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  • Les utopies

    Francis Wolff est un professeur émérite, ex directeur de l'ENS Ulm en philosophie et auteur du merveilleux et détaillé "Pourquoi la Musique ? ", sa grande oeuvre. Il faudra en parler... 

    Partisan de la corrida il est par ailleurs, et cela n'enlève rien à la complexité du monde, il reste un salopard de cochon cosmopolite taré dont l'effrayante connerie ignorant l'humanité est digne de son histoire personnelle: un enfoiré de soixante huitard, juif allemand, fédéraliste européen et totalement hors sol. 

    Pourtant le monsieur classifie et a un esprit d'une clarté invraisemblable et pond les concepts avec une maestria reconnue de grand prof. Il n'en est pas moins ce qu'il est. 

    Saluons tout de même sa géniale ontologie: il y a les choses qu'on voit, nous en faisons les images; les évènements qu'on vit, nous en faisons la musique;  les personnes que nous connaissons, nous en faisons les récits. 

    D'abord il y a les anciens antiques et leur conception des animaux (zoein). L'homme se trouve classé entre les dieux et les animaux, rationnel ET mortel. 

    Wolff avec ses "3 utopies contemporaines" (1) explique que notre âge de l'individu a abandonné ses utopies et n'en retient aujourd'hui que trois: 

    1) le transhumanisme, utopie de la première personne: le "je"

    2) l'animalisme, utopie de la deuxième personne, le "tu"

    3) le cosmopolitisme (qui a la faveur du monsieur), le "nous", la justice. 

    L'immense mérite de cette classification, comme celles de toutes les classifications, est de distinguer les 3 piliers du progressisme, ce  qui est en train de détruire l'occident. Situer entre les dieux (le transhumanisme) et les animaux (l'animalisme), et cela suivant la tradition grecque, l'homme cosmopolite est évidemment magnifiquement intelligent, mais on n'en attendait pas moins de cet homme là... 

     

    Transhumanisme

    Personnellement j'ai toujours eu un faible pour le "je", et mon transhumanisme, qui est celui de l'humain augmenté (et non pas celui de l'intelligence artificielle) par l'informatique continue de me stimuler. Simplement si on a inventé les prothèses mammaires, oculaires et auditives, c'est pour le bien de l'humain et on fait cela depuis longtemps. 

    L'immortalité qui est évidemment impossible à obtenir et elle n'a de sens que sous forme d'un allongement de l'espérance de vie en bonne santé, elle-même maintenant en train de plafonner. La question n'est évidemment pas là, malgré les fausses descriptions. Même Wolff semble fasciné et comme sidéré par la prétention. La considérer comme "non souhaitable" est assez ridicule en fait, car l'impossibilité dénature le projet, qui n'est soit qu'une fausse espérance soit une pragmatique priorité technique exagérément couteuse. Surtout quand on en vient à sa réalisation effective, qui confond "vie" et "survie inconsciente". Les alzheimers au dernier degré pour lesquels on sacrifie nos économies sous ce prétexte lamentable montrent bien le danger de la confusion. 

    Non, la recherche couteuse (et réservée aux riches) de la qualité prolongée de la vie a surtout des effets secondaires et il faut les explorer, le scandale du confinement covid n'étant que l'un d'entre eux. 

    Parlons d'un eugénisme tout au long de la vie, contrôlé quantitativement et automatiquement, la prévention devenant fascisme; ou bien d'une exploitation massive d'organisme humains végétatifs, réserves d'organes variés et et avenir possible de certains délinquants (après un procès régulier bien sur).

    Parlons d'une réduction très importante de la population environnant une caste de super riches, terriblement augmentés et vivant grâce à des robots. Ces "nations robotisées" peu nombreuses pourraient alors tenir tête à des ensembles humains indéterminés toujours sujets aux reproductions inorganisées et donc à la faiblesse militaire et sociale, le temps de leur transformation ou de leur disparition. 

    Le "transhumanisme" est de toute façon porteur d'un clivage de l'humanité, cela est certain. Le refuser est suicidaire, on ne pourra que l'adapter à ses intérêts compris, et pas le considérer impur, car il est garant de puissance et donc de domination. Qui veut être un pur esclave ? 

    Ce qu'on veut c'est une augmentation effective de la capacité de traitement de l'information par les humains et une fois passée la vague de vieux qui s'annonce aujourd'hui, mais qui n'aura qu'un temps, l'occident ne sera plus peuplé que de la fraction de l'espèce qui accepte de faire des enfants, c'est mécanique... Raison de plus pour qu'elle soit productive. 

