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  • Les chocs de civilisations

    On a lu Huntington, la bible de l'actualité présente et du multipolaire... 

    Bon en fait, il me semble que cette histoire de "civilisation" ne tient pas la route. Les conflits sont intercivilisationnels car entre proches et pi c'est tout. C'est aussi simple que cela. 

    Les "mondes" ou "civilisations" seraient : l'Occident, la Chine, l'Inde, l'Islam ? On pourrait le penser et dessiner des lignes de fractures, mais quid de la domination devenue agressive des USA sur l'Europe, du conflit entre Europe et Russie, entre Pakistan et Inde tous deux dans le monde Indien ET l'Islam ? Et l'Afrique? Combien de civilisations ? 

    Bref, il me semble tout à fait surprenant, voire incroyable qu'on puisse considérer les fractures du monde comme "culturelles". La pitoyable tentative de considérer les conflits internes comme locaux (le Rwanda pille le Congo au nom d'intérêts clairement qui ont un impact mondial et aussi le conflit Vietnam Chine reste latent avec des impacts possibles tout aussi latents) est absurde: dans un monde multipolaire, c'est bien au contraire les stricts intérêts économiques et nationaux qui deviennent prioritaires, introduisant les affaires du monde à la notion de "transaction", ce qui le rend infiniment plus complexe et dangereux. 

    Les transactions sont des contrats implicites ou explicites passés avec des amis et des ennemis dans un enchevêtrement qui peut donner le tournis. Israël traite avec l'Azerbadjian pour menacer l'Iran. Ce sont deux pays chiites en compétition, et la Turquie soutient les frères musulmans pour détruire Israël qui traite avec l'Arabie Saoudite  pour contrer l'Iran. Ce sac de noeuds n'est absolument pas un conflit de civilisations !!! 

    D'autre part, les civilisations sont non seulement mortelles mais aussi en crise prolongée. L'Islam, dont personne ne conteste la civilisation, le couscous et la chicha en sont les marqueurs, est en crise aigüe depuis le XVIIIème siècle, et malgré les efforts de Bonaparte (qui contempla effaré le Sphinx noyé dans le sable) de Mehemet Ali et même de Laurence d'Arabie, la situation n'a guère évolué en fait: coincée par le tribalisme qu'elle n'a jamais vraiment maitrisé, l'Oumma à venir ne sera ni arabe, ni turque ni persane ni même Oumma du tout ! Le rêve fondateur, que l'on avait cru réanimé, aussi bien par les nationalismes que par les religiosités terrorisantes n'en finit plus de n'apparaitre que comme chimère de fumeur de haschich. En crise structurelle permanente, et capable même de la résoudre par redirection des intérêts vers des vrais enjeux, enfin entre aperçus par des dirigeants qui finiront par se renouveler. Turquie, Iran, Arabie Saoudite, quel jeune homme apparaitra pour changer des donnes qui franchement lassent ? 

    Considérer l'Islam comme "civilisation" en conflit (avec qui ?) si en plus on prétend y ajouter Pakistan, Bengladesh et Maghreb en fuite à travers la méditerranée poursuivi par d'avides et prolifiques noirs est tout simplement débile. 

    Huntington a à demi -raison: la politique internationale est devenue multipolaire, mais certes pas multicivilisationnelle, sinon par le fait évident que parmi les nombreux pôles, il y en a qui appartiennent à des bassins culturels différents. 

    Un autre aspect est que les bassins culturels sont en fait différenciés et mixés. L'exemple de l'Amérique du nord, clairement civilisationnelle à elle seule, se différencie de l'Europe assez nettement : sous influence mais pas entièrement et au combien le vieux continent reste traversé par des conflits incompréhensibles au nouveau. La question russe en est l'illustration éclatante ! 

