétrant exhibe le nombre de zéros, ce qui se vérifie instantanément, on peut être sur qu'il a fait un effort statistiquement proportionnel (enfin presque, en relation exponentielle plutôt) au nombre de zéros demandé. 

    On notera au passage la merveilleuse caractéristique, propre à toutes les théories de la complexité, et qui est la différence entre réalisation et vérification d'un travail: l'une peut être effroyablement difficile, c'est à dire fastidieuse et surtout longue, l'autre est instantanée. Quelle injustice ! Alors qu'il suffirait de "deviner" puis de vérifier pour résoudre tous les problèmes du monde... 

    Les clés publiques et privées

    On rappellera que "crypter" ne veut RIEN dire que "décrypter" signifie décoder un message secret sans connaitre la clé de chiffrement. "encrypt" and "decrypt" sont les mots anglais. On dit "chiffrer" et "déchiffrer" en utilisant une clé pour les codes dit "secrets" et le "encrypt" anglais se traduit par "chiffrer"... On ne dit pas "cryptage" mais "chiffrement" traduit par "encryption".

    On passera rapidement sur les couples indissolubles des clés publiques et privées générées simultanément de manière à ce que symétriquement (alors que ce chiffrement là est qualifié de d'asymétrique) tout ce qui encodé par l'une soit décodé par l'autre. Imparable mais relativement lent à coder et à décoder, ce système merveilleux maintient nécessaire toutefois les encodages dit symétriques, eux même hélas régulièrement défoncés par la guerre continuelle du glaive et du bouclier, la dernière victoire du glaive datant de Janvier 2016, et elle s'appelle SLOTH. 

    Au passage, combien de gens ont réalisé que le petit cadenas qui nous protège si souvent sur le web est affiché après consultation d'un certificat qui contient une clé publique, utilisée pour chiffrer dissymétriquement un code secret tiré au hasard utilisé pour chiffrer cette fois symétriquement toutes les photos qu'on reçoit ? 

    Au passage on notera que les systèmes de chiffrement "symétriques" (on décode avec la clé d'encodage) sont toujours fragiles, attaqués et remplacés en permanence. Un exemple extraordinaire de cette fragilité est celui qui conduisit à réétudier spécifiquement la spec de HTTP/2: la compression des données rendait le chiffrement de l'ensemble attaquable par le célèbre CRIME, ce qui imposa l'introduction de HPACK qui s'en défend... En effet, le chiffrement d'un texte compressé le rendait prévisible... 

    Une pièce

    La plus belle définition d'un "objet" qui soit est qu'il est la suite ordonnée de ses possesseurs, chaque maillon de la chaîne pouvant être qualifié de transaction, car identifiant les deux propriétaires, l'ancien et le nouveau. Ce qui qualifie l'existence (objective) se trouve ainsi une suite de possessions. 

    L'encodage de cela est relativement simple, il suffit que chaque maillon soit le hachage du maillon précédent, de son addition avec la clé publique du destinataire, le tout chiffré par la clé privée du donateur, et signé par la clé publique de celui ci. 

    On rappellera brièvement la notion de signature d'un texte, qui prouve l'identité de son auteur: elle est formée de la concaténation de 3 entités: le texte en clair, le texte hashé sur une taille raisonnable encodé par la clé privée de son auteur, et la clé publique de l'auteur, qui sert à l'identifier  lui. Qui sert aussi à décoder le hash encodé, dont on vérife qu'il hashe bien le texte: seul le possesseur de la clé privée a pu produire ce truc. A vous de faire confiance à celui qui possède la clé publique, un voleur peut être, c'est à vous d'évaluer la chose. 

    L'objet ainsi constitué peut être décodé par la clé publique du donateur, ce qui lui attribue le don, et vérifié par le récepteur ce qui lui attribue le don, mais cette fois dans l'autre sens donné du mot et dans l'autre direction de l'échange. L'accrochage à la transaction précédente suffit à identifier l'objet, lui même seul à encoder son passé. 

    Chacun de ces mystérieux objets s'appelle une pièce, ou une unité monétaire, une sorte de "sou", quelque chose d'unique qui se transmet, et qui n'est QUE ce qui s'est transmis dans la durée, de l'"argent" donc, car seul le rond de métal marqué a aussi cette propriété.