    Un point important: la robotique doit être développée (c'est pour cela qu'elle ne l'est pas en France, qui prévoit de les taxer) pour pallier l'immigration. L'opposition robot<->nègre est patente et il nous faut absolument la dépasser en faveur du robot. Cela est à portée. Le robot paiera nos retraites si on s'y prend bien. C'est la vision japonaise. 

    Un autre point important absolument ignoré, voire nié par Wolff est l'open source. Le système en apparence cosmopolite de la production collective et publique des programmes, sur le modèle revendiqué par la science du XVIIIème siècle (des pairs qui s'engueulent par courrier à travers le monde) conduit à une technique mondialisée publique qui justifie l'expression "techno science". Selon le gout et les intérêts des humains (et non pas des entreprises) du bien commun est fabriqué en permanence tout en laissant la maitrise effective des objets produits aux gens assez malins et puissants pour maitriser cette production. Une élite se construit dans ces milieux et leur réputation acquise se monnaie déjà très très cher dans le privé. Quelle belle manière cosmopolite de concevoir les logiciels du futur ? De fait, un trou dans la trop claire classification.  

    Note: il n'y a pas dans ces communautés de fanatiques patentés orientaux, MAIS des personnes hélas des deux autres utopies, la mode du geek chtarbé végéto qqchose est bien sur générale. 

    Animalisme

    L'animalisme est un idéal infiniment méprisable dont je voudrais ne pas parler, mais qui pourrait bien être la seule utopie vraiment populaire, tant la pratique de ce genre de choses est facile à accepter. Depuis le refus de la corrida jusqu'à l'interdiction des chiens (on a bien réussi à interdire leurs crottes) et l'acceptation de la sauvagerie en ville même, les errants de toutes espèces ayant bien le droit de se nourrir de nos ordures (on protège bien les ours blancs en goguette) 

    La folie de cette recherche de valeurs non humanistes dans l'infra humain est patente et désolante mais se trouve considérée comme seule issue possible par beaucoup, le dégout de l'homme en général, blanc et chauve en particulier est la règle. Notons le coté proprement sexuel de ce dégout : il est celui de la femme devenue folle de son image véhiculée par les médias et qui ne veut plus s'accoupler à ce qu'elle estime indigne d'elle. Léda ne veut que son cygne, et l'animal devient la seule représentation acceptable du sexe mâle, depuis la licorne, la passion des petites filles pour les chevaux, les tigres blancs trop mignons, et bien sur le corps omniprésent de l'homme noir nu, image parfaite de cette transgression-là. 

     

    Cosmopolitique

    Nous en voilà alors à une variante (selon moi) de la précédente et qui consiste à considérer comme indistinctes toutes les personnes humaines et à se déclarer prêt à opérer leur fusion dans un gouvernement mondial absolu avec un minimum de subsidiarité. Tout est là. On peut y ajouter tout de même Kant, inspirateur de la chose. 

    Voir une personne comme Francis Wolff (je ne peux m'empêcher d'admirer sans restrictions ou presque l'incroyable clarté d'expression qui émane de cet homme) agiter la main en trouvant suffisant de considérer gérable comme subsidiarité accessoire le concept de Nation absent de son système cognitif est absolument effarant... 

    Pour lui, la question de l'identité associé à UN récit (quelque il soit) n'a pas de puissance, pas de valeur et pas d'existence réelle et structurante. Tout doit passer par la disparition ou l'oubli de ces récits et leur mélange indistinct et "à la carte" avec tous les autres. Les hommes et les cultures n'ont pas vocation à se distinguer par des institutions distinctes, et l'avenir du monde passe par leur effacement complet. 

    Soutenu par Alain Policar (avec qui j'ai eu l'honneur de me fritter) et Raphel Glucksmann (le fécondateur de Léa Salamé) cette belle notion est pourtant débunkée par Wolff lui même. 

    Assoiffé de droit, le solitaire individu moderne qui ne veut que se faire respecter sur tous les points possibles n'a plus d'utopies accessibles ou envisageables, et DONC se réfugie dans la seule possible: la généralisation à la planète entière de ces droits universels là. Tous les hommes étant égaux strictement, ils peuvent vivre où ils veulent, à moi les petits migrants isolés. 

