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Les accords de libre échange

Disposant de sources d'information variées, on peut et doit se faire un avis sur des points discutés, centraux pour nos pays et en plus essentiels à l'Occident global dans un monde qui se fracture. Faut-il ratifier le CETA ? Ah le beau débat. 

POUR

En faveur de la chose, la ratification, le fait qu'expérimenté depuis 7 ans (il est appliqué depuis 2017, et fut ratifié par l'assemblée nationale en 2019) il a effectivement accru nos exportations dans les filières concernées dont les fromages, les vins et les pruneaux d'Agen, mais pas que. Comme le prévoit à raison la théorie économique, le libre échange accroit les exportations des filières dans lesquelles on se spécialise et profite globalement aux économies. 

On est là dans le dogme vérifié de la prospérité économique partagée dans la liberté, essence supra naturelle du monde civilisé inventé en Europe il y a deux siècles et demi, et théorisé avec talent par David Ricardo. 

Bien sûr, il y a d'autres arguments: la viande dont on se plaint (on va en parler) n'a pas été importée en Europe pendant l'expérimentation. Les accords autorisaient pourtant 100 fois plus d'exportations canadiennes (2%  des quotas de viande, soit 1000 tonnes furent utilisés par le Canada). À croire que ce boeuf là n'est pas rentable... Notons qu'il y a aussi la viande de porc, avec obligation au Canada de les produire selon certaines normes européennes. Notons tout de suite que l'utilisation des antibiotiques et des OGM pour l'alimentation du bétail, sans parler (horreur) des farines animales, réglementée voire interdite en Europe, ne l'est pas au Canada, leur boeuf importé n'a pas le même traitement, et pourrait donc être moins cher: chic ! Mon steak va baisser. 

Et puis, il y a une partie essentielle, qui est l'instauration d'un cour de justice liée au traité, destinée à résoudre les différents commerciaux et les manquements aux accords. Juges et procédure, tout est détaillé et aboutit à une justice extra-territoriale destinée à protéger les commerçants internationaux contre les errements des pays signataires, contraints quel que soient leurs changements politiques, de respecter ce qui fut signé. Pacta sunt servanda.  

Unis et unanimes, bien des responsables économiques plaident de manière véhémente pour l'accord avec le Canada, mettant en avant les avantages considérables qu'en tirent d'autres filières, dans les services et l'industrie, et cela, il est vrai que c'est manifeste, sans désavantage criant en défaveur de l'agriculture, au contraire, on vient de le voir. 

L'inquiétude

Car le premier soupçon est bien sûr là, et les manifestations récentes d'agriculteurs partout en Europe l'ont montré, ils ont une vraie inquiétude, qu'on peut justifier par ailleurs: l'Union Européenne a bien pour projet de réduire globalement son activité agricole intensive au profit des services et de l'industrie en négociant à travers le monde sa spécialisation grace à des traités de libre échange favorisant l'important de produits agricoles. C'est l'objet en particulier du MERCOSUR, qui lui n'attend qu'un feu vert pour faire déferler de la bidoche piquousée à travers l'atlantique, ce qui devrait réduire considérablement les productions bovines européennes destinées à se cantonner au veau peigné à la main sous sa maman et au boeuf de kobé-sur-seine, élevé au son des quatres saisons de vivaldi et vendu la peau du cul aux gastronomes. 

Réduction des subventions à un secteur déjà sinistré, et surtout déjà écrasé par les normes insensées imposées par les adeptes du néo végétarianisme woke qui règnent partout, encouragés démagogiquement par les très corrompus hiérarques bruxellois, persuadés qu'ils vont sauver la planète en faisant que, moins nombreuses nos vaches pètent moins au total. 

Faudra-t-il que l'on ratifie le CETA, pour que subitement, et avant le Mercosur honni, la bidoche frelatée nous bombarde? Cela aura été prévu, en tout cas et la simple mention des quotas négociés rendra la chose possible.

La chose est d'autant plus nette que le bénéficiaire industriel européen principal de ces accords est l'Allemagne: le "lobby toto" boche avec ses bagnoles et tout ce qui va avec est exportateur structurel et veut s'étendre à tout prix. En bout de course en Chine où il commence à se faire remplacer, il veut absolument s'installer dans les amériques avant qu'il ne soit trop tard. Inutile de dire que les évènement gaziers récents renforcent la nécessité de la chose... 

