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  • Il se fait appeler Arthur

    Arthur Shopenhauer est un personnage fascinant, "vaniteux jusqu'à la folie" d'après Rosset. Il fait de la musique l'art suprême et il a raison, il est tout avant tout le monde, hippie indhouiste grande gueule qui insulte à qui mieux mieux tout ce qui dépasse. Mais il se trouve d'abord l'anti Kant par excellence et cela sur la question la plus importante, celle de la liberté. 

    Le Rosset

    On commencera par lire le S. de Rosset, qui en fait un philosophe de l'absurde, mais surtout comme le précurseur inconscient de la philosophie de la "généalogie", principale marque de Nietzsche et de tous ceux qui l'accompagnèrent dans sa pholie, en gros tout le XXème siècle qui suivit Marx, Freud etc.

    Arthur commence par nier la causalité en général, puis introduit la volonté comme seul concept indépendant de tout phénomène. Volonté comme vouloir (Wille), inconscient, instinctif, inconnaissable: la "chose en soi" elle même et tout est là. On a de plus la soumission de l'intellect à cette volonté, ce qui est la vraie signification du généalogisme futur, que par ailleurs Arthur ne formalise pas. Rosset l'explique par la volonté d'Arthur de faire du monde un absurde global en en décrivant l'essence: l'absurde vouloir. 

    La critique de Kant

    La volonté d'Arthur est une chose en soi, et à ce titre renverse Kant: étant l'opposée de la liberté cela ruine directement l'autonomie non intelligible et inconnaissable de la liberté de Kant (1).

     

    Et pourtant 

    Arthur est pourtant un admirateur caractérisé du Königsbergeois: il lui reconnait ainsi à raison "l'immortel mérite d'avoir donné le coup de grâce au théisme philosophique", mieux, il compare sa lecture à une opération de la cataracte qui nécessite les lunettes d'Arthur non mettables sans ! En cela et bien il a totalement raison.

    Le Droit

    Un point de clivage monumental est aussi le droit. "Pour moi, le concept de droit relève de la morale" dit Arthur.  Alors que Kant entend séparer radicalement le droit de l'éthique.  

     

    Le reste

    Arthur reste un lascar de première. Sa forfanterie, réjouissante et hardie lui fait théoriser la pédérastie, encouragée par la volonté de l'espèce pour éviter de faire les enfants faiblards qu'engendrent les jeunes et les vieux... Il en plaisante, même, de sa théorie foireuse !

     

    La musique

    Mais bien, sur la spécialité d'Arthur, c'est la musique. La chose qui continuerait d'exister si l'univers n'existait pas... 

    La théorie est en fait assez complexe (MVR 52). En gros, l'art ordinaire imite les idées, alors que la musique imite la volonté, comme les idées elle même. On en revient en fait à ce qu'Arthur pense des idées: elles sont l'objectivation de la volonté, et ainsi une forme de représentation de celle ci, mais AVANT la multiplication des individus. 

    C'est pour cela que l'art est dans l'unique: il est recherche de l'idée. Au passage le caractère non multiple de l'idée vaut même si il n'y a qu'un seul objet qui lui correspond... 

     

    La Morale       

    On parlera ici de la morale Kantienne...

    C'est l'intention: n'est moral que ce qui veut l'être avec l'intention de respecter une loi. Il y a ainsi doublement: on a l'intention et aussi l'intention de respecter une injonction particulière à faire ... le bien.

    La chose se transforme en "impératif catégorique": le bien se définit comme le respect d'une maxime qui a vocation à avoir une portée universelle.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    (1) https://philitt.fr/2012/10/28/schopenhauer-critique-de-la-morale-kantienne/

  • Les critiques

    Kritik der reinen Vernunft s'est attiré de nombreuses critiques. Un certain nombre d'entre elles sont débiles, comme par exemple sur la page noire de Kant (on va parler de la gestapo d'Onfray) l'affligeant (1): 

     "J'ai donc dû supprimer le savoir pour lui substituer la croyance." Slogan typique du complot kantien contre la raison? Ou bien expulsion définitive de la preuve ontologique de la philosophie ? Comment savoir ? Qui sait ? Qu'est ce que la vérité ? 

