Il faudrait sans doute relire Toynbee et Spengler pour vraiment comprendre ce qu'ils voulaient dire, et aussi évaluer où nous en sommes, là où nous sommes, en Occident...
Déclin et ruine
Les deux cataclysmes qui se sont abattus sur nous ces 3 dernières années ont mis en évidence et démarré de manière irrémédiable, à mon avis, un déclin et une ruine déjà sans doute en germe mais qui maintenant ira surement jusqu'à son terme. Covid et Ukraine ont scellé ce que nous sommes, en révélant nos réflexes, nos mécanismes cognitifs, nos organisations, nos espoirs, nos craintes et nos projets...
Bien sûr, on peut toujours dire "pas tous, pas tous" et évoquer la sagesse du professeur Raoult (1) ou celle de bien des gens ordinaires avec qui on hausse les épaules en silence à propos de "tout ce qui ne va pas" et "qu'on voit bien", et contre quoi rien, absolument rien n'est fait, bien au contraire: toutes les réformes, toutes les décisions et tous les projets n'ont d'effets manifestes que pour aggraver le mal. Étonnante plongée dans les abimes, menée en klaxonnant. Car jamais les prétentions, sous forme de "révolution" (titre de l'ouvrage publié par Emmanuel Macron pour se faire élire), de "refondation" et autre "réinvention" ne sont succédé aussi vite, chacune chassant l'autre avec le même pouvoir de conviction, assis sur l'évidence partagée d'un espoir progressiste à chaque fois réaffirmé et qui, ce n'est pas la moindre qualité de chacun des projets en question, fait absolument fi de l'inquiétude mentionnée plus haut, se prévalant au contraire de sentiments radicalement contraires, ceux dont les effets manifestes, absolument délétères, nous navrent et nous ruinent.
Un suicide
On va la faire court (si possible), et le pessimisme dramatisé est de mise. Pour un ensemble de raisons, philosophiques ou sociologiques, l'Occident est actuellement en train de se suicider c'est-à-dire de tuer tout ce qui en lui avait fait non seulement sa puissance matérielle mais sa justification morale, l'alliance des deux ayant réalisé sur terre un imperium manifeste, le sommet de cette éclatante réussite ayant été la marche sur la Lune, un an après la révolte mondiale de 68, entaille sur la pointe de flèche et qui symbolise, voire explique, toute la suite.
Le suicide est concret tout d'abord car il porte sur la généralisation des moyens de le produire depuis l'avortement droit fondamental des femmes, l'euthanasie sans contraintes, et avec la fin de la sexualité paritaire, l'arrêt de la natalité, conséquence (ou cause ?) de tout cela: la vie biologique occidentale s'arrête, physiquement.
Ce suicide vital s'accompagne de l'acceptation enthousiaste d'un déplacement de population massif en provenance des zones menacées de la planète et qui a vocation à submerger quantitativement nos territoires. Acceptées et encouragées pour des raisons morales, ces arrivées rendues quasiment obligatoires par nos lois sont justifiées scientifiquement et politiquement par le suicide en cours, qui a d'autres motivations, en l'occurrence le maintien en vie des retraités et des entreprises manquant de bras. Étonnant double suicide, mené au nom de la survie...
L'histoire
À ce point, il nous faut diviser l'Occident par l'Atlantique et noter que celui-ci fut traversé deux fois au siècle précédent, qui vit, le nier serait imbécile, l'Europe commettre déjà un double suicide d'une violence extrême en moins de 50 ans. Sans doute expression du même sentiment, les deux guerres devenues par ailleurs mondiales furent bien européennes et consommèrent la disparition culturelle complète d'une zone de créativité historique intense. L'apogée occidentale fut ainsi américaine et on a pu croire que cela suffirait: conscients désormais pour toujours de leur incapacité à vouloir, les élites européennes et leurs peuples séduits sont devenus américains, identifiant Occident et Amérique.
