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  • Les frères

    Active sur sa chaine Youtube, Florence Bergeaud Blackler lutte avec les armes du temps contre ses ennemis, les frères musulmans, nommés et identifiés par elle comme porteurs d'un projet qui se décline de multiples façons (1).

    Elle pose ses petites pierres sur un sujet gravissime qui en inquiète beaucoup mais pas tout le monde, hélas.

    Et puis à part sa description du réel frériste actuel, entrisme, doctrine et projet et coloration des opinions et politiques, elle pose la question: pourquoi ça ne marche pas ? Pourquoi cette impossibilité de parler de l'islam sans être identifié d'extrême droite et pourquoi la prévalence de l'insupportable terme woke "islamophobie" pourtant expliqué et décrié et qu'il est même possible de rejeter à priori ? 

    On doit aborder les 3 niveaux, d'abord le démographique: la question des relations avec les populations de religion musulmane en train de s'installer en Europe actuellement induit des problèmes de compréhension réciproque (pour le moins ) ou les questions du racisme et de la morale se posent à la société dans son ensemble. On passera donc directement au niveau politique, dont ces questions jouent comme enjeux qui se surajoutent à des luttes anciennes en servant de repoussoir et de question principale tour à tour. En tout cas elles sont exploitées de manière seconde et en politique la morale sert à la fois de motivation profonde et d'arme idéologique. 

    Le dernier niveau est théologique et tient précisément à ce qui caractérise cet islam qui nous est servi à domicile par ces populations-là, sous le contrôle de gens éduqués qui tentent ouvertement d'en contrôler l'acception et l'acceptation. 

    Nous voilà donc ramenés aux frères mais il s'agit d'une thèse! Y a t-il autre chose qu'eux dans ces découragements manifestes apportés aux volontés de savoir, décrire et maitriser un ensemble religieux et sociologique étranger, qui se présente sur notre sol dans sa radicale étrangeté et dont on n'aurait pas le droit de parler sans être un ennemi politique identifié, combattu, voire, c'est le cas de Bergeaud Blackler, menacé de mort ? 

    Le phénomène décrit et ses ressorts expliqués on peut passer au discours lui-même, qu'il faut imposer dans ses détails, avec un but derrière la tête, lié à la structure en trois parties décrite. Car les thèses des éduqués sentencieux peut en effet être démontée et retournée contre les activistes, qui appartiennent bien à un parti identifié. Ceux-ci ont un objectif lui aussi identifié: mettre la main sur les populations en question, qu'ils veulent asservir à leur loi pour en faire une force de sécession destinée à soutenir une forme de domination qu'ils croient possible, comme force morale, politique et démographique. 

    Il conviendrait ainsi par l'analyse de redonner aux musulmans une description plus exacte de leur propre religion, avec en plus de l'effet d'en atténuer le fanatisme religieux, d'en démonter la volonté délétère de domination qu'elle inspire. On rappellera que la lutte philosophique menée contre le christianisme avait d'abord pour objet de réduire le pouvoir de l'autorité catholique pervertie par son soutien à des formes abandonnées de l'autorité politique, puis ouvertement engagée dans la contradiction des nouvelles. Une lutte idéologique similaire doit s'engager contre l'islam, dont les autorités, en fait sous puissances sectaires et hérétiques, veulent remuer, comme elles l'ont toujours fait dans l'histoire, les peuples culturellement soumis à l'islam et à sa civilisation. 

    La difficulté du sujet tient pourtant tout entier au flux entrants de nouveaux candidats à notre éducation qui (l'éducation) se trouve alors un peu entre deux eaux: comment s'adresser à ces gens sans donner trop d'arguments aux tenants natifs encore majoritaires afin d'arrêter la mortellement dangereuse invasion ? La saillie lancée, elle justifiera toutes les dévalorisations qu'on pourrait apporter à une volonté en apparence sage mais en réalité haineuse et raciste, permet de parler franchement de ces choses: il y a bien un problème. 

    Essayons de le caractériser. 

    D'abord les définitions. 

