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  • les catastrophismes

    On conclura ce productif mois de Janvier par une glose sur le climat avec en arrière-plan la très générationnelle opinion sur le réchauffement climatique en général (1) (2).

    Deux aspects: la survie de l'humanité, notre responsabilité à ce sujet. Pour ce qui concerne la responsabilité, deux aspects selon qu'on l'évalue avec raison, et que l'on peut agir en fonction. 

    On avait donné des chiffres en (3), mais il faut aller plus loin.

    Les bases

    Commençons par quelques bases.

    L'énergie (Bernouilli 1717, Young 1807) c'est "ce qui se conserve dans le changement d'état d'un système"... 

    C'est donc CE qui se transfère, se consomme, et se convertit. 

    Mesurée en Joule (Kg.m2/t2), sa vitesse de transfert est le Watt ou puissance, et donc elle est mesurée en KWh. 

    1 Joule c'est monter 100 g de 1 m (il faut peiner pour vaincre la gravité, qui est une force de 10 N/kg environ). 

    Une calorie est 4,2 J soit environ 1mWh... 

    La puissance caractérise la quantité d'énergie qu'on peut délivrer, en supposant qu'on dispose d'une infinité de celle ci. Disons que la puissance c'est ce qu'on peut fournir par unité de temps tant qu'on en a... 

    Un cheval vapeur c'est 736W , un horse power (HP) 746 W. 

    Un homme c'est 100 W (une ampoule). La puissance maximale (pendant 20 minutes) d'un cycliste, est de 300 W. Notons, qu'il faut bien 20 minutes pour fournir les 1200 * 300 = 360 000 Ws = 100 Wh de travail que fournira le cycliste uniquement capable de donner chaque seconde 300 Ws

    Un tracteur c'est 50 KW, un airbus c'est 100 MW

    1 litre d'essence: 10 KWh. Les machines qui exploitent ces quantités là ont multiplié la force de l'humain par environ 100.

    1 g d'Uranium = 2.5 tonnes de charbon = 1 tonne de pétrole

    La grande thèse

    Jean Marc Jancovici (4) est porteur d'une thèse mal connue et que les écologistes semblent ignorer. Il affirme que le PIB mondial n'a augmenté depuis un siècle qu'en rapport direct avec la consommation d'énergie utilisée pour faire fonctionner les machines, c'est-à-dire avec le pétrole.

    Autrefois réduits à exploiter des esclaves afin de pouvoir passer son temps à déverser ses pensées par écrit ou à se masturber ou les deux, la quantité d'esclaves nécessaires étant d'environ 100, les humains ont automatisés ceux-ci, et le résultat est le même. 

    Exclusivement rendue possible par l'esclavage, la civilisation, la démocratie et le bien être égalitaire sont exclusivement dus aux machines et à rien d'autre. La disparition de celles-ci rétablira l'ancien ordre, et picétou. 

    Les machines fonctionnent avec le pétrole. Or le pétrole, matière première fossile est en quantité limitée et le pic de sa consommation, pétrole de schiste inclus, a été passé en 2018. La quantité de pétrole consommée est maintenant en diminution tendancielle irréversible. Le PIB mondial ne peut plus croitre et va diminuer, donc. 

    Jancovici, qui par ailleurs explique le réchauffement et ses conséquences nous met en fait en face de bien pire, en fait: il ne va plus y avoir assez de pétrole et la croissance économique va cesser. Or, la population mondiale continue d'augmenter et devrait aller au-delà de 10 Milliards d'habitants avant de commencer à baisser, si cela se produit... 

    Sa prédiction que la simultanéité du réchauffement, catastrophique pour la production agricole, plus le manque de pétrole doive conduire à des violences variées de par le monde semble hautement vraisemblable... 

    Un élément important de la thèse est que de toutes les productions d'énergie, le nucléaire et en particulier les formes avancées de production qui le mettent en œuvre ont 1) la plus faible émission de CO2,  2) une efficience extrême.

    Hors tout pic de la consommation d'uranium, il existe des principes de production d'énergie nucléaire (surgénération) qui donneraient plusieurs centaines d'années d'abondance en matière de production d'électricité propre quasiment illimitée. Cela peut être mis en œuvre avant que la fusion, dont l'utilisation ne pourra pas être faite avant la fin du siècle, ne soit utilisable. Cela avec un production extrêmement faible de déchets sans dangers. 

    Il faut cependant réaliser que le nucléaire n'est pas une solution au problème des machines, la réalisation des batteries électriques indispensables à leurs utilisations ordinaires nécessitant des matières premières en quantité limitée, et la production de l'hydrogène nécessaire aux piles à combustibles à utiliser pour les voitures nécessitant de multiplier le parc nucléaire par au moins deux, sans parler des catalyseurs de l'electrolyse en quantité limitée aussi. Même avec un nucléaire producteur d'électricité, la sobriété est de mise, et dans tous les domaines de l'activité humaine. 

    Le réchauffement

    Théorisé par Fourier au début du XIXème siècle, le réchauffement climatique est dû à l'accumulation dans l'atmosphère de gaz dit "à effet de serre". La preuve du fait que le réchauffement vient bien de la terre est que cela ne concerne que les basses couches de l'atmosphère, car les hautes couches de l'atmosphère elles, par conséquent, se refroidissent. Ce ne peut donc pas être le soleil qui chauffe. Le phénomène de gradient est d'ailleurs déjà mesurable, sous la forme d'ouragans de puissances grandissantes. 

    En gros, on a la troposphère, qui se réchauffe, la stratosphère (15 km) et la mésosphère (50 km), qui se refroidit. 

    L'effet de serre est produit par une différence entre la transparence du CO2 (et des gaz "à effet de serre") entre l'infra rouge (émis par le sol lorsque du carbone est brulé) et l'ultra violet produit par le soleil dans l'autre direction. L'effet dure autant que le CO2 est présent. Or celui-ci est inerte et ne diminue que lentement: 100 ans pour qu'il disparaisse à 60%. 

    C'est la raison pour laquelle le réchauffement actuel va produire de manière sure un minimum de 2° de réchauffement moyen, chiffre qui représente l'ensemble des conséquences associées, cyclones, élévations du niveau de la mer, hiver doux ou glaciaux c'est selon etc etc. 

     

    La catastrophe

    Parlons peu, parlons bien: nous allons donc avoir 2° en plus, c'est maintenant inévitable. Des efforts mondiaux considérables ont pour objectif (c'est le mantra du Giec) est d'avoir cette valeur en fin de siècle, après un passage à 3 voir 4° en milieu de siècle. Inutile de dire qu'on va s'y maintenir, l'extrême prévu de 7° étant inatteignable (supposons le). 

    Eviter le 5° parait douteux, car nous (USA + Chine + Inde + Asie ) ne faisons strictement rien pour l'éviter. 5° c'est le réchauffement des 10 000 années qui causèrent le néolithique il y a 10 000 ans. Nous allons le faire en 1 siècle et demi. 

    Ce qui a fait fondre en 10 000 ans la calotte glacière qui recouvrait l'Europe, nous nous l'infligeons en 150 ans. Un douche glacée à l'envers. 

    On estime l'humidification des sols en perte de 10% par degré de réchauffement. L'inflammabilité de toutes les forêts de France seront celles de l'arrière-pays varois actuel. 

    La catastrophe est donc double: d'une part nous n'avons plus assez de pétrole pour réchauffer davantage la planète, d'autre part ce réchauffement aura lieu et dans sa forme la plus grave. Nous aurons donc, d'une part très chaud, d'autre part, plus de pétrole pour faire tourner les climatiseurs... 

    Le constat 

    Le diagnostic de tout ça doit d'abord s'estimer au nombre de coupables, et de bénéficiaires et de gens concernés. 

    La croissance démographique se dessine sous la forme d'une courbe "en équerre":

     

                                                                                                                                                                            2000 6G

                                                                                                                                                                            1960 3G

                                                                                                                                                                            1930 2G

                                                                                                                                                                            1800 1G

                                                                                                                                                Révolution industrielle 500 M

                                                                                                                                                                            __

                                                                                        -10000 5M____________0 250 M_____________________/

     

    Entièrement due à la surconsommation énergétique liée à l'utilisation massive du pétrole pour faire tourner des machines, la population de la terre n'a pas de "justification/explication" autre que cet excès de dévoration. La diminution de cette consommation devrait faire aller les choses dans l'autre sens. Deux moyens effectifs pour cela: le vieillissement de cette population, ce qui serait la manière soft de revenir à un niveau compatible avec un état des techniques compatible avec les disponibilités énergétiques; ou bien l'extermination de masse. Ce sont deux extrêmes, et il y aura de manière sûre un moyen terme qui sera partiellement dû à des morts "accidentelles" (accidents, famine, épidémies) avant bien sûr que ne soient employés des moyens industriels volontaires. 

    Les réactions

    À part l'ignorance en forme de non prise en compte complète, allant jusqu'à l'affirmation de la nécessité d'une relance de la croissance, qui ignore complètement les contraintes à venir, le sujet est abordé de multiples manières.

    Un point intéressant mentionné par Jean Marc Jancovici est que à ce propos, la source principale d'information générale du grand public, les mass médias, sont décrit par le même comme ayant un processus de production semblable aux machines: ils recrachent sous forme agréable des informations prélevées dans la nature et n'ont donc aucune espèce de valeur ajoutée informative. A ce titre, ils n'ont aucune espèce de dispositions particulières pour délivrer quoique ce soit comme information valide sur ces sujets difficiles, la preuve.

    D'abord il y a la crainte de la disparition de l'humanité, forme ultime du catastrophisme, qui se traduit par des angoisses mortelles absurdes et inconséquentes (1). Ensuite, il y a la volonté, relayée par les idéologues, y compris Jancovici d'ailleurs, de limiter le réchauffement et la surconsommation par des actions politiques volontaristes.

    Le sujet est ici de développer des discours politiques visant à convaincre les populations à "changer de vie" de manière à accepter, voire à pratiquer volontairement les restrictions majeures de consommation énergétique nécessaires. Belle ambition, qui est celle de la culpabilisation écologiste, voire de la distribution plus ou moins aveugle de la punition écolâtre envers, disons le, les futurs gilets jaunes choisis à l'avance parmi ceux dont on ne croyait pas qu'ils se rebifferaient. 

    Nulle part n'existe une autre approche, qui serait pourtant la seule à tenir raisonnablement. La situation, inéluctable, ne peut être empêchée. L'organisation de la société doit donc être prévue à l'avance sous la forme d'une adaptation au futur sous la forme d'une consommation réduite de ce dont il n'y aura plus assez ou dont le cout sera excessif et surtout d'une organisation par avance à vivre avec un réchauffement qu'on doit accepter au lieu de refuser ou de faire semblant de refuser. 

    Il y a bien sur les efforts méritoires de quelques lucides informés (Jean Marc Jancovici, il doit y en avoir d'autres, mais est ce si sur ?) qui surfent sur les manières intelligentes de faire cela en isolant les domaines d'actions. Mais ils mettent l'accent sur la lutte contre le réchauffement, ce qui n'a aucun sens au niveau d'un pays de la taille de la France, au lieu bien sur de prévoir le manque à venir de combustibles fossiles à bruler ! Le défaut de prise de conscience de l'argument conduira à la ruine totale des pays de cette taille, là incapable de voir et de comprendre la justification des actions à mener. 

    On peut et on doit ainsi parler, pour ce qui concerne la France, d'investissements industriels directs dans les domaines suivants: 

    - la subvention massive envers les voitures électriques, effectives pour les trajets quotidiens des populations 

    - la suppression du chauffage au fuel, au gaz ou au bois, les pompes à chaleur étant très efficaces

    - la reformation d'une filière nucléaire avec comme objectif un mix électrique à 100% nucléaire, l'éolien devant être banni

    - la remise en service du ferroviaire pour le transport des marchandises, une évidence connue méprisée

     

    Les deux thèmes, actions pour éviter ou actions pour s'adapter sont distincts et on doit choisir ! L'adaptation doit être organisée et non pas refusée par avance pour motiver une tâche impossible, et qui le songe creux désespéré d'écologistes dépassés et impuissants dont la nocivité, en particulier concernant le nucléaire est patente et doit maintenant être tout simplement punie. 

    Car une réorganisation de l'humanité autour du nucléaire doit être envisagée. La population suffisante capable de construire et d'entretenir les réacteurs qu'on peut réaliser doit être calculée et armée de manière à tenir à l'écart, puis d'exterminer la population excédentaire qu'on devra tenir à l'écart d'une distribution de richesses calculée d'équilibre et sans aucun doute trop limité pour admettre l'entretien de la population mondiale actuelle et prévue. 

    Plusieurs poles de ce type se manifesteront sur terre, disons dans le monde aujourd'hui occidental, avec un possible fractionnement à l'intérieur des zones actuellement unifiées (USA, Chine, Europe, Japon) et peut être quelques poles en Inde. Le reste de la population terrestre devra être anihilée, en prenant garde de limiter géographiquement les zones devenues radioactives, seul le nucléaire militaire étant à la hauteur de la tâche immense à accomplir. Une population cible de moins de 2/3 milliards d'habitants doit ainsi être envisagée d'ici la fin du siècle pour traiter le problème. Un aspect est que ces zones géographiques, situées autour de l'équateur du fait du réchauffement climatique, seront de toutes façons inhabitables, et il faut se dépêcher d'y supprimer toute vie avant que les migrations de fuite ne s'y manifestent.

    Salomé Saqué a raison de flipper, en fait... 

     

    (1) Salomé Saqué dont look up ! : https://www.youtube.com/watch?v=q-NwMj5i_HA

    0.30 "on parle vraiment de la survie de l'humanité"

    1.27 "il faut absolument arrêter de compartimenter l'écologie comme une science à part"

    (2) Salomé Saqué sur Arte la vidéo virale : https://www.youtube.com/watch?v=lmOORXEo7NQ

    "je fais partie de la génération qui va vivre l'effondrement"

    (3) http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2021/12/18/les-emissions-6355874.html

    (4) Conférence Jancovici Polytechnique Septembre 2021 https://www.youtube.com/watch?v=M2wI25p_7GA

    (5) Article de Jancovici dans les échos, Février 2022 https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/jean-marc-jancovici-avec-les-bons-indicateurs-leconomie-mondiale-serait-en-faillite-1384557

     

  • Les femmes de Todd

     

    Todd frappe sur les femmes (1) (sur certaines) ! 

    En gros, le féminisme "antagoniste" moderne est le fait de petites bourgeoises devenues agressives: elles croient copier le terrible antagonisme américain alors qu'elles ne manifestent que l'anomie Durkheimienne due à leur arrivée du fait de l'émancipation, dans les affres de ce que subissent les hommes... 

    Qui plus est, cet antagonisme dont se tient à l'écart les classes moyennes qui utilisent le couple malgré ses inconvénients pour survivre au déclassement en cours dû à la mondialisation, ravage les basses classes dont on encourage la monoparentalité qui rend la vie des célibataires avec enfants impossible. Ce sont donc les femmes des classes populaires qui pâtissent de l'émancipation agressive et sociétale promue par les femmes wokes. 

    L'entretien (1) est une merveille de faux cultisme distingué et tolérant, l'honneur du débat civilisé entre ennemis mortels qui se retiennent de se haïr ouvertement, un modèle. 

    Son immense mérite est de montrer et d'exprimer les positions respectives dans toute leur crudité, et cela sans que cela soit exprimé directement, comme par exemple par des descriptions argumentatives véhémentes. 

    Tout d'abord, la revendication du "scientifique", anthropologique ou démographique (Todd, qui n'est pas un universitaire, n'est que démographe, mais peut faire le "scientifique" quand même): "la science n'a pas de sexe" ! 

    Magnifique slogan, que Todd place répétitivement, sans trop de horions et en gardant ses testicules, à peine griffées par Laure Adler pour qui la situation de l'auteur d'un discours, c'est la base du féminisme, donne seul au sexe de l'autrice (seule une femme peut parler des femmes) le garant de l'authentique.

    Je fais un mauvais procès, nous sommes dans un monde de grandes bourgeoises, et un auteur masculin (quoique vieillissant) Georges Vigarello, y a crédit, il parle de la souffrance et de la domination. Quoique en termes dont Todd lui-même revendiqua la proximité: c'est parce qu'alors que les féminicides sont de moins en moins fréquents (ah bon? et oui!) qu'on les supporte d'autant moins et qu'ils sont insupportables, car cause de souffrance... La science n'a pas de sexe, mais les luttes chtarbées à contre temps, si, et la quenelle passa, telle la muscade. 