    La connerie des critiques ne peut donc qu'éberluer, alors, éberluons nous ! 

     

    Le noumène

    Le noumène serait contradictoire. Schopenhauer le dit et il y a plusieurs variantes de l'argument, dont l'un affirmé par Luc Ferry lui même ! 

    En gros, la réalité du noumène ne pouvant être pensée que, et c'est Kant qui le dit, par l'entendement subjectif, elle est contradictoire. 

    A plusieurs reprises, Kant affirme la différence entre connaitre et penser, la chose portant précisément sur l'appréhension de la chose en soi, pensable mais pas connaissable. Toute la critique expose la barrière infranchissable entre les deux mondes, qui permet précisément de lever la contradiction fondamentale de la métaphysique, et qui est de penser pouvoir raisonner par une opération intérieure à l'esprit sur la réalité d'un objet extérieur à l'esprit. L'essence même de la critique porte sur cette question. La transformer (qui plus est victorieusement) en contradiction fondamentale est la marque de la plus parfaite incompréhension ou de la plus parfaite connerie. Dans le cas de Luc Ferry, la deuxième hypothèse me parait à favoriser. 

    La porte de derrière

    Nietzsche qualifiait ainsi la philosophie de Kant (il voulait dire sans doute "enculé"). La mise de la croyance dans la pensée et aussi l'expulsion des petites simagrées divino exotiques du raisonnable avait mis colère le futur fou. On le comprend.

    Le yaourt renversé

    La critique dit de ce nom là (c'est ma tradition à moi) consiste à moquer le vieux boche qui se ventait d'avoir fait une révolution copernicienne. L'image du retournement de situation ne pourrait s'appliquer ici, car c'est l'homme qui se retrouve avec Kant au centre... Qu'importe la figure, du moment que le yaourt est par terre. Les adeptes de Freud, Marx et ... de Copernic sont ainsi tourneboulés. Que l'intelligence humaine puisse se dévoyer au point de publier de telles bavasseries ivrognes est fascinant. Merci à toi, manu d'être venu nous visiter: nous en avions besoin.

    C'est la critique de Russel: une "contre révolution ptolémaïque". 

    Le temps

    Il est plaisant de voir tous ces gens vouloir réfléchir avec profondeur sur le fameux concept, en ignorant que la chose, parfaitement conventionnelle n'existe pas... Parfaitement modélisable sans cette fonction là, le monde n'en a cure, et la chose étant évidemment connectable et déduite du changement de valeur des attributs des parties du monde, celui réduit à de l'espace noué décidant de l'immobilité ou non. Ce n'est pas moi qui parle, c'est Einstein, et pour l'instant on ne l'a pas contredit. A partir de là, il m'est parfaitement loisible de caractériser mon intuition, en moi, et sans aucun rapport avec le réel tel qu'il se modélise, d'ailleurs avec mon entendement même, et qui inclut le temps comme catégorie fondamentale, responsable entre autre de mes connaissances sur la succession des nombres entiers. Intuition à priori, parfaitement décrite par le vieux branleur boche qui vous encule tous (je m'égare mais me comprend). 

    En gros, il semblerait bien que vouloir remettre en cause la structure de la raison pure telle que décrite par Kant, au nom de la révolution scientifique du XXème siècle, soit un hors sujet complet. La relativité du temps tel que modélisée par les théories d'Einstein n'a strictement aucune conséquence sur la notion de temps décrite et utilisée par Kant, et qui fait évidemment partie de ce qui est nécessaire pour comprendre, voire imaginer les productions d'Einstein. Quand est il du temps de Rovelli, qui n'existe pas ? Ou de celui de Leo Ferré ? Ils rendent Kant caduque ? 

    Qui regarde sa montre bizarrement après avoir lu de la relativité? Kador ?  Bref, l'éberluement stupide et moutonnier des crétins qui continuent par ailleurs de penser qu'il y a quelque chose dans la clairière de Heil de guerre me font profondément chier. 

