Zemmour Weil
Triste soirée que ce débat Patrick Weil contre Eric Zemmour où pour malhonnêtement réduire la gravité d'un problème, on a choisi d'en traiter deux.
Le glaive et le bouclier
D'abord Pétain De Gaulle, glaive et bouclier ou plutôt équilibre pétainiste entre le camp du yes et le camp du ja. (on se rappellera la chanson de Brassens, "les deux oncles, l'ami des tommies et l'ami des teutons"). Assumée par Zemmour pour nous emmener ailleurs cette monstrueuse contre vérité qui entérine la destruction de la France, fait contrepoint et complète celle en cours aujourd'hui. Car on en vient alors à l'essentiel, avec le fameux "grand remplacement" qui se termine par la proposition du socialiste de libéraliser le cannabis...
Les larmes de l'histoire continuent de couler, et les miennes aussi.
Deux débats valent mieux qu'un
Car on a ainsi vu s'exposer en public deux demi heures, dont la deuxième, la nécessaire prise en compte de la nocivité des phénomènes d'immigration en France, fut masquée, cela fut fait exprès par une décrédibilisation habile via une thèse absurde mais assumée par notre essayiste. Pourquoi? Voilà la question.
De la part de la production (BFMTV, officiellement macroniste), la motivation est claire, et cela fut un sine qua non de sa part sans doute: en forçant un pétainiste à rendre publique sa passion, on détruit l'importance et la durée consacrée à ce qui maintenant est sur la table de l'opinion publique, à défaut d'être sur celle des dirigeants: la présence excessive d'une afrique islamisée en France et aussi en Europe.
Car bien sur, on ne le dira jamais assez, le mal et son occultation par le politique officiel est européen. 15 à 25% des opinions publiques, partout en Europe, se sont séparées du consensus de la confiance globale envers les pouvoirs et sont persuadées qu'on ne prend pas en compte le problème. Ils sont prêts pour cela à élire n'importe qui, à déstabiliser n'importe quel pouvoir et on va le voir bientôt.
Les "zélites" pensent pouvoir gérer les choses en les combattant, tout comme furent combattus les populismes communistes à la grande époque. Ignorant les luttes sociales qui motivaient à l'époque et qu'on arrosa à grand coups des milliards qu'on ne finit pas de refuser d'économiser aujourd'hui, ces pauvres zélites s'imaginent pouvoir gérer le monstre en continuant à payer d'une part (c'est la vraie raison de la paralysie totale du pouvoir français) et en arrosant les médias de moraline d'autre part. D'où la manip télévisuelle de hier soir.
Premier débat
On commencera par De Gaulle et Pétain, puis on regardera les raisons de la présence de la thèse dans le discours du "petit Zemmour". On l'avait souligné il y a longtemps (1), mais là les choses s'aggravent.
Bien sur, l'alliance avec l'Angleterre que De Gaulle était chargé de porter à Londres, était la dernière occasion de forcer la main au maintien de la France dans la guerre et pas comme Zemmour l'évoque une soumission à l'anglo saxon, pendant de la soumission à Hitler, elle nécessaire car nous gardant de l'abject capitalisme sans doute? C'était le seul débat, et Zemmour, avec une mauvaise foi cynique ne l'évoque même pas: pour lui, comme pour Pétain et tous les autres, la défaite était achevée et la lutte impossible. De Gaulle voulait se battre, cela aurait tué beaucoup de monde et alors ?
Et bien ce "débat" là (tu parles, une vieille certitude, oui) reste ancré dans la conscience française: Pétain nous a sauvé de bien des morts inutiles, et les 75000 juifs assassinés valent bien les millions de soldats qu'il nous a épargné. Fermez le ban. De Gaulle ? Un glaive buveur de sang, qu'il faut à tout prix modérer par un bouclier qui sauva presque tous les juifs.
