Les wokes
On a lu (à toute vitesse) (1)
En gros le woke dans toute sa splendeur actuelle, présentée comme la religion chrétienne des premiers siècles, les persécutions en moins, on se dit d'ailleurs "dommage", à l'occasion. En gros, le woke est un phénomène religieux, au sens de volonté de l'imposition de rituels aux populations, la pratique de cérémonies collectives et de comportements purificateurs étant considérée indispensables à la propagation de ce qui est plus qu'une opinion (2).
On pourrait remarquer que de profondes et larges remises en cause du simple bon sens, quand ce ne sont pas les concepts qui président à la cognition qui sont remis en cause pour assurer la propagation de la croyance en question, qui se solidifie "à la chrétienne", du fait de son invraisemblance. Le caractère énergétique de la poussée religieuse en question est en effet lié à sa violation des critères ordinaires de la vérité.
La possibilité de changer de sexe par exemple, est "intersectionnellement" liée à l'impossibilité de changer de race, le sentiment d'être femme ne pouvant, tout en le pouvant, se lier à celui de ne pas être noir, alors qu'on l'est. Les privilèges males ou blancs ne sont donc pas réversibles tout en le pouvant, par décision. L'affirmation de la présence trans se trouve donc indissolublement lié à l'affirmation possible du changement de sexe. Bref, tout ceci viole le principe de contradiction ET DONC nécessite l'abolition de celui-ci. La connaissance même doit ainsi être balayée, voilà l'affaire.
Je voudrais donc faire ici un petit résumé de ma conception des choses en évoquant les deux grandes découvertes philosophiques du XXème siècle, qui sont respectivement le concept de "construction" et le concept que faute de nom accepté, on est bien obligé de nommer (je me lance) "insularité du langage".
La notion de construction s'illustre de multiples manières mais la plus frappante d'entre elles est ce qui arrive au caneton de Konrad Lorenz, persuadé par l'instantanéité de son éclosion imprégnatrice que Konrad est sa mère. La maternité, plus l'appartenance zoologique est donc entièrement construite. À partir de là, il convient, philosophiquement, j'entends, de déterminer le sens précis qu'on peut accorder au concept de construction, en prenant garde, à moins de mettre en jeu le sens des mots et la solidité de la raison, de faire la part des choses, tout en acceptant certains phénomènes qu'il convient de décrire, précautionneusement, bien sûr.
La notion d'insularité du langage mise en avant par Simone de Beauvoir consiste à n'attribuer qu'à certains êtres le vrai pouvoir de parler d'eux mêmes en tant que ces êtres-là. Seule une femme peut parler des femmes, seul un noir etc. À partir d'une remarque d'un bon sens qu'on peut qualifier de "féminin" (héhé) est pris le risque de nier la capacité langagière, et la possibilité de communiquer entre êtres différents. Seul un raciste peut parler du racisme, par exemple...
Les deux concepts sont les deux piliers du woke et en constitue les sous-bassements implicites, seuls des concepts fondamentaux stupides et dégénérés pouvant expliquer des expressions stupides et dégénérées au niveau où ils s'expriment de manière multiple et officielle actuellement un peu partout dans le monde occidental sous le nom "woke".
On notera la référence au "bon sens": à partir de choses évidemment admissibles "dans un certain sens", on peut donc vriller complètement. Cette constante de la condition humaine mérite réflexion mais il convient de faire attention: d'autres concepts se glissent dans la porte entre baillée: par exemple celui de l'impossibilité totale de produire des argumentations qui remettraient en cause ces choses. Dans ce cas, la question des persécutions reviendrait sur la table, avec toutes les violences dégueulasses que cela impliquerait.
Je ne ferai à cet égard qu'une remarque, en forme de cri: Ah ! Blandine !
(1) Jean François Braunstein La religion woke
(2) John Gray : il est clair qu'il ne s'agit pas d'une tempête passagère.