Les géopolitiques
Le mot désigne ce qui n'est pas une discipline universitaire (1), bien qu'un institut français de géopolitique soit attaché à Paris VII.
On commencera par plaisanter sur l'acteur en rapport, le géopoliticien étant un avatar de géopolitichien et de polichinelle sans parler du chien et du très discrédité politicien.
Yves Lacoste, fondateur de la revue Hérodote, le vieux grec étant le premier géographe et le premier historien, (L'Egypte est un don du Nil, dit-il) lui donne comme sous titre: "revue de géographie et de géopolitique" et se prétend pour toujours "géographe" et rien d'autre. Il définit la chose comme la description des éléments de géographie qui permettent de faire la guerre ou la justification géographique de faire la guerre, pour finir par la description de ce qui motive géographiquement à faire la guerre.
C'est la "géographie des officiers", par opposition à la "géographie des professeurs".
Discrédité par son passé nazi, Hitler formé à la géopolitique (la Geopolitik de Carl Hausofer), voulant pousser les slaves à l'est de sa future zone de conquête en plus d'exterminer ou de mettre en esclavage ce qui y vivait, le terme reparait en France dans les années 60...
Que valent les arguments historiques face aux arguments géographiques dans l'évaluation des conflits dont il faut bien (journalisme, moralisme et communication politique oblige) être partie prenante ? L'histoire met en causes les hommes et la géographie, même changée par l'homme, a une structure de cause mécanique qui passe par-dessus les volontés, en tout cas, agissant comme une contrainte.
L'Ukraine
L'Ukraine joue sans doute un rôle central dans le caractère "géo" de l'histoire actuelle. Centre du monde européen depuis toujours, elle constitue l'essence même du géopolitique et illustre le caractère essentiel de la position géographique dans la marche des affaires du monde.
La zone est d'abord au carrefour des empires polonais, autrichien et russe. Carrefour désiré et actif, exactement comme le coeur battant d'un monstre.
L'Europe corrompue
Construit sur la volonté de fusionner des Nations toujours essentiellement séparées par l'histoire, le projet européen est, tout comme toutes les ambitions impossibles, un idéal utopique contradictoire qui ne peut tenir que par le mensonge dont l'évidence ne peut être contenue que par la corruption. Ce principe géopolitique essentiel s'est matérialisé par les subventions promises "à la française" à tous les nouveaux entrants, promesse de corruption globale caractérisée utilisée comme argument valorisant par tout le monde dont le généreux corrupteur, conquérant du bien.
L'Amérique égoïste
Alliés du monde libre depuis 1917, les USA bénéficient d'un avantage conséquent qui se traduisit en 1989 par la chute du mur de Berlin. Bingo. Entre deux révolutions, qui marquèrent et au combien l'histoire du monde, se déroula et s'effectua la totale domination planétaire des États-Unis d'Amérique. Cela dura 72 ans.
D'abord, la guerre de 14. Contrairement à ce qu'on dit, elle eut le même vainqueur que celle de 40, avec les mêmes résultats globaux, il s'agissait de la même guerre en fait: la destruction de la volonté allemande et l'affirmation de celle des USA. Épuisée par la guerre et pratiquement en position de céder, la France était dirigée globalement par des incapables déjà largement corrompus, quoique maintenue hors de l'eau par un seul grand homme qui hélas ne put rien faire la paix revenue, tant sa victoire avait matériellement dépendu d'un argent transatlantique qui fit ensuite ce qu'il voulut.
Là encore, un élément géographique, la puissance industrielle d'un continent forgé de l'autre côté des eaux fit ce qu'elle devait et pouvait faire. L'Europe a bien disparue en 17, quand on accepta le sacrifice suprême au nom de l'arrivée inéluctable de la victoire qui était en fait une autre invasion...
À quel point Allemands et Américains opposés mais rivaux au sujet de la domination suprême ont-ils finalement collaborés? Le complotisme géopolitique peut alors se déchainer, la seule vraie alternative, le communisme internationalisé puis nationalisé ayant des choses à dire... Hélas, bien que marquant une partie notable de l'opinion, en gros ce qu'on appelle la gauche militante, communiste puis extrême, tout se ramenant pour tout à la question sociale, put émettre des messages salutaires au sujet de certaines vérités qui furent étouffés. Il ne fallut que la lucidité gaulliste pour maintenir certaines de ces vérités, que tout le reste de l'opinion, et des opinions manipulées, voulurent jusqu'à aujourd'hui maintenir atlantistes, le désastre actuel en en étant la conséquence...
Irak
On inclut trop facilement Muhammar Khadafi et Saddam Hussein dans la liste des victimes d'une volonté US délirante de dominer le monde qui furent finalement des échecs. On se permettra pourtant de nuancer les choses.
D'abord, les deux affaires furent jouées et perdues par les USA seuls, et par un président, le très "bronzé" Barak Obama (Berlusconi dixit), dont le rôle catastrophique dans l'histoire du monde ne sera jamais assez soulignée.
On ajoutera à ces catastrophes, le soutien aux frères musulmans égyptiens, la poursuite éperdue de l'échec afghan, et bien sûr l'affaire Ukrainienne, toutes menées de main de maitre. Les conséquences désastreuses de toutes ces politiques étant actives et meurtrières aujourd'hui, la nomination toute aussi désastreuse du minable et gâteux corrompu qu'est Joe Biden n'étant que la pire de toutes...
L'Irak et la Libye menèrent toutes les années 70 un soutien caractérisé, avec l'aide de la Russie, au terrorisme international fictivement basé sur la lutte palestinienne. L'Europe férue d'indépendance, et coincée par l'embargo pétrolier, ne pouvait pas faire autrement que soutenir ces fournisseurs-là et la France ne s'en priva pas, donnant mirage, vedettes et soutiens variés aux deux dictateurs, le rôle personnel de Jacques Chirac dans ces politiques-là étant établi. On passe sur les années 80, un terrorisme iranien frappant alors la France au confluent de luttes politiques dont la composante géopolitique donna lieu à un débat présidentiel houleux sur fond d'otages...
Les ambitions des dictateurs "nationalistes" furent immenses et soutenues et concernèrent bien sûr le nucléaire qui fut longtemps leur horizon, du moins pour l'Irak, et après tout Sarkozy promit bien une centrale à Kadhafi du temps de leurs amours (tarifés). La France dans ces domaines promit et donna beaucoup, le comble du défi à l'Amérique étant la croisade anti-intervention en Irak menée à l'ONU, forçant Bush à la faute. La conversation publique Schroeder, Chirac, Poutine étant l'offense suprême qui sans doute précipita les choses.
Car l'Amérique avait été frappée, et les conséquences n'en furent pas maitrisées. Espionnage tout azimuts et aussi des "amis", réduits donc à être des suspects à contrôler par la bande, voire à manipuler et à corrompre, les programmes idéologiques étant menés contre et avec leurs dirigeants, l'encouragement à faire l'Europe contre les peuples institué en devoir géopolitique, nous y voilà.
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9opolitique
(2) Un interview de Del Valle https://www.youtube.com/watch?v=F8kqqHlqeAI
(3) Yves Lacoste La géographie ça sert d'abord à faire la guerre