Explicitement, Zemmour ne dit pas ça, il se contente d'identifier Pétain et De Gaulle, en allant jusqu'à dire qu'ils ont tous les deux perdu... L'un ne fut pas à Wansee, l'autre pas à Yalta. Sinon, la thèse que tout est de la faute de Laval, l'homme de gauche pacifiste, fils de Briand, et que Pétain ne fit qu'une seule erreur, ne pas aller à Alger en 1942, est vraiment plaisante: tout est peut être là, Pétain, lui aurait gardé l'Algérie française...
La thèse est plaisante est justifiée par ce que rapporta le colonel de Rémy d'une confidence de De Gaulle: la France avait "deux cordes à son arc". Ce que Zemmour identifie au glaive et au bouclier et qui n'a bien sur rien à voir.
La France avait les deux cordes, a joué lâchement la première pour protéger ses pauvres miches et profité de la deuxième à la victoire qu'elle n'a pas eu le courage de prévoir. C'est bien sur ce que pense De Gaulle, qui de toutes façons réfuta l'avoir dit, ce qui entraina la démission de Rémy du RPF.
Tout est bon pour instiller l'horrible et atroce confusion. Comme si la France n'avait pas horriblement souffert de ne pas avoir fait tuer les parents des petits bourgeois merdeux de 68 et d'avoir laisser vivre tous les mythes possibles depuis le communisme jusqu'à "ça", qui va maintenant finir d'abaisser définitivement ce pays d'abandon.
Zemmour nous dit ça sous la forme d'une dévalorisation ironique, très "extrême droite vicieuse", du général qui demande s'il est au gouvernement Pétain avant de décider de partir (c'est bien connu, sinon De Gaulle serait resté et aurait participé à la collaboration, à moins que thèse plus vicieuse encore, il ne soit qu'un arriviste, ce que l'avenir à démontré...). Bref Zemmour nous la fait Henriot et cela soulève le coeur. A la manoeuvre pour défendre De Gaulle, le socialiste pro immigration est évidemment pitoyable, mais défend au moins un "héros"...
Mais il y a plus, l'insistance avec laquelle Zemmour parle de la défaite, la "pire de son histoire" (70 ne compte pour rien, sinon pour tenter de faire de Pétain pour Hitler le Thiers de Bismark) traduit une arrière pensée qui explique (du moins c'est ce que je tente de démontrer) l'étrange association d'avec aujourd'hui.
D'abord il faut comprendre que l'extrême droite, comme tout extrême vit et prospère de l'ordure, par définition de l'extrême. Il lui faut absolument le pire présent et effectif pour exister, pour respirer: c'est sa nourriture, son oxygène. La bactérie dans la source sulfureuse, l'odeur du pet comme hymne national. La catastrophe actuelle, dont la dénonciation fait salaire est donc une époque bénie. Ah les bordels de pendant l'occupation: toujours ça que les boches n'ont pas eu !
Tout ça pour ça
Le culte de la nécessité de l'abject, de son coté positif fait donc partie de l'action, en est le pendant nécessaire. Dans le passé qu'on regrette, il y a donc aussi cela, et on en vient en dénonçant De Gaulle et sa modernisation des années 60, à valoriser l'autre grande modernisation qu'on lui identifie (partiellement à raison d'ailleurs, c'est factuel) et qui est celle du projet de la révolution nationale... On replie donc le mouchoir: allemagne = afrique pour l'invasion, nécessité fait loi, il nous faut l'autorité pour maintenir l'ordre, la guerre civile à venir nous l'impose, ceux qui voudraient se libérer des envahisseurs sont dangereux.
On en revient donc à l'Algérie française, et je crois qu'on peut trouver là une cohérence, la faille Pétain De Gaulle étant trop béante pour qu'il n'y ait pas une anguille dedans. Il nous faut dominer, c'est ce que le petit juif kabyle a retenu de l'histoire, de son histoire: il fallait le faire du temps de l'Algérie, il parle de l'ambition de la France à 100 millions d'habitants avec l'Afrique que l'on domine. Cette belle théorie, celle de la fusion de la France et de l'Afrique, il en est donc un peu porteur. Bien sur si c'est l'islam qui gagne "comme la dernière fois" (il parle bien sur du 9ème siècle quand ses ancêtres furent colonisés par les arabes), cela sera dur, mais nous les juifs on pourra s'y faire... Car il y a, mon allusion n'est pas assez précise, de l'indigène troublé dans le petit Zemmour: son amour de la France pourrait faiblir sous un autre régime encore plus dominateur. Est ce que je m'égare dans une haine du hors sol très autre siècle ? Il m'en donne l'envie...
