Les Natures, deux
Après un brillant (...) essai sur "les natures" (1), il convient d'en faire un complément à partir d'une lecture édifiante (2), parlant de cette histoire d'arraisonnement qui semble marquer les bons esprits. Au passage, on conceptualise et cela est précieux, et bien sur délectable.
La métaphysique condamnable il faut le savoir, c'est H. LA métaphysique toute entière, l'occident étant coupable dés le début. Phénoménologie, destruktion, déconstruction, tout cela introduit un être antérieur au langage, hors de l'objectivité, destituant le fameux sujet transcendantal, nocif et inutile: "je suis un champ" dit Merleau Ponty.
En gros, le "maitre et possesseur de la nature" est un pêcheur (cartésien et donc condamnable) et il convient pour assumer sa modernité d'abjurer le crime, le sujet transcendantal devant être expié. La nature appropriée doit être libérée de l'homme et celui-ci réduit, la taille relativiste des crânes animistes étant une métaphore adaptée.
Naturellement, la chose est contradictoire, car la Nature sacralisée se trouve un grand tout, et là paf! On se retrouve avec l'hypostase holistique d'une métaphysique à dépasser: celle du tout précisément. En voulant faire la théorie du tout abandon, on "lâche prise" complètement, quitte, et oui, à se chier dessus.
Pourtant, le concept est plaisant, l'écologie est d'abord la pensée DES écosystèmes, l'holistisation n'apparaissant qu'à partir de la conception de la "biosphère", somme de tous ces petits milieux... Le fait est que dans le monde globalisé, on parle de la planète entière, alors que seules les zones tropicales trop peuplées seront rendues inhabitables, sans parler de la faute aux chinois, nombreux certes, mais localisés en Chine, ce qui ne fait pas le monde entier tout de même.
Cette contradiction, local/global, exprimée par le tri des ordures assumé personnellement, chacun doit prendre sa part, et c'est bien ce vieux kabyle débile, par ailleurs partiellement escroc, qui nous agite son colibri dans le trou de nez pour nous faire réfléchir... Cela veut-il dire qu'il faut s'ancrer dans son sol et faire la chasse au migrant? Non bien sûr, et là on danse, avec force roulade pour détourner le coup: le pauvre Latour est mort de ses dernières arguties à ce sujet.
On en vient à l'art: il existe un art des paysages, qui transforme, habille et peint en rouge, afin de remplir le rôle de l'art contemporain: "sensibiliser le public".
Il existe une littérature, le romantisme ayant été la première fois où l'on sortit de soi pour éprouver la vraie émotion: le sujet romantique échappe ainsi à lui même.
On parlera "poésie" en différenciant "poesis" et "mimésis" (la fierté des littérateurs, et aussi des musiciens). La poésie c'est le pacte pastoral ancien, le "versus" étant le "sillon" du laboureur. Fallait le savoir.
On parlera alors d'écologie quand on accordera une valeur au naturel hors de toute utilité ou de tout service qu'on pourrait en tirer. Belle définition et on en vient à valoriser l'être suivez mon regard.
Pour persifler encore davantage, on dira que l'impuissance du sujet, à moins que cela ne soit son refus, à sortir de ce qu'il est, après tout, on ne se refait pas, et cela est logique, peut ne pas être si frustrant que ça. Que diable veulent tous ces sauvages, à vouloir à toute force se sentir exister en violant le principe de contradiction ?
Qu'en ai-je à foutre de ne pas être "dans" la nature, moi qui y suis assez dans l'orgasme, ou dans la souffrance, pour ne pas dire dans le plaisir infini des amours en tant que non pas "être" extérieur, mais "être" tout simplement, et puis il y a la musique.
Étrangement absente de la nature, elle est le summum de l'inintelligible et donc de l'extérieur et aussi du conventionnel : quelle est cette source ? Le pépiement d'un clavecin la décrit bien mieux... Plus que jamais, l'art suprême règne majestueusement sur les consciences troublées.
(1) http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2018/06/16/les-natures-6059917.html
(2) https://www.actu-philosophia.com/michel-collot-un-nouveau-sentiment-de-la-nature/