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  • Les théories de la valeur.

    Les valeurs

    On va commencer par les fondamentaux. Un bref cours de base. 

    On a d'abord les classiques et la théorie de la valeur dite "travail", qui attribue au travail la source de la valeur. Puis les "néo-classiques" qui introduisent la théorie de la valeur dite "utilité marginale" qui considère la valeur comme pur épiphénomène, une adaptation. Marx est un classique.

    Smith inventa la valeur comme travail mais comme ce qui permet de commander le travail des autres tandis que Ricardo décrivit la valeur comme travail incorporé dans les biens reproductibles. Pour Smith, la richesse n'est donc ni physiocrate (avec la terre comme origine) ni mercantiliste (avec l'argent comme support). Il modélise le prix comme somme des 3 origines du bien: rente, profit et salaire. On a donc un prix "naturel", les prix effectifs "gravitant" autour au gré des circonstances. Cet étalon de valeur, le travail, se trouve en concurrence avec d'autres objets, l'or, ou le blé, mais c'est une autre histoire.  

    Ricardo critique cette histoire d'étalon et introduit une valeur liée à tout ce qui a permis la fabrication de l'objet, il introduit de plus une échelle de valeurs permettant de comparer les valeurs sans étalon fixe. 

    Il est à noter que pour Ricardo, la rente est un prélèvement indu: il prône dans l'Angleterre de la révolution industrielle l'étatisation des terres. Notons que le profit lui est légitime: il est un travail accumulé. 

    Parmi les classiques, il y a pourtant Say qui attribue la source de la valeur à l'utilité du bien. Contrecarrée par Smith et son paradoxe de l'eau et du diamant, cette théorie devient acceptable avec la modification néo-classique de la valeur "marginale" du bien, l'unité supplémentaire d'eau (la goutte) ne valant vraiment rien... On arrive alors à la théorie de valeur dite symétrique, sans valeur intrinsèque, uniquement issue de l'équilibre offre/demande de Walras et Pareto. 

    Faisant un petit aller retour chez Marx: pour lui, qui reprend Ricardo, le travail est bien incorporé dans la valeur, mais la valeur d'échange est socialisée par les hommes. C'est ce qui lui fait dénoncer le "fétichisme" de la marchandise pratiqué par ceux qui veulent mettre la valeur dans la chose... Il introduit aussi la notion de plus value qui est la différence injustifiée entre valeur d'échange et la valeur travail, l'équivalence entre profit et plus value étant son théorème fondamental.

    Quelques compléments méritent alors d'être introduits.  

    Le Marginalisme et les néo classiques

    D'abord que la théorie de la valeur devient vite celle de la formation des prix. C'est l'approche moderne, la valeur n'étant que l'entité conceptuelle origine de la décision d'y mettre le prix. Pour Walras, elle est la "rareté", mélange de source de désir et de difficulté à obtenir qui motive l'allonge du bifton. De fait, la valeur s'exprime par un prix, qui varie continument.

    Ces gens sont les "néo classiques": Walras et Pareto forment l'école de Lausanne, Jevons (puis Marshall) celle de Cambridge, et Menger l'école Autrichienne. Tout cela ira de 1870 jusqu'à la crise de 29. Marshall, mort en 24, considérait l'économie comme achevée par son livre, "Principes d'économie politique".

    Il faudrait expliquer pourquoi on veut et on doit accoler le mot "politique" à "économie": en fait c'était l'expression originale, datant du XVIIème siècle (de Monchrestien, 1615),  et ce serait Jevons qui simplifia en parlant d'économie tout simplement ! 

    Notons que Jevons est un disciple de Bentham, l'utilitariste inventeur du panopticon, il pense "utilité" ou plaisir marginal. Marshall est son successeur. 

    L'identification de la valeur à l'"utilité marginale", c'est à dire au prix de la dernière unité acquise constitue ce que Schumpeter appelle la "révolution de la théorie de la valeur". De quoi s'agit-il? Voyons la demande: elle est fonction d'une utilité employée de chaque bien acquis. Quand un certain volume est acquis, on arrête d'acheter. Le dernier bien acquis est à un prix, dit marginal terme qui s'applique en fait à la dernière consommation faite. C'est le prix du bien. Cette assimilation de la valeur à celle de la marge suppose une forme de courbe particulière qui lie prix et quantité plongés tout deux dans le raisonnement utilitariste: si le prix monte, l'utilité marginale décroitra et DONC la quantité commandée diminuera d'autant... Cette introduction du troisième terme, l'utilité comme mesurée par un montant variable de valeur d'échange avec un maximum possible constitue l'essence du marginalisme, inventé par Jules Dupuit (1844) qui lui, identifie utilité avec valeur d'échange maximale. 

    Citons Walras, le socialiste né en 37, d'ailleurs partisan lui aussi de l'étatisation des terres et théoricien de l'équilibre général.

    Puis Marshall, le maître de Keynes: il réintroduit le coup de la valeur de travail en parlant prix de production, en fait en voulant calculer le prix des choses. Au delà de la valeur, il s'agit de trouver l'algorithme qui lit production et demande avec comme point fixe le croisement de deux courbes. On a ainsi une théorie de la valeur "symétrique", le marginalisme étant appliqué AUSSI à la production. Simplement cela est plus difficile à concevoir et suppose des considérations variées.

    D'abord que le cout de production fait partie de la valeur, on revient un peu aux classiques mais en déclinant: c'est uniquement sur le long terme, à court terme, c'est la demande qui est prépondérante. Puis que l'on ne raisonne que par branches et non pas sur toute l'économie, c'est le fameux "ceteris paribus". Ensuite, qu'il faut que les rendements soient décroissants, en fait décroissants à terme: Marshall conjugue les lois de rendements croissants (les fameuses aiguilles de Smith) et de rendements décroissants (les terres moins fertiles de Ricardo), l'important étant que les rendements ne soient pas constants. 

