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Les palais

Hôtel des Tournelles, du Palais médiéval à l'Hôtel intimiste.

Il y a dans le "vrai" centre de Paris une théorie de palais qui méritent d'être distingués. À l'intérieur de la première enceinte médiévale de Paris, postérieure à l'attaque Viking de 885-887, mais antérieure à celle de Philippe Auguste, on trouve donc entre Saint Germain l'Auxerrois, Saint Merri et Saint Gervais, en face de la Cité, l'établissement de la ville sur la rive droite, la muraille qui protégeait Hugues Capet (+996). La porte Baudoyer de cette enceinte était à la place du même nom. Au delà de la muraille, c'était la rue Saint Antoine, en fait la rue François Miron actuelle. Philippe Auguste, lors de la construction de son enceinte à lui, déplaça la porte de 500m pour donner, à la hauteur actuelle de Saint Paul Saint Louis, la première porte Saint Antoine. 

Chassé, dauphin, du palais de la cité par l'émeute (1358) d'Etienne Marcel qui l'avait déjà obligé à libérer Charles le Mauvais de Navarre et qui l'oblige à coiffer le chapeau rouge et bleu des parisiens, le roi Charles V s'installe à l'hôtel Saint-Pol, rive droite, dans la zone entourée par les actuelles rue de la Cerisaie, Charles V et des Lions-Saint-Paul et du quai des célestins. A l'extérieur de l'enceinte de Philippe Auguste, mais dans celle de Charles V, le même, qui la construisit à la hâte en 1352 avec les deux tours de la porte Saint-Antoine, la deuxième, dans le même quartier, le nôtre, à qui la pâtisserie derrière la statue de Beaumarchais doit pas son nom. L'emplacement des deux tours est actuellement marqué sur la chaussée, juste au débouché de la rue Saint Antoine. Pour passer la porte, il fallait passer par la forteresse. Ce passage fut par la suite condamné, et il y eut une troisième porte Saint Antoine sur le côté, passant par l'actuelle rue de la Bastille, la rue de l'actuelle brasserie Bofinger.

Porte Saint-Antoine sur le plan de Truschet et Hoyau (vers 1550).

La porte Saint Antoine donna lieu pendant la Fronde à une bataille rangée d'importance en juillet 1652, le grand Condé affrontant Turenne qui de Charonne où se trouvait le Roi, bombardait l'armée frondeuse, fut finalement autorisée à entrer dans Paris par la "grande demoiselle", cousine du Roi (la fille de Gaston) qui fit même tirer sur Turenne après avoir ouvert la porte pour sauver Condé. Paris ne fut rendu au Roi qu'en octobre quand Condé se rallia à l'Espagne. Il ne fut battu qu'en 1658 à la bataille des Dunes puis pardonné après le traité des Pyrénées en 1659. 

La porte, du temps de Louis XIV.

 

Pour ce qui concerne Charles V, traumatisé par la foule révolutionnaire, comme le fut plus tard Louis XIV, il s'agissait de s'installer "à la campagne, hors des murs" et de pouvoir librement aller à la forteresse de Vincennes. On construisit plus tard en 1382, les 4 autres tours de la forteresse de la Bastille. Au fait, Etienne Marcel fut assassiné par la foule devant la porte, le 31 juillet, après avoir humilié Charles en février 1358 et qui entre triomphalement dans Paris le 2 aout.

Il faut revenir sur Charles le mauvais, roi de Navarre, depuis que Jeanne, la fille d'une longue lignée de Sanche, Sanchez  et finalement de quelques Thibauts, épousa Philippe Le Bel, devenu roi de France et de Navarre. À la mort du dernier capétien Charles IV le bel, c'est Jeanne, la fille de Louis X le Hutin son frère, qui récupère le royaume de Navarre et le transfère à son fils Charles le mauvais. Celui-ci eut un rôle trouble et complexe, alla jusqu'à revendiquer le trône de France puis celui de la Bourgogne, et finalement échoua dans toutes ses entreprises après avoir gravement porté tort à Jean le Bon et son fils Charles. Il mourut désargenté et déshérité de tout en 1386. Le royaume de Navarre échu à la maison d'Albret se retrouva en possession d'Henri de Bourbon, Henri IV, mais seulement sa partie basse, en deçà des Pyrénées, qui fut associée au royaume de France, les rois jusqu'à Louis XVI restant "de France et de Navarre". La partie haute avait été conquise par l'Espagne, assez naturellement, mais la partie basse resta un "royaume" jusqu'en 1789. Le chef-lieu, Saint Jean Pied de Port, n'est pas au bord de la mer (pas du tout) mais en bas du col de Roncevaux. 

