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  • Heidegger

    Un spectacle télévisuel inouï (à mon sens) est en ligne: il s'agit des vidéos du colloque "Heidegger et les juifs", qui s'est tenu à la BNF et au centre culturel Irlandais du 22 au 25 Janvier 2015. 

    Les vidéos sont disponibles sur Dailymotion, mise en ligne par  la revue "la règle du jeu" fondée par Bernard Henry Levy. La plus importante, sans doute, celle de Peter Trawny:

    http://laregledujeu.org/2015/03/03/19502/heidegger-et-les-juifs-la-conference-de-peter-trawny-en-video/

    auteur de http://www.seuil.com/livre-9782021182552.htm consacré aux fameux «Cahiers noirs» («Schwartzen Hefte») de Heidegger, récemment publiés et révélant un antisémitisme dont la nature reste problématique de la part d'un philosophe de cette importance. 

    Les tons, les accents, les attitudes, les mains tremblantes des orateurs lisant des feuilles de papier tournées nerveusement, font des interventions les scènes d'une pièce de théâtre fascinante et exceptionnelle. Qui plus est la manière dont les désaccords sont exprimés n'est pas commune: des divergences complètes sont exprimées calmement dans le cadre de prétentions philosophiques absolument inouïes: l'être du monde, l'histoire de l'être, l'être lui même sont évoqués, et flottent dans l'air, crevant l'écran. 

    Bien sur, certaines interventions sont un peu moins prenantes, mais globalement le spectacle (...) est absolument fascinant.

    En gros, il parait difficile de soutenir (même si cela est tenté par des intervenants calmes et courageux) que Heidegger ne fut pas nazi. On pourrait dire qu'il fut "ultra nazi" (au sens de "ultra violet") même si il fut finalement déçu par la tentative nazie de modifier la trame même de l'histoire, ce qui l'innocente d'une certaine manière, car les choses auraient pu être pires. 

    Ainsi, il ne participa pas vraiment à la fête, n'y fut pas convié et ne fut pas cité (il fallut attendre pour cela les intellectuels Français de la seconde partie du siècle, à son grand dam, d'ailleurs). On verra avec les publications prochaines du reste de ses écrits à quel point il le regretta. 

    Mais l'essentiel est ailleurs: il inventa un "post religieux" basé sur la manipulation du langage qui fascina le siècle. Plus que tout il est donc l'antithèse absolue à poursuivre éternellement: peut être la dernière tentative de l'humanité à fonder un ordre surnaturel. La fin de l'histoire de l'Etre, cette chose horrible, que, et c'était pourtant l'interdiction de la déesse de Parménide, il tenta de soustraire au principe de contradiction. 

    A ce propos, il convient de laisser tout de même la place à la philosophie en faisant fête à Barbara Cassin, qui connut Heidegger, et présente ici justement le texte de Parménide: 

    http://books.openedition.org/cdf/1449?lang=fr

    A ce propos, Hadrien Laroche (http://www.dailymotion.com/video/x2j7x7w_colloque-heidegger-et-les-juifs-hadrien-laroche_creation) fut un intervenant qui infligea, non pas le bruit des feuilles tournées, mais le dos marqué par une pomme de l'ordinateur qu'il utilisait plutôt. Il est vrai que, sportivement, il mentionna que Heidegger condamna en son temps explicitement la machine à écrire, et ce justement dans son cours sur Parménide, dispensé durant l'hiver 42-43, pendant la bataille de Stalingrad. 

    La question de la vérité est ainsi centrale (les arguties sur la notion d'aletheia sont sans fin, tu parles) et nous concernent tous, et pour toujours. Heidegger fut l'un de ceux qui sur ces questions, prirent position. 

    Il fut ainsi un grand contempteur de la technique, de la cybernétique et de la science, au point d'ailleurs que ses projets en furent victimes et c'est l'une des leçons de cette époque là. Alors qu'un deuxième round de ce match est en cours, il convient ainsi de s'en souvenir. 

    Pourtant, l'histoire quoique tragique, n'est pas finie, et nous réserve, forcément, des surprises. En gros, et c'est ce que j'en retiens, le questionnement philosophique reste et doit rester toujours "ouvert", et il se trouve, que oui, cela est sans doute le testament de Heidegger. 

    (pas mal non?) 