    Cette nécessité de la loi des rendements décroissants mérite le détour et là je me lance, car on ne la trouve pas vraiment bien expliquée. Elle est due à l'"algorithme" de marche vers l'équilibre qui ne fonctionne QUE si les deux courbes demande et offre sont convexes ! Dans le cas contraire il y a divergence dans au moins certains cas, suivant que la marche part d'une zone ou d'une autre de l'espace. Ces modélisations mathématiques variées font les délices des néo-classiques qui s'en amusent à un point extrême, mais le point est là.

    C'est cette non complètement satisfaisante modélisation de l'offre qui fit l'objet d'une dénonciation destructrice de Piero Sraffa en 1925, celui ci remettant en cause la notion de concurrence parfaite pour introduire à l'étude de la concurrence monopolistique. Sraffa prônera le retour à Ricardo et cherchera à réinstaurer un étalon de valeur. 

    Il parlera de compter dans le salaire, en plus de la subsistance, une part du profit réalisé et surtout caractérise le salaire comme "post factum". La décision est d'importance...

    Sraffra, connu surtout pour son travail de réédition des oeuvres de Ricardo se fait remarquer aussi en 1960 lors de la querelle des 2 Cambridges, entre Robinson (UK) et Samuelson (US), sur la comptabilisation des machines et donc la valeur des biens de production. Les keynesiens voulaient la considérer nulle, et les néos classiques la conserver. Sraffra prit position en détruisant tout comme d'habitude et en réutilisant des concepts marxistes de comptabilisation. 

    On pourra alors dire qu'il continue d'y avoir deux théories de la valeur, l'une de Ricardo à Marx et Sraffa, basée sur la répartition et une conception intrinsèque, classique de la valeur, et l'autre depuis Say, Walras, Samuelson, basée sur la rareté marginale, la répartition n'étant que secondaire. Le débat est toujours actuel, s'identifie au conflit droite gauche ou libéralisme contre "socialisme", celui ci se modulant suivant encore d'autres circonvolutions. 

    ...

     

    L'équilibre général

    On finira sur l'équilibre général de Debreu et Arrow, le prix Nobel de Debreu datant de 1983. Walras avait raison, donc. C'est le livre "Théorie de la valeur" de Debreu. 

    En gros, en 1953, Arrow et Debreu démontrent mathématiquement l'existence d'un équilibre général possible des demandes et des offres basées sur les prix.

    Mais il faut mentionner aussi, en 1973  le théorème de Sonnenschein-Mantel-Debreu qui montre qu'on peut en réalité obtenir n'importe quoi, les fonctions de demande nettes pouvant être quelconques. La main invisible existe bien, simplement elle peut faire n'importe quoi... 

  • Xylophagies Macronésiennes

    Pardon pour le titre empoulé, mais il y a pire.  On aurait du parler de xyloglossie, ou de xylolalie. La « langue de chêne » (yazik dub?)  russe, qui date du tsarisme, d’ailleurs. Ce sont les langues de pouvoir, la « lingua tertii emperii » nazie en étant l’exemple le plus affreux (1). Macron en est un locuteur, permanent et insupportable.

    Cette réthorique là est étudiée, connue et analysée. Toute une partie de la culture et de l’intelligence s’y consacre, pour notre plaisir, notre élévation et aussi notre clairvoyance.

    Pour commencer, on se réfèrera à http://g-langue-de-bois.fr/ dont le générateur, du premier coup nous produit ça:

    « la dynamique vertueuse fait ressortir le réel attrait d’un rassemblement des conditions de base pour construire sa vie et envisager son avenir. »

    Au détour d’un raid sur le twitter de Macron, j’ai réalisé la profondeur de l’absurde langage de celui que les sondages annoncent gagnant. Comme en fait ils annoncent un état de l’opinion avec une bonne moitié d’indécis, il convient de tenter de dire à ceux là ce qu’on pense de leur hésitations… Car les commentaires des saillies du monsieur sont partiellement accablants: bien souvent tout passe inaperçu.

    Bien sur pas pour tout le monde, la chaine Youtube ridiculeTV:  https://www.youtube.com/channel/UCIu1KhZAvIiujTIgNAz22sQ parait il faite par des fillonistes (des talentueux vidéastes fillonistes) offre un florilège incroyable de macronneries indicibles.

    Il faut citer, et notamment les perles les plus belles. Elles sont constituées de fragments de discours en forme de slogan, que l’on peut reprendre dans sa tête ou retweeter, tout simplement. Toutes candidates à un passage par « ridiculeTV », avec des commentaires du Camelot d’Alexandre Astier pour en dénoncer le vide de sens, sous la critique de la grosse reine qui elle y est sensible, on peut les collectionner.

    On a ainsi sur ce compte twitter là le plus remarquable amas d’exemples de la langue de bois la plus grasse, la plus construite, la plus dénuée du moindre sens autre que sa fonction: stupéfier, terrifier, perturber. Car l’acceptation de ces absurdités change l’auditeur et c’est le rôle de ce type de parole: dominer, essentiellement. C’est en cela que ce type de discours, inventé et mis en pratique par tous les socialismes et en fait, et oui, fasciste.

    Le mot peut sembler fort pour désigner le successeur de Hollande, le timide freluquet qu’on pourrait croire efféminé, chienchien à sa mémère. Il ne l’est pas: ses fadaises centristes sont un refus profond de tout débat, de toute opposition, de toute politique en fait. Il ne veut rien faire et l’imposer à tous au nom d’un consensus sous son autorité qui est le propre du fascisme, lui seul pouvant donner sens à la destruction totale du sens, qu’il organise avec son langage truqué.