Autrement, et sans extermination (comme l'on fait les donneurs de leçon anglo saxons) (et puis on parle bien sur des arabes) on ne pouvait pas s'en sortir... Il va donc jusqu'à être pessimiste pour l'Algérie de papa, et curieusement lucide, en fait. En plus à l'époque, lls n'étaient que deux millions. Etrangement sans mentionner l'impasse économique de la conduite des politiques sociales en Algérie, il ne parle que de démographie, ce qui est la raison d'Alfred Sauvy, et à raison, mais la vraie raison resta économique et d'ailleurs chiffre toute la période: la colonisation n'a rien rapporté du tout, voilà la vraie leçon que notre historien n'a pas prise.
On passe à la suite
Zemmour propose-t-il ? Non, il constate et déplore et affirme l'inéluctable et le "déjà là". Bien plus agressif qu'il y a quelques années, il affirme (c'est l'objet de son récent livre) la présence effective du "grand remplacement" en décrivant les zones déjà cédées. Il y en a, et Patrick Weil, l'odieux naïf le reconnait d'ailleurs, gêné, mais inventif: le coup du cannabis dans le débat fit hurler de rire (en tout cas, moi).
Il y en a donc des zones cédées, mais depuis pas mal de temps: la zone de Nanterre en 69 était for étendue, et les cités 100% maghreb sont des zones dévolues et heureusement (il ne faudrait pas qu'on se mêle d'imposer la mixité sociale, quand cela viendra, et les 30% de femmes voilées que Hidalgo veut imposer à Paris le montreront, il y aura des problèmes). Le problème et Zemmour n'a pas tort est un islam conquérant et surtout, surtout un flux qui vient de l'étranger, et qui n'est pas du tout maitrisé: les étudiants diplômés et les demandeurs d'asile déboutés, tout comme les cousins touristes et les condamnés libérés, restent en France.
En parlant de tourisme, Weil rappela l'importance du secteur du point de vue économique: arrêter l'invasion des petits neveux et des taties par alliance, (Giscard lui même dans un interview récent reconnait avoir sous estimé l'étendue des familles), arrêter le déferlement donc, ce serait pénaliser l'hôtel du nord... L'inconscience et la stupidité de ces cuistres n'a pas de limites on en pleure de ne pas pouvoir lui foutre son pied au cul.
Contre le seul ennemi nécessaire, il faut donc l'union sacrée et il n'y a pas de place pour deux réacs conspués bientôt canonisés défenseurs de la patrie: il faut se réconcilier. Cette volonté d'unifier les contraires est typique du fascisme et se fait toujours par un meurtre caché, c'est l'essence du paradoxal discours. Ici on tue la droite républicaine, le burberry sentencieux, l'héritier bourgeois libéral de l'ex grande prospérité française, celle qui a failli. Que la gauche républicaine, vendue à Pétain puis aux communistes, organisatrice du grand flux qu'elle n'avait pu inventer, mais qu'elle multiplia par cent ait failli aussi, cela est tellement d'évidence qu'on ne le mentionne pas, et puis elle NOUS a aussi tellement rendu service ! La symbiose zemmour weil est là, palpable: une danse de mort, une danse macabre, affreuse à voir.
