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Le Platon de Suzanne

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On avait évoqué dans les platoniciens (1) la mystérieuse figure de Platon, dont la moindre des choses qu'on peut dire sur lui est qu'il veut sans doute dire plusieurs choses en même temps. 

Avec Bernard Suzanne (2) on franchit un cap: traducteur mot par mot du texte, un ex-amateur méticuleux se pose une vision "totale" de la traduction. "logos" qui n'est pas traduit car polysémique et dépendant de l'utilisation du même mot dans différents contextes, en divers sens, a une signification propre, ce qui rend la traduction par un mot de la langue cible impossible sans perdre l'intension globale du texte... 

Car "logos" c'est la parole dans ses deux directions qui sont le récit, discours d'une part , et la raison, la définition d'autre part. À la fois le contenant et le contenu, donc (j'ai compris ?). 

Bon revenons à Platon. Son oeuvre serait en fait un programme d'enseignement en 28=7*4 volumes coordonnés sur la question de ce qui permet le gouvernement, donc des compétences nécessaires, donc de ce qu'on peut savoir, et donc de ce qu'on peut exprimer ou définir, le logos. Voilà toute l'histoire. Au passage, le sujet est donc l'agathologie, la science du "bon", et non pas l'ontologie, car l'objectif est d'abord de diriger ses semblables, pas de connaitre le monde. On doit d'abord se connaitre "soi-même", c'est le fameux "gnoti seauton". 

Tout s'organiserait à partir de là, en 7 tétralogies, formées d'une introduction et d'une trilogie, le cours à donner au philosophe-roi. On notera que le premier dialogue "Alcibiade" est le nom du héros Athénien mauvais élève, dont la personnalité brillante symbolise l'échec complet et la ruine d'Athènes. Le jeune corrompu par Socrate est par essence Alcibiade victime d'une mauvaise influence. 

 

Les 7 tétralogies:

La mise en route

Alcibiade 

Lysis Laches Criton

Les illusions

Protagoras Hippias mineur Hippias majeur  Gorgias

Le procès

Ménon Euthyphron Apologie Criton

L'âme

Banquet Phèdre République Phédon

Le Logos

Cratyle Ion Euthydème Ménéxène

La dialectique

Parménide Théétète Sophiste

Politique

La mise en pratique Philèbe Timée Critias Lois

 

Il n'y a pas de théorie des idées

C'est la grande thèse de Suzanne. Les traducteurs et commentateurs n'ont rien compris à Platon. De fait, un grand nombre de thèses variées sur Platon continuent d'avoir cours à ce sujet. En gros: il y a le visible et l'intelligible, et le premier une analogie du second. Ce qui fait que l'"idea" ou "eidos" en fait "apparence" est dans l'intelligible: la "vue de l'esprit". 

Celle-ci n'est donc pas la chose en soi, mais l'"idée", par contre "objective", c'est-à-dire celle que tout homme parfait peut s'en faire, une appréhension parfaite d'une chose qui reste extérieure. 

Ainsi donc, le philosophe-roi, le gouvernant éduqué doit avoir la compréhension la plus claire possible de ce qui est bon pour les hommes qu'il dirige, plus le clair savoir qu'il n'en aura jamais une connaissance parfaite. 

L'objet est donc "l'idée du bon". Mais la question se pose alors, et si on se contente de choisir ce qui parait bon mais ne l'est pas ? Comment avoir confiance ? 

Tout d'abord, la métaphore du Soleil, lumière qui éclaire le visible, le bon est ce qui éclaire l'intelligible. Ce bon est le bon défini comme ces choses qui sont bonnes pour soi, non pas un Bien abstrait mais "l'idée" de ce que chacun se fait de ce qui est bon pour soi. Cette idée est un objet et s'obtient par le dialogue, un processus de recherche.  

 

 

 

(1) http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2018/11/17/les-platoniciens-6106046.html

(2) Le site de Suzanne avec toutes les références : https://www.plato-dialogues.org/fr/plato.htm

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