    On a donc les deux "faces" de l'argent, l'objet dur reconnaissable comme tel par les marques qu'il porte, et l'ensemble abstrait de tous ses passages de main en main représenté dans une mémoire électronique. Le plus extrême du spatial et le plus extrême du temporel et en même temps le plus pur de l'éternel et le plus fragile de l'instantané (je rêvasse).

    La chaîne

    C'est alors qu'arrive la deuxième chaîne, et oui il y en a deux, c'est pour cela qu'on nomme la vraie, la seule la "chaîne des BLOCS", un bloc étant un ensemble de transactions, c'est à dire un ensemble de maillons décrivant les différentes "pièces" en circulation. Ces blocs sont chainés, comme de juste, et de manière unique bien sur. 

    Cette chaîne est ainsi une donnée, un bloc formé de blocs chainés donc, et qui constitue toute la base de données de stockage de toutes les transactions, c'est à dire tout l'historique de toute la monnaie qu'on s'échange ainsi. Etant entièrement formée de hachages, elle est la trace unique de cette historique et donc se trouve être une représentation de la vérité de tous ces échanges. Et il ne s'agit pas de faire confiance, ici: on peut et on doit vérifier. 

    Le volume total de données dont il est question est relativement réduit: quelques dizaines de giga octets, parfaitement stockables sur une clé USB, facilement duplicables et surtout vérifiables. Du concret, du réel, du touchable. Ce qui fait que la meilleure représentation que l'on puisse se faire d'une "chaine de blocs" est celle d'un gros bloc de données répliqué à l'identique de manière sure un grand nombre de fois. Une base de données répliquée.

    Ce bloc de données est partagé par un nombre indéfinis d'individus, les "noeuds", les calculateurs, les vérifieurs, les donateurs, les récepteurs bref tous ceux qui ont un intérêt quelconque à son unicité et qui se sont mis d'accord, par le biais d'un protocole, pour décider collectivement de l'unicité de chose, surtout et c'est le fond de l'affaire, que cette chose évolue en permanence avec les blocs de transactions qu'on lui rajoute. 

    On va là se poser deux questions avant de continuer, et essayer d'y répondre. 

    D'abord qu'est ce qui décide de la véracité de l'acceptation d'une évolution de la chose (typiquement de l'ajout d'un bloc à la chaîne) ? Ensuite qu'est ce qui décide de l'unicité de la chose constituée à un moment donné ?

    Les blocs 

    On va commencer par l'ajout de blocs. Il faut résoudre deux problèmes. D'abord, on doit décider de qui parmi une collectivité donnée peut avoir la responsabilité d'ajouter le prochain bloc à la chaîne. Ensuite, on doit informer tout le monde du résultat de la décision. 

    On passera sur qui détermine le contenu de chaque bloc. Il y a de multiples manières d'en décider et puis je n'ai pas le temps de vérifier. Disons que c'est le gagnant de l'élection organisée pour ajouter le prochain bloc. 

    Election: il faut décider de un parmi beaucoup. La technique est celle de la  "preuve de travail". Pour garantir l'absolue neutralité du choix qui ne doit être basé sur aucune caractéristique d'autorité ou de préférence, on va choisir le plus chanceux d'un tirage au sort qui ne sera pas centralisé : celui qui aura trouvé le premier la réponse à une question difficile connue de tous qu'on ne peut résoudre que par hasard...

    Chaque intervenant (qui veut) va donc chercher à ajouter un bloc à la chaîne et se tenir informé du succès des autres.  Pour cela il cherche un hash qui commence par un nombre de zéro donnés. Si un pair réussit, on met de coté son propre calcul et on en recommence un autre, à partir du dernier succès. Naturellement, on vérifie (et on en a les moyens) toutes les tentatives que les calculateurs s'envoient les uns aux autres. 

    Pas besoin que tous soient connectés: un réseau "suffisant" (quelques centaines suffisent) de groupes connectés partiellement suffit à propager une chaine de blocs. A tout moment, la plus longue chaine commune est la vraie, c'est l'objet partagé, qu'on peut vérifier correct et unique. Les deux questions sont résolues, ça marche.