Bref, le grand retour de la droite, la vraie, avec la mort cette fois définitive de tout ce qui pouvait rappeler les miraculeux sursauts de 40 et de 58 qu'on veut oublier, est organisé avec talent. D'où mes larmes, car l'abaissement sera bientôt complet, comme il se doit, l'optimisation hors de propos se traduisant toujours par le sub-optimal complet, et les réconciliations, Soral lui la veut contre les juifs, on a plein à faire, de toutes les sortes. Ne veut on pas s'excuser de colonisation, des meurtres des cathares, que dis je, de ceux des moutons dans les abattoirs ! Tout cela revient au même, il faut rétablir la vérité, et celle ci, donc, s'éloigne et va disparaitre.
La Seine Saint Denis
Puisqu'on en est au grand remplacement, il faut ainsi parler de la Seine Saint Denis, le département, dont un livre de Davet et Lhomme décrit la moitié musulmane de sa population en des termes suggérés par François Hollande, c'est lui-même qui avait craché le morceau: il y a un problème... Zemmour ravi proclame qu'on lui donne raison, et les deux duettistes, "attachés aux faits et pas à l'idéologie", crachent le morceau que toute la gauche en morceaux (même le secrétaire socialiste vient de l'admettre) expectore aussi. Il y a bien un problème. Pétain avait donc raison. La vérité que tout les fachos hurlent à la mort depuis des années déjà, est bien sur cachée: nos ennemis sont là, chez eux, et on n'est plus chez nous. Un tapis roulant pour que l'abjection triomphe...
Evidemment, il ne s'agit pas encore de l'immigration (le simple racisme reste tabou), mais de l'"islamisation", c'est le terme choisi par les deux salopards. Le déchainement des idées va se manifester: tremble cannabis tu vas te faire libéraliser, tremble taxe hallal, une hausse d'impôts ? miam miam. Bref, le pire et le problème empoigné par tous les populismes va donc nous conduire à l'abime, à moins que Macron ne nous sauve bien sur. Ce n'est pas sur au demeurant, son fidèle compagnon lyonnais l'ayant abandonné en parlant en partant de deux peuples "face à face". Au courant parait-il de bien plus de faits divers navrants que BFMTV n'en rapporte, l'exécutif s'inquièterait in petto mais sans rien faire ni dire.
On peut toujours rêver
L'oubli de soi, de la grandeur et de la logique est à l'ordre du jour, l'abaissement sur tous les sujets, plans, domaines et espaces en cours, inexorablement et sans relâche, sans humour et sans trêve. Comment souhaiter cela ? D'une quelconque manière ? Il nous faut donc provoquer le sursaut.
D'abord il faut savoir qu'il y eut un plan, présenté à la présidentielle, et qu'il concernait tous les aspects, y compris la nécessaire lutte explicite contre ce qui commence à apparaitre: la velléité de la moitié de l'islam français d'installer plus qu'une religion du tiers monde, des coutumes du tiers monde, et cela sous son autorité.
Cela doit être brisé par la force: les prêches antisémites déclarés en français en préfecture, les imams étrangers connus pour leur égarements théologiques inspirés par les "terroristes" (ce sont les wahhabites qui le disent) ou par les "takfiristes" (ce sont leurs frères musulmans qui les dénoncent) impitoyablement expulsés et leurs convertis et soutiens locaux privés d'expressions publiques. Voile interdit dans les locaux universitaires, cela trouble les professeurs, constructions des mosquées retirées aux municipalités en mal d'électeurs.
Il y a bien sur l'affaire des migrations, celles ci devant être closes pour manque de ressources, celles ci (les ressources) devant être consacrées à l'intégration de ce qu'on se refuse pour l'instant à déchoir de sa nationalité et à renvoyer en Afrique, intégration d'abord matérialisée par son premier cout: la construction de prisons. Il faut les doubler et vite, la guerre civile, si elle n'a pas lieu, devrait les remplir, c'est mieux que les cimetières.
Il faut aussi réaffirmer au niveau européen la fin de la charité, du droit des peuples à la (la charité) solliciter sans limites et la fermeture des frontières. Le renvoi de force vers les terres de départ (Turquie et Libye) est à considérer, bien sur après l'arrêt complet de toute espèce de sauvetage de ceux qui s'enfuirait dans notre direction. Ah oui, la punition pour complicité avec les esclavagistes des ignobles pourritures sous humaines dégénérées qui se nomment humanitaires est indispensable.
