Les autres négociations
On avait en (1) évoqué des négociations. Nous y sommes, et bien que Poutine ne soit pas venu à Istambul aujourd'hui (imaginer qu'il y vienne était un songe ceux débile de commentateur européen taré), des discussions vont donc commencer dont hélas on peut être sûr maintenant qu'elle n'aboutiront en rien à ce que j'évoquais naïvement auparavant...
Il se pourrait que j'ai tort, et tort de ne pas attendre un peu avant de tirer les conclusions de la chose, mais je crois que tout est maintenant décidé. La Russie ira au bout, avec ou sans le retrait américain, qui ne fera que réduire le bain de sang et qui n'est pas encore exclu. Et il n'y aura pas d'accord, hors l'accord final qui entérinera la victoire russe.
Au passage on notera la quadruple humiliation et ridicule subie par la France de Macron et ses copains de beuverie, incluant le clown en barboteuse: ils exigèrent un cessez-le-feu à la Russie en se conformant aux désirs de Trump, à rebours de leur volonté longtemps affirmée d'empêcher que la Russie épuisée reconstitue ses forces pour mieux lui infliger une "défaite stratégique". On ne leur répond rien sinon une proposition pour qu'ils reviennent sur leur décision de ne plus négocier en 2022. Proposition envoyée à l'Ukraine seule, car décrédibilisés par les accords reconnus bidons de Minsk, les européens ne peuvent plus servir à rien. De plus, l'ultimatum tout aussi bidon des européens, gagé sur des sanctions ultimes impossibles à appliquer (on ne peut tout simplement pas se passer des 25% de son alimentation en pétrole assuré actuellement par la Russie) n'a aucun sens, et le silence méprisant qu'on lui accorde entérine l'inanité ridicule de la menace. Ridicule accentué par les rires, embrassades, plaisanteries et autres papouilles partagées par des dirigeants européens qui consacrent leur honte, et la nôtre.
Entre Trump et Poutine
Pour finir, il faut bien comprendre et cela est dit, que l'affaire se joue directement entre Trump et Poutine et même indépendamment des émissaires (Kellog et Witkoff) en tout cas de leurs baroques propositions qui ne sont que de véritables leurres à journalistes et à opinions trompées qu'on cherche à manipuler. Les enjeux effectifs sont déjà au-delà de l'Ukraine, tournés vers la considération de la Chine. Ce dont on est sûr est que Poutine 1) veut la démilitarisation, soit la destruction de l'armée ukrainienne de gré ou de force 2) n'a aucune confiance en l'Occident global, Trump compris.
La délégation ukrainienne finalement arrivée à Istanbul aura à faire face à des vice ministres (même Lavrov n'a pas jugé nécessaire de se déplacer) pour discuter de ce qu'ils se refusent à faire et qui n'a pas changé: démilitarisation, dénazification, neutralisation, acceptation du démembrement.
On aurait pu rêver à des "paiements" par la Russie, sous la forme de cession plus ou moins gratuite d'énergie, électrique ou gazière à ce qui resterait de l'Ukraine démembrée et neutralisée, on aurait pu rêver à une façade maritime sur la mer Noire laissée à une Ukraine démilitarisée. C'est fini. Poutine aura tout et attendra la désintégration complète d'une Europe liquéfiée et déshonorée. L'Europe est coupée en deux et la barbarie islamo wokiste peut déferler sur l'Eurasie occidentale, il y en a pour mille ans. C'est Todd qui le dit (2).
Ce que dit Todd
Il dit plus. Que l'Amérique, malgré ou à cause de Trump va s'effondrer (il le dit depuis longtemps) et que l'après-guerre en Ukraine (il faut maintenant s'y intéresser) sera intéressante.
On pourrait dire que les capitaux américains investis dans le monde contribuent à la puissance US, y compris industrielle et commerciale, et c'est sans doute ce qui limite ou relativise sa désindustrialisation continentale, ce qui reste à mesurer. Car les visions économiques de Todd, il faut s'en méfier. Néanmoins, on pourrait imaginer que la propriété industrielle US n'a pas diminuée à la hauteur de la disparition des emplois industriels sur son sol. Les conséquences seraient qu'un rapatriement soit possible malgré tout. C'est en tout cas le pari trumpien, même s'il ne se matérialisera peut-être pas tout de suite. L'Amérique ne s'effondrerait alors pas, voire au bout de 3 ou 4 ans, voire plus, amorcerait un retour à la vraie puissance et pourquoi pas ?
L'effondrement de l'Europe lui est certain. Incapable de se doter de sources d'énergie peu chères, à la hauteur de celles disponibles pour TOUS ses concurrents, elle n'a aucune chance de gagner plus aucune compétition industrielle globale avec eux. Game over et rien, absolument rien, ne montre que ses dirigeants aient la moindre conscience de ce qui est en train de se passer. Seule une rupture complète et brutale avec tout ce qui concerne la gestion du "climat" peut donner un avenir à l'Europe, et chaque jour perdu compte. Dans tous les cas, un effondrement complet de la superstructure européenne est acquise et les nations individuelles devront chacune négocier leur sort. Une vaste zone énergétique dirigée par la Russie va donc se constituer par force, sous son contrôle, bon vouloir et autorité. Bien loin d'envahir l'Europe, l'ours Russe va se faire assaillir par les mendiants de l'ouest, édentés et misérables, et encore bardés de leurs vieux oripeaux et autres cheveux verts mal lavés.
Les sujets abordés feront alors l'objet des autres négociations.