Que ce soit la construction européenne, menée par des agents américains et des allemands définitivement soumis à l'impérium qui les avaient brisés malgré leur résistance forcenée, l'alliance atlantique permettant aux européens d'abandonner toute référence culturelle au militaire honni, le combat contre le Covid mené par l'industrie pharmaceutique en charge aux USA d'une baisse étonnante de l'espérance de vie menée au nom de la lutte contre la douleur, et la guerre en Ukraine menée par les vendeurs d'un gaz et d'un pétrole produit en Amérique, le choix de l'asservissement forcené, déterminé et volontaire fut fait de manière systématique et organisé, au nom de l'évidence.
On notera que tous les aspects décrits ici s'accompagnent systématiquement de l'application déterminée et prolongée d'un principe de corruption évident, à l'oeuvre systématiquement, la direction des peuples sous l'hégémon se devant d'être non seulement contrôlée, mais rémunérée. Le suicide aura été doré pour pas mal de gens. Notons de plus que ce principe de corruption s'applique également aux bénéficiaires de l'assistance généralisée monstrueuse mise en place en Europe, sous l'égide du maitre bien moins généreux pour lui même, mais dont la supériorité a bénéficié à plein à l'occasion, de l'affaiblissement tout aussi généralisé de son allié qui ne pouvait qu'en découler.
C'est alors que la question de la guerre mondiale se pose, et si motivé par le fait que le plus beau des suicides est celui qu'on s'inflige en combattant, l'Occident aurait-il décidé de déclencher l'apocalypse si ses désirs moralistes n'étaient pas satisfaits ? La liberté ou la mort! On doit distinguer ici, donc, les deux rives.
En passe de sacrifier la rive est, la rive ouest s'offre pour l'instant pour compenser les destructions infligées des gazoducs. But de guerre premier rationnel (mais cruel), la chose est entendue et en cours, une sorte d'incitation à la relocalisation à l'ouest de ce qui reste de l'industrie européenne étant donc mise en place. Tout doit être mis en place pour compenser l'affaiblissement trop intense de l'hégemon économique et social, et cela se voit. Pour ce qui concerne la rive est, la poursuite des politiques de soumission met en oeuvre, cela est clair le maximum de corruption, la chose, menée avec extrémisme ayant déjà totalement subverti absolument tous les médias dits "main streams". Une classe d'oligarques, en l'occurence les 10 premières fortures de France, par exemple, gère entièrement ses journaux. Le capitalisme à cigare, qui le journal les pieds sur la table, l'a écrit lui-même...
La mise de l'Occident en posture guerrière sur une longue période, acceptant revancharde un gel militaire le temps de se constituer une force conséquente pourrait être un pis-aller qui instituerait une confrontation civilisationnelle. Peut-être est-ce un objectif qui pourrait nous satisfaire, la militarisation imposant de restaurer l'autorité perdue par les laisser-aller contemporains et d'abolir énergiquement, qui le woke, qui l'immigration. Un complot néo libéral, qui couperait autoritairement et peut être par la violence fasciste militarisée, l'herbe sous le pied de tous les libertarismes...
Au passage, séduit par les bienfaits de la discipline imposée, on pourrait alors s'en prendre à l'autorité américaine et restaurer la paix avec la Russie. Un rêve rose.
Ce n'est pas un suicide
Mais le terme "suicide de l'occident" ne convient pas. Ce à quoi on assiste est un effondrement de l'intérieur qui s'il est effectivement motivé par une haine mortifère de soi, n'est pas directement volonté de mourir: plutôt de faire mieux au sens du "changement" tel qu'exprimé par cette part féminine de l'humanité insatisfaite de l'essence du monde et qu'elle ne conçoit que comme frustrante et menée par un autre à détruire.
