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Les guerres de 14

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À l'occasion de la lecture de "Castelnau le 4ème maréchal", de Benoit Chenu, bien émouvante hagiographie d'un des plus  grands hommes de l'histoire de France, peut-être juste après De Gaulle et devant Clémenceau qui le détestait. 

Edouard de Curières de Castelnau est un pur héros Français, militaire et homme politique visionnaire. Il a traversé le siècle en vivant au coeur des 3 grands drames français de l'histoire: 70, 14, 40. Il présida aux plus éclatantes victoires de son pays et aussi lutta contre des hommes ses compatriotes et égaux, seuls responsables du fait de leur incurie des plus terribles échecs de la patrie, au point de quasiment la détruire. Sur tous les problèmes que Castelnau traita et sur lesquels il prit position avec toute l'intelligence et l'habileté dont il était capable, il eut raison, en visionnaire, en patriote, en moderniste décideur. Raison toujours et trop souvent empêché d'agir. 

Lieutenant en 70, il y a appris à faire la guerre. Général en 14-18 il s'illustra à de multiples reprises de manière éclatante. Surtout, il domina de fait de son intelligence et de ses succès des hommes qui se vengèrent au point d'être révérés à tort, notamment les 3 premiers maréchaux qui en dépit de leurs succès non niables lui furent  militairement et humainement inférieurs. Tout le drame français est là : de merveilleux héros dont les succès miraculeux rattrapent au dernier moment (ou pas) la monstrueuse bêtise d'une majorité d'arrivistes imbéciles déchainés dans la lutte contre ce qu'il faut faire. Mieux ! (Ou pire ) ces méchants hommes ont une postérité qui jusque dans leur tombe continue à défendre leur mauvais choix et à accuser ceux qui les avaient combattus à raison ! 

Cette histoire d'historiographie à contrario de l'histoire et cela bien après les évènements voire jusqu'à la période contemporaine, a une réalité: Sylvain Ferreira (1) historien militaire, conspué et calomnié au-delà du possible pour ses interventions "contre" l'Ukraine, et qui n'a fait que décrire la supériorité intrinsèque du système russe, le dit bien: les alliés confièrent après la guerre l'historiographie de la seconde guerre mondiale à l'est aux généraux de la Wehrmacht. Ceux-ci trop contents, passèrent sous silence les affreuses exactions de l'armée conventionnelle allemande (et non, il n'y eut pas que la SS à tuer des juifs et des civils) et surtout la supériorité de l'"art opératif" russe qui mis en oeuvre avec application et constance surclassa intellectuellement la supériorité tactique des allemands. L'OTAN en 2022 fut surclassé militairement et intellectuellement par les stratèges russes et pour des raisons qu'un historien explique, ce sont celles là! 

Appliquant le manuel du stratège réprouvé (Svetchine fut condamné à mort en 38 lors de la grande purge des généraux), la Russie a transformé son agression en Ukraine en guerre défensive d'attrition. La stratégie de l'OTAN est venue s'écraser avec ses armes magiques et l'hyper motivation de ses combattants valeureux sur un mur qui va bientôt bouger faute de munitions. Espérons que Berlin sera épargné cette fois. 

Pour terminer la leçon, et bien on en tire la leçon que l'histoire ne sert à rien sinon à donner des leçons sur les leçons et cela après coup, quand c'est trop tard... 

On commence par Joffre  incompétent militairement et qui dirige un grand quartier général mené par de brillants "jeunes turcs" partisans de l'offensive à outrance et élèves du mandarin Foch théoricien de la "volonté de vaincre". Castelnau est opposé à ces doctrines : praticien, proche des troupes il dirige en temps de paix l'élite de l'armée en Lorraine et l'entraine à l'excellence tactique pragmatique et éclairée. Par ailleurs reconnu et révéré pour ses éclatantes compétences il seconde Joffre qui a absolument besoin de ses talents mais qui garde la doctrine Foch "le dressage de l'infanterie en vue du combat offensif". L'offensive à outrance, théorisée, et surtout pratiquée. Tout le drame de 14, qui noua l'âme de la France. 