    Plus sérieusement: le paradoxe évoqué par Etienne Klein par exemple, et qui est que le temps ne peut être à la fois un objet d'étude et une condition de l'intuition est une naïveté. La conception kantienne du temps est en effet une condition de l'exercice de TOUT raisonnement par rapport à TOUTE réalité extérieure, y compris donc une matérialisation du temps dans un cadre de la théorie physique. Cette tentative de tourner Kant dans l'essence même de la profondeur de sa position est ainsi naïve, et ressort de ce que je disais: l'incompréhension complète de ce qu'il veut dire.

    Il faut bien voir aussi que cette question du temps est considérée comme fondamentale: on parle de la "subjectivation" du temps par Kant. L'ambiguité mentionnée par Klein est au coeur de l'incompréhension: il y a le temps de Kant et le temps "réel" qui sont confondus dans l'esprit des critiques. Comment ne peuvent ils pas être distinct pour le vieux boche, tout de même pas complètement crétin ? Celui ci se tue pourtant à distinguer le temps "phénoménal" (il nie l'existence réelle (comme chose en soi) et aussi l'existence phénoménale, du temps). Cette confusion a d'ailleurs une autre forme, encore plus stupide: comment le temps existait il avant que l'homme n'apparaisse sur terre? Encore une fois, le temps est, -pour nous- condition de perception. Avant nous, et avant toute perception, il n'y a que des phénomènes inscriptibles comme ils le souhaitent sur le sable des plages désertes, et des choses en soi, de toutes façons, inconnaissables. 

    Bref, Etienne Klein, qui n'a manifestement pas plagié Kant, a manifestement plagié le plat d'huitres qu'il s'est tapé avec l'argent qu'il a escroqué. 

    "Le temps NESTPAS un concept empirique qui vient d'une expérience quelconque". Capito pepito?

     

    McTaggart

    Il prouve lui que le temps n'existe pas en utilisant une preuve métaphysique particulièrement tordue. En gros, on ne peut considérer le temps qu'à condition de le voir comme la juxtaposition du passé, du présent et du futur (la fameuse série "A"). L'alternative "mathématique" qui serait de le voir que comme une notion relative d'antériorité, de simultanéité, et de postérorité (et oui le futur est derrière nous) n'étant pas tenable car n'incluant pas la notion de changement. A partir de là, on a une régression à l'infini, car sinon on ne peut expliquer comment un évènement n'est pas ALAFOIS présent, passé et à venir sans utiliser une notion du temps... Donc le temps n'existe pas.  

     Coluche

    "C’est des mecs qui disent des trucs qu’on comprend pas a propos de trucs qu’ils ne comprennent pas pour nous faire croire qu’ils les comprennent ....vous comprenez ?"

    Cette magnifique définition de la métaphysique donne raison à Kant sur toute la ligne. Capito? 

     

    Hegel

    On a lu (3).

    Hegel est un ennemi "absolu" de Kant. D'abord il nie le "concept" de chose en soi (qui n'en est pas un d'ailleurs, on le comprends...), car les pensées sur les choses sont l'"en soi" des choses, ça tombe bien: les qualités sont dans l'objet. On ne saurait être moins kantien. 

    Mieux: la chose en soi illustre le refus de Kant de connaitre la vérité qu'il craint, et il n'est qu'un idéaliste timide et subjectif. 

    Bien sur on revient sur le refus de la preuve ontologique, et on va même jusqu'à identifier foi (la science immédiate) et indivisibilité entre l'être de Dieu et sa pensée... 

    On avait donc bien compris l'importance de la démarcation, et son aspect insupportable pour tout ce qui compte dans les milieux fidéistes et spirituels... 

    Néanmoins, la caractérisation de la position de Hegel comme affirmant les besoins de l'Esprit de s'affranchir de toute limites est sans doute le fond de son "envie".  

