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  • Les enfants des riches

    À propos des études sur les enfants (1) et sur l'éducation et de la sempiternelle affirmation théorique de l'importance de la différence entre riches et pauvres et de bien sûr de la "distinction" de Bourdieu qui commande à jamais les théories et bien sûr les pratiques adoptées selon. 

    La différence serait donc entre les environnements culturels liés aux classes sociales. À l'âge de l'internet et de l'école obligatoire qui mêle les enfants avec les riches et les pauvres et aussi les flux culturels globaux en concurrence avec une administration éducationnelle en rapport, on se penchera si cela est possible sur les milieux, au sens de ceux qui, positionnés au milieu de l'échelle sociale, à mi-chemin de l'ascension sociale de leur milieu familial lui-même différencié tout en échangeant réflexions, bonnes adresses et idéaux variés vivent une vie étrange au milieu d'une école administrée et organisée par les tenants des théories qu'on réprouve. On y remarquera que le concept de classe sociale est ici inopérant, d'autres mécanismes sans rapports étant à l'oeuvre, clairement. La différenciation se fait au milieu d'un bain public animé par des volontés organisées génèrent au mieux des effets pervers, au pire une destruction complète de tout ce qui spontanément aurait pu guider l'ensemble vers des objectifs raisonnables. 

    Mais avant d'accuser l'ineffectivité, voire la nocivité que l'on pourrait assimiler à son impéritie et à sa négligence ignorante, décrivons ce qui se passe. Le "milieu" est d'abord largement indépendant, d'abord et avant tout, du milieu familial, et donc de ce qui gouvernait étroitement les destins autrefois. 

    Soustrait à son milieu familial, l'enfant l'est par définition et par volonté explicite de ce qu'on appelle l'éducation nationale instaurée et théorisée dés avant la guerre de 14... À succès pour l'alphabétisation généralisée du monde français enfin acquise lors des grandes réformes de la fin du XIX siècle et encore, il y eut fusion du monde primaire et première extraction sociale de la partie basse du peuple, enfin intégrée dans la patrie globale au-delà de la masse misérable et méprisée dont on doutait de l'humanité, tant ses moeurs cannibales semblaient inexorables et non corrigeables. Base de la soi-disant "lutte des classes", le désespoir et le fatalisme devant la méchanceté de la misère, transformée en socialisme sentimentalement par Victor Hugo pour mieux séduire (il était de droite, en fait) les classes moyennes capables d'acheter des livres.

    Ce qui réalisa la transmutation fut le contraire du libéralisme, en ce que s'introduisit le salariat comme mode d'ascension sociale, l'enrôlement dans les armées industrielles devenant le moteur de la prospérité qui s'investit dans la formation étatisée des troupes nécessaires à l'avenir.  Que la misère "ouvrière" recouvrit de son obscurité la misère paysanne ne fut que l'illusion du siècle, il est temps de revoir tout cela, ceux ainsi opprimés ayant acquis du fait de la proximité urbaine avec les organisations bourgeoises et petites bourgeoises la capacité de protester en continu, la ruralité n'ayant et cela dure encore, que l'opportunité de quelques jacqueries séculaires écrasées avec brutalité.

    Au final des politiques ambitieuses qui intégrèrent une volonté explicite de renforcement voire de création ou de renforcement ex nihilo d'un sentiment national nécessaire furent généralisées avec efficacité. La grande expansion (entrecoupées toutefois de périodes de crise) fit le reste: on s'industrialisa à marches forcées et cela profita à tout le monde.

    Le consensus obtenu dura longtemps mais se fracassa en trente ans sur un dogme égalitariste qui considéra cet immense succès comme insuffisant ou plutôt à discréditer pour obtenir de l'air: la social démocratie gérée par des trotskystes s'acharna à tuer la vache en l'accusant de rage et y réussit. Les petits bourgeois rebelles furent précipités dans la médiocrité avec leurs copains immigrés et seules les transmissions pécuniaires peuvent maintenant mener aux sommets de la société entièrement centrés sur la reproduction à l'identique dans un milieu assez peuplé pour n'avoir plus besoin de nouveaux entrants, bien au contraire. 

