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  • L'islam Sunnite

    Un petit florilège des références au sujet de l'islam (avec un petit "i" pour la religion).

    On distinguera en effet les 4 islams dont deux avec un petit "i": la soumission (ou plutôt remise entière de soi) à Dieu, les dogmes d'une religion et ceux avec un grand "I": la civilisation géographique et historique et l'ensemble des gens habitants ces régions. 

    L'islam sunnite 

    L'islam sunnite (90% de l'islam, le chiisme comptant pour 10%) est défini par : 

    - le Coran lui même, parole de Dieu. Il y a 114 sourates. 

    - les Tafsirs ou interprétations du Coran, qui reprennent les textes du Coran et les commentent en détails. 

    - la Sirah ou biographie du prophète.

    - les Hadiths ou recueils des paroles du prophète, dont les hadits sahih ou authentiques, non susceptibles de doute. Il y aurait 100 000 hadiths authentiques. Les deux recueils les plus importants sont ceux de Bukhari et de Muslim. 

    L'ensemble forme la Sunnah, tradition du prophète. On distingua deux écoles initiales l'Asharite et la Mutazilite, la deuxième, qui voyait le Coran comme non crée ayant disparu au Xème siècle. 

    Plus exactement, ce qu'on appelle la Sunnah est l'ensemble formé par le Coran et les Hadiths authentiques. 

    Cela donne au contenu effectif de la grande religion de paix et d'amour un caractère concret, précis, explicite et donc assumé à défaut d'être connu. Se  dire musulman sunnite signifie adhérer à TOUT cela.

    Mais l'islam est aussi un système de droit, le Fiqh, produit pendant la période de l'ijtihad (ou interprétation de la Sunnah), aujourd'hui interdite (on dit que ses portes se sont refermées, cela au Xème siècle) et dont l'ensemble constitue la Charia. Cette fermeture n'a pas eu lieu dans l'islam chiite, qui lui, continue l'élaboration du droit. 

    L'exercice du droit met en oeuvre comme source du droit, la Sunnah, le raisonnement analogique (le Qiyas) qui rattache le cas à juger à un cas traité similaire, le consensus des docteurs (Ijma), plus le droit existant le "houf". Le droit se structure en fait en 4 écoles différentes réparties géographiquement : Malékite au maghreb, Chafiite dans l'océan indien, hanbalite en Arabie, et Hanafite en asie centrale et Turquie. 

    Les détails.

    On distingue: 

    - les Tafsirs

    • Tafsir al-Tabari, écrit par l'imam al-Tabari (838-923), est un tafsir classique sunnite qui est considéré comme l'un des plus complets et des plus informatifs.
    • Tafsir al-Qurtubi, écrit par l'imam al-Qurtubi (1214-1273), est un autre tafsir classique sunnite qui est très apprécié pour sa clarté et sa précision.
    • Tafsir al-Jalalayn, écrit par les imams Jalal al-Din al-Mahalli (1386-1457) et Jalal al-Din al-Suyuti (1445-1505), est un tafsir classique sunnite qui est connu pour sa brièveté et sa concision.
    • Tafsir al-Mizan, écrit par l'imam Muhammad Husayn Tabataba'i (1892-1981), est un tafsir chiite qui est considéré comme l'un des plus importants du XXe siècle.
    • Tafsir al-Manar, écrit par l'imam Rashid Rida (1865-1935), est un tafsir chiite qui est connu pour son approche moderniste et progressiste.

    - les Hadiths ou recueils des paroles du prophètes, classifiés en authentiques ("sahih") ou pas ("hasan") suivant la validité des chaines de transmissions depuis les "savants" jusqu'aux compagnons immédiats du prophète. Une science entière est consacrée à l'évaluation de ces chaines. Les plus grands recueils de hadiths sont:

    • Sahih al-Bukhari, écrit par l'imam al-Bukhari (810-870)
    • Sahih Muslim, écrit par l'imam Muslim ibn al-Hajjaj (821-875)
    • Sunan Abi Dawud, écrit par l'imam Abu Dawud al-Sijistani (817-888)
    • Jami' at-Tirmidhi, écrit par l'imam al-Tirmidhi (824-892)
    • Sunan an-Nasa'i, écrit par l'imam an-Nasa'i (829-915)
    • Sunan Ibn Majah, écrit par l'imam Ibn Majah (824-887)

     

    On trouve sur l'internet ces textes, numérisés, cherchables et disponibles. 