    Lebrun 

    Un lecteur de Kant contemporain qui étudia Kant ET Hegel nous la fait subtil et c'est sans doute la critique des critiques la plus "chrétienne": Kant se bat contre Hume et donc lui cède sur tout sauf. C'est là le point: Kant veut en fait rendre possible la métaphysique et déterminer ce qui reste accessible après nettoyage, et donc rendre le supra sensible pensable, malgré tout. Mieux, la rationalité du monde, c'est à dire l'adhésion de la nature aux formes à priori doit être garantie par quelque chose, n'est ce pas?  Et on retrouve alors la théologie, ce qu'il aurait voulu démontrer. 

    Lebrun va jusqu'à faire dire (après l'avoir lu) à Hegel que celui ci est reconnaissant à Kant de cette démarche, et va jusqu'à ne lui reprocher en fait que de ne pas avoir localisé la limite dans les concepts même... 

    Lénine

    Il aurait dit: "On dit que la raison a ses limites. Dans cette affirmation réside l’inconscience de ce que, par cela même qu’on détermine quelque chose comme borne, on opère déjà son dépassement.  "

    Bien vu, mais pas kantien pour autant... 

    Hermann Cohen et les Néo kantiens

    Noumènes et chose en soi. Le noumène est pensé est donc interne à la critique, alors que la chose en soi est véritablement extérieure. Disons qu'en gros, l'apriori de la connaissance donne à l'objet de l'expérience une réalité objective... 

    Cohen fonde l'école de Marbourg, ennemie radicale de la phénoménologie, d'après H. qui y fut, c'est un comble, professeur. Il y coucha même avec Arendt ! 

    Et puis il y a la fameuse controverse de Davos avec Cassirer en 1929. Il y fut discuté "Kant et le problème de la métaphysique"... L'interprétation de Kant faite par H. revient en gros à dire de Kant, que dans la dialectique dentale, met en lumière que du fait de la vacuité du discours, on ne peut comprendre vraiment l'être et que donc tatata. Kant annonciateur du berger, voila le "premier" Heidegger ! Bien sur il y eut un deuxième H. celui là féroce: Kant n'est qu'un métaphysicien de l'oubli de l'être etc etc... 

    Au sujet de Davos, Cassirer se fit balayer par les jeunots (4). "Heidegger veut il renoncer  à l'objectivité ?". Rosenzweig, malade, il mourut cette année là, prit parti pour H. en lisant les journaux: l'objet G était du coté du nazi, et donc... Cassirer était juif, se fait menacer par H., et meurt en avril 45 aux US. Il avait quitté l'Allemagne en 33. 

    Au coeur de la polémique proprement philolosophique, la question du shématisme. 

     

    Au passage, Hermann Cohen, antisioniste, et mort en 1918, voyait le judaïsme comme religion universelle, apte à préparer le messianisme. On a là l'antinationalisme qui fut considéré comme si menaçant par les intellos allemands d'avant la grande catastrophe. 

    Cohen en fit une "interprétation" de Kant, en fait dans la "théorie Kantienne de l'expérience", il veut rompre avec tout psychologisme et affirmer le caractère métaphysique des apriori de la raison pure. 

    Et puis il y a cette question des deux sources de la connaissance l'entendement ET la sensibilité dont l'origine commune resterait selon Kant inconnue. 

     

    La lecture Fichtéenne de Kant

    On a là l'"idéalisme subjectif", ce qui est autre chose. En gros, Fichte se fiche de nous et conçoit et pense l'action de l'"Absolu", la chose en soi dont il ne peut se passer, tout en bien sur se réclamant le plus fidèle des fidèles de Kant. Un lascar, fondateur de l'idéalisme Allemand, le vrai, le gras. Qu'on puisse associer à Kant ces lamentables décadences m'a toujours fait hurler. 

     Et puis, Schopenhauer. 

    C'est bien sur Arthur qui défonce Königsberg avec le plus d'énergie. Précisément sur la question de la liberté, et on se trouve plongé dans le drame du XIXème siècle, qui nous donnera d'après Rosset, la généalogie et puis l'absurde, mais c'est une autre histoire. 