    Il hérite ainsi de ses mentors dont Ségolène Royal, son soutien discret n’étant pas douteux en est un, la capacité d’émettre le  langage frelaté de la fausse connivence politiquement correcte. C’est la plus horrible chose qui soit au monde, la plus destructrice du lien social et symbolique qui unit le citoyen à l’Etat. On l’a vu cinq ans et cela veut continuer à tout prix, il est là pour ça et il fait le maximum.

    Il faut noter que l’aspect absurde voire délirant de la démarche s’est accentué depuis le premier débat, on atteint ainsi maintenant (début avril 2017) régulièrement des sommets et cela se voit ici.

     

    Voyons voir la collection.


    Une constante, l’adjonction pour faire sens de plusieurs (au moins deux) significations distinctes juxtaposées qui semblent se renforcer l’une l’autre. Trois cas suivant que les deux significations se contredisent, se répètent ou tout simplement n’ont rien à voir.

    Par exemple:

    « Je défends l’ouverture et l’esprit de conquête. »  Rien à voir.

    « Nous allons sortir du passé qui ne veut pas passer. » Se contredit.

    « La société est formée à moitié de femmes et à moitié d’hommes ». Evidence

     

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    Le multiple ne nuit pas. A partir d’un terme, ou d’un thème, on peut tripler la dose:

    « l’emploi des autistes sera encouragé par une reconnaissance des entreprises inclusives. »

    « Nous allons sortir des divisions, sortir de la Françafrique, sortir de tout ce qui nous a tués. »

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    Parfois, l’articulation des qualificatifs les renvoient les uns aux autres, par exemple dans le très réussi:

    « J’ai décidé de franchir une nouvelle étape pour aider la France à se transformer elle aussi. »

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    Une constante, la nuance qualificative. Une affirmation doit être paradoxalement qualifiée par son contraire pour la nuancer et en établir la mesure. Bien sur cela en modifie substantiellement la portée et souvent prête à rire car précisément cela détruit le sens global, en montrant une volonté de dire « tout et son contraire » c’est à dire d’accorder à tout prix des contraires.

    « Nous aurons une politique de tolérance zéro : à l’égard de la délinquance et à l’égard des abus des autorités policières ».

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    Ici on l’introduction du quantitatif (le doublement) mais dans un domaine qu’on ne peut établir que qualitativement (le manque): une merveille:

    « Protéger, c’est aussi soigner. Je veux doubler les maisons de santé partout où le soin manque. »

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    Une constante: le « nous » qui alterne avec le « je » des exhortations, il  est descriptif et généralement transforme la foule en quelquechose:

    « Nous sommes le projet qui protège les Français. »

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    Une magnifique double adjonction en forme d’écho; le « rien à voir » est ici doublé:

    « 50 milliards d’euros pour investir dans le numérique et l’écologie. Pour changer nos manières de produire, de consommer. »

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    Une figure triple avec double don, qui plus est redoublé:

    « Nous redonnerons de l’espoir par le pouvoir d’achat. »

    Qui complète harmonieusement le:

    « Nous redonnerons de l’espoir par la culture. Elle est ce qui nous fait peuple. »

    et aussi :

    « La France a besoin d’espoir et nous ramènerons l’espoir par l’école ! »

    et aussi:

    « Nous redonnerons de l’espoir par le sport. »

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    Les allusions sexuelles. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il y a du sexe chez Macron, mais sous une forme cachée délicatement masturbatoire:

    « Un lien pour recréer la sève de la République et ses principes. C’est la force des patriotes. »

    « Nous sommes l’alternance profonde »

    « Il faut créer un nouveau rapport à l’autorité et à la police. Je créerai une police de sécurité quotidienne. » (ici le rapport quotidien en plus à l’autorité, fait sens).

    « Je mets mon énergie à faire plutôt qu’à durer ! »

    « Nous allons porter l’alternance véritable qui rassemble des femmes et des hommes jusque-là divisés. »

    ——

    Parfois, on passe dans le néologisme, mais qui évoque un soupçon: ici par exemple, disposer de deux langues a un coté sexuel, ou mensonger, en tout cas, vaguement inquiétant, les « humanités » renforçant le coté bi… Notons bien que bilangue n’est pas bilingue.

    « Je veux rétablir les classes bilangues, je veux rétablir l’enseignement des humanités. »

     

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    Une belle répétition (le slogan est martelé régulièrement) qui avoue la responsabilité (il était au pouvoir les 5 dernières années) et aussi  l’irresponsabilité (il ne l’était pas avant):

    « Nous allons tourner la page, non seulement des 5 dernières années, mais des 20 dernières années. »


    Les allusions à ce que suscite un tel langage sont parfois fièrement provocatrices, quitte à être un peu douteux:

    « Nous sommes l’alternance profonde : c’est pour cela qu’ils nous détestent autant, mais c’est pour cela que nous gagnerons ! ».


    Le charme du ni droite ni gauche contradictoire atteint parfois des sommets:

    « Cela fait 20 ans que nous sommes bloqués par le balancier permanent entre la droite et la gauche. »

    Bloqué par un balancier ! Il fallait y penser.


    En économie, le principe du rapprochement entre les deux directions du monde  s’applique aussi:

    « Il faut réconcilier ceux qui investissent et ceux qui travaillent. »


    Parfois le constat est sévère, voire paradoxal au point d’être gênant: faut il éviter d’aller à l’école, voire de fréquenter des professeurs ?