    Todd le dit aussi, le patriarcat tel qui décore les motivations de ces dames n'a pas de signification anthropologique dans un monde divers ou existent plusieurs statuts des femmes. Arc boutée sur les réformes napoléoniennes, dont Todd nous dit par ailleurs qu'elles ne concernèrent que le monde bourgeois, les constantes des rapports hommes femmes en province n'étant pas touchées, la féministe parle ainsi de bien autre chose... De quoi nourrir les graffiti anti-hommes des rencontres de Blanche Gardin, niées comme agressives par nos féministes qui ne voient rien d'"antagoniste" dans les petites folies de nos lesbiennes de choc actuellement de sortie (Alice Coffin rigolarde et castratrice, pour le moins). 

    Réfugié donc derrière le statut scientifique d'une patri-dominance locale et mesurée, Todd arrive le placer: le "patriarcat n'existe pas". On assiste bien à une féministicide avec violences asexuées. Pour faire passer la pilule, Todd avec élégance se dévirilisa et alla même jusqu'à se décrire comme une "pas chochotte mais presque". 

    Sa proclamation du caractère secondaire et pas très intéressante de l'œuvre de Françoise Héritier put au passage ridiculiser là encore avec élégance une Laure Adler à la culture fétichistique, qui plus est en lui assenant la théorie de Margaret Mead qui non seulement dézinguait Freud, mais décrivait précisément ce qu'est un homme: un humain incapable de faire des enfants et qui en souffre, voire, et là la quenelle se fait épée, et on protesta tout de même. Car la conclusion est en effet, que privé de cette occupation tout de même chronophage, le mâle est amené à se concentrer davantage sur son travail, ce qui favorise et explique ses carrières mieux menées... 

    On vit aussi affleurer la revendication féministe sous la forme de la nécessité et de l'efficacité des "luttes", qui seraient ralenties (j'aime bien la conviction d'avancer qu'a la dame) par l'œuvre de Todd, globalement négative. Persuadée donc de l'efficience léniniste de ses "luttes", la dame est une vraie progressiste, qui se mit ainsi nue devant nous avec grâce... 

    Gros bisoux à toi Todd ! 

    L'allusion au ralentissement dommageable fut par ailleurs faite avec gentillesse: Todd à l'occasion ne ferait que nous répéter ce qu'on savait depuis Zemmour en 2005: que les femmes sont plus éduquées que les hommes !!!  

    A ce propos, on répètera donc la thèse du partage des activités entre hommes et femmes, partage au sens de spécialisation : aux hommes la chasse, aux femmes la cueillette et le soin, ce qui donne aux hommes le social et aux femmes le familial. Todd en déduit par la bande que l'individualisme féminin s'est transmis à la société via l'émancipation féminine, et on peut rajouter que ce sont les 3 secteurs (ministères) de la santé, de la justice et de l'éducation majoritairement féminisés (c'est le fameux "soigner, protéger, éduquer" de Valérie Pécresse), qui s'effondrent en France actuellement, mais aussi bien d'ailleurs que les métiers du militaire, de l'industrie et de l'administration, laissés à des hommes démotivés... 

    Le bouquin

    On attendait donc le fameux opus de Todd sur le Matriarcat... De fait, au cours du travail dont le résultat vient de paraitre, il a changé d'avis et loin de voir soit une domination d'un sexe sur l'autre, soit une égalité, il décrit une différenciation avec des forces opposées. Ce qu'est le monde humain, en fait. 

    Mais il faut en venir au bouquin et à sa grande thèse: que l'anomie progresse chez les femmes émancipées alors qu'elle diminue dans la société globale, la stabilisation de la prospérité stabilisant aussi les désirs excessifs décrit par Durkheim, ce qui fait que le suicide, lui diminue partout y compris chez les femmes (sauf aux US ou il augmente partout). 

    Quant à la liaison entre émancipation féminine et abandon de l'action collective, propre aux hommes dont on a déjà parlé, il est aussi lié à la disparition du sentiment "national", remplacé par le "care" (le soin mutuel) qui dispense de l'alliance fraternelle pour mieux protéger. D'autre part, cet affaiblissement du collectif, c'est le développement du néo libéralisme, facteur ou expression d'un individualisme essentiellement féminin. Néo-féminisme, néo-libéralisme, progressisme ont maille à partir et Todd devient le scientifique objectif qui sans le vouloir vraiment, valide et au combien tout ce qu'un Zemmour décrit de la société actuelle... 

    Todd, mais avant lui bien des auteurs, établissent un modèle français des rapports entre les sexes qui s'oppose au modèle anglo-saxon: le vote des femmes fut accordé précocément à des femmes anglaises différentes des hommes et tardivement à des femmes françaises enfin considérées comme citoyennes (Rosenvallon). La France fut pourtaant pionnière de la transition démographique et de liberté sexuelle. 

    Un mot au sujet du deuxième féminisme en France, noté comme faible et en fait absent comme mouvement organisé, la France arrivant à émanciper ses femmes sans lui. Il est vrai que nous sommes des catholiques, ceux qui firent la renaissance quand on déshabille la vierge marie en la respectant, pour en faire... Vénus (c'est la belle saillie de Todd). Mais il est purement idéologique, motivée en partie par une vision faussée des statistiques (les "féminicides" sont en baisse, comme partout en Europe), et qui s'explique en profondeur par des antagonismes de classe en fait. Sera-t-il durable ? 

    Car les femmes ont des classes, aussi: hypergamées dans la classe moyenne inférieure, hypogamées dans la supérieure, encore macho. Et là coup de génie de Todd: c'est chez les hypergamées que les hommes soutiennent la nouvelle doctrine féministe !!! Ainsi donc, une petite bourgeoisie féminine conteste une classe moyenne supérieure masculine !!!  Apparemment éloigné du mépris descendant analysé par Todd par ailleurs (l'antagonisme est tourné vers le haut), il est d'abord moral, donc méprisant, et aussi, il n'est pas certain que les mâles hypogames dominés en soient à l'abri... Pour finir, on notera que c'est parmi les journalistes que l'opposition des deux classes moyennes inférieures féminisées, supérieures encore masculines est le plus aigu. Jean Claude "Gourdin" n'est pas poursuivi par hasard....

    Au sujet du "hyper", on compte les thèses et on les sexe. 3 domaines dont les sciences humaines, femmes à 60%, les maths, techniques, mâles à 70% (en diminution) et les zones en forte progression géographie, philosophie, sciences politiques quasiment à parité (en augmentation de femmes): ces dames progressent en savoir de gouvernement !  Le plus marrant dans ce genre de décompte: le mot "genre" dans l'intitulé des thèses est féminin à 80%, la fameuse théorie exprime bien une domination, y a que ça qui les intéresse. 

    Et puis il y a l'autorité féminine, qu'on rend responsable de la prohibition aux US, malgré la préférence des femmes pour l'immigration en France, leur individualisme les rendant plus "compréhensives". Et puis les exceptions  à l'association entre famille communautaire/souche et autoritarisme politique: c'est là où les femmes sont en position d'autorité. 

    Une autre exception est la famille communautaire arabe, par ailleurs endogame: elle reste à l'écart des systèmes bureaucratiques impersonnels du fait de la prédominance des clans familiaux, là où au contraire, le statut des femmes est particulièrement bas. 

    Bref, l'autorité féminine est plus "naturelle" du fait de la proximité mère/enfant, archétype du rapport de domination, elle est donc plus assurée, et moins violente que l'autorité masculine. En France, 84% des juges de moins de 35 ans sont des femmes... Le politiquement correct et la cancel culture en découle, c'est l'hypothèse de Todd. Les nazis furent masculinistes, les wokes sont féministes, les deux détruisent la culture. 

    Là est la charge violente, une vraie décharge ! 

    Quelques remarques et affirmations: 

    - Le sentiment religieux aux US s'est maintenant effondré, c'est la grande mutation des 20 dernières années.

    - L'homophobie est liée au protestantisme, et modérée en pays Catholique, la chasteté du prêtre, identifiée à une homosexualité latente rassurant les femmes.

    - C'est l'émancipation des femmes qui entraina la ruine terminale du catholicisme et de l'homophobie.

    - L'identité gay est culturelle et relative est inconnue au Japon, en Russie et en Thailande... Elle serait due au christianisme en fait au christianisme zombie. 

    - Un aspect de la différence sexuelle: l'homosexualité masculine est exclusive, alors que la bisexualité est bien plus répandue (d'après les enquêtes) chez les femmes. 

     - Une remarque sage: transsexuel est impropre alors que "transgenre" est bien sur adapté, la différence homme/femmes portant sur la capacité d'avoir des enfants.  Todd refuserait-il que le changement de cette chose soit possible ? En tout cas, pour lui l'utilisation du mot n'a de sens que pour cacher de manière puritaine, la vision de l'appareil génital. 

    - La Suède en 2021, après la Grande Bretagne en 2020, a interdit la transformation sexuelle chez les mineurs. 

    - Une définition de l'"identité", qui n'est pas l'individu, mais la place de l'individu dans un groupe.

    C'est donc l'émancipation des femmes qui conduisit donc à l'effondrement de la religion, puis en conséquences des autres identités dont l'identité nationale, puis avec l'effondrement de l'identité socialiste à l'identité "européenne" ou à l'identité gay ou même transgenre.

    - le développement des transgenres vers homme signifierait le caractère anxiogène du féminin en société matridominée... Par ailleurs il pourrait être un retour au taux "naturel" des berdaches américains, la question étant de savoir pourquoi cela arrive maintenant en Occident. 

    - le transgenre montre un rapport à la douleur, alternative à la vie éternelle et propre au transhumanisme contemporain. Le christianisme hypersexuel: la religion dont on ne sort jamais... 

    - le monde est divisé entre féministes tertiarisés et patrilinéaires industrialisés (75% du monde), les premiers ne devant la possibilité de leur turpitudes féministes qu'à l'homophobie des seconds... Le féminisme serait il une ruine ? Pourtant, les pays patrilinéaires encore industrialisés Allemagne, Japon , ne font plus d'enfants. Entre baisse du niveau de vie et baisse de la vie tout court, la divergence est perdant/perdant. 

    - Le Japon commencerait à accepter de l'immigration. 

    - Les chercheuses qui nous parlent du genre sont à 85% des chercheuses. 

    - La faiblesse du mouvement gilet jaune viendrait de sa forte composante féminine, incapable de s'organiser collectivement. 

     

     

    (1) https://www.france.tv/france-5/c-ce-soir/c-ce-soir-saison-2/3036417-feminisme-la-guerre-des-sexes-aura-t-elle-lieu.html

    (2) "Où en sont elles ?" Todd, 2022, disponible partout... 

    (3) A Sud Radio https://www.youtube.com/watch?v=gPBeezeJFz0

  • Les Ukraines

    Carte.

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  • Les juifs de Zemmour

    Laurent  Joly est un jeune historien qui énergiquement charge Zemmour. Comme beaucoup, il veut "réfuter" Zemmour. 

    On pourrait croire que le débat politique sur la candidature du polémiste devrait consister à savoir si ses diagnostics sont bons, et les actions qu'il propose acceptables. Non, on utilise d'autres moyens, dont la question de la fameuse polémique sur les juifs, dont je m'étais fait l'écho. 

    Avant de juger au fond, (le jugement en appel sera prononcé et on va se marrer, la première instance l'a relaxé sur la question), on regardera la critique faite (1). 

    D'abord les faits: 350 000 juifs en France en 40, 200 000 juifs français et 150 000 réfugiés récents dont certains des enfants sont français car nés en France. 75 000 déportations et donc assassinats (2500 survivants) dont 25 000 français. 

    Les juifs français furent, du fait des circonstances (zone libre, aide de la population), massivement épargnés. 

    La question est : Pétain a-t-il sauvé les juifs ? 

    Que dit Zemmour ? D'abord il faut distinguer le jugement en première instance, qui minimise le cadre de la plainte déposée, les propos n'étant pas affirmatifs, et relativisés par l'affirmation "Pétain a sauvé "des" et non pas "les" juifs français. Propos d'ailleurs tenus en dehors de l'échange avec BH Levy, qui n'aborda le sujet qu'indirectement... 

    Ensuite, que Zemmour reprend en fait les travaux d'un historien Alain Michel (2), par ailleurs rabbin juif, qui grosso modo soutient la thèse factuelle d'une "protection" des juifs français par Vichy, en fait Laval, qui "résiste" aux injonctions allemandes, prenant acte en fait des réactions de l'opinion aux rafles de l'été 42 (3).

    On est bien dans les discussions d'historien, Zemmour contrairement aux allégations faites dans (1) ne s'est jamais dit "historien" (cela signifierait qu'il lirait des sources historiques et non pas seulement les livres des historiens), se faisant l'écho de polémiques et en tirant les généralités liées aux opinions qu'il défend. 

    La polémique évoquée par Michel fut bien une polémique "post Paxton" qu'évoque d'ailleurs Laurent Joly et qui reste discutable et en discussion (3): 

    "Qu’il faille nuancer la vision accablante des années 1980-1990 et réévaluer à la hausse la dimension de la contrainte nazie dans l’appréciation de la politique de Vichy à l’heure des déportations de masse est sans doute nécessaire – et plusieurs travaux récents vont dans ce sens17. Mais cela n’exclut pas de continuer à s’interroger sur la marge de manœuvre et les responsabilités de l’État français. Cette marge, que tous les historiens s’accordent à considérer comme non négligeable, a-t-elle, au final, bénéficié aux victimes ou aggravé leur sort?"

     La question de la vilainie de Zemmour est donc entièrement dans une instrumentalisation de l'histoire qui si elle n'est pas niable dans son cas (il utilise des arguments tirés des travaux des historiens en discussion) ne l'est pas moins dans le cas de Laurent Joly (il fait exactement la même chose). On est donc bien dans deux combats superposés s'utilisant les uns les autres, la volonté étant exactement le combat idéologique décrit par Zemmour et d'ailleurs aussi par Laurent Joly mais sur un autre registre (qui serait la poursuite de l'extermination des juifs à travers l'histoire , réelle et écrite) et aussi trois choses, distinctes mais également discutables donc admissible au débat et pas à la judiciarisation. 

    D'abord que Zemmour est porteur d'un combat politique (qu'on peut résumer par le projet d'union des droites) qui consiste à acquérir l'assentiment global d'une partie de l'opinion suffisamment large pour exercer le pouvoir afin de mener une politique de sauvegarde du fond démographique français menacé par une immigration invasive récente venue d'Afrique. Historiquement séparée par la confrontation au gaullisme, la droite nationaliste française fut clivée à nouveau par la question de la lutte contre l'immigration, car diabolisée par sa conjonction aux nostalgiques de Pétain et de l'OAS. 

    Du temps de la seule conjonction envisagée et qui était partisane, il fallait bien des justifications idéologiques, et ceci explique le tropisme vichyssois-excusant de Zemmour, aujourd'hui inutile car il s'addresse maintenant directement aux électorats en passant par dessus les partis. 

    Ensuite que le combat idéologique antinazi n'a aucune réalité: juif lui même et certainement pas fasciste ou même antirépublicain, Zemmour n'a pas pour objectif de justifier le génocide juif et d'en innocenter les responsables, ni de nier sa réalité et les complices objectifs qu'il a pu avoir. Le combat est bien après coup, dans les interprétations et les instrumentalisations que la chose a suscité et dans les influences qu'elle a dans les débats actuels, en particulier concernant l'immigration africaine actuelle et ses relations idéologiques avec le souvenir de la déportation nazie... C'est bien ce débat là qui est en cours, mais il n'est qu'un débat, pas une accusation respective de crimes contre l'humanité. 

    La troisième chose porte sur le débat des historiens, bien vivant et qui illustre quelque chose de fondamental et dont il ne faut pas se départir: il n'y a pas et il ne peut pas y avoir de "vérité officielle" en histoire et en sciences humaines, qui sont des lieux de confrontation perpétuelle entre spécialistes, dont on peut s'inspirer pour prendre parti et convaincre, mais qu'on ne peut mettre en avant comme des vérités définitives qu'il serait immoral de critiquer. 

    Les deux derniers points illustrent deux choses affreuses qu'on veut instaurer à tort et qui menacent notre civilisation: vouloir au nom d'une morale exclusive établir une vérité pseudo scientifique. L'alliance de visions dévoyées de la morale et de la science à l'œuvre dans la monstruosité qui s'appelle le progressisme et qui s'illustre dans bien des domaines doit être combattue, et rejetée !!! 

     

    1) https://www.mediapart.fr/journal/france/240122/laurent-joly-zemmour-une-capacite-inverser-la-realite-des-faits

    (2) https://www.europe-israel.org/2021/10/petain-et-les-juifs-le-rabbin-alain-michel-historien-auteur-de-vichy-et-la-shoah-confirme-lanalyse-de-zemmour/

    (3) https://phdn.org/histgen/vichy/joly-michel-2013.html

  • Les conservatismes

    Pierre-André Taguieff est l'un des phares de notre époque, et il en a démêlé des écheveaux.

    Ici (1), une admirable définition qui clarifie bien des choses. 

