Les libéralismes
En bouquinant on peut être amené à faire finalement de belles et grandioses classifications, qui rendent clair ce qui se superposait avant (du moins dans ma pauvre tête).
La liberté comme principe organisateur des conceptions du monde a donné lieu à des théories très variées, qui se sont succédées dans l'histoire et qui ont données lieu à maintes condamnations et confusions variées. Il faut distinguer la dedans, distinguons.
Droit Naturel et Utilitarisme
Ainsi, il y a confrontation entre droit naturel et utilitarisme, et nous avons là la grande et peut être unique polémique. Dans cet enchevêtrement on va trouver tout et son contraire.
Tout d'abord il faut mettre les Bodin et autres inventeurs du droit naturel, par exemple les espagnols de Salamanque: il existe un droit antérieur à tous les autres et cela peut profiter à tout le monde. Que la considération du sort des indiens d'Amérique ait pu donner lieu à ces réflexions doit être pris en compte.
Puis il y eut l'utilisation des sentiments moraux pour fonder l'économie: une activité locale, motivée par ce qui suffit à l'interaction, la sympathie, se trouve capable, sans volonté particulière, de fonder et de faire fonctionner des systèmes entier. Smith en est le premier grand exemple. Une économie librement organisée, adossée sur une théorie morale qui promeut des interactions saines entre individus.
Cette alliance local/global introduira l'utilitarisme, qui s'exprimera ensuite clairement: le bien maximum pour le plus grand nombre. De Bentham au socialisme de Mill, l'affaire fut lancée.
Cependant, cette idée de l'utilitarisme explicite est en fait différente de tout ce qui précédait. Elle constitue, très au delà de Smith, une dangereuse hérésie et d'ailleurs elle devient LE soutien rationnel au socialisme qui commence alors ses ravages obscurantistes.
Car l'homme est mauvais, et il faut qu'il veuille le bien pour que celui ci s'instaure. La lutte fondamentale contre la théorie des droits naturels est instaurée par Bentham. Nous y sommes toujours.
Avec Walras et la révolution marginaliste, les mathématiciens arrivent avec les néo classiques en économie et une forme mathématisée de l'utilitarisme,l'optimum étant décrit par Arrow-Debreu, quoique seulement possible, toutes les autres formes de courbes l'étant aussi, ce que démontre Sonnenschein-Mantel-Debreu.
Les Autrichiens
On se doit d'en distinguer les Autrichiens, engagés dans la lutte contre les interventionnistes socialistes, nazis et communistes et immigrés aux US pour ces raisons. Ils occupent une position particulière, parlant de philosophie, de sociologie et d'économie.
S'en séparent radicalement les "néo libéraux", en fait les monétaristes c'est à dire l'école dite de Chicago, libérale mais interventionniste et utilitariste, ce sont eux qu'on dénonce actuellement et qui jettent l'argent par pelletées depuis leurs hélicoptères. Ainsi, eux et les marginalistes dirigent le monde.
Pendant ce temps, les ronchonneurs de toutes obédiences, enfermés dans leurs socialismes ne font que ressasser leur médiocrité et l'impasse de tous leurs idéaux. De passage au pouvoir chaque fois ils ruinent leurs pays en attendant la correction d'après. Qu'en est il ?
Tout d'abord il faut savoir que le courant "utilitariste" (auquel on peut rattacher tous les tenants des optimaux) est extrêmement large et couvre tous les calculateurs depuis les adeptes de la théorie des jeux, en passant par les anticipations rationnelles ( l'utilité non pas du bien, mais de la probabilité du bien).
Cette identification de la description et du calcul en fait, à mon sens inéluctablement, un socialisme c'est à dire une décision calculatrice, acharnés à mijoter son "plan" global pour le bien général.
Il n'y a pas de bien général calculable. Il n'y a que la volonté humaine libre de se détruire ou de créer, elle en a le droit absolu.
Et bien il faut en revenir aux Autrichiens. Ils couvrent tout le spectre de la réflexion humaine et sont à l'origine (non pas eux, mais leurs élèves et enfants) des vraies innovations anarchistes de l'absolue liberté, celle sans aucune espèce d'état d'autorité ni de "régulation" organisée.
En cela, l'anarchisme total politique et économique (improprement appelé "capitaliste", d'ailleurs) reste un sommet incontournable de la pensée humaine. S'en départir est indigne et ne peut être toléré que de manière provisoire.
Vive la Liberté !