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Les destructions

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Vladimir l'avait pourtant affirmé, et quasiment montré depuis 9 mois: il ne veut pas détruire l'Ukraine. Une guerre d'attrition lente, avec une conquête prudente et progressive sur un front limité, toutes les autres frontières étant gelées a duré tout l'été. Pas de bombardements dans la grande profondeur, pas d'attaques puissantes sur les infrastructures de transport. 

Pourtant, depuis environ une semaine, une série de bombardements systématique sur toute l'Ukraine aurait réduit, selon le président Ukrainien lui-même, la production d'électricité sur l'ensemble du territoire ukrainien d'un tiers. 

De plus, plongée dans l'obscurité, la ville de Kiev a décidé de détruire les 3 monuments à Pouchkine qui s'y trouvent: on passe donc directement à l'obscurantisme... En attendant, les dommages y sont notables: des quartiers entiers sont privés d'eau et d'électricité. Pendant ce temps, le pont de Crimée, déjà utilisable le jour même de l'attentat, est en cours de réparation, et des villages frontaliers en Russie sont attaqués pour le principe. On ne parle pas des bombardements sur des zones civiles dans l'agglomération de Donetsk, on supposera qu'ils ont un intérêt militaire, eux aussi... 

Comment comparer des meurtres délibérés de civils opérés lors d'opérations de pures représailles, même si elles sont finalement de faible ampleur (le pont de crimée attaqué causa 4 morts, les bombardements vers Belgorod causent quelques morts, les bombardements au Donbass quelques dizaines), à la destruction de l'infrastructure énergétique de régions entières, affectant le confort vital de millions d'habitants ? On le peut, et la balance est clairement inégale. 

Alors qu'on parle dans tous les médias occidentaux de la claire défaillance globale de l'armée russe, et donc de la possibilité que la Russie perde militairement la guerre, étant contrainte à négocier sur une base territoriale militairement imposée par l'Ukraine, il apparait que la Russie dispose au contraire du contraire, c'est-à-dire de la capacité d'imposer à l'Ukraine ses frontières, sous peine de lui infliger des dommages inacceptables. 50% d'incapacité électrique est-il supportable en plein hiver pour un pays de 40 millions d'habitants ?

Militairement, c'est ainsi ce qui se prépare, l'incapacité d'acheminer du matériel vers les zones est du pays est en vue, du moins en principe. 

Ainsi la guerre dans son format actuel reste déraisonnable pour l'Ukraine: sous perfusion financière occidentale, et d'une manière qui laisse percevoir une fin, compte tenu des dommages infligés indirectement aux bailleurs de fonds, dont les opinions commencent (enfin) à réaliser ce qui arrive, elle n'a pas les moyens de supporter l'ampleur terrifiante des destructions qu'on lui inflige et qui l'affectera pour longtemps. Son démembrement parait inéluctable, et se profile toujours, comme annoncé avant ses grandes offensives de septembre, la perte complète de ses rivages maritimes, que l'exclusion (à mon avis prématurée) de la Russie du monde occidental, rend non négociable et donc inéluctable.  Son existence en tant qu'État est menacée, à tout le moins en tant qu'État viable dont le niveau de vie sera affecté durablement et peut-être définitivement. 

Alors que certains médias "main stream" français laissent ces "experts" (vivant en Ukraine, Olivier Védrine, par exemple) évoquer le renversement de Vladimir Poutine et l'indépendance des provinces caucasiennes de la fédération de Russie qui serait ainsi démembrée, la Russie devenant démocratique et DONC soumise à l'Europe (et à ses alliés rien moins que dominants, les USA)... 

Ainsi il y a la volonté (et la théorie) de certains analystes en occident, dont Nicolas Tanzer (visible sur les médias),  normalien, énarque et persuadé de la nécessité non seulement de vaincre la Russie, mais de la démembrer pour rendre impossible toute revanche contre l'Ukraine. Le peuple russe doit être traité comme le peuple allemand ou japonais, et réduit à un peuple souverain, certes, mais occidental et inféodé à l'Occident, ayant définitivement renoncé à l'imperium.

Une aussi nette comparaison avec le résultat de la "dénazification" de 1945 est finalement assez logique: le communisme laissé libre du fait de sa participation puissante à la victoire contre l'Axe avait beaucoup à se reprocher. On fit une guerre froide, et l'effondrement pacifique de l'URSS avait semblé résoudre complètement le problème: en fait NON ! 

