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Les éternités du monde

Illustration.

A l'occasion d'un ride antiquisant (1), les théories sur l'éternité du monde, la question des dogmes chrétiens et islamiques, de la prise de connaissance de la sagesse antique par les deux mondes et aussi de la conciliation des contraires advenant sur la question de la création du monde, point litigieux. 

On aimera la solution aquiniste  ( la foi ne se discute pas, et donc le raisonnement ne peut trancher, passez muscade) permettant finalement de garder le raisonnement, qui jusqu'à Galilée rendait toutes les philosophies possibles sauf si on prononçait un jugement de réalité, ce qui brula Bruno. 

Les Arabes, en fait les Perses adoptèrent un autre point de vue, assez voisin du mien, et me voilà donc chiite. Voyons voir.

La référence faite ici est extraordinaire et décrit de nouveaux personnages, que l'on ne peut, tel Averroes, simplement phagocyter, ni ignorer sous le prétexte de leur chiisme. 

Les sources grecques des musulmans

Le monde arabe eut ses sources grecques, mais il les trafiqua énormément tout en les révérant. Car les "sages" de l'antiquité ne pouvaient contredire la révélation coranique, et il fallait, révérence oblige, accorder les violons, ce qui prit en première approche beaucoup d'énergie et bien sur de mauvaise foi. Puis vient El Gazhali et on interdit tout, du moins chez les sunnites. 

L'islam adora Aristote (le Premier Maitre) mais eut un problème avec Platon, qui lui, dans le Timée parlait d'un démiurge. On mélangea les choses, et en fait, on prit pour d'Aristote des textes néo platoniciens. 

On a ainsi une "théologie d'Aristote", utilisée par Avicenne est qui une traduction de Plotin faite par l'école d'Al Kindi.  Avicenne fut le champion de la confusion. 

On a aussi le "pseudo Ammonius" qui combine néo platonisme et monothéisme et aussi, une "conciliation des deux sages, Platon et Aristote" d'un pseudo Al Farabi.  Cela fait beaucoup de pseudos. 

Les Séfévides

Les Séfévides (au XVIème siècle) bien que d'origine kurde (des iraniens turquisés) réinstaurèrent en Iran un pouvoir spécifiquement persan, basé sur le chiisme duodécimain. Fondée par Ismaïl 1er (V. supra), en 1501, la dynastie Safavide, se prétendit descendre de Ali (in persona) et instaura la funeste dualité politique iranienne entre pouvoir "laïc" et pouvoir "théocratique", discussion toujours en cours dans cette partie du globe. Les Séfévides arrivèrent à se séparer des Ottomans convenablement en abandonnant l'Irak, leur apogée fut marquée par Chah Abbas au début du XVIIème siècle. 

On notera que Tamerlan eut 3 enfants: l'Ottoman, le Séfévide, le Mohgol, tous trois adultes à la mort d'Henri IV.

 

Mir Damad

Inconnu en Occident mais maitre du plus connu Molla Sadra, Mir Damad, d'Ispahan, donne une solution élégante au problème de l'éternité du monde, la notion de "dahr" devenant le concept du méta-temps, intermédiaire entre le réel humain et l'éternité divine, accessible à la mystique et permettant de garder un monde aussi éternel que le divin, n'étant nouveau que méta-temporellement, contenant les intelligibles, tout ceci n'étant créé que "par essence". C'est le monde de l'Archétype, qui contient les universaux, le problème posé par ceux-ci étant résolu. 

On a donc la tripartition (qui vaut la trinité) entre Non Temps, Méta Temps, et Temps du temporal global. Sans assimiler cela à ma théorie des 3 esprits, j'avoue bien aimer situer les intelligibles dans une zone particulière de l'esprit, qui explique la mystique et la spiritualité. Cela en effet, rend concevable la liaison entre raison et foi dans l'anthropologie, ce qui gratifie les constructions humaines concernant le religieux de quelque chose de plus honorable que la simple superstition. 

De fait, c'est Avicenne, Ibn Sinna qui est à l'origine de la chose: Dieu précède le monde en "dignité", mais pas "temporellement". On garde ainsi la primauté de l'essence sur l'existence, les essences n'existant pas avant leur création. Il faut noter qu'on a ainsi un statut pour le non être complet, la non-existence ne suffisant pas ! Le néant méta temporel étant inexistence de l'essence de la chose, de sa simple possibilité. Le monde peut ainsi vraiment être crée ex nihilo.

Molla Sadra

Molla Sadra a une toute autre position. D'abord il affirme la nouveauté temporelle du monde et ni a parte post ou a part ante, ni temporellement, ni par essence. Il proclame vengeur la primauté de l'existence. L'existence est existante essentiellement et la quiddité existante par accident. Il rejette le dahr. Le monde est essentiellement nouveau, se renouvelant sans cesse. 

On a donc ici en Iran, un exemple de la vivacité et de la créativité métaphysique dans le monde islamique, mais que voulez vous, ce qui n'est pas sunnite n'existe pas... Or l'évidence de la proximité entre christianisme et chiisme, apocalypse et surtout gnosticisme en commun et ce culte du malheur et ce regret éternel nécessaire de la mort infamante du sauveur. Notre époque, celle du grand plongeon dans ce malheur indéfini de la suboptimalité est-elle celle de la grande convergence? 

 

(1) De l'éternité du monde

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