    - le Coran, pour lequel voici plusieurs traductions simultanées, la plus "correcte" étant celle de l'université de l'Oregon, les autres étant des variantes édulcorées typiquement tendancieuses. 

    https://coran-seul.com/

     

    Un Coran en ligne en une page étant: 

    https://www.lenoblecoran.fr/

    Les Hadiths sont en : 

    https://sunnah.com/

    https://bibliotheque-islamique.fr/hadith/

     

    Le Tafsir Ibn Khatir   https://tafsir.be/  

     

    En ligne avec les expertises des apostats maghrébins qui mènent une campagne énergique contre les absurdités de cet islam-là, on peut citer les points mortels variés qui soulignés en permanence devraient faire justice des prétentions des frères musulmans, appuyés dessus pour contrôler des masses africaines qu'il faut libérer de l'obscurantisme. 

    Le point crucial, propre à l'islam sunnite est la validité essentielle des tafsirs et hadiths reconnus paroles du prophète, et donc lois tous issus de la révélation divine telle qu'elle doit apparaitre à tout musulman sunnite. Les détails donnés correspondent bien et ne peuvent être niés ou relativisés, sauf à se détourner de la foi officielle par ailleurs sévèrement obligatoire, unifiée et codifiée de manière cohérente et univoque. Un musulman sunnite doit croire cela, point.

    1) le mariage d'Aicha consommé à 9 ans, d'après 20 hadiths sahih suffisent à rendre la sunnah défintivement pédophile au sens strict, la chose, immuable et confirmée, étant toujours valable. 

    Coran 65/4 évoque les règles à suivre pour répudier ses épouses, et précise le cas des épouses n'ayant pas "encore" leurs menstrues. La tradition du prophète Sunnah puis consensus en a ainsi toujours déduit que le mariage des petites filles était autorisé. 

    Parmi les hadiths authentiques évoquant clairement la chose: Bukhari  5134, Muslim 1422

    Dans le hadith Muslim (sahih bien sûr) 1464a, Aicha se plaint : "il me semble que ton dieu ne fait que satisfaire tes désirs".

    2) l'esclavage admis et permanent malgré tous les avantages moraux donnés à l'affranchissement, ne cesse d'être pratiqué et organisé et cela sans que son principe ne soit critiqué en soi. On admet au passage l'exploitation sexuelle sans retenue des esclaves femmes et enfants, cela hors du mariage.

    Coran 4/24 on a le droit d'avoir des relations sexuelles avec les captives de guerre, rendues esclaves.

    Coran 24/33 le contrat d'affranchissement des esclaves si ils ont assez d'argent pour se racheter et que vous le voulez.

    3) la pratique de la polygamie, réglée et organisée ne cesse d'être une loi divine autorisée, faisant fi des sentiments possibles des femmes concernées  sujettes aussi à l'islam.

    4) le meurtre justifié et encouragé d'ennemis juifs, mettant en scène la mise en esclavage des enfants et des femmes, la sélection des garçons pubères à exécuter se faisant de manière organisée. Des hadiths sahih respectés décrivent tout cela en détails.

    Coran 9/5 les associateurs à tuer. 

    Coran 5/33 les pieds et les mains opposés coupés

    Le hadith des arbres et des pierres:  "Vous combattrez les juifs et aurez le dessus sur eux de sorte que la pierre dira : ô musulman ! Voici un juif caché derrière moi.. viens le tuer . al-Boukhari, n° 3593.

    Et aussi, Tirmidhi 2236 Vous devez combattre les juifs... 

    5) les privilèges sexuels exorbitants du prophète:

    Coran 33/50 "Ceci est un privilège qui t'est accordé, à l'exclusion des autres croyants."

    Le privilège en question fait les choux gras des mécréants décrivant un mahomet braguard qui voulant absolument s'approprier certaines se retira dans sa caverne  le temps de se faire "révéler" le privilège, tout de même tendancieux.

    Cela va assez loin (la fameuse sourate porno , la 33, les coalisés (3)). Contenant entre autre le fameux verset autorisant le prophète à "épouser" la femme de son fils (33/37) après le verset (33/36) obligeant la femme en question à épouser le fameux fils, finalement divorcé de force un an après... Pas mal pour une révélation commentée par les dogmes du sunnisme. De plus, pour permettre de relativiser le crime, le prophète interdisit l'adoption plénière, l'adopté gardant le nom de son vrai père. 