La Russie libérée de son démon totalitaire n'avait pas rejoint le concert occidental... Cette thèse en fait celle de Brzezinski (sans la comparaison avec l'Allemagne et le Japon, qui me fait faire un haha), et Tanzer la reprend je dirais totalement, l'utilisant pour déterminer sa motivation et son but de guerre, ça tombe bien: il recommande l'arrivée de l'OTAN sur le terrain et la soumission collective de la Russie. En bref, il ne faut pas laisser l'Ukraine seule.  

Il est assez remarquable de constater que ce point de vue est strictement symétrique de celui de la Russie actuelle: formant son imperium à elle, elle a bien l'intention de démembrer l'Ukraine (c'est celui qui dit qui l'est) et de supprimer sa volonté et sa souveraineté, quitte à provoquer l'OTAN en désaccord à l'escalade nucléaire (c'est celui qui dit qui l'est).

Gage de ce qu'on appelle la guerre la confrontation des égaux en imitation réciproque est bien là.

Un tel niveau de discordance (en fait d'accord mimétique) entre les discours est en effet ce qui caractérise l'état de guerre, celui-ci s'étant propagé bien au-delà de l'espace défini par les véritables belligérants: se considèrent comme "en guerre" des pays plus ou moins voisins qui seraient donc en train d'accepter (si ce genre de choses peut être accepté) des situations comme l'absence ou la forte réduction d'électricité et donc de chauffage, d'eau chaude, d'ascenseurs, de transports. Vraiment? 

Pour l'instant, sans qu'il y ait de claires associations entre un inconfort, pour certains déjà réel, et "la guerre en Ukraine", on commence à se plaindre d'une inflation de 10%, après vingt ans d'inflation zéro. Le découragement occidental, anticipé et prévu/souhaité par la direction Russe n'arrive que tard, si il arrive: aucun véritable débat n'est encore ouvert en Occident sur la question Ukrainienne qui n'est toujours pas considérée comme cause d'une récession économique violente voire d'un déclassement caractérisé maintenant visiblement possible. 

D'une manière qui parait superficielle, voire inconséquente, les occidentaux se croient toujours capable d'étaler sans douleur une crise provisoire, voire de vaincre à leur avantage en mettant en avant leurs puissances morale et physique. 

Un exemple de cette futilité des opinions (largement encouragée par tous les analystes, experts et journalistes cultivés suivant en cela toute l'infrastructure politique publique de tous les pays d'Europe, plus ceux de l'Union Européenne) est la considération de la soit-disant "menace nucléaire agitée par Poutine". Alors qu'il n'en est rien, l'inquiétude exprimée par la direction Russe étant que c'est l'instauration d'un état de guerre entre un pays de l'OTAN et la Russie qui "pourrait" mener à une guerre d'agression entre puissances nucléaires. Et d'ailleurs cette éventualité est régulièrement écartée par les puissances nucléaires véritables (France et USA), leurs dirigeants évoquant soit une doctrine strictement défensive, soit une dénégation explicite de la participation effective des forces. 

Que des articles ou vidéos puissent évoquer l'utilisation d'armes de "théatre" dans des zones peuplées (des centaines de milliers de morts pourraient en découler) est une forme de mensonge qui ressort en fait de la manipulation, car brandir l'invraisemblable est un moyen de neutraliser le réel, pourtant déjà grave, même s'il n'a pas un niveau "extrême" de gravité. Un point intéressant est q'un sondage mesure l'inquiétude correspondante suivant le niveau d'études: les diplômés du supérieur sont en net désaccord avec le reste de la population en n'étant pas inquiets (deux fois moins)...

Il y a donc une limite, qui est celle de la destruction totale. Comme l'état de guerre ne peut être nié, il va donc falloir se contenter de ses conséquences minimales ou minimisées et qui seront des destructions limitées. Il semblerait bien que celles-ci doivent être localisées: sur le territoire de l'Ukraine voire de l'Ukraine elle même. 

Je pense à ces visages lunaires de harpies ukrainiennes des plateaux télés, aux yeux morts, et qui appellent à la ruine du monde pour le sauvetage de leur amant nazi enfermé dans son bunker. Poutine ! Sauve nous de ces dingues ! 

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