    En gros: le réactionnaire n'est pas conservateur. Il a le culte masochiste du passé et se désespère à jamais devant une décadence qu'il juge inéluctable et terminale. Attitude psychologique et posture dernière, il n'a pas d'objectif à part s'identifier au dénigrement, c'est donc une stratégie vicieuse de communication pour les progressistes que d'identifier les conservateurs, leurs seuls vrais ennemis, à des réactionnaires. 

    Le conservateur veut et peut combattre le progressisme et s'oppose au révolutionnaire et au réactionnaire en ce qu'il reconnait une continuité entre passé et avenir et qu'il récuse donc à la fois la table rase et le prophétisme. Le révolutionnaire, lui n'est que le contempteur déçu de son frère le progressiste libéral, à qui il ne peut opposer que des excès socialisants et populistes. 

    Le progressisme est le culte du mieux situé dans l'avenir qui juge nécessaire la destruction inéluctable du passé. Il faut remarquer que ce principe est évidemment faux en matière de morale, esthétique et religion. Rien que ça. Simplement il a aujourd'hui les habits du cosmopolitisme néo libéral, enfilés directement sur ceux de l'internationaliste révolutionnaire. En cela il est reconnu, tout comme son double, comme profondément nuisible par le conservateur. 

    Le point décisif, l'essence du vocabulaire progressiste distingué c'est le "nationalisme" conspué comme soutien à la nation honnie, gage de toutes les continuités essentielles et qu'on veut abattre en premier (2).

    Ce n'est que s'il perd face à ce qui est effectivement une lèpre décadente que le conservateur se mue en réactionnaire, ou si nécessaire, en comploteur fasciste. On verra en mai prochain. 

     

     

    (1) https://www.revuedesdeuxmondes.fr/article-revue/contre-le-declinisme-le-conservatisme-culturel/

    (2) Ernest Renan:  1882: "À l’heure présente, l’existence des nations est bonne, nécessaire même. Leur existence est la garantie de la liberté, qui serait perdue si le monde n’avait qu’une loi et qu’un maître."

  • Le prélude en mi mineur BWV 855

    Le prélude en mi mineur no 10 du premier livre, BWV 855, est un morceau mystérieux, absolument fascinant. 

    Il a donné lieu à un culte depuis l'arrangement en si mineur du russe Siloti (1), jusqu'au disque de Vikingur Olafsson (5), un délire moderniste en écho. 

    Le prélude est divisé en 2, une partie hypnotique, souvent considérée comme seule version, le 855A, suivi d'un presto délirant ultra bref, qui reprend l'hypnose à toute vitesse. Et puis, on a la fugue qui se déploie dans toute sa classe et qui se trouve la seule fugue à 2 voix de tout le clavier bien tempéré (voir le très pédant, complètement hors de ma portée (6))

    L'arrangement de Siloti (transcription en si mineur) accentue le côté triste mais en change le sens, tout en exploitant magnifiquement la majesté infinie de la répétition mélodieuse et mystérieuse en la marquant solennellement par le grave qui varie pas à pas. 

    La version de Richter est d'une puissance extraordinaire, avec un son d'orgue lointain et une histoire qui se déroulait avec précision en attente de quelque chose, suivie de l'explosion du presto ultra violente !  La fugue est au niveau d'énergie du presto et conclut le mystère. Le son du truc, semblant sortir d'un tunnel était en mp3 à l'aube de ma folie Bach un très très puissant motif... La résonance du truc, qui en fait tout son mystère est travaillé et exploré par Olafsson. 

    Les interprétations se distinguent suivant la vitesse de l'intro, Richter étant un jaguar pressé, alors que beaucoup font dans le Siloti... 

    Gould nous la fait sautillant tut tut tut en détaillant et en chantant comme d'hab.

     

    (1) Sokolov le Siloti https://youtu.be/vXbBOWlkR9g

    (2) Olafsson BWV 855 normal https://www.youtube.com/watch?v=PgKQLV7hfv4

    (3) Richter https://www.youtube.com/watch?v=wp5mPL7IPMc

    (4) Olafsson dans une usine de poissons, avec le Siloti: https://youtu.be/rtT__umjFVY

    (5) Olafsson reworks1 https://www.deutschegrammophon.com/en/catalogue/products/bach-reworks-part-1-vkingur-olafsson-6349

    (6) https://www.musicologie.org/publirem/charlier_bwv_855_2.html

  • Les droits des illégaux

    On voudrait citer, afin de lecture, les textes des lois qui nous gouvernent, actuellement en discussion pour décider d'élire un président en France, prochainement.

    En gros, on a la loi européenne, les concepts qui la soutiennent, et les décisions de justice faites en fonction, pour une situation qui débouche sur un fait: l'impossibilité juridique pour l'Europe liée par ses lois, d'empêcher que des étrangers séjournent illégalement sur son sol. La loi impose donc l'illégalité. 

    En fait l'arrêt est assez bien motivé: l'Italie ne peut punir un refus de quitter le territoire, car cela s'oppose à une directive européenne, d'après le juge. L'obligation est double: la directive n'est pas transposée dans le droit Italien, mais doit s'imposer quand même, et donc peut invalider une peine de prison. 

    L'argument est particulièrement vicieux et sombre: 

    "En effet, une telle peine, en raison notamment de ses conditions et modalités d’application, risque de compromettre la réalisation de l’objectif poursuivi par ladite directive, à savoir l’instauration d’une politique efficace d’éloignement et de rapatriement des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier."

    En gros, en retenant indument la personne, la peine l'empêche de partir... Il doit donc être remis en liberté. Nous sommes là dans les arcanes paradoxales du droit et de ses effets qu'on ne peut qualifier de pervers. Fascinés, et éberlués, nous ne pouvons que respecter et admettre que les lois sont ce qu'elles sont, et qu'elles ne sont mauvaises que d'être décidées par des imbéciles, des fous ou des débiles, les juges mettant un point d'honneur à respecter les volontés et les intentions décidées in fine par les misérables manipulés qui ont élu les premiers sans y réfléchir. 

    La conclusion, toute philosophique, sera donc: Mort aux cons ! 

     

    (1) Directive du Parlement et du Conseil 2008/115 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32008L0115

    (2) Description du principe de Non refoulement, mentionné dans le 2008/115 https://www.unhcr.org/fr/excom/scip/4b30a58ce/note-non-refoulement.html

    (3) Arrêt motivé de la CJUE sur l'affaire Hassen El Dridi, alias Soufi Karim, https://cdre.eu/documentation/documentation-en-ligne/60-documentation-en-ligne/immigration/jurisprudence/949-cjue-28-avril-2011-aff-c-61-11-ppu-hassen-el-dridi-alias-soufi-karim

     

  • Les grandes expériences

    A l'occasion de la présentation du livre de Yasha Mounk (1), une théorisation du thème de la créolisation, de la grande expérience, c'est-à-dire pour ces sociétés parvenues à l'âge moderne (au début du XXème siècle) en étant homogène culturellement et ethniquement, de fusionner avec des peuples venus d'ailleurs récemment et en grand nombre. 

    Le multiculturalisme s'impose sans qu'on l'ait voulu, et pourtant cela s'est toujours mal passé dans l'histoire partout où cela s'est manifesté. Comment faire pour que la chose soit cette fois harmonieuse ? Et bien, il faut conduire et favoriser une, "la",  "Grande Expérience".

    À ce point, deux remarques, ironiques et grinçantes: d'abord que cette chose qui n'existe pas (on doit parler aussi du livre de Laurent Mucchielli, la France telle qu'elle est) est maintenant à l'ordre du jour dans toute sa réalité: il y a bien une fusion à faire, dont acte et l'alternative n'est QUE la guerre civile, qui plus est... Ensuite qu'on n'y peut rien, et que la réalité s'impose, les politiques n'ayant pas "voulu" la chose, bien sûr, simplement des décisions locales ont provoqué des phénomènes de longue durée qui ne peuvent plus être maitrisés et auxquels il faut s'adapter, un peu comme le réchauffement climatique (la chose n'est pas évoquée dans l'entretien, c'est moi qui grince). 

    À la question naïve de la journaliste "ça date de quand?", Mounk précise, gêné que cela est progressif, et prend des années... La journaliste, elle, devait chercher la date à partir de laquelle la chose négligeable que toute une bien pensance juge facile et possible du fait de sa faible ampleur devient un projet à mener pour éviter le "liban en grand"... 

    Revenons brièvement sur la comparaison immigration/réchauffement climatique: on vit hier (nous sommes le 20 Janvier 2022) les représentants respectifs de l'écologie et de l'extrême droite française, Yannick Jadot et Jordan Bardella, s'en prendre avec véhémence à Emmanuel Macron présent à l'assemblée Européenne, sur les deux thèmes séparés que le président en exercice, à la fois président temporaire de l'union, et candidat à sa réélection en France,  n'aurait pas du tout traité, provoquant deux fois le malheur de son pays, tout ceci sous les yeux médusés des représentants européens, et qui d'ailleurs s'en sont plaint ! 

    Revenons à notre juif allemand, prof aux US, qui fort de son expérience du philosémitisme coupable de son enfance européenne, ce qui le gênait autant que l'antisémitisme, veut développer un patriotisme pluriethnique basé sur des différences reconnues mais surmontées, en particulier en évitant le communautarisme du royaume uni, néfaste selon lui, le financement par l'Etat travailliste d'écoles religieuses ayant isolé les populations. Pour cela, il faut positivement partager   un commun, de la "bouffe" à la culture en passant par les paysages, et développer un amour commun et positif de ce qui rapproche très au-delà de l'ethnicité originale. Un "patriotisme inclusif", selon l'intervieweuse... 

    On passe alors à la gauche, au moins aussi pessimiste que l'extrême droite, d'après Monk. Submergée par les considérations sur les discriminations, les inégalités sociales, elle empêche par désespérance, le projet de se réaliser ! 

    De fait les deux pessimismes se conjuguent ! En exagérant les terribles conditions sociales des immigrés (dont la mobilité sociale est en fait bien plus forte, vu le niveau d'origine) elle refuse de reconnaitre le mélange comme possible... De fait, les élites, et cela est comme cela aux US, méprisent le peuple. Or le populisme ne s'évite que si les politiciens acceptent de suivre les volontés populaires, cela afin d'éviter l'accumulation des rancœurs dans les populismes explosifs. La France pourrait être bien placée en ce domaine, ayant des principes (la laïcité semble enviable, depuis les cyniques US, où personne ne croit plus en rien), mais a trop de rigidité dans les applications et argumentations... 

    Bref, un jugement de la planète mars bien réjouissant et bien lucide avec le côté "pieds dans le plat" qu'il convient... De fait, Mounk est proprement Zémmourien, malgré ses dénégations, car ce qu'il envisage est très exactement ce qu'il faut faire, une fois tous les flux entrants arrêtés, bien entendu... 

     

    (1) La grande expérience: https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/yascha-mounk

  • Les maths

    La réalité des mathématiques est bien sur maintenant à l'ordre du jour, du moins pour ma petite psyché.

    Il ne faut pas perdre (1) qui parle de Lautman , un précurseur philosophe de la théorie des catégories et aussi (2), qui parle des fondements. En gros, malgré toutes les élucubrations, les maths continuent de convaincre les grands esprits: les structures derrière existent, et réellement. 

    Au sujet de Lautman, fusillé avec Cavailles (joué par Paul Meurice dans "l'armée des ombres") en 44, il est un condisciple de Herbrand au lycée Condorcet, tout ça va à Ulm en 1925... Par contre, Lautman lui est en philo ! 

    En résumé

    On va d'abord se faire l'écho de certains poncifs méconnus (en tout cas de moi) concernant l'histoire des maths et de ces aspects essentiellement contemporains, un certain Dumoncel me semblant (2) (3) particulièrement saignant.

    On va commencer par les grands principes, et définir ontologie (de quoi parle-t-on?) et épistémologie (comment connait-on?). 

    Puis un point d'histoire, Leibnitz, dans sa démonstration de 2+2=4, oublia l'associativité de l'addition, fit remarquer Frege. En effet, de la définition des nombres comme 1 ajouté au nombre précédent, et en partant de 4, on trouve:

    (2+1) + 1  à égaliser avec 2 + (1 + 1), ce qui ne se peut que moyennant une définition supplémentaire, l'associativité. 

    Frege voulut, contrariant Kant, ramener l'arithmétique à la logique, et cela en niant les intuitions pures de l'espace et surtout du temps, celle-là seule capable de comprendre les nombres. On part donc des ensembles de Cantor, c'est bien lui qui invente la chose, théorisant la séculaire obsession du "multiple qui peut se penser comme un". 

    De fait Frege fonda la logique formelle avec ses symboles, et construit les nombres comme classes d'équivalences des quantités de choses, elles même instances de concepts. Le concept vide n'a pas d'instances, et donc en a zéro, et ce concept vide étant unique dans son genre est donc associé à la quantité un. On construira les successeurs en descendant, chaque concept contenant une chose de plus que son prédécesseur. Au passage, Frege introduit avec des arguments purement logiques le principe d'induction, c'est à dire la récurrence en considérant les ancêtres possédant une propriété et se laisse aller à dire si on peut définir (principe de compréhension) une proposition phi(x), il existe un y tel que x E y... Hélas, alors qu'il allait mettre sous presse son deuxième volume en 1902 (année de naissance de mon grand-père maternel), il reçut une lettre de Bertrand Russel, qui le prévenait: la fonction x /E y appliquée à y introduisait une incohérence qui mettait à bas la théorie des ensembles... Dépressif, Frege reconnut sa défaite. 

    Le logicisme était donc en échec, merci le paradoxe. En fait, Frege continua à fasciner et vu le travail conséquent fourni, continue d'être une référence, il y a des versions affaiblies de son logicisme, quasiment aussi puissantes. On parle ainsi de "néo-logicisme". En tout cas, l'époque Russel et Whitehead continua le projet et fut également plutôt productive... De fait c'est Goedel qui enterra définitivement le logicisme, l'arithmétique ne pouvant pas être théoriquement réduite car pouvant contenir des énoncés vrais indémontrables, on en parla ici. Il y a du synthétique a priori différent du logique. 

    Notons que cette histoire de fonction (qui remonte à Leibnitz), et on voit la séparation des maths, non pas entre arithmétique et géométrie, à la Kant, mais entre les fonctions récursives ou calculatoires, et les fonctions analytiques, analysables, numériques... Par exemple, la fonction qui associe 1 ou 0 suivant à un nombre suivant qu'il rationnel ou non mis du temps à être démontrée analytique... C'est l'ensemble des fonctions de ce type sur tout ensemble infini qui est d'une grandeur strictement plus infinie, selon Cantor. Cette hiérarchie des infinis inconnue du grand public, en a perturbé plus d'un... C'est la grande crise des maths, devenues inconcevables à cause des infinis, rejetés par l'école intuitionniste, qui rejette donc ce qui permet de faire exister des objets indistincts à l'infini, et donc le tiers exclu. 

    Les fonctions récursives primitives permettent de définir les maths dites "finitistes", dont les raisonnements peuvent être faits en temps fini. C'est cette partie des maths, de fait l'arithmétique que Hilbert veut prouver cohérente, avec des méthodes finitistes. C'est ce que Gödel rend à jamais impossible par un théorème démontré avec des méthodes finitistes.

    Cette histoire de déduction "finitistes" est représentée finalement par le calcul des séquents de Gentzen, qui fournit un système de preuves constructives dite de déduction "naturelle". 

    Par contre, avec des méthodes transfinies, mais en n'utilisant qu'un "petit" ordinal infini, Gentzen démontra la cohérence de l'arithmétique de Péano. En parlant de petits ordinaux, on rappelera que w (oméga) c'est le cardinal de N, et que le petit ordinal ont on parle ici, e0 (epsilon zéro) est la limite supérieure de la suite des omégas à la puissance oméga eux mêmes à la puissance oméga et cela "à l'infini" (dénombrable). 

     

    En parlant de Kant, c'est Hilbert, auteur d'une axiomatisation complète des éléments d'Euclide, qui mit fin au statut particulier de la "géométrie". Hideuse discipline qui perturba ma préadolescence, elle était déjà morte quand elle me fit souffrir.  

    Mais continuons avec les grandes théories. C'est Quine en 1948, identifia la querelle des universaux du moyen âge à la querelle des maths du XXème siècle (5):

    Frege, Russel, Whitehead,Carnap 

    Réalisme logicisme
    Brouwer, Poincaré, Weyl Conceptualisme intuitionnisme
    Hilbert Nominalisme formalisme

     

    Gödel sonna le glas de l'ambition de Hilbert. La cohérence n'est pas démontrable avec des méthodes finitistes. A partir de là, Kurt taquin enfonça à mort le "symbolisme", volonté de réduire les maths à des manipulations de symboles, et proclama la réalité des objets mathématiques. 