    Notons ici que les différents protocoles de chaines de blocs (il y en a des centaines ) se différencient suivant les méthodes de vérification protocolaires de ces questions. Combien de chaines "parallèles" peuvent évoluer avant une réconciliation, comment en décider ? Avec quel nombre de pairs doit on correspondre, certains sont ils plus respectables que d'autres, plus crédibles que d'autres ? Disons qu'il y a des techniques variées de connexion des uns aux autres, et que ces variations ont pour objet de réduire le temps de convergence de l'accord entre les pairs. 

    Les variations de ces protocoles se prouvent: elles sont de la classe des protocoles de "dissémination" dont on peut  montrer statistiquement qu'elles convergent vers le "bon" état. Ainsi, on montre qu'asymptotiquement, un attaquant ne peut réussir à insérer ses propres transactions dans une chaine qu'avec des probabilités qui tombent très vite (au bout de quelques blocs) à des valeurs trop faibles pour être représentées: cela se comprend, il faudrait pouvoir générer des "faux" blocs et pour cela miner comme un malade à une vitesse que justement le système rend bien trop élevée pour cela. A l'impossible nul n'est tenu: une fois initiée, la chaîne devient trop grande pour être changée dans un temps raisonnable et c'est sa croissance difficile qui la rend unique.  

     

    Le minage

    On ne peut éviter de décrire l'origine exacte de la monnaie ainsi utilisée. Et bien elle est crée à partir du néant de la création des blocs. Car la preuve de travail est l'origine de la création monétaire. Chaque nouveau bloc créé contient en effet une transaction (par convention la première dans le bloc), attribuant une unité monétaire nouvelle (et donc par cela même créé sous vos yeux ébahis) au créateur du bloc, libre à lui de la donner à qui il veut suivant les processus décrits et cela, toujours s'il le veut en échange de quelque chose d'autre à déterminer avec le bénéficiaire. Une faveur sexuelle par exemple, ou un joint (je rigole).

    Le processus de découverte des blocs est donc une activité à part entière, génératrice de richesses et sujet à concurrence. Il s'appelle le "minage", les créateurs de blocs étant des mineurs, dotés de pioches, casques et  muscles nécessaire au piochage frénétique dans la chair du monde.

    Les protocoles de minage font varier comme indiqué la difficulté du travail. En gros, les protocoles asservissent cette difficulté à la vitesse, mesurée collectivement, de création des blocs. Dix minutes par bloc ou dix secondes suffisent à exiger un nombre de zéros plus grand à trouver. L'effet en est immédiat et exponentiel...

    Pour expliciter la chose on a vu 3 étapes dans la difficulté imposée aux mineurs de la principale chaine de blocs en activité (cela a commencé en 2008). La première fut celle des ordinateurs individuels, la seconde celle des cartes graphiques et autres FPGA spécialisés connectés dans ces mêmes ordinateurs. Nous en sommes a des ASYC montés en chassis, opérés dans des centres de calcul gigantesques.

    Un article du monde récent (Mai 2016) parle de locaux en Suède, rafraichis par le vent polaire, où 65000 machines à circuits électroniques spécialisés (les asyc) trouvent 180 bit coins par jour à 470 euros pièce. En Juillet 2016, le protocole va doubler la difficulté de la chose... 

    Les preuves

    Il y a en fait de multiples autres problèmes de compréhension à résoudre, et qui tournent autour de la justification du fait que cela marche effectivement, et que nul ne peut détourner le système. On peut effectivement se contenter de l'affirmer, mais cela ne suffit pas, il faudrait s'en convaincre avec des "vrais" arguments et j'ai autre chose à faire.

    Qui plus est, ll y a le problème de l'efficacité de la constitution des preuves. On se doit de mentionner les fameux arbres de Merkel (inventés par la chancelière, elle mine le coin à ses moments perdus, au lieu de tricoter comme on l'imagine; dire qu'il s'agit en fait d'un nègre nommé Merkel qui a inventé ça en 1979 est un blasphème). Pour obtenir le hash d'un ensemble d'objets par exemple 2048 objets, on veut éviter d'abord de hacher la concaténation de tous les blocs. Vérifier une assertion dans le bloc supposerait de TOUT vérifier. On préfèrera donc hacher chaque objet individuellement et constituer un arbre des valeurs de hash en hachant à chaque niveau. On peut alors signer le root hash qui authentifie tous les blocs d'un coup, devenus immutables, en tout cas, prouvés mutés si c'est le cas.