Confronté à la mort ou pire à l'ingratitude et la cruauté du monde, l'humain a de tout temps exprimé cette limite-là de lui même en dehors de lui-même, cela même après l'invention funeste de la responsabilité humaine dans sa chute. Pouvant être réparée, la faute mit même en lumière une possible perfection humaine. Hélas l'oubli de toutes ces légendes et surtout de toutes les préoccupations profondes et anciennes qu'elles comblaient a mis à jour d'autres sentiments, bien plus sombres: il y a un responsable humain aux malheurs du monde et il doit être sacrifié.
Situé dans le passé, mais aussi dans tout ce qui dans le présent référence le passé, et tout ce qui dans l'avenir pourrait s'appuyer dessus, le crime qui n'est une faute originelle mais une malfaçon essentielle à corriger. C'est là qu'est le côté suicidaire de la chose: comment corriger quelque chose d'essentiel sans le détruire tout entier ?
On se trouverait donc face à un projet inacceptable, basé sur une conception nécessairement fausse du monde car contradictoire. Le poursuivre est donc nocif et doit être combattu.
Caractérisons la malfaçon décrite: elle concerne l'état du monde, familial (le patriarcat), économique (le capitalisme), climatique (l'utilisation du pétrole), sexuel (le genre), racial (la suprématie blanche), alimentaire (le rejet de la viande). Dans tous les cas, la racine de l'accusation est un être incontournable naturel qu'il s'agit de renverser, ce qui est évidemment impossible au sens strict. Là se situe l'absurde folie de la chose: à l'impossible on est tenu.
Naturellement, il y a une façon de présenter les choses pour convaincre les militants. Cette "manière" se doit d'être analysée. À ce titre elle est composite, formée d'une part d'une description du passé, essentiellement décrit comme impur, violent, injuste et d'autre part une description des actions à mener imposées par la réalisation du projet, toutes consistant à révolutionner les manières de vivre et de penser, et à interdire tout simplement ce qui s'en distinguerait.
La chose vient de loin et se pose évidemment la question de la gnose, l'ennemi principal du christianisme naissant, qui le poussa (la thèse est connue) à se transformer en religion pour se démarquer et assumer son autorité. La gnose avec son démiurge méchant et stupide, et son Dieu inconnu désincarné ne voulait pas s'installer dans le monde et le changer, mais l'abandonner: elle assumait le suicide comme seule chose à faire, et malgré sa puissance de conviction a disparu: le woke n'est pas une gnose, en tout cas c'est l'une des deux options à tenir, et je serai finalement de ce côté-là: les théologies gnostiques se situent plutôt dans le rejet du symbolique positivé, tentation initiale effective du christianisme, et ne sont que l'antithèse de tout projet humain civilisationnel. Le monde woke est normatif, et innovant: il a des motivations réalistes, et même s'il est déconnant en pratique, a des buts effectifs quant à un monde possible finalement logiquement souhaitable. Ses dénonciations sont à propos du réel, ses projets sont réels. Et puis, il faut le reconnaitre, il ignore absolument toute espèce de spiritualité.
Les causes de l'hérésie
L'arrivée de cette hérésie fondamentale du monde libéral est difficile à expliquer. Tout d'abord, elle se construit aux USA, ensemble civilisationnel occidental qui s'est toujours distingué de l'Europe sur des points fondamentaux essentiels: crée par un compromis entre franc-maçons illuministes et puritains protestants rigoristes, la fédération étatique américaine a permis d'éviter les maux européens liés aux conflits sociaux et religieux: les idéalistes charitables considéraient les pauvres comme damnés et les illuministes passés à la tolérance laissèrent aux religions leurs pouvoirs. Ces comportements très conservateurs en matière de moeurs, conforté par un religieux et un politique rigoriste durèrent très longtemps, les franges libérales sociétalement de la société restant structurellement minoritaires, quoique tolérées par défnition.