Les avis autorisés
On a parlé de l'entre deux exclusif entre Trump et Poutine, c'est bien l'impression qu'on a après le coup de fil du 20 Mai 2025, et l'absence de référence de Trump à toute "sanctions" (celle-ci sont assumées, si elles sont réalisables, par la coalition des guignols). La question pour Trump est de permettre à Poutine de réaliser ses buts de guerre diplomatiquement, afin d'arrêter le bain de sang. À ce propos, un éditorial de Renaud Girard, dans le Figaro du 20 Mai, fait le tour du propriétaire et on voit bien à l'occasion la largeur du fossé dans lequel la merde et le sang où pataugentf les soldats s'accumule inexorablement. Il s'agit de savoir ce que veut la Russie.
D'abord, l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Affirmée possible 3 ans par tout le monde, sauf par Biden et encore, la question semble avoir fait son nid dans les cerveaux occidentaux, Renaud Girard parle de la renonciation à icelle d'"objectif réalisable"... L'objectif contraire fait tout de même partie de la constitution actuelle de l'Ukraine. Girard mentionne, on ne le savait pas si hypocrite, à moins que sa sincérité soit de la bêtise, que l'"objectif" faisait partie de l'accord signé puis révoqué en 2022. Au passage, le très informé journaliste reconnait cet accord, sa rupture qui entraina les 3 ans de combats, et aussi que tous les "objectifs" avaient été contresignés, y compris la partition de l'Ukraine.
Et puis il y a le caractère "nazi" du gouvernement. Connu (c'est factuel) pour être illégitime et contrôlé par des groupes nationalistes, le gouvernement purement militaire de l'Ukraine n'a strictement rien de démocratique, lève de force des troupes dans les rues, et envoie à la mort des milliers de pauvres gens pour des raisons absurdes de communication. La sinistre aventure à Koursk de cette année en est le meilleur exemple. Dire que l'agression russe a "fait perdre à la Russie l'amitié ukrainienne", alors qu'il s'agissait de défendre les régions russophones opprimées et bombardées par les constructeurs délirants d'une nation ukrainienne exclusive, c'est faire preuve d'une ignorance crasse des premièrs moteurs de la guerre.
Le désarmement de l'Ukraine est lui aussi jugé irréalisable. Entièrement et exclusivement le fait des occidentaux, cet armement dont le volume semble en cours d'être limité par des pénuries qui pourraient s'accentuer, sans parler de l'essentiel, le renseignement américain (et les planifications variées qui vont avec) sans lequel les opérations ukrainiennes sont impossibles. Le fantôche ukrainien ne tient que par l'alliance entre la technologie de l'OTAN et la chair à canon. Alliance à bout de souffle, et le fameux "cessez-le-feu" serait un répit bienvenu pour une armée qui se rapproche du point de rupture, et qui recule progressivement.
Un arrêt des combats alors qu'elle maintiendrait ses capacités offensives terroristes est impensable, cependant, et la Russie n'arrêtera qu'avec l'assurance physique (dénazification, démilitarisation) qu'aucune attaque de ce type ne sera plus possible. Changement de gouvernement, de constitution (qui devra inclure la neutralisation), désarmement complet du pays Ukraine ou de ce qui en restera, tout cela n'est pas "négociable" en principe.
Le fait que les européens considèrent que l'Ukraine doive rester militarisée pour éviter une attaque russe à venir contre pays Baltes, Pologne ou Roumanie est tout à fait secondaire pour la Russie qui en fait n'y pense même pas (à part pour les pays Baltes, et encore). On pourrait très bien imaginer de grandes déclarations de sa part sur ces sujets dans les accords finaux, qui ne seront pas passés, cela est sûr, avec les européens que les Russes considèrent hors-jeu. Ne pas réaliser cette complète mise hors circuit de la coalition des guignols et de son pseudo-chef, la poupée à sa mémère Macron est un aveuglement et une inattention.
L'allusion de Girard à ce grand échec de Poutine et qui est la ville d'Odessa utilisée par l'Ukraine contre la Russie fait penser à une autre inattention: signaler l'indicible et qui est précisément la perte à venir des escaliers du Potemkine. Le pauvre Girard serait il assez con (les mots me manquent) pour ne pas l'envisager ?
La "servitude" de l'Ukraine ne serait ainsi pas négociable. Elle sera donc acquise par la force et on n'y peut rien. Qui veut la paix? Poutine ferait ainsi une erreur avec Trump en "tirant sur la corde" (réalisant ses objectifs assignés et affichés) sans profiter de la porte ouverte par Trump... On se pince et on n'y est pas. De fait, comme le remarque d'autres articles de ce même Figaro, Trump en conversation directe avec Poutine a un problème et qui est de "gérer" les européens qui continuent d'alimenter la machine ukrainienne lancée par Biden et Obama. Jusqu'à quand ? Toutes les discussions d'adultes entre Poutine et Trump portent sur l'au delà de la guerre en Ukraine qui est devenue secondaire.
On sait que le dernier paquet d'armes lancé par Biden durera jusqu'à l'été, c'est à dire sera épuisé bientôt. Trump va-t-il en relancer un autre ou pas ? C'est toute la question et on peut subodorer que non.
Je reste sur ma théorie d'un Trump, logique, qui veut éviter à l'Ukraine la prise d'Odessa et qui pourrait menacer les guignols de la rendre possible rapidement (il suffit que l'Amérique se retire) si ceux-ci ne plient pas, à rebours de ce que nous explique Renaud Girard. Mais il faudra un peu de temps pour que la torsion du bras se mette en place, le temps pour que malgré tout, le front commence à s'effriter et que la menace se précise. A un certain moment, et Poutine le signifie, il ne sera plus possible de revenir en arrière. A vous de voir, les guignols.
(1) http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2025/03/18/les-negociations-6540108.html
(2) Todd conférence en Hongrie https://emmanueltodd.substack.com/p/diverging-populisms
(3) Todd et l'apocalypse https://www.youtube.com/watch?v=YfgPhZy6JVY