Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les neurothéologies

Le point God

À l'occasion d'un point assez riche (1), tu parles, il s'agit du point "God", cumulant le scabreux et le scientifique, comme de juste, il s'agit en plus de carmélites soumises à une étude canadienne, on aborde ici une localisation de l'objet "G" directement dans le cerveau humain. Amusant de voir que le jeu de mot excitant fait ici est exactement le mien, les grands esprits se rencontrent la nuit. 

La compréhension de la chose, riche et complexe, commence par identifier démarche religieuse et zone du cerveau particulière, l'expérience religieuse, commune à toutes les activités de ce type dans toute l'humanité se traduisant par une activité particulière localisée, comme la vue ou la préférence émotionnelle (le cerveau droit, sauf erreur). C'est l'objet de la "neurothéologie" que d'explorer plus ou moins scientifiquement la chose. 

On sait déjà que les activités proprement mathématiques, à l'exclusion de la simple mémoire ou de l'activité proprement linguistique, activait des zones particulières du cerveau. Pourquoi pas la religion, ou du moins l'activité méditative qui mettrait la conscience dans une forme de "calcul" particulière, apte à percevoir des entités "révélatrices" et à susciter des désirs particuliers ou des représentations particulières, ceux propres à des états de conscience particuliers... 

On pourrait ainsi donner une interprétation electro-cervicale aux élans mystiques, aux extases bouddhiques etc etc. 

Dans le principe, cela n'a rien de révulsant, la critique portant sur la réalité d'une association particulière en telle zone du cerveau et telle extase, l'une et l'autre pouvant être des illusions complètes, l'extase n'étant pas effective, et la zone du cerveau artificiellement stimulée. Bref, l'expérience scientifique "prouvant" l'association peut être difficile à faire, voire même infaisable, les conditions de la mise en évidence étant impossibles. 

Car l'extase mystique, même hors toute mesure encéphalographique, a elle même un statut pas très clair, et le cobaye pourrait être vantard. Le "casque de Dieu" (2) fut critiqué et on est toujours là aux limites de la parapsychologie, celle-ci étant bien sur le pont, avec ses prétentions et ses escroqueries sectaires.

Maintenant, on peut spéculer dans diverses directions. Bien sûr, on trouvera des croyants ambitieux qui voient dans l'organe ainsi sensible une perception d'autre chose, par exemple de LA réalité supra sensible. 

La Religion

Et puis il y a les religieux qui veulent disposer leur savoir "soft" sur une réalité tangible, le boddhistava n'étant qu'un ingénieur cervical que l'on doit embaucher et révérer: il gère un état de conscience et seules les invocations de la tradition bouddhique sont capables d'activer les bons circuits. Ainsi, pour obtenir les "bons" résultats, il faut faire passer les "bonnes" significations, seule la gratuité de la révélation, telle que "comprise" par le méditant pouvant effectivement activer le bon (et véritable) circuit. En relation avec la difficulté de la mise en évidence, on aurait ainsi là une objectivation de la sincérité qui pourrait intéresser certains hiérarques ecclésiastiques. 

On aurait ainsi un ré-arrimage: dans un monde sécularisé et technicisé à la recherche de valeurs, un retour objectivé du religieux et de sa culture éthique socialisée pourrait utiliser une sorte de "détecteur de mensonge" comme support à la confession, son opérateur pouvant acquérir un véritable rôle social utile. Une sorte de réintégration du religieux dans le social pouvant ainsi démarrer une sorte de nouvelle civilisation. 

Évidemment, la chose pourrait aussi dégénérer complètement, le bénéfice de l'état de conscience objectivé pouvant de manière définitive être sécularisé, c'est-à-dire perdre toute référence culturelle et se résumer à son utilité. Une pratique hygiéniste se substituerait aux grandes réflexions sur les grandes questions et ce yoga là ne serait pas très différent de l'autre. Une technique, donc, et il faut payer son prof. Dans le monde déculturé qui est le nôtre (3), cela nous pend au nez. 

Car ce qui relie pratique socialisée, donc technique, et culture est maintenant un lien très lâche: le culturel disparait complètement, au profit de procédures multiples encadrées par des normes en constante multiplication. 

C'est la thèse d'Olivier Roy (3), qui décrit la sécularisation, par exemple de l'islam comme expliquant le djihadisme! Une séparation radicale des cultures religieuses locales (culte des saints, vieux cultes) au nom d'une obsession toute technique du licite et de l'illicite, bref ce qui est le propre du salafisme en fait "modernisateur". L'apothéose étant l'interdiction en Arabie Saoudite de la célébration de la naissance du prophète qui accompagne l'autorisation de fêter Halloween... 

On note le côté multiculturel du "casque de Dieu," activé par un mystique originaire de n'importe quelle religion: le chaman et le soufi ont le même cerveau et leurs grimaces culturellement distinctes activent les mêmes tissus encéphaliques. Le multiculturel devient alors une déculturation universelle, toutes les sécularisations technicisées abolissant alors leurs origines. 

Connaissant l'importance du religieux dans ce qui définit les identités et les origines, les structures sociales originelles, porteuses des distinctions dans l'humanité, seraient ainsi également détruites. Un rêve d'athée.

Revenons à la religion obligatoire testable: on a là un contrôle social "in silico" tout à fait désirable, propre à vérifier avec précision toute déviation des attitudes vitales et sociales nécessaires. Le rêve scientologue, aussi. 

On notera bien la disparition des "récits" soutiens traditionnels de la bonne activité cervicale: comme ils jouaient le rôle de contexte implicite à tous les comportements, ils étaient des "techniques" de mémorisation socialisées propre à solidifier le collectif. Disparus ou rendus inutiles, ils doivent être remplacés par quelque chose, ne serait que pour soutenir linguistiquement la nouvelle pratique: un flot formidable de directives, normes et principes devra donc remplacer toutes ces cultures-là, remplacées toutes d'un coup. 

L'Humanité

Une fois toutes ces belles "applications" mises de côté, on pourra gloser aussi avec des considérations générales sur l'humanité. Car avant de distinguer ces belles structures biologiques, et vouloir les faire activer mesurablement, il faut d'abord bien admettre que les animaux semblent en être dépourvus, à moins qu'ils ne soient malhabiles à les déclencher; bref se pose la question de l'hominisation et de la belle (et vraisemblable ) théorie qui voudrait que ce soit précisément le religieux qui provoqua l'évènement (ou les évènements) qui firent d'un singe ce que nous sommes. 

Se tripotant le mental (les singes se masturbent) certains primates auraient ainsi accédé via la mystique à l'humanité, le grand problème de l'humanisation étant ainsi abordé concrètement et se traduisant par un orage cervical faisant de l'homme initial, un religieux, en fait un super singe, acharné à convertir. Le passage du hard au soft ainsi décrit est en fait assez merveilleux, et on se prend à rêver à la bifurcation, quand l'ajout, ou l'irrigation spéciale d'une carte graphique nouvelle fera nos robots se prosterner. 

(1) https://metaxu.org/2023/02/17/neurotheologie-a-la-recherche-du-point-god/

(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Persinger

(3) https://www.nonfiction.fr/article-11636-le-crepuscule-des-cultures-selon-olivier-roy.htm

Les commentaires sont fermés.