    6) L'héritage différentié entre frères et soeurs, les femmes n'ayant que la moitié des parts des garçons. Problème longuement discuté en Tunisie, durant la phase "démocratique" qui suivit la révolution... 

    7) Les esclaves. 

    https://wikiislam.net/wiki/Coran,_hadiths_et_savants_:_l%27esclavage#L'Islam_autorise_le_viol_des_esclaves_et_des_captives

     

    On peut bien sûr sur ces points imaginer des "interprétations" ou des "contextualisations" qui permettraient d'atténuer ou de pallier les terribles conflits moraux qui pourraient avoir lieu au sein des entendements confrontés à la foi exigée en l'absolue divinité de ces commandements et lois. Mais cela suppose ou bien de renoncer à l'explicite de l'autorité divine porteuse de ces commandements-là ou bien de renoncer à la totalité d'entre eux, c'est-à-dire au côté prescriptif de ce religieux-là et donc de fait à la totalité de celui-ci. Cela n'a rien d'impossible, c'est la renonciation à la totalité de l'islam sunnite, religion absurde et orthopraxie criminelle dont l'humanité devrait s'éloigner. 

    A la totalité? On peut en discuter. Car tout d'abord, l'écrasante majorité des musulmans ne se pose pas la question et ignore en fait le caractère immuable et obligatoire de ces règles-là, ou du moins des règles inacceptables à toute conscience "moderne", surtout si elle vit en Occident, sauf bien sûr s'il s'agit de règles "acceptables" (voile, interdiction du porc, circoncision) qui elles sont connues et pratiquées avec ferveur, alors qu'elles ont en fait le même statut d'immuabilité que les mains coupées des voleurs (qu'on peut regretter de ne pas pouvoir appliquer) ou les mariages de petites filles (dont on refuse à tort la véracité). 

    La première excuse des musulmans c'est tout simplement l'ignorance, du caractère obligatoire et divins de préceptes inacceptables, mais aussi du contenu même des textes sacrés affirmés objets de la foi. La moitié du Coran est ainsi formé de malédictions invraisemblables, dont le caractère menaçant, sinistre et inhumain est parfaitement révoltant et inacceptable, et il faut ne pas l'avoir lu, ce qui est le cas de la quasi totalité des musulmans, pour s'en déclarer adepte. De plus, admirer sans être arabisant le caractère poétique de ce fatras d'insultes et de menaces est un ridicule complet. Surtout que la fameuse poésie est en fait liée aux litanies voluptueuses de la lecture à voix haute du texte en question. 

    Car l'enseignement de l'islam est d'abord le fait des imams lors de la participation à un "culte" dont la partie explicative fait référence à une vérité exprimée dans une langue inconnue de la plupart de ces musulmans. Au point que toute tentative d'explicitation de la signification effective du texte coranique se trouve refusée car fait dans une langue qui n'est pas "authentique", cette authenticité étant inaccessible du fait de son incompréhension linguistique. La source de foi est donc le barbu annonnant dans une langue inconnue et qui garantit par ailleurs qu'"il n'y a pas de souci". Belle fermeture, responsable d'une aliénation invraisemblable, et de mensonges systématiques délivrés aux masses. 

    Les deux exemples de l'âge d'Aicha au mariage de 19 ans et de la terre "aplatie" qu'on transforme en ovale du fait de l'allitération avec le mot "autruche" sont caractéristiques. 

    Un autre aspect est le brouillard global. Décrit comme "multiple", l'islam sunnite lui-même (qu'on vient pourtant de décrire unique et codifié déjà univoque au-delà des écoles juridiques, qui partagent pourtant les même hadiths authentiques), on prête au wahhabisme, partie de l'islam sunnite, un pouvoir d'interprétation "littérale" exagéré que n'aurait pas le reste du sunnisme et qu'il se serait approprié récemment alors qu'il n'était que minorité autrefois. Étrange déni ! De fait, la "doctrine" wahhabite n'est qu'interprétation de l'obligation de certains comportements, en fait application particulière d'une loi qui reste immuable. La différence entre fanatisme insupportable et ouverture libérale n'est donc que le fait de juges "libéraux" qui dans leur grande bonté se contentent d'"interpréter" l'attribution de l'innocence aux coupables reconnus par d'autres... 