    Huntington parle de l'Ukraine et de la Russie en termes intéressants, toutefois, situant une frontière civilisationnelle au milieu de l'Ukraine, ce qui devrait selon lui primer sur la prédiction de Mearsheimer, qui lui, voyant deux États sans frontières naturelles, voit primer la question de la sécurité, grosse de guerre possible. Ce qui s'est produit ! Huntington est donc réfuté sauf que la nouvelle frontière passera précisément par la séparation entre le monde orthodoxe et le monde catholique, enfin marquée nettement... Qu'est-ce qu'on rigole: les classifications à priori faites dans le langage ne sont rien face au réel, ni dans un sens ni dans l'autre. Ce qu'il y avait de "russe" dans la partie de l'Ukraine qui vient d'être arrachée est-il civilisationnel ou tout simplement anthropologique ou pire issu d'un racisme galicien qui n'a rien de civilisationnel  ?  On ne peut dans tout cela oublier les circonstances... 

    Cela étant, il y a bien des notions d'identité, d'appartenance décisive et de représentations qui unifient les groupes humains à certaines occasions, on vient de le voir. Si ce ne sont pas des civilisations, qu'est-ce que c'est ? 

    La réponse sous forme de geste d'humeur faite ici répondra "ça dépend" avec hauteur, et comme indiqué, d'abord des circonstances et des contextes.

    Un point intéressant permet d'éclairer les choses: bien que "populaires" et marqués par des faibles revenus, les immigrés vivent en fait un enrichissement rapide par rapport à leurs origines et sont donc naturellement mondialistes, ce qui les différencie nettement des milieux ruraux, eux victimes du phénomène contraire.

    On voit là un magnifique exemple de "causes multiples", la séparation civilisationnelle étant effectivement cause d'un marqueur de différences de situations sur l'axe des progrès perçus, qui apparaissent comme des mises en opposition complexes... 

    Appartenance

    Un autre point est ce qu'on pourrait appeler le "sentiment d'appartenance" à la fois infra et extra civilisationnel et qu'on peut relier à la "fraternité" telle qu'elle apparait dans la devise de la République. La fraternité est ce qui correspond au sentiment qui cimente la Nation: celui qui délimite les frontières de la solidarité. Il y a un dehors et un dedans, et le mot solidarité recouvre toute l'aide qui permet de vivre au-delà de sa famille immédiate. 

    Indépendamment des civilisations, les sociétés humaines se différencient suivant les types d'"appartenance" (on se permettra de conceptualiser, là). On a d'abord l'appartenance à la famille étendue, système communautariste minimal propre à la ruralité dans certains types anthropologiques, les systèmes communautaires d'Emmanuel Todd. Dispensateur de biens et d'assistance, ce système a ses mérites et ses limitations. 

    On a aussi l'appartenance tribale, extension extrême de la famille étendue, et fournissant hiérarchisation et organisation régulée de celle ci. Elle est le système premier des sociétés humaines, et la fixation identitaire qui lui est associée, extraordinairement puissante, voire fondamentale. 

    Il y a l'appartenance nationale, récemment apparue et fondamentalement différente de la tribale, car régie par des conventions écrites et ne pouvant se dispenser de lois. Apparue récemment dans l'histoire de l'humanité, on pourrait dire qu'elle fut inventée par les hébreux, le nationalisme juif issu de ses traditions religieuses législatrices et légalistes étant manifestement l'origine enviée de ses imitateurs occidentaux, jaloux et envieux. 

    La démocratie athénienne, issue d'un monde tribal et dont l'appartenance à la cité, forme localisée du tribalisme reste l'essence de l'unité ne peut être qualifiée de "nationale" au sens où elle n'accorda pas le droit de cité aux autres cités, par définition, dont elle faisait des vassales au point de devenir impériale au mauvais sens du terme. Rome fut impériale et y réussit, comme empire. 

    L'empire est la forme réussie du tribalisme, dans ses aspects complexes et subtils. Toujours basé sur une centralité historique (qui choisit ainsi l'ethnie de l'Empereur) qui tout en masquant sa domination ethnique cherche à ménager et à autonomiser ses dominés, eux-mêmes contents (et jaloux) de leur sort tant que certains équilibres sont respectés.

    Les empires dégénèrent en nations quand le "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" se manifeste enfin, et que l'exigence de la souveraineté se met à gratter (tel un prurit) les peuples en question.  Le XXème siècle vit disparaitre plusieurs empires, et l'empire russe deux fois, ce qui n'empêcha pas une 3ème reconstitution impériale, la Russie restant une fédération incluant la Tchéchénie qui elle-même se révolta, puis rentra dans le rang. 