    L'islam est une religion, une foi et une attitude qui règle les relations entre homme et divinité. Cela est incontestable et donne à toute description extérieure une difficulté voire une impossibilité notoire. Pourtant, il faut bien en passer par là et toute connaissance nécessite d'abord une extériorité. S'opposer à ce principe fondamental, c'est être woke et on rejettera absolument tous les principes contraires afférents, spécialement développés pour immuniser les fanatismes et les sectarismes contre ce qui doit les chasser impitoyablement. 

    Comme tout système cohérent, auquel a pu s'adosser civilisations et pratiques dans un immense bassin géographique et humain  pendant mille quatre cent ans, il repose sur des textes et les doctrines ainsi écrites, répétées et transmises peuvent être connues et valorisées en importances et validitées. 

    On doit donc considérer l'islam sunnite aujourd'hui absolument majoritaire sur la planète (80/90%). Il est constitué par le Coran et la Sunnah, somme de textes tenants à l'avis et à la vie du prophète de l'islam, personnage principal et inspirateur de la religion. On doit ajouter à ces textes la biographie du Prophète, ou Sirah et les jurisprudences législatives de la Charia, corpus de la loi religieuse islamique codifiée par les 4 écoles juridiques de l'islam, variantes peu différentes entre elles mais dispersées géographiquement et autoritairement de l'encadrement juridico religieux que l'islam impose aux lois positives des différents États musulmans du monde. Car contrairement à ce qu'on dit, la Charia n'est pas la loi des musulmans, qui vivant dans des pays, royaumes et républiques, voire empire à certains moments, dépendent d'abord des lois de ces entités. La Charia est ce qui les chapaute, les inspire et oriente en principe et en religion, tout en étant maintenue à distance de la direction politique du pouvoir temporel. Elle n'est pas ou seulement indirectement, ce qui fournit la matière des décisions effectives des juges. La distinction, fondamentale, est essentielle à faire et doit faire justice des prétentions des ultras pour et contre ce type de gouvernement. L'islam civilisationnel, soumis à l'alternative,  a développé tout au long de son histoire les moyens de contrôler le terrible projet islamique porteur depuis son origine de la réflexion politique et religieuse suivante: comment faire ce que Dieu veut ? 

    Toutes les réflexions sur l'islam internes et externes tournent et doivent tourner autour de ce sujet. 

    Le sujet est d'abord ambigu, entre morale et politique, entre spirituel et temporel, tout en étant absolument clair par ailleurs, compte tenu de la dogmatique théologique adoptée une fois pour toute vers l'an mil avec le rejet du mutazilisme: le Coran EST parole de Dieu incréé et le mystère, de fait le seul de la religion musulmane, ne peut se contempler qu'avec la foi musulmane, en plus d'être incontournable et pour tout dire obligé. Parler de "réforme" de l'islam en proposant d'abandonner cette décision-là et de revenir à la doctrine contraire est puéril, absurde et ... minoritaire au point d'être inintéressant. Toute la partie de l'islam consacrée à ce projet-là s'est ainsi auto-exclue de tout problème et de toute discussion concernant notre sujet. 

    Seul mystère ? Pratiquement, car le reste du corpus musulman est finalement extrêmement rationnel, presque scientifique, comme il le dit d'ailleurs de lui même, et presque exclusivement consacré à tirer des conclusions validées des préceptes coraniques (issus de Dieu) et prophétiques (issus de Mahomet lui-même) pour les appliquer.

    On passera sur les traditions superstitieuses, répandues dans toutes les civilisations et bien innocentes, tout en étant plus ou moins combattues par les orthodoxies, comme on l'a dit, assez rationalisantes. Rationalisantes d'ailleurs au point de mépriser ouvertement les complexités chrétiennes jugées inacceptables au point d'être considérées mensonges caractérisés, l'image de Jésus par ailleurs révérée, étant complètement réinterprétée sans aucune vergogne en passant à l'as toute la théologie chrétienne, absolument ignorée et méprisée. 

    Il faut bien comprendre que cette semi loi, d'inspiration exclusivement divine, codifie, autorise et règlemente des pratiques humaines variées dont certaines ont très tôt été considérées "problématiques" au sens moderne. Il s'agit de l'esclavage et de l'esclavages sexuel, de la sexualité avec les enfants, des tortures infligées aux voleurs et aux apostats, de l'oppression des mécréants et des femmes, des règlementations économiques et des guerres de conquête.