    Je me permettrais d'être en désaccord absolu avec cette thèse, pour moi insensée et absurde, et faisant fi de tout ce que l'on peut savoir, comprendre et vivre des relations avec les autres humains. Car il n'y a d'humain libre et doté de droits que dans un espace limité qui est celui de sa nation, qui ne peut avoir intérêt à protéger la liberté et à garantir des droits égaux pour tous que pour ceux qui "font partie" de son espace, cette appartenance étant ce qu'on appelle la fraternité. 

    Toute extension démesurée, excessive ou sans raisons objectives de cet espace, ce qui détruit la fraternité, porte immédiatement atteinte aux droits et à la liberté de tous. La Nation est première et seule justifie l'Etat.

    Cette conception moderne de la souveraineté possible fondée en droit des collectivités ne peut être ignorée ni remplacée, elle est la seule garantie du maintien de la paix globale. Car le national, qui fait des nations des individus en état de nature, ne pouvant se protéger que par des alliances de gré à gré et par la paix bien comprise entre agresseurs potentiels irréductibles n'a pas et n'aura jamais de super nation. Si c'était le cas, et bien il suffirait qu'une seule nation colérique veuille s'y soustraire pour la sécession créée suffise à détruire et à conquérir son voisinage trop vite libéré de la nécessité de rester autonome. La super nation n'est ainsi qu'un empire parmi d'autres, et alors que les nations peuvent s'entendre car elles doivent s'entendre, les empires, chacun à la recherche  de la domination universelle, ne peuvent que se mener des guerres sans fin. 

    Cette nécessité de la discussion inter-nationale, qui peut conduire d'ailleurs à de vastes zones de libre échange, voire de partage d'infrastructures ou de libre circulation, est LE moteur de l'amitié entre les peuples, à rebours exactement de la vision du national guerrier acharné à haïr l'autre. Seul la calme sureté de son originalité et de son indépendance fait des peuples libres les coopérants libres et confiants des efforts planétaires collectifs. Seuls les accords confiants et libres de ce type peuvent persuader les autres vastes zone des aspects pacifiques et purement constructifs de ces efforts là. 

    Tandis que les guerres d'alliances, impériales, acharnées à se partager le monde, voire à le vouloir tout entier ne mènent qu'aux désastres qu'on a vu.

    Les guerres révolutionnaires, commencée au nom du "vive la Nation" de la république que les "impériaux" voulaient assassiner se termina par une coalition de tous contre un empire que personne, je dirais bien sur, ne pouvait supporter. Funeste idée que d'avoir en dix ans transformé une nation magnifique en empire impossible. Le stratège corse n'était qu'un rital vaniteux. 

    Les guerres du XXème siècle ne furent pas nationales !!! A chaque fois, la funeste volonté de reconstruire l'empire de Charlemagne, obsession germanique sevrée d'état commun pendant mille ans fut le moteur de la haine et de la destruction. La France survécut en 14 par son nationalisme et mourut sans doute définitivement dans sa lâche acceptation d'un l'empire en 40. 

    Laisser s'installer une administration impériale c'est vouloir terrifier et menacer et cela aura toujours les mêmes conséquences. La France a vu son empire colonial dissout et rongé par les nationalismes légitimes des peuples qu'elle prétendait civiliser: comment n'a-t-elle pas compris que l'Europe impériale reconstruira et d'ailleurs est en train de reconstruire devant nous la même haine terrible si elle ne prend pas de salutaires précautions ? 

    Pourtant il y eu l'abée de Saint Pierre, l'inventeur de la paix perpétuelle, de la "Diète européenne", de l'Union Européenne et finalement du conseil européen de 1815. Inspirateur de Rousseau et de Kant il pourrait être le fondateur véritable d'un cosmopolitisme. Rousseau devrait vous faire dresser l'oreille: il inventa lui la nation moderne, émanation de la volonté générale, locale par définition... 

    Parlons de Kant qui a lui aussi sa paix perpétuelle, citée abondamment par Wolff. Il a tout prévu: point de dette pour la guerre, et une fédération d'états libres. 

    Tout est là: les nations sont dans l'état de nature, dans la guerre perpétuelle de tous contre tous, et il faut les en sortir. Il nous faut donc travailler sans relache pour la paix car tel est notre devoir. Kant ne fonde cependant pas une nation universelle, il n'y a pas "un seul" peuple: c'est le doux commerce qui aplanira les différents... 

