les catastrophismes
On conclura ce productif mois de Janvier par une glose sur le climat avec en arrière-plan la très générationnelle opinion sur le réchauffement climatique en général (1) (2).
Deux aspects: la survie de l'humanité, notre responsabilité à ce sujet. Pour ce qui concerne la responsabilité, deux aspects selon qu'on l'évalue avec raison, et que l'on peut agir en fonction.
On avait donné des chiffres en (3), mais il faut aller plus loin.
Les bases
Commençons par quelques bases.
L'énergie (Bernouilli 1717, Young 1807) c'est "ce qui se conserve dans le changement d'état d'un système"...
C'est donc CE qui se transfère, se consomme, et se convertit.
Mesurée en Joule (Kg.m2/t2), sa vitesse de transfert est le Watt ou puissance, et donc elle est mesurée en KWh.
1 Joule c'est monter 100 g de 1 m (il faut peiner pour vaincre la gravité, qui est une force de 10 N/kg environ).
Une calorie est 4,2 J soit environ 1mWh...
La puissance caractérise la quantité d'énergie qu'on peut délivrer, en supposant qu'on dispose d'une infinité de celle ci. Disons que la puissance c'est ce qu'on peut fournir par unité de temps tant qu'on en a...
Un cheval vapeur c'est 736W , un horse power (HP) 746 W.
Un homme c'est 100 W (une ampoule). La puissance maximale (pendant 20 minutes) d'un cycliste, est de 300 W. Notons, qu'il faut bien 20 minutes pour fournir les 1200 * 300 = 360 000 Ws = 100 Wh de travail que fournira le cycliste uniquement capable de donner chaque seconde 300 Ws
Un tracteur c'est 50 KW, un airbus c'est 100 MW
1 litre d'essence: 10 KWh. Les machines qui exploitent ces quantités là ont multiplié la force de l'humain par environ 100.
1 g d'Uranium = 2.5 tonnes de charbon = 1 tonne de pétrole
La grande thèse
Jean Marc Jancovici (4) est porteur d'une thèse mal connue et que les écologistes semblent ignorer. Il affirme que le PIB mondial n'a augmenté depuis un siècle qu'en rapport direct avec la consommation d'énergie utilisée pour faire fonctionner les machines, c'est-à-dire avec le pétrole.
Autrefois réduits à exploiter des esclaves afin de pouvoir passer son temps à déverser ses pensées par écrit ou à se masturber ou les deux, la quantité d'esclaves nécessaires étant d'environ 100, les humains ont automatisés ceux-ci, et le résultat est le même.
Exclusivement rendue possible par l'esclavage, la civilisation, la démocratie et le bien être égalitaire sont exclusivement dus aux machines et à rien d'autre. La disparition de celles-ci rétablira l'ancien ordre, et picétou.
Les machines fonctionnent avec le pétrole. Or le pétrole, matière première fossile est en quantité limitée et le pic de sa consommation, pétrole de schiste inclus, a été passé en 2018. La quantité de pétrole consommée est maintenant en diminution tendancielle irréversible. Le PIB mondial ne peut plus croitre et va diminuer, donc.
Jancovici, qui par ailleurs explique le réchauffement et ses conséquences nous met en fait en face de bien pire, en fait: il ne va plus y avoir assez de pétrole et la croissance économique va cesser. Or, la population mondiale continue d'augmenter et devrait aller au-delà de 10 Milliards d'habitants avant de commencer à baisser, si cela se produit...
Sa prédiction que la simultanéité du réchauffement, catastrophique pour la production agricole, plus le manque de pétrole doive conduire à des violences variées de par le monde semble hautement vraisemblable...
Un élément important de la thèse est que de toutes les productions d'énergie, le nucléaire et en particulier les formes avancées de production qui le mettent en œuvre ont 1) la plus faible émission de CO2, 2) une efficience extrême.
Hors tout pic de la consommation d'uranium, il existe des principes de production d'énergie nucléaire (surgénération) qui donneraient plusieurs centaines d'années d'abondance en matière de production d'électricité propre quasiment illimitée. Cela peut être mis en œuvre avant que la fusion, dont l'utilisation ne pourra pas être faite avant la fin du siècle, ne soit utilisable. Cela avec un production extrêmement faible de déchets sans dangers.
Il faut cependant réaliser que le nucléaire n'est pas une solution au problème des machines, la réalisation des batteries électriques indispensables à leurs utilisations ordinaires nécessitant des matières premières en quantité limitée, et la production de l'hydrogène nécessaire aux piles à combustibles à utiliser pour les voitures nécessitant de multiplier le parc nucléaire par au moins deux, sans parler des catalyseurs de l'electrolyse en quantité limitée aussi. Même avec un nucléaire producteur d'électricité, la sobriété est de mise, et dans tous les domaines de l'activité humaine.
