Voici rassemblés ici un ensemble de commentaires fait à un texte (la monnaie) dont le sujet n'avait rien à voir avec le propos. Le sujet en est tout de même extrèmement intéressant.
Je me permet de les re-publier ici sans modifications aucune, que son auteur n'y voit nulle offense, juste une commodité.
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Bonjour,
Je suis tombé par le plus grand des hasards sur votre blog qui me paraît, sinon à nul autre pareil, en tout cas fort original; à la fois dans la forme (on trouve rarement accolées des démonstrations mathématiques et des considérations philosophiques) et dans le fond (vous vous proclamez libéral mais vénérez le Général et refusez la libre circulation des hommes; réactionnaire mais amoureux de le science; opposé aux Le Pen tout en étant favorables aux identitaires; contre les religions mais admirateur de René Girard).
Bref, vous représentez une forme de chatoiement du monde (excusez ma pédanterie) qui m'intrigue et me laisse penser que j'aurai peut-être beaucoup de choses à apprendre de conversations avec vous (étant entendu que je suis bien moins porté vers l'abstraction que vous ne l'êtes).
Seriez-vous disposez à engager le débat avec moi?
Écrit par : odp | 07/01/2016
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Je vous remercie de votre gentillesse.
Simplement, De Gaulle fut libéral en 58 et présenta lui des budgets en équilibre.
D'autre part, la libre circulation des hommes (celle des autres) s'oppose à la libre détermination de ses frontières (des siennes). L'idéologie dite libérale et qui effectivement inclut le refus des nations n'est qu'une domination par une idéologie justement et aussi par les prédateurs.
Le pragmatisme politique consiste à utiliser le libéralisme pour ce qu'il est: une nature des choses dont la considération convient à l'instauration de sa puissance. C'est une définition du gaullisme.
Réactionnaire certes, mais je m'en explique, l'autonomie du jugement étant nécessaire pour reconnaitre soi même le nouveau ou le vrai (autant qu'il est possible), ce qui est la marque du scientifique.
Favorable aux identitaires ? Franchement je ne crois pas, ou secondairement, car ce qu'on veut appeler "identité" est parfaitement mal défini, l'expression "identité nationale" étant quasiment un oxymore pour moi.
C'est peut être ça le débat: l'identité est par définition multiple, et privée. Elle ne peut se manifester que comme abdication et humiliation devant le sentiment national. Que cette attitude soit considérée comme marquant une identité particulière, je veux bien, mais là on parle d'autre chose.
En tout cas ma détestation de la famille Lepen et de tout ce qu'elle représente est totale, ça c'est vrai. De plus ma détestation pour les communautarismes est à la hauteur: je ne respecte en rien les identités religieuses catholique ou musulmane, et veut les humilier pour les raisons dites. Pour moi, le spirituel et le religieux s'assimilent au sexuel: liberté absolue pour toutes les turpitudes, mais dans l'espace privé, s'il vous plait, cela pourrait gêner ceux qui ont la tête ailleurs momentanément.
René Girard n'est pas un religieux, et vous devriez savoir pourquoi, vu son explication de la chose. Ma haine des religions, en fait un dégout profond pour toute référence à toute espèce de sacré vient de lui.
Bien à vous, et cela n'a rien à voir avec la monnaie.
Écrit par : François Carmignola | 09/01/2016
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Bonjour,
Commençons par le plus simple: mon interrogation quant à l'adéquation entre Gaullisme et libéralisme. Sauf erreur de ma part, le libéralisme est fondé sur un postulat dont découle tous les autres: la primauté de l'individu sur la communauté. Or s'il est un homme politique qui a constamment placé la communauté (la France) au dessus des individus, c'est bien de Gaulle, n'hésitant jamais à sacrifier des individus (Darlan, Pucheu, Salan) ou des groupes d'individus (les marins de Mers-El-Kebir, les français d'Algérie, les Harkis) aux besoins de l'Etat. A ce titre, il me semble que le budget en équilibre de 1958 est un épiphénomène qui reflète plutôt le traditionalisme du Général en matière économique qu'un quelconque "libéralisme".