    On pensera à la Turquie, rejetée dans les ténèbres hors de l'Europe au nom de l'histoire, et qui viole pourtant un impératif de Kant: il faut des républiques et donc la séparation des pouvoirs pour que les nations s'allient. Les rets du juridique, déjà, au coeur des nations et la contrainte est mesurable, nous en faisons l'expérience. Cela vaut il mieux que la guerre ? Sans doute, au moins pour pleins de raisons. 

    Ainsi, Kant le fédéraliste n'a pas pensé la nation, ni locale ni globale. Il oublie sans doute que les gouvernements sont d'abord ceux des princes et que certains d'entre eux se pensent eux surhumains: Erdogan, Xi Jinping sont des monstres nommés à vie et qui menacent le monde. Faut il vraiment renoncer à s'armer moralement et militairement pour détester ces fléaux ? 

    Inventé par Diogène de Sinope, le cynique par excellence, le cosmopolitisme est  une doctrine christique à la grecque, antérieure au christianisme. Il faut bien comprendre qu'elle fut développée par les stoïciens. Il fallait un juif pour faire mieux. De manière intéressante, la pensée du "royaume" n'est pas un utopie politique de la part du christ historique: juste l'assurance de la fin du monde prochaine. Dans ces conditions, point besoin de nouvelle constitution. Un autre mystère divin que cette vision là, à mon sens bien plus sage. 

    (1) https://www.youtube.com/watch?v=k3wVX1q_wUI

  • Les cartes du chanoine

    Fasciné par la question, il me faut revenir au déclin du christianisme en France. On partira du livre qui en parle, et qui attribue tout le mal au concile Vatican 2 mais pas que, l'historien Guillaume Cuchet étant subtil et en fait très fort, un modèle d'intellectuel et d'historien. 

    En partant d'une carte établie en 1947 et qui mesure la rupture peu après 67, juste avant 68, on a pu voir le saut gigantesque que fit la société française à cette époque. Y a pas que De Gaulle qu'il faut regretter... 

    D'abord les chiffres. 

    En 14, les 3/4 des missionnaires dans le monde étaient français. Le voilà l'universalisme et voilà pourquoi on vient chez nous: on les a formé pour ça. 

    1960: 95 % des enfants sont baptisés dans les 3 mois, en 2010, 30% dans les 7 ans. 

    1960: 25% des adultes vont à la messe tous les dimanches, en 2019, 2% 

    En 1872, on demanda aux français s'ils étaient catholiques: 97,5% répondirent oui. 

    2019 : 18,5% des prénoms donnés sont musulmans, 1% en 1950.

    2019: 65% de la population est "sans religion". 

     

    D'abord la carte du chanoine, identique à celle de la constitution civile du clergé: c'est toute l'affaire, et l'étiage se mit à diminuer drastiquement dès la moitié des années 60. L'affaire était que les zones déchristianisées existaient déjà et que le phénomène de l'abandon vient de loin. Le chanoine dont la première carte datait de 47 et qui observa une grande stabilité pendant vingt ans, vit les courbes plonger avant sa mort en 77, et même avant 68.

    67: le maigre n'est plus obligatoire et les poissonniers perdent 30%. La réforme liturgique commence en 64.

    Un point: ne pas aller à la messe c'est se mettre en état de péché mortel. La pratique religieuse était obligatoire et le respect du à Dieu, essentiel. C'était en gros le point que j'avais souligné déjà: le culte est d'abord dirigé vers Dieu, et l'absence de référence à celui-ci est essentielle. L'âge de raison, c'est celui du début de l'obligation de la messe. 

    Le point d'après c'est la pénitence, abandonnée autour de 70, elle était de 15% une fois par mois. Comme si le péché avait subitement disparu ou du moins n'avait plus de rapport avec l'au-delà, si celui-ci était maintenu par ailleurs. 

    Et puis, Cuchet en parle, un texte conciliaire sur la liberté religieuse, qui bien que frappé du bon sens, évoque le possible tri entre les dogmes et initierait donc la destruction du bloc, qui ne pouvant plus être imposé globalement, se fissura entièrement. 

    Bref, le reproche envers le Concile, le fait des catholiques intégristes, rejeté massivement bien sur, fait bien état de la coïncidence : dès 64 la nouvelle liturgie est introduite et ça commence à plonger. Toute une culture fixée du devoir s'effondre, et le premier signe est la crise des vocations inaugurée dès 68, tu parles, 15% du clergé disparait brutalement. 