    Il faut toutefois noter les deux réalismes: le sémantique (qui se contente de rendre objective la vérité des énoncés) et l'ontologique, le réalisme "réel" qui semble impliquer le premier. Disons que le réalisme à part entière inclut les deux. 

    Gödel a beaucoup insisté sur le réalisme en tirant parti de l'indécidabilité, manifestation selon lui de l'impossibilité de la création d'une telle chose... Le fait est que. Cependant, on peut toujours répondre la chose n'a pas à s'engager à résoudre le problème de la cohérence.

    Un autre argument, du à Quine, évoque le réalisme mathématique comme conséquence du réalisme physique, celui ci étant exprimé en termes mathématiques... C'est l'argument d'"indispensabilité".

    L'aporie suivante, ou Gödel est encore mouillé est la question de l'hypothèse du continu, dont la négation est compatible avec la théorie des ensembles axiome du choix compris (1940). On en revient donc à la demi démonstration de la grande conjoncture de Cantor de 1878. Il fallut attendre 1964 pour que Cohen démontre la totalité de l'indécidabilité de l'hypothèse... Par conséquent, 1) il existe bien des ensembles indépendant de notre volonté 2) plusieurs théories peuvent en rendre compte. Et on ne s'en prive pas: le monde mathématique est bien réel. Notez que par enthousiasme, je prends ici position vaniteusement à l'ombre de grands hommes; il y en a pourtant, tout aussi grands, tapis dans l'ombre, et qui caressent l'idée du contraire... L'avenir sera ce qu'il sera. 

    Le dilemme de Benaceraf

    Le platonisme mathématique est challengé. 

    D'abord il y a deux platonismes, le fort et le faible. 

    Le fort est celui de Gödel, le faible celui de Quine. Ils diffèrent suivant la version du réalisme ontologique: le faible se passe d'un accès aux fameux objets, ce que ne fait pas le fort, qui a besoin d'une intuition, défendue par Frege et Gödel. La distinction est donc épistémologique. 

    Ensuite, il y a bien dualité entre l'épistémologique, qui valorise le prouvable, et l'ontologique, qui valorise le réel. Cette distinction est évidemment philosophiquement fondamentale. Le dilemme consiste à opposer les deux positions, en fait irréconciliables sur la question de l'accès aux fameux objets. Seul le platonisme fort serait concerné. En fait, pas vraiment: on ne peut pas expliquer comment il peut y avoir adéquation entre le prouvable et le réel (Field 1989). 

    En tout cas, pour Quine, les mathématiques ont le même statut que le reste de la science, on parle de son "naturalisme".

    Il faut aborder alors la question du structuralisme, associé à Benaceraf (1965) et aussi à Dedekind, les nombres naturels étant selon lui représentés par les relations qu'ils entretiennent entre eux. 

    On a ainsi la discussion de Benacéraf, sur les entiers de Zemerlo (0, {0}, {{0}} ... ) et ceux de Von Neumann ( 0, {0} , {0, {0}} ...), qui sont différents, mais partagent la même structure... La même chose arrive pour les nombres réels définissables de plusieurs manières. Seules comptent les propriétés structurelles des choses. 

     

     

    (1) au sujet de Lautman : https://www.erudit.org/fr/revues/philoso/2010-v37-n1-philoso3706/039714ar/

    (2) les pdf downloadables d'Académia : https://www.academia.edu/700018/Fondements_des_Math%C3%A9matiques?email_work_card=view-paper

    (3) Dumoncel: https://www.academia.edu/700366/Les_fondements_des_math%C3%A9matiques_selon_Wittgenstein

    (4) https://www.academia.edu/1501273/Philosophie_des_math%C3%A9matiques

    (5) Quine et la classification https://books.openedition.org/cdf/1765

  • Les réalités

    On a plongé avec délices dans Bruno Latour (1), et aussi dans le fantastique colloque sur la chose en soi (2). Il faudra y revenir, l'extraordinaire et le super nouveau à comprendre y étant légion, et je suis en dessous du vrai... 

    La question est celle du réel ou plutôt "des" réels et de la multiplication des entités, marque de l'abstraction et délice du monde actuel. Il y a bien sur de multiples manières d'aborder tout ça et on en a jamais fini, et je continuerais, mais là au sujet de Latour et de Gaïa il faut bien protester et on a des points fixes. 

    Avec "les modes d'existence", Latour explose précisément le réel en "domaines", sur l'exemple du "juridique", du "scientifique" et du "religieux", lieux différents imbriqués, "réseaux" de significations dans lesquels se déploient des conditions non pas de véracité, mais de "félicité". 

    Le rationnel consiste donc à abandonner le réel et à surfer entre DES réels amenés à dialoguer, à être entre eux "diplomates". Cette question très importante est sans doute ce qu'il y a de plus important, et le présent des réflexions des hommes s'y consacre quand même beaucoup, c'est mon plaisir que de m'y raccrocher à mon petit niveau de compréhension. 

    La fabuleuse péroraison de Patrice Maniglier qui théorise un nouveau monde, une nouvelle théorie qui subordonne la métaphysique à l'anthropologie est d'abord étincelante et "révélante". Ça souffle, sur youtube... C'est bien sur ce que Latour évoque, et les références sont bien les mêmes. Les "modes d'existence", jeu magnifique et jouissif avec le relativisme, qui n'est bien sûr qu'une manière encore plus "relâchée" de rester rationnel dans l'indécision du rapport à un autre qu'on ne "comprend" pas. 

    Cette question de la compréhension me taraude au plus haut point, et tout ce qui s'y rattache est bon à prendre, gloire à ces gens intelligents qui s'y intéressent avec mes impôts, ceux-là servent... 

    Préambule

    On commencera donc ici par clore une question, qui est la motivation principale de Latour, et dont on peut se passer, pour le plus grand plaisir d'avoir à comprendre, non pas les motivations (on s'en fout) mais le contenu intellectuel de ce qu'il propose, et qui est la vraie valeur de son discours. Gaia, le réchauffement climatique et la peur (enfantine et stupide, de la part d'un pareil génie) de l'extinction de l'humanité. 

    Alors que tout est dû à la Chine, qui en 20 s'est réveillée, a vérolé la planète et menace de pallier la ruineuse expansion démographique par une petite guerre mondiale qui résoudra tout, Latour continue de faire semblant de croire que les bonnes volontés et les bonnes philosophies y feront quelque chose, exactement comme Platon le rêvassait au milieu de l'absurde et de l'injuste de son temps... 

    Comme le rappelle Loic Finaz, ex directeur de l'école de Guerre (4), le fond de l'affaire est "le dialogue mélien": le plus fort militairement, sur un coup de tête et parce qu'un scorpion pique, tuera tous les hommes de la petite île de Mélos, et mettra en esclavage femmes et enfants. Fallait pas résister, même en principe. Ce réel là, qui n'est pas théorisé par Platon devrait pourtant faire partie de la métaphysique, et consacre la seule vraie rationalité ultime, celle à laquelle il faut s'adapter, et qui consacre la force des armes, et aussi des âmes, c'est la même chose. 

    Ceci étant dit, on ajoutera qu'on se fout de Gaïa, qu'une extermination rapide de quelques milliards d'hommes (c'est à ce niveau qu'il nous faut maintenant se situer) est maintenant concevable, possible, voire nécessaire et que cela n'empêchera nullement une population plus réduite, dotée de bons livres, de vivre dans des zones préservées, que m'importe que le centre de l'Afrique ne puisse se faire visiter qu'en scaphandre réfrigéré, on le fait bien pour la lune... 

    Cette éventualité, que le docteur Folamour nous a fait comprendre, doit maintenant être considérée, et le voilà le mode d'existence qui se rajoute aux autres. Ce défouloir commode une fois bien exprimé, il nous faut maintenant, purgé, plonger dans les discours de Latour sans détours, et avec amour, ce type est fascinant. 

    Meillassoux

    Mais d'abord, ngolo ngolo ! (Pardon de la plaisanterie graveleuse). 

    On a lu (6) et aussi "Après la Finitude". 

    En quelques mots, comme on l'a dit, Kant est la mesure de tout et le réalisme se mesure à lui, quoi qu'on en dise. Meillassoux appelle cela le "corrélationnisme" sous la forme d'une pensée duale qui associe structurellement réalité et représentation tout en les séparant à jamais. Le réel est inatteignable, mais constitue la cause du représenté. 

    À partir de là, M. se fixe (bien sûr, et comme il se doit) comme objectif de sortir de cette cage et d'atteindre un dehors absolu qui fait que les tenants de ce "réalisme spéculatif" furent soupçonnés d'un tournant "théologique" coupable. 

    Le fait est que le coup de la "présence réelle" innovation chrétienne des premiers siècles basée sur des affirmations de Jésus lui-même a beaucoup fait parler de lui: d'où les spéculations réalistes sur une réalité hors de la représentation (la substance qui se transforme était tout de même, de la part d'Aquin, un coup magnifique, évidemment réfuté par Scot, qui affirme que les deux substances du pain et du christ subsistent, c'est la "consubstantiation", reprise par les luthériens). 

    On se trouve bien dans les spéculations du XVIIème, Leibnitz disant bien que le corps du Christ est présent mais "pas" comme phénomène, ce qui est bien ce dont nous parlons, et bien sûr pour Descartes, les miettes de pain se mélangeant au corps de qui bouffe sans affecter son individualité, entièrement contenue dans son âme. 

    La nécessité de la contingence 

    Mais on doit faire justice à Meillassoux et considérer son argument, génial il faut le dire. Pour établir la position agnostique qui nie les affirmations de l'athée et du croyant à égalité comme savoirs d'un impossible à penser en soi, il se doit alors de penser quelque chose qui le sort du cercle corrélationniste et qui est précisément la contingence, ici nécessairement absolue. En effet, sinon, la position strictement idéaliste, qui rend impossible tout savoir sur une chose en soi inexistante, rend impossible l'agnosticisme lui-même. 

    Hop ! Le réel en soi est ainsi, donc, non seulement pensable (c'est le corrélationnisme) mais connaissable comme contingent. 

    La pensée amérindienne

    On saute alors à un autre point du colloque, en matière d'autre pensée, et on pourra le faire pendant longtemps: comment les indiens voient les choses... Et bien il les voient différemment de nous, et cela d'une manière relative (c'est un anthropologue qui vous parle, et qui, à tort, désigne sa philosophie comme un ensemble de théories, tandis qu'il voit celle du sauvage comme une croyance). De fait, les amérindiens "pensent" différemment. 

    D'abord, la nature des relations, qui sont omniprésentes dans la définition du monde: tout n'y est que "façon" de voir, et Viveiros de Castro parle de "perspectivisme", chaque être voyant dans les autres quelque chose de particulier, une "personne en soi", qui se substitue à la chose en soi occidentale. L'occidental ainsi, en ayant disjoint chose et soi, a subtitué, et ça c'est bien vu, la "corrélation" à la "relation"... 

    Cela vient d'une histoire du monde ou à l'origine, il n'y avait que des personnes (et pas de monde). Lors d'une "grande transformation", ces personnes se métamorphosèrent en les différents objets de la nature, fleuves, animaux, hommes, et tout garda alors une trace des personnes originelles. Ainsi, tout peut être "vivant", c'est-à-dire avoir la capacité d'agir comme une personne. Cela revient d'ailleurs à donner à la notion de cause un caractère intentionnel systématique. 

    On a donc précisément ce que Descola appelle l'"animisme": la nature est différente de nous, mais a un esprit comme nous, ce qui est le motif dual exact du nôtre, nous nous voyons comme naturel, mais seuls à posséder un esprit... 

    Au passage, l'intéressant doute sur la capacité du soleil à se lever le matin: il le fait comme une personne, c'est-à-dire par habitude, et non pas par nécessité naturelle régulière... C'est cette idée (que je caresse) du religieux comme une volonté de participer au monde, sacrifier un poulet (ou un esclave) étant une humble participation au réveil matinal du soleil... 

     

     

     

     

    (1) https://journals.openedition.org/sociologies/4478

    (2) Maniglier, De Castro https://www.youtube.com/watch?v=BElwq1M4wV4

    (3) Un court résumé des modes d'existence: https://www.unilim.fr/actes-semiotiques/5194&file=1/

    (4) Loic Finaz Thinkerview https://www.thinkerview.com/loic-finaz-lart-de-la-guerre-et-du-commandement/

    (5) entretien avec Latour et lexique: http://www.yvescitton.net/wp-content/uploads/2014/09/LATOUR-MediasModesExistence-Juin2014-Txt.pdf

    (6) Meillassoux dans ses projets:  https://www.academia.edu/7396728/_Que_le_dieu_soit_l%C3%A0_le_tournant_corr%C3%A9lationniste_de_Quentin_Meillassoux

  • Les handicaps

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  • La charte des droits fondamentaux

    La charte des droits fondamentaux de l'union européenne (1) mérite d'être commentée. 
    Partie du traité de Lisbonne, et indépendante de la CEDH (2) et aussi des autres machins listant des droits et conçus comme mimiquant la déclaration des droits de l'homme, la vraie, en tentant d'y introduire des "quenelle" obligeantes et sans doute rémunérées en tout cas aprement négociées sans doute, elle contient des choses étranges, sorties de nulle part et qu'il a vraiment fallu être stupide, aveugle, manipulé ou tout simplement complètement con pour accepter en l'état. 
     

    Préambule 

    Le préambule avec le fameux:
    "Les   peuples   d'Europe,   en   établissant   entre   eux   une   union   sans   cesse   plus   étroite,   ont   décidé   de   partager  un  avenir  pacifique  fondé  sur  des  valeurs  communes"
     
    On y trouve le parangon du non sens européen, manifesté par deux erreurs notoires: 
    1) "les peuples" : ceux ci ne se sont pas unis pour "décider de", car cela supposerait un accord antérieur et ceci à l'infini. Ce sont donc les nations, ou les états qui ont décidé, charge à eux séparément de garantir l'accord de leur peuples respectifs. Cette allusion à ce processus est insultant pour les nations, et de fait, inadmissible. 
     
    2) "en établissant" et "ont décidé" veut bien dire qu'on a affaire ici, et c'est l'objet d'un traité au moment de sa signature, à un évènement ponctuel établissant et décidant d'un état stabilisé. Que cet état soit en fait un processus vers une union "sans cesse plus étroite" (moins que demain et plus qu'hier) est tout simplement ridicule, gros d'une perte de contrôle et tout simplement en fait inapproprié, et inacceptable. Qui a bien pu inventer cette expression ? 
     
    Par ailleurs, est bien inscrit pourtant le "respect des identités nationales" dans:
     
    "L'Union  contribue  à  la  préservation  et  au  développement  de  ces  valeurs  communes  dans  le  respect  de  la  diversité  des  cultures  et  des  traditions  des  peuples  d'Europe,  ainsi  que  de  l'identité  nationale  des  États  membres  et  de  l'organisation  de  leurs  pouvoirs  publics  aux  niveaux  national,  régional  et  local"
     
    Cela pourtant contredit et limite directement l'"union sans cesse plus étroite"...
     
    Pareil pour : 
    "Elle place la personne au cœur de son action en instituant la citoyenneté de l'Union et en créant un espace de liberté, de sécurité et de justice". 
    Cette citoyenneté ne peut se substituer à la seule qui vaille, et l'espace de "sécurité" qui lui correspond, rien moins que fictif et tout simplement absurde, stupide, inexistant et ridicule. Qui a imposé cette débilité démagogique en forme de vœu pieux inacceptable ? 
     
     
    Les droits. Ils sont formulés d'une manière étrange, associant à "toute personne" un droit détaillé. 
     
    Mais d'abord le bizarre: 
     
    1) Les données à caractère personnel sont protégées et: 
    "Le respect de ces règles est soumis au contrôle d'une autorité indépendante".
    De quelle autorité parle-t-on ? Est elle instituée ? Où ? 
     

    2) les pratiques

    L'article 10 est identique à l'article 9 de la CEDH 

    "Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la
    liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa
    conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l'enseignement, les
    pratiques et l'accomplissement des rites."
    "par les pratiques" est évidemment le point clé, le voile et tout le reste en faisant partie.
     
    On notera dans la CEDH, le point 2 de l'article 9: 
    La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne
    peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues
    par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société
    démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre,
    de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des
    droits et libertés d’autrui.
     
    La CEDH a donc introduit une possibilité (évidente et nécessaire au demeurant) pour pouvoir restreindre cette histoire de pratiques, dont la relation aux lois non religieuses doit évidemment être précisée. 
     
