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Rousseau

Il y a sur Rousseau des rumeurs infondées. 

Dans certains milieux libéraux et aussi réactionnaires, on dit de lui en effet rien de moins qu'il aurait pensé la guillotine et donc les chambres à gaz, les deux instruments étant issus en ligne directe de l'infâme pensée des lumières, inventée par Kant, le proto nazi qui recommande de dénoncer sa maman à la gestapo. 

Sur les deux questions, nous avons un penseur de la gauche réactionnaire (à moins qu'il ne s'agisse d'une réaction gauchiste) le bon Onfray, petit paysan inculte et atrabilaire, aussi ignorant et crasseux adulte qu'enfant, un vilain pour toujours, donc. 

Dans les deux cas, au nom d'une dénonciation de paysan opprimé du mauvais caractère du majodorme qui le fouette, c'est à dire de la considération que la connaissance du caractère d'un philosophe suffit à caractériser sa pensée, il pontifie avec l'assurance du crétin.

Qu'est ce qu'un crétin? Un pauvre issu des montagnes (les crétins des alpes) souffrant de problèmes thyroïdiens et donc porteurs de goitre. Le mot est une déformation de "chrétien", au sens d'innocent. Il se caractérise aussi par la désastreuse ambition de dominer plus crétin que lui, et l'incapacité de convaincre un sang moins pollué que le sien par les déjections des fumiers sur quoi on l'a conçu. 

"Car cet homme acariâtre, atrabilaire, paranoïaque, misanthrope, mégalomane, a couché sur le papier nombre d’idées qui, reprises par de sinistres personnages, sont devenues depuis trois siècles des armes de destruction massive de l’humanité." Voilà donc le constat sur Rousseau. Accablant. Pour lui. 

 Rousseau est en fait un penseur libéral. Il pense, et oui, un philosophe, un vrai, ça pense, la liberté ET la souveraineté. Il le fait d'une manière incroyablement novatrice en mettant sur la table non pas un organe, non pas une salive, ou un jus macéré, mais un concept: celui de l'abstraction d'une existence humaine, d'un "état". L'état est multiple, d'abord "de nature", puis "social". A partir de là on a une définition abstraite de la  liberté, qui n'est PAS la liberté du chien, ni celle de la statue, ni celle que l'on peut attribuer à un objet, ou à quoique ce soit. La liberté, telle qu'on peut la penser, comme concept. Bref, je vous fais de la philosophie, ce qui nous distingue, depuis Socrate, des animaux et des ouvriers agricoles incultes, acharnés à décharner des volailles, ou dégouté par cet emploi, à leur avis insuffisamment payé, ce qui en fait des "hommes" de gauche.  

Je m'égare: la liberté de nature n'est pas consciente et se frotte à son contraire, la souveraineté, celle des autres ou celle de soi, ou bien celle de l'AUTRE. Celui que l'éternel esclave de son baron ne peut imaginer, ni concevoir: il a fécondé sa mère vierge, au point qu'il ne sait qui est vraiment son père, un ladre comme lui, ou le phénix des hôtes de ces bois, je veux dire l'obscur empereur que tout misérable veut vouloir régner à sa place: le surhomme, lui même ou son cocu (forcément, à qui pourrait on penser sinon?).

Rousseau explique LUI que l'esclavage ne peut être voulu, que la personne réelle du souverain individuel n'a pas de réalité, mais que la souveraineté est possible, du fait de nous même, et que nous pouvons la penser face au vilain tyran (la conjonction, au combien réelle, est tout à fait approprié au jugement en cours). 

Ce qui ravit chez Jean-Jacques, c'est qu'il n'a pas vraiment d'alternative: à qui se soumettre, au cas où cela serait nécessaire ? Et bien à nous mêmes, nous dit le premier romantique. Qu'il en soit remercié. 

 

 

 

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