    Et puis il y a Daech, vers qui on peut repousser (avec horreur) le littéralisme fleuri qu'il applique à la lettre, lui, et en le revendiquant sans utiliser ni version falsifiée ni modification aucune des textes connus de tous. L'apocalyptique démente à laquelle il se réfère fait partie des hadiths considérés authentiques et sont parfaitement orthodoxes. De fait, et cela est parfaitement ignoré, on ne voit pas ce qui dans l'islam des "takfiristes" n'est pas "authentique", la seule critique qu'on puisse leur faire étant qu'ils appliquent un caractère condamnable à des actions en utilisant un pouvoir de décision qu'ils n'auraient pas.

    Car là est l'attribution fausse du caractère "interprétable" de l'islam: on ne coupe pas la main du voleur car on trouve un prétexte pour ne pas appliquer dans un certain contexte une loi qui demeure parfaitement valide. 

    Voilà donc la sagesse de la grande religion de haine et de guerre ! 

    Un milliard et demi d'hommes sont sous l'emprise de cette chose-là, et cela est bien dommage. 

     

    (1) un résumé: https://youtu.be/nltw-

    (2) les sens des mots : islam = s'en remettre à Dieu et pas "soumission" https://discernement-islam.weebly.com/islam--soumission-ou-paix-ou.html

    (3) la chaine youtube du pire des mécréants: l'Observateur https://www.youtube.com/watch?v=jZhh28incUw

    (4) le consensus au sujet de : https://wikiislam.net/wiki/Coran,_hadith_et_savants_:_Le_Mariage_d%27enfant

  • Les occidentaux fous

    À l'occasion du dernier bouquin de Todd, ("la défaite de l'Occident") et du sentiment de lassitude qui s'établit à n'assister qu'aux expressions désabusées de révolte envers toujours la même chose (ce qui meut ma graphomanie, par ailleurs), on réalisera que ce sentiment se généralise et imbibe la totalité de notre monde. On assiste ainsi médusé au discours d'Ursula Van der Lyen à Davos, qui explique qu'il faut positiver au lieu de se disputer et que (donc) l'administration de l'information devient essentielle, la désinformation et donc les mauvaises pensées devant être combattues. Agrémenté de l'annonce de la défaite militaire de la Russie, le discours a une forte apparence d'irréel manipulé, du moins pour ceux qui l'ont écouté, les commentaires imprudents, explicitement menacés, tenant à leur survie.

    Car il n'y a plus, effectivement, que cela: la motivation positivée du monde face au désespoir exprimé envers le monde, les deux sentiments en boucle formant ce que Todd appelle le nihilisme occidental en train de se défaire, mais on ne sait pas vers où ou pour quoi. On remarquera les caractères comparables des deux élites en compétition pour l'opinion du monde, l'une officielle, l'autre complotiste, toutes deux acharnées à l'insulte et à la domination des âmes, forcées à choisir l'une des rives d'un large fleuve, voire l'une des falaises d'un détroit. 

    On remarquera par ailleurs que les complotistes ne sont pas forcément tous désespérés, certains prévoyant avec gourmandise une multipolarité qui donnerait le pouvoir du monde aux ex dominés, les tenants du "sud global", en gros la Chine triomphante qui veut se venger du traumatisme subi il y a deux siècles avec un objectif à 2049, je vous raconte pas le défilé qui aura lieu. Au milieu, l'Inde mystérieuse, en pleine ascension et ouvertement candidate à la domination alternative. Sans parler du dollar sur la pente de son abandon, le pétrole du Moyen-Orient commençant à se négocier en yuan, et les flux financiers mondiaux s'installant sur des réseaux à l'écart des services US. De manière générale, la dépendance non maitrisée de l'Occident envers les ressources et services du sud est maintenant éclatante. 

    Mais revenons à notre Occident, effectivement menacé par la multipolarité, mais surtout par lui-même. 

    La thèse de Todd est que l'abandon complet du protestantisme par l'Occident capitaliste a conduit l'ensemble de la société à un nihilisme global qui affecte toute la hiérarchie sociale. Nihilisme des valeurs mais aussi des comportements, ceux-ci devenant absurdes, et au final, inconsciemment suicidaires. Inconsciemment, car le discours officiel, conscient est lui positif, voire entreprenant. La folie est une perte non de la raison, mais de la conscience de soi. 

