Le mou du symbolique
Même si on (ne) sait (pas) déjà comment cela devrait se finir, un statu quo vaseux qui suivra le retour à la loi en Catalogne, la situation, ce qui y a mené et la manière dont le non drame s'est dénoué, ne lasse pas de surprendre, comme si une nouvelle pratique se généralisait dans le monde.
Non pas le ni ni, mais le oui oui, l'ultime état de rebellion molle contre le symbolique autoritaire, qui n'en peut mais, passe quand même sans violence mais sans adhésion non plus. Le symbolique est devenu mou, et cela arrange tout le monde.
Les autres exemples sont bien sur les luttes contre les harcèlements sexuels menés hors de la loi mais avec efficacité, le maintien sur le territoire de migrants illégaux inexpulsables, le retour du djihad d'assassins et de leur famille polygames sans rupture d'allocations, la retaxation immédiate d'entreprises taxées inconstitutionnellement (la précédente procédure dura cinq ans), la révolte permanente contre des élections présidentielles US et Venezuelienne jugées illégitimes. N'oublions pas ces professeurs qui refusent subitement d'enseigner la prédominance du masculin.
Les exemples correspondant méritent d'être collectionnés: un même schéma est à l'oeuvre, en ligne avec la façon dont les jugements collectifs de l'ère moderne se forment, à rebours des traditions, et navrant les réflexes des vieux cons qui se prennent ainsi un coup de vieux supplémentaire.
Mention spéciale aux plaidoiries pour l'acquittement du frère d'un ennemi de la France, par ailleurs assassin abominable et fils d'une mère (celle de l'assassin, seule à pouvoir s'exprimer) dont on respecte la douleur, elle traite de sale juif un père de victime. Tout cela est français (pas de souche mais chut) et donc judiciarisé, la présence de militaires dans les rues ne signifiant pas que nous sommes en guerre et qu'il faut donc absolument, la civilisation en dépend, être "juste" avec ses ennemis. Un avocat de renom se lance ainsi dans la morale judiciaire appliquée au cas d'ennemis déclarés du pays, organisateurs et inspirateurs idéologiques de crimes de guerre abominables. A aucun moment n'est abordé le caractère sectaire et global de la présence d'une telle idéologie sur notre territoire, ni sur la nécessité de s'y opposer: mieux, on propose d'acquitter un de ses responsables direct pour mieux s'opposer à ses projets...
Ajoutons y bien sur l'incroyable déchéance de Hollande l'année dernière, et toutes les autres, tout aussi inouïes, qui furent celles de ses ministres pendant la période. Les noms de fonction ridicules ("redressement productif" fut un ponpon à révérer) humiliés par le déni et la vengeance froide: on vendit dès son éviction ce qu'on voulait vendre, et on revendit le reste dès qu'on put. Les monstrueuses corruptions séculaires d'un expert de la finance et des cheveux, orchestrateur de la pire mesure fiscale de l'histoire: 10 Milliards retoqués, réglés en cinq minutes la semaine dernière par une autre taxe. Budgets insincères, mensonges et corruptions municipales, le camarade de régiment de celui que conseillait étroitement l'actuel président s'est illustré tout autant. Le commissaire en charge de l'indulgence sur les 3% rassure: il était co-décisionnaire. Auriez vous un sac en papier s'il vous plait?
Mentionnons le rôle direct du président actuel dans la conduite de la politique économique de la France pendant la même (période). Tout cela ne compte pas, n'a pas d'importance, le symbolique est mou, vous dis-je et je m'offusque pour rien. Mes vomissures furieuses, ma haine affreuse, mes délires mortifères et violents n'ont pas d'objet. Passez muscade.
Bien sur, de tels abominations eurent lieu dans le passé et Charles VII eut bien besoin de Jeanne d'Arc, et Louis XVI fut bien ridicule lui même, et d'ailleurs la chose est une forme générale, une attitude des foules, et on devrait bien connaitre cela pour le reconnaitre, et donc le mépriser davantage. Mais non.
Ceci est une théorie du complot collectif non organisé, issu des tendances naturelles des collectivités à la chienlit méprisable, unique responsable de toutes les misères, dégueulasse laisser aller des vieux corps. Car le collectif est sujet à des tropismes dont le principal est celui du soutien à la politique du pire acceptée par tous, notamment de ses dirigeants défenseurs et organisateurs des politiques sub-optimales conçues spécialement pour accentuer le phénomène. Un cercle non pas infernal mais décidé par tous, le diable étant bien sur innocent de tout cela, sa non existence et son incompétence étant évidente: il y a bien pire et nous faisons tous ensemble bien mieux.
Cette nuit du bon sens et de l'évidence est hyper stable est pourrait caractériser le grand système libéralo mondialisé qui préside à notre époque: un grand blob ridé adapté à sa visquosité et à sa laideur, et qui se déplace lentement vers un futur dont ses poils n'ont pas à connaitre quoi que ce soit...