    L'empire est ce qui permet à des peuples différents de partager un gouvernement, la particuliarité étant maintenue et jalousement défendue dans les frontières régionales: la France en serait-il un avec la Corse, la Guyane les Antilles et Mayotte ? On y est presque bien que légalement on ait plutôt une territorialisation et une autonomie de commodité réduite à des petits peuples insulaires.

    Le djihad du quotidien

     

    On en vient à la théorie de Zemmour, qui décrit l'installation en France de l'Afrique musulmane comme un djihad "du quotidien" délinquant, et assimile la violence africaine à une guerre de conquête, la violence délictuelle traduisant une soustraction du peuple islamisé du droit commun autorisant le pillage de l'ennemi, le non-musulman méprisé que l'on veut soumettre. Sans remettre en cause certaines incompatibilités entre des systèmes culturels trop différents, je crois que la théorie du djihad du quotidien, adossé sur le concept de guerre des civilisations ne tient pas telle qu'elle est exprimée ici.

    D'abord parce qu'il y a les Marocains et les Algériens et ensuite parce qu'il y a les africains noirs: le projet musulman n'est pas un projet cohérent actif au dessus des civilisations et ne peut pas  l'être: trop diversifiées  les populations immigrées ne représentent pas un islam civilisationnel mais des populations déracinées inassimilables. Potentiellement manipulables par des organisations criminelles constituées cela est certain, ces populations ne sont délinquantes que socialement du fait de leur inassimilation; par définition la délinquance est soustraction au droit commun, et pratique de la violence. La surreprésentation de ce mode de  vie n'est pas "civilisationnelle", elle est structurelle et commune à toutes les civilisations. Surreprésentée en France chez les migrants africains ? Pourquoi pas, mais ce n'est pas leur civilisation, c'est le contexte de leur présence: historique, social, situationnel.

    Il est tout en ayant pu ne pas être: cette essence du contexte, imparable, ne peut se nier de part la critique d'une définition contestable de ce qu'est une civilisation et de son rôle sur les comportements, elle ne peut se nier de par le déni des chiffres, connus et imparables et que nous avons devant les yeux: surreprésentation au chômage et en prison, religiosité revendicative de visibilité et de clivages culturels, désaccords sociétaux. 

    La situation est mauvaise, et il faut rompre avec ce qui l'alimente, en soi: l'immigration de masse doit être arrêtée. 

    Surtout qu'il y a les enquêtes. En gros, pour l'instant, il n'y a aucune sécularisation de l'immigration musulmane, au contraire: le hallal se généralise et la fracture s'accentue. On en est à 75% de demande de visibilité, ce qui signifie que le bon grain qui veut bien s'assimiler tranquillement change peu à peu d'avis. Un conflit culturel s'installe, partiellement motivé explicitement par une volonté de faire respecter une foi particulière. 

    Soral

    Et puis il y a la théorie de l'Égalité et de la Réconciliation, le fameux thème Soralien qui consiste à imaginer une sorte d'union sacrée créolisée contre la seule chose qui s'y opposerait: les juifs. Car la distinction comme on dit, est insupportable pour des mondes qui se proclament à bon droit "civilisés": civilisés contre barbares ? civilisés contre civilisés dans des guerres non déclarées ? Non ! On ne se réconcilie pas quand on refuse d'abandonner ce qu'on est, et certainement pas contre un ennemi soit disant commun: une nation ne se divise pas. Et certainement pas en se divisant encore plus et de la plus laide des façons. La position soralienne, vicieuse et contradictoire déplore la massification immigrée mal faite, et ne veux n'y pallier qu'en l'acceptant au nom du refus de l'être juif, lui indéboulonnable mais qu'on veut arracher quand même au nom de la vraie douleur.

    Cela est promis à l'échec : la créolisation n'aura pas lieu, et il faut rompre avec le nouveau peuple venu à tort. Et pour ce faire, ce n'est pas la réconciliation qu'on obtiendra, mais l'immense douleur des après guerre civile, qui durent des siècles. 

     

     

  • Les prophètes

    On a lu "Prophète en son pays" de Gille Kepel, livre testament de la carrière qui s'achève d'un "orientaliste" prolifique que j'ai suivi 30 ans et à qui je n'avais rien compris...