    On ne se lasse pas de s'interroger sur ce séisme subit et sur la nature de ce qu'il y avait "avant". D'abord, on doit savoir que bien des fidélités ne l'étaient que de circonstance ou de sociabilité, voire carrément duplices. Si l'on se lança dans une telle réforme, n'était ce pas que bien des gens en avaient envie ? Simplement, en l'absence de démocratie on négligea le peuple et celui-ci se détourna du principe... 

    Cet oubli, ce dédain brutal n'est-il pas ce qu'on peut observer pour d'autres institutions, ou que l'on pourrait redouter ? Le déniaisement délie deux fois: de la pudeur officielle et de la pudeur privée. Cesser de "pratiquer" fait gagner du temps.

    Bien sur, il y a le transfert du sentiment religieux dans d'autres pratiques et Charles Taylor, le demi dieu Canadien parle de "supernova spirituelle". Y aurait-il un avenir à cette chose que l'on semble regretter, au point qu'elle constituerait une réserve d'énergie incommensurable prête à servir à un certain moment ? A part l'espoir d'un "que ça pète", on ne voit pas les contours ou l'expression de cette explosion, pour l'instant trop douce et trop vague pour servir à quoi que ce soit, à part alimenter peut être les délires du Vegan, seul fanatisme authentique issu des délires écologiques. 

    On pourra aussi parler du fanatisme islamique, qui illustre finalement dans sa pauvreté l'essentiel de l'activité humaine consacrée au religieux: l'obsession du divin, seule chose intéressante. On a finalement beau jeu de moquer l'absence d'amour et de social dans l'islam: c'est qu'il s'est consacré, mystiquement à l'essentiel, le Dieu unique en l'occurrence, toutes les autres théologies n'étant que variantes d'organisation sociales. Eux choisirent celle des nomades en guerre de l'antiquité finissante, tant qu'à faire. Ils semblent savoir (la force des brimades physiques, rien ne vaut les coups de bâtons et les différents assujettissements des rituels obligatoires) que lâcher ce point là est la fin de tout, et c'est pour cela qu'ils nous méprisent. Eux aussi seront-ils victimes de l'infâme sécularisation? Comme séculariser une tyrannie impitoyable ? De ce point de vue, l'islam est DEJA sécularisé et voilà le résultat ! 

    Le résultat en question, pour ce qui concerne les chrétiens, et d'ailleurs souligné par Cuchet lui même, se produit dans le temps. On en vient à voir disparaitre les derniers chrétiens du temps de jadis qu'ils aient été parties prenantes de la réforme ou non. Puis nous disparaitrons aussi et il ne restera rien, la chose aura disparu complètement. Cuchet, spécialiste du XIXème siècle parle de l'étrangeté des sentiments personnels évoqués par les auteurs de cette époque (3). Nos enfants n'auront donc plus aucune espèce d'idée de la chose qui occupa tant leurs ancêtres.

    La clôture de la conférence est assez saisissante : l'homme est libre et finira comme il voudra... Une allusion profonde au fond de l'affaire telle que pensée par certains. L'image révérée de Dieu serait la seule représentation possible du bien final des hommes et la seule justification possible des sentiments et actions véritablement élevés. Son abandon délibéré, signification même du "péché" conduit l'humanité à son abaissement et justifie son besoin d'être sauvée, qui lui demeure, par contre. 

    Cette histoire bien construite et centralement inattaquable échoue devant l'indifférence mais peut être pas contre la prétention à une morale supérieure qui ne serait pas divinement construite. Car les plaintes des athées réactionnaires au sujet de la fin du monde prochaine causée qui par le climat, qui par les migrants est réelle. Le besoin du salut est présent et la solution raisonnable si elle ne vient pas, tout comme un Dieu silencieux, suscite bien des souffrances. Qu'est ce qui fait exister cette possible solution sinon un objet G, aporie et centre révéré qu'il faut bien considérer transcendant à moins de ne pouvoir penser son exploitation explicite ?

    Cherchons-le dans toutes les propositions faites pour mieux les déconstruire et vivons dans un néant courageux, qui ne souhaite pas la destruction mais la juge possible et qui s'en moque. Cela ne fait pas une boussole, il faut le dire, à part l'occupation qui consiste à commenter désolé toutes les tentatives possibles. Cela fait-il une sagesse ? Et faut-il que la sagesse soit utile ? 