De la même manière, vous vouez aux gémonies le "sacré"; mais là encore, s'il fut un homme politique qui eût le sens du sacré, c'est bien de Gaulle. Sans sens du sacré, il n'y a pas de 18 juin 40 ; et il n'est pas innocent que la Résistance fut peuplée d'homme du sacré (grosso le PCF et l'Action Française) et la collaboration d'agnostiques (libéraux et radical-socialistes).
Écrit par : odp | 10/01/2016
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Il est tout à fait certain que De Gaulle ne fut pas un idéologue libéral. Simplement il utilisa le libéralisme économique d'un Rueff pour restaurer pragmatiquement la puissance française.
Votre définition du libéralisme est un peu étroite, je mentionnerais plutôt le primat de la liberté comme source d'efficience sociale, économique et morale. De ce point de vue De Gaulle, tout militaire catholique qu'il fut, ne fut jamais un ennemi de cela. Démocrate convaincu, sauveur de la république contre tous les fascismes, tous les communismes, figure fondatrice de l'Europe, il est pour moi un héros de la liberté, et donc, à mon sens je vous l'accorde, un libéral.
Si je puis me permettre, De Gaulle n'a aucunement "sacrifié" ceux que vous dites.
- Darlan fut assassiné par un activiste gaulliste, mais pas sur l'ordre de De Gaulle.
- la grâce de Pucheu fut refusé par De Gaulle intentionnellement et avec raison: Pucheu était un traitre
- Salan fut un glorieux militaire, puis intenta un coup d'Etat contre la république. Il fut gracié en 68.
- les marins de mers el kebir furent victimes du refus de leurs chefs de participer à la lutte contre
l'Allemagne. Churchill a eu raison de couler leur bateaux; De Gaulle ne fut pas consulté mais approuva la chose.
L'affaire d'Algérie, c'est autre chose. D'abord, il n'était pas prévu que les français d'Algérie quittent aussi vite leur "pays". Et les harkis n'avaient pas vocation non plus à venir tous en France, pour les mêmes raisons. Mais on pourra en reparler si vous voulez.
Au sujet du sacré, je ne vois absolument pas ce que le 18 Juin a de "sacré": un général appelle à la lutte contre l'ennemi, voilà qui est parfaitement laïc.
En 40, l'action française et les communistes n'ont pas vraiment suivi ce chemin et pour des raisons différentes (les uns car Maurras soutenait Pétain, les autres car Staline soutenait Hitler).
A Londres, en 40, il n'y avait personne, à part De Gaulle et "quelques juifs". Ceux qui suivirent De Gaulle le firent pour des raisons personnelles et rien, absolument rien des partis ou des corps constitués français, y compris l'armée et l'église ne le suivit.
Le reste ne fut que la victoire militaire américaine, la sauvegarde inespérée de la souveraineté française grâce à lui, et une immense ingratitude.
De Gaulle n'a rien sacrifié du tout: il a agit dans l'intérêt de son pays en toute occasion, et c'est bien ce qu'on retient de lui.
Bien à vous et au plaisir de la conversation.
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Je vais commencer par réfuter votre postulat selon lequel la liberté est en toutes circonstances une source d'efficience sociale, économique et morale. Dans ce cas, en effet, pourquoi vouloir restreindre la liberté de circulation des hommes? Et ne me dites pas que la liberté c'est aussi celle d'interdire...
Par la suite, que de Gaulle ait été, après guerre, un défenseur de la démocratie contre le totalitarisme, c'est tout à fait vrai; mais ça ne fait pas de lui, dans l'acception actuelle, un libéral. De fait, à part quelques extrémistes isolés, les anti-libéraux actuels, de droite comme de gauche, sont favorables à la démocratie ; et c'est d'ailleurs parce qu'ils estiment que le libéralisme, tel qu'il se déploie actuellement via la liberté absolue (ou presque) de circulation des capitaux, des marchandises et des hommes, sape la démocratie qu'ils s'y opposent. Vu le merdier que ledit système a créé au cours des 40 dernières années, il est difficile de réfuter leur analyse d'un revers de main.