    « Aujourd’hui l’école creuse les inégalités de départ ! »


    Le pléonasme redoublé, il fallait y penser et ça marche, cela se renforce, même:

    « Nous devons parler d’orientation plus, et plus tôt. Faire venir des professionnels à l’école, présenter leurs métiers. »


     

    Délicate opposition entre des comparables, avec un soin laissé à la formation du sens qui force l’admiration:

    « Le vrai clivage de cette campagne est entre les patriotes et les nationalistes. »

    Car il faut vouer le nationalisme (« le nationalisme c’est la guerre ») au gémonies.


    Il faut creuser davantage et vraiment. Sans craquer:

    « Je recréerai un véritable creuset national. »


    « Le service civique, l’apprentissage… il faut multiplier les voies qui permettent aux jeunes de sortir des sentiers battus ! »

    Ainsi donc on va multiplier les sentiers battus pour en sortir!


    Une  triple adjonction, le sel étant donné à tout ce qui ne compare pas:

    « On doit redonner du sel à un engagement, à de l’ouverture. »


    Certaines conclusions sont paradoxales et attirent l’attention:

    « On a un paradoxe français : on n’aime ni la réussite ni l’échec ! Il faut dédramatiser l’échec. »

    Cette priorité donnée à l’échec est un effet. Prémonitoire sans doute.


    Là on a une figure en forme de double sens évident: qui mieux que les enfants des quartiers pour… ?

    « Qui mieux que les enfants de la République comme ambassadeurs des quartiers ? »


    On peut se trouver fasciné par les différentes modalités de l’action. Par exemple, ici, on peut compléter la mobilité ou bien l’entreprenariat mais l’assonance « mobi » domine:

    « On facilite l’entreprenariat qui est un élément de mobilité économique et sociale. Il faut la compléter d’une mobilisation sur le terrain. »


    Le baroque peut parfois mettre les voiles,  à la proue de la volonté, le présent confirmera le futur annoncé en lequel, il faut le noter, on croit:

    « Je crois à la croissance bleue. Elle passera par une politique d’innovation très volontariste dont l’Ifremer est la tête de proue. »


    Parfois on dissipe des doutes. Le soin à l’agriculture (on avait pensé à l’oublier) sera à la fois permanent et fort. Le coté sexuel est indéniable.

    « Oui, dans mon gouvernement, il y aura bien un Ministère de l’Agriculture. Il sera fort et à plein temps ! »


    En parlant d’agriculture, au cas où les paysans n’auraient pas à s’occuper avec l’argent qu’on leur donne:

    « Mon plan d’investissement pour l’agriculture permettra aux paysans de garantir le bien-être animal »

    Sans parler de la sécu pour les bêtes:

    « Je ne connais pas un éleveur heureux avec des animaux malades »


     

    On trouve une tendance à récupérer le sens à son avantage mais en même temps, il y a quelque chose de forcé:

    « Marine Le Pen vous désigne aujourd’hui comme son adversaire principal. – Elle a raison. »


    En tout cas, on trouve, dans le langage, une volonté de nuance; le ni ni est patent:

    « Je veux être un président engagé : ni suractif, ni en retrait. »


    Parfois les priorités se multiplient, au point d’égarer: (elle est pas bonne celle là?)

    « C’est par l’accessibilité que nous garantirons la participation de tous à la vie sociale. J’en ferai l’une de nos priorités. »


    L’utilisation de l’anglais pour lutter contre les discriminations n’est pas à négliger:

    « Nous lutterons contre la discrimination à l’embauche des personnes en situation de handicap en généralisant le testing et le name and shame. »

    Le software c’est le hardware: « Il y en a qui pensent que quand on fait des choses par le numérique, ça n’existe pas. Non : le numérique, c’est du matériel. »


    Au delà du sexuel il y a un sommet de politiquement correct, en fait limite:

    « Le Premier ministre sera choisi sur des critères d’expérience et de compétences. J’aimerais que ce soit une femme. »


    Un doublement classique:

    « Il n’y aura pas de vraie relance sans une politique de relance européenne »

    Encore un doublement, celui là pléonasmique, mais associant passé et avenir:

    « C’est à partir de notre histoire commune que nous écrivons un avenir commun. »


    On a aussi des passages d’idées, voire des communications sur les convictions, mais on ne peut s’empêcher de les masquer quelque peu.

    Il y a dans certains choix politiques, par exemple l’abandon du paritarisme en matière d’assurance chômage, une franchise programmatique claire, pas si éloignée du revenu universel. Il n’en demeure pas moins que l’argument reste défaitiste:

    « Le chômage est devenu un vrai risque social qui touche tout le monde et doit être financé par l’impôt. »

    Mais il y a aussi, dans l’européisme forcené, de quoi faire peur si les allemands sont meilleurs que nous:

    « L’excellence est tout sauf un gros mot. L’excellence dans l’école publique, c’est la vraie méritocratie européenne. »

    Il y a aussi les aveux déguisés:

    « Je suis contre la GPA. Je ne souhaite pas l’installer en France. »

    Sa pratique encouragée hors de France satisfaisant les besoins, bien entendu.


    L’adaptation est un thème important: quoi de mieux que les flexibilités pour s’adapter aux contraintes, tout cela est réuni.

    « Les contraintes naturelles et géographiques de La Réunion supposent d’utiliser toutes les flexibilités. »


    Il y a aussi les honneurs déjà rendus, mais qu’on renforce, quitte à innover:

    « Je souhaite que soit rendu hommage à tous les anciens combattants. Pour eux, je recréerai le Mérite Combattant. »


    Tout ce qui concerne le plus de mooooyens  doit être renforcé:

    « Il faut donner à la France les moyens d’une autonomie stratégique accrue. »


    Pour finir la dernière phrase de son discours de conclusion lors du deuxième débat:

    il faut « renouer avec un optimisme volontaire ».