En aout 14, d'abord, quand furent consommées en un mois des troupes par centaines de milliers, pour rien, en un assaut de viande inutile face aux mitrailleuses. L'offensive dans les Ardennes, en particulier, fut épouvantable: Joffre obstiné refusa de prendre en compte les évidences. La bataille des frontières fut un échec total pour le gros généralissime. Mais aussi toute l'année 1915, gaspillée et meurtrière. Entre les deux, la Marne qui sauva tout et en particulier sa réputation.

Joffre ! Alerté par Galliéni depuis Paris, il envoie Maunoury à l'attaque de l'Allemand qui s'était détourné, qui présente son flanc et se fait battre sur la Marne. 

Il est finalement destitué, on le nomme maréchal pour faire passer la pilule au vainqueur de la marne. 

On passe à Foch. Talentueux professeur à l'école de guerre, il est sous les ordres de Castelnau à Morhange et se trouve plus ou moins responsable par sa désobéissance et sa forfanterie du grand massacre de la 2ème armée confiée à Castelnau en Lorraine. En fait, déshabillé de deux corps d'armée, et induit en erreur par les jeunes turcs  dont Berthelot et un certain Gamelin (celui-là même) Castelnau doit attaquer des troupes allemandes qu'on ignore être très supérieure en nombre. Deux corps de réserves sont consommés pour rien et accusés à tort. Pourtant juste après et c'est la grande injustice de l'histoire, Castelnau piège et écrase deux corps d'armée allemands, c'est la bataille de l'aile droite, ou de la trouée de Charmes, qui terrorise Moltke et lui fait renoncer à deux corps d'armée fixés par Casltelnau. Toujours ça de moins pour la Marne, en tout cas cela sera débattu en Allemagne, et bien sûr pas en France. Le vaincu de Morhange fut le vainqueur de l'aile droite ! Puis juste après il sauve Nancy au Grand Couronné. En 1915 son offensive en Champagne soigneusement préparée avec l'aviation pour savoir dans la minute où est l'ennemi est stupidement retardée par l'état major jusqu'à une pluie diluvienne qui l'aveugle et l'empêche de gagner la guerre ! 

Pourquoi réécrire ce livre étonnant ? 

En butte perpétuelle aux radicaux socialistes, élus triomphalement en juillet 14 et sous l'influence de la franc-maçonnerie, acharnée à défendre ses "frères" secrets, quitte à défendre les terribles militaires incompétents que furent Sarrail, Dubail, Gérard, tous ennemis mortels de Castelnau et acharnés à son discrédit et au barrage fait à sa mise en responsabilité alors que l'évidence est qu'il le fallait, lui. Haine d'autant plus féroce qu'il avait raison, toujours, et contre eux et leurs avis et qu'il se plaisait avec une terrible faconde méridionale à les humilier mortellement en public. 

Toute l'ignoble hagiographie franc mac de gauche qui continue aujourd'hui, acharnée à travers le siècle à ruiner l'action salutaire de celui qui aurait gagné la guerre, et sans doute épargné bien des héros malheureux envoyés à la boucherie. 

Et puis derrière tout cela, l'affaire des fiches, qui avait presque défait avant guerre Castelnau le catholique, celui que Clémenceau appellait le "capucin botté", et qu'il ne nomma pas chef d'Etat major général lorsque Nivelle destitué, Pétain est nommé généralissime. Ce fut Foch. 

Bien sûr , personne ne peut dévaloriser le rôle essentiel de Foch nommé chef des forces militaires de l'entente, ce qui la sauva de l'attaque allemande de 18, et cela contre Pétain incapable de communiquer avec les Britanniques. Castelnau aurait pu, lui, car il parlait à tout le monde. Tout s'est passé comme si on empêcha un fournisseur de solutions de s'imposer, tout en le laissant à la marge appliquer ses doctrines au cas où puis de les adopter sur le tard on le tenant à l'écart: comment admettre qu'il avait raison et que lui avoir donné raison à ce moment aurait pu sauver bien des vies, voire apporter une victoire dont il aurait eu le mérite ? 

