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égalité, liberté ou les deux.

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On s'est intéressé à Ronald Dworkin (1) 

Un théoricien du libéralisme, qui le fait tenir par l'égalité. Mais d'abord quelques remarques profondes, qui mettent bien les choses au clair. D'abord on doit bien distinguer libéralisme d'utilitarisme. L'utilitarisme avec ses optimums globaux peut écraser l'individu. Or celui ci a des droits irréductibles et la première grande prise de position est celle là: le droit prime sur la politique. C'est le fondement libéral: le droit individuel humain est contre l'état. 

La claire conscience de ce principe est pour moi le fondement d'un adhésion à une politique "générale", la conception du monde qui fixe les règles que doivent suivre les gouvernements et les nations. 

C'est là que Dworkin présente sa thèse: le fondement de ce droit libéral est l'égalité et non pas la liberté. 

Opposant libertariens (ennemis de l'égalité) et égalitaristes (ennemis de la liberté), il démontre que l'individualisme est basé en fait sur l'égalité. Les modalités de la démonstration sont à voir, et restent pour moi mystérieuses, mais c'est le point. 

De plus c'est le libéralisme économique qui doit aussi être basé sur l'égalité. Dépassant l'aporie du problème de l'allocation des resources en fonctions des préférences, il démontre que c'est bien le marché libre qui remplit le mieux le critère d'égalité globale dans l'attribution des biens, chacun ayant selon ses besoins dans les limites de ses moyens. Cela pourvu que les resources initiales soient à peu prés égales. Le marché est ainsi fondé moralement. 

Dworkin est donc l'introducteur d'un impôt sur les successions; et la question est d'importance. Au passage, en rendant unique le principe d'égalité, il dissout l'équilibrage entre efficacité et égalité, au risque de perdre un ressort de rappel bien utile. 

Au passage il classifie et critique. Ainsi, le libéral s'oppose au conservateur sur un certain nombre de points. D'abord le mérite, qui s'oppose à l'égalité libérale, ensuite la charité, qui s'oppose à la redistribution, ensuite la limitation du pouvoir, pour éviter son appropriation par le manque de talent plutôt que par le désir de rompre l'égalité. 

Il fonde ainsi un approche morale du libéralisme qui n'est pas celle du conservatisme, morale exclusive des valeurs, ni celle de l'utilitarisme, morale de l'efficacité. 

Sa description de la communauté politique, qui n'est pas basée sur un contrat mais sur une communauté égalitaire, celle où se déploie cette égalité là, ce qui est le seul moyen d'assurer la légitimité du pouvoir politique. Nous voilà à la foi proche de ma notion de la Nation, mais ne serait ce pas aussi  proche de la notion communautariste de la communauté? Non en fait, l'égalité rassemble au sens communautaire mais au delà des identités locales. 

Mais il y a bien pire: pour Dworkin, qui refuserait la pluralité des valeurs (vous savez ce concept de Isaiah Berlin qui autorise bonne soeur et mère de famille), car pour lui, les concepts moraux et politiques font l'objet d'une interprétation globale. Ce qui fait que, et c'est la deuxième grande thèse de Dwokin, qu'il est possible d'émettre des jugements de valeurs moraux "objectifs". 

 

Revenons à cette idée de liberté déduite de celle d'égalité. La démonstration en est complexe parait il, et ressort de cette nécessité d'un Etat d'imposer à la "licence" les nécessités des sens interdits, et pour cela d'attribuer à tous une attention et un respect égal. Cette égalité là EST l'égalité principielle originelle, et constitue la formulation du principe du droit. La liberté est l'égale protection accordée par l'Etat. 

Bien sur, cette conception est inacceptable, et ce qui a pu en être tiré (mariage pour tous, euthanasie et bien sur discrimination positive) représente le parangon du progressisme dont le monsieur est un grand théoricien, mais on n'imaginait pas à quel point: voilà donc la théorie qu'elle est belle. 

La critique, pour ce qui me concerne porte non pas sur la prééminence de l'égalité, mais de celle de l'Etat. Il n'y a pas de liberté sans sa puissance, seule habilité à la défendre, et donc de manière égale. L'état est donc seul fondé à défendre la liberté... Un tel abandon à l'essentiel maternisant, niant jusqu'au concept même d'indépendance par rapport à la norme est saisissant. 

La formulation originelle va donc au delà de la position originelle de Rawls à qui il dénie la possibilité même du contrat: le droit à l'égalité précède le débat. 

 

 

 

(1) https://www.cairn.info/revue-cites-2001-1-page-208.htm

(2) https://laviedesidees.fr/Ronald-Dworkin-ou-le-roman-du-droit.html

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