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Les communalistes

Au détour des perceptions du monde produites par la lecture des journaux, en fait le monceau de papier plus ou moins imprimé que constitue aujourd'hui l'internet, on se prend à mettre en correspondance de multiples pensées, initiatives et combats. Les anarchistes, c'est d'abord une chanson de Léo Ferret et aussi une profession de foi à l'aube de mon adolescence de la part d'une endiablée jeune fille à peine plus vieille, mais déjà bien convaincue.

Tout part de ce qui sépara toujours libertaires et communistes, la lutte des classes, que j'abhorrerai toujours. Ca tombe bien si on regarde les grands principes, on y est c'est bien ça.

La guerre en Syrie

Tout part aussi d'une contemplation de l'actualité récente, alors que les FDS, Forces Démocratiques Syriennes finissent de vaincre l'Etat Islamique. Formées principalement de kurdes, ces forces furent dans l'anonymat et la méconnaissance, voire la méfiance complète des opinions occidentales en pointe dans la lutte contre l'Etat Islamique depuis ses débuts.  

Ces kurdes là, d'abord Syriens, viennent des forces dites PYD Parti Démocratique de l'Union (Partiya Yekîtiya Demokrat), le frère syrien du PKK (Parti Kommuniste du Kurdistan) Irakien. Il veulent un Kurdistan Syrien indépendant ou du moins autonome, on va le voir. Cette région s'appelle le Rojava (1).

Il faut savoir que le PKK, fondé en 1978, considéré comme terroriste par les USA est l'ennemi absolu de la Turquie, qui s'acharne contre lui de manière séculaire et structurelle. Son grand leader Abdullah Ocalan est emprisonné (à vie) dans l'ile de  Besbikos (son nom grec), au milieu de la mer de Marmara et y théorise, on y reviendra. C'est de cette île que s'évada en 1975 le héros de Midnight Express. 

L'amitié franco turque survivra-t-elle à cette longue évocation des méfaits de ce qu'il faut appeler l'"Ottoman", dont on ne dira jamais assez que François 1er n'aurait jamais du s'allier avec ? J'en doute. 

Evacuée par la Syrie d'Assad dés le début de l'insurrection syrienne, la Rojava fut donc "prise" par ces kurdes là, spécialisés depuis le début dans la lutte contre tout ce que la région comptait d'islamistes, Al Quaida, Al Nosra et bien sur Etat Islamique compris.  Elle correspond à la région kurde que la France rattacha à "sa" Syrie en 1923, à l'issue du traité de Lausanne qui fit le deuil de l'indépendance Kurde décidée à Sèvres, et qui entérina en 1939, on ne le dira jamais assez, la cession à la Turquie du Sandjak d'Alexandrette, c'est à dire d'Antioche, zone toujours revendiquée implicitement par la Syrie. 

La Rojava inclut Afrine, repris par la force par la Turquie début 2018. Elle inclut bien sur Kobane la ville héroïque qui se signala par sa résistance à l'Etat Islamique en 2015, sous le regard hostile de la Turquie l'arme au pied... 

 

L'inspirateur de Ocalan

Ocalan a un maitre, l'américain Murray Bookchin, un vieux bolchevico anarcho bronxo (du Bronx) juif américain, théoricien de l'écologie sociale. Maitre récent, car Ocalan abandonna le marxisme pur et dur pour lui. 

Mort en 2006, Bookchin inspire donc le "confédéralisme démocratique", on pourrait ajouter "communal", doctrine des PYD, et donc véritable innovation politique, puisqu'il s'agirait du régime politique en vigueur au Rojava. 

Cette doctrine est aussi appellée "apoïsme" en référence au surnom d'Öcalan ("apo").

On ne rêve pas, on n'est pas dans Tintin et Milou et les journaux (presse pourrie, toute dévouée à Macron, incapable, veule et inutile) n'en parlent pas, ils ont mieux à faire, les gilets jaunes à déconsidérer sans doute. 