    L’expression, déjà utilisée par Hollande en 2012, a une variante « je suis un optimiste de la volonté ».


    Il y a pire, voir même inquiétant, à la limite de la folie, sur le thème de la réconciliation:

    « Pensez printemps mes amis, c’est réconcilier l’ambition et le réel »

    « La réconciliation cohérente que je propose et le projet progressiste assumé sont de nature à réveiller des initiatives très fortes au niveau de la société »


     Quadruple composition, l'expression "promesses non tenues", parce que venant spontanément à l'esprit, étant rejetée et imposée vicieusement en même temps: 

    "Je veux que l’Europe soit digne des promesses d’hier pour porter les promesses de demain."

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    Certains slogans sont répétés: « L’alternance profonde » est présent dans plusieurs discours et tweets variés. Le qualificatif de profond pour désigner la « ternance » figure répétée trois fois sans doute, a, on l’a vu, une connotation sexuelle enthousiasmante. Elle est aussi sans doute une allusion au « gouvernement profond », le complotiste directoire à qui sans doute on veut s’allier, ou dénoncer, c’est selon…

    Pour conclure, l’horreur de ces abominations soulève un tel dégout (cette expression là me parait douteuse, mais je la garde) que nous en sommes maintenant à la haine, et au refus d’un résultat défavorable de l’élection. Les tenants de cette saloperie prennent un risque et un sort funeste pour les tenants de l’alternance profonde est à prévoir si ça se passe bien pour eux. Tout, absolument tout sauf Macron.

     


    (1) Sur le livre de Klemperer, https://germanica.revues.org/2464

    (2) Une couverture du thème: https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2010-3-page-33.htm

    (3) Philippe Murray avait prévu Macron !  http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/04/05/31001-20170405ARTFIG00239-macron-fillon-debat-presidentiel-philippe-muray-avait-tout-vu.php

     

  • Le carré de Nolan

    On connait ce parangon de l'intellectualisme politique, la division des opinions en 4 par le croisement des deux subdivisions des intérêts humains, sociétaux (comme on dit) et économiques. Quatre cases et on se plait à dire que la récente élection française a mis au premier tour des représentants des quatre positions, le second tour actant le choix entre ce qui fut prétendu: la liberté totale contre l'autoritarisme total. 

    En fait, les choses ne sont absolument pas celles là, et on va le démontrer. 

    Tout d'abord, le fameux carré oppose conservatisme et libéralisme dans les deux domaines. Tout étant affaire de degré, on acceptera de dire que Fillon est conservateur et Macron libéral dans le domaine sociétal. Immigration, mariage gay, rapport à l'autorité, relation avec l'histoire, Fillon a beaucoup insisté dans ce domaine, et se trouvait en en désaccord radical sur ces points avec son adversaire. 

    Notons toutefois deux étrangetés:d'abord que Marine Le Pen deux fois divorcée, vit en concubinage, est entourée d'homosexuels partisans du mariage gay, et a pris des libertés avec les lois sur le financement politique. Même si on pourrait considérer François Fillon féministe pour un ollé ollé financement limite de femmes au foyer, il n'y a pas vraiment à hésiter: le front national s'est dédiabolisé sur toutes ces questions, et à part l'appartenance de certains de ses fondateurs à la Waffen SS ou à l'OAS combattante, n'est plus vraiment différent, à part l'immigration, d'une France tout aussi insoumise, pardon, ils sont trotskystes, ou ex, et ce n'est pas pareil, comme dirait Renaud dans la chanson "Le HLM": 

    Au quatrième, dans mon HLM
    Y'a celui qu' les voisins
    Appellent " le communiste "
    Même que ça lui plaît pas bien
    Y dit qu'il est trotskiste!
    J'ai jamais bien pigé
    La différence profonde
    Y pourrait m'expliquer
    Mais ça prendrait des plombes

    Bref, le coté "conservateur" du FN, sur le plan des moeurs laisse à désirer. Ne pas en être persuadé depuis longtemps, connaissant la vie turbulente du père est un aveuglement. De plus, vouloir conserver l'Algérie et faire français dix millions, maintenant trente de maghrébins inassimilables, c'était faire preuve d'une grande ouverture d'esprit, au moins aussi grande que celle qui consista à vouloir faire l'Europe avec Hitler, mais là on se rapproche d'un autre paradoxe, on y reviendra. 

    Tout cela pour dire que le conservatisme "réel" n'est pas celui là, et ses véritables partisans pourraient réfléchir, il n'y a pas, et c'était mon point, de conservatisme hors de la droite maintenant entièrement républicaine le reste n'étant que chimère vomitoire, je le sais, j'ai voté Le Pen ce matin. 

    Le résultat du premier tour montra de plus qu'entre 2012 et 2017, le sociétal n'avait pas bougé: droite et gauche culturelle se partagent exactement à 50 pour cent. Mâtiné du fait que le FN compté ici à droite est en fait à gauche, on a bien un 70/30 en faveur du libertinage, le souci des traditions ne se matérialisant que par le rejet de l'immigration que les attentats n'ont ni entamé ni renforcé, donc. Ce paradoxe central est le coeur de la démonstration: le peuple content, baise sentimentalement à l'ombre de. 

    A l'ombre de quoi? Et bien de l'autre clivage, l'économique, dont les années qui viennent de s'écouler ont renforcé la haine du libéralisme: 10 points de chaque coté passent l'arme à gauche depuis 2012 pour désirer la prébende, et les gaspillages insensés. 200 Milliards coté Mélenchon (le plus fou fou) et 100 Milliards seulement coté Le Pen (un souci louable de tempérance).

    Si l'on veut se persuader d'un peuple adulte libre de ses choix, et de l'expression cohérente et à propos de ses volontés, il faut y aller: le signal est clair, nous avons décidé de devenir le Venezuela, il faut se soumettre à la volonté générale.