Le réchauffement
Théorisé par Fourier au début du XIXème siècle, le réchauffement climatique est dû à l'accumulation dans l'atmosphère de gaz dit "à effet de serre". La preuve du fait que le réchauffement vient bien de la terre est que cela ne concerne que les basses couches de l'atmosphère, car les hautes couches de l'atmosphère elles, par conséquent, se refroidissent. Ce ne peut donc pas être le soleil qui chauffe. Le phénomène de gradient est d'ailleurs déjà mesurable, sous la forme d'ouragans de puissances grandissantes.
En gros, on a la troposphère, qui se réchauffe, la stratosphère (15 km) et la mésosphère (50 km), qui se refroidit.
L'effet de serre est produit par une différence entre la transparence du CO2 (et des gaz "à effet de serre") entre l'infra rouge (émis par le sol lorsque du carbone est brulé) et l'ultra violet produit par le soleil dans l'autre direction. L'effet dure autant que le CO2 est présent. Or celui-ci est inerte et ne diminue que lentement: 100 ans pour qu'il disparaisse à 60%.
C'est la raison pour laquelle le réchauffement actuel va produire de manière sure un minimum de 2° de réchauffement moyen, chiffre qui représente l'ensemble des conséquences associées, cyclones, élévations du niveau de la mer, hiver doux ou glaciaux c'est selon etc etc.
La catastrophe
Parlons peu, parlons bien: nous allons donc avoir 2° en plus, c'est maintenant inévitable. Des efforts mondiaux considérables ont pour objectif (c'est le mantra du Giec) est d'avoir cette valeur en fin de siècle, après un passage à 3 voir 4° en milieu de siècle. Inutile de dire qu'on va s'y maintenir, l'extrême prévu de 7° étant inatteignable (supposons le).
Eviter le 5° parait douteux, car nous (USA + Chine + Inde + Asie ) ne faisons strictement rien pour l'éviter. 5° c'est le réchauffement des 10 000 années qui causèrent le néolithique il y a 10 000 ans. Nous allons le faire en 1 siècle et demi.
Ce qui a fait fondre en 10 000 ans la calotte glacière qui recouvrait l'Europe, nous nous l'infligeons en 150 ans. Un douche glacée à l'envers.
On estime l'humidification des sols en perte de 10% par degré de réchauffement. L'inflammabilité de toutes les forêts de France seront celles de l'arrière-pays varois actuel.
La catastrophe est donc double: d'une part nous n'avons plus assez de pétrole pour réchauffer davantage la planète, d'autre part ce réchauffement aura lieu et dans sa forme la plus grave. Nous aurons donc, d'une part très chaud, d'autre part, plus de pétrole pour faire tourner les climatiseurs...
Le constat
Le diagnostic de tout ça doit d'abord s'estimer au nombre de coupables, et de bénéficiaires et de gens concernés.
La croissance démographique se dessine sous la forme d'une courbe "en équerre":
2000 6G
1960 3G
1930 2G
1800 1G
Révolution industrielle 500 M
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-10000 5M____________0 250 M_____________________/
Entièrement due à la surconsommation énergétique liée à l'utilisation massive du pétrole pour faire tourner des machines, la population de la terre n'a pas de "justification/explication" autre que cet excès de dévoration. La diminution de cette consommation devrait faire aller les choses dans l'autre sens. Deux moyens effectifs pour cela: le vieillissement de cette population, ce qui serait la manière soft de revenir à un niveau compatible avec un état des techniques compatible avec les disponibilités énergétiques; ou bien l'extermination de masse. Ce sont deux extrêmes, et il y aura de manière sûre un moyen terme qui sera partiellement dû à des morts "accidentelles" (accidents, famine, épidémies) avant bien sûr que ne soient employés des moyens industriels volontaires.
Les réactions
À part l'ignorance en forme de non prise en compte complète, allant jusqu'à l'affirmation de la nécessité d'une relance de la croissance, qui ignore complètement les contraintes à venir, le sujet est abordé de multiples manières.
Un point intéressant mentionné par Jean Marc Jancovici est que à ce propos, la source principale d'information générale du grand public, les mass médias, sont décrit par le même comme ayant un processus de production semblable aux machines: ils recrachent sous forme agréable des informations prélevées dans la nature et n'ont donc aucune espèce de valeur ajoutée informative. A ce titre, ils n'ont aucune espèce de dispositions particulières pour délivrer quoique ce soit comme information valide sur ces sujets difficiles, la preuve.
D'abord il y a la crainte de la disparition de l'humanité, forme ultime du catastrophisme, qui se traduit par des angoisses mortelles absurdes et inconséquentes (1). Ensuite, il y a la volonté, relayée par les idéologues, y compris Jancovici d'ailleurs, de limiter le réchauffement et la surconsommation par des actions politiques volontaristes.