    D'abord l'homme viré de Sciences Po par Richard Descoings le drogué déjanté qui peupla la rue Saint Guillaume d'immigrés sélectionnés pour cela et de Normale Sup, (c'est la fin de sa carrière) par Frédéric Worms le fils du banquier de chez Rotschild spécialiste de Bergson et affidé au maoisme woke qui règne rue d'Ulm. Il fut bien sur l'ennemi d'Alain Gresh, du monde diplomatique, le frèriste connu, par ailleurs fils d'Henri Curien.

    Il fut l'ennemi d'Olivier Roy dont il ne lasse pas de dire qu'il n'est pas arabisant (spécialiste de la guérilla afghane, Roy est surtout un baroudeur farsi) et s'oppose radicalement à la thèse funeste de l'"islamisation de la radicalité" promue par l'un des responsables d'un aveuglement français qui laissa prospérer de funestes propagandes, jusqu'au Bataclan (300 morts et blessés quand même). Bardé de millions européens, Roy récupéra des thésards de Kepel et finança des études de fréristes bien informés... De manière générale Kepel répète en boucle la nécessité absolue de parler arabe et l'illustre de toutes les manières possibles en se plaignant à de multiples reprises de l'ignorance organisée qui règne maintenant en France... 

    Kepel vota Hollande, note que celui-ci fut élu grâce au vote communautaire musulman (80%) soit 1,1 million de voix, lui fit un rapport de 500 pages après une mission dans 18 pays arabes, rapport mis au rebut, et les conseillers entendus décriront le djihad en Syrie comme "notre guerre d'Espagne" contre Assad. Et ce furent des islamistes anti Assad qu'on aida finalement et même s'ils furent ennemis de Daech, qui nous assassina, ce fut bien Assad et les Russes ses amis qui les combattirent le plus efficacement. De fait, Kepel ne fait pas la différence entre Daech et les autres islamistes, et même si il y eut bien des islamistes francophones, leurs méfaits en France restèrent mesurés, et leurs exploits surtout au moyen orient, tout à un rêve internationaliste caractérisé, assez différents de celui qui animait Al Qaida, bien plus mondialisé. Daech fut original et Kepel ne nous dit pas pourquoi.

    En gros, l'islamisme divise le monde en deux, la partie soumise et la partie des mécréants avec qui on peut faire un contrat quand on ne lui fait pas la guerre. L'Occident est passé du contrat à la terre de soumission: les musulmans doivent maintenant y respecter la charia et les femmes doivent se voiler... La théorie était mal connue: on veut juste nous soumettre. C'est comme l'histoire du "de" et du "en" France des frères, qui passèrent du "en" au "de" pour les mêmes raisons. Cela commença lors de la fatwa de Kohmeiny en 89: une fatwa s'applique au monde entier, donc débarrassé des mécréants. 

    Kepel parla de "fréro chiisme" pour qualifier les deux islamismes sunnites et chiites et leurs points communs, voire leur complicité.  A ce propos, Kepel évoque le fait que les frères furent chassés de Turquie (et presque du Qatar soutien historique des frères) sous la pression du golfe et que ceux-ci, subventionnés par l'Europe, y sont maintenant installés comme au paradis et inspirateurs de bien des universitaires, Kepel ajoute "au détriment de votre serviteur". 

    La sourate préférée de Qaradawi est bien 8:60, le verset de la terreur: 

    "Préparez, pour lutter contre eux, toutes les forces et la cavalerie que vous pouvez mobiliser, afin d'effrayer l'ennemi de Dieu et le vôtre". "Effrayer" c'est bien "terroriser", "terrifier". Le terme "terreur" est ainsi perçu positivement dans ces milieux. 

    C'est pendant l'ère Chirac que s'installèrent des tchéchènes, dont les familles de nos deux assassins de professeurs: la légende du tchéchène qui aiguise son grand couteau, racontée aux petits Russes, fut rappelée par Chirac le russophone, à l'époque. L'assassin de Dominique Bernard, encore enfant fut récupéré par les humanitaires sur le tarmac de l'expulsion.