    Quitte à plonger, je voudrais rebondir sur cette plainte là, la perte des "valeurs" comme cause fondamentale de la tragédie en cours reprise par Todd l'"anglo-breton-juif", dont la famille juive alsacienne n'a eu son premier mariage mixte qu'au début du XXème siècle, et qui marqué par l'Occident, en particulier britannique, se met à renier bien des points de vues. Pour cela, pourquoi ne pas ressortir ma théorie des 3 esprits, le "spirituel" lieu de la conscience de soi et des autres se trouvant être ce que l'Occident a en fait abandonné, provoquant de très graves dommages à la civilisation. 

    On rappellera ici la théorie des 3 expressions de la pensée, respectivement le rationnel, l'émotionnel et le spirituel. Seul le spirituel manifeste la conscience de soi et des autres, et donc permet à l'individu humain de considérer l'"autre", qu'il soit lui-même, l'autre humain, ou l'autre absolu, le divin invisible. Les activités mentales dans les différents modes sont simultanées, d'intensités respectives variables et structurent les activités mentales et les activités tout court. La référence explicite assumée au spirituel se perd, car considérée liée au religieux discrédité ou aux idéaux en général, tous suspects de ringardise. L'émotionnel tient lieu de justification à tout, dirigé par la froide rationalité, apte seule à calmer le sentiment d'injustice attaché à la douleur émotive seul moteur, avec le cynisme, de la psyché moderne.

    Le nihilisme ultra moderne serait donc d'abord un abandon complet (Todd parle de religion zéro) du religieux. 

    Mon idée est que cet abandon n'est pas seulement un abandon du religieux mais de la pratique et de la révérence envers une activité mentale que le religieux en général favorise et exploite par principe. Qu'est-ce que le religieux selon cette approche ? Et bien, c'est la prise en charge par l'explicitation rationnelle, suivant une rationalité particulière, de la vision spirituelle tournée vers l'autre absolu présentée par la conscience. Appuyé sur les deux formes mentales, mais bien sûr connaisseur et interprète du spirituel, le religieux a pour objectif le traitement symbolique du divin, et donc sa rationalisation sur la base du rapport au réel fourni par le spirituel. Car l'espace mental du spirituel a pour objet d'effectuer le rapport à l'autre et donc à l'autre "réel", dont la dimension ne peut être rationnellement approchée. Le religieux capte ce rapport au réel et impose, organisée, la perception de l'autre "absolu" autrement dit le divin, qui fait toujours partie, anthropologiquement, de la perception humaine dans l'ordre mental spirituel. Au passage, il modèle des "valeurs" dont la réalité et le caractère véridique s'ancre dans le rapport au réel fourni avec intensité par les émotions spirituelles. L'attitude humaine de tous les jours baigne dans ce réel là, le "nom de Dieu" comme exclamation permanente en étant la preuve du moins en était la preuve, autrefois. 

    La destruction des ensembles symboliques liés au religieux s'est airs accompagnée d'une désagrégation de l'explication religieuse du réel perçu, sans que le spirituel lui-même, bien sûr, ne disparaisse complètement, car transformé sous des formes qu'on peut qualifier de "dégénérées" c'est-à-dire captées par d'autres religieux, travesties en formes politiques variées, plus ou moins manipulées, ou bien exprimées sous des formes pathologiques, et nous sommes là dans le nihilisme généralisé décrit. 

    Je me permets donc de poser l'athéisme sous la forme non pas d'une exclusion du spirituel, mais du religieux qui n'en est qu'une exploitation. Le "spirituel" au sens large, qui doit bien sûr être orchestré par un rationnel ou plutôt par DES rationnels, ceux-ci pouvant être variés et aborder les immenses territoires mentaux disponibles pour toutes les cultures, doivent rester présent !  La destruction complète du religieux de l'époque moderne récente, le fameux "religion zéro" de Todd pourrait-il être en fait avoir été assez violent ou définitif pour avoir aussi détruit toutes les références au "spirituel" comme dispositif mental connu et pratiqué ? Ce déficit d'utilisation, manifesté par l'inconscience de soi et des autres que semble manifester un grand nombre des composantes et dirigeants du monde occidental serait ainsi, en fait, la fameuse "perte des valeurs" dont tout le monde se gargarise, soit pour déplorer la fin des grands cultes, soit pour déplorer en fait l'égoïsme ou la rapacité généralisée qui semblent avoir tout saisi. 