     
    3) les partis article 12
    "Les partis politiques au niveau de l'Union contribuent à l'expression de la volonté politique des
    citoyens de l'Union."
    Quelle est cette absurde notion, et de quelle volonté politique "au niveau de l'Union" veut-on parler ? 
    On a bien dans cette liste des mines, crottes ou petits cailloux déposées par des militants qui ont dû batailler ferme pour avoir le droit de les y mettre. Combien de branlettes furent accordées pour autoriser celles-là ? 
    Par contre,  le "citoyen de l'union" est celui qui a le droit de vote pour le parlement européen, dans l'état de l'Union où il réside, et comme le "ressortissant de cet État" (article 39). On passera bien sur le vote aux élections municipales des "citoyens de l'union", ce qui reste pour moi un scandale et un déni. 
     
     
    4) Expulsions. 
    On a là le point bloquant exploité à fond par les ennemis de l'Union.
    Article 18
    1. Les expulsions collectives sont interdites.
    2. Nul ne peut être éloigné, expulsé ou extradé vers un État où il existe un risque sérieux qu'il soit
    soumis à la peine de mort, à la torture ou à d'autres peines ou traitements inhumains ou dégradants
     
    Toute arrivée en masse d'un groupe de personnes issues de pays "terribles" ou réputés tels, ont droit d'installation sans limites, ni expulsions possibles. La conséquence de cet article, est donc le devoir d'empêcher à tout prix le franchissement des frontières de l'Union, celui-ci valant sanctuarisation et sacralisation de la situation. 
    De fait, cet article qui devrait être supprimé séance tenante, est une monstruosité absurde, exigeant la barbarie et imposant de couler les barques de migrants, ou en tout cas de refuser de leur porter assistance, voire de considérer ce type de transport comme un acte invasif, ce qui serait justifié, car il l'est... 
    Ainsi, il rend invalide les procédures d'admission au droit d'asile distinctes, et de fait, le rend impossible: asile ? Mon cul ! Si tu es assez malin pour te rendre inexpulsable, mon gars, t'as gagné: le Maroc, l'Algérie et la Tunisie pratiquent la torture et l'assassinat, impossible d'y vivre. Du moins pour ceux qui sont libres d'en décider, avec l'assistance du législateur européen. 
     
    La nationalité. Article 21.
    "Dans le domaine d'application des traités et sans préjudice de leurs dispositions particulières,
    toute discrimination exercée en raison de la nationalité est interdite."
     
    La décision, ou on ne précise pas l'appartenance ou non à une nationalité de l'Union, introduit à la très démagogique tentative de rendre l'Union extensible et capable d'embrasser l'humanité entière. Elle introduit à : a) l'impossibilité de décider de quotas de migrants par zones géographiques b) l'impossibilité de distinguer européens et extra européens... 
    Une limitation est rendu possible toutefois, mais qui ne ressort que du "domaine d'application", on va en reparler...
     
    Egalité homme femmes. Article 23.
    "Le principe de l'égalité n'empêche pas le maintien ou l'adoption de mesures prévoyant des avantages
    spécifiques en faveur du sexe sous-représenté". 
    En gros, égalité à part qu'on peut la violer. Un point positif: la discrimination positive en faveur des hommes (à appliquer immédiatement pour ce qui concerne les profs, les juges, les infirmières) en balance avec celle nécessaire dans les armées, où la sur-représentation masculine, intolérable, et pourtant bien la cause des crimes contre l'humanité, par ailleurs interdits etc etc... La connerie progressiste est inadmissible.
     
     
    Aide sociale. Article 34.
    "Afin de lutter contre l'exclusion sociale et la pauvreté, l'Union reconnaît et respecte le droit à
    une aide sociale et à une aide au logement destinées à assurer une existence digne à tous ceux qui ne
    disposent pas de ressources suffisantes, selon les règles établies par le droit de l'Union et les législations
    et pratiques nationales."
    Une bonne nouvelle: les pratiques nationales sont prises en compte. On peut donc exclure les étrangers, et considérer que les systèmes de sauvegarde ne concernent pas les migrants ou dans une mesure particulière qui peut être considérée comme distinctes de celles accordés aux nationaux. 
     
    La liberté de circulation. Article 45.
    "La liberté de circulation et de séjour peut être accordée, conformément aux traités, aux ressortissants de pays tiers résidant légalement sur le territoire d'un État membre". Délégation partout de l'autorisation indument accordée de résider... Jamais il ne faudra donner à la Turquie un droit pareil, voilà la leçon... 
     
    Champ d'application. Article 51.
    On a là un article "limitatif". Principe de subsidiarité, et d'un droit qui ne crée pas de compétence ou de tâche nouvelle pour l'union. Cela signifie-t-il que pour l'immigration, qui ne fait pas partie des compétences de l'union, on puisse agir de manière sensible ? 
    L'article 52 est du même type: 
    "Toute limitation de l'exercice des droits et libertés reconnus par la présente Charte doit être
    prévue par la loi et respecter le contenu essentiel desdits droits et libertés. Dans le respect du principe
    de proportionnalité, des limitations ne peuvent être apportées que si elles sont nécessaires et répondent effectivement à des objectifs d'intérêt général reconnus par l'Union ou au besoin de protection des droits et libertés d'autrui"
     
    L'Union a-t-elle un intérêt général à défendre ? 
    Par contre les articles 53 et 54 bétonnent la déclaration: impossible de limiter davantage les droits que ceux de la CEDH, ni d'aller au delà que ce qui y est prescrit... 
     
    Maintenant, la jurisprudence fait tout, et elle est sévère. Peut-on s'affranchir de tout ça sans procès et jugements défavorables des cours de justice ? Sans obligation de réintégrer les criminels expulsés, d'accepter les familles faites au bled, les étudiants qui s'installent, les migrants illégaux libres de se déplacer et financés pour cela ? 
    La folie des tarés qui ont institué ou laissé instituer tout cela sans réfléchir aux conséquences est définitive. 
     
    Ce sera le débat de cette année, si bien sur on se décide à virer le gamin taré qui nous pourrit la vie. 
     
    Pour finir, le tribunal administratif vient de suspendre (13 Janvier 2021)  l'arrêté débile qui imposait de porter le masque en extérieur à Paris.
    La mesure portait "une atteinte excessive, disproportionnée et non appropriée (...) à la liberté individuelle".  
    Vive le droit ! Vive la Liberté ! 
     
     

    (1) le texte de la charte : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:12012P/TXT

    (2) convention européenne des droits de l'homme CEDH : https://www.cncdh.fr/sites/default/files/cedh_0.pdf

    (3) déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : https://www.legifrance.gouv.fr/contenu/menu/droit-national-en-vigueur/constitution/declaration-des-droits-de-l-homme-et-du-citoyen-de-1789

  • Les épidémies

    On va la faire court, et la vérité se fait jour: elle est telle qu'on pouvait la deviner il y a deux ans, quand après quelques mois de surprise, on put faire un bilan dont les conclusions ne furent pas modifiées. Dès ce moment, des esprits "forts", informés par des jugements vraisemblables, purent directement se faire une opinion, en utilisant les informations disponibles, finalement assez précises et qu'on pouvait utiliser à loisir. J'en étais, à défaut d'être le seul et tout ce que j'ai pu affirmer, désespéré et méprisant, haineux et aviné était exact: je ne faisait que répéter ce que j'avais lu et entendu et surtout sélectionné. 

    Avais-je plus de temps ? Plus de moyens intellectuels ou politique ? Un meilleur instinct ? Bref.

    1) la maladie ne concerne que les malades graves (cancer, hypertension, diabète etc) et les personnes âgées. En dessous de 50 ans en bonne santé, on n'est pas, et cela pas du tout, voire absolument pas concerné. Au dessus, la vaccination dont tout montre qu'elle protège des formes graves accidentelles ou comorbides est absolument indispensable. Tout doit être mis en oeuvre pour l'assurer, quitte à faire des visites à domicile pour les personnes ayant des difficultés à se déplacer, et bien sur s'assurer qu'absolument toutes les personnes suivies médicalement et concernées soient obligatoirement protégées, et cela à tout prix. Cette exigence, simple et de bon sens n'est pas assurée actuellement et cela est absolument scandaleux, on commence comme ça. 

    2) la maladie est causée par des vagues successives de variants différents mais appareillés, d'un virus hautement transmissible. Ces vagues s'éteignent toutes seules du fait de la dynamique des mutations, ou en tout cas sans que l'on sache précisément pourquoi et comment. 

    3) les politiques de contrôle social de l'épidémie, à part réduire marginalement les contaminations des personnes fragiles mises effectivement à l'écart, n'ont eu aucun rôle dans la dynamique de l'épidémie qui ne fut jamais contrôlée effectivement. Au contraire, la concentration aux mêmes endroits de familles ou de groupes humains d'origine et d'âges divers favorisa certaines contaminations dangereuses, on le vit aux excessives mortalités dans les milieux les plus communautaires et les moins bien soignés, les immigrations par exemple. 

    4) les nombre de morts importants et les saturations hospitalières concomitants aux différents épisodes furent ainsi largement dus à un défaut de la politique de soins. On devait organiser et décentraliser une politique de test, d'isolation et de traitement des malades symptomatiques, en promouvant les examens, surveillances pragmatiques et informations sur les mises à l'abri des personnes concernées. On devait, ne serait ce que par pragmatisme laisser les médecines alternatives non dangereuses être utilisées à loisir en mesurant et qualifiant leurs usages. On devait, ne serait ce que par une anticipation somme toute évidente, fermer tout de suite hermétiquement les ehpads (ils eurent la moitié des morts). 

    5) on a installé un climat global de panique injustifié et ruineux qui ne servit à rien, car les épisodes redoutés se succédèrent tous de la même manière et coutèrent à la société des sommes pharamineuses, 500 Milliards d'euros dépensés pour dédommager un arrêt inutile de l'économie, c'est beaucoup trop, mais cela fut exploité par une fraude à la hauteur et un soulagement global en regard.

    6) on misa tout sur les propriétés d'un vaccin développé avec une célérité stupéfiante et qui apparut comme l'arme ultime, supposée résoudre entièrement le problème. Comme cela apparut presque immédiatement après l'annonce de sa mise à disposition, on pouvait avoir des doutes sur son efficacité et son innocuité. Sur les 5 vaccins immédiatement utilisés à grande échelle, un seul ne fut pas retiré de la vente ou réservé aux cas graves pour cause d'effets secondaires exagérés et il apparait que sur les derniers variants, il ne protège pas de la transmission ou de la contamination. Soin préventif efficace pour la réduction des cas graves, il ne concerne donc objectivement que la cible de la maladie, les mêmes: malades et âgés, et pas du tout le reste de la population. 

    7) on a alors adopté une politique autoritaire imposant à toute la population une vaccination punitive contrôlée à défaut d'être imposée, et dont le résultat premier est d'occuper exclusivement les canaux médiatiques et politiques. Nous sommes en période électorale, et aussi en période d'incertitude globale, des stratégies de communication complexes sont à l'œuvre, et manifestement instrumentalisées par une technostructure aux abois. Motivée officiellement par la nécessité de contrôler l'épidémie en empêchant les contaminations (ce n'est pas le cas) et les cas graves ( qui ne concerne qu'une partie connue de la population), elle généralise abusivement une estimation d'efficacité partielle et de gravité partielle.

    8) le cout humain est considérable, et n'est pas encore apprécié ou mesuré véritablement. Il concerne les personnes non concernées par l'épidémie et qui furent délibérément sacrifiés au sentiment "humanitariste" non discuté qui s'imposa par force à la société. Enfants en apprentissage obligés de porter un masque inutile, gênés et surtout incapables de communiquer avec leurs camarades et professeurs, étudiants cantonnés dans leurs chambres, privés d'échanges de toutes sortes, jeunes entrepreneurs et travailleurs paralysés acculés à demander assistance, travailleurs obligés à exercer à distance dans des environnements familiaux contraints sans contacts humains. J'en passe. 

    Au sujet des enfants. 

    Christèle Gras Le Guen est pédiatre, présidente de la Société française de pédiatrie et cheffe du service de pédiatrie du CHU de Nantes:  "C'est une question que je partage avec de très nombreux collègues pédiatres : pourquoi l'enfant a-t-il été placé au milieu d'autant de discussions et de polémiques lors d'une pandémie qui affecte si peu sa santé ? On savait dès le début, et on le confirme aujourd'hui, que ce virus affecte moins les enfants, les rend moins malades, qu'ils sont probablement moins contagieux même si on a vu une évolution… Cela aurait pu faire que l'enfant soit hors de propos dans cette pandémie."

    Qu'en termes élégants et mesurés on reconnait qu'une maltraitance ignoble fut organisée par des salauds pendant deux ans pour rien ! 

    9) Maladie virale due à un virus similaire à celui de la grippe, peu immunisant, le covid 19 est une maladie endémique avec laquelle il faut vivre, dont on peut s'immuniser globalement car la circulation, que de toute façons, on ne peut pas contrôler, est globale et nécessaire. Cette conclusion vient d'être donnée par un éminent épidémiologiste américain (1), le docteur Fauci. C'est ce que je pense depuis la fin de la première vague. On pouvait le prévoir dés ce moment. C'était il y a un peu moins de deux ans. 

    Voilà, tout est dit. Ceux qui dirigèrent le pays dans ces circonstances disposaient et disposent d'éléments rationnels concernant ce qui s'est passé et se passe et semblent ne pas en tenir compte. On va passer aux explications. 

    1) Dans "humanitariste" il y a humanitaire, et la question de la protection due aux malades et personnes âgées fut bien sur une motivation première dans notre société vieillissante, mais il y a aussi opinion à reproches, et la peur justifiée des plaintes pour défaut de soins fut également majeure. Jamais à un tel degré, la question de la justification par la mise en œuvre des moyens ne fut autant utilisée, l'"obligation" étant le maitre mot. Obligation de l'Etat et aussi du peuple. Cette responsabilité partagée et imposée est un ressort fondamental, et bien sûr efficace pour répartir la contrainte, la manœuvre, classique étant connue depuis toujours. 

    2) Constituée, voire étranglée d'experts et de consultances, la technostructure dispose d'une mémoire humaine et scripturaire considérable quant à la gestion des épidémies, et le système de santé, sous tension et sous attention depuis des années dispose d'innombrables avis disponibles sur ce qu'il convenait de faire, prévoir et organiser. 

    Le système de décision qui prit en main la situation, réduit à quelques personnes sous l'autorité du chef de l'État, utilisa tous les leviers fondamentaux de l'État pour contrôler complètement les processus exclusivement réduits  à ce qu'on a vu: confinement, dédommagements, vaccination, contrôles, fournitures de vaccins et masques. Tout fut massif, absolument centralisé, incontesté, ordonné et en fait improvisé. Pour faire court : rien de ce qui est la vraie expertise des composants du système de santé ne fut mis en œuvre, libéré, appelé à œuvrer. 

    3) On parla de la reprise du pouvoir des praticiens hospitaliers qui soi-disant s'affranchirent dans l'urgence des lourdes procédures administratives dont ils se plaignaient depuis des années et qui était leurs principales revendications exprimées avec véhémence devant le président quelques mois avant la pandémie... Elle fut bien sûr abolie dès la première accalmie, et sans doute aggravée par les sur-planifications qui eurent lieu, car l'hôpital travaille et le covid, comme on l'a appris sur le tard ne fut que marginal dans son activité globale, il travailla beaucoup, simplement gêné, en dehors de la réanimation, qui bien qu'engorgée, était en fait limitée en volume ! On continua donc de réorganiser, de faire de l'ambulatoire, et de diminuer donc les fameux lits de réanimation, se projetant encore plus dans un après aux réductions de cout encore plus nécessaires. Le résultat est la désespérante perte de motivations de la population des soignants, mal payés et préférant se consacrer à l'assistanat passif plutôt qu'au prolétarisé métier d'immigré piloté par les procédures. On ferme des lits faute de personnel pour les utiliser à soigner. 

    4) On pourrait s'étonner de l'apparente contradiction entre la nécessité affirmée de rendre l'hôpital seul habilité à soigner une maladie dont on ne considérait que les formes graves, et la plainte permanente publique permanente et au combien, de l'engorgement hospitalier. On a vu pourtant dans bien des pays, ces trafics de bouteilles d'oxygène, premier moyen décentralisé pour permettre aux malades de respirer, et qui auraient pu en étant largement distribuées aux médecins, aux infirmiers, aux ehpads prévenir ou soulager bien des souffrances, voire éviter des morts. Car on a su très tôt que l'insuffisance respiratoire pouvait être anticipée et prévenue. 

    Bref, et c'est mon avis, on a négligé un traitement amont de la maladie, ce qui fut cause d'engorgements et aussi de morts inutiles.