Aucune de ces politiques n'est ni pratiquée, bien sur, ni même envisagée encore. Elles sont aujourd'hui déjà nécessaires, et leurs effets, tous comme les réformes de Macron, ne se manifesteront que bien plus tard, c'est dire. Autant dire donc que le sursaut, lorsqu'il se produira, ne pourra avoir aucun des aspects raisonnables, mesurés et semi pacifiques que le bon sens aurait souhaité: il sera violent, impitoyable, injuste et meurtrier, et cela aura été annoncé. Qu'est ce qui peut le provoquer ? Je pense aujourd'hui que c'est la peur de la montée des populismes, et cela pourrait fonctionner: même la vieille gauche ouvre un oeil (Oliver Faure parle de "colonisation à l'envers)"... Tout comme nous, elle réalise qu'il n'y a plus d'alternative au pire, et que Macron, loin d'être un pis aller sera en fait un bouc émissaire ! Reste à proposer quelque chose et cela n'a pas d'existence aujourd'hui. Seule stratégie donc: la médiocrité affichée au pire de sa hideur, pour stimuler une alternative (beau programme, mes larmes redoublent).
Pris en étau dans mes atermoiement moraux je me vois donc contraint de réaffirmer mon soutien à la courageuse grosse blonde injustement trainée en psychiatrie: seule capable de faire mieux, j'en suis sur, elle ne mérite que le soutien des vrai gaullistes maintenant que Philippot l'a lâchée (à quel beau ver, je me damnerais pour lui, hop c'est fait).
Pour continuer de traiter le sujet, élections au Brésil ce week end: un "ignoble fasciste" va prendre le pouvoir et on voit bien le balancier sinistre qui règle la vie des sociétés: dénonciation de la pauvreté et idolâtrie des faibles mène à la grande corruption, à la grande criminalité et à la forfanterie du pire: on dresse devant soi un repoussoir, et celui ci plein de la haine qu'on lui a suscité, emporte tout. Les scénarios équivalents français et européens sont maintenant inéluctables.
Et pour en rajouter une couche, le pessimiste du jérémie français est total: "j'envie ceux qui espèrent ! ".
(1) http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2014/10/23/le-petit-zemmour-5474317.html
(2) Zemmour chez Finkielkraut https://www.youtube.com/watch?v=izwApHQ19oA
(3) la belle polémique http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2016/01/12/de-gaulle-vichy-le-liberalisme-et-la-liberte-5743880.html
Encore encore
P.S. On a vu (2) et le débat De Gaulle Pétain chez Finkielkraut.
Toute la polémique enfiévrée qui m'avait opposé à un zemourrisé lors de (3)... J'en suis encore tout navré. Zemmour y continue son exposé dont les arrières pensées complexes sont bien celles que je soupçonne.
D'abord, dézinguage de la personne de De Gaulle: on réfute l'argument de Pétain vieillard orgueilleux qui profite de la défaite au nom d'un De Gaulle orgueilleux qui profite de la victoire... Mieux, tous ces gens (dont Louis XVIII, Gambetta) utilisent la défaite comme marche pied. L'inanité de l'argument, (De Gaulle par l'appel du 18 Juin, aurait donc utilisé la défaite comme "marche pied"? ) a un coté vicieux absolument révoltant, et cela d'autant plus qu'il est construit et volontaire et doté d'intentions: conspuer De Gaulle le moderniste libéral, et vanter le retour d'une révolution nationale (encore encore) qui nous regénénera, Hitler si tu nous entends...
Il s'agit d'abord de pulvériser le 'gaullisme post' de la gauche elle même: mieux, d'utiliser l'infamie de sa traitrise de l'époque pour mieux justifier l'armistice, pour mieux justifier l'armistice. Pas mal non? Un appel aux retours aux fondamentaux, la nation ne pouvant exister, d'après Zemmour, que si il y a un état (l'état "français", bien sur) et un territoire (la moitié de celui ci valant pour le reste, la perte de Paris (avant Vichy, il n'y avait eu que Bourges) n'étant qu'accessoire).
