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La nature du christ

La question est d'importance, elle fonde les ontologies politiques de l'occident dit chrétien et se trouve formée de l'ensemble des réponses à la question mystérieuse de ce qu'est le christ, fils de Dieu à la fois Dieu et homme. 

Les réponses sont multiples, on sédimenté partout au moyen orient et sont responsables partiellement de l'épouvantable désordre qui a ravagé le monde ex romain, mais c'est une autre histoire... 

D'abord, la notion de "père" mentionnée apparemment par l'homme jésus lors des entretiens rapportés directement ou non par ses compagnons. 

Puis ça part en live. Qu'est-il ? Quelle est sa "nature" ? 

1) Divine purement

Le Docétisme. (dokein, paraître)

Le christ est peut être chair, mais ne cesse jamais d'être Dieu. ("le verbe s'est fait "chair" (et non pas "homme")).

Une hérésie extrême.

2) Humaine purement

L'adoptatianisme . Un homme devient fils de Dieu après son baptème.

On peut classer là aussi les doctrines ébionites (les nazoréens qui auraient été à l'origine de l'islam). 

3) Arianisme

Le christ est humain, avec un part de divinité: l'Arianisme. 

On a là une version un peu plus "acceptable" du précédent... Ce fut la grande hérésie des premiers siècles, suivie par les vandales et des wisigoths, celle qui fut condamnée à Nicée et qui suscita l'élaboration du dogme trinitaire dans tous ses détails après des efforts démesurés politiques et religieux. Les barbares qui détruisirent l'occident étaient tous ariens, sauf les vikings.

Un aspect important de l'Arianisme est l'aspect temporel: le fils est venu APRES, et n'existait pas à l'origine: "il y eut un temps où il n'était pas".

4) La grande rupture

Le christ est "en même temps" homme et dieu. Comment ? 

A) Les deux natures sont séparées. 

La controverse entre Nestorius et Cyrille. Nestor est condamné à Ephèse en 431. 

Pour lui, les deux natures sont distinctes et coexistent dans la personne de Jésus. 

En tout cas, il faut noter que tout ça fut théorisé par le moine Babai le grand, l'école de Nisibe et Barsauma...

Ils refusaient deux choses essentielles: que Marie soit théotokos (mère de Dieu) et que Dieu ait "souffert". C'est le refus de "la communication des idiomes" et donc du théopaschisme. Les protestants, qui parlent de la mère "de Jésus" furent considérés nestoriens... 

L'Eglise de Perse garda la formule nestorienne et s'en alla convertir les mongols. Elle est aujourd'hui l'église chaldéenne ou assyrienne, celle des chrétiens d'Irak. Elle a néanmoins fait la paix avec le pape catholique en 94, chacun gardant ses rites... 

B) Les deux natures ne sont pas séparées. Oui, mais sont-elles distinctes ? 

On arrive alors au monophysisme d'Eutyches. La nature divine a "absorbé" la nature humaine et il n'y a qu'une seule nature, la divine. 

Les églises dites "des 3 conciles" (Nicée, Constantinople, Ephèse) et qui sont les églises copte, jacobite, éthiopienne, apostolique arménienne, plus d'autres, en sont toujours là. 

Le mot "jacobite" vient du nom d'un évêque, Jacques Baradée. On parle aussi de miaphysisme, "une est la nature", ou de "monophysisme", tout simplement.

Le patriarche d'Alexandrie, Dioschore, qui soutenait Eutyches, tenta d'imposer le monophysisme à Ephèse (449) lors d'un concile truqué qui fut qualifié par le pape Léon de "brigandage d'Ephèse" et annulé. 

 C) on arrive à la conclusion de Chalcédoine (451) qui est le dyophysisme: 2 natures en une seule personne. 

Eutyches est bien sûr condamné. 

 D) À partir de Chalcédoine, il ne faut pas oublier un compromis intermédiaire, le monothélisme, qui tout en affirmant les deux natures, introduisit la nécessité d'une seule volonté ou énergie. Cette formule fut introduite par l'empereur Héraclius, puis condamnée. 

C'est la position de l'église Maronite, qui, du fait de la conquête arabe, ne fut pas informée de la condamnation, mais se rattacha toujours à Rome. 

Les Melkites ("hommes du roi") furent des chalcedoniens purs et durs, mais arabes, car coupés du monde grec... 

E) Il ne faut pas oublier l'orthodoxie, séparée du catholicisme en 1054 lors du grand Schisme d'Orient. 

La question était celle du "filioque", bien sûr, et portait sur la "procession" de l'Esprit, que l'orthodoxie refuse d'attribuer AUSSI au fils, favorisant ainsi indument le père. Il faut noter que le filioque, rajouté par Charlemagne pour des raisons partiellement politiques justifie le qualificatif d'"orthodoxe" à l'église d'Orient, qui maintient donc les dogmes originaux. 

 

5) Le mystère

Le mystère reste entier toutefois. On a 3 concepts: nature, hypostase et personne. Une personne , deux natures et une (ou deux) hypostases. Est-on vraiment monothéiste ? Les musulmans disent que non, mais ils ont tort: les 3 dieux s'entendent trop bien pour que l'accusation tienne, et puis la substance unique...

Le principal inventeur de la triple chose est le théologien Tertullien, l'inventeur de l'histoire des personnes séparées, cathaginois berbère mort en 220. Auteur du célèbre "on ne nait pas chrétien, on le devient", il fut l'adversaire de l'antisémite Marcion et surtout de Praxéas adversaire de la trinité, dont il dit avec un humour surprenant qu'il avait rendu un double service au diable en chassant le paraclet et crucifié le père.

Tertullien fut un montaniste, défenseur fanatique du paraclet et donc de l'hérésie phrygienne, néanmoins, et bien qu'il décrive une trinité ou il y a encore une subordination de l'esprit et du fils envers le père, il en est bien le fondateur conceptuel, l'histoire de la substance partagée et des personnes différentes en faisant déjà partie.

Tertullien est sans doute (là j'exagère) un des fondateurs du christianisme, avec Paul. Il introduisit le "traducianisme", qui fait que l'on touche après la naissance une âme déjà toute corrompue par Adam, bien que la liberté permette de le compenser, ce qui n'est pas tout à fait le cas de toutes les théologies ultérieures, par exemple celles de l'autre berbère, Augustin, bien plus sévère.

 

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