    Les enfants de riches sont d'autre part soumis à l'incendie: la cohabitation avec la basse culture, encouragée pour distraire, sélectionner et éliminer les revendicateurs fait office de système de sélection. Est-il organisé pour construire dans l'ombre une vraie élite, ou pour la réduire à son essentiel, celle qui héritera vraiment de la rente construite sur l'exploitation moyen âgeuse de la pauvreté du tiers monde, destinée à remplacer TOUTES les classes salariées...

    Car l'idéal des classes moyennes salariées, en contact avec toute la société car répugnant à capitaliser exagérément et aussi à vivre trop chichement fut ce qui découragea les révolutions permanentes et embourgeoisa le peuple. Il fallait l'assassiner et on s'y employa au nom de l'égalité, vieux moteur qui ne cessa jamais d'être efficace, surtout en France... Les enfants des presque riches furent alors encouragés à se noyer dans la masse. 

    La culture "pop" s'imposa ou fut imposée délibérément. D'origine américaine, elle fut, pire que cela, en fait une récupération: fasciné par la puissance sexuelle du noir déhanché dont l'émancipation accompagnait celle des femmes et les confisquait, on blanchisa le rythme pour pouvoir pécho encore mais on abaissa les standards: au romantisme désespéré du poète maudit on substitua le cynisme macho du rappeur tempéré par la très musclée Aya Nakamura: toute une civilisation forma nos enfants, elle ne fut pas la nôtre qui ne fut que réaction puérile d'accompagnement de la première étape du refus, qui se croyant "branchée" perpétua bien pire: on passa du drogué (qui remplaçait le tuberculeux) au dealer (qui remplaçait le cavalier de la coloniale). Simplement la couleur de peau du héros avait changé, ça tombait bien le flux entrant correspond. 

    La perpétuation de l'espèce bourgeoise est donc directement menacée, au contraire exact des théories de la distinction qui avaient pour objet (et cela réussit) de les abattre. Elle s'abime dans l'abominable médiocre que rien ne contrebalance et que tout encourage, qu'elle encourage. On notera l'assentiment féminin dévoué et omniprésent, faisant passer la chose pour cool et mettant en avant partout le père de famille racisé , image de cette tolérance-là. Les enfants des riches savent ce dont ils sont envie... 

     

    (1) https://www.cairn.info/revue-des-politiques-sociales-et-familiales-2021-1-page-121.htm#re3no3

  • Les Patries et les Nations

    Élaborer sur la différence entre nation et patrie est très casse gueule mais on ne peut se retenir. 

    La patrie est innocente et pourtant très "coupable": elle désigne clairement et sans ambiguïté le côté familial de l'appartenance communautaire en l'assimilant à la terre de naissance, le pays du père, donc. À la fois territoriale et innocente de la race, et suffisamment liée à l'essentiel de ce qu'on est et aime naturellement, la patrie est d'autre part féminine, ce qui est habile, donc. Son amour est sacré et ne peut être remis en cause et de plus ne désigne pas une communauté mais ce que la communauté partage, la seule communauté ici ne pouvant être que celle des patriotes exclusivement, qui plus est... La patrie est ainsi objet d'amour, mais n'est pas ce qui aime, ni ce qui partage cet amour. 

    Le "patriotisme" est donc cet amour-là, sacré et honorable, et quasi involontaire: comme un devoir. Normal et dont on ne peut être responsable négativement tant il est une obligation pour toute dignité. Le patriotisme motive honorablement. 

    On en vient à la Nation. On se doit d'abord d'évoquer Fichte et son "discours à la Nation allemande" de 1807 fondateur d'une acception du mot qui l'a coloré pour toujours, ce qui n'existait pas à l'époque ou qui devait devenir apparaissant comme "allemand" à tous les sens du mot, dont ceux qui s'épanouirent au XXème siècle pour le malheur de beaucoup. 