    La contradiction peut s'expliquer au demeurant: la médecine vis-à-vis à des personnes âgées est à la fois fataliste et excessive. Fataliste car habitués (c'est l'essence du soin) à la miraculeuse cicatrisation qui fait (tous les soignants vous le diront) la guérison chez les jeunes accidentés, le médecin face à la vieillesse pourrissante où n'est que facteur aggravant ne peut que recourir à l'extrême: respiration extra corporelle, tubes invasifs, doses massives de stimulants et de  corticoïdes. La pharmacopée de l'extrême conçue pour sauver les vies de ces mêmes jeunes accidentés et qui y réussissent tellement souvent (c'est cela la faible mortalité de l'Occident de nos jours) fut utilisée pour tenter de prolonger de quelques mois les poumons détruits de cette masse de vieillards et d'obèses qui se précipitaient aux urgences. 

    La contradiction s'aggrave encore avec la vaccination qui fait venir ces monstrueux cas graves qui plus est non vaccinés. Paradoxalement, le régime du "tout hôpital" se renforce encore. Faute d'avoir alloué assez de ressources à la poursuite et à la vaccination systématiques des cas à risques  (on ne s'intéresse qu'aux enfants, aux jeunes fêtards, aux clients des restaurants) on se retrouve encore en saturation alors que le virus est beaucoup moins dangereux, et que la vaccination est efficace contre les formes graves. La preuve de ce raisonnement tient à ce qui se passe actuellement dans les ehpads ou bien sur les alzheimers sont vaccinnés sans leur consentement: il n'y a tout simplement plus de morts dans ces lieux là... 

    5) Le système médiatique et communicationnel qu'il soit le fait des journalistes, des experts convoqués pour expliquer, des responsables administratifs en fonction et en retraite et bien sur des ministres et des présidents (le pluriel est une manière pour l'unique occupant de fonction, que la malédiction des enfers retombe sur sa sale petite gueule de gamin taré) est par contre exclusivement occupé à dispenser des inexactitudes, des faussetés et pour tout dire, en permanence des mensonges caractérisés aisément discernables par toute personne informée normalement. 

    a) Il y aurait des jeunes concernés par la maladie. Vrai, ceux qui ont des comorbidités importantes, obèses (c'est le cas aux US pour un certain nombre d'enfants, par exemple) , diabétiques ou hypertendus. Comme on a dit. Mais pas les jeunes en bonne santé, par contre. L'argument est bien sur utilisé pour dire que tout le monde est concerné. En fait non, les jeunes en bonne santé ne sont pas concernés, pourquoi ne pas le redire encore en encore ? . L'"écrasante majorité".

    Comment le faire comprendre ? Impossible. Répété en boucle par le président lui même, partout on juge qu'il faut communiquer à l'opinion que "tout le monde" est concerné et doit contribuer à se protéger d'un mal qui ne concerne pas tout le monde. 

    b) le vaccin protège de la contamination et de la transmission. Non, pratiquement pas. En fait, bien sur, pour les premiers variants il le fut partiellement de manière partielle mais sensible (plus ou moins de 50% sans doute) et à ce taux, l'effet de la vaccination mérite d'être considéré. Il serait aujourd'hui pratiquement nul, et une personne vaccinée peut parfaitement avec peu de symptômes, être très contaminante. D'ailleurs, les mesures faites internationalement le montrent très bien: les contaminations sont massives, exponentielles, dans des régions où la quasi totalité de la population est vaccinée. 

    La vaccination, il faut le dire, ne permet pas le contrôle de l'épidémie. Comment le redire ? Comment le faire comprendre ? Vacciner des jeunes en bonne santé ne sert strictement à rien. Cela ne sert pas à réduire les contaminations, on vient de le voir, et ne sert pas à soigner une maladie qui ne se manifeste pas ou peu, voir le point d'avant. 

    Avant 50 ans la vaccination ne sert à rien. A rien de rien de rien. 

    b1) les enfants sont contaminateurs et les professeurs doivent s'en protéger. Cela est absolument faux. Les enfants ne sont pas atteints par la maladie, et ne la transmettent que très modérément, voire pas du tout. Ils ne sont pas concernés. En grève ce Jeudi (nous sommes le 13 Janvier) la portion des profs assez dégénérés et pétochards pour exiger en sus du délirant protocole débile et absurde que la folie gouvernementale impose aux parents d'élèves, de nouvelles protections pour leur sale cul de lâches et de pourris ne méritent que le mépris et le dégout. 

    c) ll n'y a pas de traitements. C'est absolument faux: un grand nombre de traitements variés, plus ou moins efficaces et hautement dépendants des personnes concernées ont des effets et font varier significativement les taux de mortalité dans des populations similaires. Car la maladie garde un taux de létalité, y compris dans les groupes concernés (malades et âgés, les seuls à considérer) relativement réduit. Bien des obèses âgés contaminés en réchappent. Les soigner, les entourer, les faire respirer, stimuler leurs défenses immunitaires, tout cela améliore leur état. Le soin améliore l'état de malades sujets à la panique, au désespoir, à la fin de vie, à la gêne corporelle permanente. Le placebo soulage les mourants, les fait vivre, les pousse à se défendre... 

    Mépriser et condamner cela est inhumain, délétère coupable et pourquoi ne pas le dire ? Punissable. 

    d) Les "faux remèdes", hyroxychloroquine ou ivermectine sont toxiques. C'est faux. Choisis précisément pour leur inocuité et le fait qu'ils ont été administrés massivement à travers le monde, ils peuvent être utilisés massivement sans danger pour des bénéfices qui furent mesurés, même si bien des gens n'adhèrent pas aux preuves présentées. Par la vertu du point précédent, rien ne s'oppose à leur utilisation, et le mépris scientiste n'est pas de mise, surtout quand il est basé sur un faux savoir, celui de la preuve absolue obtenue par des tests extrêmement couteux, largement critiqués et qui comble du comble ne furent tout simplement pas appliqués au remède suprême, le vaccin, dont la validation fut négligée voire entachée de fraudes ! 

    e) le confinement et le contrôle social ont évité les nombres de morts annoncés par les modélisations faites par les épidémiologistes vedettes britanniques (le fameux Ferguson) et français (l'institut Pasteur). 

    Cela est absolument faux. Toutes les études, toutes les convictions, tous les bons sens montrent deux choses: 

    e1) les modélisations, faites hors toute mesure ou théorie sur la propagation et la virulence d'un nouvel être vivant inconnu n'ont bien sur aucune valeur ou intérêt. De la pure projection numérique basée sur rien, de la merde en barre mensongère comme la derniere pourriture de leurs cul foireux que je défoncerais à la barre à mine. (pardon). 

    e2) toutes les études comparatives sur les différents confinements ont montré que hors isolation complète, incluant distribution de nourriture à domicile, interruption d'absolument tous les transports et bien sur fermeture complète des frontières (les 2 dernière mesures, indispensables, étant en fait les seules efficaces), il ne servit absolument à rien, voire augmenta les contaminations dangereuses, les personnes à risque n'étant pas protégées, bien au contraire. 

    A partir de là, les enculés qui ordonnèrent l'arrêt partiel de l'économie au prix de 500 milliards d'euros qui profitèrent à la grande distribution et au commerce internet sont punissables pour le moins. Qu'ils soient maudits. 

    Cela sera ma conclusion. Mon mépris et mon dégout pour ce monde est infini. Je souhaite sa destruction par la violence. 

    P.S. 16 Janvier 2022, le pass vaccinal est adopté par tout le monde et en plus qui le trouve "utile"... L'épidémie arrive à son pic (3,2 morts par millions par jour). Le summum du mépris de l'intelligence et de la logique, le summum de la crétinerie manipulée et de la dégueulasserie parlementaire, la honte totale. 

    P.S. 25 Janvier 2022, le pic n'est pas atteint en fait, on en est à 3,7 (rien d'exponentiel par ailleurs...). Par contre, les hospitalisations restent sous contrôle apparemment et tout le monde en a marre. Les US sont à 7, en augmentation, mais là pareil: on n'en peut plus, il faut s'y faire, y a rien d'autre à faire. 

    (1) https://www.lefigaro.fr/flash-actu/anthony-fauci-apres-omicron-les-etats-unis-pourraient-arriver-a-vivre-avec-le-virus-20220112

     

  • Les instructions

    Une proposition faite par notre ami Zemmour, le vichyste connu, est de restaurer l'appellation d'"instruction publique", comme le fit brièvement Vichy de 1940 à 1941, pour remplacer l'appellation "éducation nationale", instaurée en 1932 et conservée depuis. 

    En fait l'appellation, qui désigne le ministère en charge des écoles, fut âprement discutée dans l'histoire, et son importance signe toutes les conceptions qu'on put avoir et qu'on a encore, de la chose...

    Le dernier changement, lui-même aboli, le fut par celui de "ministère de l'éducation" (tout court) par Giscard d'Estaing, qui supprima le "nationale" pour parait-il, faire allusion à la maintenant nécessaire Europe. 

    L'instruction publique fut bien sur celle de Jules Ferry, mais la distinction fut en fait discutée à la Révolution, et la grande vision de Condorcet doit tout diriger (1). J'en retiens que l'école, selon lui, a pour fonction de former des réformateurs et non des conservateurs. Il faut donc tenir à l'écart la religion, l'opinion publique et le pouvoir politique... L'éducation doit donc être réservée aux familles et le public garder l'instruction. 

    Nous sommes en plein dans la sagesse ancienne, celle qui pour toujours valable doit présider aux choses, par delà les modes, les faux modernismes et la volonté d'imposer un monde nouveau; c'est un révolutionnaire, et sans doute le plus illustre d'entre eux, bien que guillotiné, qui vous le dit. 

    « Le but de l’instruction n’est pas de faire admirer aux hommes une législation toute faite, mais de les rendre capable de l’apprécier et de la corriger. » (Condorcet)

    Le point croquignolesque est que tenants de l'"éducation" étaient aussi nommé les "spartiates", en charge du creuset des citoyens fidèles et fanatiques. L'intellectualisme et l'excellence forme des individus à l'esprit insuffisamment communautaire etc etc. Les débats sont à hurler de rire et on comprend tout: cela se passait dans les années 90 du XVIIIème siècle. 

    On oppose ainsi l'effort de l'instruction au coté ludique de l'éducation etc etc (encore).

    A la 3ème république on tente de matiner, et de rajouter à l'instruction toujours révérer, la "volonté" nationale à éduquer dans le cadre de l'esprit national fin de siècle. Buisson promeut donc l'éducation, mais fondée sur l'instruction. C'est l'éducation libérale, nationale et morale, dont le ministère reste bien celui de l'instruction publique jusqu'à Herriot en 32.

    L'instituteur (qui instituait le citoyen) devient sous Jospin "professeur des écoles"... Il fallait égaliser les conditions dans l'enseignement, bac pour tout le monde oblige... 

    On glosera sur le port de la blouse que voudrait restaurer Zemmour, même si la mode, diversement suivie, disparut tout à fait en 1968, révolution consumériste oblige... 

    On glosera aussi sur les propagandes, le caractère formateur de l'école s'étant affirmé à un point incroyable, au point de faire de la France l'incontesté premier pays woke du monde occidental, la perversion généralisée dans laquelle on tient nos enfants devant faire effet bientôt, dès que le droit de vote (on les juge prêts, certains veulent déjà se lancer) leur sera attribué. La génération 2012, mature en 2030, mais cela commencera avant, pourra donc conjuguer toutes les tendances dont on parle actuellement pour le plus grand bonheur des visionnaires. 

    Mais la grande réforme sera celle du collège unique, qui signa en même temps que l'élévation du prolétariat, avec son accession enfin possible au secondaire, et donc en fait au lycée, à une forme dégénérée de celui-ci, la chose achevant de se consumer avec l'envoi en périphérie de Paris des enfants autrefois promis à l'excellence centrale et qui avait commencé de ruiner les parents adeptes de l'habitat stratégique. Flouées les classes moyennes réparties entre supérieures et inférieures, vivent donc doublement le déclassement inévitable qui s'avance.

    Pour l'instant, il n'est que national, la France est 21/26 ème de l'OCDE au classement PISA (2). Dans la moyenne, mais inférieure au US. Est-ce grave ? 

    Le collège unique supprima une distinction de classe, qui est l'origine de l'éducation, pour lui substituer un nivellement et aussi une sectorisation hypocrite. Le supprimer, c'est restaurer les apprentissages précoces, et aussi un emploi jeune qui devient inévitable, l'assistance généralisée en ruines le rendant inévitable, autant qu'il soit encadré et formé... Maintenant la chose sera difficile et la conversion des collèges se heurtera à bien des obstacles... 

     

     

    (1) http://www.mezetulle.net/article-26934548.html

    (2) PISA 2018 https://www.oecd.org/pisa/publications/PISA2018_CN_FRA_FRE.pdf 

  • Les littératures

    Longtemps, il ne me serait jamais venu à l'idée d'être littérateur (elle est pas bonne celle-là ?).

    Littérature: mot étrange totalement dénué de signification, de valeur, de profondeur, voire d'existence. Que l'on puisse qualifier ainsi, par opposition à d'autres, certains écrits et qui plus est, des larmes dans la voix, me laissait sans la chose (la voix), incrédule et navré. 

    Proust

    Et puis, je lus Proust. Cela se terminait avec le temps retrouvé par une description de l'art, la seule chose qui compte au monde, absolument précise, détaillée et convaincante et achevée par, justement, le fait que tout ce qu'on avait raconté jusqu'alors, en était et voulait dire cela... 

    Cela était exprimé avec grâce et élégance, tout en étant mystérieux et profond. Dés lors, il y avait une borne, et bien sur tout le monde s'y référait. 

    On trouve de la part de M. Proust, (comme on dit), des considérations extra-littéraires assez précises: la distinction entre mémoire volontaire et involontaire, ou mémoire de ce qu'on avait oublié, garant de l'authentique. 

    Il y a plus, il ajoute qu'il (ce souvenir là) "donne le contenu du beau style" qui est "la vérité" que seule la beauté du style traduit. Vérité exclusivement sensible qu'on essaye de traduire en intelligible avec autant de difficultés qu'un motif musical. 

    Tout est dit, donc de la vérité, du style et de l'intelligible... 

    Finkie

    Alain Finkielkraut en vieux bretteur bavard, rappelle qu'il y a une vision littéraire du monde; ou plutôt qu'il y en avait une, avant. Citant Kundera, Soljenitsyne: ceux-ci ont vu dans le communisme, bien plus que les camps, une lutte contre la vérité que seul l'art, disons la littérature, pouvait combattre. Cette vérité-là serait donc littéraire plus que politique ou scientifique et se trouve donc bien telle, à moins que de ne pas exister du tout.

    Le "progressisme" dont le woke est l'avant-garde est un Bien qui doit s'accomplir dans l'histoire et dont la volonté de faire "réel" dépasse toutes les utopies et tous les "réalismes" qu'ils soient ceux du passé, du présent ou du futur, car tout cela doit être transformé, les statues déboulonnées et l'avenir exclusivement invoqué de la bonne manière. Ce monde affreux, exclusivement militant vérole toutes les universités du nouveau monde et introduit en France, commençant à terroriser professeurs et anciens élèves. Il est pourtant radicalement contraire à la perception du monde faite par le vieux réac anticommuniste qui a souffert milles morts de l'horrible chape de plomb qui a recouvert sa vie passée "zum Ost" à subir la punition communiste... Car c'est bien le même enfer qui nous viens cette fois de l'Ouest: avoir à soutenir éternellement un combat gagné d'avance contre un absurde qui n'existe pas et à vivre une oppression dénonciatrice perpétuelle... 

    Tous les rituels de 1984 sont présents, depuis le quart d'heure de la haine contre le sale sioniste (juif)  jusqu'à la dénonciation familiale (raciale) de l'oppression qu'on exerce de par sa seule hérédité... Une folie démente, que seule l'expression individuelle du littérateur angoissé, peut exprimer et rejeter ou décrire: la  LTI: Lingua Tertii Empirii, la nouvelle langue, le nouveau style qui recouvre tout, réexprime tout et vraiment, change le monde en changeant toutes les manières de s'y référer et donc d'y vivre. 

    Réalisme ? Nous y sommes.

    Au tournant des années 1660, une révolution se produisit: après la publication des dix volumes de "Artamène ou le Grand Cyrus" par Mademoiselle de Scudéry, le plus long roman de toute la langue française, en 1653, Madame de Lafayette publia en 1678 la Princesse de Clèves. L'histoire et la fiction engendrait le réalisme et le roman moderne, finalement théorisé par un certain Du Plaisir en 1683. Le fabuleux devient l'invraisemblable, et se trouve chassé pour toujours. 

    On pourra alors gloser sur la lente décadence ou évolution du roman, qui se matérialisa donc par le réalisme des situations, qui s'agrémenta tout de même par la recherche du style, cette poésie du langage écrit, destinée à communiquer précisément ce réalisme, ce qui est à la fois contradictoire, mais comme tout ce qui l'est excitant et donc artistique au final. La première véritable fin de cette chose fut certainement Céline, pour moi l'abomination de la désolation, quand la volonté de réalisme du "style émotif parlé" transforme le texte en ordure illisible et désespérante, jusqu'au non sens complet. Si encore on y trouvait la verve de l'argot, les déconnades de San Antonio ! 