L'hôtel Saint-Pol était un ensemble, fait de plusieurs constructions, dont l'hôtel des archevêques de Sens, l'archevêque étant relogé sur le site actuel dans l'hôtel d'Hestomesnil, le bâtiment étant reconstruit par Tristan de Salazar (homme dit-on "ouvert au démon et fermé à toute vertu") entre 1495 et 1519 pour donner le truc actuel, le château de la reine Margot, où il mourut, mais c'est une autre histoire. Et oui, Paris ne fut archevêché qu'en 1622.

C'est à l'hôtel Saint Pol qu'eut lieu le "bal des ardents", dramatique incendie accidentel de 1393 lors d'un bal masqué organisé par Isabeau de Bavière, la démoniaque épouse du roi. Le drame fit basculer Charles VI dans la folie. 

Charles VI s'installa à l'hôtel des tournelles, vaste zone couverte de bâtiments portant courtines ou tourelles ou tournelles ("On eût dit un gigantesque échiquier de pierre", Victor Hugo), et qui s'étendait entre la rue Saint Catherine (l'actuelle rue de Sévigné) et la Bastille. . Il y avait comme du temps de l'hôtel Saint Pol, une ménagerie avec des lions. L'hôtel était auparavant la propriété du duc d'Orléans, frère du Roi, assassiné rue Barbette en 1407 par les hommes de Jean sans Peur, ce qui initia la guerre Armagnac Bourguignons. 

On rappelle que Philippe le Hardi, frère cadet de Charles V, fut le héros de Poitiers (quand son père Jean le Bon fut fait prisonnier par les Anglais en 1356), il fut le père de Jean sans Peur (assassiné à Montereau par Charles VII en 1419) et le grand-père de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, qui vendit Jeanne d'Arc aux Anglais en 1430.  

C'est lors du banquet du Faisan à Lille en 1454, que Philippe le bon fit le voeu de reprendre Constantinople aux Turcs. Il est le père de Charles le Téméraire, l'ennemi juré de Louis XI, lui-même par ailleurs réfugié chez Philippe jusqu'à la mort de son père Charles VII en 1461. Philippe meurt en 1467. 

L'hôtel des Tournelles fut peu habitée par les rois, jusqu'à Henri II qui festoya et tournoya pour son malheur rue Saint Antoine, en face de l'hôtel de Sully actuel (construit en 1626), où il fut blessé à mort. Malheureuse, Catherine de Medicis fit démolir la zone, utilisa les gravats pour construire les tuileries et y organisa un marché aux chevaux gigantesque. La zone servait aux duels, dont le "duel des mignons" de Henri III en 1578 (6 protagonistes, 6 morts). Henri IV y fit construire la place royale, et déménagea le marché aux chevaux. On y accédait par l'impasse du "Hà Hà" (l'impasse Guéménée). 

 

 

Cette impasse Guéménée mena aussi à l'hôtel Rohan Guéménée , construit en 1605 par Isaac Arnaud et vendu au maréchal de Lavardin, qui était dans le carrosse d'Henri IV lors de son assassinat. Le grand veneur de France, nommé à 20 ans, Louis de Rohan-Guéméné, en fut propriétaire en 1637. Compromis dans la conspiration républicaine de Lautréamont, il fut décapité en bas de la Bastille en 1674. 

 

IMPASSE GUEMENEE. PARIS 4ème. LE MARAIS.

On finira par l'Hôtel de Sully, construit avec plein d'autres dans les années 20 du XVIIème siècle, il est attribué à Jean Androuet du Cerceau dont l'oncle Jacques construisit le palais du Luxembourg. Salomon de Brosse, autre neveu du même, fit la facade de Saint Gervais Saint Protais. Il ne fut acheté par Maximilien de Béthune, Duc de Sully mort en 1641 (deux ans avant Richelieu), qu'en 1634. 

File:Hôtel de Sully, París. 16.JPG

File:P1200933 Paris IV hotel de Sully rwk.jpg

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