    Mieux! La navigation dans un arbre de Merkel permet de vérifier UN objet à bas cout. Vérifier signifie ici s'assurer qu'un bloc contient bien la valeur 666: on hache le bon bloc et les hachages stockés dans l'arbre permettent alors de vérifier qu'on a bien la bonne information dans tout l'arbre. 

    L'intérêt

    Mais il y a aussi (et surtout)  les aspects concernant l'intérêt des uns et des autres à maintenir intact le système global. En effet, on pourrait imaginer qu'un tel collectif se défasse, par manque d'intérêt, justement ou même par lassitude. Les tenants de fortunes en cette monnaie là pourraient ainsi se trouver lésés, justifiant les qualificatifs insultants de "chaine de Ponzi" adressés à ce principe. Il faut comprendre que la réponse à cette question, en fait fondamentale pour la cohérence et la validité globale du système, introduit précisément la notion d'intérêt: les acteurs qui font fonctionner le réseau sont rétribués (de manière décentralisée) pour cela.  

    Cela signifie, que comme indiqué au tout début, il y a existence, au coeur de la définition du système, d'une fonction d'intéressement basée sur une transmission de valeur, seule manière de solidifier ce qui justifie d'ailleurs son utilisation: la possession de cette valeur. La boucle est bouclée, et l'objet entièrement cohérent, on pourrait dire "vivant", cette chose là étant et ce sera la conclusion, la plus proche imitation de la vie elle même que la formalisation informatique du monde ait pu produire.  

    Deux caractéristiques de la vie sont ainsi présentes dans cette merveille conceptuelle et technique qu'est la chaîne de blocs: l'éternité de la difficulté à se construire, garant de la confiance; et aussi la notion de désir de vivre, garant de la poursuite du processus. On glose à loisir sur l'imitation de l'intelligence humaine alors que l'imitation des processus vitaux sont bien plus importants: nous en avons un là même. Et cela est parfaitement fascinant. 

     

    P.S: à quelque jours d'un doublement de la difficulté de minage, la valeur du Bitcoin est en très forte hausse (mi juin 2016). 

    P.S: fin juin 2016 un hacker a réussit à tromper Ethereum et à voler 4M ethers soit 40 ME. Fin Juillet Ethereum a procédé à un "hard fork" de la chaine de blocs pour annuler ces transactions. Mais certains le refusèrent: il existe donc toujours un Ethereum "classic" qui continue, après avoir entériné les transactions frauduleuses.

    https://www.ethereum-france.com/the-dao-retour-sur-12-tres-longues-heures/

     P.S: Novembre 2017. Le bit coin passe les 10 000 dollars. 

    Au fait, il ne peut y avoir plus de 21 M de Bitcoin (le prix d'un bloc diminue de moitié tous les 510 000). Ce nombre devrait être atteint en 2033. Après moi le déluge. En fait, une fois la limite dépassée, les mineurs et donc les créateurs de blocs seront uniquement rémunérés à la transaction. 

    P.S.: Quelques données supplémentaires. Un bloc miné de Bitcoin fait un 1MB, et est produit au bout de 10 minutes.

  • Bach et les impôts

    La vogue de la musique de Bach est incontestable et justifiée, au combien. Pour ce qui concerne les cantates, plusieurs intégrales des 200 merveilleuses pièces furent enregistrées depuis 30 ans. Toutes merveilleuses, subtilement différentes, avec ou sans voix d'enfants, rapides ou lentes, Harnoncourt, Koopman, Suzuki, Gardiner, il faut toutes les avoir. 

    La plus récente d'entre elles, toujours en cours, est celle de la fondation Bach-Stiftung St. Gallen. Elle se donne le temps depuis 2006 pour tout jouer à raison d'une cantate par mois. Ultra moderne,  l'intégrale annonce sur Facebook et Twitter ses concerts joués tous les mois à Saint Gallen (ou Saint Gall), une ville du nord de la Suisse avec des moyens de prise de son et de vidéo tout à fait conséquents. Les CD et DVD édités sont disponibles et une plateforme de streaming offre les cantates en vidéo avec un très bon marché abonnement de un jour à un euro.