Les solutions que Castelnau proposa sont multiples et au-delà de la simple tactique intelligente qui consiste à éviter les assauts meurtriers: il prenait en compte la logistique, conseilla d'attendre la disponibilité d'artillerie suffisante avant d'attaquer pour rien, bref, il révérait et pratiquait un "art opératif", soit une conception profondément réfléchie et intelligente de l'art de la guerre en général, sans aucun doute cent coudées au-dessus des crétins (comment les appeler autrement) que furent Joffre et Foch. Il installa la forteresse de Verdun , initia la voie sacrée qui l'alimenta et passa la main à Pétain. De fait, Verdun c'est lui ! 

Il conseilla dès 14 d'attaquer l'Autriche à Salonique, ce qui ne fut fait que 4 ans après avec le succès de Franchet d'Espérey qui suivit immédiatement l'éviction de Sarrail, le sinistre taré qui représentait la France à l'Est, nommé par ses pairs francs-maçons. Ce succès désespéra l'Allemagne, que ne l'avait-on obtenu 4 ans avant ! 

Il était en charge de l'offensive en Lorraine qui devait démarrer le 14 novembre et aurait empêché l'armée allemande de parader invaincue: il l'aurait écrasée et définitivement humiliée l'empêchant de propager dès 18 la légende du coup de poignard dans le dos. Battue sur tout le front ouest et incapable de continuer la guerre, les Allemands supplièrent en pleurant les occidentaux de cesser les combats pour éviter la victoire du communisme... Clémenceau et Foch cédèrent.

Pouvaient-ils faire autrement ? Pétain a-t-il trop attendu ? Le débat fit rage toutes les années 30. 

Castelnau commença dans les années trente une carrière politique d'influence, à la tête d'une organisation catholique qui ne fut jamais (contrairement à une historiographie "de gauche" inspirée par l'anticléricalisme sectaire de l'époque) ni Action Française, ni antisémite, ni même vraiment politique: il soutint toutes les réformes du front populaire (sauf les 40 heures) au nom d'un catholicisme social qui ne pouvait que gêner. Il incarna la possible alternance qui aurait sauvé la France, et fut piétiné par l'histoire. De Gaulle, qu'il n'aimait pas, fut ce que le destin finalement choisit, et il n'en était pas loin. 

Adversaire de Vichy il fut résistant à 91 ans et mourut en 1944, ce qui fait qu'il fut oublié. Un roman incroyable et le destin hors norme d'un prophète en un pays qui refusa qu'on le servit davantage. 

Il ne fut pas nommé maréchal en 19 alors que cela aurait du. Clémenceau... C'est Marine Lepen qui demanda en 2018 de le nommer à titre posthume, après la polémique causée par Macron, qui mit en avant... Pétain ! 

En 40, il s'écria voyant Pétain , "Heureusement que je ne suis pas Maréchal ! ", et pour cause il ne fut associé en rien à l'infamie pétainiste causée par l'impéritie de Gamelin qu'il méprisait, et qu'il accusa dans ses lettres de la funeste décision d'envoyer l'armée en Belgique, vraie cause de la défaite... A pleurer. Le 11 Novembre a été fêté. 

Pour conclure sa proclamation, répétée mainte fois dans ses nombreux discours: "nos fils sont morts, vivent nos fils!", il en avait perdu trois en 14-18... 

 

(1) Sylvain Ferreira l'art opératif https://youtu.be/E3Wp8pzST04

(2) son arrière petit fils https://www.vududroit.com/2018/11/general-edouard-de-castelnau-anti-petain/

(3) le documentaire de Benoit Chenu:  https://youtu.be/pIbjHEoXkh0

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