    L'origine des émeutes de 2005 ? Non pas la mort des deux jeunes, mais le gazage accidentel d'une mosquée. 

    D'autre part, il aida Macron, la théorie de la volonté des djihadistes de mettre l'extrême droite au pouvoir pour mieux motiver les brigadistes étant mentionnée avec Gilles Kepel comme référence lors du débat...

    Kepel est porteur d'une compréhension littérale (il voyage et interroge partout, y compris dans des zones dangereuses, puis écrit un bouquin qui rapporte, ce qui est cause des jalousies universitaires dont il est victime, malgré son dévouement à réécrire les thèses en mauvais français de ses étudiants...): il enquête et informe, mais "froidement": c'est l'image que j'ai de lui, le glacial spécialiste qui ne prend jamais parti... Et puis il fréquente, en orientaliste distingué, les grands de ce monde, comme par exemple le prince saoudien MBS, surpris qu'un européen parle arabe et qui l'invite à voyager à sa guise dans le royaume, pour donner son avis sur une modernisation projetée, alors que l'orientaliste est condamné à mort dans son propre pays par de très délirants inspirés de l'hérésie saoudienne... Qui plus est, le visa saoudien, refusé des années par le cousin hostile de MBS fut accordé quelques jours avant l'éviction de celui-ci. 

    Et puis, il y a Israël, et la condamnation étrange de la provocation d'Ariel Sharon, à l'origine de la première intifada, qui osa monter sur l'esplanade des mosquées pour gagner une élection contre Ehud Bark, l'organisateur du sauvetage d'Entebe. Celui-ci voulait un peu trop faire la paix, sans doute...

    Kepel qui n'est pas juif, mais cru tel par tout le monde, a en fait un tropisme arabe du fait de sa proximité linguistique: amoureux des blagues du petit peuple égyptien, passionné à tous les sens du mot par l'Orient compliqué, il est le témoin et le graphiste de 40 ans d'aveuglement français devant l'islam et ses évolutions. Il mentionne pourtant le noeud de l'affaire: les vieux blédards soit disant intégrés qui refusèrent par indépendantisme de faire de leurs enfants des français, qui furent mis au chômage par les arabes du golfe dont ils adoptèrent finalement l'hérésie religieuse bigote et radicale au point de mettre en danger un pays qu'ils haïssent et dont les habitants, contrairement à Kepel, les détestent aussi. 

    Kepel semble déchainé et sa froideur universitaire semble tempérée par la frénésie humoristique et déjantée du révolté: il dit qu'il s'en fout et qu'il va tout dire, depuis la déploration de l'arrêt de l'enseignement de l'arabe, jusqu'à l'incompétence et la bêtise des dirigeants politiques corrompus et ignorants. Une sorte de créature de Frankenstein se lève. 

    (1) Institut Diderot conférence https://youtu.be/aWsk1wlpCTQ

     

  • Les guerres de 14

    general de Castelnau ? Ww1, Horses, Portrait, Animals, World War ...

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  • Les liquides (Bauman)

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  • Les préfaces de Kant

    À l'occasion de l'édition commentée par Paul Clavier de la deuxième préface de kritik, quelques points nouveaux à remarquer...

    Nouveau? Pour moi... 

    D'abord le paysage dogmatique que Kant renversa. Descartes en est bien sûr l'initiateur et Leibnitz continua. En gros, Dieu est indispensable au système philosophique, comme garant de la vérité (Descartes) ou de l'harmonie préétablie (Leibnitz), ensuite tout se déduit de la raison, maths ET physique. 

    Pour Descartes, tout se déduit des maths, en fait on déduit le monde du général au particulier et il n'y a de vérité que claire et distincte, garantie par Dieu. Les idées et principes sont ainsi aussi dans les choses, données complètement et clairement. C'est pour cela qu'on est maitre de la nature et la réalité du monde ne vient pas de la perception, on a un rationalisme et un idéalisme. 

    Kant est donc celui qui pose la question de la connaissance possible et cela sans Dieu pour la rendre vraie. Mais son point de départ est surtout de l'opposition vaine entre Wolff et Hume. 

    L'un sans perception, l'autre avec uniquement la perception. 