    Le positivisme

    Il y a bien sur la grande découverte que  Compte pompa Kant (ça sonne) et que le positivisme adepte de la distinction phénomène noumène est issu du criticisme. Pas tout à fait cependant, car le positivisme croit pouvoir tout de même décrire la réalité même (et non pas l'expliquer), et considère les lois comme des régularités pas comme les descriptions de causes.

    Mieux, Durkheim qui voulait arbitrer entre les deux grandes traditions, restées séparées, répondit à sa manière à l'aporie de la correspondance entre raison et monde sensible. Et bien c'est grâce à la société! Issue de la nature, elle commande et fait naitre la raison partagée entre représentations individuelles et sociétales. Cette intuition explique bien des théories en France... 

    A l'origine

    Mais il y a Hume lui même. Celui qui tira Kant de son "sommeil dogmatique". 

    En niant à raison que la notion de cause soit déductible de l'expérience, il pousse à la considérer comme à priori et synthétique, comme exemple même de ce qu'il nie, et que Kant justifie. 

     

    (1) http://www.willeime.com/noire-kant.htm un rationaliste éberluant

    (2) http://www.philopsis.fr/IMG/pdf/temps-kant-node-langlois.pdf

    (3) http://digression.forum-actif.net/t303-hegel-critique-de-kant

    (4) https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1969_num_67_96_5514

  • LA critique

    L'édition de Kador... 

     

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  • Les chrétiens

    Il fallait que je la fasse, celle là, mais le jeu de mot est ancien. 

    Que reste-t-il de la grande religion qui révolta Luther? Une marseillaise jouée sur les grande orgues, à Notre Dame un jour d'attentat ?

    On avait parlé de la ruine et la disparition de tout sentiment esthétique lié au symbolique en général. Il est bien entendu tout à fait certain que le religieux occidental a totalement rompu et depuis longtemps avec toute prétention sur ces sujets. Messes sentencieuses efféminées en langue vernaculaire, chants d'inspirations locales à l'imitation des touchantes chorégraphies africaines, invention de nouveaux rites à base de bougies, partout l'effrayant vide laissé la disparition soudaine (en un siècle) de deux mille ans de liturgies, fait horreur. 

    Le catholique, mais aussi le protestant, il ne faut pas se leurrer, le problème n'était pas là (en fait), disparait et a en fait déjà disparu. Pour confirmer mon racisme je dirais que le symptôme le plus éclatant en est la présence de prêtres africains à la manoeuvre dans les paroisses parisiennes. La crise des vocations dans le peuple chrétien, logiquement en charge d'engendrer au moins un curé de temps en temps, est tel qu'on n'en trouve même plus pour officier sous les voutes gothiques ou baroques des plus belles églises de France. Le culte, devenu impossible, nécessite une immigration de peuplement, heureusement stérile, je rigole.  

    Cette disparition visible et effective de toute pratique régulière, de tout véritable attachement populaire s'accompagne naturellement de scories variées et les enquêtes d'opinion (1) matérialisent la chose, mais cela ne change rien à l'affaire. 25 % des français seraient "engagés" (ce sont "les" catholiques) et 7 % d'entre eux pratiquent cela fait 1,8 % de la population. 

    Un gros clivage chez les catholiques: les migrants. A peu près à la moitié, on veut les accueillir tous, ce n'est pas mal. Sinon, on a quand même la moitié des cathos, à droite et au centre, réduits au mariage/baptême. 

    Au delà des différentes conceptions locales de son christianisme, il faut comprendre la nature de cette religion là, ce dont elle est porteuse, et ce qu'elle pourrait devenir. 

    D'abord, il faut comprendre et on sautera directement sur le train, que ce n'est pas à proprement parler une religion. Apparue relativement tardivement, l'Eglise n'est PAS celle du Christ historique, personnage mal connu dont les successeurs immédiats ont élaboré pendant un à deux siècles des pensées et conceptions variées totalement révolutionnaires pour leur époque et promises à un avenir considérable, mais sans fonder ni religion ni église. 