De fait, ce sur quoi s'affrontent libéraux et anti-libéraux actuellement c'est sur le thème de la frontière, pour les hommes, les capitaux et les marchandises. Et de Gaulle, étant entendu qu'il était d'abord et avant tout un défenseur de la Nation et qu'il n'existe pas de Nation sans frontières, me semble très clairement devoir être rangé, à cette aune, dans le camp des anti-libéraux. Une autre façon de voir les choses, est que les libéraux postulent le primat de l'économie sur le politique tandis que les anti-libéraux postulent l'inverse. Point n'est besoin d'être très versé en exégèse Gaulliste pour estimer que de Gaulle appartient également, sur ce point, au camp anti-libéral.
Écrit par : odp | 11/01/2016
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Sinon, quelques précisions historiques et de mon point de vue.
Pour Juin 40, vous avez tronqué la fameuse citation: il n'y avait pas personne à part de Gaulle et "quelques juifs"; mais personne, à part de Gaulle, "des aristocrates (i.e. des membres de l'Action Française) et quelques juifs". L'essentiel de l'Etat-Major Gaulliste en 40 est Action Française; à commencer par le Général Leclerc, le Colonel Passy, le Général de Larminat ou le Colonel de Boislambert.
De Gaulle lui-même a été très longtemps (jusqu'en 40) un admirateur de Maurras qui le lui a très longtemps rendu. On connaît la fameuse citation: "Maurras est devenu fou à force d'avoir raison". Je vous engage à lire la notice wikipédia de Maurras à la section "Maurras et de Gaulle", c'est sans équivoque:https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Maurras#Maurras_et_De_Gaulle
Enfin, sur le terrain (i.e. en France), une très large part des mouvements de la Résistance non-communiste était d'obédience Action Française, à commencer par le plus important d'entre eux, Combat, d'Henri Frenay; mais j'aurai pu également citer Alliance de Loustanau-Lacau, Ceux de La Libération de Ripoche, l'Organisation Civile et Miliaire de Jacques Arthuys ou l'Organisation de Résistance de l'Armée.
Quant aux communistes, ils attendirent certes l'invasion de l'URSS par les nazis pour entrer réellement en résistance, mais il est difficile de contester qu'ils y jouèrent un rôle capital.
Bref, je réitère mon premier point : la Résistance, ce fut d'abord et avant tout l’Action Française et les Communistes, anti-libéraux s’il en fût ; de libéraux on ne vit point, trop occupés qu’ils étaient à « dîner en ville » comme disait de Gaulle parlant de la bourgeoisie. En la matière,
Ce qui m’amène à préciser en quoi j’estime que le 18 juin 40 reposa sur les ressorts du sacré.
Pour partir, comme vous l’avez dit, seul contre tous les corps constitués, institutions et partis, il a fallu à de Gaulle des ressources morales qu’il ne pût trouver que dans le caractère pour lui « sacré » de la France telle qu’il la concevait. De Gaulle avait clairement la religion de la France (bien plus que celle de la liberté). D’autres qui partageaient cette foi firent d’autres choix (je pense notamment aux vichysso-résistants) ; mais il est sûr que seuls ceux qui étaient animé d’un « feu sacré » (national ou communiste) se retrouvèrent dans la résistance. Les agnostiques choisirent soit la collaboration, soit le retrait du monde.