L'explosion se produisit en 1968 (si on veut une date) ce qui amorca une réforme profonde du sociétal américain, mais n'aboutit véritablement que très récemment. Ce n'est qu'à partir de 2020, en effet, que l'athéisme déclaré devient majoritaire aux USA... Dés ce moment le compromis fondateur fut remis en cause fondamentalement: les illuministes universalistes américains ont repris leur liberté et abandonné tout respect pour le sociétal contraint par le religieux ou en général par tout système symbolisé respectueux de quoi que ce soit. Le point de fuite est devenu le transhumanisme sans limites, l'homme augmenté maitre de machines surpuissantes pouvant absolument tout en principe et en fait.
Le point d'ancrage de la mutation pourrait être la "révolution" sexuelle des années 60, stimulée et rendue possible par la contraception chimique. Ou pas: les moeurs ne sont pas forcément indexés sur les techniques qui en découleraint plutôt et quelqu'en soit ses inconvénients, les préservatifs sont efficaces aussi: la pilule avec ses inconvénients aussi mais réservés aux femmes ne fut qu'un choix, voire une obligation. Qu'est ce qui causa cette libéralisation des moeurs ?
On pourrait dire que de même qu'alors que la fin de la guerre de 14 s'accompagna de grandes licences en Europe du fait du sentiment de la victoire, la relativement faible participation américaine n'avait pas atteint le sentiment moral américain, ce qui fut le cas après 45. Rock and Roll et compagnie, la folie sociétale américaine post jazz fut extraordinairement puissante, au point de créer la classe sociale des "jeunes" en Europe, encore bien présente et au combien. Ce changement là y ruina entièrement la transmission traditionnelle des valeurs, la consommation purement passive des nouveaux biens culturels accentuant énormément la vitesse de la mutation. De ce point de vue, on peut parler d'avance européenne, avance qui comme on l'a vu est maintenant comblée: l'Occident maintenant unanime et rassemblé peut regarder son futur en face.
Un projet "métaphysique" est en cours, et contrairement à bien des gens, on peut s'inquiéter du fait qu'il s'agisse d'une mutation anthropologique globale qui affecterait sur le long terme des parties importantes de la population, avec les conséquences secondes sur les autres qu'on peut imaginer. Bref, en aucun cas une mode ou un défoulement passager destiné à s'éteindre telle une mode.
En bref, l'empire Romain a son christianisme, et si l'on persécutait, il n'est pas évident que cela ne serait pas stimulé, bien au contraire. Car la remise en cause est profonde et va au delà du politique, clairement explosé, et aussi du social : elle est "anthropologique" car ressortant du fond humain préalable au simple "accord" primitif symbolisé classiquement par les philosophies occidentales: on revient à avant le contrat social; on ne fait pas une "révolution", on revient en arrière et on bifurque. Grandiose ! En fait du jamais vu.
Le mécanisme
A la racine du phénomène global, on pourrait placer la disparition ou la destruction d'un caractère souvent décrit comme essentiel à tout social ou à toute culture: la dualité de l'état global des choses, à la fois imposé et voulu. C'est le double principe du pouvoir et de l'autorité, les deux choses s'échangeant comme le décrit Bruno Latour avec les deux flux constitutifs du politique : ascendant et descendant. Pas de pouvoir (descendant) sans autorité (ascendant), pas d'obligation sans imposition etc etc. Cette machine quasiment chimique fonde l'Etat, les religions, les familles, bref tout ce qui stabilise et harmonise les collectifs. On dit bien "stabilise": ces échanges sont de longue durée par essence et s'ils peuvent être rompus, c'est pour être remplacés. On aurait donc ici une tentative globale de remplacement en forme d'attaque globale multiple.