    Bref, on retombe là dans l'horreur privée de sens et Robbe-Grillet, Sarraute,  Simon, et tout ceux là, exploitant le style pour être mieux chiants et illisibles, ont transformé, mieux et pire que Céline, la littérature en distraction de taré, en snobisme vulgaire, pour finir sous Sarkozy, qui rendit public ce que la génération juste d'après pensait du thème en évoquant la terreur du potache, la princesse de Clèves, justement... 

    Ensuite, il y a le sentiment, qui peut se matérialiser de deux manières, suivant qu'on subit ou non, la chose pouvant elle même se modaliser de deux manières, suivant qu'on espère que ça change ou non. 

    Subir, c'est décrire l'inéluctable qui s'abat sur nous depuis toujours, son contraire étant la description de l'action efficace et éperdue, de l'aventure et de la réussite. Les modalités sont de savoir si cela va durer toujours et si la révolte ou la faillite est nécessaire ou inéluctable elle aussi, conduisant à la nécessité de faire vraiment quelque chose quitte à poser la question ("Que faire ?") ou bien plus prosaïquement si cela signifie quelque chose d'autre et si une nécessité surnaturelle préside au désagrément ou au plaisir de vivre ce qu'on décrit, cette chose en plus s'appelant beauté, objet G, divinité d'une sorte ou d'une autre, bref, ce qui nous échappe, et qui pour certains, est la seule chose vraiment existante et digne d'être comprise, communiquée ou vécue. 

    On remarquera que l'option "révolte", "roman social", "féminisme" et autre description activiste du réel, transformant l'œuvre d'art en utilité n'en est pas une et échappe par définition à toute espèce d'intérêt et cantonne l'information en question à un manifeste, ou une publicité, bref à un appel à quelque chose qui ne peut peu ou prou qu'être un appel à la haine ou au meurtre, susceptible sous certaines formes d'être interdit, tout simplement, à la hauteur de ce qu'il voudrait d'ailleurs "annuler" et qui n'est ainsi ni plus ni moins que la forme inversée de lui-même, ce genre de chose étant structurellement contradictoire, par ailleurs.

    Les styles

    On remarquera aussi que tout ceci concerne la langue et donc la manière dont on comprend les choses, le "style" étant plus que la manière, l'attitude avec laquelle, avant même de comprendre, on va recevoir ce qu'on va bien vous dire. Cette attitude, que certains donc vont identifier avec le réel lui-même, quand elle est considérée "relativement" à d'autres, et donc identifiée, peut être à l'origine de deux points de vue ou manières d'en déduire une généralité assez différente.

    Tout d'abord, la différenciation entre compréhension "indulgente" ou "holistique" du monde, et la compréhension normative et utilitariste, voire politique de ce même monde. On en a parlé, c'est la grande tendance de l'heure intellectuelle aux prises avec le sinistre progressisme, avec comme conséquence de l'indulgence toutefois des conceptions "à principes" qui reconnaissent le droit à l'exception, à l'originalité, à la liberté inconséquente, mais aussi à l'innovation hippie et plus généralement à la liberté mise au-dessus de tout. Le personnage humain individuel et solitaire tel qu'il se manifeste dans le roman littéraire qu'il soit d'ailleurs "réaliste" ou "fabuleux" est forcément ambivalent et contradictoire, comme tout ce que l'on sait de l'humanité et que personne ne peut ignorer à moins de se transformer en "autre chose" qui ne peut être, bien sûr, que détestable. 

    Mais il y a autre chose, et qui est sans doute plus important: au-delà de l'utilitarisme partagé par tous, il y a l'autoritarisme porté par les hiérarchies qui refusant de célébrer le symbolique et de s'appuyer dessus, tentent de vendre les ordres nécessaires sous la forme d'une vérité évidente et transparente à laquelle on doit plus que se soumettre puisqu'il s'agit de l'incorporer, le mal étant transformé en déficience. C'est la plaie du "management", méthode de contrôle des esprits qui doit d'abord s'appuyer sur une transformation du langage qui doit d'abord rendre impossible toute description de lui-même, le contenant ne pouvant être contenu. Là encore, le "littéraire" se distingue en étant par définition ce qui va s'opposer à cela au nom de la vérité, précisément, c'est-à-dire ce qui est irréfragable et extérieur à toute organisation, à toute autorité implacable revendiquée... Éveille au beau style par "les trois mousquetaires", je dirais comme bien des gens, je connais le cardinal, cette mystérieuse et implacable, justement, autorité qui en héros romantique (Richelieu l'est, en fait) impose le pouvoir total de l'État, devenu personnage à part entière. Et bien, on n'a pas là une nécessité mais une volonté, et cela n'est pas pareil... 

    Et puis il y a la dissidence, la manière dont elle s'exprime et le combat mené pour s'approprier son expression ou plutôt ce qui la contredit, et cela se fait par la modalité de l'expression, précisément. Le mot, la figure, le jeu de mot a dans la langue un caractère réel qui va au-delà de ce qu'il représente: il s'associe à une habitude, à un pouvoir, à une évidence, et cela d'une manière plus puissante que l'ordre reçu. C'est par la parole qu'on est obéit, et cela autant directement qu'indirectement, car les troupes qu'on envoie torturer quand il le faut, il faut aussi qu'elles obéissent... 

    On se finira avec Saint Simon, l'inspirateur et le modèle de Proust, mais sans l'intention quoique... Le Duc voulait que son lecteur soit comme vivant de l'intérieur l'intrigue, et le dissident de l'époque qui méprisa Voltaire de faire l'hagiographie de ce qu'il ne connaissait pas, a vu Louis XIV dans toute sa bassesse, a maudit l'absurde révocation et la sinistre bigote qui présida au roi, et aussi au nom de la hauteur de vue et de la grandeur, précisément décrit ce qu'est la bassesse humaine, la vraie, celle qu'on ne déteste pas assez, car on y a appartient trop. (pas mal non?). 

     

     

  • Les philosophies sanitaires

    On avait avec les "nudges" (1) parlé de la politique sanitaire, mais celle ci fut bien expliqué par la très carrée dame (2), et cela mérite d'être résumé, surtout qu'en (3) celle-ci verse dans la vraie philosophie et revisite Nietzsche avec talent.

    Nietzsche et la vie

    Car N. est le penseur de la vie. Très versé en biologie, il profita de ses maladies chroniques à lui pour se documenter à mort sur la science biologique de son temps et se trouva expert en évolutions et autre conceptions ouvertes de la science conçue comme agonistique (la science est un combat à mort entre instables découvreurs) et vivante, hors de la rationalité éternelle et d'une notion de la vérité totalisante, inaccessible et hors du monde à qui on substitue la -réalité-, cette chose que découvre Nietzsche. 

    La vie c'est le flux, et Stiegler nous expose une belle alternance flux/stase, autre description de l'opposition Héraclite/Platon, stase qui par ailleurs reste nécessaire pour N., la réalité toujours, et il se plaint de l'"âge du télégraphe" qu'il découvre, c'est l'arrivée de la technique et donc de la pensée généralisée du flux, de la vitesse, de la globalisation. 

    Au passage notre philosophe ancre Descartes le soi-disant rationaliste dans la vraie (ou duale) interprétation du "je suis" qui est corporelle, sensitive, phénoménologique (ce qu'on découvrit après). Comme quoi. Sa thèse est que l'alternance (ah que j'aime la superposition significative des contraires) marque la philosophie, toute perception du corps suscitant un rationalisme qui fait écran à cette charnelle perception de soi. 

    N. en tout cas, se trouve là en théoricien premier de l'écologie, et fait une lecture corporelle du scientifique... Il opposerait donc les deux théories de la science qui sont d'une part l'adaptationnisme (le réel soumis à des lois est passif devant elles) et l'activisme ( le vivant s'adapte et cherche ses solutions en se différenciant ). Penseur de la mémoire, de l'intégration de ce qui n'est pas soi, du changement de soi, de la volonté vivante...Et aussi de la culture globale, dont il faut faire la médecine. 

    On pensera avec tout ça aux spéculations de Raoult qui voit dans les virus les composants d'une construction horizontale du vivant, formé du mélange de substances successives dont la reproduction est d'abord faite d'ajouts. De quoi accueillir les migrants nécessaires: car la conception du social est bien entendu construite à partir de sa compréhension du vivant, et donc le biopolitique revient ! 

    Notons que Stiegler considère Foucault comme négligeant du "bio" en penseur des années 60, et ne concevant le politique que comme nécessairement séparée conceptuellement de la chose... Sa critique de la manip précédente (la répression de la folie prolétarienne) en aurait fait foi. 

    Le bio politique

    L'idée brillante est que censurée un temps par les manips du docteur Mengele, (et d'ailleurs Zemmour refuse le changement de sexe des enfants à cause de cela), la vision biologique et expérimentale du social revient en force: on en vient alors aux obsessions antisanitaires de la dame et à l'actualité. 

    Spécialiste en éthique et en santé publique, la dame est en fait Raoultienne en ce qu'elle maitrise et pose les problèmes qui furent occultés pendant cette furieuse période de deux ans ou toute rationalité fut oubliée et piétinée. Doté par la prudence et les institutions du monde civilisé d'une élite divisées en instituts, universités et comités d'experts liés par une morale et des pratiques, l'État Français confronté à la pandémie a choisi de l'ignorer totalement et absolument. 

    Pourtant la discipline était constituée, productive et intelligente et aussi multidisciplinaire: un régal de civilisation intellectuelle et technicienne. Raoult avait pondu des rapports circonstanciés, des techniques d'organisation collective éprouvée: tester, isoler, traiter réfléchir, chercher, comparer. Poubelle que tout ça ! Les technocrates issu du socialisme ignorants et actifs, vélléitaires et décidés gèrent en autocrate au nom des valeurs humaines. 500 milliards furent déversés pour rien, et qui ose s'en plaindre ? Qui peut reprocher ce courage infini qui consiste à ruiner le pays pour toujours en déversant toutes ses économies sur la stupidité ignorante qu'on a décidé à l'arrache en imitant la Chine et l'Italie ? 

    Sanitaire 

    Sous la conduite de la cellule nudge installée dès l'élection, et qui sur le modèle de la nouvelle cellule de sécurité (celle de Benalla) doubla tous les comités, cabinets, conseils des ministres et autre tralala parlementaires par ailleurs aux ordres, le couple présidentiel constitua successivement un conseil scientifique (bidon, il fut suscité pour endosser le maintien de l'élection municipale), un conseil "care" qui ne se réunit pas, puis le fameux "conseil de défense" chargé de gérer au jour le jour les errements guerriers d'une conduite purement communicationnelle de l'action gouvernementale euh de la campagne pour la réélection. On se nudge soi même: pense au 24 (Avril) fier sicambre ! 

    Au passage, la théorie du complot doit être rejetée: jusqu'à la veille du confinement, le nudge conseillait une vie normale affichée au théâtre et au restaurant: pas plus que les djihadistes, le virus ne perturberait la fête parisienne; puis la panique a saisi tout le monde. Au gnouf ! Au passage, on prit soin de maintenir une contradiction fondamentale: les frontières restèrent ouvertes, la jet set pu faire voler ses avions privés. 

    Pourtant tout le monde le sait, la chose n'est pas une pandémie: elle ne concerne que le monde occidental (le reste du monde, médusé, contemple le cadavre confiné de son oppresseur) et parmi celui-là, uniquement les vieux et les malades. Précisément ceux que la notion de "Santé publique" considère par nature. Car par définition, la santé globale, la médecine de la société est collective et publique et concerne 1) les maladies chroniques dont le cout social et humain devient premier; 2) le vieillissement de la population inéluctable et à organiser; 3) la conjonction de 1) et 2) évidente; 4) le zonage géographique des soins, la présence de déserts médicaux de nature opposées (la ruralité ET les villes et banlieues);  5) la gestion du système hospitalier conçu pour traiter les accidents de ski et les transplantations cardiaques et complètement saturé. 

    Politique

    Mais tout cela est du complotisme, de l'illusion fumeuse (non Madame Wonner, la chloroquine ne se fume pas (Véran à l'assemblée Janvier 2022)), de la théorie inutile, du gauchisme. Médusée et morte de peur, la classe intellectuelle et technocratique se tait. Deux ans d'absolu silence, d'absence complète de réaction. Leur gestion de carrière avant tout, et les intellectuels courageux (ceux qui participent au bourrage de crâne de la guerre nécessaire) sont simplement décorés tour à tour au prorata des mensonges et faussetés éhontées qu'ils ont proféré tour à tour. Une seule accusation a suffit: "complotisme" pour empêcher toute réaction, toute critique même mesurée.

    Un seul roc imperturbable: Raoult, l'honneur de la science, déconsidéré comme charlatan antivax qui produisit pendant deux ans toutes les recommandations effectives qui furent progressivement adoptées (et imposées par décret sans référence à son auteur et à son utilité) par l'Etat ingrat. Toutes sauf une ! On ne parlera pas de tous les jugements et rappels à la vérité, tous déconsidérés et traités de complotistes, et pourtant manifestement vrais: les enfants ne sont pas concernés, les malades sont vieux ou déjà malades, la mortalité est très faible, le vaccin n'est que partiellement efficace.

    Tout ce qui justifie une vraie politique multi définie de santé publique conforme à la complexité du monde et qui est  globalement ignorée par un gouvernement commando qui gère la situation en guerrier, en interdisant deux ans après de manger son sandwich dans les trains sauf "en cas de nécessité" ("Retirer le masque pour boire ou manger rapidement", Jean-Baptiste Djebarri précise les règles à bord des trains", Janvier 2022). In extenso, c'est: 

    "Si vous avez un besoin impératif de boire ou de manger, parce que vous êtes fragile ou simplement parce que vous avez ce besoin physiologique, vous pouvez retirer votre masque et boire ou manger rapidement, puis le remettre tout de suite après."

    Sur ce magnifique et stimulant intellectuellement gâteau, on trouve ainsi deux théories en forme de fraises. D'abord la conception autoritaire et nudgique de la chose: le peuple est une masse de cons à conduire avec une schlague et à forcer à l'hygiène. Fumer, ne pas se vacciner, se faire des ballons, picoler et conduire des voitures est mauvais et doit être interdit euh dirigé positivement par la suggestion, la contrainte indirecte et le contrôle social. 

    La deuxième théorie est celle de Louis Fouché, en gros: la liberté, la conviction personnelle, la conduite saine auto dirigée de la vie, la liberté, la compréhension la culture et l'empowerment (se donner les moyens de l'action ), l'intelligence, la culture, la réflexion. La société peut réfléchir et au moins en principe est respectée comme ensemble collectif doué de raison et surtout, souverain. Illusion absurde de hippie dégénéré, le chevelu au chichon est maintenant en charge des lumières, il fallait l'inventer celle-là, Macron l'a fait. 

    J'avais déjà considéré une autre politique, celle du dégout horrifié, en vigueur finalement chez les précurseurs de la saine réaction humaine envers l'absurde, l'injuste et le véritablement satanique du monde: les djihadistes. 

    Ah que cela fait du bien de voir des enfants découper au couteau la tête de journalistes occidentaux vendus à cette horreur ! Vite une autre vidéo, tant qu'on en a la liberté. 

    La démocratie

    Pour vraiment conclure, on parlera de la démocratie... Cette chose conçue sur le mode de l'exclusion (des femmes, des esclaves, des métèques, des étrangers) est aujourd'hui célébrée sous la forme de l'inclusion (on veut donner le droit de vote aux étrangers qui s'installent à leur gré). Elle est d'abord élective, et c'est le seul critère, mais on doit distinguer ce que fait l'élu de l'élection: soit ce qu'il veut, sans plus rien demander, c'est le modèle français, ou en cherchant à respecter scrupuleusement les désirs décodés par l'élection, c'est le point de vue "allemand", voire "britannique". 

    La critique par Stiegler du néo libéralisme évoque cette rupture avec les lumières que fut l'impie doctrine: elle suppose que le peuple est irrationnel et doit être influencé et dominé: les masses irrationnelles qui se précipitent vers le bolchevisme doivent être prises en main habilement et obligées au libéralisme consumériste et on le voit, sanitaire. 

    On voudrait, c'est le point de vue gaulliste, se battre jusqu'au bout pour imposer le point de vue "nécessaire" quitte à accepter de longues voire définitives périodes de placard pendant lesquelles on ne perd pas espoir, le pragmatisme, qui de l'élection, qui des circonstances faisant office de principe de légitimité. La question de ce nécessaire est bien sur spirituel et quasiment monarchique, le désir de la France étant ce qu'on montre, charge au peuple de le reconnaitre et d'y adhérer, ou pas. En période d'incertitudes, on peut et on doit essayer de peser sur le réel et de préserver les intérêts collectifs, en pesant les couts et les bénéfices et en prenant des avis. On peut et on doit faire tuer les "vieux" soldats, et se comparer à ses adversaires. Ceux ci nous envahissent de partout, et communiquer pour influencer à son bénéfice personnel pour au final abandonner toute souveraineté est une honte absolue. 