    On pourrait y inclure la gnose, mais le dieu inconnu gnostique, même porteur par son originalité du renouveau chrétien quand à la conception du divin, reste trop solitaire, trop je m'en foutiste pour correspondre à ce qu'est le dieu chrétien, porteur de toute éternité de son fils, c'est à dire d'une communication effective avec l'humanité. Car c'est là son originalité profonde, parfaitement paradoxale: le divin chrétien est humain et sur terre, à rebours complet des sécularisations sacrificielles. Jamais en fait, sauf chez les chamans les plus furieux, la présence divine n'a été aussi effective: incarnée et même, c'est un comble, mise à mort. Telle qu'il sort de la période gnostique, le très élaboré échafaudage chrétien, se dote finalement d'une théorie géniale incompréhensible, la trinité, mais aussi d'un clergé emperruqué à l'hébraïque, c'est à dire à l'égyptienne tradi, voir le chapeau des évêques, et pour finir prend l'empire. "Catholicos" veut dire "universel".

    Il est évidemment déjà trop tard, et la dissolution d'un ensemble qui s'écroule sous le poids des barbares à l'ouest semble sonner la fin de tout, en fait la création d'un monde de nations qui se déchirent 1500 ans. Bien sur il y eut Byzance, mais tout de même sur les mille ans de rab, quatr cents furent de la pure fiction, cadeau des mongols...  

    Car l'esprit des ethnies qui déferlent n'est pas impérial, en tout cas pas assez pour nous éviter la France, l'Angleterre et l'Espagne, sans parler à l'Est la Russie. Le Germanique empire, un temps géré par la trop molle Autriche, nous a finalement pété à la gueule récemment (1914-1945), et ce n'est pas peu de dire que la reconstitution carolingienne de la très fascinante Rome nous a couté très cher. Catholicos ? Oui mais pas en Europe.

    Inutile de gloser sur la tentative actuelle, qui faute de logique a déjà commencé à se ridiculiser, et pincez moi je rêve, a surtout profité à la partie germanique, on se demande pourquoi. La main broyée par Macron, la chancelière se soumet entièrement à lui, je rigole.

    La situation actuelle est donc une nouvelle fois à l'ère moderne, mais dans une configuration particulière, à une dissolution des nations fauteuses de guerre. Qu'en disent les chrétiens ? Ils s'en réjouissent. 

    Il y eut pourtant un certain temps identification du religieux au patriotique. Le moyen âge gallican (assez tôt en fait) fit de la foi un vecteur nationaliste, cela faisait combattre mieux. Malgré cela, le féodalisme barbare respectueux des coutumes, mais oublieux violent des principes fut à la fois très chrétien mais peu catholique à moins que ce ne soit l'inverse. Il ne se racheta pas avec l'échec des croisades qui consacra les rivalités entre puissances et l'échec absolu du projet politique chrétien de fraternité universelle, hélas. La construction des états européens à la fin du moyen âge acheva ce qui est l'histoire vraie du monde. 

    Il est ainsi paradoxal de voir que la conception d'humanité fraternelle, rangée sous les mêmes lois divines incarnées idéales, conçues sous l'empire à son apogée à l'époque où l'on croyait pouvoir tout dissoudre, aboutit dans un premier temps à la fragilisation universaliste d'un ensemble pluri-ethnique qui se lézardait, puis fut un instrument de récupération nationaliste du pouvoir de Dieu sur des ensembles de peuples soumis. Un échec, un échec absolu.

    Tout ça pour dire que l'apport proprement chrétien sur cette question doit être considéré historiquement comme nul, voire nuisible. On ne peut que se réjouir en fait de la relégation d'un religieux (qui par ailleurs se différenciait de ce point de vue du message originel, en fait d'une autre nature) à l'extérieur du vrai pouvoir par la sagesse barbare. Ecco avait souligné la capacité du moyen âge à séparer radicalement idéal chrétien et réalité violente de l'époque et à en tirer, et oui, une conception de la liberté particulière, source des évolutions ultérieures. 