Pourtant Zemmour le répète, De Gaulle ne croit qu'à la nation. Y aurait il deux conceptions de celle ci? De manière étrange, il semblerait qu'en s'abstenant de faire de Pétain un nationaliste, mais plutôt un défenseur du pays, et bien sur en tapant sur le De Gaulle buveur de sang qui voulait faire tuer des gens que le bon Pétain voulait épargner, Zemmour ne soit en fait qu'un macroniste pacifiste, les nations c'est la guerre... La chose existe, et le pacifisme chevillé au corps de la vieille droite française maintenant compromise pour toujours se manifeste partout, comme l'horrible vérole qui ronge notre pays déshonoré.
Et puis il y a les juifs !!! Enervé, Finkielkraut nous les ressorts, inévitable. D'abord le petit aller retour vicelard, ça ne mange pas de pain: les alliés se foutaient des juifs, et De Gaulle aussi, DONC reprocher à Pétain la même chose c'est de la moraline... Le grand mérite de cet argument infâme est bien sur qu'il calme les anti gaullistes, fallait il se battre pour des juifs étrangers ? Et puis il calme les juifs eux mêmes: leur destin reste unique et on ne pouvait rien faire, la preuve. L'idée qu'on aurait pu "se battre" (ce qu'on fait les alliés) est ainsi occultée, et c'était le but de l'argument, encore une fois absolument infâme.
De la part d'un juif, évidemment opposé au génocide, il a une coloration particulière et montre la puissance d'une volonté de "pragmatisme" qui consiste à vouloir dans le passé et dans le présent, identifier justification et explication, et cela pour des fins parfaitement actuelles. C'est parce que les juifs "étrangers" étaient trop nombreux en 42 qu'il fallait s'en débarrasser (ou du moins tolérer qu'on s'en débarrassasse (...)), comme maintenant. C'est parce que l'Angleterre nous a affaibli entre les deux guerres que l'on devait se livrer à l'Allemagne, stratégie bien plus maligne que celle qui consistait à se livrer au libéralisme anglo saxon, comme maintenant. D'ailleurs Zemmour le dit bien, le plan Marshall, c'était la sujétion... Le plan "Speer" (spoliation de toutes les ressources françaises pendant 4 ans, c'était de la stratégie). A pleurer.
Paxton
Et puis il y a Paxton. Ennemi déclaré (tout ce qui le contredit n'est que du post paxton) de la France, le ricain a le culot d'avoir découvert trente ans après Aron que Pétain oui, en rajouta dans la collaboration, et en fut un artisan dévoué et cela de plus en plus: il répondait en courageux martyr de la nation, par des coups de langue supplémentaires au mépris des nazis , ce qui ruine et oui, le glaive et le bouclier. Tout le monde s'accorde là dessus, sauf bien sur Zemmour, au point de s'énerver, on aimerait lui jeter un glaive dans sa sale gueule de traitre pour le calmer.
Pour tout dire l'affaire est d'importance, et porte sur la mémoire française de la deuxième guerre mondiale. Rien que ça.
On lira (1) à charge contre Paxton ! D'abord, il y a effectivement 40K troupes d'occupation. Les 400K militaires allemands présents en France font la guerre. Contre le reste du monde... Paxton a raison. Ensuite qu'avec ses prisonniers (seul Mitterand a pu se faire libérer en simulant une évasion) et son STO, la France a 2.4 Millions de déportés et oui, bien plus que la Belgique. Pétain a-t-il fait libérer les prisonniers ? Sa propagande honteuse prétendit que oui. Paxton a raison. Ensuite qu'apparemment, Aron ne mentionne qu'à peine la thèse du glaive et du bouclier, elle est donc complètement inventée par Zemmour, dont acte...