     

     

    (1) La carte du chanoine Boulard: https://www.academia.edu/35762892/_La_carte_du_chanoine_Boulard_L_Histoire_no_443_janvier_2018_p_72_77

    (2) le comité ad mémoriam: Delfraissy et Chauvin https://www.ird.fr/creation-de-linstitut-covid-19-ad-memoriam

    (3) Conférence Janvier 2020 https://www.youtube.com/watch?v=sjWA43_7w5k

  • Les corps

    Le constructivisme passe bien entendu par le genre et bien sur par les corps, parangon de naturalité et de matière incontournable, le corps, son corps est il construit lui aussi ? Pourrait-il ne pas exister hors de la culture et donc ne pas exister du tout ? 

    Cette histoire d'existence est bien sur liée au constructivisme et son idéalisme sous-jacent, si troublant et si stimulant. Disons que l'affirmation de non-existence est d'abord une volonté de rendre premier les filtres a-priori de notre raison dans la perception des choses et bien sur de la réaffirmation de l'impossible chose en soi, bref, du Kantisme, c'est lui qui a injecté le vers dans le fruit en dénonçant ce qu'on pourrait appeler l'essentialisation, c'est à dire la localisation du signifiant dans les choses elles-mêmes, alors qu'il y a tant à faire avec ce qui en-dehors des choses... 

    Bon, il y a aussi ce que font les gens avec ces choses. On se retrouve ainsi avec la légitimation de la possibilité d'existence, le transgenre reconnu devant avoir ses toilettes et des débats très violents pouvant agiter une société développée, tels ceux sur le sexe des anges, typiques de ceux de la société intellectuelle byzantine du XVème siècle, juste avant la sodomisation violente des fils du basileus vaincu. 

    La construction du corps, comme celle du sexe est pénible pour une idéologie ancienne, le féminisme qui traversa plusieurs époques depuis ces femmes qui voulaient des droits, puis qui voulurent devenir des hommes, puis qui voulurent transformer les hommes en femmes puis ... 

    Le trouble se manifesta alors dans le genre avec Butler qui décrit la suppression de l'opposition femme/homme, détruisant ainsi l'essentialisme féministe et le renvoyant à sa contradiction fondamentale qui est de vouloir supprimer une différence que l'on nie... On se retrouve alors à vouloir et devoir déconstruire la femme et tant qu'on y est, son corps. Au passage, la revendication homosexuelle, ou plutôt pansexuelle de l'être humain ultimement "genderfluid" et donc totalement hermaphrodite culturellement, enfin. 

    On a donc bien revendication ultime du rejet de la différence sexuelle comme structurant incontournable de la société et de sa symbolique. Il faut noter que cela a des avantages individuels et collectifs, la volonté de certains érotomanes étant toujours d'élargir le bassin de frai ou pêcher (euh, pécho), et collectivement de simplifier l'obtention de la satisfaction génésique de base, les compagnons possibles de masturbation devenant tout d'un coup deux fois plus nombreux. 

    Revenons au corps construit par la performativité (au sens d'Austin) d'une répétition de l'injonction du genre (sans volonté toutefois): tu seras un garçon ! La construction au sens philosophique ne décrit pas, elle produit. Ce mécanisme de l'injonction dans la langage est typique d'une certaine féminisation de la pensée ou de la motivation à penser. Injonction de la mère qui répète le symbolique, injonction de la faiblesse aimante qui ordonne répétitivement, injonction à la femme de rester à sa place: le féminin a beaucoup à voir avec l'injonction. 

    Et hop! Me voilà essentialiste féminin, la femme avenir philosophique de l'homme, déroulant ses conceptions... Car, héhé, Butler reste une femme et on peut continuer à le lui dire.

    Et puis, il y a l'insulte retournée. Butler a deux exemples, la "drag queen" et le "queer". 

    La drag queen d'abord, qui "performe" le rôle féminin avec mauvais gout pour d'une part qualifier le rôle tenu par les tenants d'un genre (du théâtre) mais aussi pour empêcher par une parodie permanente d'assumer le réel imité qui se trouve devenir impossible, qu'il soit masculin (l'homme se déguise en femme en permanence) ou féminin (il n'y a que l'imitation comme on l'a dit). 