    Ainsi donc indifférent à l'actualité, le peuple veut des subventions, voilà la leçon du premier tour que Macron va devoir gérer.

    On passera ainsi rapidement sur la France dite insoumise. Perdue dans la folie d'un brave sénateur socialiste vieillissant devenue bolivarien, elle est aux fraises, simplement forte de quasiment 20% des voix, après un écrasement des frondeurs malgré tout insuffisant. 26% de socialisme déconneur, le PC de la grande époque. Macron fait 24, et voilà la gauche de la France. Si on compte 1,6 % de trotskistes , on a donc de quoi assurer, vive la sociale! Libéraux sociétalement, les insoumis ont tout de suite commencé à se disputer avec les communistes, qui il est vrai, ne comptent plus pour grand chose, malgré la lutte des Michéa et autres crypto clouscardiens en faveur du vrai brun rouge, le rouge brun. Cette étrange alliance, celle de la morale naturelle qui serait celle du prolétariat quand il n'est pas dans la vraie misère totale, dans ce cas, comme en chine, il se met brutalement à pratiquer le cannibalisme, conduit donc à mépriser le libéral sociétal, qui avec l'accueil illimité des migrants est pourtant la pierre de touche du vrai christianisme et pourtant le caractère fondamental de la vraie gauche. Les insoumis n'ont pas voté Le Pen au second tour, préférant de loin s'abstenir. Ils sont en fait trop attaché au "libertaire", bien sur, c'est à dire aux migrants en général... 

    Il faut aborder les théories de la domination, le peuple opprimé économiquement et qui veut la fin de la lutte de tous contre tous, tu parles, aurait (l'idée est excellente) cette envie d'un politique qui serait d'abord de répondre à l'appel des victimes des révoltes passées qui échouèrent. Cette idée de Benjamin, base de réflexions indéfinies de toute une philosophie de la gauche éternelle, veut célébrer la question du peuple qui ne se révolte pas ou dont les révoltes échouent toujours...  Vieux sentiment fondateur de la gauche, sans doute. 

    Parlons en de Macron. Clairement libéral sociétalement, (on ne saurait mieux dire), il serait libéral économique. Tu parles et c'est bien la deuxième illusion: il ne l'est pas du tout. D'abord sa relation à l'étatisme est caractérisé: suppression du paritarisme pour la gestion du chômage, suppression des mutuelles étudiantes, intégration du RSI dans le régime général, il nationalise le social et cela est le coeur de ses propositions: state is back. 

    Comme de plus il "investit" en profitant (il a le culot de le dire) des bas taux d'intérêt, on a un état emprunteur de dernier ressort, en charge de tout, à sa guise. Le résultat est le maintien, et le renforcement de la politique de gaspillage assise sur l'emprunt que mène l'état français depuis trente six ans. C'est écrit, c'est prévu et les gentils trentenaires, dont la pratique très hypstérique des modes de vies branchés qui se veulent libéraux dans tous les sens du terme, vont devoir passer à la casserole que mérite leur attitude efféminée et se faire trombiner par un socialiste, mais cela les arrange, leurs parents ont encore un peu d'argent. 

    On pourrait parler de réduction de dépenses publiques, mais à part les économies qu'il chiffre comme Hollande chiffrait les siennes avec le succès que l'on sait, mais j'y pense, il était son ministre de l''Economie", et bien il n'y en a pas, et ce n'est pas le sujet, bien le sur. 

    On pourrait parler de réduction de la fiscalité: charges sociales et impôts (au pluriel) sur les sociétés: ils ne s'aggraveront qu'un peu et celle des "entreprises" n'est réduite que de 12 GE (capital + IS), ce que proposait Fillon, qui lui ajoutait 30 GE d'autres réductions. Le bilan global du changement de l'imposition est quasi nul. 

    http://www.ifrap.org/budget-et-fiscalite/depenses-et-recettes-ce-que-nous-proposent-le-quatuor-de-tete

    On a donc la stricte continuité un peu énervée de la présidence Hollande. Rien à boire et rien à manger. Cette position dans le libéralisme économique est donc totalement  usurpée: Macron ne réforme pas et reste un socialiste gaspilleur, il sera élu pour cela et a globalement le soutien des autres, leurs murmures pro libéraux n'étant que ce qu'on a vu sous Hollande: de la folie mièvre, pour s'attirer les bonnes grâces des sociaux démocrates allemands, en charge de persuader l'Allemagne de donner de l'argent, sinon ce sera Le Pen... 

    A droite, cela aura été l'explosion, mais bien pire: d'abord la défaite, imméritée, mais aussi les engueulades, qui ont des raisons profondes.  Dans les deux axes. 

    D'abord le social: indifférentes à l'immigration, les classes supérieures françaises méprisent maintenant ouvertement ce qui n'est pas leur monde et qu'elle assimile non seulement à l'africain, mais au ringard sans dents: pour elle il n'y a qu'un seul tiers monde mondialisé, l'antiracisme c'est ça: que les pauvres s'aident entre eux, c'est leur destin. 

    De l'autre coté, ceux qui savent bien que la nation souffre et pas seulement de sa pauvreté: de la disparition et de l'humiliation de ses habitudes anciennes et cela dans tous les domaines, au point que rien ne vient remplacer ce qu'on aimait bien et qui se trouve donc perdu, à quoi bon finalement ? Tristes et vaguement désespérés, ils savent que la révolte contre ce qu'on assimile au temps qui passe est impossible, et  ils prennent leur coup de vieux en patience, soit en se retirant du monde, c'est la fameuse habitude du vote FN que les médias exploitent, on va en reparler. Ils peuvent aussi confusément espérer que quelqu'un se lève et se mette à bien parler. Fillon fut une tentative, il n'y en aura peut être pas d'autres.