La doctrine est communale au sens municipal, il inspire le "municipalisme libertaire", doctrine originale, qui ramène tout à la cité, l'état nation disparu n'étant plus qu'une confédération de cités libres, dont les représentants révocables vont simplement représenter leur ville à un échelon "supérieur", mais dépourvu de la seule légitimité, celle des vrais égaux, qui n'existent qu'à l'ombre de leur clocher. Le mot "commun" lui même désigne ainsi la première ressource qui justifie par la nécessité de son partage, le premier niveau d'organisation collective. 

On peut citer le prix nobel accordé à Elinor Ostrom pour ses travaux sur les "biens communs", qui se distingue des "communs", dont le premier vrai exemple serait Wikipédia lui même !!!! 

Fédérant magnifiquement communisme et commune, l'échelon électoral préféré des français devient donc la base de la seule (et dernière ) révolution politique en cours dans le monde, celle qui tente désespérément de s'affirmer aux confins de la Turquie, de la Syrie et de l'Irak, chez le peuple le plus arriéré du moyen orient, non arabe et non turc...

Ce qu'il y a de remarquable chez Bookchin, c'est son caractère "écologique", en opposition à la fois à l'écologie dite "profonde" (celle qui veut supprimer l'espèce humaine, en gros les Vegan), et à l'écologie "mondaine", dite environnementaliste, celle qui veut organiser la société autour de la protection culpabilisée de la planète. Bookchin est écologique certes, mais pour protéger la liberté et l'autonomie des humains qui veulent librement s'organiser dans une communauté anarchiste à l'échelon municipal, respectueuse de chacun et aussi de l'environnement. 

Il a finit par se désolidariser de l'anarchisme proprement dit, se disant simplement "communaliste", le mot mérite d'être retenu. Il désigne l'équilibre ville campagne gérée par la "commune", magnifique lieu de la vraie démocratie, locale en l'occurrence. 

J'avoue apprendre tout cela brutalement et avec stupeur, mais pas vraiment étonné, je n'étais pas sans savoir l'absolue dégénérescence de la gauche française dans son ensemble, engluée dans la pourriture verdâtre de la chiasse marxiste jusqu'au bout, son cadavre puant mélangé à tous ces excréments là, une seule substance, un seul jus. Il y avait donc à la lisière des lectures de mes copains anars, une idéologie somme toute assez vivante et documentée, et qui prospérait ailleurs que dans le décadent, et inculte, pays des cons et des veaux.

Il est possible d'ailleurs que Bookchin ait pu inspirer au moins à la marge les écologistes libertaires de la ZAD de notre dame des landes (les fameux lanceurs de boules de pétanque à lames de rasoir). Y a t-il du communalisme chez les gilets jaunes et leurs bras armés (les fameux lanceurs de kakatov, bouteille d'évian remplie de merde de chien)? Il inspire en tout  cas un combat contre le diable incarné, et il y a quelques idéalistes ancien de l'armée française qui vont aider les PYD  et leur bras armés, les fameuses nanas combattantes rendues célèbre à Kobane. 

La Nature

On repartira sur l'idée de nature, décrite en (3) et commentée là bas. Il y a bien un thème majeur de la réflexion sur cette question et nous y sommes, l'histoire du monde se continuant sous nos yeux. 

La géopolitique

Le PYD est considéré comme la branche syrienne du PKK et sa référence au grand leader Öcalan est constante. De ce point de vue, il ne peut être que l'ennemi de la Turquie, qui le montre tous les jours. 

D'autre part, la personnalité et l'idéologie d'Öcalan reste originale et plutôt "spéciale" (4). La doctrine de l'homme nouveau semble y tenir un rôle particulier. 

 

 

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Rojava

(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Murray_Bookchin

(3) l'annotée via hypothes.is rescension du livre de Virginie Maris: https://via.hypothes.is/https://laviedesidees.fr/Qui-veut-la-mort-de-la-nature.html#annotations:0mqUxD0FEemfWdMPooCJCg

(4) https://journals.openedition.org/ejts/2753

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