    Il nous faut donc renoncer à attribuer au christianisme et à ses concepts une quelconque valeur politique, sociale ou humanitaire et c'est là où je veux en venir. L'être chrétien s'il était là, serait responsable ou contemporain de tant de malheurs inouïs que sa mauvaise presse devrait être infinie. Visionnaires furent les tortionnaires des martyres ! Quel malheur pour l'humanité qu'ils n'aient pas réussi à décourager cette infâme lèpre! Vite des lions et des taureaux, nous avons les blandines ! 

    Renoncer définitivement, car en fait le christianisme, et ses succès, et sa valeur ne sont pas là. Tout simplement. Ignorée par la tradition qui se sentait coupable et se contentait hypocritement et en silence de perpétuer les dominations traditionnelles en hochant la tête, et bien sur ignoré par les petites tentatives récentes de restaurer des évangélismes authentiques en remplaçant l'obligation de la messe par celui de l'accueil des migrants, le fait chrétien reste donc ce que nous en laisse le passé, un mystère, mais pas que. 

    Car il y a des pistes. De mon (humble) point de vue, je dirais qu'il se manifeste essentiellement par un sentiment de détachement absolu à l'égard de tout ce que les hommes considèrent important et qui ne l'est pas en réalité. Rites, vanités, vies, morts, il n'y a rien qui ne s'arrête à un quelconque sacré, à un quelconque respect, sachant que l'irrémédiable profanation a été accomplie, et une fois pour toutes. L'essentiel est la liberté absolue donnée aux hommes, ce qu'on appelle le "salut", de faire ce qu'il veulent en se respectant (on parle métaphoriquement d'"amour") mutuellement. Là est la libération totale, qui inclut, pour une raison métaphorique mystérieuse, la mort elle même, celle ci, comme obsession et unique image du futur étant défaite elle aussi et c'est Dieu lui même qui le prouve.  

    Et ce n'est pas le libérateur sauveur des hommes qui va leur dire ou leur faire dire ce qu'ils doivent penser ou dire: démerdez vous mais vous êtes tous pareils, voilà le message ! 

    A partir de là, on peut imaginer, voire concevoir, l'impensable: la libération de l'objet G lui même et de toutes les nécessités qu'on voudrait lui voir associer. Dieu est mort, merci petit Jésus! 

    On pourrait alors rebondir sur les nations, identifiées aux "ethnos", "goyim", "gentils" et autre terme méprisant pour désigner au pluriel les autres, et bien pourrions nous y trouver un sens universel, précisément ? Libéré pour toujours du fallacieux prétexte de faire un royaume, ce dont se foutait complètement le christianisme originel, persuadé d'une parousie immédiate, on pourrait alors tous autant que nous sommes nous organiser ensemble, non pas "tous", mais tous regroupés suivant nos gouts, sachant que l'universel ne peut être que parousique et sera le point final auquel aboutiront les nations enfin toutes chrétiennes, précisément. 

    Surtout que l'on prêcha aux "nations" et que Paul fut leur apôtre: la chrétienté organisa donc la défaite de l'Empire au nom des nations et cela explique bien des choses. Chacune d'entre elle, sans se convertir à un nouveau judaïsme, pouvait se sauver en restant non circoncise, préservée dans son être mais convertie à l'essentiel. 

    Cette structure mathématique de la fin du monde, en l'occurrence réalisée quand tous les sous-ensembles (dont on vient de prouver l'existence) seront "ok", préexiste au monde à l'évidence et ne peut sans disparaitre ne pas se préserver individuellement. Le nationalisme du chrétien est donc un devoir: il se doit de protéger les embryons de perfection contre les méchants, et les laisser au diable est grand péché.

    Inventeur de cette évidence, le barbare récemment converti que je suis sait bien d'où il vient et la vraie nature de l'effroyable envie de ceux qui ne le sont pas encore (convertis). Il sera donc d'autant plus cruel, ce qu'il doit préserver est plus qu'une civilisation: une fin du monde acceptable, infiniment plus que tous les ragnarök que nous amènent les barbaries dont on sait bien (on les a rejetées soi même) qu'elles ne valent rien. 

    (1) http://www.pelerin.com/A-la-une/Qui-sont-vraiment-les-catholiques