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Les trans

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La question reste incontournable et troublante et marque l'époque. 

On en avait parlé et Freud, neutre sur la question concevait une bisexualité originaire tandis que ses successeurs firent une chasse au pédé effrénée, qui causa des souffrances infinies. On arrêta de considérer l'homosexualité comme maladie mentale dans les années 80 et on condamna Turing à mort. 

Le trans c'est autre chose, et il questionne la différence sexuelle qui elle est sûre... Ou du moins doit l'être pour les sociétés et les personnes, bien que cela n'aille pas de soi. Et c'est parti (1) nous rassure en tentant de nous faire admettre que le discours du trans, évidement déraisonnable, peut être accepté. 

L'argument du névrosé "dupé" selon Lacan, qui se rapproche du psychotique "ordinaire" qui (presque) sans délire n'en a pas moins raté son "inscription dans la fonction paternelle" et peut donc participer à la société, nous rend tous autant que nous sommes, des doux dingues qui pourraient mieux tolérer les extravagances des uns et des autres, c'est l'idée... 

On tentera d'abord d'expliquer le "vrai" sexuel en fonction des théories qu'on nous présente, Lacan lecteur de Freud restant un contributeur connu à ces réflexions là. Il n'y a pas de sexe avec le même. Malgré la multiplicité (possible, nécessaire et évidente) des jouissances, la binarité du rapport en question reste patente.

Elle est mise en doute, (ou pas) et c'est la question, par la revendication trans qui retire de l'évident et du symbolique la funeste opposition, tout en exigeant qu'elle puisse se manifester dans le réel, par une castration physique (l'ablation de la bite valant bien l'ajout d'icelle, nous ne sommes point machos, quoique, ouille ouille ouille). 

De ce point de vue, le trans, et d'ailleurs il se vit comme tel, (le neutre ici est évidemment masculin, on ne va pas non plus, et pi quoi merde, transexualiser la langue) comme un héros: loin de supprimer la différence sexuelle, il l'a magnifie en la rendant amovible, et cela, au moment où l'égalité nécessaire des droits avait commencé à la supprimer. 

Principe de la fermeture éclair, donc, démontré par la logique et rendu nécessaire: seul le choix du sexe permet de le faire exister à nouveau, alors que son égalité symbolique proclamée l'avait forclos: le féminisme entraine la transexualité et d'ailleurs personne ne s'y trompe, c'est la modernité qui veut ça. 

Mais aussi principe christique du tatoué qui marque sur son corps sa sensation, pour signifier. Un bavardage, donc comme si la symbolique du "tais toi" n'avait plus court. Bavardage déconnant, à rebours des certitudes mais sans conséquences véritables sur le réel: qu'importe que tu sois une femme ou pas ? 

Car oui, l'appartenance au sexe x ou y n'est QUE symbolique. Que le seul effet soit l'entrée dans la zone de défécation réservée aux femmes produisent un effet de réel (des coups de parapluie pour la violation des règles), n'y change rien, la violation du symbolique est AUSSI symbolique... On a donc, malgré l'absurde établissement d'une affirmation déraisonnable, une prise de position qui dans les faits ne change rien. 

Il y a bien le discours de vérité sur le chromosome. 2 et 2 font 4 et il y a bien dismorphie sexuelle construite sur les hormones, elles même (il ne faut pas s'arrêter là) produites préférentiellement suivant la binarité génétique. 

On peut simuler la moustache par une drogue, on ne peut changer son ADN... D'où le grand retour dans le culturel et le sociétal, là où tout est possible. 

Le concept de "genre" permet de décoller les deux choses. Bien qu'identifié au "sexuel" (selon Todd, cela serait une manière de manifester la pudibonderie anglo saxonne envers toute allusion à l'organe), le genre désigne autre chose, libéré précisément du caractère naturel, donc bien plus qu'organique, génétique, qui se rattache à l'appartenance à l'une des binarités.

L'obscène du chromosome Y se manifeste là dans toute sa splendeur. Incontournable présence gênante, et qu'on ne peut enlever: il faudrait castrer toutes ses cellules. 

Que cette présence soit cause de souffrances intolérables, pourquoi pas ? On compare cela au manque opiacé: l'abstinence nécessaire n'est pas une solution, il y a "autre chose". Alors changer la chose ? 