  • Les frères

    Il faut se préparer à une évolution des discours publics (mais pas de tous) au sujet de la présence en Europe d'un grand nombre de personnes d'origines Africaines ou moyen orientales, et marqués à divers degrés par la culture musulmane. 

    Cette évolution devrait accompagner, celle récente, d'un certains nombre de pays du monde au sujet d'une composante importante de ce que l'on appelle l'islamisme en général, et qui est la confrérie des "frères musulmans". 

    Ensemble idéologique et politique transnational, à l'origine égyptien, la confrérie, qui n'est pas en elle même dotée d'une organisation centralisée, est connue pour influencer ou plutôt être soutenue par des organisation aussi dissemblables que l'UOIF Française (dont est membre un Imam Français respecté, Tarek Obrou), le Hamas palestinien, et bien sur l'organisation des Frères Musulmans en Egypte, brièvement au pouvoir avant un coup d'état militaire qui prononça la condamnation à mort de centaines de ses membres. On doit également mentionner le président de l''Association internationale des savants musulmans", Youssef Al Qaradawi, citoyen Qatari, prédicateur sur Al Jazeera, personnage clivant bien connu. Qaradawi est par ailleurs actif en Europe, où il préside (d'où?) Le "Conseil européen pour la fatwa et la recherche". 

    Quels sont les rapports entre AlQuaradawi et Tareq Ramadan? La question est intéressante, et il faut bien reconnaitre que Ramadan à  part des allusions et des connivences géographiques n'est pas explicitement rattaché au personnage ni à la confrérie. Il a néanmoins des rapports qui ne sont pas hostiles avec l'éminent religieux Qatari. Ramadan est depuis peu (2012) directeur du "Centre de Recherche Islamique sur la législation et l'éthique", basé à Doha (Qatar). On le qualifie ainsi de "proche" de ce milieu et il parait difficile de soutenir qu'il en est l'adversaire idéologique. Au minimum un compagnon de route, dans le sens classique du terme. 

    Le Qatar, publiquement soutien ces dernières années de la confrérie, est fortement battu en brèche par la défaveur récente de la confrérie dans le monde arabe. La récente classification comme "terroriste" (en Novembre 2014) par les Emirats Arabes Unis des associations liées aux frères (dont d'ailleurs UOIF Française) en est la marque. S'agirait de la résistance des pétro-monarchies à une idéologie, pourtant soutenue par l'une d'entre elles, qui pourrait remettre en cause leur autorité ? Intéressante question.

    Un pan de la nébuleuse "islami(que,iste) se trouve donc identifiée, et les noms de Marwan Mohammed,  Nabil Ennasri, et bien sur Tariq Ramadan y sont associés. 

    Nabil Ennasri est un jeune intervenant fréquemment invité pour parler (et défendre) le Qatar. Il est financé par l'Emirat et exprime des points de vues nuancés, très nuancés avec une grande prudence. 

    Marwan Mohammed, du CNRS, l'un des concepteurs de l'Islamophobie, le sabre laser idéologique d'un mouvement d'opinion dont on peut saisir clairement les contours maintenant. On ne saurait être jamais assez reconnaissant à Caroline Fourest d'avoir identifié la lumière verte et de lui avoir magnifiquement résisté. La condamnation et la manipulation médiatique de la chose ainsi nommée est clairement une habileté, rendre illégale les opinions de son adversaire étant évidemment une stratégie. 

    De quoi s'agit il? Non pas d'un complot, car tout cela est en fait parfaitement public, même si encore un peu obscur, mais d'une cohérente vision du monde, visant à instaurer un communautariste religieux en Europe en prenant le contrôle d'une partie de l'immigration de culture musulmane. 

    Ce qu'il y a d'intéressant dans ce mouvement multiforme, c'est sa similarité avec le bien connu communisme, qui fut finalement mis à bas il y a 30 ans: même entrisme, même hypocrisie, même soin des banlieues et du peuple, même idéologie autoritaire et religieuse. Ce bien connu là devrait permettre à l'Occident de s'en débarrasser. Simplement cela pourrait lui prendre un peu de temps. 

    Pour finir, il est vrai que M. Ramadan a trouvé plus "à droite" que lui, voir http://la-verite-sur-tariq-ramadan.over-blog.com.  On a les adversaires qu'on mérite et ceux là sont particulièrement saignants. Leur présence excuse en partie la prudence du prédicateur qui a sans aucun doute des préoccupations que nous n'avons pas: tous ces gens là sont très loin de nous, c'est assez clair.