Le sujet est ici de développer des discours politiques visant à convaincre les populations à "changer de vie" de manière à accepter, voire à pratiquer volontairement les restrictions majeures de consommation énergétique nécessaires. Belle ambition, qui est celle de la culpabilisation écologiste, voire de la distribution plus ou moins aveugle de la punition écolâtre envers, disons le, les futurs gilets jaunes choisis à l'avance parmi ceux dont on ne croyait pas qu'ils se rebifferaient.
Nulle part n'existe une autre approche, qui serait pourtant la seule à tenir raisonnablement. La situation, inéluctable, ne peut être empêchée. L'organisation de la société doit donc être prévue à l'avance sous la forme d'une adaptation au futur sous la forme d'une consommation réduite de ce dont il n'y aura plus assez ou dont le cout sera excessif et surtout d'une organisation par avance à vivre avec un réchauffement qu'on doit accepter au lieu de refuser ou de faire semblant de refuser.
Il y a bien sur les efforts méritoires de quelques lucides informés (Jean Marc Jancovici, il doit y en avoir d'autres, mais est ce si sur ?) qui surfent sur les manières intelligentes de faire cela en isolant les domaines d'actions. Mais ils mettent l'accent sur la lutte contre le réchauffement, ce qui n'a aucun sens au niveau d'un pays de la taille de la France, au lieu bien sur de prévoir le manque à venir de combustibles fossiles à bruler ! Le défaut de prise de conscience de l'argument conduira à la ruine totale des pays de cette taille, là incapable de voir et de comprendre la justification des actions à mener.
On peut et on doit ainsi parler, pour ce qui concerne la France, d'investissements industriels directs dans les domaines suivants:
- la subvention massive envers les voitures électriques, effectives pour les trajets quotidiens des populations
- la suppression du chauffage au fuel, au gaz ou au bois, les pompes à chaleur étant très efficaces
- la reformation d'une filière nucléaire avec comme objectif un mix électrique à 100% nucléaire, l'éolien devant être banni
- la remise en service du ferroviaire pour le transport des marchandises, une évidence connue méprisée
Les deux thèmes, actions pour éviter ou actions pour s'adapter sont distincts et on doit choisir ! L'adaptation doit être organisée et non pas refusée par avance pour motiver une tâche impossible, et qui le songe creux désespéré d'écologistes dépassés et impuissants dont la nocivité, en particulier concernant le nucléaire est patente et doit maintenant être tout simplement punie.
Car une réorganisation de l'humanité autour du nucléaire doit être envisagée. La population suffisante capable de construire et d'entretenir les réacteurs qu'on peut réaliser doit être calculée et armée de manière à tenir à l'écart, puis d'exterminer la population excédentaire qu'on devra tenir à l'écart d'une distribution de richesses calculée d'équilibre et sans aucun doute trop limité pour admettre l'entretien de la population mondiale actuelle et prévue.
Plusieurs poles de ce type se manifesteront sur terre, disons dans le monde aujourd'hui occidental, avec un possible fractionnement à l'intérieur des zones actuellement unifiées (USA, Chine, Europe, Japon) et peut être quelques poles en Inde. Le reste de la population terrestre devra être anihilée, en prenant garde de limiter géographiquement les zones devenues radioactives, seul le nucléaire militaire étant à la hauteur de la tâche immense à accomplir. Une population cible de moins de 2/3 milliards d'habitants doit ainsi être envisagée d'ici la fin du siècle pour traiter le problème. Un aspect est que ces zones géographiques, situées autour de l'équateur du fait du réchauffement climatique, seront de toutes façons inhabitables, et il faut se dépêcher d'y supprimer toute vie avant que les migrations de fuite ne s'y manifestent.
Salomé Saqué a raison de flipper, en fait...
(1) Salomé Saqué dont look up ! : https://www.youtube.com/watch?v=q-NwMj5i_HA
0.30 "on parle vraiment de la survie de l'humanité"
1.27 "il faut absolument arrêter de compartimenter l'écologie comme une science à part"
(2) Salomé Saqué sur Arte la vidéo virale : https://www.youtube.com/watch?v=lmOORXEo7NQ
"je fais partie de la génération qui va vivre l'effondrement"
(3) http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2021/12/18/les-emissions-6355874.html
(4) Conférence Jancovici Polytechnique Septembre 2021 https://www.youtube.com/watch?v=M2wI25p_7GA
(5) Article de Jancovici dans les échos, Février 2022 https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/jean-marc-jancovici-avec-les-bons-indicateurs-leconomie-mondiale-serait-en-faillite-1384557