    Wolff fait ainsi de la philosophe la science des possibilités, exclusivement basée sur le principe de non-contradiction, il en déduit même le principe de raison suffisante, (et donc Dieu, tant qu'il y est). Voilà la grande idée dite rationaliste: la physique et le monde sont comme ça et pas autrement et on peut les déduire de l'ontologie. Magique ! Pour qui appréhende la grandeur de l'ambition, se lève une grande envie, celle de la grande idée ! On a là une illumination qu'on pourrait dire cartésienne car elle est l'immense exaltation de l'esprit philosophique moderne qui réalise sa puissance d'auto-affirmation. Faut comprendre. 

    Pour les empiristes, passionnés exclusivement d'expérience, c'est le contraire : seule l'expérience peut déterminer le raisonnable. Hélas facilement soumis au scepticisme, la conception reste fragile et paradoxale et la guerre entre les conceptions de la philosophie totale. Un champ de bataille pour la métaphysique... 

    On pourrait dire entre Leibnitz qui intellectualise les phénomènes et Locke qui sensibilise les concepts... 

    Mais Hume en détruisant la métaphysique dogmatique avec son tout expérimental réveille Kant "de son sommeil dogmatique". 

    Contre Hume, Kant refuse le tout expérimental qui empêche toute généralisation et donc toute vraie connaissance. Mais son modèle pour l'expérimental est Newton, qui induit les lois de la nature depuis les phénomènes. Le rationalisme est donc inductif (et non déductif) et c'est toute l'affaire. C'est l'immense succès des sciences qui est donc le guide de la méthode kantienne.

    On commence donc par une "méthode" qui vise à obtenir une connaissance d'un type particulier, car "transcendantale", c'est-à-dire connaissance de la manière de connaitre. La "critique" est l'exercice et l'obtention de cette connaissance, par essence non expérimentale et donc "a priori". Cette critique n'est pas faite par les dogmatiques possédés par le pouvoir de la raison assimilée à la logique. 

    On considère alors la différence et distinction fondamentale entre sensible et intelligible, et donc in fine entre phénomène et noumène, les choses réelles, inaccessibles, étant différentes de ce par quoi elles nous apparaissent tout en restant pensables. L'apparition et la représentation des choses va donc dépendre de nous, le mystère de l'adéquation de ces représentations avec le réel restant entier, et le demeurant de nos jours. Le successeur de Newton qui fonda toutes les physiques modernes (elles sont 3, dont deux relativités et le quantique) Einstein l'a assez dit: l'incompréhensible et que les choses soient compréhensibles.

    La représentation ne contient donc que ce qui affecte le sujet, et le phénomène est une façon d'apparaitre. 

    A ce point on rentrera dans la critique et considèrera la vraie métaphysique, celle de la pensée pure, et de ses concepts a priori (causalité, quantité, temps) dont on doit autoriser l'application aux objets sensibles présents dans l'intellect par la représentation. 

    L'objet de la critique est alors d'examiner ce qui rend possible l'application du "non expérimental" (concepts purs) aux choses perçues du réel, autrement dit, la possibilité d'un savoir a priori (non expérimental) et synthétique (construit).

    On se retrouve donc avec un savoir qui fait obéir le sensible à l'intérieur de moi à mes principes intérieurs, le sensible se subordonne aux formes de ma sensibilité. C'est la forme suprême de l'adéquation du réel aux principes de mon entendement et aussi de ma soumission via l'obéissance à ces principes à la possibilité du réel. 

    La distinction analytique(explicatif)/synthétique(contenu) est ce qui permet à la métaphysique d'exister, c'est-à-dire d'être un vrai savoir (créateur de contenu, donc synthétique) tout en étant hors de l'expérience (a priori). On remarquera bien sûr que TOUS les jugements analytiques sont a priori. 

    L'accord des choses avec notre capacité à connaitre est présupposé a priori même s'il est reconnu comme contingent, mais par contre, assuré par le succès des sciences... 

     

  • Les Daechs

    À l'occasion de la crise actuelle, un franco italien spécialiste des frères musulmans nous explique le monde (1). 