    Les interprétations et les videos des concerts sont vraiment extraordinaires. Invitant régulièrement des stars incontestées (Nuria Real, Klaus Mertens, John Holloway) mais surtout avec les mêmes violons (Renate Steinmann), le même violone (Iris Finkbeiner) et les autres que l'on reconnait, fidèles de dimanche en dimanche.

    Tous calmes attentifs, modestes concentrés, porteurs on dirait sans s'en rendre compte des incroyables et jouissives constructions baroques du vieux boche, comment peut il mettre une ambiance pareille avec une musique pareille ? En d'autres termes, comment arrivons nous à ne pas danser,  hurler et pleurer en entendant de telles choses ? Sans doute qu'il faut pour exprimer tout cela, d'abord l'intérioriser avec le calme nécessaire à la virtuosité ou à l'attention requise...

    La messe en Si fut joué ce mois de Mai là à Saint Gallen. Ca a du être gratiné, on verra la vidéo. 

    Bach-Stiftung fut fondé par son chef Rudolf Luz et aussi par un généreux mécène nommé Konrad Hummler. 

    https://www.bachstiftung.com/executive/konrad-hummler.html

    Banquier suisse, Konrad Hummler défraya la chronique à partir de mai 2008, quand il affirma dans un interview que les banques suisses n'avaient pas à vérifier la conformité avec leur fisc des avoirs étrangers présentés. 

    http://www.hebdo.ch/les-blogs/jost-ren%C3%A9-suisse-union-europ%C3%A9enne/le-banquier-hummler-labps-et-la-nzz

    Le scandale fut suffisant pour finalement causer la disparition en 2013 de la banque suisse Wegelin, fondée à Saint Gallen en 1741, (du vivant de Bach). Condamnée à des amendes énormes par la justice US qui lui reprochait d'aider des citoyens américains à frauder le fisc. 

    Considéré comme sulfureux, il signa tout de même des chroniques dont la prodigieuse: 

    http://www.bilan.ch/konrad-hummler/blockchain-une-menace-institutions-traditionnelles

    Re-expression non coupable de la possibilité par la confiance et le secret absolu de l'absence d'intermédiaires de vivre libre à l'écart de la spoliation par les impôts des états. Et cela grâce à une technologie d'avant garde, par ailleurs support de nouvelles monnaies et donc en accord avec les recommandations de Friedrich Von Hayek concernant les monnaies privées.

    L'analogie de la blockchain avec la bible luthérienne transmise de mains en mains à chaque mariage et portant les noms de chaque donateur est particulièrement édifiante et jouissive, du baroque à l'état pur... 

    L'immense mérite de cette histoire est la mise en relation de toutes les techniques, de toutes les époques , de toutes les politiques, de tous les continents avec toutes les cantates de Bach. 

     

  • Les post coloniaux

    L'après colonialisme est un état du monde, qui a l'immense avantage sur le colonialisme de n'avoir ni fins ni terminaisons et donc de justifier les statuts à vie de pacifiques fonctionnaires en lutte. 

    Il faut en fait parler de "post colonialisme".

    D'abord rattaché à Franz Fanon qui fut associé à la lutte pour l'indépendance algérienne (il se déclara algérien mais mourut en 61), mais pas à la martiniquaise, ce courant de pensée s'attache à décrire la persistance des représentations coloniales dans un monde ou le colonialisme au sens strict a disparu. Les noms d'Albert Memmi et bien sur d'Edward Saïd, y sont attachés. 

    D'abord il faut remarquer que Fanon et Memmi vécurent durant la période coloniale de l'Algérie et de la Tunisie et exprimèrent mieux que personne un problème dont on pourrait croire qu'il aurait été résolu par l'indépendance de ces pays.

    Edward Saïd vécut surtout aux Etats-Unis, et son célèbre livre "l'Orientalisme" paru en 1978 reste considéré comme la véritable origine du post colonialisme, car exclusivement consacré aux représentations faite de l'orient par l'occident. 

    Tout d'abord, on doit faire état des polémiques US sur la rigueur historique et intellectuelle du livre (en particulier avec Bernard Lewis), résumées sur wikipédia en disant que sa critique des caricatures occidentales de l'orient était elle même caricaturale.  Ensuite, il faut dire que Saïd, éminent défenseur de la cause palestinienne, reconnut le droit sioniste à un état juif, et qu'il fonda avec Daniel Barenboim l'orchestre divan occidental-oriental. 