Est ce le cas ? On pourrait affirmer le côté profondément nihiliste des injonctions wokes en ce qu'elle ne sont pas symbolisées sinon négativement. Sur tous les sujets, les habitudes millénaires sont mises cul par dessus tête après avoir été maudites, la nouvelle pratique radicalement contraire devant s'imposer par la force de la persuasion et de la décision: le pouvoir est exclusivement ascendant, maximalement "démocratique"... Rien en effet ne peut justifier la "descente", évidemment pas pour ce qui concerne sexe et genre, la négation de la sexualité mettant en cause un milliard d'années de vie sur terre, par exemple. Tout à l'avenant, le végétarianisme étant imposé par un savant mélange de défense du climat, d'économie d'énergie et surtout de sensiblerie animale justifiée par leur attribution d'une consience, à rebours de toutes les écologies construites traditionnellement avec les animaux domestiqués.
Or toutes ces habitudes déniées issues du fond culturel et civilisationnel, lui même héritier par transmission et réexpression d'un fond anthropologique antérieur ancien furent symbolisées positivement et stabilisés comme indiqué dans les mémoires, les volontés de transmettre, voire les motivations profondes de la conduite des vies propres. Améliorés et adoucis par les cultures, les civilisations et les moeurs modernisés et réfléchis ils conservaient le gout des traditions et donnaient le plaisir de l'ancrage dans l'histoire et de la permanence des héritages des parents aimés. Tout cela doit donc être détruit par l'instauration d'institutions strictement "ascendantes". Rien ne doit être hérité ou accepté du fait de traditions ou d'antériorités, en tout cas elle ne doivent pas compter. Seule la volonté directe actuelle issue d'une liberté "éveillée" sans limites peut s'installer.
Cette question de liberté joue un grand rôle. De manière surprenante, là encore une contradiction manifeste se présente, personne ne pouvant garder la liberté de refuser la "proposition", alors que les indécis se convainquent facilement à tort que l'exercice de la nouvelle pratique peut être laisser à une appréciation "libre": elle est en fait appellée à être généralisée, son acceptation ne pouvant être que "de principe" et donc universelle. Ce dont on accepte la présence par gout de la liberté des autres produit l'abolition de la sienne propre. Comme si le suicide du monde devait commencer par le suicide préalable de ceux qui pourraient s'y opposer...
Après tout
Et puis, le terme de destruction s'applique-t-il vraiment ? Après tout, un nouveau monde est déconcertant mais c'est un monde... Pour juger, on se doit de noter le refus de la reproduction physique, qu'on pourrait juger provisoire, et la soumission à l'immigration incontrôlée, grosse de destruction à terme de la mutation elle même, par défaut de transmission aux nouveaux arrivants... Et puis la destruction anime toujours le processus révolutionnaire, toujours suivi, on l'a évoqué, d'une remise en ordre, quelle soit le fait du révolutionnaire après sa victoire, ou de la contre révolution et ses besoins de purger. On peut dire déjà que le besoin de purger est vif. Qu'en sera-t-il demain quand les premières vraies agressions contre le premier qui se rebiffera vraiment auront lieu? Sera-t-il trop tard et verra-t-on un vrai innocent supplicié à la Girard avec ravissement par une foule exatique ? Faudra-t-il alors une vraie guerre de religion exterminatrice pour se débarrasser physiquement d'une lèpre dont on commence à connaitre les représentants ?
Considérer comme positive cette réaction là est il plus ou moins pessimiste que de d'admettre l'inéluctable ? Autant se suicider par avance pour protester contre ce futur là qu'il soit ou non l'affreuse lutte contre l'affreux monde. La chose est donc complexe.
En bref, on n'a ni suicide ni destruction malgré les apparences : le phénomène n'est pas une évolution de la nature comme on pourrait trop facilement l'accepter. C'est un combat et les adversaires sont désignés. Non pas un match, mais une guerre, et le vainqueur aura tout. Peut on vaincre cette lèpre sans sauvage extermination ? On aura l'occasion d'en discuter.
(1) Interview de Raoult par Asselineau https://youtu.be/Usk5wSO9U4c
(2) Henri Hude et ses désespoirs: https://www.youtube.com/watch?v=3wiMRJHel4A