     

    Ensuite l'économique: même principe mais dans l'autre sens, la peur de la révolte et de la rue oblige au maintien des subventions aux professions protégées fonctionnaires et salariés. Le centre droit est donc très prudent et se refuse à la brutalité que seuls les libéraux de droite, classé cruel donc radicaux veulent instaurer. Il n'y aurait parmi eux que des retraités, déjà tiré d'affaire, ou pire des cathos tradis adepte des macérations. Même mépris raciste pour ceux qui pourraient porter à raison un vrai souci portant sur le réel: celui d'une nation qui se refuse à l'effort, à la lucidité et donc à la réforme d'importance maintenant absolument nécessaire. 

    Car on peut parler bien de certaines choses. Alors que la mièvrerie ou le cynisme affiché dégoute ou inquiète, on peut simplement et sérieusement rappeler les fondamentaux de l'humain et de la nation sans en faire un jeu vicieux ou un ridicule, simplement en respectant ce que croient ou ont cru bien des gens. Mais cette sentimentalité là est bien personnelle. J'ai cru entendre dans la parole de François Fillon ce qui me donnait une confiance simple en quelque chose de partageable et de commun. Et bien cela n'aura pas d'effets. A la prochaine fois, s'il y en a une, et cela n'est pas certain du tout. 

    Décus et hostiles, un grand nombre des petites mains et d'humbles cultures ont rejoint le négatif d'un parti repoussoir attirant : ils ne savent qu'une chose, que les grands bourgeois qui devaient jouer leur rôle, assurer la prospérité, ont failli et que cette défaillance est humaine. Gros bataillons traditionnels des bourgeoisies conquérantes, ils ne servent plus à rien et rejoignent progressivement les cohortes de prolétaires qui n'ont plus que les prébendes à espérer. Et ils en souffrent.  Leur utilité se réduit au dégout qu'ils inspirent. 20% de l'électorat.

    On doit y ajouter les absentionnistes structuraux, à qui ils s'assimilent, mais qui sont difficiles à compter et bien sur à mobiliser. Ils ont fui loin et ne reviendront que si on recommence à avoir besoin d'eux, physiquement. Quels nouveaux fromages vont-ils inventer dans leurs provinces entre temps ? 

    C'est le moment de parler de l'immigration. Nous avons sur notre sol une population du tiers monde qui reproduit en Europe son mode de vie traditionnel, élites vérolées et prétentieuses comprises, avec une fuite, à ne pas négliger, vers une assimilation de certains qui a pour rôle de justifier les nouvelles arrivées et de renforcer l'indulgence envers la situation. Cette population n'est pas respectée, ni acceptée par la Nation dans son ensemble. Elle ne souhaite pas s'y insérer sinon sous forme de la fameuse "inclusion", qui allie, en même temps, le terme devient à la mode, l'inamovible avec la non appartenance, voire la haine cultivée. Tout le problème va consister à en contrôler (ou pas) le flux entrant avant que les premières violences et autre politiques évoquées ici et là de déportations de population ne soient mises sur la table. 

    Et les libéraux dans tout ça? D'abord, inconscient de ce qui les divisent, ils allient comme tels revendiqués le mélange de toutes les libertés, y compris bien sur celle de vivre où ils veulent, rien de plus libéral qu'un migrant sub saharien: sa femme excisée, sa société rurale fétichiste détruite et son statut d'esclave dans le monde entier en fait un frère, enfin de loin: le libéral s'en fout en fait, de tous ces gens là, la première des libertés c'est l'indifférence.

    Le "libéralisme" est donc une idéologie avec ses dogmes à qui il faut logiquement se soumettre, au point qu'un science existe du respect à ceux ci: on y pratique les très libérales onctions et autre anathèmes qu'on trouve dans toutes les églises, et celle là en est une. Ce bloc, composite au sens du carré de Nolan, est ainsi en fait parfaitement monolithique et se trouve caractériser le centre, celui que voudrait dans leurs rêves, Bayrou et Macron. Autoritarisme, unicité du point de vue (celui du chef, celui ci arbitre tout et surtout le contradictoire qu'il prône partout par ailleurs). De manière étonnante, le libéralisme total est l'autre pôle de l'autoritarisme intégral, et se trouve constitué des mêmes étendues glaciales et invivables. Il EST un fascisme, hystérique, faussement rassembleur, autoritaire et surtout abominablement faux cul (je me lâche).

    Pourtant les libéraux se déclinent, et la pensée nord américaine, en passant par Rawls blacklisté sous Jospin car "libéral" justement. Il y a deux libertés qui s'opposent. La négative et la positive suivant Isaiah Berlin, mais aussi la perfectionniste et la neutraliste, tout comme la tolérance avec l'autonomie et le critique avec le volutionnel. Droite et gauche donc, l'intervention et l'autonomie se croisant. L'idée de liberté est complexe, et se prête à bien des visions, y compris la liberté des communautarismes, seuls capable d'assurer celle des individus obligés. Une riche réflexion s'y déroule, au moins aussi importante que celle de gauche et de plus en plus à la mode. Mais l'intellectualisme n'est pas le politique...

    Et puis, il y a la Nation. Battue en brèche par le "patriote" Macron, qui sait ce qui est bon, et ne respecte pas ce qui est plus grand que lui, elle est, je l'ai déjà dit ici ce qui résoud bien des problèmes. Atome d'individualisme au delà de l'individu, elle est l'atome conventionnel et historique qui permet de décider de l'intérêt de tous, la justification de la volonté générale. Elle est conservatrice de son être qui plus ancien que nous, exige la liberté face aux autres nations, et encourage celle de ses soutiens. Elle décide de la prospérité et de l'assistance, elle justifie l'action publique. Elle est ce qui permet le libéralisme économique et aussi la  protection autoritaire des intérêts locaux. Elle est ce qui exporte sa culture et donc le gout libre pour le nouveau, mais aussi ce qui garde en bon état ses cathédrales. Elle est ce qui est pour moi la vraie liberté.