    Allons y vite: le "globalisme" (dixit Del Valle) est une idéologie qui se situe en Occident comme les Djihadistes universalistes (Daech, Al Qaida)  en Islam. Elle promeut le LGBT, certes, mais pas que. Elle veut la mort des nations et instaurer dans un empire uniformisé la loi de l'individu calculateur, ce que le pauvre Michéa appelle le "libéralisme", la pauvre Stiegler le "néo libéralisme" et De Villiers le "Puit du Fou" (je rigole). 

    Car le vrai clivage n'est bien sûr plus la ridicule, discréditée et inexistante question sociale, mais plutôt l'identitarisme, le rattaché au local national et religieux, évidente arme des partisans du monde multipolaire qui s'installe aujourd'hui contre des USA déclinants, d'autant plus acharnés à rassembler son camp (en prenant définitivement la main sur l'Europe) qu'ils commencent à avoir peur. 

    Le petit aller retour sur Ursula Van der Lyen, en conflit avec la constitution européenne (elle la piétine en faisant ce qu'elle veut, euh ce que les US lui ordonnent) et qui doté d'un mari entreprenant poursuivi en Italie pour fraude aux subventions européennes (2) (3). Agent de la CIA, Jean Monnet ne peut plus se cacher dans son cercueil: l'union européenne dont on nous parle avec des sanglots dans la voix était bien le moyen globaliste pour asservir une Europe discréditée à jamais par le nazisme et donc à priver de toute souveraineté. Les barbares germains doivent être asservis, et d'ailleurs, c'est fait... 

    La renaissance de l'OTAN, voire sa résurrection, est en le signe définitif et la guerre en Ukraine le marqueur définitif de la soumission infernale d'une génération entière à l'impensable. 

    Mersheimer, Brezsinski, Kennan, Friedmann sont les géopoliticiens américains qui ont décrit la situation à l'époque soviétique: qu'en est-il en Europe ? Rien que l'effroyable servilité d'élites élevées " Rome" (les young leaders) .

    Que ce soit un Italien qui nous parle des moeurs mafieuses, ou des gallo-romains maniérés plus romains que les romains et d'autant plus ridicules aux yeux des romains eux-mêmes représente l'intérêt des localismes nationaux; il nous explique aussi que contrairement à ce qu'on croit en France, Melloni est en fait de "centre droit" et bien sûr parfaitement européanisée, elle est amie d'Ursula. Viva Italia ! 

    L'une des morales des lucidités qui s'expriment via Youtube (merci Google de m'espionner) est donc l'absolu cynisme du monde et le fait qu'on ne doit concevoir les choses qu'à partir des intérêts et volontés des acteurs. 

    Par exemple, qu'est-ce que le terrorisme sinon par l'organisation à distance de meurtres ignobles une communication envers les médias et les nations bien plus efficaces que tous les moralismes et toutes les publicités ? 

    Del Valle conclut: j'étais européiste mais pas fédéraliste, j'ai changé: mort à l'Europe. Mieux ! La soumission à l'Europe signifie la mort de la souveraineté, et cette odeur de pourri attire les vautours: "l'Europe est en voie de putréfaction" dit Erdogan. 

    Ainsi donc, il faut rejeter, moquer, détruire et punir les slogans infâmes: "l'Europe c'est la paix", "Les nations c'est la guerre", "Souveraineté européenne". Signes ignobles de l'asservissement et de la ruine. 

    Mais avant cela, le principe fondamental de tous ces intellectuels passionnés de cette discipline qui fait pièce à  l'histoire, la géographie et la démographie, la "géopolitique" dont on fait les "géopoliticiens" (terme ridicule au demeurant), caractérise d'abord le monde sous l'angle de la Nation, ce concept fondamental de la réalité que toute la culture européenne a abandonnée pour notre malheur. 

    On a lu Walzer. 

     

     

     

    (1) Del Valle pète les plombs. https://www.youtube.com/watch?v=-4Bp1rY_Jls

    (2) https://lecourrier-du-soir.com/gros-scandale-la-commission-europeenne-blanchit-le-mari-de-von-der-leyen-qui-a-touche-320-millions-de-lue/

    (3) https://lecourrier-du-soir.com/coup-de-theatre-la-societe-du-mari-de-von-der-leyen-qui-a-recu-320-millions-de-lue-etait-inactive/