    Le queer ensuite, qui transforme une insulte, celle lancée au monstre imbaisable souffrant ou jouissant ou les deux, qui devient revendication d'un collectif ou d'une communauté, pour finir par le nom d'une doctrine, d'un point limite philosophique, d'une conception du monde... 

    Dans les deux cas, la manipulation du langage qui accompagne ces nouveaux êtres, d'ailleurs de parfaits "hybrides" au sens de Latour, à la fois réalité et fantasme vécu, se trouve mal décrite et Butler s'est heurté à cette réalité là: il lui faut assumer de dire que dans les deux cas, il n'y a pas de choix: la drag queen reste un homme, et le queer ne peut rien contre son intersexualité. 

    Au passage, on pourrait résoudre l'hybridation à l'ancienne. Et l'histoire du monde étant faite de désirs inassouvis remâchés sous les couvertures de toutes les époques on pourrait traiter les volontés de réaliser ses fantasmes transformistes par l'abstention et la masturbation, comme les psychismes humains savent le faire... 

    Mais cela ne convient pas à tout le monde et la société de marché réalise les fantasmes, c'est pour cela qu'on a créé les villes: pour que dans les caboulots les paysans en goguette dépensent... Le bordel a toutes les acceptions tout en gardant sa caractéristique essentielle.

     

    (1) http://cmdr.ens-lyon.fr/spip.php?article77

    (2) Judith Butler Troubles dans le Genre

    (3) https://www.lamaisonislamochretienne.com/lecorpsentrouble.html

  • Les éparses

    Madagascar, la "grande île" est entourée de petites îles... 

    Comores

    On connait au nord-ouest, les Comores (indépendantes) et Mayotte (département français, à 300 kms au nord ouest).

    On connait à l'est (600 kms), la Réunion (département français) et l'île Maurice (independante, à 180 kms au nord est de la Réunion).

    Seychelles

    Mais il y a les Seychelles (115 îles au nord, indépendantes). Anglaises depuis 1814 après leur vol à la France vaincue. Le nom vient d'un contrôleur général des finances français de Louis XV, Sechelles. 

     

    Parmi les Seychelles quelques îlots proches de Madagascar dont Coëtivy,  les îles Amirantes, dont l'île privée Desroches et la caye Boudeuse, nommée par Bougainville, et d'autres l'ensemble formant les îles dites "extérieures". 

    Découvertes par Vasco de Gama, les îles Amirantes incluent aussi l'île d'Arros, dont l'atoll Saint Joseph, voisin et maintenant inhabité et réserve naturelle fut la propriété de Liliane Bettancourt en 1998 et 2012. 

    Une "caye" est un "îlot" en langue Taïno, langue du peuple amérindien qui peuplait Cuba et Saint Domingue à l'arrivée des européens.

    Eparses

    Les 5 îles éparses entourent Madagascar. 

    Partons de Tromelin à 450 kms à l'est de Madagascar, à 400 kms au nord de la Réunion... 

    Les îles Glorieuses à 180 kms au nord ouest de la pointe nord de Madagascar. 

     

    L'île Europe à 300 kms à l'ouest de Madagascar à 600 kms de sa pointe sud

    L'île Bassos da India à 100 kms au nord nord ouest de Europe

    L'île Juan de Nova à 150 kms à l'ouest de Madagascar, à 400 kms au nord nord est de Bassos da India

     

    Les îles du vent

    Elles n'ont rien à voir et sont le long de la mer des caraïbes, en un arc du sud au nord et réciproquement.

    On note ALBA les îles états membre de l'Alliance Bolivarienne, qui comprend aussi Cuba, le Vénézuéla et le Nicaragua (mais plus la Bolivie).

    Depuis le nord:

    Anguilla  britannique depuis 1650 

    Saint Martin (mi française mi hollandaise) 

    Saint Barth (Gustavia) française

    Saint Kitt et Neuvis (ALBA)

          et à l'EST, Antigua et Barbuda (ALBA)

    Montserrat (Britannique)

    La Guadeloupe

    La Dominique (ALBA)

    La Martinique

    Saint Lucie (ALBA)

    Saint Vincent et les Grenadines (ALBA)

        et à l'EST, la Barbade qui vient (2020) de devenir une république

    Grenade (ALBA)

     

    Trinidad et Tobago  l'état pétrolier riche des caraïbes. 

     

     

     

     

  • Les évolutions

    Erasmus Darwin - Wikipedia, la enciclopedia libre

     

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