Sur Pucheu, qualifier de traitre un homme qui, après avoir tenté d’administrer la zone libre dans ce qu’il pensait être l’intérêt de la France, décide, après le débarquement allié en Afrique du Nord, de rejoindre Alger pour combattre les allemands est un peu étrange. Pucheu fût « sacrifié » parce que les communistes l’exigeaient (suite à l’affaire des otages Chateaubriant) et que de Gaulle avait besoin d’eux pour unifier la Résistance intérieure. Si Pucheu était un traitre qui méritait d’être passé par les armes alors il aurait fallu faire subir le même sort à Michel Debré, Maurice Couve de Murville ou Maurice Clavel qui tous servirent d’abord l’« Etat français » avant de perdre leurs illusions.
Écrit par : odp | 11/01/2016
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Le ton va vite monter, nous ne sommes pas du même bord...
D'abord la citation exacte (de De Gaulle) est "une poignée d'aristocrates, quelques juifs éclairés, et les pêcheurs de l'Ile de Sein". Les aristocrates en question n'étaient certes pas des envoyés de l'Action Française, et si vous le supposez, ou vous laissez vous même le croire et bien vous vous fourvoyez gravement.
Boislambert était plutôt cagoulard à l'origine (la cagoule fut toujours détestée par l'Action française)
Dewavrin (Passy) fut accusé d'être cagoulard, mais ne fut pas action française. Vous confondez avec un autre colonel, Rémy, le gaullo pétainiste des années 50...
De Larminat n'était certainement pas action française. Lisez l"'Esprit des français libres"
http://www.france-libre.net/lesprit-des-francais-libres-par-le-general-de-larminat/
On en vient à la liberté: c'est le maitre mot de l'épopée de ces aristocrates et de ces juifs là, et elle ne doit rien à l'action française, qui s'est ralliée toute entière à la révolution nationale et à la collaboration.
Au fait pour ce que je pense. Selon moi, toute citoyen qui a pendant l'année 1940 pensé qu'il était nécessaire de cesser le combat et de suivre le maréchal Pétain est un traitre, un lâche et un mauvais patriote. Il a perdu le droit d'émettre un avis et en particulier de reprocher quoique ce soit au seul homme qui se soit dressé contre l'ignominie de l'armistice.
J'y inclus naturellement la "résistance de l'intérieur", Frenay, et les autres, qui se permirent d'en remonter à De Gaulle, ce qui est méprisable et désolant.
Sans parler d'un mitterand, ami très cher et très indulgent de René Bousquet, un autre perdant des paris géo-politiques risqués, assis sur ses ordres à la police française de préparer l'assassinat de 13 000 juifs.
J'en exclus bien sur Arthuys et Ripoche qui furent des combattants de la première heure et des morts glorieux.
Clavel avait vingt ans quand il échappa à Boutang et fut un résistant valeureux, vous déraillez. Debré et Couve de Murville furent des fonctionnaires, aux ordres. Debré n'était pas sensé réfléchir, quand il le fit, à propos de l'Algérie, ce fut hors de propos.
Pucheu reste un traitre, responsable d'avoir guillotiné des otages, un comble. Condamné par la justice française, il ne fut pas gracié et avec raison.
En résumé, vos "name dropping" sont hasardeux et mal venus, désolé.
Après avoir traité l'AF, traitons les communistes, les glorieux 75 000 fusillées, disons 2000 plutôt, et qui passèrent les saisons 39/41 à soutenir leur allié Hitler.
AF et Communistes dites vous ? Tous adeptes selon vous du "feu sacré"? Au fait, vos jeux de mots là dessus sont impropres: êtes vous francophone ?
De Gaulle fut le seul dépositaire de la lutte contre un occupant à qui on avait livré le pays.
Il ne fut pas le chef d'une résistance dont le rôle militaire fut à part quelques torturés, bien réduit. Il permit par contre à une armée française dotée d'armes lourdes de participer à la victoire. Ainsi il représenta la France, la seule qui vaille, celle qui se bat vraiment. Ce ne sont pas résistants qui prirent le nid d'aigle, mais des soldats français. Cette chose a une importance capitale: c'est l'armée qui se bat et qui défend le pays, pas les civils indisciplinés qui veulent discuter de leurs idées.