    Le reste de l'histoire est maintenant entre les mains du présent, et une nouvelle discipline universitaire, que dis je une nouvelle science se déploie sous nos yeux, instrumentalisée et au combien par les fragiles nouvelles identités d'une mondialisation en crise. 

     

    Venons en directement à l'affaire du jour: la non mixité (raciale) d'un colloque organisé à Paris dans l'enceinte d'une université. Le fameux "paroles non blanches", à ne pas confondre avec "le camp d'été décolonial".

     Un(des) scandales dont se défendent ses organisateurs en révélant (dénonçant) qu'il y a d'autres non mixités qui plus est subventionnées par la mairie de Paris, dont  la maison des femmes de Montreuil et le festival international du Film Lesbien et Féministe, exclusivement réservé aux femmes. Au passage, un appel au "droit à la non mixité" est publié par des féministes, principalement, Eric Fassin en étant signataire, on ne se refait pas.

    Au passage définissons le terme de "racisation", renvoi de personnes à leur appartenance raciale. Les racisés sont ceux qui ont subi la racisation. L'utilisation du mot affirme bien le refus du "déni de la race", considéré comme remplaçant le discours raciste, le "blanc" s'opposant à "racisé".

    C'est alors que se déploie la belle théorie généreuse (et convaincante) de l'asymétrie raciste: le racisme des blancs est domination et fait système; son inversion n'est qu'anecdotique, c'est du racisme "édenté" (Albert Memmi) qui ne fait pas système, lui. D'autre part, la classe ne supprime pas la race: l'affaire Benzema le montre, le millionnaire est racisé aussi.

    Au sujet du mot "blanc", il faut bien comprendre qu'il n'a rien à voir avec la couleur de peau, les roux étant bien sur concernés, mais pas les arabes et les berbères considérés eux comme racisés. Malgré les deux milles années que ceux ci passèrent à d'impitoyables razzias esclavagistes qui détruisirent tous les royaumes noirs d'Afrique, malgré la persistance contemporaine de ces pratiques et l'inconcevable racisme qu'éprouve tout ce qui se rattache à l'arabité envers le reste du monde, on ne discute pas: blanc c'est blanc et la racisation n'est qu'univoque. 

    En lien avec les fameux "indigènes de la république", nos associations sont bien en pointe aussi contre l'islamophobie, mais pas que. Car il y a la délicate question des peuples noirs, bien sur à l'oeuvre et de manière souterraine: cette division entre eux des peuples racisés est bien sur  une arme "blanche" et on s'y oppose, comme on a vu, complètement.

    Au passage on remarquera que cette petite polémique se produit à la fin du phénomène "nuit debout", qui fut, il faut bien le reconnaitre parfaitement blanc, l'expression "nuit blanche debout" n'ayant pas été employée, mais c'est tout comme.  

    Plutôt que de dénoncer la main mise des frères musulmans sur toute ces affaires, les pauvres,  sont ils vraiment responsable de tout avec ce qui agite l'AKP en ce moment? il nous faut considérer que toutes ces conceptions ont bien pour objet de parler des identités personnelles dans un monde à la fois unitaire, tout le monde vit au même endroit, en l'occurrence en Europe, et segmenté à priori par l'évidente disparité entre les histoires des peuples auxquels il faut bien se rendre compte qu'on appartient.  

    Cette question de l'histoire est centrale, et bien qu'en apparence il n'y ait rien à voir entre nos petites simagrées parisiennes est les thèses de Saïd, il y a bien en commun de l'histoire, celle qu'on peut se raconter, ou pas. 

    C'est là qu'arrive la question de la Nation, et de son maintien, menacé, dans le paysage. Car après tout, le post colonial, après les indépendances, supposerait il que les nations ont disparu et que la mondialisation doive à nouveau se déverser de part et d'autre de la méditerranée ? Franz Fanon se retournerait dans sa tombe et on referait l'empire romain, c'est la thèse de Houellebecq: ah ! Caligula ! 

    Ou bien qu'il existe plusieurs sortes de racisés, les migrants rançonnés au Maroc ne devant être indemnisés qu'après la réussite de leur passage à travers les barbelés européens seuls responsables de leurs malheurs mais aussi épreuve initiatique qui les entraine pour leur futurs Kholantha ?

