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Les préfaces de Kant

À l'occasion de l'édition commentée par Paul Clavier de la deuxième préface de kritik, quelques points nouveaux à remarquer...

Nouveau? Pour moi... 

D'abord le paysage dogmatique que Kant renversa. Descartes en est bien sûr l'initiateur et Leibnitz continua. En gros, Dieu est indispensable au système philosophique, comme garant de la vérité (Descartes) ou de l'harmonie préétablie (Leibnitz), ensuite tout se déduit de la raison, maths ET physique. 

Pour Descartes, tout se déduit des maths, en fait on déduit le monde du général au particulier et il n'y a de vérité que claire et distincte, garantie par Dieu. Les idées et principes sont ainsi aussi dans les choses, données complètement et clairement. C'est pour cela qu'on est maitre de la nature et la réalité du monde ne vient pas de la perception, on a un rationalisme et un idéalisme. 

Kant est donc celui qui pose la question de la connaissance possible et cela sans Dieu pour la rendre vraie. Mais son point de départ est surtout de l'opposition vaine entre Wolff et Hume. 

L'un sans perception, l'autre avec uniquement la perception. 

Wolff fait ainsi de la philosophe la science des possibilités, exclusivement basée sur le principe de non-contradiction, il en déduit même le principe de raison suffisante, (et donc Dieu, tant qu'il y est). Voilà la grande idée dite rationaliste: la physique et le monde sont comme ça et pas autrement et on peut les déduire de l'ontologie. Magique ! Pour qui appréhende la grandeur de l'ambition, se lève une grande envie, celle de la grande idée ! On a là une illumination qu'on pourrait dire cartésienne car elle est l'immense exaltation de l'esprit philosophique moderne qui réalise sa puissance d'auto-affirmation. Faut comprendre. 

Pour les empiristes, passionnés exclusivement d'expérience, c'est le contraire : seule l'expérience peut déterminer le raisonnable. Hélas facilement soumis au scepticisme, la conception reste fragile et paradoxale et la guerre entre les conceptions de la philosophie totale. Un champ de bataille pour la métaphysique... 

On pourrait dire entre Leibnitz qui intellectualise les phénomènes et Locke qui sensibilise les concepts... 

Mais Hume en détruisant la métaphysique dogmatique avec son tout expérimental réveille Kant "de son sommeil dogmatique". 

Contre Hume, Kant refuse le tout expérimental qui empêche toute généralisation et donc toute vraie connaissance. Mais son modèle pour l'expérimental est Newton, qui induit les lois de la nature depuis les phénomènes. Le rationalisme est donc inductif (et non déductif) et c'est toute l'affaire. C'est l'immense succès des sciences qui est donc le guide de la méthode kantienne.

On commence donc par une "méthode" qui vise à obtenir une connaissance d'un type particulier, car "transcendantale", c'est-à-dire connaissance de la manière de connaitre. La "critique" est l'exercice et l'obtention de cette connaissance, par essence non expérimentale et donc "a priori". Cette critique n'est pas faite par les dogmatiques possédés par le pouvoir de la raison assimilée à la logique. 

On considère alors la différence et distinction fondamentale entre sensible et intelligible, et donc in fine entre phénomène et noumène, les choses réelles, inaccessibles, étant différentes de ce par quoi elles nous apparaissent tout en restant pensables. L'apparition et la représentation des choses va donc dépendre de nous, le mystère de l'adéquation de ces représentations avec le réel restant entier, et le demeurant de nos jours. Le successeur de Newton qui fonda toutes les physiques modernes (elles sont 3, dont deux relativités et le quantique) Einstein l'a assez dit: l'incompréhensible et que les choses soient compréhensibles.

La représentation ne contient donc que ce qui affecte le sujet, et le phénomène est une façon d'apparaitre. 

A ce point on rentrera dans la critique et considèrera la vraie métaphysique, celle de la pensée pure, et de ses concepts a priori (causalité, quantité, temps) dont on doit autoriser l'application aux objets sensibles présents dans l'intellect par la représentation. 

L'objet de la critique est alors d'examiner ce qui rend possible l'application du "non expérimental" (concepts purs) aux choses perçues du réel, autrement dit, la possibilité d'un savoir a priori (non expérimental) et synthétique (construit).

On se retrouve donc avec un savoir qui fait obéir le sensible à l'intérieur de moi à mes principes intérieurs, le sensible se subordonne aux formes de ma sensibilité. C'est la forme suprême de l'adéquation du réel aux principes de mon entendement et aussi de ma soumission via l'obéissance à ces principes à la possibilité du réel. 

La distinction analytique(explicatif)/synthétique(contenu) est ce qui permet à la métaphysique d'exister, c'est-à-dire d'être un vrai savoir (créateur de contenu, donc synthétique) tout en étant hors de l'expérience (a priori). On remarquera bien sûr que TOUS les jugements analytiques sont a priori. 

L'accord des choses avec notre capacité à connaitre est présupposé a priori même s'il est reconnu comme contingent, mais par contre, assuré par le succès des sciences... 

 

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