Les Palestines
À l'occasion d'un entretien avec un connaisseur, juif, partisan longtemps d'un État palestinien, ayant une grande connaissance des enjeux, d'Israël, de Gaza, des Palestiniens et des Frères, quelques mises au point, peut être mal connues.
D'abord l'Antisémitisme, avec un grand A. Connu depuis la plus haute antiquité, l'irrédentisme juif a toujours irrité, dans toutes les histoires et toutes les géographies. Cette irritation, irréfragable et permanente et alimentée par tout ce qu'on peut imaginer comme formes d'unanimisme, d'identité, de nationalisme, de racisme et du reste est consubstantielle à l'existence de l'impassibilité et de l'inconvertibilité juive pendant la période dite historique qui nous sépare de la haute antiquité. Réaliser l'absence totale de changement possible à cette attitude fortifiée par toutes les détestations et toutes les persécutions suffit en principe à abandonner l'irritation coupable: s'ils veulent rester comme ça, grand bien leur fasse, en plus ils ne sont pas nombreux (malgré leur présence oppressante dans les médias (...)). Dès lors, l'irrédentisme en question, à part les réticences qu'ils ont eux même à le partager, est en fait acceptable, sympathique dans une certaine mesure et en tout cas anodin du point de vue émotionnel. Le problème est que cette neutralité empathique n'est toujours pas universalisée. La détestation essentialisée perdure, et au combien.
A peu prés mise sous le boisseau par les conséquences de la deuxième guerre mondiale et maintenue vivante par les mémoires parfois exagérément mises en avant, de l'extermination nazie, cette irritation réapparait sous diverses formes, la plus manipulée d'entre elles étant aujourd'hui et au combien la question de la Palestine.
Abordons l'histoire d'Israël. Rendu illégitime par l'évidence et la revendication des populations présentes lors de l'arrivée moderne des sionistes dans la Palestine Ottomane puis Britannique, l'État juif a pourtant, si l'on considère valide le droit des premiers occupants, une légitimité certaine: l'Italie héritière de Rome lui doit des indemnités pour les destructions successives de Jérusalem, et l'Irak pour la très criminelle déportation à Babylone. Bref, les "arabes" et autres musulmans, conquérants récents de terres qui ne leur appartenaient aucunement doivent partir, et cela au nom même des principes qu'ils agitent. Ceci dit, cet État existe, dispose des moyens militaires lui permettant de continuer à exister et l'a assez démontré.
Nous avons abordé les deux points sur lesquels portent à notre époque les tactiques antisémites, porteuses non de raisons ou de justifications pour la haine de l'irrédentisme juif que nous avons décrite, mais des moyens de l'imposer au monde et de la manifester le plus concrètement possible. D'abord la relativisation de ses conséquences historiques récentes, la tentative bien réelle d'assassinat massif global des populations juives vivant en Europe; ensuite la délégitimation de l'existence même de l'État d'Israël. Au nom d'un dévoiement du sens même du mot "génocide", une stratégie organisée de communication est à l'oeuvre, qui s'étend dans le monde occidental et qui a pour objectif à moyen et long terme l'abandon du soutien à l'existence de l'État juif, et sa fragilisation économique et militaire, qui devrait conduire à sa disparition.
Il faut bien comprendre que ces tactiques mises en oeuvre le sont dans le cadre d'une stratégie organisée dans un cadre plus vaste que la simple bande de Gaza: celle d'une islamisation géopolitique du monde, suivant les principes déjà datés développés par les dirigeants successifs de l'organisation des frères musulmans, organisation multinationale aux influences multiples, capable sinon de tout diriger (faut pas exagérer) mais de tout influencer et de tout inspirer.
Le "projet" est assez clair et correspond (franchement, on n'en voit pas d'autres) à l'évidence de la motivation essentielle de tout musulman aux idées claires qui se respecte assez pour adhérer aux traditions pluriséculaires qui guident l'islam: l'instauration d'un califat mondial et d'une organisation politique globale soumise à la charia et contrôlée par des autorités religieuses reconnues globalement (en tenant compte des coutumes locales prises en compte par les écoles de jurisprudence) en charge de réguler les droits positifs régionaux qui lui sont entièrement soumis.
Ce projet est animé par des motivations positives claires, celles exposées, liées à la teneur de la révélation islamique pour qui veut s'y conformer avec l'enthousiasme qu'elle mérite, mais aussi par une idée partagée largement (c'est ce qu'affirme Prazan, et son témoignage et ses connaissances confirment bien des idées que l'on pourrait se faire) et qui est que pour les musulmans, il existerait une volonté occidentale de destruction de l'islam, implicite ou explicite, ce complot global là, déjà à l'oeuvre victorieusement pour le christianisme étant en fait un complot juif, le juif minoritaire et habile ayant pris le contrôle de la force occidentale dévoyée pour imposer son irrédentisme essentiel.
Coupable de toutes les forces apparentes de l'Occident, depuis sa science jusqu'à son nationalisme (considéré impie) prosélyte, le juif est ainsi un signifiant fondamental de l'anti islam, et donc l'ennemi premier du projet ultime à qui l'on se doit, foi musulmane oblige, d'adhérer. Sa défaite sous la forme de l'éviction physique de son État, occupant agresseur de la terre d'islam qu'est le Moyen-Orient est donc un objectif premier, qui ne pourra être abandonné sous aucun prétexte.
De fait la clarté de la situation est limpide et on peut à partir de cette compréhension-là des choses, en tirer quelques conclusions. D'abord que le Hamas, expression directe des frères musulmans est évidemment partie prenante intégrale du projet, ne souhaite aucune espèce de paix, ni d'État palestinien et ne veut que la prolongation indéfinie d'un conflit qu'il veut, avec ses commanditaires, rendre planétaire. Son désintérêt pour le malheur du peuple gazaoui, essentiel à la cause, est bien sûr absolu.
Sans prétendre imaginer une solution autre que la perpétuation d'une guerre éternelle avec des fanatiques qu'on peut, peu à peu, décourager, au prix d'accords progressivement passés avec les puissances commerciales de la région qui finalement ne s'intéresse que moyennement au sort de quelques millions d'assistés, qui plus est par les occidentaux, on peut par contre mettre en avant, à partir de cette analyse, la fausseté complète tous les discours communément tenus sur la situation: le drapeau palestinien, symbole d'un Etat dont personne ne veut ne peut servir que de torche cul; le "génocide" qui n'en est pas un est 1) très réduit à quelques milliers de civils utilisés comme boucliers humains 2) organisé délibérément par le Hamas à des fins de communication.
Le malheur célébré hypocritement est honteux et lamentable.
(1) Michael Prazan sur Akadem https://youtu.be/e3ojnWAYIi0