    Sus aux sans papiers donc, seuls les africains ayant déjà fait souche ayant droit aux subventions de la mairie de Paris, les autres dehors: un somalien reste un national somalien, il lui faut l'assumer, comme marque de sa croissance démographique et de la fierté qu'il revendique. 

    Il nous faudrait parler aussi de la racisation en cours au maroc et en algérie, en première ligne dans l'"accueil" des population migrantes qui traversent le grand désert, et dont la couleur de peau se distingue de la leur, pardon de le rappeler. Inutile de dire que les traitements que les différents niveaux de tiers monde se réservent les uns aux autres n'ont évidemment rien à voir avec ceux dont sont injustement victimes les membres de nos associations parisiennes. 

    La théorie de l'asymétrie racisationaliste pourrait alors alors jouer, mais entre les nations et en plusieurs couches. Simplement, on se trouve alors dans des situations plus dangereuses, ou plus violentes. Il faut faire attention à ce que la communautarisation rendue incompatible avec un libéralisme maintenant nécessaire et qui va subventionner de moins en moins, ne soit plus qu'à l'origine de camps de réfugiés, par définition réductibles, dans toutes les régions du monde où ils se constituent.  Les représentants anciennement installés de ces peuples, si ils rompaient avec leur nation, pourraient alors leur être associés.  

    Quelle envolée messieurs dames ! Nos porteurs de couleurs racisées sont pourtant eux mêmes dans des fantasmes tout aussi sinistres, tout aussi tentants, et tout aussi sombres... 

     

  • Les conseils de l'Europe

    Le pluriel est de mise, je l'ignorais, et doit me le rappeler sans cesse, mais les institutions européennes sont multiples et on s'y perd un peu. En résumé on se repasse le film. 

    D'abord il y a l'Union Européenne ou disons l'Union, formée de 28 états membres, dont pourrait ne plus faire partie la Grande Bretagne dans un avenir proche, mais cela n'est pas sur.

    Rappelons que ces états sont: 

    6 : France, Allemagne,Italie,  Pays Bas,Luxembourg, Belgique 

    1: Grande Bretagne, Irlande

    2: Espagne, Portugal

    3: Suède, Danemark, Finlande

    1: Autriche 

    4: République Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Pologne

    4: Slovénie, Croatie, Roumanie, Bulgarie

    3: Estonie, Lettonie, Lituanie (du nord au sud) 

    3: Grèce Malte Chypre

     

    A Le Conseil de l'Europe.

    Commençons tout de suite par éliminer le conseil de l'Europe, qui n'a rien à voir avec l'Union, et fut fondée par un traité à Londres, est présidée par (qui l'eu cru?) Thorbjørn Jagland.  Il contrôle la fameuse CEDH (Cours Européenne des Droits de l'Homme ), et donc veut imposer la GPA, plus les langues régionales et aussi la religion musulmane, rendue obligatoire par la présence de la Turquie. 

    Il rassemble 47 pays (28 + 19) dont les pays de l'Union complétés par: 

    4 Liechtenstein, Monaco, Andorre, Saint Marin

    6 Russie, Moldavie, Georgie, Arménie, Azerbaïdjan,Ukraine

    5 Serbie, Albanie, ARYM (Macédoine), Bosnie Herzégovine, Monténégro, 

    2 Islande, Norvège, Suisse 

    1 Turquie

     

    B Les conseils de l'Union. 

    Passons ensuite au "Conseil de l'UE", au "Conseil Européen", et à la "Commission Européenne". 

    Ce sont 3 institutions dont on confond les rôles. 

    Laissons de côté la Commission, exécutif structurellement fédéraliste de l'Union, et présidé par un alcoolique luxembourgeois suspecté dans l'affaire luxleaks.

    On va donc est là c'est le scoop, (qui sait ça?) distinguer avec précision: 

     

    1) Le Conseil de l'Union Européenne, dit aussi "conseil des ministres" ou "le Conseil", et présidé à tour de rôle tous les six mois par un état de l'Union, est formé de conseils par compétences ministérielles dans dix (10) domaines d'action; par exemple ECOFIN réunit les ministres des économies et des finances. 