    Sur tous ces sujets a régné de tout temps des appréciations et acceptations variées, les états, les époques et les moeurs s'arrangeant avec eux de toutes les manières possibles et je dis bien de toutes, et cela jusqu'aux époques actuelles où leur côté problématique acquiert des importances variées dans un sens et dans l'autre. 

    Une chose est sûre: le côté profondément conservateur des usages et des méthodes de transmission des traditions religieuses a totalement empêché toute espèce de réforme des textes mentionnant ces sujets et aussi de leurs acceptions. Seuls des silences pudiques vis à vis de l'extérieur, des non-pratiques aidées par les lois positives des pays musulmans, comme on l'a dit et de pseudo réinterprétations savantes à destination des classes moyennes de l'islam maintenues dans l'ignorance des vrais enjeux permettent de maintenir le couvercle sur un complexe religieux et moral dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est questionnable. Car le reste des pratiques et des lois, sans être bien sur aussi critiquables que les pires d'entre elles ne s'illustrèrent pas par leur brillant: le monde islamique sous domination ottomane vécut un déclin en forme de calvaire en ratant toutes les grandes évolutions du monde, malgré quelques louables tentatives.

    On peut dire plus, il est absolument inacceptable en l'état et ne peut susciter tel qu'il est aucune espèce de vraie fascination, même intellectuelle, la chose étant réservée aux marges de l'islam, soufisme ou chiisme ésotérique dont le contenu n'a strictement rien à avoir avec le sunnisme officiel sauf à faire semblant de s'y appuyer pour rester en vie.

    Celui ci ne suscite de l'intérêt, il faut le dire, qu'au titre de l'autre fascination, celle qu'on éprouve face à une histoire et une civilisation complexe et agitée aussi bien que face aux humains qui y vivent et y ont vécu. 

    On pourrait, et on peut d'ailleurs, différencier islam et musulmans et mettre à part les vieilles traditions et les sentiments modernisés des nouvelles pratiques qui sont à la fois respectueuses de lois positives nettement affranchies des contraintes religieuses et oublieuses des vieilles et démodées considérations morales en vigueur dans les tribus nomades du VIIème siècle, cela en suivant d'ailleurs les moeurs de toutes les population sédentaires et urbaines qui ont été assujetties par ces tribus là et qui en ont pourtant épousé leurs dogmes, cela tout au long de l'histoire.

    Cela suffit-il à régler le problème et à considérer que en fait, et contrairement à ce que nous dit Rémi Brague, l'islam est bien le christianisme des arabes ? 

    On pourrait le dire en fait et malgré tout, et expliquer avec Ibn Kaldhun que les pauvres populations à l'origine chrétiennes ou autre et qui durent se convertir, n'en purent mais et tout en participant à un empire qui fut ce qu'il fut n'ont pas, malgré les habitudes prises, subir jusqu'à la fin des temps une responsabilité qui n'est pas vraiment la leur.

    A partir de là, on pourrait imaginer de les sauver de leur triste état, et les convertir massivement au christianisme ou à autre chose, mais hélas, on le voit bien cela n'est pas possible, l'état de déclin et de paralysie morale et économique ayant finalement atteint les rives européennes,  bien en mal d'être un modèle moral ou même technologique, et réduit à n'être que la vieille vache vérolée qu'on s'acharne à traire tant qu'elle lui reste du lait et la concurrence commence à se manifester entre les traiteurs. Bref.

    On en revient alors à vouloir décrire les choses avec l'histoire et les détails de ces traditions de manière à en faire ressortir les côtés purement historiques et il faut le dire triviaux. Car une foi détachée de toute vraie profondeur autre que le respect forcené envers une réalité oppressante et aveuglante, tout en gardant la force d'adhésion inconditionnelle qui l'a fait concevoir pourrait bien disparaitre subitement, comme les autres, par défaut d'apparence... 

    Sauf si et c'est le point, la chose soit bien plus importante que cela et ressorte de plus que la foi, l'appartenance même à l'existence ou la véritable identité et que la question ne soit pas de convaincre mais bien de rejeter comme étranger. On en revient alors à la question de la démographie qui fait toute l'affaire. 

    Que sont les frères là dedans ? 

     

     

    (1) Interview de Rémi Brague https://youtu.be/DuKQIiMBgFY