La nation française a-t-elle disparue pendant cette période ? Les anglo-saxons, les russes et les allemands le pensent. Ils se sont battus jusqu'au bout, eux. Il n'y eut que De Gaulle pour le savoir, et ne pas le vouloir. On fit grâce à sa lucidité et à son arrogance, car elles forçaient le respect.
Il n'y a rien de religieux dans cette attitude: elle est celle d'un patriote qui voulait se battre. La France ne le voulut pas, et la douleur n'est pas celle d'un quelconque sacrifice, simplement celle d'un homme d'état qui pleure sur une flotte magnifique qui se saborde et qui retrouve quatre ans après son bureau: aucun crayon n'y avait été taillé dans l'intervalle. Ce drame est un drame historique, et Dieu n'a rien à y voir.
Vous parlez de libéralisme. Je vous concède sa définition "idéologique" qui inclut des principes que je refuse (liberté de circulation des hommes, voir même refus de l'Etat dans ses formes extrêmes).
Mais je maintiens mon appartenance au camp de la liberté tel que je l'ai définie.
Car il n'y a pas de liberté sans liberté ontologique, au sens de Duns Scot (j'en parle sur ce blog): celle-ci inclut celle de Dieu, égale à celle de l'homme et celle du souverain.
Pour la définition du souverain, voyez Rousseau: c'est le peuple rassemblé, et c'est la liberté de l'homme que d'y participer et donc de l'être, souverain.
On ne peut être libre si on se soumet à quoique ce soit, par exemple à un principe qu'on ne choisit pas explicitement. C'est pour cela que -comme idéologie prescriptive- le libéralisme au sens défini plus haut est un esclavage. La liberté absolue est suppression de toute nécessité: j'ai raison parce que je suis libre et réciproquement.
De ce point de vue, vous avez donc raison dans les termes: votre "libéralisme" n'est pas le défenseur de la liberté.
Par exemple la "liberté de circulation des hommes": elle est la justification par des envahisseurs de leurs migrations de masse à motivations économiques. Ce qui revient à une invasion tout court, son but étant de s'approprier ce qu'on ne peut créer ou construire soi même sur sa zone géographique d'origine.
Et bien la liberté de créer des états a précisément pour objet de développer collectivement la puissance qui permet de s'opposer à ce type de phénomène. Etats, migrations, guerres et victoires, voilà qui est somme toute bien connu et bien normal, le conflit faisant partie du réel, l'envie de se battre, nous l'avons vu plus haut, étant célébrée par certains et parfois avec succès.
Car il ne vous pas oublier que la liberté n'a pas de limites idéologiques ou religieuses, elle est volonté pure et ne craint pas d'utiliser la violence quand on nuit à ses intérêts.
Non pas la violence du sacré, celle qui réconcilie, mais la violence des armes, celle des peuples libres qui détruisent la force de leurs ennemis.
De Gaulle est le porteur de ce nationalisme là, qui est liberté des nations, construite sur la liberté des hommes et donc de la liberté tout court.
Au sujet de la liberté économique, que vous opposez à la liberté politique. Dans la mesure ou le peuple le décide, et il est souverain, il peut considérer que l'organisation sociale qui consiste à laisser aux acteurs économiques le libre choix de l'allocation de leur ressources est la meilleure. Et avec raison, c'est ce qu'il faut faire.
Je sais, vous allez me dire que De Gaulle instaura un commissariat au plan et vous avez raison, il fut au moins partiellement autoritaire dans ces matières.
Mais la France ne cessa jamais d'être une économie de marché en tout cas bien plus sous son règne qu'elle ne l'est aujourd'hui: impôts, subventions, budgets en déficit, dette; tous ses attributs de la souveraineté et de la liberté nous ne les avons plus et on peut souhaiter en disposer à nouveau.
Et bien il va nous falloir un gaulliste pour très énergiquement restaurer la grandeur du pays. Et oui cela passera par la restauration de la liberté en matière sociale, économique et morale.