"Tous deux étaient également nécessaires à la France. Selon le mot que l'on prêtera successivement à Pétain et à de Gaulle Le Maréchal était le bouclier, le Général l'épée. Pour l'immédiat, le Maréchal parut avoir raison; pour l'avenir, le général a vu plus juste…"
Bien sur le "on a prêté à De Gaulle" n'est qu'une saloperie sans nom, mais on ne se résigne pas bien sur et c'est tout le problème à plaider contre sa chapelle. L'"amertume infinie" dont parle Aron est multiple et se trouve l'incapacité de la France à accepter de se regarder dans la glace. Comment lui en vouloir? 80 ans après, la honte et le déni sont toujours là.
Les juifs ? 2/3 d'entre eux en 40 étaient étrangers. La même proportion furent déportée, 25% du total. Merci Pétain. Et puis l'histoire du combattant de 14 mis dans le train avec violence et ses décorations est parfaitement réelle, et niée par Zemmour.
Pour finir, au sujet des soixante huitards qu'on a fait vivre à tort: "Comment résister à l'envie de meurtre d'un père aussi caricatural que le Pétain de la Révolution nationale ? ". Et bien Pétain n'est pas mon père et le dégout des fils pour les pères qui non seulement ne sont pas morts, mais ont trahi reste grand et incompréhensible pour eux. Vous avez déjà vu un traitre avouer sa traitrise ?
Soyons indulgent
Un argument trouvé sur un forum et que bien sur, Pétain n'a pas eu la perfidie de trahir vraiment, mais qu'il voulut en sauvant des vies, procéder à un redressement national "qui induisait à terme de repousser l'occupant". On s'en prend donc aux volontés réelles du vieux maréchal, qui ne voulait que le bien de la France, bien sur. Que voulait il ? Pour cela il aurait fallu qu'il eut une volonté et que l'on sache vraiment laquelle. Ce qu'on vit, c'est la volonté des nazis, l'absence de résistance du stratège (pour le moins) et la volonté des français libres de sauver l'honneur.
Il y a ces notes manuscrites découvertes récemment, sur le statut des juifs et aggravant les exclusions légales ce qui confirme sa volonté (stratégique, bien sur, il connaissait son hitler) délibérée d'exclure les juifs avant que les allemands ne le demandent. Il ne s'agit pas là des juifs étrangers dont une puissance occupée vaincue ne pouvait que se désintéresser. Les faire parquer par sa police sans toilette ni nourriture dans un vélodrome pour mieux les faire assassiner était inévitable: mieux, il faut l'accepter et l'assumer dit Zemmour !
Le double jeu dont parle Aron est basé sur des soit disant relations avec les Anglais dont on sait aujourd'hui qu'elles furent nulles. Il n'eut bien sur pas lieu: les anglo-saxons étaient ses ennemis et il le maintint jusqu'au bout ! Tout pour ne pas faire la guerre, voilà son idéal de soldat, de lâche et de traitre !
La stratégie de Iéna n'eut pas le temps d'aller jusqu'à Leipzig, par peur d'une polonisation sans doute, et là on tombe sur la contradiction manifeste: Pétain voyait il Hitler comme le digne souverain d'une Allemagne aussi respectable que celle de Guillaume II ou bien comme un assassin sans scrupules qui aurait martyrisé la France avec ses gauleiters si on ne lui avait pas assez bien léché le cul ?
La vision
Quelle vision du pays y a-t-il donc dans le crâne avière du petit déplumé ? Son souci de la grandeur française est maurassienne partiellement (il ne parle pas du tout de ce grand charles là, par ailleurs) c'est à dire brillante, royaliste et cherchant l'abjection, mais pas que. Il y a de la tactique là dedans car les choses sont imbriquées: on veut créer quelque chose, et cela, construit sur la confusion des arguments est une "réconciliation". Présent chez mon adversaire de 2016, le mélange de pacifisme, d'anti capitalisme, et de pragmatisme unificateur de la religion (conçue à la maurras comme "nationale") et de la tradition fut détruit par le gaullisme et aussi par l'histoire, mais on veut revenir dessus faute de ...