    La relative évidence de la chose pourrait sembler dérisoire, le mot de "valeur" semblant suffire. Le problème pourtant est l'articulation de cette notion avec les grands supports symboliques à quoi trop d'opinions cherchent désespérément à se rattacher, faute d'avoir identifié non pas "la" morale (un dispositif symbolique de plus, qui n'a rien d'universel et qui n'est qu'une portion des symbolisations globales) mais ce qui assure sa circulation, quelle que soit sa couleur : l'exercice du muscle spirituel, support du rêve, de l'imaginaire et de l'amour, que notre histoire moderne a mis à mal. 

    Toute la réflexion serait alors d'identifier les manques (ou les autres symptômes) de cette déficience et de chercher comment y pallier. On notera que cela pourrait aller jusqu'à fonder une autre civilisation, le rôle de celles-ci étant sans aucun doute de résoudre le problème en question. Vaste programme.

    Au passage on notera, c'est la thèse de Muray, que tout le XIXème siècle se consacra à vouloir remplacer le catholicisme par autre chose exprimé par l'art, la révolution et le surnaturel scientiste, l'ensemble de cette belle culture étant aujourd'hui oubliée faute de la lire de l'écouter et de la contempler, le XXème ayant ringardisé et abandonné tout cela, littérature, musique et peinture comprise. Bel effort, mais c'est raté au bout du compte. C'est cet échec qu'on appelle la fin de la culture, la resucée de quelque chose de déjà ancien ayant fini par lasser. Enchanté par Chopin, quelques Beethoven et aussi Bruckner, sans oublier la musique française du début XXème, je puis bien me distraire, mais cela sent la fin, et la vieille manie. 

    Le fait est d'ailleurs que cette passion est pour moi, qui l'accompagne des délices que fournit aussi un autre âge, pour ce qui me concerne, le baroque finissant de Buxtehude et surtout Bach, une vraie illustration de la séparation moderne, à mon sens une avancée de la civilisation, entre adhésion à un système culturel et pénétration intuitive de ses réalités mystérieuses. À moins que je ne sois déjà dans une nouvelle spiritualité (faute d'en avoir assimilé plusieurs) capable de comprendre des autres "choses", ou bien simplement capable de supporter la superficialité d'un vague plaisir, pris à la va-vite dans une snobinarde habitude de consommation. 

    En tout cas, une chose est sûre, et le doute est-il permis?, la musique est clairement une sorte de "religieux" soit une forme symbolique rationalisée (par les notes, mélodies et structures qu'elle offre) de l'accès coordonné à des réalités qui ne sont pas de ce monde et que je serais bien en peine de décrire sinon sous la forme de ce galimatias.

    Pour en revenir  à la civilisation, il faut bien voir que celle-ci reste indispensable, car la simple émotion bébête qu'on rapporte de ses visions de coucher de soleil, forme primitive du contact direct avec le réel que permet le spirituel ne suffit pas à assurer la pleine expression de la chose: on peut et doit faire mieux, et l'articulation de conceptions du beau, du vrai et du réel, sans parler du bien qui couronne le tout est un vrai travail, qui demande du temps. Que ce temps doive s'étendre sur plusieurs générations de vivants, dépassant donc tout projet individuel est il certain ? Après tout, des grands artistes ou prophètes ambitionnèrent et essayèrent de porter des systèmes complets: ils ne furent en fait que l'un des cadeaux offerts par la civilisation dans laquelle ils puisèrent, de toute façon. 

    Se plaindre du manque de civilisation n'est donc que se rattacher à une autre ou bien à une version moins décadente de l'actuelle, ce qui pourrait, tel le philosophe qui bouquine en attendant l'arrivée des barbares, en constituer une trace supplémentaire, à destination d'un futur complice, à moins que grandeur suprême, on ne soit que le dernier, le tout dernier, ce qui dénote un esprit un peu vaniteux, cette "dernieritude" pouvant laisser croire que cette civilisation là serait la dernière, l'humanité revenant après moi, non pas au déluge, mais à l'état simiesque dont elle ne se serait que brièvement départie...