C'est le programme de François Fillon. L'histoire continue, nous aurons cette année à en décider, et je vous la souhaite bonne.
Écrit par : François Carmignola | 12/01/2016
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Pour enfoncer le clou au sujet de l'Action française et de la thèse ridicule qui fait de De Gaulle son assujetti.
L'AF fut d'abord le creuset intellectuel et littéraire de de la jeunesse de droite du début du siècle,
une passion, un snobisme, la marque de la réaction et cela pendant une vie d'homme, Maurras,
né en 1868, est une personnalité chatoyante, un polygraphe talentueux et séduisant qui
fascina deux générations entières.
Ce fut aussi une personnalité faible et fantasque (voyez ce qu'en dit Rebatet qui le décrit magnifiquement)
et à 70 ans en 38, quand le germanophobe guerrier se fit pacifiste,
il entraina ses fascinés vers l'abime.
De Hautecloque et De Gaulle n'en furent pas, quoique leurs sentiments aient du à cette littérature là.
De Gaulle était républicain, et cela n'est pas maurassien, pas du tout.
Maurras était une personnage très moderne mais très complexe et fragile, à la française.
Il fut le fasciste français, et Nolte le décrit dans toute sa complexité, qui est celle d'un
déracinement dégénéré qui se pare de l'anachronisme royalisant construit sur le volkich français,
les félibriges et autre danses avec pipeau de son midi natal.
Cela pour mieux cacher son incapacité à vivre le modernité.
Il fut ainsi essentiellement un intellectuel fragile, chéri de ses dames, et spirituellement dégénéré.
Ajoutez à ça le sinistre antisémitisme de l'anti dreyfusard borné, incapable de comprendre
ce qui s'était passé à ce moment.
La France en guerre contre les juifs ! Il faut vraiment être un plouc méridional
pour en rester là. La "revanche de Dreyfus" dit-il à la toute fin pour mieux sceller son indignité,
sanctionnée par la dégradation nationale.
On met au crédit de Maurras d'avoir intellectuellement réussi à fusionner réaction royaliste et nationalisme,
et donc d'avoir modernisé le sentiment français.
On pourrait dire pourtant que ce sentiment était déjà là sous Napoléon, sauf bien sur pour les
traitres allés se battre avec les rois.
Et puis, on ne voit pas ce que la France de De Gaulle doit vraiment à Maurras:
à part "les 40 rois qui en mille ans firent la France", la belle formule d'un journal longtemps for lu.
Culte provincial, antisémitisme, refus de la démocratie, du libéralisme économique, de la science moderne,
Maurras sera pour toujours associé au retour de la nation à l'état d'avant cette royauté,
quand Paris n'est plus la capitale et que tout l'Etat a disparu, déguisé en bien pire et bien plus
indigne que la royauté de Bourges. De Gaulle fut Jeanne d'Arc. C'est à dire le contraire.
Que des royalistes, qui plus est maurassiens, ne le comprennent pas est leur problème. Voir plus bas.
Car Maurras fut l'un des instigateurs de ce drame absolu dont la France ne s'est sans doute pas vraiment relevée,
et ce malgré De Gaulle... Car la déchéance fut totale, et le dévoiement complet, comme jamais cela n'arriva dans
toute l'histoire.
Les Céline, Pétain et Maurras ne voyaient que les juifs et il n'eurent même pas le courage de se battre en fascistes
car il ne le furent même pas vraiment. Trop français: il est désolant de voir que l'abaissement de ces misérables
donna raison au racisme nazi qui les méprisait pour cela.
Il n'y a de patriotes que de gens prêts à se faire tuer, et ces méprisables lâches en étaient incapables. Qu'ils soient maudits, ils sont notre honte.
Écrit par : François Carmignola | 12/01/2016
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Au plaisir de la suite de la conversation, et j'assume ma détestation absolue de l'Action française.