    On pourrait la croire défendue par un front qui ne sera jamais pour moi un parti politique mais un repoussoir, faire valoir politisé d'un complot ancien. Tout vint de l'affreuse exploitation de la destruction européanisante de la France réalisée en 1940. Vexé de n'avoir pas été assez fasciste, la terrible idée d'union du peuple et du capitalisme dans l'état, inventée, comme le communisme, en France, fut reprise à l'occasion de la guerre perdue. "La patrie renaîtra": elle était bien morte, il s'agissait de révolutionner la Nation et de l'abandonner donc à un empire supranational. Idée brillante que l'héritier, au sens Macron, de Pétain, François Mitterand, se chargea de réaliser trente six ans après la fin de la guerre lors d'une cérémonie funèbre avec hymne à la joie. Il fit voter Maastricht et construire une pyramide, utilisée lors de la cérémonie refaite hier soir à l'identique avec le même ridicule, exactement trente six ans après. 

    Car l'abominable enthousiasme qui séduisit brièvement les lumières allemandes lors des succès de la révolution avant qu'elles ne plongent dans le nationalisme qu'on vit durer cent trente cinq ans fut aussi celui de l'abolition des nations... Le nationalisme c'est la guerre, parait-il. 

    Au service de l'imposteur le fameux parti fondé par des complices, waffen ss, collaborateurs et oas avec l'aide des médias des années 80. Avec un seul raté en 2002, qui fut en fait un remerciement à la fois à Le Pen et Chirac, il servit magnifiquement lors de toutes les triangulaires et de toutes les cérémonies de motivation du peuple de gauche; dédiabolisé par des "gaullistes" il fait élire bébé dans un fauteuil, on vient de le voir. Cela s'appelle le FNPS est quoique parfaitement clair et évident, le concept est évidemment refusé par tout le monde... Que prouve l'élection d'hier? Que le FN est le seul opposant du PS, non? Pour convaincre davantage de la chose, on doit réaliser que l'argumentaire de Macron à destination de l'Allemagne qu'il veut séduire c'est on l'a dit: donnez moi l'argent, sinon il y aura Le Pen... Le repoussoir marche aussi à l'export.

    La Nation, pour les raisons exposée plus haut existe pourtant malgré tout, au delà de toutes les idéologies universalistes ou impérialistes, par définition. Elle résume l'aspect conservateur et porteur de toutes les libertés de toute les assemblées de peuples construits par l'histoire. Ne pouvant être généralisée, elle est forcément jalousée, ou imitée. Chronologiquement la première d'entre elle, la nation juive a bien ses rois sur le portail de nos cathédrales. Evidemment insoluble dans une quelconque Europe, même si elle doit bien sur commercer avec, elle est le contraire exact du pétainisme, de l'algérie française et du retour au franc prôné par les Le Lepen. 

    Et bien, il faut s'en débarrasser pour accéder à l'universel qu'impose les guerres perdues, et aussi la généralisation de l'arrivée dans notre histoire et notre géographie de nouveaux peuples. Cette disparition est possible, et elle est souhaitée, nous y sommes. 

    Pour faire quoi exactement ? On a vu plus haut que ce n'est pas pour réformer, mais pour justifier le maintien d'une politique trans-séculaire d'accroissement de la dette au bénéfice d'un secteur public en expansion. Ce n'est pourtant pas l'avis d'une autre quadrant du carré de Nolan, celui des communistes, qui y voit au contraire ce dont je dénonce l'illusion: l'ultra libéralisme. L'Europe est donc accusée deux fois, et de deux choses contraires: par moi de provoquer à l'endettement étatisé, par lui de provoquer au licenciement du social, à l'instauration de l'individualisme destructeur de tout social et de toute solidarité. Le discours de folie anti capitaliste anti macron de Michel Onfray d'aujourd'hui en est un exemple effarant. Pour mettre les points sur les "i", oser dénoncer comme ultra libéral un pays dont les dépenses publiques sont à 57% du PIB est évidemment la marque de la plus infâme, de la plus affreuse, et de la plus définitive connerie. 

    On a donc, selon moi dispute dans le quadrant maudit du socialisme, ultime masturbation désespérée de la ruine de l'idéal de Baboeuf ou bien, comme je le sous entend aussi, lutte du peuple contre l'illuminati inventeur de la révolution française? Cela nous fait tourner d'un cran, vers le carré rouge brun, on a dit ce qu'on en pense. Il faut noter que ce sous-carré là est maintenant un point de fuite de l'intelligentsia anti Macron qui se trouve donc le meilleur allié de celui qu'elle dénonce. L'usurpation du mot "intelligence" est patent. 

    Plus que jamais, il me semble avoir montré non seulement la vraie place de chacun mais aussi que le carré politologique n'a qu'une seule position saine. Elle fut scandaleusement évincée du débat politique ces derniers temps et ma tristesse est comme mon inquiétude, non pas infinie, mais très grande. 

    Pour conclure de manière plus intellectuelle, il faut noter que le carré rompt avec l'opposition binaire, trop simple, et trop efficace pour faire accepter les choix imposés. En possession d'un quart de l'adhésion totale, tout vainqueur ne peut qu'avoir beaucoup trop d'ennemis et les critères de choix trop nombreux génèrent bien trop de confusions. 

    Le désordre est là.