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Großer Herr, o starker König BWV 248/1

La première cantate rassemblée pour composer l'oratorio de Noël contient un aria de basse, suivi d'un choeur qui devrait faire justice de toute allusion à la crèche de Noël comme d'une innocente joyeuseté culturelle destinée à décorer les mairies en faisant foin d'une indispensable laïcité à s'infliger. Tout comme d'une célébration d'une quelconque pauvreté qui devrait nous associer aux migrants, aux pauvres, ou à tout ce qui  n'est pas ça:

https://www.youtube.com/watch?v=m7Vr__Nsnlg

Très puissante interprétation par une basse complètement désinhibée, pour moi le top de la sincérité et de l'énergie!

IL faut noter à ce sujet l'incroyable difficulté de cette proclamation, Fischer Diskau, Pray, et la basse de Gardiner y échouent selon moi. Le Harnoncourt, lent et majestueux reste rythmé, mais la basse quoique puissante, reste insuffisante pour marquer vraiment. Le Fasolis, endiablé bien sur, est particulièrement magnifique et la basse idéale à mon sens (il s'agit de Klaus Mertens): jamais l'effrayante dynamique de l'air ne la prend en défaut.  

 Texte en http://www.bach-cantatas.com/Texts/BWV248-1-Fre6.htm

Großer Herr, o starker König,
Grand Seigneur, ô roi tout puissant,
Liebster Heiland, o wie wenig
Très cher Sauveur, ô combien peu
Achtest du der Erden Pracht!
T'importe les gloires de la terre !
Der die ganze Welt erhält,
Celui qui entretient le monde entier,
Ihre Pracht und Zier erschaffen,
Qui a créé sa magnificence et sa beauté,
Muss in harten Krippen schlafen.
Doit dormir dans une crèche

 

Tout est dit là dedans. C'est bien le grand dieu tout puissant qui est à plaindre, et il n'y a de vraie religion que ce qui souffre pour lui, tout le reste étant bien fade et certainement hérétique, mais ça on verra l'année prochaine. 

Le choeur final qui commence par:

Ach mein herzliebes Jesulein,
Ah, mon petit Jésus bien-aimé,

Confirme bien évidemment l'attitude, c'est la musique qui doit indiquer l'état d'esprit à avoir au cas où il y aurait un doute. C'était un autre temps, certes, mais nom de Dieu, que ça avait de la gueule ! Le contraste entre la terrifiante entrée de trompettes et le "jesulein" est saisissant.  

Bon, on reprend depuis le début.

La cantate commence par une réjouissance, 

Jauchzet, frohlocket! auf, preiset die Tage,
Exultez, réjouissez-vous ! debout, louez ce jour,

Evidemment. Tonitruant avec choeur et tambours, il s'agit bien de se réjouir, et la mièvrerie n'est pas de mise, on y va à fond. Fasolis clairement y va à fond. 

http://www.qobuz.com/fr-fr/album/j-s-bach-weihnachtsoratorium-bwv-248-diego-fasolis/0829410848053

Après quelques récitatifs pour rappeler l'histoire, l'air d'Alto: 

Eile, den Bräutigam sehnlichst zu lieben!
Hâte-toi d'aimer ardemment le fiancé !

Du fait d'un texte de Picander lui même, l'arrivée du petit jésus est celui du fiancé de Sion ! Double étrangeté par rapport à notre noël à nous, consacré à la misère et aux cadeaux immérités: celui là se consacre à la célébration dansante de la puissance et du sexe ! 

Air de cantate, entièrement complexifiée et dansant dans son paradoxe: 

Den Schönsten, den Liebsten bald bei dir zu sehn!
À accueillir le plus beau, le plus aimé près de toi bientôt,

Il ne peut être chantée avec négligence et doit tourner et retourner avec obstination: l'époque est celle du baroque, et l'ouverture (on dirait une "ouverture") toujours reprise doit être hypnotisante, den lieeebsten, den schooensten. Landauer chez Fasolis champion, il se permet d'ornementer en plus... 

Après un choral et un récitatif, l'étonnant et jamais vu duo entre un choral soprano et un récitatif de basse. Le rythme profond avec flute se relance et la voix (céleste) affirme. La basse se prononce (Mertens sait y faire) et ça repart. On termine tout tranquillement. 

Et puis c'est la basse, ce qu'on voulais dire au début. C'était la cantate du 25 Décembre.

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