    A égalité avec le Parlement Européen par une procédure de codécision (il ne peut y avoir de désaccord entre les deux institutions pour adopter un texte), il exerce le pouvoir législatif. 

    Il vote à la majorité qualifiée définie par 55% des voix, d'au moins 15 états membres, et 65% de la population de l'Union. Une minorité de blocage est possible avec 4 membres. 

    Il adopte le budget de l'Union. 

    2) Le "Conseil Européen". Institué par l'Acte unique européen de 1986 (l'acte qui précéda Maastricht), et complété par  le traité Lisbonne en 2009. Il réunit les chefs d'état européens 4 fois par an pour des "sommets européens".

    Il est présidé par Donald Tusk, un polonais prénommé donald. Il intervient en matière de diplomatie et dispose d'un représentant aux affaires étrangères qui gère la PESC (Politique Etrangère et de Sécurité Commune).

    Le point important est qu'IL NEST PAS législateur. Il faut aussi noter que les présidents du conseil européen et de la commission européenne, membres du conseil européen, n'y ont pas le droit de vote !

    Disons qu'il s'agit d'une institution exécutive, représentant des souverainetés des états membres.   

    Les deux conseils sont situés au même endroit, et emploient, parait il, les mêmes fonctionnaires européens non imposés. En résumé, le "conseil" c'est les ministres, le "conseil européen" c'est les présidents.  Rien à voir. 

     

     C La Commission Européenne. 

    Elle veille à l'application des traités, exécute le budget et surtout prépare les lois à soumettre au législateur, c'est à dire au tandem formé par Conseil de l'Union et le Parlement Européen. Elle a le monopole de l'initiative législative. 

    Elle est formée de 28 commissaires nommés pour cinq ans. 

    Le président de la commission est proposé comme candidat par le Conseil Européen (les chefs d'états) statuant à la majorité qualifiée et il est ensuite élu par le parlement européen. Lors de la nomination de Jean Claude Juncker en 2014, il y eut une polémique sur la nécessité, ou non de nommer le chef du parti vainqueur. En fait le Conseil Européen a juste à "tenir compte" de l'élection, mais l'essentiel est que ce n'est pas le parlement qui décide du candidat. 

    Elle représente l'Union à l'extérieur sauf pour la PESC. 

     

    (1) https://www.touteleurope.eu/fonctionnement-de-l-ue/souverainete-nationale-vs-union-europeenne-3-minutes-pour-comprendre/

  • Ethique et Politique

    Au hasard de mes lectures désordonnées, voici un texte de Paul Ricoeur, concernant l'économique, le politique et l'éthique. On y trouve des réflexions à avoir et tous les grands thèmes sont abordés. 

    http://www.persee.fr/doc/chris_0753-2776_1985_num_5_1_1000

    D'abord l'économique se rattache, d'après Aristote à la maison et à la coopération nécessaire à sa bonne marche. Généralisé à plus grand que cela par Hegel, on se doit de le considérer aussi aux deux niveaux différents de la société dans son ensemble et des communautés qui la constituent. 

    On en vient alors à l'Etat, qui n'est (ne serait) qu'une communauté historique particulière organisant l'économie dans son intérêt. Doté du monopole de la violence, il se doit de justifier par l'éthique à la fois la résolution des conflits et le partage du pouvoir. Il en reste distinct cependant, car collectif et violent. A la fois soustrait à la réflexion individuelle véritable, et détenteur d'une violence fondamentale. 

    C'est le propre de Marx que d'avoir inféodé le Politique à l'économique. Cela créa le totalitarisme, par conséquent, la réflexion sur le politique et l'éthique ayant été interdite... 

    En conclusion, une allusion fine à cette volonté de transformer l'éthique en force politique qu'est l'insertion du religieux, mais surtout la plus belle introduction à Weber qui soit: le politique casse l'éthique en deux, car il y a deux morales, celle de la conviction (le souhaitable) et celle de la responsabilité (le possible). 

    Adressée à des jeunes pacifistes après la 1ère guerre mondiale, l'injonction est conceptuelle: éthique et politique s'intersectent sans se confondre, et c'est tout le problème. 

    On pourrait continuer les superpositions: la conviction individuelle qui généralise ses désirs absolus s'oppose au collectif tandis que la responsabilité impose l'usage de la violence pour se défendre contre la vilainie. Ah Weber !