    La Nation est d'abord, et cela clairement, "construite". Elle n'est pas "involontaire" et cela la caractérise. Invoquée à la Révolution et associée (le "vive la Nation" est crié à Valmy) à la levée en masse qui introduit dans l'histoire la puissance des États construits sur des Nations capables de faire d'un peuple une armée. La Nation se substitue au Royaume et fait du collectif une chose nouvelle, volontaire et mobilisable, la manifestation d'une volonté. 

    La Nation est donc, et cela est essentiel, une collectivité. Symbolique, et symbolisée, certes, mais un contenu une masse nombreuse, une Communauté. Communauté volontaire, non familiale, mais, et là on se distingue, raciale ou pas, c'est selon. L'ambiguïté est au coeur de l'utilisation du mot, de ses dérives et de ses mésusages. 

    Le mot aurait ainsi, et c'est la division France/Allemagne qui se manifeste, deux ensembles de co-notations: 

    1) électif, citoyen, civisme, Lumières, France

    2) ethnique, ancêtre, populisme, Romantisme, Allemagne

    Trop facile sans doute, et on voit bien que la Nation allemande part d'un patriotisme jugé insuffisant pour exister sur la base d'une puissance à construire. L'essentiel est donc la construction, et la Nation a aussi bien des aspects "charnels" dans toutes les acceptions du mot et c'est là où je veux en venir. 

    La Nation est ainsi le lieu du partage légal et de la "fraternité" au sens de l'assistance de droit, elle est la communauté à qui s'adresse l'aide due. Elle est le lieu de la frontière humaine, celle qui distingue celui à qui on doit non pas la charité due à tout homme, mais le manger et le couvert dus aux soldats de la même armée, aux miséreux qu'on préfère, à ceux qui sont de notre côté de la frontière. Ceux avec qui nous acceptons de partager notre impôt. 

    Le côté matériel de la Nation est essentiel: elle délimite la quantité de bien que nous acceptons de mettre en commun, elle délimite les hommes (et les femmes) avec qui nous partageons notre misère. Qu'importe ce qui motive l'appartenance, race ou choix ou histoire: dans la Nation, on partage et c'est le point. 

    À partir de ces évidences, on peut utiliser les mots et voir comment ils se situent dans l'histoire et dans les évènements.

    On parlera d'Israël, la première Nation, celle qui fit envie à tout le monde, car elle organise le peuple "élu", celui qui se fonde sur une alliance avec un Dieu et en tire une puissance invincible. La Nation sans Dieu reste ce qu'elle est. On notera que ce peuple partage entre ses membres nourriture miraculeuse et déportations, tout le bien et tout le mal du monde. La frontière de l'élection caractérise le concept et organise le partage, symbolisé par la chose mise en commun comme communauté. 

    On parlera alors de l'Europe telle que vue aujourd'hui par les "visionnaires" qui s'en sont emparés et dont l'objectif est la construction, encore  un rêve germanique, d'une nation nouvelle qui telle le vampire qui préside aux fantasmes du maudit continent et voudrait se nourrir de ce qui aurait causé ces fleuves de sang dans l'histoire: les nations, justement. 

    À peine construites, il y a peine cent ans pour la plupart, on veut donc les déconstruire, avec tout le reste de ce qui nous a mené jusque-là. 

    On glosera sur les deux inspirateurs du traité dit de Rome, (Monnet l'américain et Schuman l'allemand) comme si la pauvre Europe, qui n'ayant pu être celle de Charlemagne, Charles Quint, de Napoléon ou d'Hitler ne peut être qu'inspiré par les deux pires images de ce qu'elle a produit, carrément "chié" historiquement:  les deux génocidaires ensembles maudits par l'histoire que sont la thalassocratie anglo saxonne tueuse d'indiens et la germanique barbarie tueuse de juifs.

    Quelle Nation européenne peut surgir de ces horreurs, au pire accessoires, en tout cas non essentielles du fait de notre dégout ? Les Nations originaires devront donc rester. Point final.