Cette horrible vision confirmée tous les jours par toutes les nouvelles, tous les reportages, et tous les journalistes est tellement repoussante qu'elle est passée en arrière plan et se trouve devenue familière. La critiquer c'est critiquer le paysage. Or le paysage, on ne peut que le photographier. Devenue célébration de l'injuste et de l'absurde, le monde se construit une spiritualité autour de cette horreur et se trouve petit à petit en train de lui vouer un culte qui est en train de s'organiser: des prêtres étudient, des déguisements rituels se conçoivent, des cartons d'invitations sont envoyés aux bébés. Cela sera-t-il assumé par un pouvoir ? Et bien je ne le crois pas et l'originalité de la brutalité à venir sera molle, elle aussi: décentralisée et infligée par quelque chose contre quoi on ne peut rien, ce qui est précisément le rôle du sacrifice traditionnel...
Me voilà donc en plein Girard: le monde veut revenir à l'avant du christianisme et bien loin de se consumer dans une guerre qui le détruirait, il veut se stabiliser en célébrant en permanence l'absurde de son existence, et cela sera son adaptation suprême à sa nécessaire existence. Par l'établissement d'une organisation spirituelle basée sur la violence à la fois rejetée et encouragée. Encouragée car les politiques du pire dont on parle sont tellement révoltantes et absurdes qu'elles ne peuvent générer -localement- que des rejets exaspérés, et aussi rejetée car on ne veut jamais assumer officiellement la responsabilité d'une violence symbolique dont le monopole est universellement rejeté car causé par quelque chose dont on serait responsable.
La grande parade des horreurs d'Halloween (hier soir) après le massacre de Manhattan est un autre exemple de la chose: après ou avant les meurtres collectifs quelle importance: nous sommes "plus" fort et la célébration de la mort, de l'horreur et du sanglant doit primer. Et puis, la plupart des morts ne sont pas américains: quelles belles morts ! De quoi les fêter. Les hurlements de douleurs réels qui précédèrent les morts absurdes et infâmes de l'après midi valent bien ceux des festivaliers costumés en squelette. On sent qu'il va falloir envoyer des caravelles pour civiliser à nouveau ces néos aztèques. Ca tombe bien, il y a une poussée de sève en Espagne...
Bon, je crois que la messe est dite, l'Occident a changé, et regretter des déviations passagères n'a plus de sens, il faut s'adapter et considérer quelque chose d'autre.
Tout d'abord, on peut tout de même imaginer que les vieux fondamentaux, les nations, les esprits inspirés par l'intelligence et le progrès soient toujours là, dissimulés derrière les tee shirts et des casquettes. Dégoutés tout comme moi, ils prennent leur parti en silence et souffrent comme tous les peuples malheureux écrasés par les dictatures, et celle là en est une. Il faut bien vivre, et quand les périodes de jeunesse et de fertilité ont le malheur de tomber dans les trous de l'histoire, et bien tant pis...
Dans ce cas, il faut tenir, comme ces vieux philosophes romains obligés de se courber devant les barbares chrétiens qui ruinent leur civilisation. Je rigole, comme ces vieux théologiens chrétiens qui doivent saluer les barbares chrétiens d'une autre obédience qui ruinent leur civilisation... Tenir tu parles !
On avait parlé ici de l'effet "millénium", de la fameuse prédiction millénariste, qui prédit, non pas la fin du monde, mais les mille ans de sa préparation violente, l'apocalypse, bien pire, ne tenant lieu que d'horizon. Dans ce cas, on a une adaptation du type "spore", la vérité se devant d'être conservée dans des micro films cachés dans le sgègue qu'on se transmet de père en fils. Et puis mille ans, c'est vite passé.
Une variante de l'effet en question est l'active participation aux myriades de complots possibles contre le réel, ce qui revient à se joindre aux hordes d'assassins en charge de perpétrer les sacrifices non voulus nécessaires au fonctionnement du système. Défoulatoires et provoqués, mais non organisés, ces meurtres d'innocents sont nécessaires et on ne pourra qu'être remercié d'être un ennemi de cette sorte. C'est le rôle des adolescents tueurs d'étudiants des US et aussi des terroristes urbains islamistes de notre actualité récente. Macron ne veut que s'y adapter, et on l'avait remarqué, cela ne provoque de toutes façons dans la foule peu rancunière qu'une baisse du racisme anti musulman.
Vous me permettrez donc de répugner à me plonger les mains dans le sang humain de cette façon là.
On pourrait alors imaginer le similaire et pour rompre avec les sempiternelles analyses de la modernité du XVIIème siècle qui consacrent encore et toujours l'émerveillement devant le miracle qui a finalement conduit aux abominations présentes, on pourrait projeter dans un avenir indéterminé une renaissance suivie d'un âge baroque qui consacrerait enfin un progrès de la civilisation... Un peu analogique comme mode de projection dans l'avenir, cette manière de voir a l'avantage de ne pas succomber aux vertiges de l'immédiat, et à consacrer l'impossibilité absolue d'une solution prochaine à nos maux, tout en gardant l'espoir. Un temps propice à écouter de la musique.
P.S. Abdelkader Merah est acquitté. Pas de preuve directe de l'implication d'Hitler dans les crimes nazis... Le symbolisme n'est pas mou, il est vomitoire.
Commentaires
Et bien je ne fais guère plus que ça en plus de marcher, les Beatles les Beatles les Beatles. Je sais ils sont blancs...et du haut de mes 47 ans je me suis mis à la basse électrique. Je ne vote plus, et je me démerde avec mon petit boulot et ce que j' ai.
Voltaire, merci.
J'avoue qu'à part strawberry fields for ever, j'ai toujours trouvé les Beatles un peu moldingues. Mais c'est personnel.