Il semble pourtant bien que la symbolisation soit nécessaire, en tout cas c'est une question. Pourquoi ne pas se faire ablationner tout organe pour le bien de sa santé physique ou mentale ? À partir de là, la nécessité du jouir devrait également pouvoir être fournie sous sa forme la plus plaisante, compte tenu des techniques disponibles, l'appartenance symbolique à la binarité, élément fétichistique compréhensible, car pourquoi pas (...) déclencheur du spasme. 

La question est l'appartenance socialisée au sexe dans l'état actuel du sociétal, la convention des "pronoms", l'accès aux toilettes, la lutte contre les plaisanteries. Peut-elle être fondée sur l'affirmation de la réalité du changement ou simplement de l'obligation à satisfaire une convention sujette à un choix explicite ? 

De fait, l'imposition du respect de la chose n'est pas une torsion de la réalité, mais une demande de respect de volonté conventionnelle, et en cela n'est pas "psychotique", mais simplement demande d'un peu de charité. Une sorte de respect du "jouir", le trans satisfait du changement d'attitude, jouissant littéralement de la soumission du monde à son désir explicite manifesté. 

La deuxième ligne de défense est donc celle d'une volonté à décrire de vouloir maintenir le lien entre convention langagière et sociale et réel prouvé. Problématique, le lien ressort de l'intime et son dévoilement public viole des soucis de défense envers l'obscène. Appeler "mademoiselle" celle dont on est sur (en plus on le dit) que l'hymen est intact a un côté délicieusement graveleux dont je me passe for bien (je suis un moderne). Par conséquent, le sexe sociétal n'a pas à être vérifié et le tour est joué. 

La troisième ligne sera plus dure: la plupart des gens vivent commodément l'identification biologique/culturel et en tirent jouissance, et principes conducteurs. La nouvelle manière de voir relativise tout cela et introduit dans le monde général la possible ludification des pratiques décrite plus haut. Pourquoi toute la population, au gré de ses fantasmes, qu'on sait par ailleurs multiples et diversifiés, ne se lance-t-elle pas dans la fluidification des genres et la pratique effective et réalisée des fantasmes en question ? 

D'un droit de certains, on passe à un droit pour tous, et donc à la généralisation de la chose, ce qu'on pourrait considérer comme un danger, ou pas. Dans les faits qu'en est-il et quelle théorie à part le foutoir total, soutient l'État, les institutions et le lien social ? Est il destructeur de s'en affranchir et qui sommes nous, à part ceux qui issus de ces "institués" ont inventé une manière d'apparaitre au monde, les uns comparables aux autres et cela depuis toujours ? 

Une grande inquiétude se fait jour: est ce que l'abandon de toutes ces conventions, au nom du bon sens et de la liberté nous précipite ou pas dans les grands désordres, ceux qui sont suivis par les ordres sévères ? 

De ce point de vue, la terrible psychanalyse au prix d'une acceptation d'un inconscient bavard et volontaire, nous a servi un ordre symbolique binarisé, qui assoit l'individu et sa stabilisation sur une différence sexuelle permettant organisation sociale, jouissance possible pour tous et reproduction acceptée et fêtée. Dénoncé comme le principal défenseur de l'ordre dit patriarcal, elle est bien sûr ennemie (du monde trans) même si ses praticiens, ou du moins certains d'entre eux, s'en défendent. 

Lacan par exemple, considère le trans comme psychotique car refusant le "nom du père", mais d'une manière spéciale: 

"pour se libérer de l'erreur commune qui est de confondre signifiant et organe, on supprime l'organe". En gros alors que la psychose est précisément la confusion, du moins chez la psychose ordinaire, cette forme là résout la souffrance causée par la confusion en supprimant le problème... 

Accusation vicieuse, et qui définit la psychose: l'acte délirant fait disparaitre la compulsion douloureuse à sa manière. Car l'erreur commune est bien sûr le mystère de l'individu, le sacré de la personne, l'essence de l'humain institué symboliquement. On est loin du fluide, et l'optimisme progressiste du trans ultra moderne a quelque chose de réjouissant. Comme si toutes les terribles souffrances du pessimisme fondamental de l'humanité avaient été remplacées par autre chose, ou du moins avaient changé de nom. 

Car au lieu de protéger le sexuel comme instituant, on le supprimait carrément comme cause de ces souffrances-là. 

J'avoue être sensible à cette considération, on en reparlera. 

 

(1) https://www.cairn.info/revue-cahiers-de-psychologie-clinique-2008-1-page-147.htm

(2) https://www.cairn.info/revue-insistance-2016-2-page-61.htm

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