Contre

On reprendra l'inquiétude, et on se posera la question sur le marché mondial de la viande, dont certains hiérarques français veulent nous faire croire que nous en serons en Chine les cadors. Quelle réalité?  Et suivant quels avantages compétitifs, alors que nous avons ruiné à coup de normes, comme indiqué, toute velléité de le rendre aussi rentable que ceux de nos vrais concurrents américains, disposant de grands espaces, de maïs ogm et de médicaments faisant grossir les bêtes dont ils usent sans limites ? 

Le projet européen est végétarien, point final. Nous devons nous préparer après l'interdiction logique à venir (ou pas) de la viande impure de nos concurrents, à bouffer des insectes, et de toute façon la viande DOIT être importée. 

On sera donc contre les quotas de bidoche: no meat. Cela devrait simplifier les accords et par voie de conséquence, tuer le Mercosur, à moins que la lâcheté de Macron devant ses agriculteurs ne soit qu'une fausse promesse, la France ne pouvant s'opposer à la signature de ces accords, décidés à la majorité en Europe, sans veto possible. La question de l'absence des "clauses miroir", garant évident de la compétitivité sud américaine et principale justification de sa signature ferait débat ? Ben voyons ! Car le problème est ailleurs en fait et l'Allemagne tient beaucoup à l'accord en question(elle a des trucs à fourguer en retour)  et on peut être certain que la discussion est loin d'être finie. 

On avancera pourtant d'autres arguments.

D'abord qu'on devrait échanger sur des marchés mondiaux à organiser, et cela sur la base de différenciations minimes, comme pour le pétrole (les pétroles ont plusieurs qualités). Les accords de libre échange basés sur des échanges truqués sacrifiant des pans entiers de l'activité de certains pays au bénéfice d'autres sont des monuments de corruptions complexes et sont des monstres invivables. Qui plus est, comme par hasard ils portent sur des produits qui ne sont pas différenciés et qui ne sont tout simplement pas concurrents: une fois acceptées dans le grand hachoir à burgers qu'est la boucherie industrialisée, ces viandes n'ont plus qu'une seule origine: celle du pays dont les règlementations sanitaires sont les plus inexistantes. Point de pétrole lourd qu'on raffine habilement: un seul flot liquide de bidoche toxique. 

Il n'y a pas de marché mondial de la viande, et les réglementations locales en ces matières ne peuvent être contournées, justes relâchées quand trop absurdes, c'est comme ça depuis toujours. Par contre, il y a un marché mondial du blé, qui veut l'inclure dans des accords de marchands de tapis entre corrompus véreux ? 

Car les juridictions internationales associées à ces types de traité, laissant entendre et comprendre que la liberté des échanges pourrait et devrait être régulée par des institutions auxquelles les États seraient liés. Dans le principe, hors le projet d'instituer des gouvernements mondialisés, ce type d'institutions ne peut avoir de réalité acceptable. Jamais le libre échange, hors le respect des juridictions LOCALES n'a eu vocation à instituer de tels empires, dont l'histoire montre qu'ils ne sont que le faux nez d'intérêts globaux cachés qui cherchent à se soustraire à tout contrôle démocratique, mettant ainsi fondamentalement en cause les droits des peuples. Habituer les pays développés à se lier à de telles entraves pour mieux inciter le monde sous-développé à s'y astreindre à son tour est une illusion, un mensonge et une prédation, et le clivage actuel du monde signera à coup sûr la fin de telles chimères. 

Quel droit international empêchera que soit simplement mentionné la possibilité de confisquer 300 milliards de dollars à un producteur de pétrole de la taille de la Russie? Ce droit manifestement pourri et dégénéré vient de cesser d'avoir une réalité et le monde s'est clivé, rompant avec la séculaire domination d'une monnaie unique dont l'hypocrisie de son pouvoir vient de se révéler... 

En bref, le droit "international" est un projet post-libéral daté qui est en train de s'essouffler, voire de disparaitre. Ce fut celui de la grande mondialisation du début du XXIème siècle, et il atteint ses limites: les États ne peuvent se soumettre à de telles rigidités et si libéralisme il doit y avoir, il ne pourra être que dans la liberté... 

 

P.S. La ratification du traité est refusée au Sénat le 21 mars. J'ai été convaincant... 

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