     

     

     

     

    (1) Les nudges http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2021/03/02/les-nudges-6301015.html

    (2) Stiegler au carré: https://youtu.be/23FyqDcnz-s

    (3) Stielgler et Nietzsche https://www.youtube.com/watch?v=q6JMZOL93Uc

  • Les croyances

    Le rêve

    Ayant rêvé une nuit que j'étais catholique "évidemment" et au réveil inquiet quelques minutes de la réalité de l'affirmation, me voilà forcé de réaliser que je ne le suis pas du tout en fait, tout en regardant, fasciné, toutes les tentatives des autres pour l'être, ou quelque chose d'approchant. 

    Tout d'abord il y a la création et son ordre magnifique, les photos en couleur des galaxies (ou celles tout aussi colorées des membranes des ailes des colibris, en passant par les splendides couleurs irisées qu'on peut tirer de photos gros plan du sperme d'un rat) pouvant amener la réflexion qu'il  y a "forcément"  une création... Je commence par là pour évoquer l'interrogation naïve d'un Houellebecq lors d'un interview, ou la mienne, tout aussi naïve, sur l'existence spirituelle des lois de la nature, responsable des fluctuations hasardeuses du vide, elles-mêmes responsables accidentelles des fameuses couleurs...  On reviendra sur ma théorie. 

    Le salut

    D'abord il y a la souffrance humaine, générale et trop évidente, à l'origine de la raison profonde de la notion de "salut" et des concepts civilisationnels qui lui sont associés. Tout ce qui apparut quelques siècles avant JC, lui-même (jicé) manifestement au courant de la chose (le bouddah avait commencé et les gymnosophistes étaient connus des grecs), et manifestement inspiré, baigné, disons d'un mélange mondialisé résultat de la conquête d'Alexandre, élève d'Aristote et premier unificateur du monde, sans doute le premier véritable occidental fils de Dieu. 

    Ce salut est celui du monde entier, quand tous les individus pris à égalité se retrouvent face au même problème, qu'ils ne peuvent plus associer à une condition artificielle liée un mode de vie local, celui de l'Empire lui-même devenant dérisoire: esclave ou femme cela ne change rien et l'appartenance à une "nation" non plus et pourtant ce qui la rend ainsi possible, l'unification des mœurs n'étant plus nécessaire, justement. L'identité humaine civilisée ne se réduit plus à l'appartenance à l'empire et celui ci n'est plus nécessaire. Cette révolution là fonda l'Europe, crée par les rois barbares directement adeptes du nouveau Dieu unique. 

    Revenons au salut: la souffrance est trop grande et le grand système mystique et intellectuel de l'Inde qui aborda le problème introduisit l'idée qu'un humain pouvait servir d'intermédiaire, non pas au sens de l'homme divinisé, mais de l'inverse, le Dieu, c'est ça l'idée,  se transformant en homme pour transformer l'impossible terrifiant en vérité intangible. 

    Intellectuellement génial, le christianisme alla jusqu'à (plus tard complètement mais l'idée était là dès l'origine) imaginer un dieu multiple divisé à égalité en entités radicalement différentes. Cette manière définitive et admirable de rendre pensable tout en le gardant assez mystérieux un au-delà de la réflexion philosophique qui soit à la fois le radicalement autre divin et le cohérent articulé réaliste est un sommet incomparable de civilisation, jusque-là indépassé et absolument supérieur à tout ce qu'on avait pu imaginer et aussi de ce qu'on peut actuellement imaginer. 

    On passera donc sur bouddhisme et islam, bien tentées, mais dérisoires tentatives de créer une solution au problème. Le cas de l'islam est particulier en ce qu'inventé en connaissance de cause, il se mit à l'écart, sans doute par ignorance et volonté obstinée, de la trinité et de l'homme Dieu. On pourrait gloser sur certaines tendances à la surhumanité que ses gnoses tentent de réintroduire, mais il est en fait "foutu": son prophète n'est qu'un conquérant législateur et son entité divine dépourvue d'identité autre que son obsessive unicité n'est qu'une misérable fiction orientale sans relief autre que ses malédictions, jurons divins qui ne sont que blasphèmes ignobles envers l'humanité souffrante. 

    Entouré d'un fils aimant, des ses projets amoureux d'avant les débuts des temps et de son esprit omniprésent qui anime les volontés, le divin chrétien a une complexité et une réalité admirable difficile à nier, c'est sans doute ce qui anima mon rêve. Le rétablissement d'une relation intellectuelle et sociale avec un autre radical, inspirateur de la psyché et de la conscience et garant de la rectification de l'être dans sa capacité à entrer en relation avec les autres est l'objet du religieux mais pas que: il est le projet humain, la salvation. 

    Le retour

    Rétablissement, salvation ? Quel retour à quoi et qu'y avait-il avant dont nous nous serions éloigné et qui serait la cause de notre souffrance ? 

    L'anthropologie agite cette question dans tous les sens depuis l'origine des réflexions cohérentes de l'humanité. Entre l'androgynie primordiale et la constitution progressive de l'être là, avec ou sans capitalisme ou technique délétère, et bien sur le péché originel, l'idée est constitutive et inévitable et où qu'on regarde, on le voit bien: ça ne va pas... 

    Objet de la castration primordiale de l'individu (la découpe de l'androgyne) cette souffrance indicible et aux conséquences multiples fait bien partie de l'essence de l'humanité, une sorte d'état à défaut d'un évènement primordial. C'est bien l'objet de toutes les sagesses, de toutes les gnoses, que de refaire le chemin dans l'autre sens pour aboutir à un autre état, souhaitable celui là. On l'identifie souvent à quelque chose d'assez simple, et d'assez Moyen Ageux: l'idéal de Duns Scot qui est de "voir Dieu" éternellement, et donc, quelquepart, de "devenir" Dieu. Une solution radicale et définitive.

    Objectif et destin de l'hubris post antique chrétienne, cette ambition rompt avec toutes les religions précédentes, pour ne pas dire avec celles qui suivent. Car l'androgynie est divine et la séparation est celle qui divise l'homme et Dieu lui même. Le retour est celui d'avec l'instigateur du projet: se séparer puis se réunir en remélangeant passé et futur dans la grande unité éternelle du temps aboli ! Quel est l'intérêt de la bulle provisoire, me diriez-vous ? 

    Laissons de côté la question, les mondes multiples que la chose évoque laissant penser à une barbarie mettant en cause l'unicité du fils de Dieu, elle certaine... Bref, une spéculation mérite ici de s'élaborer, on verra plus tard. 

    En tout cas, une solution élaborée est ainsi apparente, disponible et grandiose, et a assez fasciné les esprits assez longtemps pour inspirer bien des œuvres. La question de l'arrêt actuel des curiosités à ce sujet se pose. 

    L'histoire

    On doit d'abord distinguer les souffrances. Elles étaient autrefois liées à l'impossible prospérité qu'impose l'agriculture, mode paradoxal de production qui permet à la fois la multiplication des familles mais la prospérité d'une minorité seulement, le miracle néolithique étant peut-être l'événement fondateur qui causa nos souffrances avec les religions sacrificielles et le début des réflexions à ce sujet-là. 

    Réglé par la technique et les pesticides, la chose se mua en les croissances folles du siècle dernier qui firent justice de ce qui n'existait que comme superstructure à une fatalité qui disparut brusquement, ne laissant qu'une souffrance existentielle qui est quasiment le regret de la précédente. En tout cas, le changement fut sous nos yeux, et la France ne rompit avec le néolithique que de mon vivant: notre voisin avait un cheval pour labourer, le champ était en pente. 

    Que le catholicisme ait disparu par la même occasion était somme toute assez naturel. Mais il y eut plus. Par un glorieux malentendu simultané, s'installa en effet une conception du monde qui rompait par essence avec le rituel. Manifesté en latin, avec des déguisements démodés mais rattachés au passé, un culte à une entité mystérieuse était rendu avec distraction mais régularité. Conjugué de matérialité arbitraire mais répétée et donc ordinaire, le régulier marquait les habitudes et se trouvait crédible. On voulut le rendre signifiant au delà de sa fonction: il fallait comprendre et penser ce qu'on disait. En Français, puis en manifestant sa foi, on voulu rendre tangible ce qui était destiné à forcer à l'hypocrisie. L'horreur de l'obligation apparut alors manifeste et les gens partirent. Qui plus est, le désastre esthétique concomitant fut effroyable: la laideur et la superficialité des expressions nouvelles qu'on chercha à introduire servit de repoussoir essentiel et toute la religiosité se réfugia dans le yéyé pleurnichard, à destination de la dernière population sous contrôle des curés, désormais libre : la gent féminine, du moins la partie baisable de celle ci, les vieilles dames robotisées continuant les simagrées. 

    Cette obsession à "comprendre", fait de civilisation, marqua tous les domaines et en particulier fut le responsable de la destruction de l'enseignement public. Marqué par la volonté de se rendre tangible, comme on l'a vu, l'éducation se voulut explicite et ajouta sincérité et volonté d'élévation à ce qui ne devait être qu'apprentissage par cœur et techniques bien comprises, seuls moyens pour une élite d'accéder dans un deuxième temps  à la vraie maitrise. Voulant justifier l'effort par un résultat immédiat trop vite acquis (résumé de texte et salaire garanti) on rendit impossible le plaisir de l'effort et donc tout ce qui s'obtient avec. La féminisation des apprenants et des sachants fit le reste: plus personne ne s'intéresse à l'école et un ennui terrible se répand dans une société bureaucratisée à l'extrême dont les masses abruties ne pourront plus être conduites que par un fascisme pointilleux dont on commence à prendre la mesure, l'épidémie et sa manière d'être contrôlée étant destinée à durer, je vous le garantis. 

    La glorieuse héritière de la fondation initiale de la civilisation, à peine entamée par une remise en cause pourtant autrement agressive faite il y a 5 siècles par Luther, se suicida donc sous nos yeux sans espoir de reconquête sinon par la marge. Prise en mains par bien pire que les orgiastiques seigneurs de la renaissance qui poussèrent la corruption jusqu'à vendre par actions le paradis, en l'occurrence les seigneurs mafieux homosexuels qui pardonnèrent la pédophilie du XXème siècle, l'Eglise actuelle va maintenant se ruiner doublement : en exigeant qu'on accueille tous les migrants d'une part, en en indemnisant ses ex petites victimes d'autre part... Comment se convertir au catholicisme ? En allant voir qui ?

    Les solutions

    D'abord il faut savoir que cette "solution" à la souffrance fut violemment critiquée à l'aube de la première amélioration et bien sur par Marx:

    "La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple.

    Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l’auréole"

    Tout le XIXème siècle se consacra à la ruine intellectuelle du catholicisme en réformant la perception de  la souffrance. Celle ci pouvant être abolie par la technique et la redistribution, il n'était plus besoin de la consoler ou de l'expliquer, mais simplement de l'abolir, celle ci étant entièrement due au capitalisme qui allait s'effondrer. 

    Juste après la chute du mur, Houellebecq (1) reprend le thème, et ajoute à la détresse prolétarienne la sexuelle, soumise aux mêmes lois impitoyables (et irréformables) du libéralisme. Il propose une consolation romantique réexprimée, qui serait d'après les spécialistes,  la nouvelle relation qu'entretient le poëte avec son lecteur... Belle ambition, nimbée de capitalisme, ses livres, (des beaux objets) n'étant pas gratuits tout en étant downloadables... 

    Avant la religion chrétienne et à l'aube de celle-ci il y avait le stoïcisme et la notion de consolation (1), qui réexprime la nécessité du monde: cosmos harmonieux, société organique et parole signifiante. Les 3 fictions, transformées par la modernité en chaos erratique, en société capitaliste impitoyable et en paroles arbitraires déconstruites n'ont bien sur plus cours. 

    La consolation chrétienne était basée sur l'au delà d'après la mort, période intermédiaire (tout est intermédiaire dans le christianisme depuis le christ lui même, jusqu'au millénarisme, en passant par la grâce) avant la résurrection générale des morts, fin du monde humain, et donc de la fameuse bulle que l'historicité du fils de Dieu et donc de Dieu lui même rend unique forcément. Très supérieur à Mahomet en puissance divine, Jésus n'est pas un prophète et crève l'écran de la rationalité antique: il représente la vraie vérité, celle de l'absurde miraculeux effectif. Il n'est pas  un miracle pour les dieux (quoi ? un homme deviendrait comme nous ?) mais bien pour les hommes qui n'en croivent mais. 

    Cette affirmation de la vérité improbable au point de s'identifier au vrai concept, le seul qui vaille (pas mal, cette jésuiterie, vous ne trouvez pas?) caractérise le christianisme et injecte dans la rationalité plus que le solipsisme, la vérité irréfragable, celle qui recouvre toute les spiritualités et qu'elle rend possible, la preuve: Gödel a raison même s'il avait tort... 

    Cette consolation là, opium certes mais puissant qu'on y pense, et que manifeste un ordre social qui la confirme et qui la poétise, source de bien des énergies et de bien de belles musiques.  Et puis il y a la grâce, car la consolation nécessite d'être souhaitée, au point que la souffrance s'y identifie. Le désespoir d'amour devient alors celui du refus motivé ou arbitraire de la solution à se manifester, source de la vraie humilité. 

    A moins que comme un autre poëte, Baudelaire en fait, on ne se conjuge au divin que pour : 

    "Je sais que vous gardez une place au Poète
    Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,
    Et que vous l’invitez à l’éternelle fête
    Des Trônes, des vertus, des Dominations.

    "

    On remarque ainsi que le chrétien est en fait assez égoiste et ne s'intéresse qu'à lui finalement, sa place en face de Dieu étant la seule chose visée. Comment concilier cela avec les plaintes constantes concernant la souffrance due à la solitude, qu'elle soit celle d'un Houellebecq ou d'un Balzac ou d'un Marx, en gros celles de tous ceux qui ne conçoivent l'homme que social ? On va même jusqu'au christ lui même qui ne parle que du prochain, au point d'avoir fait de son ultime avatar l'église du dernier pape, une machine à une seule exhortation, celle d'accueillir les migrants ? 

    Cela donne-t-il à la solution déiste catholique un caractère original ? 

    On notera dans toutes les déplorations (ou accusations) concernant la solitude humaine et la dégradation de son social, un très métaphorique regret de la religion sociale ancienne sous la forme du nom "dieu", que l'on martyrise lui. 

    « Le cadavre de Dieu
    Se tortille sous nos yeux
    Comme un poisson crevé
    Qu’on achève à coups de pied. »

    Le passage ténébreux par la notion de "salut" à la souffrance liée aux mauvaises interactions sociales ferait donc la liaison entre les deux ordres,  à part que cela n'est dit nulle part sauf dans les encore plus ténébreux manuels de prière ou la seule interaction qui soit vraiment à plaindre est celle que l'on se devrait d'avoir avec Dieu lui même, finalement seule entité vraiment intéressante, et seul autre avec qui on puisse vraiment communiquer sauf qu'on y échoue et que c'est ça le problème en fait. Belle théorie, en tout cas, et qui nous rapproche d'autre chose. 

    Philosophie

    Schopenhauer serait un philosophe de la vie désespérante qui ruinerait la soit disante (toujours la même chose) méthode pour bien vivre (on pense à la suite: "en société") qui serait la deuxième fonction de la philosophie. Rêve idiot, la "méthode pour bien vivre" qui tient lieu d'idéal à la moitié des intellectuels est évidemment un repoussoir mais aussi quand elle est reconnue impossible, un moyen pour qualifier d'extrêmement noire la philosophie elle même. On en revient donc au jeu avec le cadavre de Dieu, tout aussi dérisoire, car faire semblant de détester pour mieux adorer est puéril, ou bien alors gnostique, en cachant de hautes conceptions, la détestation ne portant que sur des attitudes qu'on critique... Tout cela dénote bien des souffrances, et nous voilà ramené au bon vieux christianisme qui bien que de moins en moins répandu, conserve tout son attrait pour quelques happy few, incapables de proposer autre chose.

    C'est pour cela qu'il faut bien au nom de l'occident décrire un point des représentations de nous même qui soit un audelà, et c'est qu'ambitieusement j'appelle l'"objet G" considération du non existant servant tout de même d'attraction transcendante,  image cachée de ce qu'il faut bien appeller un divin inévitable, inatteignable et fascinant qui ne finira jamais, car sans doute origine de ce que nous sommes, de faire donc partie de notre monde... 

     

     

    (1) Houellebecq, l'art de la consolation Agathe Novak-Chevalier