De quoi ? De la seule lucidité dramatique, cornélienne et qui est la mienne et qui est l'essence du gaullisme. Cette essence est inaccessible à notre monde, et aussi, là je suis bien plus réac que Zemmour, aux faux traditionalistes qui croient pouvoir (comme d'habitude) rétablir leur vérité sur les décombres de la connerie.
Elle est basée sur la mort. Parfaitement. La mort joyeuse des vrais aristocrates et de leur piétaille dévouée (j'en suis) attachée par l'habitude. La mort, non pas celle des nazis, ou des juifs, toutes imprégnées des sacrifices ignobles et des significations données à l'accessoire, mais la mort des duellistes légers, des fidèles amateurs des authentiques andouilles, de ceux qui mettent l'honneur au delà de tout, de ceux qui exécutent le coeur léger l'ordre espéré d'aller se faire tuer pour quelque chose. La France, et Zemmour y fait allusion, la chose est connue, est la civilisation de l'honneur et la pire chose qui puisse lui arriver est d'y déchoir. Elle l'a fait.
Que ce misérable petit raton d'extrême droite soit incapable de concevoir cela en fait pour moi un paria, un non français, qu'il n'est pas d'ailleurs, je lui retire ce droit, et qu'il sache que pour les vrais nationaux, comme il le suspecte d'ailleurs, la mort des juifs ne compte pour rien: ce que Pétain a fait est bien pire, il nous a déshonoré, on ne donne pas ses juifs, on les tue soi même, si il le faut vraiment. Pareil pour la bataille, le millions d'inutiles et de lâches qu'il nous a sauvé ne nous a servi à rien: ils ont voté comme des porcs jusqu'au second abime dont De Gaulle nous a sauvé. Leurs fils tarés qui n'auraient jamais du naitre se sont convertis au marxisme jusqu'à élire Mitterand, un comble.
Au sujet de Zemmour In Persona
Zemmour est comme tous ces colonisés fascinés par la puissance et la prestance de leur envahisseurs: ils s'y soumettent et leur rendent service avec l'humilité des nègres enthousiastes mais s'en dégoutent à la première avanie, c'est leur sens de l'honneur à eux: ils se souviennent dés qu'ils en ont l'occasion du mépris qu'ils inspirent.
Mon honneur de paysan semi celte dominé par des pirates germaniques est il de même nature? Sans doute, et je m'en suis souvenu à la révolution, mais putain j'en ai profité pour proclamer les droits de l'homme et pour envahir l'Europe en me faisant tuer avec élégance ! En cela, les tueries (volontaires et encore une fois, élégantes), de l'Empire ont rattrapées et excusées mon ressentiment.
Rien à voir avec les viols en Italie des goumiers suivies dix ans après par les éventrations des femmes de leurs officiers. Rien à voir avec la soumission "stratégique" aux allemands que le visionnaire de la guerre civile nous recommande à postériori. Ce partisan machiavélique de la compréhension d'une époque est précisément doublement méprisable: d'abord en prenant le parti de l'erreur: le stratège Pétain attentiste en diable fut défait de toutes les manières possibles, méprisé et piétiné par absolument tout le monde, pour défaut de vision. Contrairement à son diagnostic imbécile, l'Allemagne fut vaincue et détruite et cela était prévisible, il suffisait d'avoir envie de se battre. Ensuite et surtout en cherchant à nous convaincre du contraire 80 ans après ! Zemmour n'explique rien, ne justifie rien, il excuse et cela est absolument dégoutant.
Plus que jamais la droite est divisée, et on va bientôt voir les ravages que peut faire une extrême droite, qui plus est anti capitaliste, telle que la rêve Zemmour: le tiers monde ! ll en est l'envoyé et j'espère qu'il se fera foutre dehors avec les autres !
(1) http://siteedc.edechambost.net/Paxton/Aron_intro.htm
(2) les juifs en 40 en France https://journals.openedition.org/cdlm/4637